Un troisième homme contaminé aux Etats-Unis par le virus H5N1, un premier cas humain en Australie, un premier homme contaminé par H5N2 au Mexique : en une semaine, différents sous-lignages de la grippe aviaire ont suscité l’inquiétude en passant d’une espèce animale à l’homme. S’il ne s’agit pas des mêmes virus ni des mêmes enjeux en termes de santé publique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) juge dans les deux cas que « le risque actuel pour la population générale est faible ».
Pour autant, les signaux s’accumulent et les scientifiques multiplient les appels à mettre en place des mesures pour éviter tout scénario catastrophe. « Je pense que les circonstances actuelles justifient de tirer la sonnette d’alarme et de se mobiliser pour la production de vaccins », a expliqué au Monde Gregory Poland, directeur du groupe de recherche sur les vaccins de la Mayo Clinic de Rochester (Minnesota).
En Australie, une enfant de 2 ans et demi est devenue, vendredi 7 juin, le premier cas officiel de H5N1 du pays. Elle aurait été contaminée lors d’un voyage en Inde et aurait développé des symptômes une fois rentrée chez elle. Après un séjour de plus de deux semaines en réanimation, elle est désormais rétablie.
Au Mexique, peu d’éléments sont pour le moment ressortis de l’enquête sur le premier cas humain connu lié au virus H5N2, annoncé mercredi par l’OMS. Le patient, un homme de 59 ans, est mort une semaine après l’apparition de symptômes aigus tels que fièvre, essoufflement, diarrhées et nausées. Son entourage a indiqué qu’il souffrait déjà de multiples comorbidités et l’OMS considère son décès comme « multifactoriel ». Depuis vingt ans, on estime qu’à peu près la moitié des cas rapportés de grippe aviaire ont entraîné la mort du sujet à la suite de symptômes aigus, mais en l’absence de dépistage à grande échelle qui prendrait en compte les cas asymptomatiques, impossible de calculer un taux de mortalité.
Le dépistage, c’est tout l’enjeu de l’épizootie en cours dans les élevages de vaches laitières aux Etats-Unis. Avec une nouvelle infection rapportée au Minnesota jeudi, ce sont désormais quatre-vingt-un élevages dans onze Etats américains qui sont touchés par le virus. Mais, pour l’heure, les agriculteurs n’ont pas l’obligation de faire tester leurs bêtes, excepté en cas de transfert d’un Etat à l’autre, et ils restent réticents à procéder à des contrôles qui pourraient les contraindre à mettre leurs troupeaux sous quarantaine, voire à les abattre. Il a été montré fin mai qu’un échantillon sur cinq de lait commercialisé aux Etats-Unis contenait des restes du virus, ce qui suggère que l’épidémie est plus répandue qu’on ne le pensait.
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