L’usine de biochimie MetEx d’Amiens reprise par le géant des huiles Avril

La reprise de Metabolic Explorer (MetEx), le seul groupe en Europe à produire un acide aminé essentiel de l’alimentation des animaux d’élevage, permettra le maintien de 315 emplois sur trois sites, dont 280 à Amiens (Somme).

Avant les élections européennes, pas moins de trois têtes de liste ont fait le déplacement pour soutenir les salariés de l'usine MetEx à Amiens (Somme), dont la candidate LFI Manon Aubry (à droite), accompagnée par le député François Ruffin, ici le 25 mars. Hans Lucas via Reuters/Delphine Lefebvre.
Avant les élections européennes, pas moins de trois têtes de liste ont fait le déplacement pour soutenir les salariés de l'usine MetEx à Amiens (Somme), dont la candidate LFI Manon Aubry (à droite), accompagnée par le député François Ruffin, ici le 25 mars. Hans Lucas via Reuters/Delphine Lefebvre.

    Le tribunal de commerce de Paris a validé vendredi l’offre de reprise faite par le groupe agroalimentaire Avril pour l’usine amiénoise de l’entreprise de biochimie MetEx, la seule en Europe à produire un acide aminé essentiel de l’alimentation des animaux d’élevage.

    La décision concerne cette usine d’Amiens, ainsi qu’une partie des activités commerciales et de recherche de Metabolic Explorer (MetEx), et permettra le maintien de 315 emplois au total, a indiqué le groupe Avril dans un communiqué. La reprise prendra effet le 16 juillet.

    « Un grand jour », salue la CFDT

    « C’est un grand jour, qu’on attend depuis un certain temps. Après plusieurs mois d’incertitude, on va pouvoir tourner la page et regarder vers le futur. On va pouvoir redémarrer les lignes de production à 100 % », a réagi auprès de l’AFP Samir Benyahya, représentant de la CFDT, le syndicat majoritaire chez MetEx.

    Le député de la Somme, François Ruffin, s’était réjoui jeudi : « Victoire ! L’usine MéTex reprend. Bravo aux ouvriers et aux syndicats pour leur ténacité ». Tout en s’interrogeant « Que fera le gouvernement ? On l’ignore encore. Mais rétablir une industrie dans notre pays relève d’une priorité ».

    Le ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie, Roland Lescure s’est dit « très heureux de la conclusion d’un processus qui a duré de long mois. Je pense aux salariés de Metex qui ont tenu bon, à leurs représentants syndicaux qui ont fait preuve d’un esprit de responsabilité hors pair, aux élus et à (ses) équipes. Et merci au groupe Avril ».

    Le groupe Avril, associé au fonds d’investissement Sociétés de projets industriels (SPI), géré par la banque publique d’investissement Bpifrance pour le compte de l’État français, avait déposé une offre début juin et était seul candidat à la reprise de cette usine. Mercredi, les autorités espagnoles avaient envoyé une réponse favorable sur la question de la concurrence, avait signalé France Bleu. C’était la dernière condition suspensive pour reprendre l’usine picarde.

    Avril, connu pour ses marques d’huile Lesieur et Puget mais aussi présent dans les agrocarburants et l’alimentation des animaux d’élevage, porte un projet industriel, avec le soutien de la région Hauts-de-France et d’Amiens Métropole, qui « permet de préserver le tissu industriel national et de maintenir en Europe une production essentielle à la souveraineté des filières animales françaises et européennes ».

    315 emplois pérennisés

    L’incorporation de lysine dans l’alimentation du bétail permet de réduire le recours au soja importé au profit de protéines végétales locales (colza, tournesol…), selon le groupe, présidé par le cultivateur Arnaud Rousseau, également président du syndicat agricole majoritaire FNSEA.

    Outre le site d’Amiens, qui compte 280 salariés, l’offre de reprise inclut « des activités R&D (recherche et développement) indispensables à son exploitation (dont certaines situées dans le Puy-de-Dôme), ainsi que les activités commerciales » à Paris, avait indiqué Avril début juin, proposant de pérenniser 315 emplois.

    « On va renégocier tous les accords (d’entreprise) en cours, et on se laisse un an pour cela. Mais nous avons vu que le groupe Avril est un grand groupe, qui fait attention au dialogue social », a indiqué le délégué CFDT Samir Benyahya, relevant que cette reprise se faisait avec la suppression de 5 postes à Amiens et de 39 postes (sur 79) au laboratoire de recherche de Clermont-Ferrand.

    « Dumping chinois »

    Le directeur général d’Avril, Jean-Philippe Puig, a souhaité « la bienvenue aux 315 salariés » qui rejoignent un groupe de près de 7 500 collaborateurs, au chiffre d’affaires de 7,9 milliards d’euros en 2023. L’usine d’Amiens était confrontée depuis plusieurs mois à un environnement économique difficile, ses coûts de production ayant bondi en raison de l’envol des prix des matières premières, notamment le sucre qui représente 50 % du coût de production de la lysine.

    L’entreprise dénonçait également un « dumping » de la part des producteurs chinois de cet acide aminé, ce qui a mené à l’ouverture d’une enquête par la Commission européenne.