Finistère : à Douarnenez, Léa Nahon tatoue au profit de la Société nationale de sauvetage en mer

Grand nom du tatouage, Léa Nahon a amarré son bateau atelier à Douarnenez (Finistère). Ce samedi 13 juillet, elle propose au public, avec quatre autres artistes, une journée de tatouages « flash » au profit de la SNSM. Portrait d’une artiste étonnante, qui aime dessiner la mer autant que l’humain.

La tatoueuse Léa Nahon (ici sur son bateau, Le Rainbow, au Port-Rhu), installée à Douarnenez depuis quelques années, proposera ce samedi 13 juillet de réaliser des tatouages flash au profit de la SNSM de Douarnenez. LP/Nora Moreau
La tatoueuse Léa Nahon (ici sur son bateau, Le Rainbow, au Port-Rhu), installée à Douarnenez depuis quelques années, proposera ce samedi 13 juillet de réaliser des tatouages flash au profit de la SNSM de Douarnenez. LP/Nora Moreau

    Sardines, homards, baleines, poulpes, scaphandriers, phares, des scènes du quotidien, des figures maritimes et les trognes de copains… Dans les carnets de Léa Nahon, sur son compte Instagram (qui frise les 70 000 followers) et sur son site, on retrouve tant des portraits bien humains que des éléments tout à fait marins. Même s’il lui arrive aussi de dessiner « des ventilo ou des cafetières » !

    Ces dessins, c’est le point de départ des tatouages que Léa Nahon dessine sur des corps, un peu partout dans le monde, depuis plus de 20 ans. Et l’une des raisons qui la font figurer aujourd’hui parmi les grands noms du tatouage et du dessin contemporain, en France comme en Europe. À 43 printemps, elle demeure l’une des premières femmes en France et en Europe à s’être imposée dans ce métier, qui était encore très majoritairement masculin, lorsqu’elle s’y est lancée.

    De Paris à Los Angeles… à Douarnenez

    Diplômée de l’École Boulle, à Paris, dont elle est originaire, elle a eu la passion de l’encre dans le sang relativement vite. « Dès que j’ai eu mon bac, je savais que je ne voulais pas faire de BTS. Je suis rentrée dans un shop, comme ça pouvait se faire à l’époque, et j’ai demandé un apprentissage », se souvient-elle. Entourée par son mentor, Fabrice, et des noms « devenus des potes », comme Yann Black ou encore Jean-Luc Navette (maintenant illustrateur), elle fait ses armes dans les salons de tatouage de la capitale. « On n’était que trois femmes sur Paris, à l’époque », glisse-t-elle. « Ça n’a malheureusement jamais empêché des remarques sexistes, mais j’ai pu m’intégrer dans le milieu sans trop de mal. C’était même plutôt intéressant pour les gars d’avoir enfin des femmes dans le métier. »



    Elle finit par s’installer à Bruxelles, et plus particulièrement à la Boucherie Moderne. Un salon « qui révolutionnait le tatouage, à l’époque, en étant finalement plus un labo qu’un magasin ». « C’était le moment où le tatouage plus artistique faisait son apparition – une école plutôt française au départ –, qui voulait sortir du carcan du traditionnel tatouage tribal, japonais ou polynésien… Les tiroirs habituels. J’ai adhéré tout de suite à ça : le dessin, c’est plus mon truc », explique-t-elle.

    Elle a ensuite vadrouillé aux quatre coins du monde, s’installant entre autres en Grande-Bretagne puis aux États-Unis, mais toujours temporairement : « J’ai pas mal bossé à Los Angeles, où je suis partie tous les deux mois pendant quatre ans, et j’ai participé à des conventions, là-bas, mais aussi à Seattle ou à Salt Lake City. » Des voyages qui lui ont permis de confronter son art à celui d’autres tatoueurs, voire tatoueuses : « J’ai pu y rencontrer des femmes, comme Kari Barba, qui avaient bien percé dans le milieu, et qui m’ont confortée dans mes projets. »

    Puis, en 2018, elle a finalement posé ses valises à Douarnenez (Finistère). « Mon père était venu s’installer là, et j’ai tout de suite adoré cette ville », glisse-t-elle avec un sourire. Elle y a ainsi amarré le Rainbow, un ex-remorqueur devenu son atelier, lorsqu’elle était encore en Belgique, à Lièges.

    Des séances de tatouage caritatives

    Depuis quelques années, elle essaye de multiplier les événements solidaires ou à but caritatif. Début juin 2024, elle avait ainsi tatoué à Nantes (Loire-Atlantique), au profit de l’association Médecins sans frontières (MSF). Cette fois, c’est « à la maison » que s’opère un nouveau moment caritatif. Et pas des moindres, car Léa Nahon va proposer au public des tatouages « flash » (des tatouages de petite taille ou intermédiaires, à sélectionner parmi ceux proposés sur les carnets des artistes) au profit de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Douarnenez, aux Filets Bleus. Ce bar-restaurant emblématique de la cité des Penn sardin, sur le port du Rosmeur, souhaite d’ailleurs reverser la moitié de ses bénéfices à la SNSM.



    « Je serai avec d’autres copains tatoueurs : Quentin Deroc, Le Cancre Tatoo, Pouchittt (Paolo Le Bodic à l’état civil, NDLR) et Ben Etau, qui débute mais qui n’a encore jamais tatoué dans le rush… Ça va être formateur ! », précise Léa. Avec un double but pour la manœuvre : accomplir une bonne action, et promouvoir une autre façon de voir le tatouage, « qui s’est démocratisé à fond », tout en perdant un peu ses racines artistiques. Cet événement, c’est pour Léa Nahon un moyen de « contrer un peu cette mode du tatouage H&M, ces tout petits tatouages minuscules et pas artistiques pour un sou, qu’on se fait faire n’importe comment », glisse-t-elle avec un clin d’œil.

    Ceux qui hésitent face aux aiguilles sont également les bienvenus, ce samedi, pour découvrir le travail de ces cinq dessinateurs de talent. Par la suite, des œuvres de Léa Nahon pourront aussi être admirées au sein d’une exposition collective à la galerie Miettes de Baleine de Douarnenez, du 16 juillet au 31 août.

    Pratique : séances de tatouages flash (généralement de 80 à 300 euros, à voir sur place avec les artistes) au profit de la SNSM de Douarnenez, ce samedi 13 juillet, de 10 heures à 21 heures, aux Filets Bleus, sur le port du Rosmeur, à Douarnenez.