Législatives dans le Puy-de-Dôme : quatre nuances de Nouveau Front populaire

Avec quatre députés du Nouveau Front populaire (NFP) sortis en tête des urnes sur cinq circonscriptions, au second tour des élections législatives, ce dimanche 7 juillet 2024, la gauche transforme l’essai du premier tour dans le Puy-de-Dôme.

Dans le Puy-de-Dôme, quatre candidats du Nouveau Front populaire de quatre partis différents ont été élus ce dimanche 7 juillet 2024, ainsi qu'une candidate de la majorité présidentielle. LP/Christophe Blondel
Dans le Puy-de-Dôme, quatre candidats du Nouveau Front populaire de quatre partis différents ont été élus ce dimanche 7 juillet 2024, ainsi qu'une candidate de la majorité présidentielle. LP/Christophe Blondel

    Les électeurs de gauche du Puy-de-Dôme étaient à la fête dimanche soir. En dépit d’une inflation historique du Rassemblement national (RN) dans le département, le Nouveau Front populaire (NFP) a obtenu quatre circonscriptions sur cinq. « C’est presque le grand chelem ! Qui aurait pu prédire ça ? » s’enthousiasme un militant LFI clermontois depuis la permanence de Marianne Maximi, grande gagnante du second tour dans la première circonscription, celle de Clermont-Cournon.



    La députée sortante insoumise se paye même le luxe d’améliorer son score du premier tour, puisqu’elle rassemble 43,24 % des voix dans une triangulaire face au candidat RN Louis Clément (29,67 %) et celui d’Horizons-Ensemble Hervé Prononce (27,1 %), qui avait souhaité se maintenir. « Ce soir, la première force du pays, c’est le Nouveau Front populaire. Demain nous devrons travailler pour l’égalité, la justice sociale et la paix », prévient Marianne Maximi, d’autant plus euphorique que trois de ses collègues du NFP ont également raflé la mise dans le département.

    André Chassaigne réélu pour la sixième fois

    À commencer par le communiste André Chassaigne, réélu avec 55,27 % des voix face à Brigitte Carletto (RN). Dans le camp du député sortant, c’est le « soulagement qui prédomine, après une campagne très courte et difficile ». La victoire est d’autant plus belle pour lui que les résultats à l’issue du premier tour étaient très serrés. Seules 542 voix le séparaient de la candidate RN, qui n’a pas à rougir de son score puisqu’elle progresse malgré tout de 8 % entre les deux tours. « Cette campagne a été très difficile », répète l’élu communiste. « Il y a beaucoup de colère chez les Français. Il faut rester modeste et humble », prône André Chassaigne qui, du haut de ses 74 ans, rempile à l’Assemblée nationale pour un sixième mandat.

    Il y avait aussi de la joie dans la deuxième circonscription, où la socialiste Christine Pires-Beaune (NFP) est reconduite pour un quatrième mandat avec 56,63 %. Elle bat Isabelle Dupré (Rassemblement national), dont la campagne avait été marquée par ses dérapages racistes sur les réseaux sociaux durant l’entre-deux tours. « Il y aura un avant et un après 7 juillet », prédit l’élue puydômoise.

    Laurence Vichnievsky évincée

    Une LFI, un PC, un PS… Il ne manquait plus qu’une nuance de vert dans l’arc-en-ciel du NFP. Le candidat écologiste Nicolas Bonnet complète ainsi la panoplie de l’alliance de gauche, en étant élu dans la troisième circonscription. Après deux échecs en 2017 et 2022, le Clermontois obtient 37,12 % des suffrages et détrône Laurence Vichnievsky (Ensemble-MoDem) qui n’en rassemble que 33,55 %, dans une triangulaire où la candidate du RN, Nadine Piers, a tout de même agrégé 29,3 % des voix.

    L’ex-juge quitte l’Assemblée nationale par la petite porte, saluant la victoire de son adversaire mais fustigeant la manière. « J’ai été victime d’une campagne de cyber harcèlement pendant la campagne du second tour, orchestrée principalement par le Nouveau Front populaire », a-t-elle déploré. De son côté, le maire adjoint écologiste, élu depuis dix ans à la mairie de Clermont-Ferrand, semblait lui-même surpris de l’ampleur du résultat de son camp. « Mon élection était une hypothèse crédible, mais j’ai encore du mal à réaliser », confiait-il à son QG de campagne ce soir du dimanche 7 juillet 2024.

    Delphine Lingemann, rescapée de la majorité présidentielle

    Enfin, Delphine Lingemann (Ensemble-MoDem), élue pour la première fois il y a deux ans, est repassée largement dans la quatrième circonscription, avec 62,29 % face au RN Benjamin Chalus. La candidate insoumise Valérie Goléo (NFP), qualifiée au premier tour dans une triangulaire à l’issue incertaine, lui avait ouvert un boulevard préférant se retirer pour faire battre le candidat du Rassemblement national.

    « Je suis émue ce soir et je mesure ma responsabilité », a déclaré la députée de 51 ans. « Le front républicain a fonctionné et cela me rend encore plus comptable de mon action. Il va falloir à présent que nous travaillions tous ensemble. Les solutions viendront des territoires, avec des propositions collectives et transpartisanes qu’il faudra mettre en œuvre très rapidement à l’Assemblée nationale. »