Sportives et mères : le boom des mamans championnes

    Plus question pour les sportives d’attendre la fin de leur carrière avant de devenir mère. Trois d’entre elles disputent actuellement l’Euro de handball.

     Berlin (Allemagne), 12 août. Zaccaria, 18 mois, dans les bras de Clémence Calvin, sa mère, vice-championne d’Europe du marathon.
    Berlin (Allemagne), 12 août. Zaccaria, 18 mois, dans les bras de Clémence Calvin, sa mère, vice-championne d’Europe du marathon. ANADOLU AGENCY/Abdülhamid Hosbas

      Dans les tribunes, à Nancy (Meurthe-et-Moselle), Kaniela, 7 mois, a assisté aux deux premiers matchs de sa maman, Laura Glauser, qui dispute actuellement l'Euro de handball. Sa coéquipière, Camille Ayglon, sera bientôt rejointe par Milo, 5 ans. Sur le circuit de la Coupe du monde de planche à voile, Charline Picon a emmené sa petite Lou, 15 mois, du Danemark au Japon cette saison. Et Clémence Calvin est devenue vice-championne d'Europe du marathon, dix-huit mois après la naissance de Zaccaria.

      Les championnes n'hésitent désormais plus à faire des bébés pendant leur carrière. Sept de nos médaillées olympiques à Rio, en 2016, sont depuis devenues maman : Laura Glauser et Charline Picon, mais aussi Amandine Leynaud (handball), Camille Lecointre (voile), les boxeuses Estelle Mossely et Sarah Ourahmoune, et Mélina Robert-Michon (disque). Six d'entre elles ont repris le cours de leur carrière.

      Charline Picon et Lou/DR

      « Après les JO, je ne savais pas si j'avais envie de continuer. Mon désir de bébé a pris de plus en plus de place et j'ai eu envie de conjuguer les deux », raconte Charline Picon, médaillée d'argent mondiale en planche à voile cet été, sous les yeux de Lou. Pas question pour elle de la laisser en France. « Nos déplacements sont longs, je n'envisageais pas de passer trois semaines loin de ma fille », justifie-t-elle. Au Japon, elle a partagé une baby-sitter avec Camille Lecointre, autre maman, de l'équipe de France de voile.

      La Fédération française a parfaitement pris en compte ce nouveau phénomène puisque les mamans (comme les papas) perçoivent une aide supplémentaire de 4 000 € par an. « Ces filles sont des joyaux de notre équipe, ça tombait sous le sens de trouver un système afin qu'elles puissent s'épanouir en tant que sportives de haut niveau et mères », explique-t-on.

      Le bonheur de décrocher des médailles devant ses petits

      « Avoir un bébé, ce n'est pas facile, il y a une souffrance à la naissance et derrière on ne retrouve pas son niveau en claquant des doigts, analyse Olivier Krumbholz, sélectionneur des Bleues du handball. Il faut être au contact des joueuses, les rassurer, leur donner du temps… C'est bien beau de dire qu'on est une grande famille, encore faut-il le décliner. On a donc réfléchi pour créer des conditions favorables. Dans certains moments symboliques, notamment les stages, les mamans joueuses peuvent venir avec leurs enfants. Un coût financier qui vaut la peine. Les mères sont sensibles au geste, les autres joueuses sont contentes de voir les enfants. »

      « Etre maman, ce n'est pas un frein, insiste Clémence Calvin, 28 ans. J'ai toujours voulu avoir un enfant jeune. Une grossesse, ce n'est pas une maladie, même s'il y a forcément cette petite angoisse de ne plus être compétitive. Mais, de toute façon, une vie de sportive est éphémère. » « Bien sûr qu'on a peur de ne pas revenir, avoue la lanceuse de disque Mélina Robert-Michon, qui a repris l'entraînement quelques mois après la naissance de sa deuxième fille. J'ai énormément de chance d'avoir des coachs qui ont compris mon désir d'être mère et un compagnon qui est un vrai papa moderne et qui gère. »

      Ces mamans championnes découvrent aussi le bonheur de décrocher des médailles devant leurs petits. « Quand on demande à ma fille aînée quel métier je fais, elle répond : Ma maman lance le disque, elle s'entraîne et gagne des médailles », rit Mélina Robert-Michon qui n'a jamais autant enchaîné les podiums que depuis qu'elle est maman. « Même dans une société moderne, la mère reste celle qui s'occupe du foyer, souligne Clémence Calvin. Un bébé, c'est une dépense d'énergie, mais ça donne aussi une force. On ne court plus que pour soi, mais aussi pour son petit. »

      Retrouvez les plus belles citations sur les mamans