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Enquête

Une «plongée dans la psyché humaine» : dans les archives de l’APA, au service secret des journaux intimes

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Depuis plus de trente ans, l’Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique recueille les carnets de monsieur et madame Tout-le-Monde pour alimenter la recherche, raconter une époque et réhabiliter un genre littéraire méprisé.
par Marie Piquemal, Envoyée spéciale à Ambérieu-en-Bugey (Ain) et photos Bruno Amsellem
publié le 28 août 2024 à 14h55

Elle a toujours des petits papiers volants à portée de main. «Je note ce qui me vient, les bricoles du quotidien, les pensées philosophiques.» Marie-Dominique Pot, 78 ans, écrit «comme on fait la vaisselle», sans réfléchir et parce qu’elle ne peut pas faire autrement. Elle recopie ses notes dans son journal qui finit ensuite en cendres ou avec les épluchures de légumes. En 1939, Roland Louvrier, lui, dessinait la météo avec sa boîte de crayons de couleur, il aimait les nuages : «Lever : brouillard et rosée, cumulus à la mi-journée et coucher du soleil aux stratus à l’horizon.» Jacqueline Chebrou, une ancienne institutrice, a tenu son journal de ses 13 à 93 ans. Par un jour de tri : «Toute ma vie, j’ai entassé des documents dans le but improbable d’en faire une œuvre. En définitive, me voici à 81 ans devant un gros tas de papiers, sans plus.»

On a mis les pieds dans une caverne d’Ali Baba. Ce jour-là, le vent invitait à rebrousser chemin et puis l’adresse ne collait pas : comment une association, se donnant la mission de conserver les journaux intimes et récits de vie de gens ordinaires, pouvait être là, en périphérie de ville, dans une zone d’activité ? A l’entrée, le panneau indique le syndicat municipal du traitement des eaux d’Ambérieu-en-Bugey, dans l’Ain. Mais à côté, en effet : une boîte aux lettres discrète, siglée APA, pour Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique. L’aventure commence souvent par là, sous pli. Par

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