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Réseaux sociaux

La plateforme BeReal achetée par l’éditeur de jeux français Voodoo pour 500 millions d’euros

BeReal change de mains, mais elles restent françaises. L’éditeur de jeux vidéo Voodoo s’est offert le réseau social particulièrement prisé des plus jeunes, mais qui n’a pas encore trouvé de modèle économique.
par LIBERATION
publié le 12 juin 2024 à 20h04

Un rachat franco-français, pour combiner jeux vidéo et réseau social. L’application française BeReal a été achetée mardi 11 juin par la licorne Voodoo, spécialiste de l’édition de jeux vidéo mobiles, pour la coquette somme de 500 millions d’euros. «Notre objectif commun est de créer le prochain réseau social emblématique basé sur l’authenticité», a annoncé sur X son nouvel acquéreur, Alexandre Yazdi, ce mardi.

Depuis son lancement en 2019 par Alexis Barreyat et Kévin Perreau, BeReal – dont le nom se traduirait en français par «sois authentique» –, propose à tous ses usagers de publier deux photos par jour. A tout moment, l’application envoie une notification sur les téléphones de ses adeptes, qui ont alors deux minutes pour réaliser leurs clichés (un via la caméra avant de l’appareil, l’autre avec l’arrière) : «C’est l’heure du BeReal».

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Une injonction suivie religieusement par certains, quitte à mener enfants – ou collègues – à abandonner leur repas pour prendre la pose. Le tout sans filtre, contrairement à des réseaux sociaux comme Instagram : plus spontané que la concurrence, le réseau a su fédérer un public en quête d’authenticité. Tant et si bien que le Premier ministre Gabriel Attal s’y est essayé, et ne cessait de demander fin mars aux quelques jeunes venus à sa rencontre à la foire aux vins de Coulommiers de l’ajouter sur BeReal.

L’originalité du projet a tapé dans l’oeil de plus de 40 millions d’utilisateurs actifs dans le monde – notamment en France, au Japon et aux Etats-Unis – mais surtout de l’éditeur de jeux vidéo Voodoo. «BeReal est l’application sociale la plus réussie lancée depuis près d’une décennie», a annoncé son dirigeant, Alexandre Yazdi, sur X, autour d’un «partage de contenu authentique avec de vrais amis et une application visionnaire».

Cette récente acquisition «renforce la position mondiale du groupe tout en permettant à BeReal d’accélérer sa croissance grâce à l’expertise et aux technologies de Voodoo», précise l’acquéreur dans une note de blog sur Voodoo. L’éditeur place par la même occasion Aymeric Roffé, à la tête du réseau social Wizz (appartenant à Voodoo), à la direction de BeReal.

C’est donc tout un chantier qui va s’ouvrir pour la plateforme, alors que son nombre d’usagers semblait avoir atteint un plateau depuis fin 2022. Téléchargée 35 millions de fois au troisième trimestre de cette même année, BeReal a vu ce chiffre chuter à 4 millions lors du premier trimestre 2024, selon le Financial Times. De quoi mener l’entreprise à explorer de nombreuses pistes, dont la revente ou la mise en place de fonctionnalités payantes sur son application.

Une authenticité à financer

Mais malgré son succès, BeReal n’a encore jamais trouvé de modèle économique. Pas questions de profits pour l’instant. Sur son site, BeReal revendique jusqu’ici une «utilisation gratuite et sans publicité.» «Tu dois peut-être te demander si l’on compte intégrer des publicités à l’avenir ou alors comment on compte financer l’application», interroge la plateforme, avant d’affirmer que sa priorité «n’est pas de collaborer avec les marques». A voir si le ton va changer avec l’arrivée de Voodoo.

L’éditeur de jeux vidéo et d’application, lancé en 2013, a fait fortune avec ses titres très faciles à prendre en main, adressés au plus large public. Parmi ses plus grands succès, le jeu Helix Jump, qui se contente d’une série d’obstacles à faire éviter à une balle rebondissante, a été téléchargé plusieurs centaines de millions de fois. Au total, l’entreprise revendique plus de 7 milliards de téléchargements sur ses applications à travers le monde.

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