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Biodiversité

Ourse tuée dans les Pyrénées : la battue de samedi dernier s’est déroulée dans une zone... interdite à la chasse

La chasse en débatdossier
Une information judiciaire contre X a été ouverte ce vendredi «pour le délit de destruction d’une espèce protégée» et pour «chasse sur le terrain d’autrui sans consentement».
par LIBERATION et AFP
publié le 26 novembre 2021 à 13h19

Le parquet de Foix a annoncé l’ouverture d’une «information judiciaire contre X pour le délit de destruction d’une espèce protégée». Une enquête est également ouverte pour «les contraventions de chasse dans une réserve de chasse et de faune sauvage, ainsi que chasse sur le terrain d’autrui sans consentement», a ajouté la substitut du procureur, Léa Filippi. Samedi dernier, un chasseur qui participait à une battue en groupe dans l’Ariège a abattu l’animal. Selon une source dans l’entourage du septuagénaire, il a fait feu pour sauver sa vie.

L’homme de 78 ans, grièvement blessé aux jambes par l’ourse et hospitalisé, dit avoir été attaqué par l’animal car il se trouvait entre elle et ses deux oursons. Il avait été retrouvé «à proximité de la carcasse d’un ours», selon la substitut du procureur. «Cette battue a eu lieu au moins pour partie dans la réserve domaniale du Mont Vallier (Ariège). Cette zone fait l’objet de restrictions du droit de chasse. Des infractions au Code de l’environnement liées à l’interdiction de chasse sur le lieu des faits sont susceptibles d’être relevées», a-t-elle précisé. La magistrate a ajouté que l’examen médical du chasseur avait révélé «des morsures à la cuisse gauche, au mollet et au tibia de la jambe droite, entraînant une fracture».

Trois ours tués illégalement en 2020

L’incident n’a pas manqué de rouvrir le débat sur la cohabitation entre les ours et l’homme. «C’est vraiment ce que l’on redoutait. Aujourd’hui, on voit bien que la cohabitation, c’est compliqué !», avait réagi la présidente (PS) du conseil départemental de l’Ariège, Christine Tequi. Un danger, selon elle, aggravé par «la présence accrue des ours, qui se reproduisent». Il y aurait actuellement une quarantaine de plantigrades sur ce secteur, a-t-elle précisé. Cet été, un incident avait déjà alimenté la polémique entre pro et anti-ours. Début août, un berger du village de Saint-Lary, en Ariège, avait été poursuivi par un ours.

La France a engagé dans les années 1990 un programme de réintroduction de plantigrades venant de Slovénie alors que la population d’ours des Pyrénées était menacée d’extinction. La population actuelle est estimée à une soixantaine d’individus dans le massif pyrénéen, dont une quarantaine en Ariège, ce qui est insuffisant pour assurer la pérennité de l’espèce. En 2020, trois ours ont été tués illégalement dans les Pyrénées, deux en Espagne et un en France. Le gouvernement français s’est engagé à remplacer tout ours tué de la main de l’homme par des réintroductions, tandis que des éleveurs s’y opposent fermement.

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