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Réchauffement climatique

45 °C au Soudan du Sud, 44 °C au Guatemala, 39,2 °C en Thaïlande… Au mois de mars, le monde a plongé dans la fournaise

Des températures inédites pour la saison ont été enregistrées partout sur la planète. Mars 2024 est probablement le dixième mois consécutif à battre des records de chaleur à l’échelle mondiale.
publié le 3 avril 2024 à 18h10

La fièvre continue. Alors que la planète vient probablement de connaître son mois de mars le plus chaud jamais relevé, tous les continents ont enregistré des températures historiques. Le mercure s’est affolé en Europe, mais aussi en Asie, en Amérique centrale et en Afrique de l’Ouest, remarque le Washington Post.

Alors que le printemps débute à peine, l’Europe de l’Est a enregistré des records dignes de la saison estivale ces 30 et 31 mars. Ainsi, la Moldavie a mesuré 29,7 °C, l’Albanie 29,6 °C tandis qu’il a fait 29 °C en Croatie. La Biélorussie (27,2 °C), la Pologne (26,4 °C), la Lituanie (25,5 °C), la Lettonie (22,8 °C) et l’Estonie (21,3 °C) ont également mesuré des températures inédites pour un mois de mars. Tout comme la Grèce, la Turquie, l’Ukraine et la Russie.

L’hiver le plus chaud au Japon

A l’est, le Japon a baigné dans la chaleur tout le mois, de quoi conclure l’un des hivers les plus chauds jamais enregistrés dans le pays. «Le 31 mars, une chaleur époustouflante digne d’un mois de juillet a recouvert le Japon. 70 endroits ont battu ou égalé le record mensuel», s’est inquiété le météorologue Sayaka Mori sur le réseau social X. De fait, la température a atteint 28,1 °C à Tokyo le 31 mars, battant ainsi le précédent record mensuel d’environ 5 °C alors que les observations remontent à 1876. La chaleur écrasante avance et raccourcie la saison de floraison des célèbres cerisiers, les sakuras, réputés dans le monde entier. Un événement non sans conséquence sur l’économie du pays, puisque certaines villes capitalisent en masse sur le tourisme lié à cette floraison. D’autres records ont été enregistrés sur la majeure partie de l’île principale du Japon.

Le reste de l’Asie a subi une fournaise similaire, comme Hong Kong qui a traversé sa journée de mars la plus chaude le 24, avec 32,9 °C au thermomètre. Le même jour, les stations météo de Taïwan mesuraient 39,1 °C. Même chose à Phuket, en Thaïlande, qui a enregistré le 27 mars la température la plus élevée jamais mesurée au cours de ce mois, avec 39,3 °C. Même topo dans le Pacifique, aux Îles Salomon, avec 35,5 °C.

Fermeture des écoles aux Philippines et au Soudan du Sud

Aux Philippines, la chaleur a poussé les autorités à fermer des centaines d’écoles, dont plusieurs dizaines à Manille, mardi 2 avril, en raison des risques pour la santé causés par ces températures. Ce jour-là, le mercure a atteint 35,7 °C dans la capitale, toutefois en dessous du record historique de 38,6 °C mesuré en mai 1915. Mais en tenant compte de l’humidité, la température ressentie a grimpé jusqu’à 42 °C mardi et 43 °C mercredi dans une dizaine d’endroits. Un niveau considéré comme «dangereux», selon les prévisions de l’institut météorologique national.

Au Soudan du Sud aussi, les établissements scolaires ont fermé leurs portes mi-mars, alors que thermomètre affichait 45 °C. Dans ce pays d’Afrique de l’est, particulièrement vulnérable au changement climatique, les vagues de chaleur ne sont pas rares, mais elles dépassent rarement les 40 °C. Plus à l’ouest sur le continent, le Burkina Faso (44,5 °C), le Togo (44 °C, du jamais-vu, toutes saisons confondues) et le Bénin (43,8 °C) ont également suffoqué le 31 mars. Le Mali détient la palme de la température la plus élevée de l’hémisphère nord relevée en 2024 avec 47,7 °C enregistré ce mardi 2 avril.

Enfin, des températures historiques ont été mesurées en Amérique centrale, notamment à La Fragua, au Guatemala, avec 44 °C. Un record pour la région. Le Costa Rica a aussi atteint plusieurs fois sa température la plus élevée, à 41,5 °C, tandis que des villes de pays voisins ont également enregistré des records.

Avec le réchauffement climatique, les vagues de chaleur durent plus longtemps et couvrent de plus grandes zones, affirme une étude publiée dans Science Advances le 29 mars. Selon l’Administration nationale des océans et de l’atmosphère (NOAA), une agence américaine, il y a 45,1 % de chances que 2024 soit l’année la plus chaude jamais enregistrée, dépassant 2023 pour l’instant sur la première marche du podium. Dans tous les cas, 2024 devrait se classer parmi les cinq années les plus chaudes de l’histoire.

Alors qu’El Niño, ce phénomène naturel qui participe au réchauffement temporaire de la planète devrait se dissiper à l’approche de l’été, les températures pourraient se radoucir légèrement dans les mois à venir. Mais la surchauffe générale, elle, continuera sa course tant que les émissions de gaz à effet de serre ne seront pas drastiquement limitées.

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