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Dans de nombreux couples, les conjoints appartiennent au même groupe social

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Environ six adultes sur dix sont en couple. Parmi eux, ils sont quatre sur dix à partager leur vie avec une personne de catégorie sociale similaire. Plus le niveau social augmente, plus cette proportion grandit.
publié le 24 novembre 2023 à 3h52

Dans le cadre de son «portrait social» de la France publié ce jeudi, l’Insee s’est notamment penché sur la différence entre les catégories socioprofessionnelles (1) au sein des couples entre 2021 et 2022. A cette fin, l’organisme a considéré comme couple deux adultes vivant au sein du même logement, soit environ 60% des personnes âgées de 18 à 89 ans.

Premier constat : la probabilité de vie en couple augmente avec la position sociale. Seulement une personne sur deux exerçant un emploi peu qualifié est en couple, contre deux personnes sur trois en haut de l’échelle socioprofessionnelle. Pour les hommes, ce lien est particulièrement net après 35 ans : les catégories supérieures sont nettement plus nombreuses à être en couple après cet âge. C’est un peu différent pour les femmes : après cet âge, les femmes n’ayant jamais exercé d’emploi sont plus fréquemment en couple que les autres. Et, après 55 ans, la proportion de femmes est plus importante parmi les emplois d’exécution (situés plutôt en bas de l’échelle). Ce qui reflète un changement des comportements : auparavant, les femmes étaient plus fréquemment en couple en bas de l’échelle sociale que parmi les classes supérieures. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Deuxième constat : la propension à se mettre en couple avec une personne de même niveau social. Pour analyser le phénomène, l’Insee a calculé un indice d’homogamie, qui permet un suivi dans le temps. Ces vingt-deux dernières années, il est resté particulièrement stable. On note que les couples de même sexe sont légèrement plus homogames que les autres : ils sont un peu plus nombreux à cohabiter avec une personne de même catégorie.

Au total, parmi les personnes en couple, environ quatre sur dix vivent avec quelqu’un dont la catégorie socioprofessionnelle est similaire. C’est particulièrement le cas pour les catégories supérieures, où une personne sur deux est concernée contre une sur trois pour les emplois d’exécution peu qualifiés. Les femmes vivent plus fréquemment que les hommes avec une personne de niveau supérieur au leur : 42% d’entre elles occupent une position sociale moins élevée que leur conjoint, contre seulement 20% des hommes. Mais les femmes sont également moins nombreuses que les hommes à occuper un emploi de niveau supérieur.

Au sein d’un couple, les positions sociales ne sont pas figées et peuvent évoluer au cours du temps. Etant donné qu’à partir de l’arrivée du premier enfant, la carrière des femmes évolue moins vite que celle des hommes, ces derniers sont susceptibles de grimper dans la hiérarchie sociale alors que leur conjointe reste au même niveau, ce qui explique une partie des différences entre sexes.

L’Insee a également fait le travail en calculant l’homogamie au sein des couples en comparant pour chaque classe les salariés et les indépendants. L’homogamie reste forte : un salarié de catégorie supérieure a 5 fois plus de chances d’être en couple avec une personne de la même catégorie, contre seulement 2,5 fois plus pour les salariés du bas de l’échelle. Chez les indépendants, cette homogénéité est encore plus importante : les indépendants de niveau supérieur (avocats, médecins, chefs d’entreprise de plus de 11 salariés) s’unissent 9 fois plus souvent que si leur couple avait été formé au hasard. Ce chiffre monte même à 22 fois plus pour les petits indépendants, les agriculteurs, artisans, commerçants, qui exploitent souvent ensemble la même structure.

Pour expliquer cette homogamie assez forte, l’Insee met en avant la prévalence de l’origine sociale et surtout du diplôme dans la formation des couples : comme on peut souvent l’observer autour de soi, on a tendance à s’unir davantage entre catégories sociales similaires.

(1) La nouvelle nomenclature de l’Insee regroupe les personnes dans quatre grandes classes d’emplois, soit du plus au moins qualifié : emplois de niveau supérieur (cadres, ingénieurs, chefs d’entreprise, professeurs, médecins…), emplois de niveau intermédiaire (infirmiers, personnels de catégorie B de l’État, techniciens et agents de maîtrise, travailleurs sociaux...), emplois d’exécution qualifiés (aides‑soignants, les employés d’accueil de la petite enfance, les employés administratifs, les ouvriers qualifiés, les conducteurs de véhicules...), et emplois d’exécution peu qualifiés (agents de service du public, les personnels d’aide au maintien à domicile, employés l’hôtellerie-restauration, agents de nettoyage, caissiers...). Ensuite, chacune de ces classes est scindée en deux, entre salariés et indépendants.

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