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Journaux intimes : «Je crois que je veux donner une forme à la vie qui passe»

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Pourquoi couche-t-on ses pensées et son quotidien sur du papier ? Trois diaristes, de trois générations différentes, esquissent une réponse.
publié le 28 août 2024 à 14h56

Virginie, 40 ans : «J’imagine que je cherche à sublimer le quotidien»

«Il ne se passe pas quinze jours sans que j’écrive. J’ai des pratiques très différentes, selon les périodes. J’ai commencé en sixième. J’ai eu ma période collage comme beaucoup. Puis j’ai tenu un five years diary. Vous connaissez ? Sur la même page, il y a cinq cases à la même date, pour les cinq années consécutives. Je trouvais l’exercice intéressant : écrire dans un espace réduit des éclats de vie, en ayant sous les yeux les années précédentes. Le rapport aux saisons prend une autre dimension : tiens, à telle date, je préparais déjà la limonade au sureau. Je me baignais dans la mer alors que cette année, l’eau est gelée…

«En vrai, le manque de place m’a frustrée, alors j’ai vite entamé un autre cahier, en parallèle. Sans case et donc sans limite. Je les aime aussi simples que possible. Surtout pas de beaux carnets ! Ils m’empêchent. J’aime le tout-venant, pour écrire sur un coin de table, dans le train, pendant la pause déjeuner… Mes carnets ne sont absolument pas faits pour être lus, sans que ce ne soit pas une source de stress non plus. Je sais que mon conjoint ne les ouvrira pas, il a été traumatisé, jeune, en tombant sur les mots de l’une de ses amies. Il ne recommencera pas. On prête souvent notre maison pendant les vacances, mais que quelqu’un puisse les lire ne me traverse jamais l’esprit. En même temps, je n’écris pas tout. Juste ce que je veux garder. J’imagine que je cherche à sublimer le quotidien. Je n’y ai jamais vraiment réfléchi. Je crois que je veux d

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