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Récit

Euro 2024 : contre une Suisse courageuse, l’Angleterre qualifiée dans la souffrance

Euro de Football 2024dossier
Malgré une performance décevante, les Three Lions se sont qualifiés pour les demi-finales du tournoi continental, ce samedi 6 juillet à Düsseldorf, au bout de la séance de tirs au but. Ils affronteront mercredi la Turquie ou les Pays-Bas.
par Samuel Ravier-Regnat, envoyé spécial à Düsseldorf
publié le 6 juillet 2024 à 21h12

Que les supporteurs anglais, qui ont égayé toute la journée les rues de Düsseldorf à base de «don’t send me home, please don’t send me home, I just don’t want to go to work» («ne me ramenez pas à la maison, s’il vous plaît, je ne veux pas aller travailler»), se rassurent : ils pourront profiter encore quelques jours de plus de leurs vacances allemandes. De leur équipe, cependant, ils attendent certainement bien davantage que la soupe insipide qu’elle leur sert depuis trois semaines. Car si l’Angleterre s’est qualifiée pour les demi-finales du tournoi continental en disposant de la Suisse, ce samedi 6 juillet à Düsseldorf au bout d’une séance de tirs au but, si elle a montré du cœur, de l’envie et de la résilience, elle a livré une nouvelle performante décevante, qui risque d’alimenter les critiques qui accompagnent le sélectionneur Gareth Southgate depuis des mois, et plus encore depuis le début de l’Euro - la faute à un premier tour raté et une victoire in extremis en huitièmes de finale contre la Slovaquie.

Manque d’idées

Le coach s’était pourtant enfin décidé à changer son système de jeu, comme les observateurs du foot british le réclamaient à corps et à cri. Place à une organisation à trois défenseurs censée simplifier l’animation offensive, dans l’espoir de mettre sur orbite les stars de l’effectif, à commencer par le Madrilène Jude Bellingham. Mais les choix stratégiques du coach ne payaient toujours pas, ce samedi. Une fois encore, l’Angleterre paraissait timide, hésitante, en manque de rythme et d’idées. A la pause, elle n’avait toujours pas cadré la moindre frappe (pas plus que son adversaire du soir), et ses supporteurs, qui n’avaient eu à se mettre sous la dent que quelques accélérations de Jude Bellingham ou de l’attaquant repositionné piston Bukayo Saka, s’exaspéraient à la demi-heure de jeu lorsque, sur un corner, leurs protégés ne tentaient même pas de centrer et reculaient jusqu’au gardien Jordan Pickford.

Pour voir des tirs cadrés sur la pelouse de la Merkur Spiel-Arena de Düsseldorf, il allait falloir attendre le retour des vestiaires, et deux tentatives de l’attaquant suisse de l’AS Monaco Breel Embolo, trop molles pour faire trembler le royaume. Trente minutes plus tard, la troisième serait la bonne pour le numéro 7, qui ouvrait le score d’un tacle glissé au second poteau. L’Angleterre est alors virtuellement éliminée, mais elle se réveille - il était temps. Coach Southgate effectue trois changements, et Bukayo Saka égalise dans la foulée, du pied gauche, à vingt mètres. Le premier tir cadré des Three Lions, à la 80e minute du match.

Les héros et les martyrs

Comme Allemagne-Espagne et France-Portugal, la veille, le troisième quart de finale de cet Euro 2024 hérite lui aussi de sa prolongation, plus enlevée et plus intense que les 90 premières minutes, avec un corner suisse frappé directement sur la barre transversale de Jordan Pickford, un arrêt spectaculaire du gardien d’Everton sur une praline helvète à quelques secondes de la fin et un autre de son homologue Yann Sommer un peu plus tôt. Las : la partie, indécise jusqu’au bout, devait s’achever sur une séance de tirs buts, face à la tribune des supporteurs anglais, relativement calme jusque-là mais désormais intenable. L’exercice, le plus cruel que le football ait inventé, a toujours ses héros et ses martyrs. Ce samedi, sur la pelouse de la Merkur Spiel-Arena de Düsseldorf, le héros s’appelle Jordan Pickford, qui réussit à repousser la première frappe du défenseur suisse Manuel Akanji avant que tous ses compatriotes ne transforment leur penalty.

Un effectif pléthorique, un sélectionneur contesté, des performances poussives mais quand même victorieuses et une demi-finale au bout du chemin : cette sélection d’Angleterre ressemble à s’y méprendre à l’Equipe de France de Didier Deschamps. Pour voir la finale à Berlin et garder intact son rêve de «ramener le football à la maison», comme ses supporteurs le claironnent sans cesse, il lui faudra encore se débarrasser des Pays-Bas ou de la Turquie, qui s’affrontent ce vendredi soir pour le dernier quart de finale. Quant à la Nati, elle a manqué de peu la qualification pour le dernier carré - altitude qu’elle n’a jamais atteinte dans son histoire, ni en Euro ni en Coupe du Monde. Mais elle a montré, outre-Rhin, qu’elle savait tenir tête aux plus grandes nations du football européen - l’Allemagne, accrochée en phase de groupes, l’Italie, champion en titre terrassé en huitième de finale, et l’Angleterre. Elle pourra rentrer au pays la tête haute, bien que percluse de regrets.

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