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Kimia Yousofi : l'athlète afghane milite contre l'oppression des femmes lors des Jeux Olympiques de Paris 2024

Elle a terminé la course du 100 mètres en dernière position, mais a pris position pour les droits des femmes afghanes sur la ligne d'arrivée. Explications.
Kimia Yousofi  l'athlète afghane milite contre l'oppression des femmes lors des Jeux Olympiques de Paris 2024
Martin Rickett - PA Images/Getty Images

Kimia Yousofi, l'athlète afghane des Jeux Olympiques de Paris 2024, a voulu faire passer un message lors de sa course du 100 m : celui des droits fondamentaux des femmes. Arrivée dernière à deux secondes de la gagnante, Kimia Yousofi a immédiatement retiré et montré le dos de son dossard sur lequel étaient inscrits ces mots : “Éducation, sport, nos droits”.

Ce message s'adressait aux femmes afghanes qui, depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021, se voient privées de leurs droits, comme en témoigne un rapport de l'ONU de 2023, ce dernier présentant l'Afghanistan comme le pays le plus répressif au monde pour les femmes. “Je ressens une responsabilité pour les filles afghanes, qui sont en Afghanistan, parce qu’elles ne peuvent pas parler”, a déclaré l'athlète après sa course. “Je ne suis pas particulièrement politisée, mais je fais ce que je pense être juste. J'ai l'opportunité de m'adresser aux médias et d'être la voix des filles afghanes, en exprimant leur désir de bénéficier des droits fondamentaux, de l'éducation et du sport. N’abandonnez pas, ne laissez pas les autres décider à votre place. Cherchez simplement des opportunités et saisissez-les.”

Kimia Yousofi montre le dos de son dossard avec le message “Éducation, sport, nos droits” aux Jeux Olympiques de Paris 2024.

Sam Barnes/Getty Images

Le 100 mètres comme outil de résonnace pour l'athlète Kimia Yousofi

Le message de Kimia Yousofi - adressée non seulement aux femmes afghanes mais à toutes celles dont les droits sont bafoués dans toutes les régions du monde - a été brandi vendredi 2 août, lors d'un tour préliminaire du 100 m, destiné aux athlètes des pays les plus petits ou les plus pauvres, incapables de soutenir leurs talents. Ces “tours préliminaires”, auxquels chaque pays a droit, permettent au Comité olympique de mettre en avant de nouveaux athlètes. C'est grâce à eux que Kimia Yousofi a pu s'exprimer et dénoncer l'oppression des femmes par le régime taliban en Afghanistan. Les talibans, en effet, ne voulaient pas qu'elle participe aux Jeux Olympiques.

L'équipe afghane aux Jeux Olympiques de Paris 2024

Kimia Yousofi est l'une des six athlètes représentant l'Afghanistan aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Cette équipe olympique très restreinte n'a pas été sélectionnée par le gouvernement afghan mais par un Comité olympique afghan en exil - qui opère hors du pays mais est reconnu par les instances sportives internationales - et qui, au nom de l'égalité des sexes, a désigné trois hommes et trois femmes, dont Kimia Yousofi. Un choix que les talibans - qui ont nommé leur propre comité mais ne sont pas reconnus à l'extérieur du pays - n'ont pas approuvé : “Seuls trois athlètes masculins représentent l'Afghanistan”, a déclaré il y a quelques semaines un porte-parole taliban. Pourquoi ? Les femmes n'ont pas le droit d'avoir une activité sportive en Afghanistan.

Abbie Parr/Getty Images

Qui est l'athlète afghane Kimia Yousofi ?

Âgée de 28 ans, Kimia Yousofi a participé trois fois aux trois Jeux olympiques, à chaque fois en prenant part à un tour préliminaire. Ses parents, qui ont fui l'Afghanistan avant sa naissance, l'ont élevée avec ses trois frères en Iran. En 2012, à l'âge de 16 ans, elle participe aux sélections pour les filles immigrées en Iran et quatre ans plus tard, les talibans n'étant pas encore au pouvoir, elle retourne en Afghanistan pour s'entraîner et participer aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. En 2021, elle devient le porte-drapeau de l'Afghanistan aux Jeux Olympiques de Tokyo. Après les Jeux, Kimia Yousofi revient en Afghanistan mais une semaine plus tard, le pays tombe entre les mains des talibans, ces derniers renversant le gouvernement laïc soutenu par les États-Unis.

Kimia Yousofi réussit à fuir le pays. Elle se réfugie d'abord en Iran puis, avec l'aide du Comité international olympique, elle obtient en 2022 un visa pour l'Australie, où elle vit aujourd'hui en tant que réfugiée. L'athlète aurait pu participer aux Jeux Olympiques de Paris au sein de l'équipe olympique des réfugiés, mais elle décide de concourir à nouveau, pour la troisième fois, pour l'Afghanistan, afin de représenter les femmes afghanes. Mission accomplie : son geste lors de la course du 100 m vaut toutes les médailles olympiques.

Kimia Yousufi

Maja Hitij/Getty Images

Article publié initialement dans Vogue Italie

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