Beauté

Non, les cheveux courts ne rendent pas moins désirable

La féminité a longtemps été associée à une chevelure XXL, mais les cheveux courts tiennent (enfin) leur revanche…
Les cheveux courts rendenttils moins dsirable
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Jeanne d'Arc et ses cheveux courts, Natalie Portman et son crâne rasé dans V pour Vendetta (2005), ou encore la coupe à la garçonne d'Ève Gilles, Miss France 2024… Ces moments d'histoire, et les polémiques qu'ils ont pu susciter, confirment bien une chose : le choix du court chez les femmes a toujours fait (et fait toujours) parler, ne cessant de ressasser de vieilles normes de genre, encore bien difficiles à oublier. Les cheveux courts n'ont cependant pas dit leur dernier mot, réaffirmant jour après jour leur pouvoir d'émancipation (et de séduction !).

Les cheveux courts, un passé compliqué

Lorsque l'on pense à de grandes figures historiques féminines, toutes présentent un point commun : des cheveux longs. Aliénor d'Aquitaine, Olympe de Gouges, Marie Curie, Simone Veil… Elles ont chacune à leur façon changé le cours des évènements en se libérant des codes sociaux et du patriarcat, sans pour autant opter pour une chevelure plus allégée. Justement, les femmes brillantes aux cheveux courts ne sont pas monnaie courante dans l'Histoire française, en tout cas jusqu'au XXIème siècle.

Quelques coups d'éclat sont néanmoins à noter, tels que celui de Jeanne d'Arc au XVème siècle, qui s'est emparée des codes masculins afin de pouvoir combattre. Mais si l'on se plonge dans les archives, la fameuse coupe au bol de la guerrière relève d'une vraie transgression envers sa condition de femme selon la morale de l'Église, au pouvoir à cette époque. Lors de sa condamnation, ses cheveux (trop) courts sont d'ailleurs utilisés comme un argument prouvant son statut de sorcière dans les articles 12 et 13. Sa coupe au bol est ainsi perçue comme une atteinte à “l'honnêteté du sexe féminin, interdite par la loi divine, abominable à Dieu et aux hommes".

Albert Lynch/Bettmann
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Samir Hussein/WireImage

Cette croyance s'est ainsi perpétrée pendant des générations : on se souvient notamment des “tondues” de 1944, ces femmes au crâné rasé, car punies de leur collaboration avec les nazis sous l'Occupation. La chevelure est ici une vraie métonymie de la féminité et d'un certain pouvoir de séduction, dont ces femmes se sont vues dépossédées afin d'être pardonnées de leurs actions passées. Une chose est claire : la féminité demeure intrinsèquement reliée à la longueur du cheveu, garantissant ou non un statut de femme désirable sous le prisme du male gaze. Encore aujourd'hui, cette norme de beauté subsiste, comme le prouve l'exemple d'Ève Gilles, Miss France 2024, dont la coupe à la garçonne a fait l'objet de vives critiques et polémiques…

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Des cheveux courts scientifiquement moins attirants ?

Si l'Histoire a prouvé que le raccourci entre attraction, féminité et cheveux longs était encore bien ancré dans les mœurs, la science a également son mot à dire sur le sujet. Plusieurs recherches se sont penchées sur le lien de cause à effet entre des cheveux longs et une attractivité renforcée. Trois chercheurs du laboratoire de psychologie sociale et culturelle de l'université Yonsei à Séoul ont notamment prouvé, en février dernier, que “les femmes aux cheveux plus longs étaient perçues comme plus attirantes par leur mari et avaient donc des rapports sexuels plus fréquents”. Un constat que confirment d'autres études, comme celle conduite par deux chercheurs américains pour la revue Journal of Experimental Social Psychology en mars 2001. On y découvre que “les cheveux longs et en bonne santé attirent le sexe opposé car ils sont considérés comme une preuve de leur capacité de reproduction”. Une nouvelle fois, les cheveux longs semblent ne faire référence qu'à un phénotype genré vieux comme le monde, par lequel la femme est réduite à son utilité la plus primaire : enfanter. Ces arguments scientifiques ne reposent finalement que sur une “perception”, subjective par essence. Et cela prouve bien que le problème et les réticences soulevées par les coupes plus courtes ne gênent que les consciences, encore malheureusement biberonnées au male gaze et au patriarcat.

La désirabilité des cheveux courts, une question de déconstruction

Mona Chollet dénonce justement ce système normatif de beauté dans son essai Beauté Fatale (2012), qui génère des prérequis entre l'allure et le genre féminin qu'elle doit refléter. Au mot femme est ainsi normativement rattaché des cheveux longs, une taille fine, des dents saines, une peau lisse… Ce genre d'apprentissage inconscient transmis de génération en génération, de Jeanne d'Arc à Ève Gilles, participe alors à imprimer dans l'inconscient collectif ceci : les cheveux courts ne sont pas féminins. Alors que si l'on se détache de ce jugement stéréotypé, ces cheveux courts pourraient tout à fait l'être, en vérité. C'est ce que rappelle la journaliste dans son essai : “il y a une différence essentielle entre la démarche qui consiste, pour une femme, à user de divers procédés pour se faire belle et séduisante, sans pour autant résumer son identité à cela, et l’imposition systématique d’attributs destinés à marquer le féminin comme une catégorie particulière, cantonnée à une série limitée de rôles sociaux.” Le féminin est pluriel, et n'est sûrement pas, à l'origine, voué à subir l'inquisition de la bien-pensance, bien souvent régie par les hommes.

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Le dénouement est donc limpide : non, les cheveux courts ne rendent pas moins désirables. Tout dépend de l'école de pensée à laquelle appartient la personne qui vous fait face. Si une déconstruction décomplexée a été engagée concernant la définition du féminin : “feu vert”, la longueur du cheveu ne sera pas un sujet dans le jeu de séduction. A contrario, si l'interlocuteur est encore baigné de stéréotypes : “feu rouge”, la meilleure chose à faire sera de couper court, car la personne s'arrêtera à la longueur de vos cheveux, alors que l'important réside ailleurs. L'auteure américaine Elizabeth Benedict a déclaré dans son essai Me, My Hair and I (2015) que les cheveux représentent “notre gloire, notre nemesis, notre histoire, notre sexualité, notre religion, notre vanité, notre joie, et notre mortalité”. Cette question, “les cheveux courts rendent-t-ils moins désirable ?”, confirme finalement toute la complexité qu'incarnent ces petits follicules pileux. Premiers rôles de vrais écrits sur les questions de genre, les cheveux sont l'étendard non pas d'une, mais de pléthore de féminités, portant en eux des siècles d'histoire, de normes, de symboles, de combats… Alors, quand la question se résume à leur longueur, la réponse importe peu !

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