Patrick BORNIER

Avoir une dette technique ne signifie pas nécessairement de devoir tout changer. En effet, dans certains cas elle est un mal nécessaire: lorsqu’on a un système qui fonctionne correctement mais utilise des composantes obsolètes, il faut bien évaluer les conséquences d’un changement (coût, avantages apportés, impact immédiat sur un système qui est déjà opérationnel, pérennité de la nouvelle solution…). Certaines compagnies vont étirer au maximum l’utilisation d’outils qu’elles savent obsolètes car ces systèmes sont critiques. On préférera alors developper un nouveau système totalement indépendant qui pourra être éprouvé et passer d’un système à un autre directement à un moment donné. L’ancien système sera utilisé comme référence si écarts.

Parmi tous ces facteurs il ne faut pas sous-estimer l’aspect culturel. Généralement les remaniements technologiques interviennent dans des structures d’entreprises d’une certaine taille et qui font appel à des ressources issues de creusets culturels différents. La langue, les coutumes, le cheminement intellectuel sont autant d’éléments qui vont jouer sur la compréhension voir l’acceptation d’une solution. Il est donc important de promouvoir au plus tôt la notion de changement et d’initier la collaboration des équipes en offrant une écoute particulière aux personnes qui y seront impliquées.

L’implication de l’équipe dans l’identification des risques est primordiale. Il s’agit, par exemple suite à l’exercice de la revue de sprint, de demander à chacun des membres de l’équipe de pointer les risques qu’il imagine. Pour ce faire on peut utiliser des post it. Certains risques vont alors ressortir car ils vont être partagés entre plusieurs membres. L’étape suivante va être de quantifier ce risque sur plusieurs échelles comme son impact, sa probabilité. Enfin, une stratégie de mitigation pourra être mise en œuvre. L’exercice ne s’arrête pas là car il doit être renouvelé régulièrement. Il va permettre de compléter la vision globale de la ´santé’ de l’équipe (son stresse notamment).

L’élément de référence n’est pas forcément préexistant dans une équipe, surtout si celle-ci vient d’être constituée pour un projet spécifique. On assiste alors à une autorégulation dans les évaluations au fur et à mesure de l’avancement du projet, au cours des sprints. Ceci est du au fait que l’équipe se constitue elle-même ses références tout au long de son apprentissage à collaborer. La qualité des évaluations devrait être observée si la cohésion de l’équipe se construit. Ceci se traduit par un momentum ; c’est à dire une vitesse, une capacité de livrer tout d’abord croissante avant d’atteindre son seuil de stabilité.