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Patria
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Libro electrónico106 páginas1 hora

Patria

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"Patria es un concierto teatral que cuenta historias de una belleza cruel, de un realismo que no es necesariamente mágico, pero que nos pertenece a todos y sobre todo que nos cuestiona.

Patria quiere hacer visible lo invisible y así plantear peguntas y problemas relacionados con la identidad y la memoria.

Patria, territorio de identidades. Espacio de confrontación donde sobrevive el más fuerte. Lugar de desigualdad de género. Contenedor de violencia… Y a pesar de eso, un lugar para la reflexión. Un refugio."

Rodrigo Peralta
IdiomaEspañol
Fecha de lanzamiento1 ene 2021
ISBN9789569896309
Patria

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    Patria - Colomba Rojas

    portadillalogo_filacteria

    © Solange Behoteguy

    © Amarilis Colomba Rojas

           PATRIA

    Primera edición de 300 ejemplares: junio 2018

    Editor de colección: Rodrigo Peralta / Catalina Martinez Waman

    Diseño y diagramación: Ediciones Filacteria

    Encargada de revisiòn y diagramaciòn final: Amaya Rojas

    Diseño de portada: Ediciones Filacteria

    Ilustración original: Michel Rougier

    Digitalización de imagen: Ediciones Filacteria

    Reg. Prop. Int. Nº: 290250

    ISBN: 978-956-9896-30-9

    E-mail: [email protected]

    Web: www.edicionesfilacteria.cl

    www.facebook.com/Ediciones Filacteria

    Contacto del autor: [email protected]

    Première partie

    LA FEMME ÉCHEVELÉE

    Solange Behoteguy

    La femme échevelée a été créée le 25 mai 2018 au Théâtre de la Tournelle à Orbe en Suisse, dans une mise en scène de Claudia Saldivia Vega, avec Jocelyne Rudasigwa (Hélène), Christine Jordan (Ophélie), Annick Gambotti (Magdalena), Catherine Fragnière (Martine), Polina Eremina (Myrrha).

    Cette pièce est l’objet d’une commande d’écriture faite à Solange Behoteguy par le Collectif Alternance Théâtre.

    Série de monologues pour cinq femmes construits autour des cheveux, depuis le regard porté sur les exubérantes chevelures africaines jusqu’aux crânes nus des tondues de la République. Un texte décoiffant qui aborde les désordres d’une société qui traite les femmes comme des êtres inférieurs.

    La femme échevelée c’est aussi une histoire qui parle de symboles, de féminité et de révolte, car les cheveux ont toujours été un sujet de contentieux. Au bout du compte, une histoire poilue et incisive.

    HÉLÈNE

    Inspiré du mouvement militant Black Power des années 1960.

    OPHÉLIE

    Inspiré des femmes tondues à la Libération en 1945.

    MAGDALENA

    Inspiré des jeunes filles qui ont subi le mariage forcé.

    MARTINE

    Inspiré des femmes dont la maladie entraîne la chute des cheveux.

    MYRRHA

    Inspiré des femmes forcées de porter le voile.


    Noir.

    On entend le bruit de ciseaux qui coupent. Soudain un silence pesant, puis vient une lumière ténue. Le sol est couvert de cheveux. Sur un meuble plusieurs sacs en plastique contenant des cheveux. Des prénoms sont écrits sur des étiquettes collées aux sacs, elles leurs donnent l’apparence de marchandise. Sur les murs, une seule affiche d’homme aux cheveux longs.

    Toison. Fourrure. Lainage. Pelage. Poil. Boucles. Casque. Chignon. Choucroute. Postiche. Touffe. Accroche-cœur. Banane. Bandeau. Crête. Frange. Mèche. Natte. Tresse. Perruque. Queue. Queue-de-cheval. Torsade. Barbe. Cil. Duvet. Moustache. Plume. Sourcil. Feuillage. Tignasse.

    Les cheveux des femmes ont toujours été un sujet de contentieux.

    HÉLÈNE

    Quand j’avais 12 ans, mes parents ont dû partir à cause de la guerre. Beaucoup d’autres sont morts comme des rats, on ne les a jamais oubliés. Dans l’avion qui nous emmenait en Amérique, personne n’a prononcé un mot. On avait peur de briser le silence. C’était un rêve qu’il ne fallait pas suspendre, qui devait durer à tout prix. Le premier choc est venu quand l’école a menacé mes parents de m’expulser si je ne coupais pas mon « exubérante chevelure naturelle », Madame la Directrice considérant qu’elle représentait « une distraction insupportable pour les autres élèves », trop bouclée ! C’était inimaginable… ma mère n’aurait jamais osé se plaindre des yeux bleus d’autres enfants, les trouver trop bleus ! J’ai alors compris que j’étais trop noire. Mes cheveux parlaient, ils me racontaient trop.

    La révélation me vint plus tard, quand j’ai failli mourir empoisonnée par des produits chimiques qui défrisent les cheveux, dans le but illusoire de préserver la concentration des petits blancs. Je me rendais compte en grandissant que black is beautiful et que hair is political. Tout est politique. Par exemple si Michelle avait gardé ses cheveux crépus naturels, elle aurait eu un super look, mais Barack n’aurait sûrement pas gagné les élections.

    C’est une écrivaine nigérienne qui l’a dit, mais je le crois vraiment. Ce genre de choses m’a finalement poussée à prendre une décision : je ne lisserai plus jamais mes cheveux.

    Je n’ai pas la migraine et je ne suis pas particulièrement fatiguée… mais ce soir non. Ce soir je ne joue pas. J’arrête. Je suis. (Silence)

    En réalité, ce soir-là j’ai arrêté de vivre. Il a tiré mes cheveux et m’a trainée jusqu’aux toilettes. Il a dit : « J’ai toujours voulu me faire une nègre ».

    Même si c’est grammaticalement correct, JE NE ME SUIS PAS « fait violer ». IL M’A VIOLÉE. Je n’y suis pour rien et j’ai honte de me justifier. Il m’a prise de force. Il a profané ce que j’avais de plus sacré. À travers le miroir, j’ai vu un Jésus-Christ tatoué sur sa nuque. Il ne faut pas se fier aux apparences.

    J’ai aussi appris l’ordre et la hiérarchie : comment une table est bien mise, couteau à droite, fourchette à gauche, le verre derrière et l’assiette au milieu. L’art de la table pour que Monsieur goûte la soupe. Malheur s’il y traine un cheveu, c’est une déclaration de guerre !  L’art de la table pour bien recevoir, et la femme reçoit : des gens, des coups, des menaces, du sperme.

    Ma grand-mère m’avait prévenue, il ne fallait pas que je laisse entrer la tristesse dans mes cheveux, mais si ça m’arrivait, je devais les tresser pour retenir les peines, comme un barrage contre le malheur. Un jour elle m’a demandé si je savais quel était le symbole le plus ancien et le plus répandu depuis la nuit des temps. Le sang ? (Elle fait un signe avec la tête en signe de dénégation). L’arbre ? (Elle bouge la tête de droite à gauche). L’eau ? Non, c’est le serpent. Ambivalent. Bien et mal confondu, paradis et enfer, démoniaque, séduisant, envoutant. Seul animal capable de s’enrouler sur lui-même et de former un cercle parfait. Symbole de l’éternel retour. Esprit du mal. Symbole phallique universellement connu. C’est le serpent qui séduit Ève, qui elle-même est devenue tentatrice. Ève se tordait et remuait ses longs cheveux possédés par un mouvement serpentin. L’origine de ce qui les reliait au mal se trouve sans doute là, ils vont blanchir… et puis tomber.

    Et je revois la table bien mise, avec une nappe blanche, des couverts en argent, de la verrerie précieuse et des assiettes remplies de préjugés. L’art de la domination masculine. Je comprends soudain que j’ai le pouvoir de renverser les symboles et de bouleverser le monde. Je prends la nappe par une des extrémités et (elle fait le geste de quelqu’un qui tire la nappe d’une table bien mise).

    Une nuit j’ai rêvé que mes tresses s’étaient transformées en serpents, en forme d’énormes pénis qui pénétraient l’homme au tatouage jusqu’à la mort. Il allait tous les vendredis soirs boire dans un bar minable près de la sortie de l’autoroute. J’ai mis une minijupe et des souliers

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