Roaditude

La boue et la poussière jusqu’au Mustang

Un Dictionnaire des idées reçues du voyage, façon Flaubert routard, doit bien exister quelque part; on y trouve probablement, à l’entrée « Népal », quelque chose du genre: « permet d’être découvert autrement par le trek ».

« EH BIEN, BON TREK JE SUPPOSE!» Et la dame du bureau de change vous tend votre liasse de 40 000 roupies népalaises. « Je ne vais pas trekker… juste voir des temples et des montagnes, mais merci! »

Vous avez contredit de la sorte une bonne dizaine d’interlocuteurs avant de vous envoler pour Katmandou. Les notions de Népal et de trek sont si inextricablement liées dans l’imaginaire collectif contemporain, qu’il semble inconcevable au chaland qu’on se rende dans l’un sans y faire l’autre. Un Dictionnaire des idées reçues du voyage, façon Flaubert routard, doit bien exister quelque part; on y trouve probablement, à l’entrée « Népal », quelque chose du genre: « permet d’être découvert autrement par le trek ».

Toutes vos connaissances qui ont déjà posé le pied au Népal ont donc découvert ce pays autrement: ils ont fait le tour des Annapurna, ou le camp de base de l’Everest, ou le Manaslu. Une telle concordance dans l’alternatif est admirable.

Cependant, vous n’avez jamais envisagé de faire de trek au Népal.

Vous ne pouvez totalement nier une forme de snobisme à ne pas emprunter les sentiers battus par le tourisme. On ne peut pas tout à fait exclure non plus une sorte d’oisiveté, laquelle vous fait considérer que deux à trois semaines employées à s’enfiler des kilomètres de dénivelé par des températures disparates constituent des vacances certes dépaysantes, mais guère reposantes.

Mais surtout Anne, votre compagne, est enceinte de cinq mois. C’est un état dans lequel on évite généralement de crapahuter par plus de 3000 mètres d’altitude, avec ou sans sherpa – en tout cas, quand on souhaite que cette grossesse se termine bien. La condition de femme enceinte vous expose – en tant que femme et en tant que couple – à toutes sortes de mises en garde de la part de votre entourage, qui se muent en terribles prophéties dès que l’on voyage. Surtout au Népal. Les longues heures de vol, la nourriture locale, la rareté de l’oxygène dans l’Himalaya: tout autant de sources d’inquiétude pour vos apparentés. Dieu

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