L’argent on gère!

Depuis quelques décennies déjà, les femmes ont pris le chemin de l’indépendance financière. « Elles ont massivement accédé au travail durant la période industrielle, rappelle la sociologue Christine Castelain-Meunier¹. Certes, en étant moins bien payées et dans de mauvaises conditions, mais l’arrivée de la contraception dans les années 70 les a libérées: elles avaient la main sur leurs choix. Ce qui leur a permis de revendiquer leurs droits. » Aujourd’hui, près de 70 % des femmes entre 15 et 64 ans travaillent². Et même si la situation reste précaire – nous sommes encore majoritairement en CDD ou à temps partiel, et nous touchons 9 % de salaire en moins que les hommes à âge et poste égal³ –, on avance et on continue de faire bouger les lignes.

Reines de la débrouille

D’ailleurs, malgré tous les bâtons qui traînent encore dans nos roues, on assure. Les dernières études statistiques le montrent: si les grosses dépenses – type achat de voiture – sont gérées d’un commun accord au sein des couples, celles du quotidien sont généralement l’apanage des femmes. Entre 35-49 ans, nous sommes 69 % à nous. Et peut-être que notre prochaine étape sera de briser le tabou. Parce que Ginevra Uguccioni, neuropsychologue, psychothérapeute et auteure de (éd. Larousse), est très franche làdessus. « En consultation, hommes et femmes parlent de leur sexualité très tranquillement. Mais pas d’argent. Qu’on en gagne beaucoup ou pas du tout, qu’on le garde au chaud ou qu’on le dépense sans compter, cela reste la plupart du temps un secret qu’on ne souhaite pas partager. Même avec son thérapeute. »