Les passantes du sans souci
BMW F 750 GS / Honda NC 750 X DCT Moto Guzzi V85 TT Centenario
t dire que nos motos coûtent moins cher que les vélos des équipes pros qui ont franchi ces mêmes cols alpins trois jours avant notre venue… Et dire aussi qu’ils sont tellement plus entraînés que nous, ces cyclistes du Tour de France, affûtés comme des lames, alors que nous, chargés de quelques spécialités savoyardes (et d’autres terroirs, agglutinés depuis quelques décennies), nous leur rendons bien des bourrelets… Un manque d’entraînement chronique et une surcharge pondérale qui n’auront nullement troublé, et encore moins handicapé, nos trois belles du jour au moment de gravir (puis redescendre!) ces cols alpestres qui se succèdent du côté de Megève. On peut même dire qu’on leur en aura collé des valises aux gars en cuissard, éclatant tous les temps de passage, avec la banane sous le casque en prime et quasiment pas de gouttes de sueur au front. Franchement, quand on mesure l’efficacité de nos trois motos, ce qu’elles permettent de faire et le plaisir qu’elles procurent, on ne comprend pas bien où on veut nous emmener en nous vantant à tous crins la suprématie du vélo. Car pour tout faire sur deux roues – découvrir, voyager, et se marrer –, on vous assure, y’a pas mieux que la moto. Et dans cette grande famille, nos trois prétendantes du jour avancent pas mal d’arguments. D’abord un genre (trail) qui offre une position de conduite naturelle et du confort, des réservoirs qui assurent une bonne autonomie, des tarifs qui restent placés, puis des caractéristiques propres à chacune leur donnant une vraie identité. Parmi les trois, la plus remarquable, immédiatement, est aussi la moins chère de la bande (9 399 €): la Honda NC 750 X DCT. Une sorte de « motomatique » mue par une boîte DCT (suppression du sélecteur et du levier d’embrayage) automatique (on peut aussi changer les rapports via des palettes), dont on fait le plein d’essence en soulevant la selle passager et où à la place généralement dévolue au réservoir, on trouve un grand coffre pouvant accueillir un casque intégral. À côté, les BMW F 750 GS et Moto Guzzi V85 TT Centenario sont nettement moins clivantes. L’italienne incarne le succès commercial que cette F 750 GS embarque. Une sorte de marketing inversée dont on ne mesure pas réellement la pertinence, si ce n’est pour laisser plus d’espace à une F 850 GS (moteur identique de 853 cm) aux brides électroniques supprimées (95 ch contre 77 ch à la 750 GS)… La F 750 GS aura pour elle un prix de vente inférieur (10 200 € contre 12 650 € à la F 850 GS), même si pour cet essai, nous disposions d’un modèle recevant un pack d’accessoires (béquille centrale, poignées chauffantes, capteur de pression des pneus, shifter Pro, réglage électronique de l’amortisseur, mode pilotage Pro) faisant grimper la note à 12 710 €, soit le tarif le plus haut du comparatif puisque la Moto Guzzi V85 TT Centenario s’échange contre 12 199 € et la Honda NC 750 X contre 9 399 € (10 549 € en version DCT). À noter que nos trois motos, aux puissances raisonnables (respectivement 77 ch, 76 ch et 57 ch) sont toutes éligibles aux permis A2. Des motos de jeunes motard(e)s mais surtout pas que, car c’est avec une bande de papis flingueurs que nous avons mené l’essai à rythme, disons, soutenu… Et dès le début! Au point que l’ami Jeff se sera mis à plat dans un champ 10 minutes après le début des hostilités, l’occasion de vérifier que son col du fémur n’a pas encore été gangrené par l’ostéoporose et que la Honda, bravache, était prête à retourner dans l’arène pour jouer crânement sa chance. Ou plutôt dans le grand cirque. Celui des montagnes alpines, un décor de rêve.
