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HORIZONS LOINTAINS

Alfa Romeo Montre a l (1972)

Claude, qui travaille depuis belle lurette sur les anciennes créations de la firme milanaise, est intarissable au sujet de sa propre Alfa Romeo Montreal. Avant d’ajouter, d’un air malicieux, que l’autoradio CD à façade ne l’est pas non plus… Cette seule concession à la modernité se justifie à l’heure d’apprécier à sa juste valeur ce best of des Who, posé sur la console centrale. Les riffs de guitare rythmés par une batterie chirurgicale et un clavier aérien vous transportent au tout début des années 1970, à l’époque où la superbe Montreal catalyse beaucoup d’espoirs chez Alfa Romeo. Un simple tour de clé pour réveiller les huit pistons rend vite l’installation audio superflue pour toute oreille un tant soit peu éduquée aux mécaniques. De la part d’une marque alors réputée pour ses quatre cylindres double arbre aussi pétillants qu’un bon Lambrusco, les borborygmes feutrés émis par cet inédit V8 sont aussi savoureux qu’inattendus. Un V8 qui rappelle justement l’envie d’Alfa Romeo de s’offrir une belle GT à la fin des années 1960. La concrétisation de ce qui n’est, neuf mois avant l’événement. Le temps presse et la marque italienne se voit contrainte de partir d’une base de Giulia Sprint GT, animée par un quatre cylindres 1.6 de 90 ch. Chargé d’habiller la mariée, l’atelier Bertone confie cette tâche à un certain Marcello Gandini, alors jeune salarié du bureau d’études. L’incroyable succès rencontré par ce prototype convainc Alfa Romeo d’en dériver une version de série, avec le V8 de l’exclusive 33 de course, considérablement civilisé pour l’occasion. La cylindrée passe de 2 à 2,6 litres, le vilebrequin plat originel est remplacé par un modèle calé à 90° et le régime maximal est largement diminué. Un châssis spécifique avec un essieu arrière De Dion est initialement prévu, mais la réalité financière et d’autres priorités obligent vite Alfa Romeo à réduire la voilure et à piocher dans la banque d’organes existants. La Montreal, dont les lignes superbes ont sûrement sauvé le projet lors des périodes de tempête, se voit contrainte d’emprunter les dessous d’une Giulia, dont le pont arrière rigide et les dimensions restreintes ne sont guère taillés pour un V8 de 200 ch! En outre, la Montreal, sortie en 1971, connaît une gestation compliquée et certains soucis de fiabilité. Son heureux propriétaire, Claude, lui reconnaît quelques caprices, dont cette fameuse et gourmande injection Spica au débit d’air difficile à régler: Le choc pétrolier de fin 1973 n’arrange pas les affaires de ce modèle, qui termine sa carrière dans l’anonymat en 1977. Alors fils de concessionnaire Alfa Romeo en région parisienne, Claude se souvient des inspecteurs techniques qui effectuaient leurs tournées en Montreal pour les promouvoir et faire rouler certains modèles stockés contre leur gré sur le parking de la maison mère.

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