Cap aux 100 pour nos deux bateaux. Un coup d’oeil sur le compas, Félicien ajuste la trajectoire sans cesse déviée par la houle. Le bras de Mahei, son ami, ne fatigue pas, il maintient pourtant depuis deux heures sa petite barque en alu dans notre sillage. Le soleil estompe en un rien de temps chaque volée d’embruns et nous laisse la peau tirée par le sel. Dans notre dos, le paisible lagon des Gambier et son chef-lieu, l’île de Mangareva. Devant nous, à 25 milles de distance, la plus orientale des terres de Polynésie française: l’atoll tourmenté de Temoe. Il n’est plus habité depuis 1838. Son lagon dénué de passes est réputé infranchissable et la grande houle du Pacifique Sud se fracasse sans répit sur la barrière de corail. Quelques expéditions scientifiques ont eu lieu par le passé pour étudier des sortes de cairns érigés en pierres coralliennes, témoins d’anciennes pratiques funéraires polynésiennes.
Pour le plaisir des yeux et de la pêche
Un trésor inestimable pour des chercheurs séduits par la qualité unique de la conservation du lieu. Pour leur permettre d’accéder aux sites, Tepano, pêcheur de son état, était l’unique guide capable de décrypter la mer afin d’ouvrir les portes périlleuses de l’atoll. Décédé brutalement en 2012, il en a laissé les clés à son