Moto Revue

Like a Lion in Zion*

*Comme un Lion à Zion (le paradis spirituel, chez les rastafaris)

La rubalise est sortie de nulle part, coupant la route, reliant le bar et les spectateurs sur le trottoir d’en face. Derrière, Narcisse nous montre de quelle façon il va agiter le drapeau pour lancer ce 2e Grand Prix du Cameroun. Le quartier de Bonamoussadi est devenu muet, paralysé par les 15 bombes éclectiques posées au milieu de la route, ne sachant à quel moment elles allaient exploser. à moins que je ne sois devenu sourd, hermétique, pour me protéger de la folie qui m’attend. Il fait plus de 38 °C et je fonds dans ma combinaison noire. Sur la tête, le Scorpion d’El Diablo, clin d’oeil patriotique obligé pour cette course. à l’intérieur, manyan*, c’est le bordel… Mon premier Grand Prix, tu penses. Sauf qu’il se court en pleine ville, au milieu de spectateurs qui n’ont jamais vu de sports mécaniques, que ma Triumph montre des signes de fatigue et que les essais d’hier n’ont pas pu se dérouler correctement vu que des voitures remontaient à contresens… Narcisse monte à son tour sur le trottoir, soulève ce bel étendard vert-rouge-jaune frappé en son centre d’une étoile, le soleil patinant de jaune cette toile surréaliste. Moi, au départ, j’étais juste venu envoyer une carte postale. Première. 6 000 tr/min. Mais qu’est-ce que je fous là?

Une histoire de fou(t)

C’est la fête chez ma copine Sandie. Dans un coin de la salle, la télé n’est allumée pour personne, sauf moi. Tous les parents font la bringue sur un bon vieux rockabilly, nous laissant libres. J’ai 4 ans et demi, j’aime ma maman, la moto, et les lions. J’en dessine tout le temps. Et le monsieur dans la télé s’est mis à hurler. « Incroyable, sensationnel, David a vaincu Goliath! Les Lions Indomptables ont battu le champion du monde en titre, Maradona ne comprend pas! » 8 juin 1990, le Cameroun enflamme la Coupe du monde de football lors du match d’ouverture. Omam-Biyik, en marquant à la 61e minute, a sorti son pays de l’anonymat médiatique et sportif, prouvant que les petits pouvaient gagner contre les grands. Papa, maman, je veux être un Lion Indomptable! Je veux aller au Cameroun! Non? Même si je finis mes épinards? Et voilà. Voilà comment le Cameroun est entré dans mon coeur, pour une histoire

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