Au fond du marécage
Marion ramena la couette par-dessus sa tête et plaqua ses mains sur ses oreilles. Dehors, c’était le déluge. Dans un vacarme assourdissant, le vent, la pluie et les éclairs se disputaient le ciel en brassant d’énormes nuages noirs qui semblaient fuir tel un troupeau de moutons affolés. A chaque coup de tonnerre, les murs vibraient et la charpente grinçait, comme si le toit allait s’envoler subitement. Juste avant de se mettre au lit, elle avait jeté un coup d’œil à l’extérieur et, à la lueur d’un éclair, avait vu comme en plein jour le torrent d’eau qui traversait le jardin et se dirigeait vers le champ en contrebas. Si le terrain n’avait pas été un peu en pente, l’eau se serait infiltrée sous la porte et la maison aurait peut-être bien été inondée. Aux informations, il avait été conseillé de rester chez soi, de ne pas prendre la voiture jusqu’à nouvel ordre. La Loire gonflait dangereusement.
Soudain, alors qu’elle commençait à sombrer dans le sommeil, elle eut l’impression que son lit devenait mouvant et que des choses grouillaient sous elle, dans le matelas. Elle poussa un cri et rejeta la couette sur le côté en s’éjectant du lit. Ses pieds rencontrèrent alors une matière collante, comme de la boue. L’eau avait dû passer sous la porte, entraînant avec elle la terre du jardin, voilà que la chambre était inondée ! La lune était cachée derrière les nuages, ce qui plongeait la pièce dans une obscurité presque totale. Marion tendit les bras devant elle et se dirigea vers la porte, mais alors qu’elle pensait y être parvenue, elle trébucha sur quelque chose – on aurait dit une branche – et tomba à plat ventre, le visage dans la boue. Elle tenta de se relever. La boue semblait vouloir l’aspirer et partout autour, là où elle posait les mains, elle rencontrait des branches et des racines.
Sauf si la porte d’entrée avait été arrachée par la violence du flot, ce qui semblait pourtant peu probable. Il y avait une odeur de marécage
