Car, depuis ses débuts en Karting, Emanuele Pirro a fait preuve d’éclectisme. Il s’est ainsi illustré dans la plupart des championnats automobiles et a fait un passage (décevant) en F1 (37 grands prix). C’est un mélange de hasards qui l’ont orienté vers ce qui allait être un coup de cœur. « Je ne suis pas né avec une passion, je pense, mais à Zandvoort puis la pole à Imola. Michelin m’a alors fourni les bons pneus… Les résultats ont suivi. C’était parti. Je suis passé de la situation de mort à vivant. Une carrière, c’est souvent fait de circonstances, favorables ou pas. » Ainsi, Pirro est devenu pilote Marlboro en allant vivre en Angleterre pour courir en F2 puis F3000. « Un jour, Stefan Johansson m’appelle. Marlboro voulait faire un film de pub et n’avait pas de pilote sous la main. J’ai joué ce rôle et je suis ainsi devenu pilote d’essai pour McLaren-Honda, Ron Dennis ayant été convaincu par mon professionnalisme. Je suis parti au Japon, où je tournais quotidiennement à Suzuka ou Fuji. Puis Ron Dennis m’a poussé à accepter l’offre Benetton quand l’opportunité s’est présentée. » Si ce passage en F1 chez Benetton puis à la Scuderia Italia ne s’est pas bien passé, Pirro ne regrette pas d’avoir atteint un niveau auquel il n’avait jamais rêvé. C’est en « redescendant » dans une voiture de tourisme chez Audi qu’il a relancé sa carrière, à 34 ans. Il n’imaginait pas, en osant appeler un certain Docteur Ullrich et en parvenant à le convaincre de l’engager, qu’il allait enfin (bien) gagner sa vie en pilotant et surtout remporter cinq fois (!) les 24 Heures du Mans. Il s’était pourtant juré de ne plus participer à cette course après une douloureuse expérience en 1981 sur une Lancia (lors de cette édition, Jean‑Louis Lafosse s’est tué, Thierry Boutsen, victime d’un accident, a provoqué la mort d’un commissaire de piste et Beppe Gabbiani, l’équipier de Pirro, a lui aussi été victime d’un accident). Ayant raccroché le casque en 2010, Emanuele Pirro fréquente toujours les circuits dans le rôle de commissaire sportif; Jean Todt, alors président de la FIA, ayant voulu confier à d’anciens pilotes cette responsabilité. Comblé par sa passion du sport automobile, Pirro révèle la piste qu’il lui reste à explorer. « Mon rêve serait maintenant d’être team manager. » On en reparle lors d’un prochain anniversaire.
