Une passion pour les oiseaux
Sa longue-vue à l’épaule et ses jumelles autour du cou, Clémence ressemblait à s’y méprendre à une exploratrice. Ne lui manquait que la longue chevelure qu’arborait Dian Fossey lors de ses explorations dans les montagnes des Virunga, au Rwanda, à la rencontre des gorilles d’Afrique. La ressemblance avec la célèbre primatologue américaine s’arrêtait là, aux portes du parc du Marquenterre que Clémence venait de franchir d’un pas décidé. La trentenaire avait gardé l’énergie de ses vingt ans, à l’époque où elle venait sur le site, en été, servir de guide bénévole aux touristes.
Du plus loin qu’elle s’en souvienne, Clémence avait toujours eu les yeux rivés vers le ciel. Elle ne le savait pas encore mais, toute petite, son avenir dans ces landes de sable était déjà tracé. Dès qu’elle sut dessiner, ce furent des oiseaux qui apparurent sous ses traits de crayon. Ils donnaient toujours l’impression qu’ils allaient s’envoler de la feuille de papier, même s’il leur manquait une aile ou quelques plumes. L’enfant ne lésinait pas sur les couleurs. Elle en rajoutait parfois, ce qui faisait dire à sa mère, Mathilde :
– Tu es sûre que cette hirondelle a des plumes violettes ?
En général, l’enfant ne répondait pas et recouvrait la couleur décriée d’un coup de trait noir ou blanc. À cette époque, peu lui importait la réalité. Elle tenait à reproduire ce qu’elle voyait, mais souvent le dessin reflétait le résultat de son imagination. Comment alors aurait-on pu comprendre que, dans ses dessins, des pigeons puissent frayer, sans coup férir, avec des coqs du poulailler de la maison familiale ?
Mathilde encouragea le désir d’observation de la nature de son enfant en l’emmenant se promener sur le littoral, tout proche. Au milieu des dunes de sable plantées d’oyats, ces herbes aux pointes acérées qui piquaient les mollets, mère et fille parcouraient le domaine des mouettes et parfois des
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