Les frontières du Viêt Nam sont de nouveau ouvertes et avec elles, la possibilité de repartir sur les routes escarpées des montagnes du nord où le temps semble parfois s’être arrêté. Environ 200 kilomètres séparent Hanoï, la capitale du nord, de la Porte Céleste de Quan Ba à Hà Giang, considérée comme la limite entre le Ciel et la Terre. Enveloppés d’un ruban de brume matinale, ces hauts plateaux calcaires surplombent une vaste vallée verdoyante où les ethnies locales se sont adaptées à l’environnement pour bâtir leurs villages et cultiver la terre dans ces montagnes réputées inhospitalières.
Mais avant d’aller à la rencontre des peuples des hauteurs, il faut emprunter la route vers la région de Yên Bái, qui serpente entre ravins profonds, vallées encaissées au creux desquelles coulent des rivières. Difficile de détacher le regard de ces collines vertigineuses laissant apparaître sur les parois abruptes les premières rizières en terrasse. Sculptés au fil des - le chapeau traditionnel en paille de riz - ou de turbans noirs ou colorés selon les ethnies, s’affairent au repiquage des épis de riz. Le dos courbé et les pieds dans l’eau, elles plantent méthodiquement les jeunes pousses à intervalles réguliers, tandis que les hommes creusent de profonds sillons dans la terre meuble à l’aide d’une charrue traînée par d’énormes bœufs. Un travail harassant pour ces familles qui malgré l’effort et la chaleur prennent le temps de partager un peu de leur quotidien et un large sourire avec nous avant que nous reprenions le voyage en direction de Dong Van, petite ville étape, à la frontière chinoise. En contrebas de ces montagnes couvertes de végétation luxuriante, coule la rivière Lô sur les rives de laquelle on aperçoit les barges aux toits de chaume des chercheurs d’or. Au fil des kilomètres et des virages, on a l’étrange sensation de planer au-dessus de ces paysages extrêmement changeants.