Le fringant ministre de l’Intérieur de feu Jacques Chirac avait été tout à fait clair, en juin 2003, peu de temps après l’inauguration du premier radar automatique de France, à La Villedu-Bois (91) : “Dans mon esprit, l’idée n’est surtout pas de piéger les conducteurs. (…) Je souhaite également que la liste des emplacements (de radars) soit très officiellement diffusée par le gouvernement”, avait fait savoir Nicolas Sarkozy. Que reste-t-il de la doctrine initiale moins de vingt ans après ? Un accent mis sur les voitures radars privatisées, qui flashent en roulant, incognito et sans interpellation, et la mise en place du radar urbain dont voici la doxa, selon la Sécurité routière : “Sur un itinéraire sécurisé, il peut y avoir cinq à six cabines radars installées, mais une seule est équipée d’un système radar fonctionnel.”
ALCOOL ET DROGUES NÉGLIGÉS
Les radars ont toujours fait, indique le rapport de la députée Nadia Hai consacré au “Contrôle de la circulation et du stationnement routiers”. Le radar urbain, en phase finale de test à l’heure actuelle, est un tout petit dispositif par rapport aux cabines connues jusqu’à ce jour. Il peut s’accrocher à un poteau de réverbère, par exemple. Le principe est le suivant : un panneau signale que l’on circule sur un “itinéraire sécurisé” qui comporte peut-être des radars. Mais comme décrit auparavant, l’automobiliste ne sait guère quel radar est réellement en fonction :, juge Alexandra Legendre, directrice des études de la Ligue de défense des conducteurs. Tandis que le parc de radars de feux rouges ou de passages à niveau stagne voire décroît, l’État choisit de remettre l’accent sur la chasse à la vitesse en ville ; car pour les campagnes, il existe une autre solution. La fameuse voiture radar privatisée ! Elles seront 223 à circuler l’an prochain (472 avec celles aux mains des forces de l’ordre), sachant qu’elles sanctionnent uniquement les vitesses excessives. Leur bilan 2021, obtenu par , est édifiant : environ 500 000 amendes distribuées sur un grand tiers du territoire métropolitain. Mais en 2023, toutes les régions auront le privilège de voir des voitures radars circuler. Pluie de PV en perspective ! La lutte contre l’alcool ou la drogue au volant semble devenir secondaire par rapport à l’enjeu vitesse : (…), annonce pourtant un document budgétaire de la Sécurité routière, qui précise aussi que la proportion de personnes positives aux stupéfiants dans les accidents. Ainsi, peu de progrès ont été réalisés pour lutter contre la conduite sous emprise. En 2021, la police a effectué moins de contrôles d’alcoolémie qu’en 2019…, fait encore remarquer Alexandra Legendre.
