n coup de colère peut parfois se montrer très productif… Prenez le cas de Jean Rédélé en 1962. Depuis qu’il a lancé la marque Alpine en 1955, engager des autos aux 24 Heures duMans fait partie des innombrables projets qui bouillonnent dans sa tête. Il garde, en effet, un souvenir ému de ses deux participations en tant que pilote (en 1952 et 1953 sur 4CV) et il a hâte de pouvoir retourner dans la Sarthe, en tant que constructeur. Malheureusement, les moteurs Renault, qui propulsent avec succès ses berlinettes A106 et A108 en rallye, ne sont pas taillés pour un tel défi… En revanche, le quatre-cylindres à double arbre à cames en préparation dans les ateliers parisiens de Gordini pourrait, lui, faire l’affaire. Seulement, voilà: sitôt terminé, ce moteur destiné à la future Renault 8 est confié à… René Bonnet, pour les 24 Heures du Mans 1962! « écrira par la suite Gérard Crombac, le cofondateur avec Jean Lucas de par ailleurs ami du » Rédélé fait alors le siège de la Régie et obtient la fourniture de ce moteur pour 1963. Il confie son plan à Gérard Crombac: « rapportera celui-ci, » N’ayant pas le temps, le patron de Lotus dirige les Français vers Len Terry, qui a participé à la conception de la Lotus 23. L’ingénieur anglais accepte et livre ses plans au moment même où l’organisateur des 24 Heures du Mans change le règlement! Désireux de civiliser l’apparence des voitures de sport, l’ACO impose désormais des seuils de portières très bas, une dimension minimum pour ces dernières et… un espace pouvant recevoir une valise! Les plans de Len Terry sont déjà obsolètes.
