Garde ton Cap: ClichyAventure
Par Tom Devictor
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À propos de ce livre électronique
J'écris sur ce bout de banquette avant de prendre mon quart, derrière cette barre la nuit tombée, sous la modeste échelle conduisant au cockpit, fatigué ou en pleine forme, qu'il vente ou sous pétole. J'écris chaque jour, dans l'authenticité d'un témoignage d'un grand voyage, dans l'amour du partage, entre sourires et déceptions, entre la vie et la mort, dans le sens des marées, face aux vents et aux horizons, proche des terres et loin des miens, sous ce ciel et mes étoiles."
Tom Devictor
"Je m'étouffe sous ce bitume, dans la nature tuée et recomposée qu'on appelle chaleureusement matière, dans l'expression triste de ces platanes qui me sont invisibles, dans le bruit des moteurs modernes, dans la fausse lumière électrique qui m'aveugle l'esprit, dans ce steak dégueulasse qui, jadis, abritait une sensation, dans l'architecture horrible de nos HLM et mon ascenseur toujours en panne, dans mon regard vide devant ce miroir après une journée de métro... Je m'adapte à ce gris qui hante la grande ville. J'ai même l'impression que ma vie est un résumé d'adaptations d'ailleurs. Je ne fais pas semblant, ne joue pas un rôle dans les divers environnements. J'écris d'une plume poétique dans un lieu de vie et gratte des textes durs, sombres dans un lieu de mort. Je me suis cru fou à écrire, penser deux opposés le même jour, à aimer l'humanité devant un tableau et à la haïr en sortant du musée, arrivé à la station de bus. Schizophrène ou « adapté de l'instant » ? Je prétends ne pas être malade finalement (peut être excessif, je l'accorde)."
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Aperçu du livre
Garde ton Cap - Tom Devictor
À ma nièce Léna
À ma tante Jackie
Ecrire, c’est emprisonner le présent
Lire, c’est lui rendre sa liberté.
Sommaire
QUELQUES JOURS AVANT LE DEPART
VEILLE DU DEPART
DEPART
PREMIER JOUR : ANTIBES
DEUXIÈME JOUR : CORSE
TROISIÈME JOUR : ITALIE
QUATRIÈME JOUR : ITALIE
CINQUIÈME JOUR : ITALIE
SIXIÈME JOUR : ITALIE
SEPTIÈME JOUR : ITALIE-MALTE
HUITIÈME JOUR : MALTE
NEUVIÈME JOUR : MALTE
DIXIÈME JOUR : MALTE-CRETE
ONZIÈME JOUR : MALTE-CRETE
DOUZIÈME JOUR : MALTE-CRETE
TREIZIÈME JOUR : CRETE
QUATORZIÈME JOUR : CRETE
QUINZIÈME JOUR : CRETE-EGYPTE
« TONTON TOM »
SEIZIÈME JOUR : CRETE-EGYPTE
DIX-SEPTIÈME JOUR : CRETE-EGYPTE
DIX-HUITIÈME JOUR : CRETE-EGYPTE
DIX-NEUVIÈME JOUR : PORT-SAÏD
VINGTIÈME JOUR : PORT-SAÏD
« LES MATERNELLES »
VINGT-ET-UNIEME JOUR : PORT SAÏD
VINGT-DEUXIEME JOUR : CANAL DE SUEZ
VINGT-TROISIEME JOUR : CANAL DE SUEZ
VINGT-QUATRIEME JOUR : SUEZ BAY
VINGT-CINQUIEME JOUR : MER ROUGE
VINGT-SIXIEME JOUR : MER ROUGE
VINGT-SEPTIEME JOUR : MER ROUGE
VINGT-HUITIEME JOUR : MER ROUGE
VINGT-NEUVIEME JOUR : MER ROUGE
TRENTE-ET-UNIEME JOUR : MER ROUGE
« HISTOIRE : ECHEC ET MATHS »
TRENTE-DEUXIEME JOUR : MER ROUGE
TRENTE-TROISIEME JOUR : MER ROUGE
TRENTE-CINQUIEME JOUR : MER ROUGE
TRENTE-SEPTIEME JOUR : MER ROUGE
TRENTE-HUITIEME JOUR : YEMEN
TRENTE-NEUVIEME JOUR : PORT D'AL HUDAYDAH
QUARANTIEME JOUR : PORT D'AL HUDAYDAH
QUARANTE-ET-UNIEME JOUR : MER ROUGE
QUARANTE-DEUXIEME JOUR : MER ROUGE
QUARANTE-QUATRIEME JOUR : AL MUKHA
QUARANTE-CINQUIEME JOUR : MER ROUGE
QUARANTE-SIXIEME JOUR : GOLFE D'ADEN
« HISTOIRE : LE MONASTERE »
QUARANTE-SEPTIEME JOUR : GOLFE D'ADEN
DU QUARANTE-HUITIEME JOUR JUSQU'À MAINTENANT : ADEN
« MI-TEMPS »
« TONTON SANTÉ »
CINQUANTE-SEPTIÈME JOUR ET FIN
THAÏLANDE
PAI
« LA QUETE »
QUOTIDIEN
« LES MATERNELLES »
DERNIER ARTICLE
QUELQUES JOURS AVANT LE DEPART
Je commence l'écrit ici, assis à côté de ce jeune homme jouant du piano à la gare de Lyon.
J'attends mon train pour Antibes. Le grand départ est dans quatre jours.
La pression ne montera pas, l'excitation l'a résorbée le jour où l'on m'a proposé cette aventure.
Non, je ne connais rien d'un tel voyage. Je n'ai approché l'océan qu'en Bretagne, il y a bien longtemps, du haut de mon petit optimiste et de mon grand optimisme.
Nous sommes trois à partir mercredi à bord d'un voilier de onze mètres. Le propriétaire du bateau s'appelle Tonton, un jeune homme de cinquante-deux ans. Le capitaine se prénomme Némo, c'est un expert de la voile depuis qu'il a six ans. Enfin, je l'espère...
De toute façon, c'est lui qui va nous apprendre à naviguer. Notre confiance réside dans notre espoir. Dans cinq heures, j'arriverai à Antibes.
Le train part, Paris avec.
Les prières de mes proches me touchent et leurs craintes me font sourire. J'ai le choix entre être capturé par des pirates ou sécher sur une île déserte. Effectivement, tout est possible, mais je ne le souhaite pas non plus.
Je n'ai pas peur et n'ai pas le droit d'avoir peur. Une formation à la voile va nous être dédiée pendant ce périple qui relie Antibes à la Thaïlande. Il nous est nécessaire d'apprendre vite pour la sécurité de tous. Chacun de nous devra se relayer à la barre, de jour comme de nuit pendant deux, voire trois mois. La peur n'a pas sa place ici, la paresse non plus.
Pourquoi partir? J'ai fait un choix dans ma vie, celui de suivre le chemin de la découverte. La saveur ne se dégage que lorsque l'on croque dans le fruit et cela fait bien longtemps que le virtuel ne me suffit plus. Jadis, la fuite d'un monde incompris animait mes départs. Désormais, c'est par amour que je souhaite découvrir de nouveaux horizons. Voyager pour me connaître, voyager pour aimer d'avantage, voyager pour être libre, ETRE, tout simplement. Découvrir par amour et raconter par fraternité? C'est tout à fait à ça que ces écrits aspirent. C'est un honneur que de partager mes aventures. Deux écoles élémentaires de Clichy vont suivre notre escapade. Je vais tenter de donner le meilleur de moi-même pendant ces quelques mois et faire rêver ces petits bouts.
Je ne peux terminer ce premier article sans remercier la ville de Clichy pour son grand soutien matériel; monsieur André Mayo, président de l'association des entrepreneurs et commerçants de Clichy et « Honneur et Handicap » pour les sponsors et leur soutien également. Un merci particulier à Bilal et Grandin sans qui je n'aurais jamais eu d'aides financières et matérielles si je ne les avais pas croisés au bon moment.
Ma racine est à Clichy, sa floraison dans l'éternel.
VEILLE DU DEPART
Nous y voilà...
Le départ fut retardé d'une semaine pour des raisons techniques et climatiques, mais dorénavant, nous sommes prêts.
Nous y voilà, enfin.
Cela fait six mois que Tonton donne son temps, sa santé et beaucoup de son argent pour équiper le bateau. Aucun repos ne lui a été accordé, il a pratiquement tout bricolé seul; lui qui ne connaissait rien de la voile le semestre dernier.
- Je n'ai jamais été aussi heureux de partir, ce voyage va être énorme, se réjouit Tonton. Et je le crois...
Le bateau Vilmy 2 sourit et attend demain avec impatience. Je commence à bien m'entendre avec lui. il est né en Italie en 1981, son accent du sud est peu perceptible, mais il a La Classe.
Habillé d'une peinture blanche et bleue, d'une petite ceinture grise, il se déplace avec grâce au « quai des milliardaires ». Son mat de quatorze mètres chatouille à peine les mollets des molosses qui logent face à nous.
Le départ, c'est demain...
DEPART
On y arrive...
- Réveillé Tonton?
- Ouais mon n'neveu! C'est le grand jour!
Ce dernier petit-déjeuner au port a un goût d'aventure, il respire la Thaïlande, l'océan, les adieux et le café soluble.
Némo nous rejoint bientôt. Les « au revoir » sont prévus pour 11h. Là, à ce moment précis, je suis excité, passionné, voyageur, en pleine forme. Tonton a le sourire jusqu'à la fontanelle. Il a terminé son œuvre et s'apprête à la présenter au monde entier. Le Vilmy est aux aguets, prêt à bondir, plus que quelques heures à tenir.
Némo arrive, il vérifie une dernière fois le bateau, semble satisfait, nous pouvons partir...
Les amarres sont coupées par le fils de Tonton, quelques vagues nous rejoignent pour caresser les yeux de ceux qui restent. Et nous, nous partons...
PREMIER JOUR : ANTIBES
Sortis du port d'Antibes, Némo nous donne les instructions et les règles de base de la navigation. Il parle une langue bizarre et j'avoue avoir du mal à le suivre.
- Fais gaffe aux bouts', touche pas à l'écoute de grand' voile, ni à celle du génois, tes doigts loin du winch quand tu choques le phoque, si tu mets un ris, ne fais pas bouillir l'eau...
Et dire qu'on parlera de cette manière avec Tonton... Pour l'instant, c'est plutôt : « Tonton, y'a plein de cordes ici, j'sais faire des lacets à l'envers, regarde! »
La mer est vaste, nous laissons le continent.
Nous avons quitté la terre depuis quatre heures et elle semble encore si proche. Le voyage va être long, très long...
Ma première prise de barre va me rester en mémoire une éternité, voire deux.
Le vent fait face à nous, je ressens Vilmy résistant, solide et robuste. C'est une bonne surprise, plus les vagues luttent, plus je prends du plaisir. Nos corps vont doubler de volume d'ici les prochains mois.
Le bateau tangue énormément, l'équilibre est difficile à trouver et l'on s'agrippe où l'on peut pour tenter de déambuler. Pour l'instant, la plus grosse difficulté est de chercher le pot de mayonnaise sous une cale.
La nuit approche, je demande à Némo si je peux commencer le tour de quart. J'aime vraiment ça, incroyable...
Le soleil se couche derrière nous, la voie lactée cligne d'un œil, les étoiles nous appellent, il est 21h, je suis heureux chers amis.
Tonton est matinal, il sera le dernier de quart, il le regrettera par la suite...
Entre la flèche à bâbord du mât et la bout' de génois (« corde » qui permet de tendre la voile à l'avant du bateau) se dessine un écran naturel laissant apparaitre à l'est trois étoiles alignées représentant la ceinture d'Orion. Elles sont mon cap pour la nuit. Les vagues peuvent mesurer jusqu'à un mètre cinquante, le vent venant de face souffle à vingtet-un nœuds, notre vitesse est de cinq nœuds.
Les heures passent, c'est au tour de Némo de naviguer. Tonton dort malgré les pleurs de Vilmy. Tout ce qu'on pensait avoir sécurisé est à la renverse. Des portes claquent contre le sol. Les bouteilles, cendriers et couteaux jouent à la