50 ans de l'OGS: l'histoire du sport à grande-synthe
Par Thierry Fatou
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À propos de ce livre électronique
L'arrivée d'hommes et de femmes déterminés va transformer un désert sportif en oasis à champions des stades et des salles de sport.
Le 26 mars 1963, Huguette Mierzejewski, Félix son mari, Pierre Gars, René Leroy, Messieurs Hayez, Marquant et Ovion se mettent autour d'une table pour créer un nouveau ciment au coeur de la cité en construction. Ce ciment s'appelle OGS pour Olympique de Grande-Synthe. C'est un club multisports qui va générer les liens nécessaires à la vie de la cité et à son épanouissement. La pratique du sport va élargir de l'usine à la ville la cohésion sociale nécessaire à la vie en commun. Solidarité, partage, fraternité prendront leur sens synthois.
Ce livre raconte, avec les témoignages de ceux qui l'on vécue, de ceux qui l'ont faite, cette histoire fabuleuse, bâtie de rencontres, de volontés, de convictions, de dépassement de soi, et à partir de 1971, d'une politique de développement sportif probablement inégalée encore à ce jour.
Grande-Synthe a été, un jour, l'endroit de la rencontre de deux militances : celle du sport comme système d'éducation et d'élévation de l'individu, et celle du politique avec des idées d'éducation populaire et d'élévation de la population.
L'un avait l'expertise, la connaissance, l'autre le pouvoir de changer la vie, et le sport est monté sur le podium pour ne plus quitter la plus haute marche.
Thierry Fatou
Communicant de formation et de métier, Thierry Fatou est tour à tour graphiste, journaliste, réalisateur, auteur, mais surtout observateur du milieu où il vit.
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Avis sur 50 ans de l'OGS
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Aperçu du livre
50 ans de l'OGS - Thierry Fatou
Cet ouvrage est dédié à tous les artisans du sport Grand-Synthois,
des petites mains absolument nécessaires sans lesquelles rien ne peut se faire,
à tous les dirigeants des clubs qui ont souvent été des petites mains et sont parfois
devenus de grands Manitou dans leur discipline.
Ils sont depuis cinquante ans les acteurs de la fabuleuse aventure
du sport Grand-Synthois. C’est leur histoire qui est racontée ici.
Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre.
Pierre de Coubertin
Table
26 mars 1963, l’histoire du sport à Grande-Synthe se met en marche
Circonstances et nécessités fondent l’action
Champs, pâtures, gymnase et salles de classe
De la création des équipes aux premiers résultats, le chantier invisible
La section football accède à la demi-finale de la coupe Maritime
Le premier vaisseau amiral
du sport synthois
Christophe Duhem M. Mini Basket régional
Le mai 68 du sport à Grande-Synthe
De la naissance d’une nouvelle ère au renouveau sportif
Un deuxième vaisseau amiral
et un chaudron pour faire battre les cœurs
Olympique Grande-Synthe : sports de masse ou sports d’élite ?
Des anciens, des nouveaux, entre ceux qui partent et ceux qui restent
Une assemblée générale qui fait date
Reconnu parmi ses pairs, il deviendra un président emblématique de l’OGS
Les années 80, une décennie sportive comme jamais auparavant
Des Bains Dunkerquois aux bassins du monde entier, il est passé par la piscine Léo Lagrange
Avec un anneau, la petite reine va créer des générations de princes et de rois
La Ville prend du poids et poursuit ses efforts d’équipement, le sport progresse toujours
La voile se gonfle d’un vent nouveau au Puythouck
L’OGS a vingt ans, l’ASTV apparait dans la petite lucarne
Bruno Wojtinek, un destin brisé
Ne rentre pas à la maison si tu es président !
Les années 90, une décennie de jeunes talents
Comme un lion qui s’en va
Dans la constellation du basket, Domi, un fragment d’étoile de Marles-les-Mines
Le foot et la natation voient tout en grand
Des pieds et des mains pour être bien dans sa tête et dans son corps.
1997, l’OGS Omnisports est morte, vive l’OGS Union !
Un moteur à l’athlétisme
Alchimiste, il transforme le plomb en or
Les joueurs de billard font les trois bandes… et les jeux d’échecs deviennent un sport à part entière
Une première fois CFA2 pour gouter
Moins tendue que la corde de son arc, même si ça lui tire un peu…
Le sport synthois a de grandes valeurs et sait le démontrer quand il le faut
Un nouveau vaisseau amiral
du sport en approche
Une épopée footballistique inédite
Putain de bagnole !!
Une charte de bonne conduite contre l’anti sport
Un esprit d’échange pour multiplier les chances
Un chapitre plus long que prévu pour la piscine Léo Lagrange
La pratique du vélo évolue, évoluons avec le vélo
Léo Lagrange pris en otage, le stadium du littoral inauguré
Quand les jeunes du foot prennent exemple sur leurs aînés…
Une compétition qui ne manque pas de chien
Racket sur les bons résultats au club de tennis
1963-2013, 50 années d’un voyage dans la constellation à la vitesse des lumières du sport synthois
26 mars 1963, l’histoire du sport à Grande-Synthe se met en marche
Dans toute chose, il y a un avant et un après. Une frontière un peu floue pas toujours définitive pour mesurer, comparer, évaluer à travers le temps qui passe, l’activité humaine, les changements intervenus. Grande-Synthe n’y échappe pas et pourrait même en être une démonstration, tant il y a un avant et un après très distincts. Il y a eu le Grande-Synthe avant la seconde guerre mondiale, puis celui d’après, quasiment rayé de la carte. Il y a eu le Grande-Synthe d’avant Usinor et celui d’après, donnant au village de nouveaux contours de ville moderne, urbaine. Il y a eu avant le 26 mars 1963 et depuis, il était une fois le sport à Grande-Synthe.
Dans le petit village de gens de la terre : maraîchers, fermiers et artisans, le sport est une attraction, une sortie endimanchée à la grande ville d’à côté, Dunkerque. A Grande-Synthe, le sport n’existe pas. C’est la venue, il y a cinquante ans, d’hommes et de femmes qui va transformer ce désert sportif en oasis à champions des stades et des salles de sport.
Le village, qui est devenu un immense chantier, un enchevêtrement d’immeubles construits à la hâte ou encore en construction, voit affluer des travailleurs qui bien souvent arrivent en célibataires. Ils viennent des régions minières, du Valenciennois, du Pas-de-Calais et d’ailleurs. Ils ont laissé femmes et enfants dans les corons ou au pays. Jusqu’à vingt-sept nationalités vont coexister ici, sans presque se voir, sans se heurter. Si durant la semaine, la ville qui est en train d’éclore prend des allures de cité dortoir, de banlieue froide et sans âme, le week-end, elle devient une ville fantôme. Il n’y a aucune distraction, ni pour les jeunes, ni pour les parents. La vie à Grande-Synthe n’est pas facile et les quelques familles qui s’installent vivent le far-west
. L’usine est alors le seul intégrateur social. C’est à l’usine, à travers les postes, les différents services et les sections sportives que les hommes font connaissance.
René Leroy se souvient : « Comme tous les sportifs qui arrivent dans une nouvelle ville, ce qu'ils vont chercher c'est de voir s'il y a un club ou un endroit pour faire du sport. En arrivant en 1962 à Grande-Synthe, il n'existait aucun terrain de sport, ni aucune équipe. On s’est donc mis à quelques-uns à jouer au ballon sur des terrains vagues et quand les gens sortaient de l'usine et voyaient des footballeurs et des jeunes taper dans un ballon, ils s’arrêtaient. De là est venue l'idée de créer une équipe de football à Grande-Synthe, c'était en 1963.»
Circonstances et nécessités fondent l’action
En juin 1962, Félix et Huguette Mierzejewski et leurs deux enfants s’installent à Grande-Synthe. Félix est contremaître à Usinor, Huguette est professeur d’éducation physique. Ce couple va changer la vie de générations de grands-synthois.
Originaire de Bergues, Pierre Gars est pompier à Paris. Il en revient en 1962. Il pratique le volley-ball et jouait à haut niveau dans l’équipe de la compagnie de pompiers. Embauché au service sécurité d’Usinor, il est l’un des acteurs clés de l’aventure sportive synthoise : « Un beau jour, Félix Mierzejewski vient me voir dans mon bureau et sa première question a été - Quel sport tu as fait ? - Je lui ai répondu - Je fais du volley. Il me demande où, je dis à Paris. Il me dit ensuite - Je viens te voir parce qu’on a l’intention de créer un club. - Je lui ai répondu qu’on ne peut pas faire ça comme ça tout seul, qu’il fallait voir avec la mairie. »
Quelques jours plus tard, en éclaireur, Pierre Gars rencontre le maire Julien D’Hulster. Celui-ci l’invite, lui, ainsi que le couple Mierzejewski au conseil municipal qui devait avoir lieu une quinzaine de jours plus tard. Cette quinzaine a été mise à profit pour préparer une présentation de leur projet. Lors du conseil municipal, le maire présente l’équipe de sportifs et leur laisse la parole. «Bon maintenant expliquez-vous ! Nous dit le maire.Avec Félix et Huguette, on a détaillé tout ce qu’on voulait faire.» Les yeux brillants, la respiration syncopée par l’émotion que cela réveille, Pierre Gars se rappelle très bien de ce grand moment. Le conseil municipal est enthousiasmé et le maire pose l’inévitable question : « Il vous faudra des sous ?!» « On a répondu - Ben oui ! - Et il nous a accordé une subvention de sept mille cinq cents francs, tout de suite !» L’OGS est portée sur les fonts baptismaux le 26 mars 1963 par une équipe de sept personnes qui se répartissent les responsabilités. Félix Mierzejewski est président, René Leroy est le premier vice-président, Pierre Gars second vice-président, Monsieur Marquant est nommé trésorier. Huguette Mierzejewski et Monsieur Hayez sont membres de cette association régie par la loi de 1901. Elle est déclarée officiellement le 12 Avril suivant à la sous-préfecture de Dunkerque et est dénommée Olympique de Grande-Synthe. Son but, c'est la pratique de tous les sports collectifs et individuels. Son siège social, c’est la mairie. L’information est parue dans le Journal Officiel du 30 Avril 1963. L’OGS comprend cinq disciplines sportives qui sont le football, le basket-ball, le volley-ball, le tennis de table et le handball.
René Leroy : « Quand on voulait faire des championnats, il était obligatoire d'avoir des règles et d'avoir un club, car il fallait se licencier et il fallait avoir un nom de club. En se réunissant à quelques-uns, on a créé l'OGS avec ses couleurs. On avait décidé du jaune et du bleu. » Les couleurs du blason de la ville. Ils ne le savent pas encore, mais ils viennent de créer l’un des piliers fondateurs de la ville que nous connaissons aujourd’hui. Non seulement le sport va pouvoir se développer, mais plus encore, il génèrera les liens nécessaires à la vie de la cité, à son épanouissement, participera à la sédentarisation des travailleurs grâce notamment à la venue des familles et l’engagement des enfants dans les différentes disciplines sportives. Le sport va élargir de l’usine à la ville la cohésion sociale nécessaire à la vie en commun. Solidarité, partage, fraternité prendront leur sens grand-synthois.
Le 6 juin 1963, le conseil municipal reconnaît officiellement l'OGS et lui alloue la subvention promise.
Champs, pâtures, gymnase et salles de classe
Les premiers mois sont un peu difficiles, car si comme le confie Félix Mierzejewski à Jean Sename, journaliste à la Voix du Nord « C’est difficile de former une équipe, les gens ont peu de contact et vivent repliés sur eux-mêmes. » Créer de toute pièce un club de sport est une affaire très prenante. L’implication est totale, au détriment parfois même de la vie de famille. « Souvent, je rentrais vers neuf heures le soir et ma femme me disait - Tu n’peux pas rentrer un peu plus tôt ?» se rappelle Pierre Gars. Il faut penser à tout, être très présent, monter des dossiers auprès des instances qui décident, qui donnent des agréments, qui permettent au sport d’exister là où il n’y avait rien. Au-delà de l’aspect administratif, faire du sport à Grande-Synthe est un défi permanent. Il n’y a pas de salle, pas de terrain, aucun équipement sportif dédié.
« La première salle qu’on a eue, c’est la salle Victor Hugo et la cour de l’école maternelle et c’est tout ! C’était une vraie bagarre pour la répartition des heures d’entrainement, mais on s’entendait bien, alors ça allait quand même. On jouait dans la cour de l’école. L’hiver on devait se lever de bonne heure pour faire fondre la neige. » se souvient encore Pierre Gars, prolongé dans ses propos par Jean-Luc Mierzejewski « On s’entrainait dehors avec des lampadaires accrochés au mur de l’école pour qu’on puisse voir, donc vous imaginez un petit peu les conditions. Au football, parce que je faisais aussi du football, on jouait dans des pâtures qui tenaient lieu de terrain d’entraînement. »
Entre pâtures et chantiers, René Leroy peine à trouver un terrain. Il raconte « Il n'existait aucun terrain de sport, ni aucune équipe. A plusieurs, nous sommes allés au centre social pour mettre en place des équipes de foot pour la saison 1963-64.» Louis Baldan précise « Le premier des tout premiers terrains où on a eu nos premiers entraînements se situait de l'autre côté de la rue nationale en face de la salle Victor Hugo, là où aujourd'hui il y a les maisons des ingénieurs Usinor. C'était le tout premier terrain d'entraînement avec la première composition d'une équipe où chaque joueur portait ses propres couleurs. »
Ce terrain prêté pour un an par Usinor, sur demande du maire, n’est pas satisfaisant. C’est une pâture à l’état brut. Elle n’est pas nivelée, et par ailleurs, elle doit accueillir le fameux quartier des ingénieurs. La mairie met alors à disposition des footballeurs un nouvel espace situé au Nord de la commune. « En allant voir le maire, il nous dit : - Vous avez un terrain ! - Ce terrain est aujourd'hui le parking du Palais du Littoral, mais il y avait des trous, il y avait des navets, des betteraves, un peu d'herbe, donc on l'a aménagé nous-mêmes. Nous avons eu les buts par la ville. On nous a amené quelques cabanes pour faire les vestiaires, et en guise de douches on a pris des bassines et des seaux, et donc on se lavait dans ces bassines. Alors je ne vous dis pas, lorsqu’il faisait -1 ou 0 degré… Après un match il fallait être courageux... » Rapporte René Leroy. « C’était une pâture qui n'avait rien à voir avec un terrain de football et sur lequel le maire à l'époque, Julien D'Hulster avait fait planter en guise de buts quatre poteaux de bois !» enchérit Louis Baldan.
De la création des équipes aux premiers résultats, le chantier invisible
Si la plupart des sections n’éprouve aucune difficulté à recruter des sportifs, Pierre Gars a du mal à constituer une équipe de volleyeurs et reconnaît en fin d’année 1963 qu’il manque d’adeptes pour cette discipline. Il réussit toutefois à démarrer avec une équipe d’adultes qui joue à un très petit niveau. Tandis que la section tennis de table remplit ses rangs de talents prometteurs, la section basket compte déjà vingt-quatre licenciés et a réussi à créer deux équipes, l’une constituée de filles cadettes, l’autre de garçons minimes. Jean-Luc Mierzejewski en garde un souvenir intact. «L’OGS a structuré une bonne partie de ma vie. Ça m'a donné une occupation passionnante, avec notamment la première équipe minime dans laquelle je jouais avec une bande de copains, sous l'encadrement de mes parents.»
La formation des jeunes est un point essentiel du développement de la section basket, d’ailleurs très vite sont mises en place des écoles de basket. « Alors ça, je peux dire que c'est la philosophie centrale de mes parents qui considéraient le sport comme un vecteur d'éducation et qui en avaient une approche au centre de laquelle il y avait la formation d'emblée. Les écoles de basket étaient le b-a ba de la formation de jeunes au basket. A cette époque-là nous étions deux, avec Jean-Yves