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Retour au pays maudit - Tome 2: Les enquêtes de Mary Lester - Tome 57
Retour au pays maudit - Tome 2: Les enquêtes de Mary Lester - Tome 57
Retour au pays maudit - Tome 2: Les enquêtes de Mary Lester - Tome 57
Livre électronique275 pages3 heures

Retour au pays maudit - Tome 2: Les enquêtes de Mary Lester - Tome 57

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À propos de ce livre électronique

Mary Lester et Jeanne de Longueville ne comptent pas se laisser intimider par l'homme puissant sur qui elles enquêtent.

Grâce à son flair et à sa ruse légendaire, Mary Lester est parvenue à convaincre la juge Laurier de la laisser enquêter sur Bertrand Ascenscio, le promoteur qu’elle garde dans sa ligne de mire.
Alors qu’elle mène l’enquête à Nanterre, elle va faire l’objet de menaces physiques qui vont lui prouver que l’ennemi ne reculera devant rien.
En fouillant dans le passé de la victime, Cathy Vilard, elle va mettre le doigt sur une piste qui va la conduire jusqu’à Port-Louis dans le Morbihan, d’où est originaire la famille de la jeune fille.
Dès lors, tous les moyens seront bons pour prouver la culpabilité de cette ordure d’Ascenscio.
Et quand la justice se montre trop frileuse, certains peuvent être tentés de faire justice eux-mêmes…

Retrouvez les deux enquêtrices dans le 57e tome des Enquêtes de Mary Lester !

EXTRAIT

— Et voilà ! dit Mary quand elles furent dans la voiture.
— Vous m’avez l’air bien guillerette, commandant. Pourtant cette histoire n’est pas gaie.
— Pas gaie ? Elle est sordide voulez-vous dire, lieutenant ! Elle est sordide mais elle condamne ce salopard d’Ascenscio.
— Je ne vois pas…
— Comment vous ne voyez pas ? Mais ça saute aux yeux, ma chère Jeanne. Le corps du bébé mort-né n’a pas été détruit. Il est là-bas, dans le Morbihan, il suffira d’obtenir une exhumation et de faire un prélèvement d’ADN sur ce petit corps pour établir sa parenté avec Ascenscio ce qui, ipso facto, crédibilisera les témoignages de ces dames de la ZAD. En entreprenant cette visite à madame Cornet, je ne me doutais pas qu’elle nous réserverait une telle surprise.
Le soupir de Jeanne doucha son enthousiasme :
— Croyez-vous que cette demande d’exhumation sera facile à obtenir ?
Ramenée sur terre, Mary secoua la tête :
— Grrr ! Je ne crois plus rien, ma chère amie, j’espère. Cependant je vois mal la justice la refuser.
— La justice… dit Jeanne d’un ton qui laissait entendre qu’elle n’attendait pas grand-chose de bon de cette institution.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean Failler est un ancien mareyeur breton devenu auteur de romans policiers, qui a connu un parcours atypique ! Passionné de littérature, c’est à 20 ans qu’il donne naissance à ses premiers écrits, alors qu’il occupe un poste de poissonnier à Quimper. En 30 ans d’exercice des métiers de la Mer, il va nous livrer pièces de théâtre, romans historiques, nouvelles, puis une collection de romans d’aventures pour la jeunesse, et une série de romans policiers, Mary Lester.

À travers Les Enquêtes de Mary Lester, aujourd'hui au nombre de cinquante-neuf et avec plus de 3 millions d'exemplaires vendus, Jean Failler montre son attachement à la Bretagne, et nous donne l’occasion de découvrir non seulement les divers paysages et villes du pays, mais aussi ses réalités économiques. La plupart du temps basées sur des faits réels, ces fictions se confrontent au contexte social et culturel actuel. Pas de folklore ni de violence dans ces livres destinés à tous publics, loin des clichés touristiques, mais des enquêtes dans un vrai style policier.

LangueFrançais
ÉditeurPalémon
Date de sortie10 avr. 2020
ISBN9782372601962
Retour au pays maudit - Tome 2: Les enquêtes de Mary Lester - Tome 57

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    Aperçu du livre

    Retour au pays maudit - Tome 2 - Jean Failler

    REMERCIEMENTS

    Martine Bertéa

    Sylvie Bruna

    Jean-Claude Colrat

    Laëtitia Gonidec

    Delphine Hamon

    Annie Le Chevanche

    Meven Le Donge

    Fanny Maily

    Myriam Morizur

    Nathalie Simon

    À MES AMIS

    Claude Brillet

    Arlette Muzellec

    Paul Ferec

    Monette Cardinaux

    Chapitre 1

    — Et voilà ! dit Mary quand elles furent dans la voiture.

    — Vous m’avez l’air bien guillerette, commandant. Pourtant cette histoire n’est pas gaie.

    — Pas gaie ? Elle est sordide voulez-vous dire, lieutenant ! Elle est sordide mais elle condamne ce salopard d’Ascenscio.

    — Je ne vois pas…

    — Comment vous ne voyez pas ? Mais ça saute aux yeux, ma chère Jeanne. Le corps du bébé mort-né n’a pas été détruit. Il est là-bas, dans le Morbihan, il suffira d’obtenir une exhumation et de faire un prélèvement d’ADN sur ce petit corps pour établir sa parenté avec Ascenscio ce qui, ipso facto, crédibilisera les témoignages de ces dames de la ZAD. En entreprenant cette visite à madame Cornet, je ne me doutais pas qu’elle nous réserverait une telle surprise.

    Le soupir de Jeanne doucha son enthousiasme :

    — Croyez-vous que cette demande d’exhumation sera facile à obtenir ?

    Ramenée sur terre, Mary secoua la tête :

    — Grrr ! Je ne crois plus rien, ma chère amie, j’espère. Cependant je vois mal la justice la refuser.

    — La justice… dit Jeanne d’un ton qui laissait entendre qu’elle n’attendait pas grand-chose de bon de cette institution.

    Après un silence, elle ajouta :

    — La prétendue fille d’Yves Montand a dû batailler ferme pendant des années pour obtenir une telle décision. Et elle était vivante, elle, directement intéressée puisque fille présumée… à quel titre réclamons-nous cette macabre décision ? Nous ne sommes rien…

    — Rien de plus que des fonctionnaires qui font leur travail, répondit Mary un peu sèchement.

    — Oui, mais je doute fort que ce soit suffisant.

    Mary dut convenir qu’elle en doutait aussi.

    — Rentrons à l’hôtel déjeuner. Ensuite nous examinerons les documents que vous avez collectés et je téléphonerai au commissaire pour le tenir au courant de l’avancement de nos investigations.

    Elle remarqua :

    — À ce sujet, je m’étonne d’ailleurs qu’il ne m’ait pas encore relancée.

    Le visage de Jeanne s’éclaira d’un sourire narquois :

    — On dirait que ça vous divertit de l’agacer.

    — Vraiment ? demanda Mary avec son regard le plus innocent.

    — Vraiment ! Je vous assure que s’il était là…

    — Mais il n’est pas là, ma chère amie. Ces petites insolences m’amusent, mais je ne les pratique qu’en son absence.

    Elle lui balança un clin d’œil complice :

    — J’espère que vous ne me dénoncerez pas !

    Jeanne la considéra d’un air tout à la fois incrédule et amusé :

    — Vous êtes une drôle de citoyenne, commandant.

    La citoyenne Lester hocha la tête, paraissant s’en balancer complètement :

    — Ouais… on me l’a déjà dit…

    Jeanne poursuivit :

    — J’ai du mal à vous cerner…

    Mary eut un geste d’insouciance :

    — Ne vous en faites pas, vous n’êtes pas la première ni la seule. Mais vous verrez, on s’y fait. À propos, nous coucherons encore ici ce soir. Je l’ai signalé à la réception. Demain nous tâcherons de savoir où madame Ascenscio est hospitalisée.

    *

    Comme prévu, elles déjeunèrent à l’hôtel puis regagnèrent leur chambre pour examiner les documents que Jeanne avait recueillis. Mary faisait glisser les articles de presse sur l’écran de la tablette, les consultait d’un coup d’œil rapide et passait au suivant l’air contrarié.

    — Que recherchez-vous exactement ? demanda Jeanne.

    — Je voudrais trouver quelle est l’unité de police ou de gendarmerie qui a enquêté sur cet accident. Car il y a sûrement eu enquête…

    — Ce n’est porté nulle part. Cependant l’accident ayant eu lieu sur le territoire de Palaiseau, il est probable que ce soit la gendarmerie de cette commune qui est intervenue.

    — Il y a des chances, on va savoir ça tout de suite.

    Elle obtint rapidement le numéro de téléphone de cette unité et, se présentant, elle demanda à parler à un responsable.

    Après quelques instants d’attente, elle entendit la voix neutre du standardiste :

    — Je vous passe le major Lantier.

    Une voix rocailleuse teintée d’accent du Midi se fit entendre :

    — Major Lantier, à qui ai-je l’honneur ?

    — Commandant Mary Lester du commissariat de Quimper. J’enquête sur une mort suspecte qui pourrait avoir une corrélation avec une autre mort apparemment accidentelle celle-là, survenue dans votre commune.

    — À quelle date ?

    — Le 15 décembre 2016.

    — Hé, ça remonte…

    — Étiez-vous en poste à Palaiseau à cette époque ?

    — Oui, j’y suis depuis 2015.

    — La victime était le docteur Jacques-Antoine Vilard, un chirurgien des Hôpitaux de Paris. Ça vous dit quelque chose ?

    — Eh oui, ça a fait assez de bruit !

    — Pouvez-vous me recevoir pour m’en parler ?

    — Si vous voulez. Où êtes-vous ?

    — À Versailles.

    — Oh, mais c’est tout près… une petite demi-heure par la A86.

    — Bon, j’arrive dans trois quarts d’heure, ça va ?

    — Ça va, mais ne faites pas d’excès de vitesse…

    — Compris, major. À tout de suite.

    Elle se leva d’un bond :

    — Allez, chauffeur, on y va !

    — Où ça ?

    — Mais à Palaiseau, 2 rue Gutenberg ! Un charmant major nous attend.

    Jeanne glissa malicieusement :

    — Avec impatience ?

    — Je ne sais pas, mais j’en doute.

    — Ah…

    — Il m’a bien recommandé de ne pas faire d’excès de vitesse.

    Jeanne entra l’adresse sur son GPS et se lança dans la circulation. Vu le flot de voitures, elle aurait eu bien du mal à rouler au-dessus des 80 km/h.

    L’entrée de la gendarmerie était protégée par une grille de fer peinte en vert. Jeanne se gara sur le petit parking réservé aux visiteurs et sonna à la porte. Il fallut quelques instants avant qu’un gendarme ne vînt leur ouvrir.

    Mary se présenta en tendant sa carte :

    — Commandant Lester, Police nationale.

    Le gendarme salua d’un sobre mouvement de tête :

    — Le major Lantier vous attend, commandant. Si vous voulez bien me suivre…

    Elles furent introduites dans un bureau et le major Lantier se leva pour les accueillir. Mary lui tendit la main :

    — Bonjour, major. Je vous suis très reconnaissante de nous recevoir ainsi au débotté. Je suis le commandant Lester et le lieutenant de Longueville est mon équipière.

    Le major était un homme de belle prestance. De haute taille, il devait bien faire un mètre quatre-vingt-cinq et dépasser largement le quintal. Il avait le cheveu rare, une mine fleurie et un air débonnaire.

    Après avoir serré la main des deux femmes, il leur désigna courtoisement deux chaises :

    — Enchanté, mesdames… Si vous voulez bien vous asseoir…

    Il contourna son bureau et s’installa à son tour.

    — Qu’est-ce qui vous intéresse dans ce fait divers vieux de près de quatre ans ?

    — C’est la suite d’une enquête que j’ai menée l’an dernier à la pointe du Finistère. Le cadavre d’une jeune femme avait été découvert dans un marais près d’un lieu-dit, la Torche.

    — Je connais, dit sobrement le major.

    Mary s’étonna :

    — Vous connaissiez cette jeune femme ?

    Le gendarme sourit :

    — Pas du tout, mais je connais la Torche.

    Et, devant la mine surprise des deux femmes, il ajouta :

    — Mon fils fait du surf et il passe toutes ses vacances là-bas.

    Il ajouta d’un air convaincu :

    — C’est un très bel endroit ! J’ai eu vent de cette affaire mais je ne savais pas que c’était vous qui l’aviez résolue.

    — Mon équipe et moi, avec l’assistance de la gendarmerie de Pont-l’Abbé et du major Papin, précisa modestement Mary. Toujours est-il que cette jeune femme qui s’appelait Cathy Vilard avait été violée et torturée avant d’être achevée par ses assassins, quatre de ces trop célèbres black blocs qui ont tant pourri la vie de vos collègues à Notre-Dame-des-Landes. L’un d’entre eux était le petit ami de cette jeune femme, un garçon faible qui n’avait pu s’opposer aux trois brutes qui avaient hébergé le couple. Lors de son interrogatoire, il nous a confié que Cathy Vilard était la fille d’un célèbre chirurgien, ce docteur Vilard qui s’est tué en voiture.

    Le gendarme se gratta la tête en arborant un masque douloureux :

    — Ce doit être une coïncidence car je ne vois pas la corrélation entre cet acte de barbarie, ce crime odieux commis à la pointe du Finistère, et un banal accident mortel survenu dans la région parisienne.

    — Banal, avez-vous dit ?

    — Hélas, oui, commandant, des drames de la route tels que celui qui a coûté la vie au docteur Vilard, nous en avons malheureusement deux ou trois par mois à déplorer.

    Mary hocha la tête en signe d’acquiescement :

    — Je voudrais tout de même vous révéler quelques éléments dont vous n’avez probablement pas eu connaissance. Vous me direz ce que vous en pensez. Si ce n’est abuser de votre temps, votre expérience ne sera pas de trop.

    — Voyons ça, dit le major sans trop avoir l’air d’y croire.

    Il posa une main épaisse sur un dossier ficelé placé sur son bureau :

    — À toutes fins utiles, j’ai ressorti le dossier de cet accident.

    — Parfait, dit Mary. Quand mon patron m’a confié l’enquête sur la mort de Cathy Vilard, je me suis tout d’abord demandé comment une jeune Parisienne de la bourgeoisie aisée s’était retrouvée à la rue, dans une position de détresse absolue. L’interrogatoire d’Albrecht Grass, le petit ami de Cathy, a été révélateur : devenue veuve, la mère de Cathy s’est remariée avec un promoteur immobilier. La gamine avait alors quatorze ans. Le promoteur immobilier ne tarda pas à lui tourner autour et, disons-le tout net, à abuser d’elle régulièrement.

    — Vous voulez dire…

    — … qu’il la violait, oui, major.

    L’impassibilité du gendarme se fissura :

    — Et la mère ne disait rien ?

    — Je ne sais rien de la mère, major, je ne l’ai pas encore vue, mais j’espère bien la rencontrer. J’ai eu à enquêter dernièrement sur un meurtre dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et il se trouve qu’au cours de cette enquête, j’ai fait la connaissance de deux femmes qui avaient elles aussi connu Cathy Vilard. Elles s’étaient croisées au Centre de régulation des naissances de Nanterre. Ces deux femmes, qui vivaient en couple, avaient été agressées le soir en rentrant chez elle et violées lors d’une tournante. Elles s’étaient retrouvées enceintes et avaient décidé d’interrompre leur grossesse. Enfin, pour l’une d’entre elles. L’autre l’a menée à terme et elle est maintenant la maman d’une charmante petite fille. Ces deux dames, Lucie Coupa et Sandrine Apparu, avaient rencontré Cathy qui était enceinte jusqu’aux yeux et dans un état psychique lamentable au Centre de régulation des naissances de Nanterre. Son beau-père, lorsqu’il avait appris que Cathy était enceinte, l’avait tout simplement fichue à la porte en la traitant de tous les noms. Cette version m’a été confirmée par l’aide-soignante qui s’était occupée d’elles trois et que j’ai rencontrée ce matin.

    Le gendarme qui l’avait écoutée attentivement se redressa et leva les mains dans un geste d’impuissance.

    — C’est une histoire abominable mais vous n’irez pas loin avec des témoignages aussi fragiles. Je suppose que le suborneur est une personne importante qui saura, s’il y a procès, se procurer les meilleurs avocats qui mettront vos témoins en pièces.

    — Étant moi-même avocate, j’en suis tout à fait consciente, major.

    Cette fois, le gendarme accusa une grosse surprise :

    — Vous êtes avocate ? Je croyais que vous étiez flic !

    Mary mit les choses au point :

    — Je suis flic et j’ai mon diplôme d’avocate.

    Après un temps de silence, elle ajouta :

    — Je sais que le cas n’est pas fréquent, mais c’est ainsi.

    — Il n’est pas non plus fréquent, dit le major d’une voix lente, de voir deux femmes flics opérer sur des secteurs dévolus à la gendarmerie. Comment expliquez-vous cela ?

    « Humm… voilà que nous devenons suspectes », se dit Mary.

    — Vous savez qu’actuellement le ministre attache la plus extrême importance au sort des femmes battues tout comme aux abus sexuels sur mineurs.

    Le gendarme hocha la tête affirmativement :

    — Nous avons reçu une notification dans ce sens.

    — Il se trouve que les amies de Cathy Vilard ont raconté cette histoire à qui voulait l’entendre sur la ZAD. Des journalistes se sont emparés de cette info et vous n’avez pas manqué de voir leurs manchettes en début de semaine. Cette affaire embarrasse l’Intérieur car l’individu soupçonné d’avoir eu ce comportement criminel est un important patron de l’immobilier qui a ses entrées dans quelques ministères et de solides appuis politiques. Cependant, compte tenu de l’ampleur qu’a prise la campagne de presse, on ne peut plus étouffer l’affaire.

    Le gendarme n’approuvait ni ne désapprouvait. Sa grosse tête balançait imperceptiblement de droite et de gauche, comme s’il se demandait quel parti il devait prendre.

    Mary poursuivit :

    — J’ai donc été chargée par le ministère de débrouiller le vrai du faux. Mon patron, le divisionnaire Fabien qui m’a transmis l’ordre, m’a laissé entendre qu’en haut lieu on espérait qu’il serait démontré que tout ceci n’est qu’une fable.

    Elle se pencha vers le major pour lui dire, sur le ton de la confidence :

    — Mais, de vous à moi, j’ai la conviction que ce n’est pas une fable.

    — Alors ?

    — Alors, je vais chercher où est la vérité et, quelle qu’elle soit, elle sera révélée.

    Le major la contemplait maintenant avec respect.

    Elle sortit de sa contre-poche l’ordre de mission qu’elle avait présenté au major Abadie, puis au commandant Berton de l’IGPN, pour justifier sa présence sur le terrain d’action et le tendit au major Lantier qui le prit avec prudence, comme s’il avait peur de se brûler.

    — Voici mon ordre de mission.

    Le major déplia le feuillet avec précaution, lut et relut la première ligne qui dansait devant ses yeux, Ministère de l’Intérieur, et cela parut lui suffire. Sa physionomie changea, son regard sur Mary aussi. Sans chercher à aller plus loin, il replia soigneusement le document et le rendit à Mary en disant :

    — D’accord. Que puis-je faire pour vous ?

    — Tout simplement me donner les détails de l’accident qui a coûté la vie au docteur Vilard.

    Le major ferma un instant les yeux comme pour se concentrer, soupira et ouvrit son dossier.

    — Je vais d’abord vous dire ce que j’ai en mémoire et, si j’ai un doute, ce dossier viendra à mon secours. Voilà, au soir du 15 décembre 2016, un coup de téléphone anonyme nous a informés qu’un accident venait de se produire au kilomètre 16 de la D117. L’adjudant-chef Dupontier, qui commandait alors la brigade, a immédiatement envoyé une patrouille qui, au lieu-dit, a en effet repéré un véhicule accidenté. La voiture, une mini Austin littéralement broyée, disparaissait dans le fossé. Le chauffeur était toujours au volant mais il a fallu plus d’une heure aux pompiers pour le désincarcérer. Évidemment, le malheureux était mort.

    — Comment un tel accident a-t-il pu arriver ? demanda Mary qui l’avait écouté avec attention.

    Le gendarme haussa les épaules en signe d’ignorance :

    — Si on le savait… Il semble que l’Austin a été percutée par l’arrière et balancée dans le fossé par un puissant véhicule qui roulait à très vive allure. L’état de la voiture en disait long sur la violence du choc, la plaque d’immatriculation arrière était encastrée entre les deux sièges avant et le sac de golf qu’elle contenait était passé à travers le pare-brise.

    — En effet ! dit Mary. Et le véhicule tamponneur aurait pu continuer sa route ?

    — Sûrement puisqu’il n’était plus là. Vous savez, il crachinait, la visibilité était réduite, la nuit tombait. Et il y a des fous qui roulent tellement vite…

    — Ça aurait pu être un camion ?

    — Ça aurait pu, mais ça n’était pas le cas.

    L’enquête a démontré que c’était un 4x4. Les débris de phare retrouvés sur la route l’ont prouvé : il s’agissait d’un 4x4 Nissan. Regardez cette photo prise sur les lieux de l’accident.

    Mary examina le cliché :

    — Ces marques noires sur la route sont des traces de freinage ?

    Le gendarme, très à l’aise, dit :

    — Que voulez-vous que ce soit ?

    Mary se pencha pour examiner la photo et s’attira le gros rire du gendarme en déclarant :

    — On dirait des traces de marche arrière.

    — De marche arrière ! Comment voulez-vous que l’Austin ait été mise dans cet état par une voiture en marche arrière ?

    Mary le regarda, perplexe, et capitula :

    — Ouais, vous avez évidemment raison. Vous permettez que je prenne une photo ?

    — Si ça peut vous faire plaisir !

    Elle cibla l’excellente photo prise par les gendarmes de la scientifique, examina le résultat sur sa tablette et recommanda :

    — Conservez bien ce dossier, il se pourrait qu’il contienne des éléments intéressant mon enquête. Je note bien qu’il est chez vous pour m’en souvenir le cas échéant.

    Ne comprenant pas ses raisons, le gendarme fronça les sourcils mais acquiesça :

    — D’accord.

    Mi-goguenard, il demanda :

    — De marche arrière ? Expliquez-moi… ça reste un mystère car nos experts scientifiques qui ont l’œil ont relevé qu’une marque de freinage violent sur le revêtement vers l’avant.

    Mary opina :

    — D’accord, c’est logique qu’une trace de recul brutal marque la chaussée dans l’autre sens, c’est-à-dire vers l’arrière.

    Le gendarme attentif suivait son raisonnement :

    — Ce qui voudrait dire ?

    Prudente, Mary employa le conditionnel pour répondre

    — Ce qui pourrait vouloir dire que ce 4x4 a percuté l’Austin violemment, sans freiner, mais qu’ensuite il a reculé brutalement à au moins deux reprises pour reprendre de l’élan et la percuter de nouveau jusqu’à la projeter dans le fossé.

    Le gendarme, tendu, hasarda :

    — Ce serait donc un attentat ?

    — C’est mon impression, mais cette hypothèse ne semble pas avoir été soulevée.

    Le gendarme confirma laconiquement :

    — Non.

    — Pourquoi ?

    Il parut embarrassé :

    — Je n’étais pas le directeur d’enquête à cette époque. L’adjudant-chef Dupontier, alors mon supérieur, a clos le dossier avec l’étiquette « accident mortel avec délit de fuite »… Je venais d’arriver, je n’allais pas me mettre ce supérieur

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