De Néandertal à Homo Breizh
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À propos de ce livre électronique
Son industrie lithique de type Levallois avec des éclats retouchés se singularise par la présence de nombreuses représentations à base de scènes de vie, d’animaux souvent disparus, de Vénus et de chasseurs du grand froid.
Elles laissent entrevoir la vie d’un petit clan.
Par chance, une gravure a permis son identification.
C’était celui du Grand Loup.
En s’appuyant sur ses connaissances de la nature, de la chasse et de la pêche l’auteur a tenté de retisser des liens pour saisir la signification des représentations paléolithiques découvertes.
Une pendeloque comportant plusieurs représentations a été le point de départ.
Il a suffi de donner la parole au lointain chasseur qui l’avait réalisée et portée autour du cou. Il y avait enregistré l’essentiel de sa vie. Son témoignage éclaire des facettes de ce qui était déjà la culture mère.
Le souffle qui guidait le clan du Grand Loup ne s’est jamais éteint. Il sera transmis, pour le meilleur et pour le pire, à des hommes nouveaux, nos ancêtres directs, curieux mais bien moins sages.
« De Néandertal à Homo Breizh » ne pourra qu’intéresser ceux qui aiment à réfléchir sur les origines de la dimension culturelle, la naissance de l’art paléolithique et le sens contre nature du parcours de l’humanité.
Toutes les représentations du livre sont inédites.
Conçues par une humanité cousine, elles sont, en l’état actuel, les plus anciennes manifestations de notre dimension artistique.
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Aperçu du livre
De Néandertal à Homo Breizh - Timous du Grand Loup
De Néandertal à Homo Breizh
Timous du Grand Loup
De Néandertal à Homo Breizh
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
img1.jpg© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-06796-4
« Le visible ouvre nos regards sur l’invisible » Anaxagore de Clazomènes (vers 450 ans avant J.-C.)
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Préface
À quand remonte la naissance de la mère des cultures ?
Quelles terres et quels environnements en furent la matrice ?
Depuis la parution en 1849 des « Antiquités celtiques et antédiluviennes » de Jacques Boucher de Perthes, la recherche, au gré des découvertes, réduit des zones d’ombres envahies par des vérités révélées et des préjugés tenaces.
Il est admis avec légèreté que l’art serait imputable à Homo sapiens sapiens. En Europe, ses prémices remonteraient à un peu moins de 40 000 ans avec les représentations de la grotte Chauvet et les statuettes en ivoire de Vogelherd.
En arrivant sur les terres de Néandertal, nos ancêtres, sages au carré, auraient d’emblée accédé à la maîtrise d’une nouvelle dimension. Ils seraient venus, ils auraient vu et ils se seraient dépassés. La mère des cultures serait née de causes inconnues qui auraient permis à une humanité, lors d’un pic de relations avec une autre humanité plus primitive, d’accoucher de talents endormis.
Malgré un contenant de boîte crânienne plus volumineux, Néandertal, pâle copieur, ne serait pas parvenu à suivre son génial cousin. Condamné à s’effacer, il serait parti sans comprendre qu’il n’avait pas les codes pour contrarier la nouvelle dynamique paléolithique, l’art du raccourci de Jules César, la pensée économique libérale et ses morales associées, l’effet toxique des préjugés, le potentiel d’une humanité prompte à cultiver les différences pour rabaisser, l’aptitude à croire qu’une baguette magique non identifiée peut, tout à la fois transformer un insuffisant culturel en génial artiste pour peu qu’il rencontre plus primitif que lui et générer spontanément une culture affinée capable de traverser des continents et trente millénaires.
Homo sapiens sapiens accomplira son destin en partant à la conquête du monde. Il se surpassera par son agressivité envers la faune, des affrontements sanglants, l’explosion des inégalités, l’organisation impitoyable de génocides, la déstabilisation de l’environnement…
« De Néandertal à Homo Breizh » est né d’un site paléolithique découvert fortuitement. Les représentations, inédites, sont l’œuvre d’une humanité présente en Bretagne bien avant l’arrivée du premier Homo sapiens sapiens. Elles laissent entrevoir, par-delà la vie d’un petit clan de chasseurs, des éléments constitutifs de la culture mère et une autre étape du parcours de nos origines…
Plus tard, nos ancêtres, grâce aux clés transmises pour survivre dans un environnement hostile, s’approprieront les terres d’Homo Breizh, un peu de son patrimoine génétique et beaucoup de son héritage culturel et artistique.
Sans cette transmission sur un bout de continent glacé, notre dynamique paléolithique aurait été grippée. Notre esprit critique n’aurait pas dépassé la capacité à survivre dans un milieu tempéré avec, pour certains d’entre nous, quelques manifestations de proto-culture, acquises en partie par contagion mais insuffisantes à nous détacher du chaînon supérieur manquant culturel.
Nous serions inaptes à percevoir l’âme du site portée par un chaman du petit clan du grand Loup…
Quelque part en Bretagne
Il était une fois, il y a bien longtemps, dédaignés des dieux, quelques clans de chasseurs. Affrontant les vents du froid, les famines répétées, l’appétit d’animaux redoutables, ils s’accrochaient à une terre qui ne voulait plus d’eux.
Dans ce combat pour ne pas être effacé, l’observation, le questionnement, l’esprit de déduction, s’affinèrent. La montée en puissance d’une banque de données devint l’atout de survie.
Sur ce terreau fertile, sans le savoir, certains s’engagèrent sur une piste qui n’avait été qu’effleurée par l’espèce humaine. Ce furent les premiers pas, vacillants, de la culture mère.
Après bien des hivers, un printemps, une pierre s’affranchit d’une motte de terre. Ramassée, elle rejoignit des compagnes captives d’un tiroir de curiosités d’un abri de jardin. Parfois, le geôlier les tournait dans sa main, haussait les épaules et les remettait à l’ombre.
Un jour, un chasseur se réveilla d’un long sommeil de pierre.
Il pointa son fier visage sur la face d’un rognon de silex.
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img23.jpgBien que pétrifié, le gardien ne lâcha pas le fil qui le reliait à un passé qui le dépassait. Avec le temps, une complicité s’instaura. Celui qui ne connaissait pas le débitage levallois, les éclats retouchés, des animaux disparus, découvrit le parcours paléolithique de l’autre.
Le chasseur présenta ses compagnons, des instants de vies, des drames avec, parfois en pointillé, des éléments constitutifs de son imaginaire et de sa culture.
C’était, vers la fin de la terre. Au soleil, courait, déjà capricieux, un petit fleuve. Vers les vents du froid, de hautes herbes l’emportaient sur l’eau salée. Au delà, des glaciers avaient pour ambition de rejoindre les nuages.
C’était, il y a environ deux billions de battements d’un cœur…
L’avant de Timous
Le petit clan du Grand Loup
Avez vous déjà croisé les yeux solaires du grand Loup ?
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img26.jpgIls sont brillants et vifs, comme nous !
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img32.jpg img33.jpg img34.jpg img35.jpg img36.jpg
Le petit clan du Grand Loup vous salue et vous souhaite bonne chasse !
Au plaisir de partager un renne de pré salé…
L’album de pierres de Timous
Mes souvenirs anciens sont dans les bras de ma mère et dans ses doux cheveux roux. C’est l’endroit préféré de tous les petiots.
J’étais, me murmurait-elle à l’oreille, son petit tigre ! Elle m’a donné le début de mon nom.
Mon père était le chasseur le plus joyeux. Pour devenir fort, il m’a appris à rire de mes échecs. Pour lui, j’étais son petit moustique ! Il m’a donné la fin de mon nom.
C’est ainsi que le clan du grand Loup conte Timous !
Mon album de pierres commence par un cadeau de mon père.
Je devais avoir trois printemps. Je voulais un biface. Je n’en n’avais point l’âge. Je lorgnais sur celui du paternel. Il s’amusait de mes tentatives pour le lui ravir compte tenu des distorsions entre mon niveau de position, ma taille et mon vouloir.
Il était déjà dans ma tête de ne pas abandonner. Ce n’est pas un défaut mais ce n’est pas toujours la meilleure des qualités !
Un soir, alors qu’il était près du feu avec des chasseurs de passage, il m’a appelé.
« Timous, toi, qui pareil au moustique, ne renonce jamais, je te donne un biface ! ».
J’ai couru aussi vite qu’un cheval de Przewalski au galop, qu’une antilope saïga dans le vent, qu’un lièvre poursuivi par un loup. Enfin, je crois…
J’attendais tant ce moment ! Avoir un biface, montrer à tous que l’on n’est plus un petiot, que l’on a grandi, que l’on sera bientôt le plus grand des chasseurs ! Déçu, je l’ai été. Mon père a continué :
« Vois, il est à ta taille ! Il rayonne de vie par l’équilibre de ses formes. Prends en soin ! Il est tard. Vas dormir. Demain nous irons faire un tour du côté des buttes aux hémiones{1}. Nous essayerons d’être plus futés qu’elles… ».
Je ne m’attendais pas à ce biface là : une petite représentation, certes réussie, sur un rognon sans force !
Mon désappointement fut plus grand que les rires tonitruants des chasseurs.
Il n’y a pas besoin d’être fort et grand pour être fier.
Je me suis endormi en le serrant dans ma main, en me donnant pour défi de ne jamais le perdre et d’en prendre toujours soin.
J’ai grandi depuis. J’ai réduit aussi.
Des bifaces, j’en ai tenus beaucoup, des petits et des grands, des ébauches, des « ni faits ni à faire » et des très travaillés, certains avec des pierres d’ici sans prétention et d’autres magnifiques venant de contrées lointaines…
Cela me fait penser que j’en ai deux à retoucher dans mon sac.
img37.jpgimg38.jpgLe cadeau de mon père ne m’a jamais été utile. Il ne m’a jamais quitté. Avec lui, je garde un lien avec mes jeunes années. À mon crépuscule, je ne pouvais que le présenter comme la première pierre de l’album de mon parcours.
Il a la force et l’élégance de la symétrie de la vie.
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J’espère qu’au fond de votre sac à zouk, vous aussi, vous avez un biface de cœur !
La pêche du père
Mon père, c’était le meilleur des pêcheurs !
Il maîtrisait une technique de pointe. Il revenait rarement bredouille.
Ses coins n’étaient pas les plus mauvais.
Dès que la banquise était formée, il s’y rendait, surtout au lever du jour d’une nuit sans lune.
À l’aide d’un bâton renforcé en son extrémité par une pierre taillée en pointe, il forait plusieurs trous ronds dans la glace. Comme le phoque, il les entretenait durant sa campagne de pêche. Les parois conservaient les traces verticales du pic de pierre.
Je suivais avec attention ses opérations.
Au moyen d’un fil à base de tendons tressés de bison ou de renne, il accrochait un déchet de poisson à une petite pierre fine, toute en longueur, aux extrémités pointues.
Il connaissait les bons coins. Il avait le talent. Il avait aussi un secret.
Il aimait recourir discrètement à une sorte d’hameçon taillé dans l’ardoise, de la longueur de la largeur du petit doigt. Il comportait un angle droit avec une extrémité taillée en pointe et, peu avant l’autre extrémité, une excroissance perpendiculaire qui permettait de bloquer un fil de