Histoire de la peinture en France
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Histoire de la peinture en France - V. Leroy-Saint-Aubert
V. Leroy-Saint-Aubert
Histoire de la peinture en France
Publié par Good Press, 2022
EAN 4064066305260
Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER
I
II
III
IV
CHAPITRE II
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
CHAPITRE III
I
II
III
IV
V
VI
VII
CHAPITRE IV
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
CHAPITRE V
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
CHAPITRE VI
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
CHAPITRE VII
I
II
III
CHAPITRE VIII
I
II
III
IV
00003.jpgINTRODUCTION
Table des matières
La peinture, de même d’ailleurs que la sculpture, depuis la chute de la domination romaine dans les Gaules jusqu’au commencement, du seizième siècle, — pendant toute l’admirable période gothique, principalement — ne fut pas, à quelques rares exceptions près, un art complet et indépendant. Essentiellement décorative, elle resta, pour ainsi dire, liée à l’architecture, dont elle n’était que l’humble vassale.
A la Renaissance seulement, quand se produisit ce grand mouvement qui partait d’Italie, la peinture s’émancipa et commença à vivre de sa vie propre.
La sculpture imita la peinture.
Quand à l’architecture, privée de deux de ses principaux éléments, elle ne tarda pas à s’étioler. Elle finit même par s’abâtardir, se complaisant de plus en plus dans l’imitation de tous les styles connus. Aujourd’hui encore, après plus de quatre siècles écoulés, elle attend l’homme de génie qui, armé d’une formule nouvelle, la régénérera et lui rendra son ancienne splendeur.
Mais, pour en revenir à la peinture, nous pensons que son histoire avant le seizième siècle, outre qu’elle demanderait beaucoup de place, nous entraînerait trop loin de notre sujet, — puisque, comme nous l’avons dit plus haut, elle n’était qu’une partie d’un tout: l’architecture,
Remarquons cependant que la peinture à l’huile, telle que nous l’entendons maintenant n’est pas précisément moderne.
Le moine Théophile qui vivait au XIIe siècle, peut-être au XIe, en parle très longuement dans son curieux livre: Diversarum artium schedula. Toutefois, ce genre de peinture n’était guère usité à cause des nombreuses difficultés d’exécution. Il fallait, par exemple, après chaque teinte posée sur le panneau de bois, faire sécher ce panneau au soleil avant d’appliquer une seconde teinte.
Enfin au XVe siècle les frères Van Eyck trouvèrent le siccatif vainement cherché avant eux. Dès lors la peinture à l’huile se généralisa; c’est même pourquoi on en a souvent attribué l’invention aux deux illustres flamands.
En France, nous n’avons guère de tableaux antérieurs à la fin du XIVe siècle, (les Italiens en ont du XIIIe) et ces tableaux sont d’artistes dont les noms ne sont pas parvenus jusqu’à nous.
C’est seulement au XVe siècle que nous rencontrons notre premier grand peintre; Jean Fouquet, de Tours, qui excella surtout dans l’enluminure-miniaturiste.
Il y a au Louvre plusieurs portraits à l’huile attribués à Jean Fouquet, — celui notamment du roi Charles VII. Ce portrait malheureusement a poussé au noir, mais il n’en est pas moins remarquable encore, surtout au point de vue de la finesse du dessin.
Jean Fouquet peut être considéré à bon droit comme un des ancêtres directs des Clouet, ces artistes naïfs et vraiment français qui ne durent rien à l’imitation étrangère.
CHAPITRE PREMIER
Table des matières
François Clouet. Jean Cousin. — Les frères Le Nain, etc.
I
Table des matières
François Clouet, (1520-1572) était fils et petit-fils d’artistes. Il jouissait d’une grande considération à la cour. En 1545, par suite de la mort de son père, il avait hérité de la double charge de premier peintre et de valet de chambre de François Ier. (Il est bon de dire en passant que ce dernier titre n’avait alors rien de déshonorant puisqu’il était recherché même par les plus hauts gentilshommes). Les poètes de la pléiade, Ronsard en tête, le célébrèrent.
«En lui, (Charles Blanc) éclatent principalement, accumulés à la troisième génération, le talent et la renommée de Clouet. Il peint à l’huile, en miniature et dessine au crayon; toute la seconde moitié du siècle pose devant lui.»
L’œuvre de François Clouet se compose surtout de portraits. Il avait peint aussi d’immenses tableaux représentant les solennités de l’époque; malheureusement ils ont disparu.
Portrait d’Elisabeth d’Autriche.
La reine se présente de trois-quarts. Ses cheveux roux vénitien chargés de pierreries, sont relevés, découvrant un beau front haut. Elle est vêtue d’un costume compliqué, selon la mode du temps, en drap d’or. Sa tête émerge d’une fraise montante.
Ses mains, aux longs doigts délicats ornés de bagues, reposent l’une sur l’autre. Oh! les mains superbes, fines et transparentes! Comme elles sont admirablement faites!
Les chairs ont des tons de vieil ivoire rosé.
La femme délaissée de celui qui commanda ou permit la Saint-Barthélemy, était vraiment belle! L’air de douce mélancolie répandue sur son visage, ses yeux bruns rêveurs, tout en elle dégage un charme étrange et pénétrant.
Ce portrait est un pur chef-d’œuvre. Il est parfait de tout point. Les moindres détails sont finis, poussés, mais sans aucune gaucherie, et l’ensemble n’y perd rien. C’est à désespérer un peintre.
Portrait de Charles IX.
Le roi est debout, la tête légèrement tournée à gauche. Il est vêtu de noir et coiffé d’une toque à plume blanche. De la main gauche il serre la poignée de son épée; de la dextre qui tient les gants, il s’appuie au dossier d’un fauteuil de velours rouge.
C’est encore une merveille d’art; une miniature de près, un vrai tableau à distance.
Portrait de François Ier.
Portrait de François II, enfant, etc.
Le propre du talent des Clouet — de celui de François surtout, — c’est la simplicité, la largeur, le raffinement du dessin voulu, soutenu, enveloppé, le charme exquis du faire et du coloris.
Certaines têtes de François Clouet sont d’une telle simplicité qu’on les croirait peintes avec un seul ton limpide et coloré. Point d’ombres; des demi-teintes à peine visibles, et cependant un relief et une vie extraordinaires.
Dessinateur, Clouet ne prend du modèle que le trait essentiel, absolu, qui doit en indiquer la forme et le caractère; peintre et coloriste, il synthétise comme il synthétise lorsqu’il dessine, et il ne peint des choses que le ton local, caractéristique, qu’il voit avec son œil délicat et exercé de grand artiste. — Ces maîtres naïfs dédaignèrent d’imiter les Italiens, à une époque où les imiter commençait à devenir une mode triomphante.
«Ils continuèrent (Charles Blanc) la tradition ingénue des artistes français. Au moment où l’école de Fontainebleau faisait tourner toutes les têtes, ils demeurèrent simples, naturels et vrais; mais tout en se laissant conduire par la nature, ils surent insister, comme Jean Holbein, sur les traits distinctifs du caractère, sur les délinéaments délicats qui trahissent l’âme. S’ils ne connurent point l’art d’idéaliser et la faculté de voir en grand, qui ne se produisent dans les écoles de peinture qu’à leur apogée, ils eurent du moins ce rare mérite qu’ils aimèrent mieux résister aux tentations du grand style que de s’exposer à tomber dans la manière.»
II
Table des matières
Jean Cousin vécut au seizième siècle; voilà à peu près tout ce qu’on sait de certain sur lui.
Il naquit à Soucy, près de Sens, les uns disent en 1498, les autres en 1501; et mourut on ne sait où, peut-être en 1560, peut-être en 1589.
Comme Michel-Ange — et c’est là sa seule ressemblance avec le grand maître italien, auquel on l’a tant de fois comparé, à cause de son jugement dernier, — il fut peintre, sculpteur et architecte.
«Il apprit (Ch. Blanc) le dessin, l’anatomie, la géométrie, la perspective, mais rigoureusement, de manière à les enseigner un jour lui-même avec l’autorité d’un maître, d’un grand maître. Il étudia toutes les branches de l’art, la gravure, la sculpture, la gravure en médailles, l’ornementation, il fut peintre sur verre, et c’est lui qui passe pour avoir fait la première peinture à l’huile qui ait été exécutée en France de la main d’un Français.»
On cite des vitraux de Jean Cousin à Paris et à Sens, — des vitraux en camaïeu.
Dans cette dernière ville on montre encore une maison construite d’après ses plans; et cette maison fut la sienne, à ce qu’il paraît.
Comme sculpteur enfin, Cousin ne fit guère qu’un buste de François 1er.
Mais nous n’avons à nous occuper ici que des tableaux du célèbre artiste.
On n’en connaît que trois:
La Pandore, à Sens; L’Artémise, à Auxerre, et le Jugement dernier, au Louvre. La Pandore, qui date sans doute de la jeunesse de Cousin, rappelle, le faire de Clouet; même ingénuité, même grâce simple.
L’Artémise se rapproche déjà du style italien par bien des côtés. Ce que l’artiste a gagné en habileté il l’a perdu en originalité.
Arrivons au Jugement dernier.
«Comme on devait s’y attendre (Ch. Blanc) de la part d’un Français, la composition de ce grand tableau est claire, bien divisée, bien entendue et sans confusion, malgré la prodigieuse quantité de figures que le peintre y a fait entrer. »
Au milieu du ciel, inondé de rayons d’or, entouré de prophète