Post de Jean-Marc Jancovici

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Jean-Marc Jancovici Jean-Marc Jancovici est un Influencer

Associé Carbone 4 - Président The Shift Project

Selon Le Monde, 4 acteurs du numérique, tous les 4 américains, vont à eux tous seuls investir 200 milliards de dollars en 2024 dans des serveurs afin de servir le développement de l'intelligence artificielle : https://t.ly/qemtd Deux cents milliards de dollars, c'est à peu de choses près le tiers des investissements annuels de l'intégralité de l'économie française. C'est plus que la valeur à neuf du réseau ferroviaire français, que la valeur historique de construction de notre parc nucléaire ; c'est 3 fois le budget annuel de l'Education Nationale, et c'est "juste" la moitié de la valeur de la première société pétrolière occidentale, Exxon Mobil. Ca fait donc un petit paquet d'argent, quand même. Et tout cela pour... créer des images ou vidéos à partir d'une simple instruction (bonjour la facilité à créer des fake, dont on viendra ensuite se plaindre), ou éventuellement s'éviter un peu de temps de recherche et de mise en forme dans les informations disponibles (alors que l'essentiel d'un processus d'apprentissage réside précisément dans la recherche et la mise en forme !). Si nous remettons les choses dans l'ordre, nous pouvons vivre (et même bien vivre) dans un monde avec biosphère et ressources mais sans intelligence artificielle, alors que dans un monde sans biosphère et sans ressources, même avec intelligence artificielle (qu'en fait nous ne pourrons pas avoir, puisqu'il faut des ressources pour faire les ordinateurs et réseaux, et une biosphère pour que les humains mangent !), la vie risque d'être un poil moins drôle. En fait ces milliards signifient une chose très précise : la collectivité accepte d'affecter à des usages numériques bien particuliers des ressources matérielles, humaines et du temps qui ne seront plus disponibles pour faire autre chose. Le secteur revendique par exemple l'affectation prioritaire des sources d'électricité bas carbone additionnelles qui vont être construites, et qui ne seront donc plus disponibles pour électrifier d'autres usages. Sommes nous sûrs que c'est mieux d'avoir Chat GPT dans une voiture qui reste au pétrole tant qu'il y en a, plutôt que d'avoir des véhicules électriques sans Chat GPT ? Préférons nous avoir froid dans un logement pas chauffé mais avec Chat GPT, ou avoir chaud dans un logement sans Chat GPT ? Préférons nous avoir encore un peu d'engrais (qu'il faut de l'électricité pour fabriquer de manière décarbonée) et manger sans Chat GPT, ou bien l'inverse ? Bien évidemment, on ne peut pas compter sur les sociétés dominantes pour décider d'elles mêmes de limiter ou de diminuer leurs activités. Si la collectivité souhaite que l'électricité décarbonée aille prioritairement à la mobilité, à l'industrie de base ou au logement, elle doit explicitement empêcher d'autres usages de préempter ces sources. Ce n'est probablement pas demain matin que cela va arriver aux USA. Mais en Europe, sommes nous obligés de les imiter en tout ?

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C'est toujours la même histoire : c'est ici un investissement pour un rendement financier 'court' terme (et un moyen d'amortir les sommes astronomiques investies dans la recherche de la GenAI). Et pour quoi? Pour le bien de l'Humanité? Pour l'Education de l'Humatité? Pour la préservation de la Planète (enfin de l'Humanité car la Planète n'a pas vraiment besoin de l'Humanité, alors que le contraire n'est pas vrai)? Non, pour faire du profit 'court' terme. Et encore, c'est même pas le pire. Le Digital, dans sa splendeur et sa médiocre utilisation (les Reseaux Sociaux en tête), est un des facteurs principaux de la baisse effrayante du niveau d'Education, de Civisme et on voit le résultat dans les élections politiques. Et le GenAI est la nouvelle 'arme' pour crétiniser encore plus la grande majorité consommatrice (en excès) de Digital. Bref, que de mauvaises nouvelles, que de mauvaises nouvelles. Si on a de l'argent, investissons le dans la recherche UTILE à l'Humanité, dans la Santé, dans l'Education et dans la préservation de cette belle et unique planète Bleue... car sans elle, on n'est rien.

Jean Baptiste Riaux

Field Applications Engineer at NVIDIA

1 mois

C'est intéressant mais pas assez précis je trouve. Cela réduit trop l'IA à la generation video, d'images et chatGPT, mais ce n'est que la partie immergée de l'iceberg. La liste complete de là où il y a de l'IA aujourd'hui c'est: Architecture, Engineering, Construction, and Operations Automotive Consumer Internet Cybersecurity Energy Financial Services Game Development Healthcare and Life Science Higher Education and Research Manufacturing Media and Entertainment Public Sector Restaurants Retail and Consumer Packaged Goods Robotics Smart Cities Supercomputing Telecommunications Transportation Amazon, Google, MS etc sont des CSP (Cloud Service Provider), ils vont surtout louer la puissance à d'autres boites. Il faudrait savoir en proportion combien de ces 200Mds vont etre utilisés pour faire des trucs utiles avec l'IA. Comment quantifier par exemple les avancées faites dans le médical (et on est qu'au début) ? Je ne pense pas qu'il faille opposer les usages, pour l'exemple de la voiture, je pense que ca serait plus utile de bannir la voiture individuelle et de justement laisser à une IA le pilotage de la flotte de voitures à la disposition des gens qui le fera forcément mieux qu'un humain ou pleins d'humains :D

Christophe FRIX

Optimisation logistique / AtomicSeller

1 mois

En dehors de manipuler la population et de lui apprendre ce qu'elle doit penser, l'IA a aussi pour objectif de capter toute activité commerciale, sans aucun partage. Ex : je suis dans un magasin et j'essaie des chaussures qui me vont parfaitement. Je les prends en photo et l'algorithme reconnaît la taille, la couleur et le modèle. Instantanément il m'indique le meilleur prix que je puisse obtenir pour cet article à 2 km à la ronde. Pendant les quelques millisecondes qu'il a fallu à l'IA pour me trouver cette info, l'algorithme IA de certains magasins et entrepôts a diminué le prix de cet article pour que je décide de l'acheter chez eux et pas dans le magasin où je suis actuellement et où des employés souriants et serviables se sont pliés en 4 pour me servir. Voilà comment on passe (sans que personne ne s'en rende compte), d'une économie où les entreprises gagnent de l'argent en faisant travailler leur propre main-d'oeuvre, à une économie où l'on gagne de l'argent en faisant travailler des employés payés par la concurrence. Quand nous imaginons que l'IA pourrait éventuellement être utilisée pour nous nuire, nous sommes à mon humble avis, encore très loin du compte

Jean Louis Vigne

GLOBE-TROTTER | 3.0 4.0 5.0 | Europe-Afrique

1 mois

Le projet Natick de Microsoft étudie l'impact du déploiement de centres de données sous la mer, et Google s'est engagé à parvenir à une utilisation active de l'eau d'ici à 2030.   Certains centres de données ont pris la décision audacieuse d’utiliser des piles à combustible pour alimenter leurs installations. Idéalement, ces batteries devraient fonctionner à l’hydrogène. Le refroidissement par immersion monophasé et biphasé, le refroidissement par plaques froides et les refroidisseurs de porte arrière.   Toutes ces méthodes permettent d'obtenir jusqu'à 98 % de récupération de chaleur, et la chaleur récupérée de la pile à combustible génère une chaleur de meilleure qualité qui peut être réutilisée.    À l’avenir, l’IA ne sera peut-être pas la goutte d’eau qui fera déborder le vase, mais plutôt la clé qui débloquera davantage de solutions potentielles pour les centres de données. Qu’il s’agisse d’optimiser le code des logiciels de gestion, d’aider les entreprises, GVT, à investir plus intelligemment et mieux dans les infrastructures (((encore mieux que JMJ dans le quota de 4 vols en avion dans une vie l'idée farfelu.))) Pour le bien de la terre, j'ai envie de dire : Allez concevoir le meilleur centre de données net zéro

Valentin Calmels

Directeur Général Associé chez Assistance CE SAS

1 mois

A peu près en phase avec tout ce qui vient d'être énoncé. Les ressources mondiales, qu'elles soient financières ou énergétiques, doivent être prioritairement allouées aux projets dont l'importance est capitale au regard de la sauvegarde de nos sociétés. De surcroît, bien que l'IA puisse être un formidable outil qui pourra potentiellement nous permettre de dépasser ce qui nous semble aujourd'hui indépassable, elle pourrait aussi avoir d'immenses effets négatifs si elle n'est pas utilisée à bon escient (licenciements massifs afin de limiter les charges de personnel, diffusion de fausses informations à grande échelle, ...). Ainsi, compte tenu du contexte environnemental, de ses bénéfices qui pourraient se révéler très limités d'un point de vue sociétal et des montants ahurissants d'investissements qu'elle nécessite, il me semble tout à fait irresponsable que les ressources disponibles soient allouées en priorité au développement de cet outil. Toutefois, cela reste des investissements d’entreprises privées spécialisées dans le numérique en général. Il est donc difficile d’appeler ces acteurs à la responsabilité vu qu’ils n’investiront pas dans des secteurs qu’ils ne maîtrisent pas.

Jonathan Pottiez

Je partage des pratiques pour évaluer et améliorer l'impact des formations | Responsable de l'Académie Agesys | Consultant | Auteur

1 mois

"Et tout cela pour... créer des images ou vidéos à partir d'une simple instruction (bonjour la facilité à créer des fake, dont on viendra ensuite se plaindre), ou éventuellement s'éviter un peu de temps de recherche et de mise en forme dans les informations disponibles (alors que l'essentiel d'un processus d'apprentissage réside précisément dans la recherche et la mise en forme !)." Mais tellement ! Je préfère assurément que l'on garde nos ressources pour ce qui est vraiment important (par ex. la santé) que pour alimenter la "méga machine" en images insipides (entre autres usages sans intérêt)...

Paul Bourassin

Conseiller/Chef de projet TCE chez ELAN

1 mois

C'est vrai que ces derniers mois on parle énormément de l'intelligence artificielle. On parle beaucoup des bots conversationnels et des IA de retouches d'images et de vidéo. Mais je ne pense pas que l'IA soit le problème mais bien l'usage au quel on la destine. On prend assez peu en considération l'importance des ressources allouées à ce secteur plutôt qu'à d'autres, moins innovants mais bien plus essentiels en effet. Mais opposer directement l'IA a ces secteurs, et réduire l'usage de l'IA à ChatGPT est très réducteur et ne permet pas de prendre en compte les "bon usages", ou disons les plus utiles à la société, qui seront permis dans les prochaines années par l'IA, et dont nous ne pouvons encore qu'appercevoir l'étendue. Au moment de l'invention de l'électricité, qui aurait pu prédire le nombre de choses que cela aurait permis ? En limitant la recherche dans ce domaine, on réduit la consommation de ressources et d'énergie y étant allouée, mais on prend aussi le risque de ne pas découvrir des usages de l'IA qui permettraient des avancées majeures dans certains domaines. Si il y a un problème avec la consommation de ressources allouée à l'IA, il vient bien de l'usage récréatif du plus grand monde et pas de l'IA en elle-même ?

Guy Decarpentrie

DSN adjoint Agence Régionale de Santé PACA

1 mois

J'adore ce que vous faites, d'habitude c'est étayé, mais le raccourci que vous faites entre IA et ChatGPT ou autre LLM est un peu rapide, vous vous concentrez sur la partie émergée de l'iceberg, l'IA c'est bien plus que cela, c'est la santé, les traitements et les diagnostiques de demain, moins de morts toutes activités confondues de nouvelles solutions également servant l'écologie etc.

Sophie Cornut

Chargée de mission "Marque employeur" chez CPAM de l'Hérault (Assurance Maladie)

1 mois

Ce post aura une valeur historique. On ne pourra pas dire que nous n'avons pas été prévenus. Aujourd'hui, on préfère des machines à nos enfants. On préfère nourrir les fantasmes de l'IA que remplir la tête des futurs garants de notre civilisation. Ces investissements hors normes démontrent que la guerre d'aujourd'hui est bien informationnelle. En attendant tous les géants du numérique mettent en retrait leurs propres enfants des réseaux...

Antoine Micaud

Serial Startup Founder 🚀 Launching uControl.Ai - Simplifying and Automating Secure AI for Enterprises 🚀

1 mois

Merci Jean-Marc Jancovici pour ce post. Je suis de mon côté en pleine contradiction. Je m'engage activement dans une transition visant à réduire de manière significative mon empreinte carbone et je suis entrepreneur dans l'IA. Ce que je peux dire sur ce sujet : - On ne peut pas limiter l'IA aux usages récréatifs que vous citez. L'utilisation de cette IA va profondément changer les entreprises avec d'importants gains de productivité. La véritable question est de savoir comment nous allons utiliser cette richesse créée. - L'IA peut nous aider à mieux comprendre et à aborder des problèmes complexes liés au réchauffement climatique. Cependant, je ne veux pas tomber dans un techno-optimisme aveugle ; je ne pense pas que l'IA puisse résoudre ces problèmes d'un simple coup de baguette magique. Quoi qu'il en soit, la technologie est là. Ne pas l'utiliser au sein des entreprises françaises risque de nous faire perdre en compétitivité. À mon avis, il est crucial de mieux encadrer l'IA, d'évaluer son impact de manière rigoureuse, d'envisager une taxe carbone spécifique et de s'assurer qu'elle soit optimisée. Il existe déjà des modèles d'IA peu énergivores qui peuvent répondre à de nombreuses problématiques.

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