Droit Pénal Des Sociétés
Droit Pénal Des Sociétés
Droit Pénal Des Sociétés
2. Droit pénal
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B. La matière générale
2. L’objet de la matière
D’où définition du droit pénal des affaires : branche du droit pénal qui incrimine
et sanctionne les agissements accomplis soit pour le compte d’une entreprise ou de
l’Etat soit au détriment de celle-ci ou de celui-ci et cela par une personne qui aura
dans l’exercice des pouvoirs qui lui sont confiés soit méconnu les normes édictées
pour régir l’activité professionnelle dont l’entreprise relève soit manqué aux valeurs
sociales communes juridiquement protégées.
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3. La question de l’autonomie de la matière
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les 5 classes, les juges de proximité étant compétents pour les contraventions des 4
premières classes), délits et crimes. Pas de spécificité dans ce double travail.
La 2ème fonction du droit pénal, normative, est exercée de façon indirecte. En
disant ce qu’il ne faut pas faire, indirectement a contrario, le Code pénal dit ce qui
doit être fait dans une société donnée à un moment donné (règles de la bonne
conduite en société). Toute l’évolution de la société est dans le Code pénal. Cette
fonction normative s’applique sans originalité aux infractions d’affaires.
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II. Les mouvements de la matière
La spécificité de cette matière est qu’elle va être influencée par les matières
qui la composent et les mouvements qui affectent cette matière. Sans compter les
mouvements qui lui sont propres.
Le droit des affaires évolue. Sous un angle contemporain : loi sur les
nouvelles régulations économiques du 25 mai 2001 (loi NRE), qui est la 1 ère
illustration d’un mouvement propre aux infractions d’affaires. Elle amorce un
mouvement de dépénalisation du droit des affaires mais surtout du droit des
sociétés.
Loi du 1er août 2003 sur la sécurité financière. Elle apporte des
aménagements importants en matière de transparence et de responsabilité. Elle
modifie un peu la loi NRE.
Le même jour, loi sur l’initiative économique. Dispositions intéressantes quant
au montant du capital social des SARL.
Loi du 2 juillet 2003 qui habilite le gouvernement à prendre des ordonnances.
Le gouvernement a pris des ordonnances, dont celle du 25 mars 2004 portant
simplification du droit et des formalités pour les entreprises. On substitue des
sanctions civiles aux sanctions pénales (notamment une injonction de faire).
Loi du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises en difficulté, dans le
cadre des procédures collectives.
Loi du 2 août 2005 en faveur des PME. Dispositions en droit des sociétés,
notamment en matière de SARL et d’EURL.
2. En droit pénal
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Art. 121-1 : Nul n’est responsable pénalement que de son propre fait. La
responsabilité pénale est personnelle. Il n’y a pas en principe de responsabilité
pénale du fait d’autrui, contrairement à la responsabilité civile.
Art. 121-1 : responsabilité pénale des personnes morales.
Art. 121-3 al. 1er : il n’y a point de crime ou de délit sans intention de le
commettre (disposition qui ne figurait pas dans l’ancien Code pénal ; d’où disparition
des délits matériels sans intention, en matière de pollution, d’urbanisme, etc.). Mais
alinéa 3 : Il y a également délit, lorsque la loi le prévoit, en cas de faute
d’imprudence, de négligence ou de manquement à l’obligation de sécurité ou
de prudence imposée par la loi ou les règlements.
Alinéa 2 : réserve l’hypothèse de mise en danger délibérée de la personne d’autrui.
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exige une faute particulière qui consiste soit à avoir violé (…) soit à avoir commis une
faute caractérisée (…).
Ca ne veut pas dire pour autant que lorsque la causalité est indirecte il y a
irresponsabilité pénale. Lorsque la causalité est indirecte, la responsabilité pénale
subsiste mais sous des conditions plus sévères. Il faudra rapporter la preuve d’une
faute « particulière » (soit une faute délibérée soit une faute caractérisée…). La
réforme est d’importance. Jusqu’alors, s’agissant des fautes d’imprudence, on se
contentait de retenir la moindre faute (« des poussières de faute ») sur la base du
principe de l’autorité de la chose jugée du criminel sur le civil. Si le juge pénal ne
retient pas la responsabilité pénale en l’absence de faute, le juge civil ne pourra pas
accorder de réparation du dommage. Donc si le juge pénal voulait préserver le droit
à réparation de la victime, il se trouvait enfermé dans cette quasi obligation de retenir
la responsabilité pénale. C’est pour casser cette spirale qu’on a un peu modifié cet
art. 121-3. Dans l’hypothèse où la faute d’imprudence n’a été que la cause indirecte
du dommage, la responsabilité pénale ne pourra être retenue que s’il est établi soit
que la personne a violé de façon manifestement délibérée une obligation particulière
de sécurité ou de prudence prévue par la loi ou le règlement soit commis une faute
caractérisée et qui exposait autrui à un risque d’une particulière gravité qu’elle ne
pouvait ignorer.
On a donc 2 hypothèses : la 1ère est une formule propre au délit de mise en
danger délibérée de la personne d’autrui (art. 223-1 Code pénal ; délit de risque
causé à autrui). Elle trouve assez peu d’applications en jurisprudence. Beaucoup
plus intéressante est la 2ème hypothèse : la faute caractérisée. Mais ce n’est pas vrai ;
la formule légale est « faute caractérisée et qui exposait autrui ». En réalité, on ne
peut surtout pas dire que la faute caractérisée est celle qui expose autrui. Ce sont
des conditions cumulatives donc des exigences distinctes. Qu’est-ce que la faute
caractérisée ? Nouveau concept. Elle suppose d’autres conditions. 3ème condition :
risque qu’elle ne pouvait ignorer. Ce qui va renvoyer à une appréciation in concreto
(appréciation de la compétence, des fonctions et des moyens dont disposait l’auteur
de la faute).
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opérée par l’alinéa 4 ne vaut que pour la responsabilité pénale de la personne
physique. Pour la personne morale, il n’y a pas à distinguer selon que la causalité est
directe ou indirecte et la responsabilité pénale d’une personne morale peut être
engagée par toute faute. Il n’y a pas besoin à son égard qu’il y ait faute délibérée ou
caractérisée. Alors même que la responsabilité pénale de la personne physique
auteur de l’infraction n’aura pu être retenue en l’absence d’une faute délibérée ou
caractérisée. Quand on verra que la responsabilité pénale d’une personne morale
est engagée lorsque son dirigeant a commis une infraction pour son compte, on
pourra avoir absence de responsabilité pénale du dirigeant parce qu’il n’a pas
commis de faute délibérée ou caractérisée mais responsabilité pénale de la
personne morale qu’il dirige. On a ce jeu très intéressant de dissociation quant à la
responsabilité pénale entre la personne morale et la personne physique. On peut
avoir désormais une infraction commise par un dirigeant d’une société qui
n’engagera pas sa responsabilité pénale parce qu’il aura commis une faute
d’imprudence cause indirecte du dommage mais qui n’est ni délibérée ni
caractérisée ; mais ça n’empêchera pas de retenir la responsabilité de la personne
morale.
➢ 3ème impact : une certaine dépénalisation de la vie des affaires.
C’était le vœu de ceux qui ont demandé l’intervention législative. C’était notamment
pour les décideurs le souci que leur responsabilité pénale soit moins
systématiquement engagée en cas de faute d’imprudence.
Les 1ères applications de cette loi du 10/07/2000. Cette loi pose des
conditions plus strictes pour engager la responsabilité pénale d’une personne. Elle
est donc plus douce et d’application rétroactive. Les 1ères affaires symboliques
d’application : maire d’une commune poursuivi pour homicide involontaire après le
décès d’un enfant CA Poitiers 2001. Pas de responsabilité pénale du maire mais
responsabilité civile retenue.
Affaire du Drac : Cour de cassation crim. 12/12/2000 : application de la loi alors que
les faits avaient été commis avant l’entrée en vigueur de la loi.
Affaire du sang contaminé.
Par delà ces 1ères applications médiatiques et dans le domaine du droit des
affaires : a-t-elle vocation à s’appliquer ? Va-t-elle être effectivement efficace ?
Va-t-on considérer qu’il y a à la charge du chef d’entreprise des fautes
d’imprudence causes indirectes du dommage ? La loi aura le plus souvent vocation à
s’appliquer notamment dans son domaine privilégié des accidents du travail
(homicide involontaire ou atteinte à l’intégrité physique ou psychique involontaire). La
faute reprochée est de ne pas avoir fait respecter la règlementation applicable, donc
faute indirecte. Il a donc vocation à bénéficier de cette loi en raison le plus souvent
du caractère indirect de la faute qui lui est imputée. Même solution pour les élus
locaux : le plus souvent, ils ont vocation à bénéficier de l’art. 121-3 al. 4.
Notamment : crim. 9/10/2001 : le maire d’une commune de station de ski avait pris
un arrêté d’ouverture des pistes sans avoir vérifié le respect des règles de balisage.
Crim. Juin 2002 : maire qui n’avait pas pris les mesures de sécurité suffisantes lors
du défilé d’une fanfare. Une voiture avait percuté la fanfare.
Sont concernés aussi les enseignants. Crim. 6/09/2005 : chute mortelle d’un
enfant de 10 ans tombé du rebord de la fenêtre où il était assis. L’instituteur
connaissait la dangerosité de la situation résultant de l’ouverture des fenêtres ; il
n’avait pas pris les mesures nécessaires et il avait ainsi commis une faute
caractérisée (raisonnement inversé de la Cour de cassation). « La Cour d’appel a
ainsi justifié sa décision dès lors que le prévenu n’a pas accompli les diligences
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normales qui lui incombaient compte tenu de sa fonction, de ses compétences et des
moyens dont il disposait » (formule de l’alinéa 3 !). Certes, il faut une appréciation in
concreto ; mais aller chercher la formule de l’alinéa 3 qui vise l’hypothèse de la
cause directe, c’est une erreur sur le concept de faute caractérisée. Surprenant
mélange entre les 2 alinéas. Foutage de gueule.
Ca vise aussi les organisateurs d’activités, de loisirs, les techniciens, les
agents de surveillance ou de contrôle, médecins, personnel médical, etc.
Loi 9 mars 2004 dite Perben II. C’est la plus importante réforme de notre
procédure pénale depuis 1959. Elle nous intéressera à propos de la responsabilité
pénale des personnes morales. Comparution sur reconnaissance préalable de
culpabilité (le fameux plaider coupable qui nous vient, un peu adapté, du système
américain). Cette procédure va permettre au procureur de proposer à celui qui
reconnaît sa culpabilité d’éviter un véritable procès au sens classique du terme
contre une peine d’emprisonnement ou d’amende. Cela n’est possible que s’agissant
d’un délit exposant à une peine d’amende ou à une peine d’emprisonnement ne
dépassant pas 5 ans. Dans cette hypothèse, il suffit au prévenu d’adresser au
procureur une lettre recommandée avec AR dans laquelle il reconnaît les faits et
demande l’application de cette procédure, le procureur restant libre de refuser ou
d’accepter. Si on propose une peine d’emprisonnement, elle ne peut excéder un an
ni la moitié de la peine encourue. Si on propose une peine d’amende, celle-ci ne peut
être supérieure au maximum légal.
Circulaire de septembre 2004 : présence facultative du procureur de la
République à l’audience d’homologation. Problème : la Cour de cassation donne un
avis contraire ; présence obligatoire (avis d’avril 2005). Le 19 avril, la chancellerie
rend une 2ème circulaire pour maintenir que la présence n’est que facultative. Le
syndicat des avocats de France saisit le Conseil d’Etat qui décide de suspendre les 2
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circulaires. Une loi du 26 juillet 2005 vient modifier l’article 495-9 du CPP et précise
que la procédure se déroule en audience publique et que la présence du procureur
de la République à cette audience n’est pas obligatoire.
1. Mouvement d’internationalisation
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30 juin 2000 qui a donné lieu aux articles 435-1 et suivants du nouveau Code pénal.
Une loi 11/02/2005 autorise la ratification des conventions civiles et pénales sur la
corruption telles que signées à Strasbourg en 1999. Cela a donné lieu notamment à
une loi du 4/07/2005.
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2. Mouvement de dépénalisation
C’est un mouvement qui participe d’un débat plus général. N’abuse-t-on pas
du recours au répressif ? La sanction pénale n’a de valeur répressive que si elle est
réservée aux comportements les plus graves. Ce débat prend une importance
particulière. On peut noter un mouvement de dépénalisation de la vie des affaires.
Lorsqu’on fait disparaître la sanction pénale, c’est pour lui substituer des sanctions
d’autre nature (civile, disciplinaire, sociale, etc.). Ex : dépénalisation du refus de
vente entre professionnels (ordonnance de 1986), certaine dépénalisation, en deux
temps en matière de chèques sans provision (loi de 1975 et loi de 1991). Mais
surtout, ce mouvement de dépénalisation est sensible sur un aspect précis : le droit
des sociétés. Réel mouvement de dépénalisation du droit des sociétés amorcé par la
loi NRE, relayé par deux lois du 1er août 2003 et encore renforcé plus récemment par
une ordonnance du 25/03/2004 portant simplification du droit et des formalités pour
les entreprises. Attention, ce n’est pas pour autant qu’il n’y a plus de sanction. Dans
ce domaine, l’idée a été plutôt de faire disparaître la sanction pénale pour lui
substituer des sanctions d’ordre civil, voire même la mise en place de procédures
d’injonctions de faire éventuellement sous astreinte.
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1ère partie
Le recours au droit pénal commun
Art. L121-1 : nul n’est pénalement responsable que de son propre fait. Article
clé qui évoque le principe de la personnalité de la responsabilité pénale. A ne pas
confondre avec la responsabilité individuelle. Sous cet éclairage, quels peuvent être
les chefs de responsabilité pénale ? L’auteur, d’abord ; celui qui réunit sur sa tête
l’ensemble des éléments constitutifs de l’infraction. On lui assimilera celui qui tend
(art. 121-4) ; la tentative est toujours incriminée pour un crime ; pour un délit si la loi
le prévoit ; jamais pour les contraventions. Les coauteurs réunissent également sur
leur tête les éléments constitutifs de l’infraction. A ne pas confondre avec le
complice. La complicité est en principe incriminée pour les crimes et délits ; pour les
contraventions si le texte le prévoit. 2 formes de complicité : par instruction et par
fourniture de moyens (art. 121-7 Code pénal). Le complice est puni comme auteur
(≠ comme l’auteur). Arrêt du 8/01/2003 qui retient la culpabilité d’un complice alors
même qu’il y a eu relaxe de l’auteur principal (faute d’intention coupable) ; ms la
matérialité du fait était établie. La Cour de cassation a retenu la complicité.
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Il peut s’agir également d’infractions contre les biens : vol, escroquerie, abus
de confiance. Ces infractions peuvent être commises par un salarié ou par tout autre
citoyen (question de leur impact sur les relations de travail ; le licenciement pour
faute lourde suppose l’intention de nuire. L’élément intentionnel du vol ne se confond
pas avec l’intention de nuire du droit social). On peut avoir à connaître du vol commis
par le salarié lorsqu’il est commis au détriment de l’entreprise. La question s’est
surtout posée sous un angle particulier : vol commis par le salarié de documents
appartenant à l’entreprise pour assurer sa défense dans un contentieux prudhommal.
Problème au niveau de la preuve ; la preuve est-elle recevable lorsqu’elle résulte du
vol ? On avait une des plus belles oppositions entre chambre criminelle et chambre
sociale. La chambre criminelle était catégorique : le souci de vouloir assurer sa
défense dans un contentieux prudhommal ne vaut pas fait justificatif au sens du droit
pénal. Elle y voyait bien un vol ; Cour de cassation crim. 8/12/1998. Problème : la
chambre sociale (2/12/1998), au nom du droit du salarié à se défendre en justice,
déclarait recevable les documents de l’entreprise dont il avait eu connaissance dans
l’exercice de ses fonctions. Elle écarte le moyen de la preuve illicite. Problème : le
criminel tient le civil en l’état. La CA Paris a considéré en novembre 2000 que la
contradiction entre la chambre sociale et la chambre criminelle permettait au salarié
poursuivi pénalement pour vol de se prévaloir d’une erreur de droit, fait justificatif en
droit pénal. Cette contradiction appartient désormais au passé. Revirement de
jurisprudence, un des arrêts les plus importants de l’année dernière. La chambre
criminelle s’incline, privilégiant les droits de la défense, dans deus arrêts du
11/05/2004. La Cour de cassation admet désormais qu’un salarié poursuivi au pénal
pour avoir soustrait ou photocopié les documents de l’entreprise pour assurer sa
défense peut être relaxé dès lors qu’il justifie que les documents en question sont
des documents dont il a eu connaissance « à l’occasion de ses fonctions » et qu’il
avait appréhendés ou reproduits sans autorisation de son employeur et que ces
documents étaient « strictement nécessaires à l’exercice des droits de sa défense
dans le litige l’opposant à son employeur ».
Depuis un arrêt Costedoat du 25/02/2000 règne un principe d’irresponsabilité
civile du salarié vis-à-vis des tiers pour les dommages qu’il leur aura causés dans
l’exercice de ses fonctions sans excéder les limites de la mission impartie par
l’employeur. (NB : Vis-à-vis de l’employeur, il ne peut y avoir responsabilité du salarié
qu’en cas de faute lourde.)
Suivi d’un arrêt Cousin du 14/12/2001 : le préposé condamné pénalement
pour avoir intentionnellement commis, fût-ce sur ordre du commettant, une infraction
ayant porté préjudice à un tiers engage sa responsabilité civile à l’égard de celui-ci.
Notre principe Costedoat est donc aujourd'hui assorti d’une exception lorsque le fait
générateur du préjudice subi par le tiers est constitutif d’une infraction de caractère
intentionnel, même si le salarié a agi sur instruction du commettant. Pour la chambre
sociale, le fait de commettre une infraction, fût-ce sur l’ordre d’un supérieur
hiérarchique, ne fait pas obstacle à un licenciement pour faute grave (théorie des
baïonnettes intelligentes).
1. L’identification du dirigeant
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Le pénal ne laisse place à aucun flou ; principe d’interprétation stricte de la loi
pénale. Dans le cadre d’une entreprise individuelle, la qualité de chef d’entreprise se
confond avec celle de dirigeant. Si l’entreprise est exploitée sous forme de personne
morale, la personne physique que l’on va désigner comme dirigeant pénalement
responsable va varier selon la forme de la société. D’où l’interférence droit des
sociétés/droit pénal des affaires. Il peut s’agir de SARL ou d’EURL (le dirigeant est
alors le gérant désigné par les statuts), de société en nom collectif ou en
commandite simple (gérant ou cogérant), de société anonyme…
Il y a deux types de société anonyme : société de type moniste, dotée d’un
conseil d’administration ; le dirigeant sera le président du CA ms aussi les
administrateurs, les directeurs généraux qui peuvent désormais exercer la direction
effective de la société. Il existe aussi les directeurs généraux délégués (loi NRE).
Pour ces derniers, art. L248-1 du Code de commerce qui nous dit que les
dispositions applicables aux directeurs généraux d’une société anonyme (y compris
les dispositions pénales) sont applicables selon leur attribution respective aux
directeurs généraux délégués. La société anonyme peut être également de type
dualiste, composée d’un directoire et d’un conseil de surveillance. Les textes (art.
L242-30 pour la constitution d’une société, art. L245-17 pour l’émission de valeurs
mobilières) disposent que les peines prévues pour ce type d’infractions sont
applicables selon leur attribution respective aux membres du directoire et aux
membres du conseil de surveillance (art. L247-9 Code de commerce). Appréciation
au cas par cas. « Primauté » aux membres du directoire dans la responsabilité
pénale par rapport aux membres du conseil de surveillance. On pourra plus
facilement poursuivre un membre du conseil de surveillance en qualité de complice,
voire même de coauteur. Le directeur a une spécificité par rapport au conseil
d’administration. Le président d’un CA, c’est primus inter pares. Le président du
directoire est pares inter pares. Normalement, le directoire est un organe collégial où
chacun est à égalité. La qualité de président n’a qu’une valeur symbolique. La Cour
de cassation a tranché la question et n’a pas suivi cette argumentation ; 21/06/2000
→ à défaut de délégation de pouvoir établie, la président du directoire d’une société
anonyme est responsable pénalement en tant que chef d’entreprise, auquel il
appartient de veiller au respect de la législation.
Il y a aussi les sociétés par actions simplifiées, avec là aussi une spécificité.
Liberté contractuelle ; quant aux organes, la seule obligation est d’avoir un président,
dont la désignation statutaire est imposée. Mais les statuts peuvent mettre en place
d’autres organes de direction qui peuvent exercer conjointement ou seuls certains
pouvoirs de direction de la SAS. L’article 227-1 alinéa 2 vise le président de la SAS
ou celui ou ceux des dirigeants de la société que ses statuts désignent.
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qui exercent officiellement ces fonctions, c'est-à-dire les dirigeants de droit.
Or, particularité du droit pénal des affaires : s’agissant du droit des affaires,
le droit pénal va au-delà des apparences pour aller chercher, par delà le
dirigeant de droit, le dirigeant de fait : celui qui, sans être désigné
officiellement dans les statuts comme dirigeant (soit parce qu’il ne le peut
pas soit parce qu’il ne veut pas apparaître), dirigeait en fait la société, par
le biais d’une immixtion dans la direction. Le droit pénal va cherche le
dirigeant de fait. Les textes le prévoient pour chacune des formes de
sociétés en assimilant le dirigeant de droit au dirigeant de fait. Ex : art.
246-2 pour la SA → les dispositions pénales visant les dirigeants seront
« applicables à toute personne qui, directement ou par personne
interposée, aura en fait exercé la direction, l’administration ou la gestion de
la société sous le couvert ou aux lieux et places de leurs
représentants légaux ».
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Pas de spécificité. Le dirigeant a commis une infraction (auteur, coauteur,
complice) de droit commun comme pourrait en commettre tout justiciable. Sa qualité
de dirigeant n’influe en rien. La seule spécificité réside dans le fait que certaines
infractions ne peuvent être commises que par le dirigeant (ex : abus de biens
sociaux).
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Application nombreuses : un employé qui déverse des produits polluants dans
une rivière. L’employeur est déclaré responsable, que l’infraction soit intentionnelle
ou non. Un employé qui remplit un silo de céréales alors qu’au autre employé est au
fond en train de nettoyer ; le chef d’entreprise est déclaré pénalement responsable
de l’acte d’homicide involontaire. Cette responsabilité pénale du chef d’entreprise est
énorme et elle a un champ d’application considérable : c’est notamment tout le
domaine des accidents du travail, des manquements aux règles de sécurité.
Jurisprudence ancienne mais aux applications de plus en plus nombreuses.
Notamment avec le développement des entreprises, des multinationales et du fait de
la règlementation des activités industrielles qui ne cesse de s’accroître.
Tout autre est donc notre hypothèse du risque pénal du fait d’autrui. Ici, le chef
d’entreprise est déclaré pénalement responsable comme s’il était lui-même l’auteur
de l’infraction. Travail jurisprudentiel entamé dès le XIXe siècle, il a été consacré par
d’autres arrêts. Notamment arrêt Cauvin du 26/08/1859, arrêt du 28/02/1956 avec un
attendu explicatif de la Cour de cassation : « si les deux principes que nul n’est
passible de peine qu’en raison de son fait personnel, il en est autrement, dans
certains cas, où des prescriptions légales engendrent l’obligation d’exercer une
action directe sur le fait d’autrui. » Expression lourde et maladroite. Solution
ancienne et prétorienne ; aucune assise légale à cette création qui s’est
essentiellement développée dans le domaine des accidents du travail et des
manquements aux règles relatives à l’hygiène et la sécurité dans les conditions de
travail.
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Imputation de la responsabilité pénale au dirigeant du seul fait de sa qualité.
On parle donc de responsabilité pénale du fait d’autrui. On en a cherché le
fondement. La Cour de cassation (chambre criminelle) a peu à peu donné son
explication. On la retrouve notamment dans des arrêts de 1956 et 1957 : « il lui
appartient [au dirigeant] de veiller personnellement à la stricte et constante exécution
des dispositions édictées par le Code du travail en vue d’assurer l’hygiène et la
sécurité des travailleurs ». Cette formule est devenue une véritable formule de style.
Notamment dans un arrêt du 10/02/1976 (que le prof aime beaucoup) : « le chef
d’entreprise commet une faute en ne veillant pas lui-même au strict et constant
respect des dispositions édictées par le Code du travail en vue d’assurer l’hygiène et
la sécurité ». Ca s’éclaire un peu. Idée que le chef d’entreprise a commis une faute :
il n’a pas veillé au strict et constant respect des dispositions légales et
règlementaires. Il a commis une faute. Ne serait-on pas alors tombé plutôt dans le
domaine d’une sorte de présomption du fait de l’homme ? Si une infraction fut
commise, si un manquement fut commis à la règlementation en matière d’hygiène et
de sécurité, c’est que le chef d’entreprise n’a pas veillé au strict et constant respect
(…). C’est donc qu’il a commis une faute. On n’est donc pas dans une hypothèse de
responsabilité pénale sans faute ; on est dans une hypothèse de responsabilité
pénale pour faute. Là où il y a spécificité, c’est que cette faute serait présumée du
fait de la survenance de l’accident.
Cette analyse nous ramène un peu dans le moins dérogatoire. Cette
présomption de faute est devenue une véritable règle de fond puisque la
jurisprudence en fait une présomption irréfragable. Elle n’autorise pas le chef
d’entreprise à s’exonérer en prouvant son absence de faute. Ce n’est que très
rarement que la Cour de cassation a admis que le dirigeant puisse s’exonérer en
prouvant son absence de faute. Seule application de cette preuve contraire : arrêt du
14/10/1987 où elle a retenu la faute exclusive de l’ouvrier.
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Donc est-ce vraiment une responsabilité pénale du fait d’autrui ? On lui
reproche une faute d’abstention. Or principe de non équivalence entre le faute
d’action et la faute d’omission. Si la loi dit qu’il faut un acte positif, ce n’est pas
l’abstention qui va permettre de caractériser la commission de l’infraction. Explication
aussi et surtout sur le terrain de la causalité car on est en droit pénal et la faute n’a
pas besoin d’être la cause exclusive du dommage. A côté, il y a une autre faute qui
est une faute de droit commun d’imprudence du salarié et qui a participé à la
réalisation du dommage (théorie de l’équivalence des conditions). On peut expliquer
cette jurisprudence sur le terrain de la causalité indirecte sans basculer pour autant
dans cette hérésie pénale qu’est la responsabilité pénale du fait d’autrui.
C’est dans cette même logique que la jurisprudence a elle-même posé les
conditions d’efficacité de cette construction. Du côté du délégant d’abord : il doit être
le chef d’entreprise. Nuance : la jurisprudence accepte la possibilité d’une
subdélégation, qui consiste pour le bénéficiaire d’une délégation de pouvoir à avoir à
son tour délégué. Le délégant est alors ici le 1er délégataire et non le chef
d’entreprise. La Cour de cassation l’accepte depuis un arrêt du 11/12/1996 ; elle
n’exige plus que cette subdélégation ait donné lieu à la rédaction d’un écrit.
Attention, ne pas confondre subdélégation et pluridélégation. Subdélégation : le
dirigeant donne une délégation, le délégataire donne à son tour délégation des
pouvoirs délégués. Pluridélégation : pour l’exercice des mêmes pouvoirs, on délègue
plusieurs personnes. Il y a plusieurs bénéficiaires de délégations alors qu’il s’agit des
mêmes pouvoirs. La pluridélégation n’est pas admise parce que ça aboutit à une
dilution des responsabilités dans l’exercice des pouvoirs. Cour de cassation
23/11/2004 (exemple).
2ème condition : le délégant doit être le chef d’une entreprise d’une taille ou
d’une complexité structurelle, fonctionnelle ou géographique telle que la délégation
de pouvoir se justifie. La délégation de pouvoir ne doit pas être une fuite des
responsabilités. Tout cela relèvera d’une appréciation au cas par cas. Ces
délégations de pouvoirs sont souvent utilisées dans les groupes de sociétés à raison
de la complexité de leur structure. Souvent utilisées aussi dans des entreprises ou
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des magasins dont la complexité justifie ce mécanisme (ex : dans un hypermarché,
délégation à des chefs de rayon). De même, le délégant doit être l’employeur du
délégataire. Il faut y faire attention car c’est un piège. Le délégataire doit être le
salarié du délégant ; il doit y avoir un lien de subordination juridique. C’est la
condition essentielle et première. Le chef d’entreprise ne saurait déléguer ses
pouvoirs à un tiers étranger au personnel de l’entreprise. Ex : ch. crim. 1989 (pas
possible de donner délégation de pouvoir à un bureau d’études chargé de réaliser
des travaux pour le compte de l’entreprise).
Reste qu’il faut faire une part à la réalité économique ; la chambre criminelle a
su faire preuve de pragmatisme et de réalisme face au marché. Notamment à propos
des groupes de société : arrêt du 26/05/1994 dans lequel la Cour s’est contentée
d’une autorité hiérarchique. Ici, c’était une délégation de pouvoir donnée par le
dirigeant de la société dominante (holding) au dirigeant d’une société filiale. Filiale :
entité juridique autonome. Pas de contrat de travail entre la mère et la filiale, l’un
n’est pas le préposé de l’autre, juridiquement. Mais en réalité, il y a bien une autorité
hiérarchique. Cet arrêt montre l’assouplissement. 2ème arrêt important : 14/12/1999.
Cinq sociétés avaient constitué entre elles une société en participation en vue de la
réalisation d’un chantier. Société qui n’a pas la personnalité morale. Or ces 5
sociétés étaient convenues de déléguer à un directeur de chantier unique salarié de
l’une des sociétés leurs pouvoirs en matière d’hygiène et de sécurité. Il y a donc 5
délégations de pouvoir (normalement, seule est valable celle donnée par la société
qui avait pour salarié le délégataire). La chambre criminelle a admis la validité d’une
telle délégation dans cette hypothèse là. Importance pratique : permet à des sociétés
qui ont des chantiers en commun de désigner un seul responsable pour réunir sur sa
tête l’ensemble des pouvoirs en matière d’hygiène et de sécurité.
✔ Conditions de la délégation
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1
et des instructions au personnel, voire même la possibilité de sanctionner le refus.
On retrouvera cette condition d’autorité vis-à-vis du personnel ; elle postule
également une certaine autonomie vis-à-vis du dirigeant. Le délégataire doit
bénéficier d’un minimum d’indépendance dans l’exécution de sa mission. Conseil
d’ordre pratique : cela peut par exemple inciter à doubler cette désignation spécifique
d’une information collective, une note de service informant l’ensemble du personnel
que le délégataire est doté d’une certaine autorité lui permettant de donner des
ordres.
Moyens nécessaires : l’entreprise doit mettre à la disposition du délégataire
les moyens nécessaires à l’accomplissement de sa mission. Moyens matériels et /
ou humains. Question des moyens financiers aussi ; il faut donner les moyens
financiers nécessaires pour faire respecter la sécurité. Possibilité de faire tomber
l’efficacité de la délégation.
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peut être valable et se révéler être en l’espèce inefficace. Cet effet de principe peut
être écarté dans 2 hypothèses :
➢ Le dirigeant délégant s’est immiscé dans l’accomplissement de
la mission dévolue. La délégation est valable mais en fait, le délégant a continué à
interférer dans les pouvoirs confiés. En fait, il a continué d’exercer ses pouvoirs. En
fait, par delà le transfert officiel, il a continué d’exercer les pouvoirs qu’il est censé
avoir délégué. Le délégataire, dans ce cas là, cessera d’être pénalement
responsable. La délégation de pouvoir sera déclarée totalement inefficace. Le
délégataire ne peut même pas voir sa responsabilité pénale engagée puisqu’en
réalité, il n’a pas eu l’autonomie et l’autorité nécessaires pour accomplir sa mission.
Ce n’est pas une condition de validité de la délégation, c’est une condition
d’efficacité.
➢ Le délégant aura personnellement participé à la réalisation de
l’infraction. Autrement dit, chaque fois qu’on pourra lui reprocher une faute pénale
propre d’imprudence, d’abstention commise par lui-même, il restera pénalement
responsable malgré la délégation de pouvoir. Ex : il était sur les lieux au moment de
l’accident. Il était informé du danger et a laissé perduré. Ou n’a pas donné suite aux
mises en garde faites par le délégué. On considèrera alors qu’il a personnellement
pris part à la réalisation de l’infraction. Il ne s’est pas immiscé dans les pouvoirs,
mais on lui impute une faute personnelle dans la réalisation de l’infraction. Dans
cette hypothèse, on va pouvoir retenir la responsabilité pénale du délégant mais celle
du délégataire n’est pas forcément écartée. On aura des coauteurs, des
coresponsables pénalement.
Très perceptible à propos du délit d’entrave aux institutions représentatives du
personnel. Bien souvent, on a une délégation donnée pour représenter le chef
d’entreprise aux séances du comité d’entreprise. Mais la non consultation du comité
d’entreprise sur une question relevant de sa compétence n’exonère as le délégant de
sa responsabilité pénale. C’est à lui qu’il appartient de vérifier que la consultation
s’imposait. Cour de cassation 15/03/1994. Jurisprudence classique. Application très
intéressante : 20/05/2003 à propos du comité d’entreprise de la société Vivendi. Le
dirigeant faisait valoir une délégation de pouvoir. On n’en a pas nié l’existence mais
on a considéré qu’il avait continué d’exercer ses fonctions de président et que la non
consultation du comité d’entreprise relevait de son propre fait. S’agissant du délit
d’entrave, prudence ; les délégations de pouvoir ne sont pas toujours efficaces. Et la
non consultation du comité d’entreprise relève du dirigeant alors même qu’il a donné
une délégation de pouvoir.
A ne pas confondre avec un arrêt du 16/09/2003 : un DRH bénéficiaire d’une
délégation de pouvoir pour présider le comité d’entreprise. C’est lui qui a été
personnellement condamné pour non consultation du comité d’entreprise (il s’agissait
de passer à un horaire individualisé). Dans cette affaire, il y avait eu un fait personnel
de ce DRH qui avait refusé d’organiser une consultation. Seul le délégataire a été
condamné pénalement.
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3
Les objections à la responsabilité pénale des personnes morales : societas
delicere non potest (une société ne peut commettre d’infraction). En droit civil, s’il y a
responsabilité civile, c’est en considération de l’objet social de la société. On
reconnaît la personnalité juridique à un groupement en raison de son objet social, or
cet objet social ne peut tendre à la commission d’une infraction. De plus, le
groupement est une fiction juridique. Notamment, il est dénué de volonté
personnelle, condition de la responsabilité pénale. En outre, la responsabilité pénale
des personnes morales (RPPM) porterait atteinte au principe de la responsabilité
individuelle puisqu’elle revient à punir indistinctement tous ses membres, y compris
ceux qui n’ont pas voulu l’infraction. Enfin, un groupement ne peut pas faire l’objet
d’une peine. Les sanctions pénales ne peuvent s’appliquer qu’à des personnes
physiques.
Réponses : la théorie de la fiction juridique a été abandonnée (26/01/1954 qui
consacre la théorie de la réalité). La commission d’une infraction n’entre certes pas
dans l’objet social ; mais ça n’empêche pas qu’une infraction soit commise à
l’occasion de l’activité entrant dans l’objet social. Certes, on atteint indirectement les
membres d’une collectivité ; c’est classique, on l’admet pour la responsabilité civile.
Pourquoi ne l’admettrait-on pas pour la responsabilité pénale ? Enfin, qu’on ne
puisse pas emprisonner une personne morale, soit ; mais à partir du moment où on
reconnaît qu’une personne morale est dotée d’un patrimoine propre, des peines
peuvent être prononcées qui soient adaptées. Aucune des objections n’était
totalement dirimante.
Article clé du Code pénal : art. 121-2.sont concernées aussi bien les
personnes morales de droit privé, sans restriction, que les personnes morales de
droit public, avec quelques réserves.
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Le projet originel visait tous les « groupements volontaires de droit privé ». Ce
terme est différent parce que cela incluait les groupements non dotés de la
personnalité juridique. A cette expression on a substitué celle de « personnes
morales ». Seuls aujourd'hui sont concernés les groupements dotés de la
personnalité morale. S’agissant des personnes morales de droit privé, on retrouve
toutes les sociétés commerciales, sous toutes les formes imaginables, les sociétés
civiles, les associations, les GIE, les fondations… Tous les groupements dotés de
la personnalité morale sont concernés, qu’ils soient d’origine légale ou non.
Syndicats de copropriétaires, partis politiques, institutions représentatives du
personnel, syndicats professionnels. Le débat n’est pas sur le principe de la
responsabilité pénale d’un parti politique ; il va être sur les peines applicables
(dissolution d’un parti politique → de la séparation des pouvoirs). Certaines peines
ne peuvent être prononcées à leur encontre.
Inversement, la société en participation ne peut être poursuivie. Une
association non déclarée à la préfecture non plus (sportive, religieuse). Les groupes
de société non plus. Les sociétés créées de fait non plus.
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responsable pénalement que de son propre fait. L’absorption d’une société fait
perdre son existence juridique à la société absorbée donc la société ayant absorbé la
société qui était poursuivie du chef d’homicide involontaire à raison d’un accident du
travail ne peut être déclarée pénalement responsable ».
Solution adoptée aussi par la chambre commerciale, 15/06/1999. Mais sa
position est peut-être un peu moins nette, notamment au regard d’un arrêt du
28/01/2003. Dans cette affaire, la chambre commerciale avait considéré que la
société absorbante avait assuré la continuité juridique et économique de la société
absorbée.
Le Conseil d’Etat est encore un peu plus flou : 22/11/2000. Il consacre le
principe de la responsabilité pénale personnelle et suit donc la chambre criminelle
mais s’agissant de la sanction professionnelle (un blâme), il admet qu’elle puisse être
transférée à la société absorbante.
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B. Quant aux infractions
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Ce sont des règles fondamentales. Conditions de fond. On est au cœur des
conditions pour qu’une personne morale puisse voir sa responsabilité pénale
engagée. Art. 121-2 : il faut qu’une infraction ait été commise pour son compte par
un de ses organes ou représentants.
La formule, là aussi, est riche par ce qu’elle exclut. Elle exclut le simple
salarié. Un salarié n’engage pas la responsabilité pénale de la société qui
l’emploie. Si un directeur des ventes salarié non mandataire social pratique la
corruption pour permettre à la société d’obtenir un marché, il n’engagera pas la
responsabilité pénale de la société.
Les organes sont les personnes chargées par la loi ou les statuts d’administrer
ou de gérer la personne morale. Ce sont les personnes qui vont participer au
processus d’élaboration de la « volonté » de la personne morale et ensuite qui vont
présider à l’exécution de la décision ainsi prise.
Les représentants sont plutôt les personnes chargées des rapports de la
personne morale avec les tiers. Il y a un aspect de rapports vis-à-vis de l’extérieur
alors que l’organe est plutôt centré sur l’interne. Le plus souvent, organes et
représentants se confondent. Mais tel n’est pas toujours le cas.
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Les questions se sont posées : lorsque la loi vise l’organe ou le représentant,
est-ce que cela inclut l’organe ou le représentant de fait ? Enorme débat doctrinal.
Aucune distinction n’est faite dans l’article L121-2. De plus, c’est conforme à
l’assimilation faite par le droit pénal entre le dirigeant de droit et le dirigeant de fait.
Dans le cas contraire, ce serait une façon facile d’éluder le dispositif légal. On peut le
nuancer l’objection : on irait chercher le dirigeant de droit comme complice. Pas de
réponse claire et précise en jurisprudence. La doctrine majoritaire est en faveur
d’une réponse positive. Peut-être le débat a-t-il tourné court depuis que la Cour de
cassation a considéré, dans un arrêt remarqué du 9/11/1999 qu’une personne
morale pouvait voir sa responsabilité retenue au titre des agissements commis par
un représentant apparent aux yeux du public, c'est-à-dire celui qui, aux yeux du
public, a pu être considéré comme ayant le pouvoir de décision au nom de la
personne morale. Des salariés d’une société exploitant des remontées mécaniques
avaient décidé d’ouvrir les pistes alors que l’état de celles-ci ne le permettait pas. La
Cour de cassation est donc allée chercher la notion de « représentant apparent ».
Dernière question : quid du salarié bénéficiaire d’une délégation de pouvoir ?
La doctrine s’est divisée, la Cour de cassation a tranché dans un arrêt très
important : Société Carrefour France du 26 juin 2001. Ont la qualité de représentants
au sens de l’article L121-2 les personnes pourvues de l’autorité, de la compétence et
des moyens nécessaires ayant reçu une délégation de pouvoir de la part des
organes de la personne morale. Il s’agissait d’une vente au déballage non autorisée
sur les parkings de l’hypermarché. Arrêt bigrement intéressant parce qu’il tranche le
débat. Qui plus est, dans cette affaire, il y avait eu subdélégation. Cour de
cassation : le titulaire d’une subdélégation est un représentant au sens de l’article
121-2. Impacts pratiques considérables notamment en matière d’accidents du travail.
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Le débat a été tranché ; arrêt Société Carrefour France du 26 juin 2001. La
Cour de cassation énonce sans ambigüité la règle selon laquelle la personne morale
peut être condamnée même si elle n’a pas commis une faute pénale distincte de
celle de son représentant. On est sur le terrain de la criminalité d’emprunt, criminalité
par ricochet.
Une dernière difficulté est née avec la loi du 10 juillet 2000. Qu’est-ce qui se
passe lorsque l’organe ou le représentant s’est rendu coupable d’un délit
d’imprudence, cause indirecte du dommage ? S’il est établi qu’il n’a pas commis
cette faute qualifiée mais qu’il a commis une faute simple, il n’engage pas sa
responsabilité ; peut-on poursuivre quand même la responsabilité pénale de la
personne morale ? La loi du 10 juillet 2000 ne visait que les personnes physiques et
non pas les personnes morales. La responsabilité pénale de la personne morale peut
être engagée pour une faute simple. Oui mais on n’exige pas une faute personnelle
de la personne morale. Donc il faut simplement reconnaître qu’il y a un
aménagement s’agissant des délits d’imprudence causes indirectes du dommage
commis par l’organe ou le représentant. La responsabilité pénale de la personne
morale pourra être engagée et retenue alors même que celle de la personne
physique ne pourra pas l’être faute de remplir les conditions de l’art. 121-3 alinéa 4.
C’est une véritable exception.
C’est ce que dit aujourd'hui l’article 121-3 alinéa 3 : la responsabilité pénale
des personnes morales n’exclut pas celle des personnes physiques auteurs des
mêmes faits, sous réserve des dispositions du 4ème alinéa de l’article 121-3. C’est très
très mal écrit. Art. 121-2 : la responsabilité pénale des personnes morales est
engagée quand un organe ou un représentant a commis une infraction pour le
compte de celles-ci. Or ici, il n’a pas commis d’infraction puisque c’est une faute
d’imprudence.
Une personne morale peut être déclarée pénalement responsable aussi bien
en tant qu’auteur qu’en tant que complice. Simplement, elle ne pourra être déclarée
complice que si le texte prévoit qu’elle peut être déclarée auteur (cette précision ne
vaut que jusqu’au 31/12/2005). Elle sera déclarée complice chaque fois que l’organe
ou le représentant aura été lui-même complice de l’infraction. Quand le dirigeant
pourra être poursuivi comme complice, la personne morale sera poursuivie comme
complice. Elle peut être poursuivie comme coauteur avec d’autres personnes
morales. Tous les cas de figure sont concevables.
Le principe est celui d’une transposition des règles applicables aux personnes
physiques avec les limites inhérentes à l’anthropomorphisme. Art. 706-41 à 706-46
du Code de procédure pénale. Quelques adaptations : pour la compétence
territoriale, est également compétent le procureur de la République ou les juridictions
où se trouve le siège social. L’action publique est exercée contre la personne morale
prise en la personne de son représentant légal à l’époque des poursuites. Une même
personne peut être poursuivie en tant que personne physique auteur des faits et
personne physique représentant la personne morale. Dans cette hypothèse, art. 706-
43, on prévoit des possibilités d’adaptation : possibilité de désignation d’un
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mandataire ad hoc par voie de justice pour représenter la personne morale.
Demande faite par le représentant de la personne morale. Cette désignation peut
être demandée (ce n’est plus une obligation ; loi 10/07/2000). C’est une faculté pour
le représentant lui même poursuivi en tant que personnes physique.
Les citations sont délivrées à la personne morale. Si le siège est inconnu, une
copie de l’exploit sera remise au parquet. Art. 706-44 : le représentant de la
personne morale poursuivi en tant que tel ne peut faire l’objet d’aucune mesure de
coercition. En particulier, il ne peut pas être mis en détention ou être placé sous
contrôle judiciaire. C’est la preuve parfaite qu’il n’est poursuivi qu’en tant que
représentant de la personne morale. Quant à la personne morale, elle peut être
placée sous contrôle judiciaire. Art. 706-45. Avec notamment dépôt d’un
cautionnement, constitution de sûreté, voire interdiction d’émettre des chèques ou
d’exercer certaines activités professionnelles. Ces dernières peines ne peuvent être
édictées que si elles sont prévues à titre de peines principales pour l’infraction
encourue.
Il existe également un casier judiciaire pour les personnes morales. Il ne
comporte que les bulletins n° 1 et 2. Il ne comporte pas de volet n° 3.
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A. L’exercice de l’action publique
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protection de l’intérêt général). Peut-on se constituer partie civile. Arrêts de 1959 : il
ne pouvait y avoir lieu à action civile s’agissant des infractions en matière
économique et financière car elles ne tendent qu’à la protection de l’intérêt général.
Position de la Cour de cassation discutée, critiquée. En raisonnant comme ça, toutes
les incriminations défendent quand même peu ou prou un intérêt général. Ce n’est
pas parce qu’une infraction défend un intérêt général que l’infraction ne porte pas
atteinte à un intérêt particulier. Revirement : 22/01/1970 : si certaines incriminations
ont pour but la protection de l’intérêt général, elles tendent également à la protection
des intérêts individuels ou collectifs.
3ème spécificité : l’action civile est également parfois ouverte non pas
seulement à la personne physique atteinte dans son patrimoine personnel mais
également à des groupements. C’est donc un peu cette possibilité en droit français
d’action collective. Loi Royer de 1973 qui a créé dans le paysage français ces
actions collectives et qui va permettre aux associations de consommateurs agréées
de se constituer parties civiles devant toute juridiction pour solliciter réparation du
préjudice subi par les consommateurs. Les fonds perçus dans le cadre de ces
procédures reviennent exclusivement à l’association qui a introduit la procédure.
C’est le début d’un long processus et cette action est aujourd'hui ouverte à
bon nombre d’associations. Lorsqu’on a à se confronter aux infractions d’affaires,
d’autres entités sont susceptibles d’agir : action des syndicats (art. L 411-1 du Code
du travail), action du comité d’entreprise… Les associations de consommateurs
agréées peuvent exercer les droits reconnus à la partie civile relativement aux faits
portant préjudice direct ou indirect à l’intérêt collectif des consommateurs. Arrêt
Carignon du 27/10/1997 : une société française avait « bien aidé » M. Carignon
lorsqu’il voulait se représenter comme maire de Grenoble en contrepartie de
l’attribution de la concession du service des eaux de la ville de Grenoble. Est-ce que
les habitants de la ville de Grenoble pouvaient se prévaloir d’un préjudice personnel
et direct du fait de la hausse des tarifs ? La Cour de cassation a accepté que
l’association de consommateurs agréée puisse exercer une telle action alors qu’il
s’agissait de délit de corruption active et passive. La CA avait refusé cette action,
donc arrêt de cassation. La Cour de cassation rappelle qu’aucune infraction ayant
porté un préjudice direct ou indirect à l’intérêt collectif des consommateurs n’est
exclu des textes (en l’occurrence, art. L 421-1 du Code de la consommation). Ici, ça
peut être une atteinte indirecte. Action également admise en 1997 dans l’affaire de la
catastrophe de Furiani.
1. La transaction
2. La prescription
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S’agissant des infractions d’affaires, on a parfois des règles particulières en
matière de prescription parce que les infractions d’affaires sont le terrain privilégié
d’une nouvelle catégorie d’infractions : les infractions clandestines ou occultes pour
lesquelles on ne modifie pas la durée du délai de prescription (1 an pour les
contraventions, 3 ans pour les délits et 10 ans pour les crimes, à titre de principe)
mais on diffère le point de départ du délai de prescription. C’est un mouvement qui
est né à partir du délit d’abus de confiance et qui a été prolongé avec le délit d’abus
de biens sociaux. Par la suite, on l’a appliqué à d’autres délits : délit d’altération de
preuves en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité. Ici, comme pour
l’abus de confiance, le point de départ de ce délai de prescription est retardé au jour
où l’infraction est apparue et a pu être constatée dans des conditions permettant
l’exercice de l’action publique. Elle fut également appliquée dans un arrêt de 1997 à
propos du délit d’atteinte à l’intimité de la vie privée : affaire des écoutes clandestines
de l’Elysées. « Infractions par nature clandestines », dit la Cour de cassation. Elle fut
également appliquée en 2004 pour le délit de favoritisme. La Cour de cassation l’a
aussi appliqué en 2005 à propos du délit de malversation. Elle vient encore de
l’appliquer à propos du délit de tromperie (mise sur le marché d’hormones de
croissance). On a donc là un mouvement purement jurisprudentiel de création d’une
nouvelle catégorie particulière d’infractions qui se singularise en termes de
prescription.
Il ne faut pas confondre une infraction ignorée de la victime et une infraction
dissimulée par l’auteur. La prescription peut courir contre quelqu'un qui ne savait
même pas qu’elle courait. On a un peu de bricolage jurisprudentiel parce qu’on a
beaucoup de problèmes de prescription en ce moment en droit pénal.
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prononcé à titre de peine principale ou à titre de peine complémentaire. Elle
ne peut être prononcée que pour certaines infractions (atteinte volontaire à
l’intégrité physique, discrimination…)
➢ Peines privatives ou restrictives de droits (art. 131-6) :
suppose qu’un emprisonnement soit encouru, voire même une simple
amende. Peine qui peut s’ajouter ou se substituer à la peine principale. Ex :
mesures qui affectent le permis de conduire (suspension pour 5 ans ou plus),
confiscation du véhicule… Ce qui vaut pour le véhicule vaut également pour
les armes, notamment en matière de chasse. Egalement, interdiction
d’émettre des chèques pour 5 ans ou plus, autres que des chèques de retrait
ou des chèques certifiés. Ca vaut aussi pour les cartes de paiement.
Confiscation de la chose qui a servi ou été destinée à commettre l’infraction ou
de la chose qui en est le produit (pas applicable aux infractions de presse).
Peut être prononcé à titre de peine principale ou de façon complémentaire. La
loi Perben II a complété la liste : interdiction provisoire de paraître en certains
lieux ou de fréquenter certaines personnes.
➢ Peines complémentaires (art. 131-10 C. pénal) : peines
d’interdiction, de déchéance ou de privation de certains droits (notamment
privation des droits civiques, civils et de famille), confiscation ou immobilisation
d’un objet, fermeture d’un établissement, affichage de la décision ou la
diffusion de celle-ci ou communication audiovisuelle. Ces peines
complémentaires accompagnent normalement une peine principale. Mais
depuis 1975, elles peuvent être prononcées à titre de peines principales.
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de droit public, des partis ou groupements politiques, des syndicats professionnels
ou encore à l’encontre des institutions représentatives du personnel.
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jusqu’à 1,5 million d’euros, voire au-delà si des profits ont été réalisé (peut aller
jusqu’au décuple des profits réalisés).
Le conseil de la concurrence, dont la compétence est née de la dépénalisation
des ententes et abus de position dominante, qui a un pouvoir d’injonction mais
surtout de sanction. Seule limite au montant de l’amende : peut aller jusqu’à 10% du
chiffre d’affaires.
Bilan : ce sont des amendes qui sont prononcées. C’est un véritable pouvoir
sanctionnateur qui est conféré à ces autorités administratives. Ce qui ne va quand
même pas de soi ; il n’y a aucune référence dans la Constitution à un tel pouvoir.
C’est un peu mettre à mal le principe de séparation des pouvoirs. Le conseil
constitutionnel (30/12/1982) a cependant accepté l’idée que ce pouvoir
sanctionnateur soit laissé par le législateur à une autorité de nature non
juridictionnelle. Il marque toute sa réticence en utilisant l’expression « le législateur a
cru devoir laisser… ». 7 ans plus tard, il affirme qu’il est « loisible au législateur de
confier à une autorité administrative indépendante des pouvoirs de sanction dans la
limite nécessaire à l’accomplissement de sa mission » (17/01/1989). La CEDH s’en
accommode également ; Engel, 1976. On s’en accommodera aussi. Mais
l’importance des sanctions prononcées leur donne un caractère quasi pénal.
Ces sanctions sont prononcées non pas par des autorités juridictionnelles
mais par des autorités administratives indépendantes, voire même des
administrations. Ces sanctions sont très importantes ; n’est exclue que la peine
d’emprisonnement. Quid de leur coexistence avec des sanctions pénales
prononcées par les juridictions répressives si le même fait est constitutif d’une
infraction pénale ? Non bis in idem ; on ne peut être puni 2 fois pour le même fait.
Alors comment accepter cette coexistence ? Cet adage est consacré par le CEDH
(art. 4 du protocole n°7 additionnel). Peut-on cumuler à propos d’un même fait des
sanctions pénales prononcées par une autorité juridictionnel et des sanctions
administratives prononcées par des autorités administratives indépendantes mais qui
ont un caractère quasi pénal ? La réponse est aujourd'hui claire : Conseil
constitutionnel, 28/07/1989 : le principe selon lequel une même personne ne peut
être poursuivie et punie deux fois pour le même fait ne reçoit pas application en
cas de cumul entre des sanctions pénales et administratives. On peut donc
parfaitement cumuler pour un même fait le prononcé de sanctions pénales et
administratives ; elles ne sont pas de même nature.
N’empêche que les sanctions à caractère administratif ne sont pas loin, de par
leur gravité, d’être des sanctions pénales. Dans cette même décision, après avoir
accepté le principe d’un cumul, il pose quand même une limite : la règle de la
proportionnalité. Le cumul de ces sanctions pécuniaires prononcées ne peut
dépasser le montant le plus élevé de l’un des 2 sanctions encourues. Donc principe
de mise à l’écart de l’adage non bis in idem mais dans la limite d’une sanction qui
reste proportionnée.
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interdiction de l’exercice des fonctions pendant 2 ans. La Cour de cassation confirme
qu’il peut y avoir cumul. La France a assorti l’article 4 du protocole n°7 de réserves.
Justement, ces réserves concernaient l’hypothèse d’un cumul de sanctions
disciplinaires et pénales. De même, la chambre criminelle l’avait déjà dit auparavant :
arrêt de 1996 à propos de sanctions fiscales. Idem pour le Conseil d’Etat, dans un
avis du 4/04/1997 à propos des sanctions fiscales (avis Jamet).
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Cour de cassation 1999 : droit à un procès équitable opposable au conseil de
la concurrence. C’était une des affaires les plus emblématiques du conseil de la
concurrence (toute l’affaire des ententes illicites dans le secteur du bâtiment).
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Chapitre 2 : Les infractions empruntées au droit commun
I. L’escroquerie
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A. Les éléments constitutifs de l’infraction
Ici, l’usage suffit. Le mensonge suffit. Il n’y a pas besoin d’élément extérieur
venant conforter le mensonge. Sous cet éclairage très important, reste à savoir ce
que cela recouvre. Usage d’un faux nom (on parle du nom de famille et non plus de
nom patronymique). Il faut ici un mensonge mais le mensonge suffit. Ce peut être
sous forme verbale ou écrite. Peu importe que le titulaire du nom ait donné son
accord. Affaire du docteur Duval de 1938 : un médecin avait une certaine notoriété et
a ouvert partout en France des cabinets au nom du docteur Duval. Peu importe que
cela soit fait avec son accord, il y a escroquerie et complicité d’escroquerie. Il peut
s’agir également d’une particule, d’un pseudonyme. Il ne suffit pas d’utiliser une
homonymie.
Usage d’une fausse qualité : deux conceptions : une conception restreinte où
il ne s’agirait que des éléments de l’état civil, notamment l’âge, la nationalité… et
puis une conception plus large qui engloberait tous les éléments relevant de la
situation sociale de la personne, tout ce qui serait de nature à donner crédit aux
allégations mensongères. Aujourd'hui, c’est une conception extensive de la qualité
qui prédomine. Suppose un acte positif, verbal ou écrit. On peut mentir sur sa
situation matrimoniale, son âge, ses liens de famille, sa situation professionnelle
(notaire, avocat, médecin…), ses titres (fonction ecclésiastique, titres nobiliaires,
légion d’honneur, titres universitaires, juridiques). Fausse qualité de commerçant, de
salarié, de représentant commercial…
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confiance est inhérente (confidents nécessaires). Peu à peu, la jurisprudence l’a
élargie pour atteindre toute relation particulière de confiance préexistante. La relation
de confiance n’est pas attachée aux professions elles-mêmes. Ex : 23/03/1978 à
propos du directeur comptable d’une entreprise qui avait abusé de sa qualité dans
ses relations avec le banquier de l’entreprise pour obtenir à titre personnel des prêts
avantageux.
Cour de cassation, crim, 1986 à propos d’un délégué syndical qui avait abusé de sa
qualité pour l’utilisation de ses heures de délégation. Mais à l’époque, on était
sanctionné au titre de manœuvres frauduleuses et non au titre d’abus de qualité
vraie.
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fait par écrit et de manière réitérée. En revanche, le fait d’accompagner une
déclaration maladie de certificats médicaux émanant de tiers est susceptible de
constituer une manœuvre frauduleuse.
Cour de cassation 30/01/1992 : les juges du fond avaient condamné un chef
d’entrepris qui avait fait une demande d’indemnisation au titre du chômage partiel à
propos de salariés qu’il savait ne pas avoir droit au bénéfice de ces indemnités.
Condamné pour escroquerie. La Cour de cassation casse la décision car la liste
nominative de salariés ne constituait qu’un écrit émanant du prévenu. Il n’y avait pas
d’élément extérieur.
Tout est dans l’article 313-1 : il va sanctionner celui qui, par un des moyens
frauduleux, aura trompé une personne physique ou une personne morale et l’aura
déterminée ainsi à opérer cette remise ou cette fourniture. On est bien dans le dol
criminel (trompé ; erreur provoquée). La victime de l’escroquerie peut être une
personne morale.
« Déterminée » : c’est la condition fondamentale. Il faudra prouver
systématiquement un lien de causalité entre le moyen frauduleux et la remise de la
fourniture. C’est bien ce moyen frauduleux qui aura été déterminant. C’est une
exigence de causalité très forte.
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3
Remettre ou fournir. L’ancien article 405 : l’erreur provoquée consistait à avoir
remise des fonds, des meubles, obligations, dispositions, billets, promesses,
quittances ou décharges. Liste assez lourde. A travers le terme « décharge », la
chambre criminelle avait atteint des hypothèses intéressantes, notamment celles où
le créancier avait cru recevoir paiement des sommes qui lui étaient dues. On est
dans l’immatériel. On a abouti à la dématérialisation des infractions contre les biens
(illustration). Ex : escroquerie au parcmètre, aux communications téléphoniques. Le
créancier croit avoir reçu son dû. La victime de l’escroquerie ne m’a rien remis mais
j’ai obtenu un bien immatériel. Jurisprudence de 1970.
Aujourd'hui, la formule est beaucoup plus condensée. Ce qui est visé : la
remise de fonds, de valeurs ou d’un bien quelconque. Consentir un acte opérant
obligation ou décharge. Ce sont tous les titres qui créent, constatent, transmettent ou
étayent un droit. Reconnaissance de dette, contrat de prêt, de bail, quitus….
Dernière forme d’erreur provoquée : fournir un service. Un service est une
prestation immatérielle. Il y a ici consécration indirecte de la jurisprudence sur le
parcmètre. Il y a également escroquerie à la prestation de service.
Ainsi, dans un arrêt de 1949 : quelqu'un qui achète à la croix rouge 15 colis
pour les prisonniers d’une commune. Problème : la commune n’avait que 13
prisonniers. Mais la Croix rouge a bien été payée pour 15 colis. Donc pas de
préjudice. Mais le délit existe quand même. La Cour ajoutait : « dès lors que la
remise a été extorquée par des moyens frauduleux ». Or c’est con parce que sinon,
il n’y aurait pas d’escroquerie. Forcément, la question se pose si on a d’abord établi
que la remise a été provoquée par des moyens frauduleux.
Arrêt du 3/04/1991 chb. crim : quelqu'un est victime du bris d’un pare-brise. Il
demande réparation à son assurance. Le garagiste lui remet un pare-brise
d’occasion. L’assurance porte plainte. Or l’assurance n’était tenue que de remplir
son engagement contractuel : versement des sommes. Elle n’a pas à savoir ce que
l’assuré en fait. La Cour de cassation relève qu’elle n’a versé que ce qu’elle était
tenue de verser. Elle n’a pas subi de préjudice. Donc il n’y a pas d’escroquerie. A
contrario, le préjudice est donc bien un élément constitutif de l’escroquerie.
Donc revirement en 1991.
Si pas de préjudice il n’y a pas d’escroquerie !! 1991
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frauduleuses. Si le préjudice est le préjudice moral, la condition est
systématiquement remplie ; il équivaut aux vices du consentement. C’est une
fausse condition ; elle sera forcément remplie sinon il n’y aurait pas d’action. Il faut
comprendre le préjudice au sens de préjudice d’ordre patrimonial. Se réduit aux
vices du consentement.
4. L’intention coupable
Il est évident que l’escroquerie est un délit intentionnel qui suppose d’avoir
une pleine conscience des moyens frauduleux usés. Il faut que cette volonté se
dédouble,
Deux conditions : il faut non seulement avoir usé de ces moyens frauduleux mais
dans le but d’avoir provoqué la remise de la chose.
Pas de difficulté sur l’exigence d’une intention coupable. Parfois un peu plus de
difficulté sur la preuve. Hypothèse où des personnes font croire à un pouvoir. On
peut avoir une difficulté au pénal à faire cette part des choses entres celui qui
trompe sciemment et celui qui de bonne foi croit avoir un véritable pouvoir.
B. La répression de l’infraction
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- En cas d’infraction commise en bande organisée : depuis Perben II, c’est
10 ans de prison et 1 million d’euros d’amende.
De nombreuses peines complémentaires sont prévues.
Responsabilité pénale des personnes morales : maximum 1.875.000 euros
d’amende.
a. Complicité et tentative
La complicité est punissable. Elle atteindra le tiers dès lors qu’il était
de mauvaise foi.
b. La prescription
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délivrance d’un titre permettant des revenus répétés dans le temps. Si on applique le
droit commun, le point de départ de la prescription court à compter du jour de la 1ère
remise. On avait ici un risque d’irresponsabilité pénale par le jeu de la prescription.
Contourné par la Cour de cassation qui applique la théorie du tout indivisible :
dans cette hypothèse, la point de départ du délai de prescription doit être
reporté au jour du dernier versement si l’ensemble des manœuvres et des
remises forme un tout indivisible. Jurisprudence bien assise (1968). Pour une
application récente : 6/10/2004. Il s’agissait de 383 qui avaient été effectués par la
suite.
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Escroquerie au bilan : c'est un peu dérogatoire. Le simple mensonge ne
suffit pas donc en principe, la présentation d’un faux bilan ne s’analyse que comme
l’expression écrite d’un mensonge. En droit pénal des sociétés, le Code de
commerce réprime spécifiquement (art. 242-6, 2°) réprime le délit de présentation ou
publication de faux bilan. En réalité, cette présentation relève d’une incrimination
spécifique. Il n’empêche que la jurisprudence, depuis 1933, décide que la production
d’un bilan volontairement falsifié s’analyse également en escroquerie, notamment le
plus souvent parce qu’il y a l’intervention d’un tiers (comptable, de bonne ou
mauvaise foi). C'est un document auquel s’attache un crédit particulier.
Escroquerie au jugement : manœuvre qui consiste à tromper les juges
pour en obtenir une décision favorable, notamment par la production de faux
documents (crim. sept. 1996). Sur ce terrain, la chambre criminelle se montre très
stricte. Elle estime qu’il y a escroquerie au jugement par la simple production de
documents alors même qu’il incombait au juge d’en apprécier la portée et la valeur
(donc alors même qu’on produit une pièce soumise au contradictoire, qui ne fait pas
foi par elle-même).
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notamment lorsque la publicité présente un caractère intensif (1968). Elle l’utilise
facilement pour les marchands de listes.
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II. Les infractions voisines de l’escroquerie
Une infraction n’est plus aujourd'hui classée parmi les infractions voisines de
l’escroquerie : l’abus de faiblesse. Il y figurait mais il figure désormais parmi les
infractions contre les personnes et non plus contre les biens. Art. 223-15-2 à 223-15-
4 du Code pénal. Il a été déplacé par la loi du 15/06/2001 contre les sectes. Ce sont
les formes agressives de démarchage à domicile. Ce qu’incrimine cet article, c'est
l’abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de faiblesse. Ça peut être soit d’un mineur
soit d’une personne particulièrement vulnérable. La loi vise également la personne
en état de sujétion psychologique ou physique (idée : atteindre les pratiques de
certaines sectes). 375000 euros d’amende, 3 ans de prison. Possibilité de
responsabilité pénale de la personne morale
A. Les filouteries
Forme principale : la filouterie d’aliments. Art. 313-5 qui donne une définition
générique pour en détailler les différentes formes. On l’appelle également la
grivèlerie. Principe de la légalité des délits et des peines. En 1810, ce délit n’était pas
incriminé. Principe de l’interprétation stricte de la loi pénale. Poursuite pour vol. Mais
il y a remise volontaire de la chose. Escroquerie : mais il n’y a pas de manœuvres
frauduleuses, ni usage de qualité vraie. Pas d’abus de confiance non plus (refus de
restituer une chose). Donc impunité. Ce qui fait que, devant les limites au pouvoir
d’interprétation du juge, il a fallu attendre une loi spécifique de 1873 pour incriminer
ce délit.
Le nouveau Code pénal a élargi l’approche de ce délit de filouterie.
Jusqu’alors, ce qui était visé était le fait d’avoir bénéficié de certains services tout en
sachant qu’on était dans l’impossibilité absolue de ne pas payer. La réforme du Code
pénal y a ajouté à l’impossibilité absolue de payer le fait d’être déterminé à ne pas
payer. S’agissant des aliments, il s’agit de s’être fait servir des boissons ou des
aliments dans un établissement vendant des boissons ou des aliments. Quid si
livraison à domicile ?
D’autres formes de filouterie sont visées : filouterie de transport (313-5, 4°) :
filouterie de taxi ou de voiture de classe. La Cour de cassation a jugé par exemple
que ne relevait pas de cette incrimination le fait pour une personne de se faire
transporter en ambulance de Laval à Marseille en se faisant passer par une
ambulance. On pourrait avoir ici l’escroquerie. CA Toulouse en octobre 2000 : un car
de transport en commun n’est pas une voiture de classe.
Filouterie de carburants ou lubrifiants (1966) : incrimine celui qui se sera fait
servir de tels produits dont il aura fait remplir en tout ou partie du réservoirs d’un
véhicule par un professionnel de la distribution. Quid dans un libre service ?
Filouterie d’hôtel (1937) : se faire attribuer et occuper effectivement une ou
plusieurs chambres dans un établissement louant des chambres quand l’occupation
n’a pas excédé 10 jours. Tous ces délits sont des délits intentionnels et désormais, la
peine est unifiée : 6 mois, 7500 euros. Pas de responsabilité pénale des personnes
morales jusqu’au 31/12/2005.
Art. 313-6. C'est à titre principal le fait, dans une adjudication publique,
d’écarter un enchérisseur ou de limiter les enchères ou soumissions. Et cela par don,
promesse, entente ou tout autre moyen frauduleux. On peut avoir des problèmes de
voisinage : Cour de cassation, 30/03/2003. A propos de marchands de biens. La
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0
Cour de cassation reproche à la CA de ne pas avoir recherché s’il n’y avait pas délit
d’escroquerie. Peine encourue : 22500 euros, 6 mois d’emprisonnement. Est puni de
la même peine celui qui aura accepté les dons ou promesses.
L’article assimile d’autres comportements qui en réalité ne sont pas des
atteintes à la liberté des enchères : fait d’entraver ou de troubler la liberté des
enchères ou soumissions par violence, voie de fait ou menaces ; fait de procéder ou
participer, après une adjudication publique, à une remise aux enchères sans le
concours d’un officier ministériel compétent ou d’une société agréée (atteinte à la
réalité des enchères).
Art. 313-6-1 (loi de 2003) : il s’agit ici de lutter contre l’insécurité résultant
d’opérations irrégulières de biens immobiliers. Ce qui est incriminé, c'est le fait de
mettre à disposition d’un tiers, en vue qu’il y établisse son habitation, moyennant le
versement d’une contribution ou la fourniture de tout avantage en nature, un bien
immobilier appartenant à autrui sans être en mesure de justifier de l’autorisation du
propriétaire ou de celle du titulaire du droit d’usage de ce bien. 1 an
d’emprisonnement, 15000 euros d’amende. C'est une sorte d’escroquerie au
logement. Il s’agit de protéger le bénéficiaire dupé. Illustration parfaite du répressif
pour faire plaisir, du fait divers érigé en loi et surtout de l’incompétence ; on peut très
bien réprimer ce droit commun avec les instruments du droit commun.
Art. 314-1 du nouveau Code pénal qui a succédé à l’article 408 de l’ancien
Code pénal. Ces éléments constitutifs sont nombreux.
a. L’objet de la remise
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L’article 408 de l’ancien Code pénal utilisait une formule longue et lourde (cf à
propos de l’escroquerie). L’article 314-1 est plus condensé : il utilise la « remise de
fonds, valeurs ou un bien quelconque ». Sous l’empire de l’ancien Code pénal, la
formule de l’article 408 emportait 2 exclusions : l’exclusion des immeubles (fondée
sur l’incompatibilité entre l’abus de confiance et le bien immobilier ; comment peut-on
détourner un bien immobilier ?) et l’exclusion des biens incorporels, des biens
immatériels. Tout au plus avait-on une interprétation extensive du terme « écrits ».
Alors même qu’ils n’opéraient pas ou ne contenaient pas opération ou décharge, elle
incluait certains écrits ayant une valeur marchande ou commerciale particulière et
dont le détournement était préjudiciable. Ex : détournement d’un fichier de clientèle.
Cour de cassation 1968. De même pour des documents comptables en 1980.
Au sortir de la réforme du Code pénal, l’immeuble est toujours exclu.
L’exclusion de l’immeuble est maintenue. Confirmé par un arrêt du 10/10/2001.
Hypothèse d’un prêt d’une chambre pour un week-end. Refus de restituer les clés.
La cour d’appel avait condamné la personne au titre d’un abus de confiance portant
sur les clés. La Cour de cassation ne s’est pas montrée dupe et elle a cassé car elle
a relevé que la CA a en fait réprimé l’utilisation abusive d’un bien immobilier sous
couvert de la non-restitution des clés permettant d’y accéder. Confirme donc
l’exclusion des immeubles du champ de l’abus de confiance. « Fonds » : argent.
« Valeurs » : bijoux, lingots, valeurs mobilières. « Bien quelconque » : tout bien
mobilier ; écrits, même s’ils n’ont pas de valeur marchande. Aujourd'hui, il peut y
avoir abus de confiance si on refuse de restituer une lettre d’amour.
Quid de l’exclusion des biens immatériels ? Sous l’ancien Code pénal, la Cour
de cassation avait une position très claire : 9/03/1987. Coup d’arrêt dans le
processus de la dématérialisation des infractions contre les biens. La Cour de
cassation refuse d’appliquer l’abus de confiance à une chose immatérielle. Un salarié
avait quitté une entreprise pour créer la sienne. Il proposait à ses clients des contrats
absolument identiques à ceux qu’il proposait au titre de son ancien emploi. L’ancien
employeur porte plainte pour abus de confiance. Oui mais il fallait prouver qu’il avait
emporté un contrat, un écrit. La Cour de cassation a refusé. L’abus de confiance ne
peut porter que sur l’écrit qui constate le droit (instrumentum), pas sur le droit lui-
même (negotium). Il faut que la chose objet du détournement soit un bien matériel,
corporel. On a eu un léger infléchissement de la Cour de cassation : arrêt du
30/05/1996 à propos de la dématérialisation des valeurs mobilières, le transfert se
faisant désormais simplement par une inscription en compte courant. La Cour de
cassation a un peu contourné l’obstacle en considérant que l’inscription en compte
de valeurs incorporelles constitue un écrit qui entre dans la prévision tant que 408
que de 314-1. Les registres qui portent le nom des titulaires des valeurs mobilières,
ok. Mais le détournement a porté sur l’inscription d’un nom. La Cour de cassation se
cherche avec cet arrêt de 1996.
Elle ne se cherche plus ; elle a pris une autre position le 14/11/2002. Une
cliente d’une entreprise de vente par correspondance avait donné son numéro de
carte bancaire à l’occasion du paiement d’une commande assortie d’une autorisation
de prélèvement. La commande avait été annulée. L’entreprise avait gardé le numéro
de carte et l’autorisation de prélèvement et elle s’en est servie pour payer un sous-
traitant lors d’un nouvel envoi refusé par la cliente. Le numéro de carte bancaire n’est
pas la carte ; chose immatérielle. C'est une information. L’enjeu est de taille ici. La
Cour de cassation a rendu un arrêt de principe : les dispositions de l’article 314-1
s’appliquent à un bien quelconque et non pas seulement à un bien corporel.
Revirement ? Point du tout. Il y a juste une toute petite différence avec l’arrêt de
1996 : le texte incriminateur a changé. L’art. 314-1 vise un bien quelconque alors que
l’art. 408 visait un écrit.
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2
Jurisprudence bien assise et bien acquise. Cour de cassation 20/10/2004 : un
directeur d’une association va employer les salariés de l’association pendant leur
temps de travail à des fins personnelles. Ce qui s’analyse comme un détournement
de fonds de l’association. Or ici, c'est la force de travail qui a été remise. Ce sont des
prestations.
Cour de cassation 19/05/2004 : un salarié qui utilise l’ordinateur et la connexion
internet mise à sa disposition pour aller visiter des sites à caractère pornographique.
Abus de confiance. La Cour de cassation vise qu’il utilise l’ordinateur et la connexion
internet.
Cour de cassation 22/09/2004 : commet un abus de confiance le salarié qui détourne
un projet. C'est un salarié qui avait été embauché par une entreprise en tant que chef
de projet et il devait élaborer une borne informatique de gestion de station
d’épuration et cela pour une société cliente A. Une fois la borne réalisée, le salarié
soumet, au nom de la société qui l’a embauché, une offre préliminaire à la société A.
Peu de temps après, il soumet une autre offre sur le même projet à la même société
cliente mais au nom d’une autre société avait qui il était entré en contact. Le dirigeant
de la société a porté plainte pour abus de confiance. La Cour de cassation a
considéré qu’il y avait abus de confiance parce qu’il y a eu détournement au profit
d’un tiers d’un projet qui, dès sa réalisation, était propriété de son employeur et dont
le salarié n’était que détenteur. Non seulement on applique l’abus de confiance à un
projet mais en plus la Cour de cassation dit qu’il fait l’objet d’un droit de propriété.
Arrêt très intéressant.
Cette remise doit être volontaire. Elle peut être matérielle mais aussi juridique
(c'est la traditio de brève main). Cette remise doit être précaire. C'est le caractère
fondamental, essentiel, inhérent à ce délit. Celui à qui la chose a été remise n’en est
que le détenteur précaire. Impact de la réforme du Code pénal : sous l’ancien code,
figurait à l’article 408 une liste limitative de 6 contrats causes de la remise : louage,
dépôt, mandat, nantissement, prêt à usage (commodat), travail salarié ou non salarié
sur la chose ou grâce à la chose. Ces contrats devaient avoir été la cause juridique
de la remise. D’où exclusions : le prêt de consommation (qui emporte transfert de
propriété), la vente, le contrat de société, l’échange, le contrat d’entreprise.
Hésitations aussi : pas d’hésitation pour la vente (qui emporte transfert de
propriété ; celui à qui la chose a été remise est non seulement détenteur mais aussi
possesseur), mais hésitation pour le crédit-bail. On met en avant le contrat de louage
(assorti d’une promesse unilatérale de vente) et qui va se transformer en vente au
moment de la levée d’option. On fait prévaloir la bail, donc il peut donner lieu à abus
de confiance (crim., 1979). Quid dans la location-vente ? Quel aspect l’emporte ? On
a mis en avant le caractère de contrat de louage. Difficulté face à des opérations
juridiques plus complexes : la convention de compte courant contient-elle ou non un
contrat de mandat ? Réponse de principe négative. Quid pour le contrat obsèques ?
Peut-on y voir un abus de confiance si les funérailles ne sont pas organisées comme
prévu ? Réponse négative. C'est une simple avance sur rémunération du travail à
fournir. Ça ne peut donner lieu à poursuites pour abus de confiance.
La réforme du Code pénal est passée par là. Elle a supprimé cette liste
limitative de 6 contrats pour lui substituer la formule suivante : elle vise les « biens
remis et acceptés à charge de les rendre, représenter ou d’en faire un usage
déterminé ». Attention, la formule est plus large donc c'est une loi pénale plus
sévère. Elle s’appliquera aux faits commis avant le 1er mars 1994. A propos de l’abus
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3
de confiance, la jurisprudence retarde le point de départ du délai de prescription ; il
est possible que l’article 408 trouve encore à s’appliquer dans certains dossiers.
C'en est fini du travail de qualification d’un contrat sui generis ou innommé par
les juges pour savoir s’il relève ou pas de la liste. Egalement du travail de
déqualification. L’office du juge est désormais beaucoup plus simple :
indépendamment de la qualification donnée au schéma contractuel, ce travail va être
de rechercher les obligations générées par ce contrat pour apprécier si parmi ces
obligations générées il y a celle e rendre, représenter ou faire un usage déterminé.
Ça va être une analyse non pas de la qualification contractuelle mais des obligations
contractuelles. Ça va inclure les anciens contrats qui portent en eux une remise à
titre précaire. Mais on peut très bien aujourd'hui trouver une telle obligation dans un
contrat d’échange, de société ou d’entreprise.
2. Le détournement du bien
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L’ancien Code pénal visait « détournement » ou « dissipation ». Le nouveau
code ne vise que le détournement. Pas d’impact. La dissipation, c'est faire
disparaître l’objet. Mais ce n’est que la forme ultime d’un détournement. Cet élément
matériel consomme le délit d’abus de confiance. Il est ultimement et définitivement
consommé par le détournement. Les événements postérieurs sont indifférents.
Ex : 17/11/2004. Les parents d’un artiste décédé avaient confié l’exploitation
des œuvres de leur fils à une galerie d’art. L’exploitant de la galerie n’avait pas
reversé la portion qui revenait aux parents. Poursuite puis transaction. L’exploitant ne
verse pas les sommes dues au titre de la transaction. Poursuite. Relaxe au vu de la
transaction intervenue, qui a ôté le caractère délictueux. Cassation ; ce qui a
consommé le délit, c'est le détournement.
Le détournement peut prendre différentes formes : non-restitution ou usage
abusif.
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siens propres dans des conditions dont elle devait prévoir qu’elles l’empêcheraient
de les rendre oud d’en restituer le prix ». La CA a ainsi « caractérisé le délit en ses
éléments aussi bien matériels qu’intentionnels ». D’où imbrication de l’élément
matériel et de l’élément intentionnel.
3. L’intention coupable
4. Le préjudice
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(Cour de cassation 6/03/1997) celui qui était simple détenteur. En l’espèce, un
employé détournait des chèques établis par des clients du cabinet à l’ordre du Trésor
public. Est-ce que l’employeur peut se prévaloir d’un préjudice justifiant son action
civile ? La Cour de cassation a répondu par l’affirmative ; l’employeur pouvait se
constituer partie civile.
B. La répression
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IV. Les infractions voisines de l’abus de confiance
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donc également les actes accomplis antérieurement à la décision de condamnation ;
l’exigence sur l’intention coupable devra alors être renforcée : il faudra établir la
prévision frauduleuse du débiteur potentiel qui va mettre à profit la procédure pour
organiser son insolvabilité.
La répression : que le débiteur soit une personne physique ou le dirigeant
d’une personne morale, la peine est la même : 3 ans, 45000 euros d’amende. Toute
une série de peines complémentaires, notamment confiscation et affichage. La
responsabilité pénale des personnes morales est prévue.
I. Le recel
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9
Ce délit est donc un instrument clé de l’arsenal répressif, pour 2 raisons :
d’abord parce qu’il élargit le champ des personnes susceptibles d’être poursuivies à
raison d’une infraction (et non pas pour une infraction). Par delà l’auteur et le
complice, il pourrait y avoir un tiers à l’infraction : le receleur. Personne n’est à l’abri.
Ensuite, pendant longtemps on n’est pas à l’abri ; la spécificité du recel est que c'est
un délit continu. C'est toutes les conséquences de son autonomie.
1. L’élément matériel
L’article 460 de l’ancien Code pénal disait qu’est receleur celui qui recèle. Ce
qui aidait beaucoup à la compréhension de cet élément matériel.
Art. 321-1, alinéa 1er : conception traditionnelle mais déjà élargie : le recel
détention. Conception matérielle du recel. La 1ère forme : fait de détenir (avoir la
chose entre les mains), peu importe qu’on la détienne à titre onéreux ou à titre
gratuit. Autre forme : fait de dissimuler. La détention peut être secrète, cachée. On
ne détient pas au vu et au su. L’alinéa 1 er est allé plus loin : il vise également
l’hypothèse où la détention est très fugitive et instantanée : fait de transmettre la
chose. Ce qui ouvre des perspectives importantes. Un banquier peut ne faire qu’une
simple transmission (ou même toute personne physique qui transmet la chose).
L’article vise aussi le fait de faire office d’intermédiaire afin de la transmettre. Là
aussi, c'est énorme. Personne qui ne fait que mettre en contact, même si elle n’a pas
vu la chose. La détention matérielle n’est donc pas toujours requise ; ce n’est qu’une
des formes visées par l’alinéa 1er.
L’agissement en question suffit ; il n’est pas nécessaire qu’il y ait eu recherche
d’un profit personnel. Cour de cassation 27/10/1997, affaire Carignon : certaines des
sommes dont il avait bénéficié avaient servi à éponger le passif d’une société dont il
n’était ni dirigeant de droit ni dirigeant de fait. Il n’était pas intéressé à la société. Ça
n’a pas empêché qu’il soit condamné pour avoir fait office d’intermédiaire afin de la
transmettre. La Cour de cassation a rappelé que le profit personnel n’était pas
nécessaire.
Cour de cassation 16/12/1997, affaire Emmanuelli : même chose : recel de
trafic d’influence en sa qualité de trésorier d’un parti politique, alors qu’il n’avait tiré
aucun profit personnel.
Sous l’empire de l’ancien Code pénal et au motif que l’article 460 était rédigé
en termes généraux (c'est un euphémisme), on a pu assister à une interprétation
extensive de ce délit par la Cour de cassation. Là aussi, c'est une illustration parfaite
de l’interprétation extensive par dérogation au principe de l’interprétation stricte de la
loi pénale. Car la jurisprudence, dans les années 1970, a donné une interprétation
large de l’incrimination de recel et consacrant le recel profit. (crim. 9/07/1970) La
Chambre criminelle sanctionne tous ceux qui, en connaissance de cause, ont, par un
moyen quelconque, bénéficié du produit d’un crime ou d’un délit. Arrêt de référence.
On a condamné pour recel une personne qui avait pris place dans une voiture qu’elle
savait avoir été volée. On a donc là une interprétation très large. Autres applications,
notamment en 1974 à propos du mari qui profite du train de vie luxueux que son
épouse lui assure par des détournements frauduleux ou encore en 1979 à propos du
mari d’une antiquaire.
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0
Cette forme de recel profit ouvre des perspectives énormes. C'est de
l’immatériel. Notamment perspective du recel d’usage ou du recel de consommation
(24/10/1979). Contrefaçons, piratages… le recel a des perspectives immenses. Cour
de cassation 1987 : celui qui va améliorer un bien grâce à des fonds provenant d’un
délit (le beau-fils du maire d’Aix-en-Provence avait amélioré sa résidence secondaire
avec les fonds fournis).
Cette jurisprudence a été consacrée à l’occasion de la réforme du Code
pénal : art. 321-1, alinéa 2 qui consacre le recel profit : « constitue également un
recel le fait, en connaissance de cause, de bénéficier par tout moyen du produit d’un
crime ou d’un délit ».
Eclairage 1er : la chose est d’origine frauduleuse. Elle provient d’un crime ou
d’un délit. Il n’y a pas de précision d’un point de vue positif ; donc tout crime et tout
délit. On a l’habitude de parler de recel à propos du vol, mais tout délit (émission de
chèque sans provision, contrefaçon, violation du secret de l’instruction, violation du
secret des correspondances…). Tous les crimes, tous les délits, mais pas les
contraventions.
Sous cet éclairage fondamental, la condition est que cette infraction d’origine
soit antérieure à l’agissement constitutif du recel. Ex : recel de filouterie de
carburant : un passager savait parfaitement que le véhicule dans lequel il montait
allait circuler avec du carburant frauduleusement obtenu.
Quelle doit être la nature de la chose ? Il s’agira le plus souvent d’un bien
matériel : argent, bijoux, tableaux… et le plus souvent du bien matériel objet même
de l’infraction d’origine. Mais le droit pénal fait ici application d’un mécanisme du droit
civil : la subrogation réelle : le recel peut porter sur la chose qui a été substituée,
qui a remplacé la chose objet même de l’infraction d’origine. Je vole une voiture, le
receleur la vend ; il détient les fonds correspondant au prix de vente. Il sera receleur
du bien substitué à la chose objet de l’infraction d’origine.
Ça participe du débat récurrent : peut-il s’agir d’un bien immatériel
(dématérialisation des infractions contre les biens). Réponse de référence :
3/04/1995, affaire du Canard enchaîné. Les salariés de Peugeot, en grève,
réclamaient une augmentation et le dirigeant refusait. Le journal sort le duplicata de
sa feuille d’imposition qui révèle qu’il s’est accordé une augmentation de salaire
importante. On a poursuivi les journalistes pour recel de violation du secret
professionnel (même si on n’a jamais su qui avait violé le secret professionnel). Si
recel de photocopie, la photocopie est un document matériel. Si recel d’information,
peut-il y avoir recel d’information ? En 2005, à l’ère de l’immatériel, question centrale.
La Cour de cassation rend un arrêt de principe en 1995 : « une information, quelle
qu’en soit la nature ou l’origine, échappe aux prévisions tant de l’article 460 que de
l’article 321-1 du nouveau Code pénal ». On a retenu le recel de photocopie de
documents mais pas le recel d’informations.
6
1
l’espèce. Où l’on retrouve l’imbrication entre élément matériel et élément
intentionnel. Ex : la dissimulation, l’achat à vil prix supposent souvent l’intention
coupable. La Cour de cassation se montre souple sur ce point : il suffit que le
prévenu ait eu des doutes sur l’origine frauduleuse ou pas du bien. Pouvoir
souverain d’appréciation des juges du fond.
Mais il n’y a pas de recel par imprudence ou par négligence.
6
2
B. La répression de l’infraction
Recel aggravé : il peut être aggravé par lui-même, en tant que délit autonome.
Circonstances propres à lui-même. Il en sera ainsi lorsque le recel a un caractère
d’habitude. Quand il est commis en utilisant les facilités que procure l’exercice d’une
activité professionnelle. Où l’on retrouve l’impact de la loi de 1987 (professionnel
receleur). Recel en bande organisée. 10 ans de prisons, 750000 euros d’amende.
Circonstances aggravantes tenant à l’infraction d’origine : si elle expose à une
peine d’emprisonnement supérieure à celle encourue au titre du recel, le receleur
encourt cette même peine d’emprisonnement. Si l’infraction d’origine comporte des
circonstances aggravantes, le receleur encourt les peines attachées aux
circonstances dont il aura eu connaissance. Le receleur est ici mieux traité que le
complice. Donc le recel peut parfois être une infraction criminelle, au regard des
circonstances d’origine (ex : enlèvement d’enfant avec demande de rançon ; vol avec
port d’armes). On parle alors de recel qualifié.
6
3
Particularités attachées au caractère autonome de ce délit : il importe peu que
l’auteur de l’infraction d’origine n’ait pas été poursuivi ou n’ait pas encore été
condamné ou ait été relaxé (pour des raisons subjectives). Le recel est punissable
même si l’auteur de l’infraction d’origine est inconnu. Problèmes notamment lorsque
la personne auteur de l’infraction d’origine est déterminante (ex : recel de violation de
secret professionnel). Mais surtout, conséquence quant à la prescription : il importe
peu que l’infraction d’origine soit prescrite. Le recel a donc son propre régime de
prescription : le recel est l’archétype du délit continu. Le délai de prescription, qui est
en principe de 3 ans (10 ans si recel qualifié), court à compter du jour où l’infraction a
cessé. Ce sera donc notamment du jour où la détention a cessé. C'est facile pour un
fait matériel comme la détention ; c'est plus difficile en cas de recel profit, qui peut
être très immatériel.
Attention, dérogation à cette autonomie : la jurisprudence a redonné une
certaine place à la connexité sur ce terrain : hypothèse où l’infraction d’origine est un
abus de bien social. Cour de cassation, affaire Michel Noir (6/02/1997) et affaire
Carignon : le recel du produit d’un abus de bien social ne saurait commencer à se
prescrire avant que l’infraction dont il procède soit apparue et ait pu être constatée
dans des conditions permettant l’exercice de l’action publique. La prescription du
recel ne peut commencer à courir, dans cette hypothèse, avant que ne commence à
courir la prescription de l’infraction d’origine. Peut-être solution limitée au recel profit
dont vient l’abus de bien sociaux. Ceci dit, la Cour de cassation a persisté dans un
arrêt du 7/05/2002 à propos du produit d’un abus de confiance (mêmes règles de
prescriptions).
6
4
(patrimoine), ce qu’on ne retrouve pas dans une universalité de fait (c'est un
ensemble). Chacun des éléments qui composent le STAD n’est pas protégé en tant
que tel. Il n’est protégé qu’en tant qu’élément de cet ensemble. Le délit pénal n’est
donc encouru qu’en cas d’atteinte à un élément intégré au STAD. Pas de protection
ut singuli des éléments composant le STAD.
La définition sénatoriale avait été complétée par une autre exigence : que cet
ensemble soit protégé par un dispositif de sécurité. La jurisprudence (notamment CA
Paris, 1994) a écarté cette condition et il n’est pas nécessaire que l’accès soit limité
ou protégé par un dispositif de sécurité. Il suffit que le maître du système
informatique ait manifesté l’intention d’en restreindre l’accès à certaines personnes.
Cette idée explique un arrêt CA Paris 30/10/2002, affaire Kitekoa. Un journaliste
spécialisé dans les technologies de l’information avait décidé de déceler les failles
des systèmes informatiques pour qu’elles soient corrigées. Par Netscape, il est
parvenu à accéder au site internet de la société Tati et puis il a pu accéder à des
données à caractère nominatif conservées par cette société. Il s’est rendu compte
que n’importe qui pouvait accéder à des données à caractère personnel sur ce site. Il
signale cela à la société et puis le divulgue dans un article. Poursuivi. Condamné en
1ère instance mais la CA de Paris a infirmé la condamnation en constatant qu’il ne
peut être reproché à un internaute d’accéder aux données ou de se maintenir dans
les parties d’un site qui peuvent être atteintes par la simple utilisation d’un logiciel
grand public de navigation, ces parties de sites ne faisant l’objet d’aucune protection
et de tout obstacle à l’accès. Arrêt discuté d’un point de vue juridique. Peut-être
avons-nous là l’explication sur l’élément intentionnel (présence ou non d’un dispositif
de sécurité).
Le délit principal est le délit de l’article 323-1, alinéa 1 qui incrimine l’accès OU
le maintien frauduleux dans un STAD. La loi vise l’accès frauduleux. Ce sont tous les
modes irréguliers de pénétration dans un système informatique. Dès lors qu’il y a
pénétration irrégulière, que l’accédant travaille déjà sur la même machine mais à un
autre système ou qu’il procède à distance, la loi s’applique. Elle vise aussi le
maintien frauduleux. Le simple fait d’accéder suffit. Il peut y avoir délit par accès
sans maintien. Mais surtout, le délit existera en l’absence d’un accès frauduleux mais
en présence d’un maintien frauduleux. Ce qui est surtout intéressant, c'est
notamment l’hypothèse où il y aura eu accès par négligence, par mauvaise
manipulation, à un système auquel je n’ai pas voulu accéder. Cette incrimination du
seul maintien frauduleux permet d’atteindre cette hypothèse d’accès involontaire
suivi d’un maintien volontaire à une partie du système dans laquelle je sais que je ne
dois pas me maintenir.
C'est l’incrimination de base. Peut-il y avoir vol d’information ? Magnifique
débat. La question est de savoir si l’information peut faire l’objet d’une propriété. On
a peut-être un délit obstacle en pénal. Pour ce délit, peu importe ce que l’on fait
après l’accès ou le maintien. Captation d’information, visualisation d’information ; peu
importe. Hirsoux y verrait bien un bon délit obstacle à la question du vol
d’information.
La loi sur la confiance dans l’économie numérique (LEN), 21/06/2004 a
aggravé les sanctions encourues : 2 ans d’emprisonnement, 30000 euros d’amende.
La peine passe à 3 ans et à 45000 euros quand de cet accès ou maintien frauduleux
il sera résulté soit la suppression ou la modification des données contenues dans ce
système soit une altération du fonctionnement de ce système. Ici, ce n’est pas
6
5
volontaire. Lorsque c'était volontaire, des délits spécifiques sont prévus. Donc ce
n’est pas du piratage ou du sabotage. C'est le curieux maladroit.
Il est visé à l’article 441-1 du Code pénal. Héritier des articles 150 et 151 de
l’ancien Code pénal, à ceci près qu’on a donné une définition générale du faux dans
le nouveau code (ce qui est assez rare).
6
6
juridiques. On voit dans cette définition les éléments constitutifs et l’idée que le faux,
au sens pénal du terme, est très lié au régime de la preuve.
6
7
1. Une altération de la vérité
La loi ne détaille plus les formes de cette altération. Aujourd'hui, on fait une
classification d’origine doctrinale et consacrée en jurisprudence. Distinction entre le
faux matériel et le faux intellectuel. Le faux matériel est la forme grossière
d’altération de la vérité. Cela touche à l’aspect physique du document. L’altération va
affecter physiquement le document et cela va donc se faire le plus souvent par
intervention postérieure à la rédaction de l’acte. On va en transformer le sens ou
rajouter. Dans cette hypothèse d’un faux matériel, le document va souffrir d’un défaut
d’authenticité. Ce faux matériel peut être aisément constatable par les techniques
d’expertise. Ce sera le fait d’une imitation de la signature d’une personne, existante
ou imaginaire .L’infraction existe même si on a utilisé un faux nom, une signature
illisible. Autre forme de commission du faux matériel : imitation de l’écriture d’un tiers,
altération de cette écriture (raturage, suppression, ajout), plastification d’un
document (ce qui va rendre effaçable l’oblitération, par exemple d’un ticket
d’autobus), par contrefaçon sur support information d’un tampon du tribunal de
commerce par exemple. Fabrication entière d’un document, contrefaçon de
documents (fausse reconnaissance de dette, fausse promesse de vente…).
Précision : qu’il s’agisse de rédiger l’acte ou d’ajouter un mot, il y a faux alors
même que le document ainsi modifié ou rédigé exprime la vérité. Cour de cassation,
1948, confirmé en 1994 ou encore le 3/06/2000 : un ancien syndic, à l’époque où il
représentait un syndicat de copropriétaires, avait signé un contrat de travail rédigé
par son successeur. Nul ne peut se constituer de preuve à soi-même. Peu importe
que je fabrique une pièce conforme à l’original qu’on ne retrouve plus. Ou que je
rectifie une erreur.
6
8
Ex : Cour de cassation 1966 : un avocat, pour étoffer le dossier d’un de ses clients
dans une affaire de divorce, fait écrire par sa secrétaire de fausses attestations.
Dans cette affaire, c'est encore plus subtil car l’auteur du faux pourrait être la
secrétaire (c'est alors un faux matériel) et on pourrait poursuivre l’avocat comme
complice du faux matériel. Mais on peut aussi le poursuivre comme auteur du faux
intellectuel. Autre forme : document dont le contenu ne correspond pas à la volonté
réelle de son rédacteur ou de son signataire. Ex : hypothèses de testament à main
guidée, fausse déclaration de vol.
Il a toujours été admis que le faux suppose un préjudice. Mais si l’exigence est
classique, la souplesse dans cette exigence l’est tout autant et la formule du
nouveau Code pénal le montre très clairement puisqu’elle évoque « un faux de
nature à cause un préjudice ». Il n’y a donc pas besoin que le préjudice soit né et
actuel. Il n’est pas requis qu’un préjudice en soit effectivement réalisé. Il suffit qu’il ait
pu en résulter. Le faux est une atteinte à la confiance que l’on doit avoir dans les
documents, notamment les documents à valeur probatoire. C'est un délit-obstacle.
Le préjudice éventuel suffit.
La Cour de cassation parle même d’un préjudice virtuel en ce sens qu’il est
certaines hypothèses où le préjudice est réellement présumé. La Cour de cassation
va dispenser les juges du fond de vérifier l’existence d’un préjudice, fût-il éventuel,
dans certaines hypothèses où le préjudice découle nécessairement de la nature de
l’écrit falsifié. C'est une sorte de présomption irréfragable de préjudice. On glisse
alors vers un délit formel.
Question : dans quelle hypothèse va-t-on considérer que la nature particulière
du document porte en elle la présomption d’un préjudice ? Toutes les hypothèses
d’un faux en écriture publique ou authentique. Ex : falsification d’un permis de
conduire (Cour de cassation nov. 1998). La Cour de cassation s’éloigne peu à peu
de ce socle et notamment, elle va élargir le champ d’application de cette
jurisprudence souple. Elle applique la même solution à des procès verbaux de
conseils d’administration. Faux dans les écritures de commerce, dans les documents
administratifs. Pour certains documents des feuilles de présence à des assemblées
générales, etc.
Pour tout autre faux (ex : simple lettre missive, constat amiable…), l’exigence
de la preuve d’un préjudice subsiste, mais il suffit qu’il soit éventuel.
3. L’intention coupable
6
9
un faux l’acte fabriqué par une ou plusieurs personnes à seule fin d’éluder la loi et de
créer l’apparence d’une situation juridique de nature à porter préjudice à autrui.
4. Le document falsifié
La nature du document : le nouveau Code pénal vise l’écrit mais aussi tout
autre support d’expression de la pensée. Cet écrit peut être manuscrit,
dactylographié, sténographié ou imprimé ; peu importe. Sous l’ancien Code pénal,
seul l’écrit était visé (d’où les expressions de « faux en écriture ». Aujourd'hui, tout
support est accepté. On a même supprimé l’incrimination spécifique de faux
informatique.
7
0
Cour de cassation, crim. 7/09/2005 : la Cour de cassation érige en écrit valant
titre un bulletin de paye. Un employeur avait mentionné sur le bulletin de paye que le
salarié se trouvait en congé payé alors qu’il était en congé maladie. Pourvoi : le
bulletin de paye n’est pas un écrit qui vaut preuve. La Chambre sociale avait procédé
à un revirement en 1999 à propos de la valeur probatoire du bulletin de paye. Avant,
il emportait présomption de paiement des sommes y figurant. Depuis 1999, cette
présomption a disparu. Valeur probatoire aux yeux de la Chambre criminelle mais
pas aux yeux de la Chambre sociale.
S’agissant de cette portée probatoire de cet écrit valant titre, la Cour de
cassation se montre beaucoup moins exigeante lorsqu’on est en présence d’un faux
matériel : elle écarte (1964, 1968) plus ou moins cette exigence d’un écrit valant titre.
1964 : pour obtenir le droit d’installer une enseigne lumineuse, quelqu'un avait imité
la signature du syndic de copropriété sur un document. La solution n’est plus
certaine sous l’empire du nouveau Code pénal.
B. La répression
3 ans, 45000 euros. Toute une série de peines complémentaires (article 441-
10), notamment privation de droits civiques, civils et de famille, interdiction d’exercer,
exclusion des marchés publics. La responsabilité pénale des personnes morales est
d’ores et déjà prévue. La tentative est incriminée.
La prescription : le faux est un délit instantané qui se consomme au jour de
l’altération de la vérité. Passé le délai de 3 ans, le faussaire ne peut plus être
poursuivi. Mais avec le faux, il y a la répression de l’usage de faux. L’usage de faux
peut prendre le relais pour poursuivre le faussaire ou celui qui utilise le document.
L’enjeu est de taille. Faux et usage de faux sont des délits distincts. Pour le faux, il
suffit qu’il y ait eu altération, même si le faussaire n’en a pas fait usage. La faux
existe indépendamment de l’usage qu’on en fait. S’agissant du délit d’usage de faux,
c'est un délit continu. La prescription ne commencera à courir que du jour où l’usage
cessera. Peines identiques pour l’usage de faux.
Article 441-2 du Code pénal. Document particulier. La loi vise un faux commis
dans un document délivré par une administration publique. L’article 441-2 reprend la
formule de l’article 441-1 quant à la finalité du document : il a été délivré aux fins de
constater un droit, une identité ou une qualité ou accorder une autorisation. Ex :
passeports, cartes d’identité, permis de conduire, certificat de naissance, permis de
conduire… Cour de cassation décembre 2004.
Ce n’est pas n’importe quel document ; la sanction est plus sévère : 5 ans,
75000 euros. Circonstances aggravantes : commis de manière habituelle ; aux fins
de faciliter la commission d’un crime ou de procurer l’impunité à son auteur ;
lorsqu’elle aura été commise par un agent public.
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1
A cette incrimination principale se greffent un certain nombre d’incriminations
spécifiques : l’art. 441-3 vise spécifiquement la détention frauduleuse d’un tel
document. On pourrait se contenter du recel, mais intérêt : lorsque le détenteur est
celui qui a falsifié lui-même le document. L’art. 441-5 incrimine spécifiquement vise le
fait de procurer frauduleusement un tel document à autrui. Un autre délit
complémentaire : l’art. 441-6 incrimine spécifiquement le fait de se faire délivrer un
tel document par un moyen frauduleux. Joue notamment dans les hypothèses de
mariage fictif (pour obtenir un titre de séjour).
2. Le faux commis dans une écriture publique ou authentique
C'est plus grave encore que le faux délivré par l’administration. Les écritures
publiques sont les écritures gouvernementales et judiciaires (jugement, sentence,
assignation, actes d’état civil). Art. 441-4. 10 ans, 150000 euros.
Cour de cassation 30/04/2003 : on a appliqué ce délit à une hypothèse de
rectification opérée sur les notes destinées à l’établissement du registre des
délibérations du conseil municipal (et non pas sur le registre lui-même).
Cour de cassation 28/10/2003 : un policier qui altère la vérité d’un procès
verbal commet le délit.
L’article 441-4 vise également les faux commis dans les enregistrements
ordonnés par l’autorité publique (notamment écoutes). C'est criminalisé si ça a été
commis par une personne exerçant une fonction publique (dépositaire de l’autorité
publique).
1 an, 15000 euros. L’art. 441-7 incrimine le fait d’établir une fausse attestation
ou un faux certificat faisant état de faits matériellement inexacts. Ex : l’avocat faisait
établir de fausses attestations par sa secrétaire pour un contentieux. Est visé le fait
d’établir une telle attestation ou un tel certificat, mais également le fait de les falsifier.
De même le fait d’user d’un tel certificat ou attestation falsifié.
7
2
2ème partie
Le recours à des incriminations spécifiques
Changement de figure radical mais on est toujours dans le Code pénal. Titre
III du livre IV, qui vise les crimes et délits contre la nation, l’Etat et la paix publique.
Le titre III vise les atteintes à l’autorité de l’Etat. Chapitre 2 : les atteintes à
l’administration publique commises par une personne exerçant une fonction
publique. Section 3 : Des manquements au devoir de probité. Nous sommes en plein
dans la vie des affaires.
C'est un passage obligé car ici, les infractions vont toutes avoir un point
commun : la qualité particulière de leur auteur. Sous l’empire de l’ancien Code pénal,
de multiples appellations étaient utilisées : fonctionnaire public, agents préposés du
gouvernement… elles ont disparu. Dans le nouveau Code pénal, on trouve des
formules plus claires et condensées.
Cette qualité particulière est ici un élément constitutif de l’infraction ou à tout le
moins une condition préalable de celle-ci. On la retrouve dans d’autres articles, y
compris des infractions de droit commun, mais elle est alors une circonstance
aggravante et non un élément constitutif.
Il y a une trilogie. Trois formules sont utilisées quasi systématiquement dans
les articles : les personnes dépositaires de l’autorité publique, les personnes
chargées d’une mission de service public et les personnes munies d’un mandat
électif (public).
Personne investie d’un mandat électif public : nos élus (députés nationaux,
européens, membres des conseils régionaux), élus de certains établissements
publics et administratifs (chambres de commerce et de l’industrie).
Personne chargée d’une mission de service public : personnes qui, de par leur
statut légal ou règlementaire, sans disposer de pouvoir d’autorité publique, vont être
chargées, à titre temporaire ou permanent, d’exercer une fonction ou d’accomplir des
actes ayant pour but de satisfaire un intérêt général.
7
3
L’ancien article 177 qui visait les préposés et agents des administrations
placées sous le contrôle de la puissance publique. On y retrouve les auxiliaires de
justice, un syndic de faillite, un administrateur judiciaire (17/12/2003), les membres
de certaines commissions instituées pour donner un avis aux autorités publiques
dans le cadre d’octroi d’habilitations, d’agrément ou d’autorisations officielles. Ex :
membres des commissions départementales d’équipement commercial, agent de la
RATP. On a de façon générale une application souple en ce domaine. Ex :
27/02/2002 : la Cour de cassation reconnaît cette qualité à un ingénieur du
commissariat à l’énergie atomique qui avait été mis à la disposition d’une agence
(EPIC) pour y instruire des dossiers d’aide publique. 19/03/2003 : un rédacteur en
chef et deux journalistes pigistes engagés par une chaîne du service public avaient
reçu des sommes d’argent en exécution de pactes corrupteurs pour assurer la
couverture médiatique d’événements sportifs. Dans cette affaire, ils ont été
considérés comme des personnes chargées d’une mission de service public alors
que les actes incriminés n’entraient pas dans une mission de service public.
§1. La corruption
I. Présentation générale
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4
Face à ce fléau, réaction nationale : arsenal répressif qu’on va étudier,
notamment art. 432-11 : corruption des personnes exerçant une fonction publique.
Mais il y a d’autres textes spécifiques lorsque le corrompu exerce des fonctions
particulières. Ex : art. 434-9 alinéa 1er : hypothèse où le corrompu est un magistrat.
Art. 441-8 : professions chargées d’établir des certificats ou attestations (médecin
notamment). Loi du 30 juin 2000 qui prévoit également la corruption des
fonctionnaires des Etats membres de l’Union Européenne, des membres de la
Commission des Communautés Européennes ou du Parlement, de la CJCE, de la
Cour des comptes (art. 435-1 du nouveau Code pénal). Création par une loi du
4/07/2005 (d’adaptation au droit communautaire) d’un nouveau chapitre au sein du
Code pénal intitulé « De la corruption des personnes n’exerçant pas une fonction
publique ». On a donc aujourd'hui un arsenal complet.
Articles 445-1 pour la corruption privée active et 445-2 pour la corruption
privée passive. La spécificité de ces nouveaux articles est la qualité de l’auteur. Qui
peut être corrompu ou corrupteur ? Est visée une personne qui, sans être dépositaire
de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public, exerce, dans le
cadre d’une activité professionnelle ou sociale, une fonction de direction ou un travail
pour une personne physique ou morale ou un organisme quelconque. 5 ans, 75000
euros. Depuis la loi du 4/07/2005, l’article visant spécifiquement la corruption du
salarié dans le Code du travail est abrogé.
7
5
II. Le délit de corruption passive
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6
fonctionnaire des ponts et chaussées avait menacé un entrepreneur de l’exclure de
tous les marchés de travaux publics de cette administration s’il ne procédait pas au
licenciement d’un de ses employés envers qui il avait une haine profonde. La Cour
de cassation l’a refusé en matière de promesses de faveurs sexuelles. Le nouveau
Code pénal utilise l’expression « avantages quelconques ». Sous l’empire du
nouveau Code pénal, on peut imaginer que l’avantage non strictement pécuniaire
pourrait être visé. Affaire Carignon, 22/10/1997 : maire de la ville de Grenoble qui
avait, pour favoriser l’octroi du service des eaux de sa commune à la compagnie
lyonnaise des eaux, avait bénéficié de voyages avec d’autres personnes, de
croisières en Méditerranée.
7
7
cette exigence d’antériorité propre au droit français ? Le texte di solliciter ou agréer
« pour accomplir ». Jurisprudence classique : 1966, 1986. Conséquences
paradoxales : le fonctionnaire qui sollicite et qui finalement n’accomplit pas est
coupable de corruption. Si le fonctionnaire accomplit l’acte puis sollicite, il n’est pas
coupable. La jurisprudence a atténué cette solution, notamment chaque fois que la
remise postérieure à l’accomplissement de l’acte pouvait être considérée comme
l’exécution d’un pacte antérieurement conclu. Le pacte corrupteur aura bien été
conclu antérieurement, et le versement postérieur n’est que son exécution tardive.
Problème de preuve. Quand l’agent public a accompli plusieurs actes successifs au
profit d’un particulier et que chacun était suivi de la remise d’argent, on va considérer
qu’on a un véritable circuit frauduleux qui fait que chaque remise postérieure est
destinée à provoquer un autre acte de corruption. Les sommes remises pour
récompenser les actes passés sont une incitation à l’accomplissement d’actes futurs.
Hypothèse où on a une succession entre les mêmes personnes. Cour de cassation
1998.
Le problème semble aujourd'hui tranché par la loi : « à tout moment », ajouté
par la loi du 30 juin 2000. Cette adjonction concerne tous les articles incriminant la
corruption passive et la corruption active. Mais ce qui justifiait la condition
d’antériorité est toujours dans la loi (« pour »). Est-ce que ça supprime l’exigence
d’un pacte corrupteur antérieur ? Je peux être corrompu alors que je n’ai rien sollicité
ni accepté.
B. La répression
7
8
Problème aussi quand le pacte corrupteur s’accompagne d’une remise pour
générer des actes de la fonction qui vont s’échelonner dans le temps. Pour tous les
actes de corruption qui dépasseront le délai de 3 ans : prescription. Pour cette
hypothèse, la Cour de cassation a également trouvé la parade : jurisprudence bien
assise selon laquelle « l’accomplissement par le corrompu d’un acte de sa fonction
ou facilité par elle constitue un acte d’exécution du pacte conclu entre le corrupteur
et le corrompu qui renouvelle le délit de corruption ». Application de la théorie
appliquée aux délits successifs. Nouveau délit pour chaque acte d’exécution, donc
nouveau délai de prescription. Souci répressif qui l’emporte sur la rigueur théorique.
Ex : Cour de cassation 8/10/2003 qui a retenu que chaque échéance d’un crédit
accordé illicitement à un taux avantageux constitue un acte d’exécution du pacte de
corruption. Solution rappelée dans un arrêt du 29/06/2005. Une banque corruptrice
avait cédé à un mandataire liquidateur, corrompu, une créance qu’elle détenait sur
une société à un prix avantageux afin qu’il agisse dans les intérêts de la banque
dans deux autres procédures de liquidation judiciaire. La banque avait fait valoir la
prescription ; la Cour de cassation approuve les juges du fond d’avoir retenu la date
du dernier acte corrupteur. Dans cet arrêt, la Chambre criminelle ajoute qu’il importe
peu que le corrompu n’ait pas accompli lui-même ledit acte, dès lors qu’il entrait dans
ses fonctions d’en proposer ou préparer la réalisation. L’inscription de la créance de
la banque au passif de la liquidation judiciaire d’une des sociétés n’avait pas été faite
par le mandataire liquidateur, mais par le juge commissaire.
7
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art. 445-1. Termes quasiment identiques, sauf pour les agissements de l’auteur de
ce délit. Ce qui va être reproché, c'est de proposer sans droit, directement ou
indirectement, des offres (…) pour que la personne exerçant une fonction publique
accomplisse un acte de sa fonction, etc. Ou alors on va lui reprocher d’avoir cédé
aux sollicitations. Pour le reste, renvoi à la corruption passive.
Pas de place ici pour l’incrimination de la tentative. Expression « à tout
moment » ajoutée par la loi du 30/06/2000.
On a l’équivalent à propos des fonctionnaires communautaires ou des
fonctionnaires nationaux d’un autre Etat membre ; art. 435-2.
Même chose à propos de la corruption des magistrats, jurée ou membres de
l’autorité judiciaire (art. 434-9).
Peines applicables : les mêmes (article 433-2) : 10 ans, 150000 euros. Ici, on
a aussi la responsabilité pénale des personnes morales.
Conclusion : délit de corruption ≠ délit de concussion.
Délit de concussion incriminé à l’article 432-10. Ce qui est ici incriminé est le fait de
recevoir, exiger ou ordonner de percevoir, par une personne dépositaire de l’autorité
publique ou chargée d’une mission de service public, à titre de droits, contributions,
impôts ou taxes publiques, une somme qu’elle sait ne pas être due ou excéder ce qui
est dû.
Différence assez simple : dans la corruption, on a deux délinquants qui ne sont pas
complices. Je verse en plein connaissance de cause une somme qui n’est pas due
pour qu’on fasse quelque chose d’illégitime en contrepartie. Dans la concussion, on
a un délinquant et une victime. 5 ans, 75000 euros.
Illustrations : arrêts de 1995 à propos d’un fonctionnaire des impôts (contributions
indues dans le cadre d’un redressement), du maire d’une commue (indemnités
cumulées de maire et de député), d’un directeur d’hôpital public (n’avait exigé
aucune somme d’argent mais s’était fait livrer par l’hôpital du fuel domestique et du
carburant pour ses besoins personnels et des denrées alimentaires et des
boissons) ; la Cour de cassation a estimé que s’il ne s’était fait remettre aucune
somme d’argent pour simplement percevoir des prestations en nature, celles-ci
étaient illicites parce qu’elles n’avaient pas été déduites de son traitement. Donc la
concussion ne consistait pas ici à percevoir une somme d’argent, mais à éviter d’en
dépenser. C'est un peu étrange. Quid du principe de l’interprétation stricte ?
Arrêt du 24 octobre 2001 : des salaires et traitements sont des droits au sens de
l’article 432-10. Texte applicable à une perception indue de salaire (travail fictif), qui
constitue un délit de concussion.
8
0
On a aussi le trafic d’influence actif : celui propose d’abuser de son influence
ou accepte d’abuser de son influence.
Trafic d’influence passif : on a toujours conçu qu’il puisse être commis par un
particulier, une personne n’exerçant pas une fonction publique. Même chose du côté
du trafic d’influence actif.
Le point de divergence entre les deux délits va être le fait qu’ici, l’auteur du
trafic d’influence passif (commis par une personne exerçant une fonction publique,
dans notre hypothèse ; art. 432-11, comme pour la corruption passive) a pour but un
trafic de l’influence (et non de la fonction) que la personne exerçant une fonction
publique a ou prétend avoir auprès d’une autorité ou d’une administration publique et
dont elle entend abuser moyennant dons, promesses (…) en vue d’obtenir un
avantage ou une faveur non pas à son propre profit mais au profit du remettant des
dons, promesses, etc.
Qu’il s’agisse du trafic d’influence actif ou passif, mêmes peines que pour la
corruption : 10 ans, 150000 euros. Entre personnes privées, sanction moindre : 5
ans, 75000 euros.
8
1
§3. Le délit de prise illégale d’intérêt
C'est un délit que l’on qualifie très souvent de délit d’ingérence. Qui est
concerné ? Personnes dépositaires de l’autorité publique (ex : directeur des services
techniques d’une commune, inspecteur des impôts), personnes chargées d’une
mission de service public (président d’une chambre de commerce et de l’industrie
chargée de gérer le service public de gestion d’un corps, directeur général d’un
service d’une agence de développement rural, qui a pour fonction d’attribuer des
subventions au nom des pouvoirs publics). Application souple (14/06/2000) à propos
d’un architecte investi d’une mission de maîtrise d’œuvre par une collectivité : il
devait être compris comme une personne chargée d’une mission de service public.
De même s’agissant d’un mandataire intervenant dans le cadre d’une procédure
collective (26/09/2001) ; il dispose d’un pouvoir de décision au nom de la puissance
publique.
Surtout, son également visées les personnes investies d’un mandat électif
public (maires de communes, leurs adjoints et les élus municipaux ; présidents des
conseils régionaux et généraux). Ex : 27/11/2002 à propos d’un président de conseil
général qui avait ordonnancé les dépenses de communication de son département
au profit d’une société qui avait apporté son soutien financier à deux autres sociétés
dont le président du conseil général était actionnaire et administrateur. Autre
illustration : un maire qui reçoit, en qualité de mandataire d’une société de
construction une rémunération pour son intervention dans la vente à cette société
d’un terrain qui était précédemment frappé d’une servitude au profit de la commune
(1966). Ca peut être aussi le président d’une commission d’appel d’offre qui
intervient dans l’attribution de plusieurs marchés de travaux publics, notamment au
profit de sociétés gérées par ses enfants (2000).
8
2
ultérieurement. Or cet ajout n’est pas indifférent ; impact en termes de qualification,
notamment au regard de la prescription. Le délit devient un délit continu. Telle est la
condition, étant relevé que cette condition est nécessaire mais suffisante ; il n’est pas
nécessaire qu’il en soit résulté un gain ou un avantage patrimonial pour l’agent. C'est
une position qui éclaire ce délit : on remonte très en amont. Position confirmée
récemment par la Cour de cassation, crim. 9/02/2005. il n’est pas nécessaire que
l’agent en ait retiré un avantage personnel ou matériel ; il suffit qu’il en ait retiré un
intérêt simplement moral (en l’espèce, avantage concédé à une entreprise gérée par
les enfants de l’agent public). Ce qui est incriminé, c'est le fait de prendre un intérêt
quelconque dans une entreprise ou une opération dont l’agent public a, au moment
de l’acte, la charge d’assurer la surveillance, l’administration, la liquidation ou le
paiement. Ex : un élu municipal qui participe aux délibérations du conseil lorsqu’elles
portent sur une affaire, une entreprise ou un marché dans lequel il a un intérêt
(24/10/2001). Ca montre que la jurisprudence fait entrer dans la notion de
surveillance la participation à l’élaboration d’un projet soumis à l’approbation d’un
organe. De même la formulation de propositions adressée à une autorité chargé de
prendre des décisions.
C'est un délit intentionnel. Longtemps, on a exigé un dol spécial en plus du dol
général, qui aurait été la recherche d’un profit illicite. Mais on se contente aujourd'hui
d’un dol général.
Les personnes les plus concernées sont les personnes investies d’un mandat
électif public qui vont être exposées à ce genre de délit et ça peut poser un problème
de fonctionnement des institutions publiques, notamment pour les petites collectivités
territoriales. Ce délit peut paralyser le fonctionnement de certaines de nos institutions
(ex : chambres de commerce et de l’industrie). Il y a donc des exonérations légales :
le législateur a exclu de ce délit certaines situations qui ont pour but de permettre de
conclure certains contrats entre une petite commune (3500 habitants ou moins) et
ses élus, concernant le transfert de biens mobilier ou immobiliers ou la fourniture de
services dans la limite d’un plafond de 16000 euros par an (qui doit s’entendre du
montant global du contrat soumis à la délibération du conseil municipal, ce qui
interdit à un élu de sous-traiter, même pour une somme inférieure à ce plafond). Ces
mêmes élus peuvent acquérir une parcelle ou un lotissement communal pour y
construire leur habitation personnelle ou y conclure leurs baux d’habitation. Ces
opérations doivent être autorisées par délibération spéciale et motivée du conseil
municipal après estimation des biens par le service des domaines.
29/06/2005 : le maire d’une commune a été condamné. Il avait attribué à son beau-
frère un contrat de maîtrise d’œuvre d’un montant de 70000 francs payables en 5
échéances et dont il avait assuré lui-même le paiement pour le compte de la
commune.
Action civile : la prise illégale d’intérêt est un délit qui porte atteinte à l’intérêt
de la commune, qui est la seule victime directe. Le maire peut se constituer partie
civile au nom de la commune (autorisation du conseil municipal). La jurisprudence
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3
refuse au contribuable le droit de se constituer partie civile, et elle le refuse aussi aux
conseillers municipaux.
Tempéraments : Code général des collectivités territoriales (art. S 2132-5). Un
contribuable peut exercer l’action en cas de passivité ou de refus de sa commune,
mais pour cela, il faut qu’il obtienne préalablement l’autorisation du tribunal
administratif.
8
4
Exception : cette infraction n’est pas constituée en cas de participation au
capital d’une société cotée en bourse ou lorsque les capitaux sont reçus par
dévolution successorale.
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5
non-respect du seuil à partir duquel l’Etat ou les collectivités publiques doivent
procéder par voie d’un marché. Ce qui condamne par exemple les pratiques de
fractionnement ou saucissonnage.
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6
7/03/1925 : apparaît, importée d’Allemagne, la SARL. Toute une série
d’incriminations : fausse déclaration quant à la répartition des parts sociales,
transposition à la SARL de certains délits déjà retenus pour la SA (distribution de
dividendes fictifs).
Décret-loi du 8/08/1935 : suite à quelques scandales retentissants, création du
délit d’abus de biens sociaux. Délit de présentation, publication de faux bilan. Délits
en matière de droits préférentiels de souscription. De même, tout ce qui a trait à la
profession de commissaire aux comptes.
31/08/1937 : majoration frauduleuse des apports en nature, pour les SA.
Multiplication des délits concernant les commissaires aux comptes : information
mensongère, non révélation de faits délictueux et violation du secret professionnel.
Loi du 24/07/1966 : grande loi sur les sociétés commerciales qui va regrouper
les dispositions répressives jusqu’alors réparties selon le type de sociétés. C'est un
titre entier de la loi nouvelle qui est consacré aux dispositions pénales (art. 423 à
489). Consécration d’un droit pénal des sociétés commerciales. Mini Code pénal des
sociétés commerciales. On crée également de nouveaux délits, notamment en
matière de liquidation des sociétés. 9 articles relatifs aux SARL, 37 aux sociétés
anonymes.
Décret du 23/07/1967 qui contenait de nombreuses incriminations
contraventionnelles.
8
7
questions à peine de sanctions pénales (6 mois, 7500 euros). C'était l’article 254-2
du Code de commerce. La loi du 1er août 2003 a supprimé certaines hypothèses où
ce défaut de consultation est pénalement sanctionné : ce n’est plus un délit pénal
lorsqu’il concerne la nomination des commissaires aux comptes, l’approbation des
comptes annuels et la répartition des bénéfices. Dans cette hypothèse, le relais est
pris par la sanction civile. Les décisions prises en violation de cette obligation de
consultation encourent la nullité ; art. L227-9, alinéas 2 et 4 du Code de commerce. Il
reste certaines hypothèses où le défaut de consultation est toujours pénalement
répréhensible : s’agissant du capital social (augmentation, réduction, amortissement)
ou s’agissant des décisions relatives aux évolutions de la société (fusion, scission,
dissolution, transformation).
Abrogation d’une infraction concernant diverses formes sociales ; elles
concernent à la fois la SARL, les SAS, mais aussi les SA, la SCA. Fait pour le
dirigeant de ne pas mentionner sur les documents sociaux (notamment destinés aux
tiers) la dénomination sociale, la forme sociale, le montant du capital social
(mentions obligatoires). Substitution : le ministère public ou tout intéressé peut agir
en référé aux fins d’injonction, sous astreinte, de faire porter ces mentions sur les
documents et actes émanant de la société (art. 238-3).
Même jour : 1er août 2003, loi de sécurité financière. Une dizaine d’infractions
est supprimée. Ce sont notamment les infractions relatives aux assemblées
d’actionnaires. Par exemple : défaut des feuilles de présence aux assemblées
(sanction civile : nullité des délibérations). Abrogation de deux délits relatifs à
l’exercice du droit de vote, notamment la participation au vote en se présentant
faussement actionnaire (délit de droit commun : escroquerie). Ce ne sont que des
exemples. On a également supprimé les infractions relatives aux droits des titulaires
d’actions ou d’obligations en cas d’augmentation de capital. Cela concerne les
sociétés par actions (SA, SCA, SAS). Notamment fait de porter atteinte au droit
préférentiel de souscription des actions. A la place de ces délits, la loi met en place
des nouveaux cas de nullité : article L 225-149-3 → sont nulles les décisions prises
en violation de cette règlementation. Ça veut donc dire que la décision
d’augmentation de capital va être nulle. Or auparavant, une telle décision n’encourait
la nullité que dans 4 cas particuliers. Aujourd'hui, c'est l’ensemble des dispositions
dont le manquement expose à la nullité. Elargissement des hypothèses de nullité. Or
la nullité d’une décision d’augmentation de capital est très lourde de conséquences
(opération complexe et coûteuse). Donc l’abrogation de la sanction pénale n’entraîne
pas l’absence de toute sanction. L’insécurité juridique attachée au risque d’une telle
nullité va subsister pendant 3 ans car l’action doit être exercée dans les 3 ans à
compter du jour où la nullité est encourue.
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8
Remplacé par la procédure d’injonction de faire. Ici, ce qui est supprimé, c'est le
défaut de conservation au siège social dans un recueil spécial de ces décisions.
2ème volet de l’ordonnance : sont également supprimées les dispositions
pénales relatives au défaut de communication des documents en vue de la tenu des
assemblées d’actionnaires. Une injonction de faire est substituée.
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9
personne non visée. Ex : ne peut être délégué à un préposé, le plus souvent. Mais
par exemple, l’art. L263-2 du Code du travail vise les préposés (non respect des
règles en matière d’hygiène et de sécurité), donc on peut lui déléguer le pouvoir.
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0
I. La majoration frauduleuse des apports en nature
Ce délit reste incriminé aussi bien pour les SARL (art. 241-3 1°) que pour les
sociétés anonymes (art. 242-2 4°). L’appellation se suffit à elle-même. Fait de faire
attribuer frauduleusement à un apport en nature une évaluation supérieure à sa
valeur réelle. Sanction : 5 ans, 9000 euros. Existe aussi pour la SAS et la SCA.
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1
II. Les délits d’émission et de négociation illicites d’actions
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maintenir les actions de numéraire en la forme nominative jusqu’à leur entière
libération. Toutes ces peines sont doublées lorsqu’il s’agit de sociétés faisant appel
public à l’épargne.
I. La participation à la gestion
On raisonne ici en termes de sociétés. Il faut que les associés (SARL), les
actionnaires (sociétés par actions) soient informés de ce qui se passe dans la
société. Du côté des dirigeants, on va avoir de nombreuses obligations de
communiquer, de convoquer ; obligations de faire posées par le droit des sociétés
commerciales. Ce sont donc des obligations de faire. Du point de vue du droit pénal,
on va sanctionner des abstentions. On va être sur le terrain privilégié de la
dépénalisation.
Que nous reste-t-il aujourd'hui sur ces délits ? Article 242-10 : on va dérouler
le fil de la vie démocratique. C'est tout d’abord la réunion de l’assemblée. Il faut
convoquer les associés aux assemblées, notamment à l’assemblé générale annuelle
portant approbation des comptes. Elle doit se tenir dans les 6 mois de la clôture de
l’exercice, sauf prolongation du délai par décision de justice. On va tout simplement
sanctionner le fait pour les dirigeants de ne pas réunir dans les délais légaux cette
AGO d’approbation des comptes. C'est un délit qui subsiste : art. 242-10 (SA), art.
241-5 (SARL). Mais le délit n’existe pas pour la SAS.
Peine encourue : 6 mois, 9000 euros. La Cour de cassation se montre très
sévère. 1995 : le dirigeant avait obtenu le report du délai. Il a obtenu le report mais il
avait fait cette demande après les mois. Il a été condamné. Arrêt remarqué du
21/06/2000 qui a condamné de ce chef l’administrateur judiciaire. Confusion ici de
l’entreprise et de la société qui exploite. L’administrateur judiciaire gère l’entreprise
mais ne se substitue pas aux organes sociaux.
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3
Même peine pour le gérant d’une SARL. L’art. 242-10 vise également le fait de
ne pas soumettre à l’approbation de l’assemblée les comptes annuels et le rapport
de gestion.
L’assemblée doit donc se tenir. Encore faut-il que les associés soient
convoqués. Quant à la convocation aux assemblées, le manquement aux règles en
la matière ne donne plus lieu à sanction pénale (abrogation de l’article 242-11) par la
loi du 1er août 2003 sur la sécurité financière (substitution de la procédure d’injonction
de faire sous astreinte).
Il ne subsiste plus qu’une hypothèse : article 242-29. 6 mois, 4500 euros. Ne
pas convoquer une assemblée particulière lorsque les capitaux propres de la société,
du fait des pertes constatées dans les documents comptables, deviennent inférieurs
à la moitié du capital social. Dans cette hypothèse, le dirigeant doit, dans les 4 mois
qui suivent l’approbation des comptes ayant fait apparaître ces pertes, convoquer
l’assemblée pour décider s’il y a lieu à dissolution de la société ou pas.
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4
chargé de contrôler la comptabilité de la société et son bon fonctionnement. Il peut
s’agir d’une personne physique ou d’une personne morale. C'est une profession à
part, un véritable marché. Ce n’est pas une profession facile. Le commissaire aux
comptes contrôle les comptes de la société, il est payé par elle. Contrôler les
comptes de celui qui le paye, ce n’est pas évident. Il doit approuver les comptes avec
ou sans réserve, ou même les refuser. Situation très délicate. Profession dont
l’exercice est strictement règlementé, avec toute une série d’interdictions et
d’incompatibilités. Tout manquement à ces incompatibilités ou interdictions légales
expose à des sanctions légales : 6 mois, 7500 euros.
Que peut-on craindre pour lui ? Qu’on l’empêche d’exercer sa mission. C'est
l’obstacle à l’exercice de la mission qui est sanctionné par l’article L820-4 :
sanctionne le fait pour tout dirigeant d’une personne morale tenue d’avoir un
commissaire aux comptes de ne pas en provoquer sa désignation ou de ne pas le
convoquer à l’assemblée générale. 2 ans, 30000 euros. Sanctionne aussi (2ème
forme) le fait de faire obstacle aux vérifications ou contrôles ou encore leur refuser la
communication sur place de toutes les pièces utiles à l’exercice de leur mission. 5
ans, 75000 euros.
Que peut-on craindre de lui ? Qu’il donne des informations mensongères sur
la situation de la société (art. 820-7). 5 ans, 75000 euros.sa mission étant de certifier
que les comptes annuels sont réguliers, sincères et donnent une image fidèle des
résultats des opérations de l’exercice écoulé. Ce qui peut se passer : au cours de sa
mission, le commissaire aux comptes peut découvrir des faits délictueux. 1er aspect :
en principe, il est tenu au secret professionnel pour les faits et actes dont il peut avoir
connaissance à raison de ses fonctions (art. 822-15). Mais 2ème aspect : il est aussi
un relais des autorités publiques dans le souci de moralisation et de poursuite des
faits délictueux. La loi fait obligation au commissaire aux comptes de révéler au
procureur de la république les faits délictueux dont il a connaissance dans l’exercice
de sa fonction (art. 820-7). La fameuse obligation de révélation des faits délictueux
dont il a connaissance. Par exception, en le faisant, il ne s’expose pas à des
poursuites pour violation du secret professionnel. Cette obligation est mise à la
charge du commissaire aux comptes. Enorme éclairage sur son statut hybride. En ne
dénonçant pas, il commet un délit de non-révélation. 5 ans, 75000 euros. L’obligation
ne porte que sur les faits délictueux. Le commissaire ne doit pas se tromper : il ne
doit révéler que des faits susceptibles de qualification pénale, sous peine d’être
poursuivi pour violation du secret professionnel.
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5
pourquoi pas se contenter de l’incrimination de droit commun ? On s’est rendu
compte que les conditions d’application de l’abus de confiance n’étaient pas
forcément toujours remplies ; limites d’application de l’abus de confiance au
comportement délictueux du mandataire social. L’abus de confiance visait les actes
de détournement et de dissipation (à l’époque). Or le comportement délictueux d’un
mandataire social pouvait prendre la forme d’une abstention ; l’abus de confiance
supposait un acte positif. Bien plus, les actes indélicats pouvaient prendre d’autres
formes que des détournements ou des dissipations. D’où la nécessité de créer une
incrimination spécifique. Le délit d’abus de biens sociaux fut créé par le décret-loi du
8 août 1935, à la suite de scandales financiers retentissants. Textes incriminateurs
dans la loi de 1966 ; figurent aujourd'hui dans le Code de commerce. Ensuite, toute
une série de textes propres aux différentes formes de sociétés commerciales : art.
L242-6 pour les SA et art. L241-3 pour les SARL.
a. L’élément matériel
- Le concept d’usage
L’objet de l’usage. On parle tous d’abus de biens sociaux, mais en fait ce n’est
qu’une des formes de ce délit car l’usage incriminé peut porter sur les biens de la
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société mais aussi sur les pouvoirs dont le dirigeant dispose ou encore le crédit de la
société ou encore les voix dont le dirigeant dispose. Il vaudrait donc mieux parler de
l’usage des pouvoirs sociaux. Tout abus de pouvoir englobe un abus de biens ; mais
l’abus de biens n’englobe pas nécessairement l’abus de pouvoir. Abus de pouvoir.
Aujourd'hui, l’abus de pouvoir est en train de monter en puissance par rapport à
l’abus de biens. La formule d’abus de biens sociaux est donc réductrice ; elle ne
donne qu’un des 4 visages de l’incrimination.
Ce qui est incriminé : l’usage abusif des biens de la société (concerne tous les
actifs de la société, corporels, incorporels, meubles ou immeubles ; les fonds
sociaux, les biens meubles, les biens immeubles ; les baux, les brevets, les
créances, le personnel de la société).
L’usage abusif du crédit de la société. Le crédit doit être compris au sens large
et économique : capacité d’emprunt, capacité à se faire garantir, à se faire
cautionner. Ici sera visé par exemple l’usage de la signature sociale pour
l’acceptation d’effets de complaisance. Usage de la garantie de la société (la société
se porte caution) pour des dettes personnelles du dirigeant. Conception large de ce
crédit de la société : le crédit doit également être compris comme la réputation, la
renommée de la société, sa bonne image. Ce qui ouvre des portes immenses.
Les articles visent également l’usage abusif des pouvoirs conférés par le
mandat social qui lui a été donné. Encore une fois, cette appellation peut englober
les autres. Mais l’abus de pouvoir présente un autre intérêt : il va permettre
d’atteindre des tentatives d’abus de biens sociaux qui ne sont pas incriminées. Car la
tentative d’abus de biens sociaux (stricto sensu) n’est pas incriminée ; mais on va
pouvoir poursuivre au titre de l’abus de pouvoir.
Dernière forme d’usage abusif : usage abusif des voix dont le dirigeant
dispose. Usage détourné des procurations de vote qui ont été données au dirigeant
dans la perspective d’une assemblée générale. Derrière cette appellation commune,
c'est une incrimination à 4 branches qui est visée.
- L’usage abusif
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acquisition est contraire à l’intérêt de la société. L’assimilation n’est pas
systématique.
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comptabilité ; il y avait une caisse noire. L’expertise avait pu établir que le quart de
ces sommes avait servi à rémunérer du travail dissimulé. L’utilisation des ¾ restants
était restée inconnue. Dirigeants condamnés pour abus de biens sociaux par les
juges du fond. La Cour de cassation confirme la condamnation. Or cette
condamnation n’est confirmée qu’au regard de la partie des fonds dont l’affectation
était restée inconnue. Alors on s’est dit abandon de l’arrêt Carpaye !! Pas de
condamnation pour la partie des fonds ayant servi à des fins illicites (payer tu travail
au noir). Implicitement, la Cour de cassation considère que l’utilisation à des fins
illicites n’est pas nécessairement un usage abusif. Cet arrêt du 11/01/1996 fut suivi
par un arrêt Parigot du 20/06/1996. Même affaire : caisse noire, une partie à des fins
illicite, une autre partie destination inconnue. Condamnation seulement pour la partie
correspondant à l’utilisation inconnu. Moult abandon de Carpaye.
Ce dans ces conditions qu’est intervenue l’affaire Noir (ministre du commerce
extérieur) Botton (son gendre). Cour de cassation, 6/02/1997. Il y avait eu paiement
de facture fictives, sans contrepartie réelle. M. K avait été condamné puisque,
dirigeant de la société, il avait accepté de payer des factures fictives. La CA l’avait
condamné pour abus de biens sociaux. Mais la même CA avait relevé que les
versements en question avaient permis d’obtenir du gendre du ministre qu’il
intervienne auprès du ministre pour obtenir une réduction d’une dette fiscale. Affaires
de trafic d’influence. La Chambre criminelle de la Cour de cassation va d’abord
rappeler que tout jugement ou arrêt doit contenir des motifs propres à justifier la
décision. Elle ajoute que l’insuffisance ou la contradiction de motifs équivaut à leur
absence. Et sous ce chapeau, la Cour de cassation va constater que la CA n’a pas
mis la Cour de cassation en mesure de s’assurer de la légalité de la décision en
constatant d’une part que l’acte était contraire à l’intérêt de la société, d’autre part
qu’il avait permis une réduction de la dette fiscale. La Cour de cassation admet
implicitement mais de façon nette que l’acte, certes implicite, n’est pas
nécessairement contraire à l’intérêt de la société. Il fallait prouver que l’acte, alors
même qu’il était illicite, était aussi contraire à l’intérêt de la société. La Cour de
cassation abandonne l’idée de l’adverbe « nécessairement » ; c'est là la différence
avec Carpaye. Pas d’abandon ; atténuation.
Arrêt qui est venu clore le débat. Dans le débat autour de l’arrêt de 1997, on
se demandait aussi si cette portée ne pouvait pas être analysée au regard d’une
donné nouvelle : accessoirement était intervenu le nouveau Code pénal qui prévoit la
responsabilité pénale de la personne morale. Ne retombe-t-on pas dans la 1ère
hypothèse de prise de risque excessive ? Intervention de l’arrêt Carignon
27/10/1997. Cour de cassation : « Quel que soit l’avantage à court terme qu’elle
peut procurer, l’utilisation des fonds sociaux ayant pour seul objet de
commettre un délit tel que la corruption est contraire à l’intérêt social en ce
qu’elle expose la personne morale au risque anormal de sanctions pénales ou
fiscales contre elle-même ou ses dirigeants et porte atteinte à son crédit et à sa
réputation ». Avec Carpaye, ce qui est à des fins illicites est nécessairement abusif.
L’illicéité est le but poursuivi ; la contrariété s’apprécie par rapport aux intérêts de la
société. On a là la justification du rapport entre l’usage abusif et le but poursuivi : le
lien est le risque anormal, le risque disproportionné de condamnation pénale. C'est
bien au moment de l’accomplissement de l’acte que le jugement doit se faire. On fait
le lien avec la prise excessive de risque ; risque pénal cette fois-ci, et non
économique. On est bien dans la valeur sociale protégée, à savoir l’intérêt de l’entité
juridique autonome. On est bien dans l’objet de l’usage visé : « crédit ou réputation ».
Solution réaffirmée depuis : 14/05/2003 : un député européen fait effectuer
des travaux de rénovation dans sa maison de campagne. Il fait appel à une société
qui ne va pas lui facturer l’intégralité des travaux parce que les dirigeants veulent
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9
s’attirer sa bienveillance. Cour de cassation : « l’usage des biens sociaux a eu pour
effet d’exposer la personne morale et ses dirigeants à des poursuites pénales et
fiscales ». Donc contraire à l’intérêt de la société. Le qualificatif anormal, par rapport
à Carignon, n’apparaît plus ici.
Arrêt du 22/09/2004 : le corrompu n’était pas un dépositaire de l’autorité
publique. C'était un salarié d’une entreprise cliente de la société. Art. L152-6 du
Code du travail, qui ne prévoit pas la responsabilité pénale des personnes morales.
La Cour de cassation a quand même retenu le délit d’abus de biens sociaux. Usage
contraire à l’intérêt de la société en ce qu’il expose le dirigeant à un risque anormal
de sanctions pénales, ce qui porte atteinte au crédit et à la réputation de la société.
Contournement subtil : ce qui porte atteinte au crédit et à la réputation de la société.
b. L’élément intentionnel
Elément important. Il paraît essentiel. C'est lui qui doit faire la bascule entre le
délit civil de faute de gestion et le délit pénal d’abus de biens sociaux. La faute de
gestion va engager la responsabilité civile (art. L225-251 du Code de commerce),
elle suppose un préjudice. La loi semble exiger tout à la fois un dol général et un dol
spécial.
- Dol général
- Dol spécial
L’exigence d’un dol spécial est requise par les textes incriminateurs. L’usage
contraire à l’intérêt de la société doit avoir été accompli à des fins personnelles ou
pour favoriser une entreprise dans laquelle le dirigeant est directement ou
indirectement intéressé. C'est important ; cette exigence est fondamentale. La
rigueur de l’exigence sur l’élément intentionnel est le contrepoids de la
souplesse sur l’élément matériel. C'est l’équilibre du délit. La loi pose cette
exigence et se montre souple dans l’exigence. Elle vise « à des fins personnelles ou
de façon indirecte pour favoriser l’entreprise dans laquelle il est intéressé,
directement ou indirectement ». Elle vise même l’indirect dans l’indirect.
Jurisprudence : l’exigence est bien requise par la Cour de cassation.
19/02/1973 : à défaut de l’intention frauduleuse, le délit n’est pas constitué.
1er mars 2000 : le dirigeant d’une société avait réglé des factures fictives. Condamné
pour abus de biens sociaux. La Cour de cassation casse : le juges du fonds devaient
caractériser en quoi le dirigeant avait poursuivi un intérêt personnel en payant ces
trois factures fictives. Elle montre bien qu’il faut vérifier l’existence de ce dol spécial.
5 mai 2004 : condamne l’arrêt de la CA Paris. A propos d’un emploi fictif, elle
reproche aux juges du fond de n’avoir pas recherché et établi l’intérêt personnel
poursuivi.
1
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Nuance : quant à la nature de cet intérêt poursuivi, il peut s’agir d’un intérêt
matériel, financier, pécuniaire. Mais il est aujourd'hui acquis en jurisprudence que
l’intérêt moral suffit. Condition nécessaire. Mais très facilement remplie puisqu’un
intérêt même simplement moral suffit. L’intérêt personnel peut être un simple intérêt
moral : préserver sa réputation, sauvegarder la réputation de sa famille (Cour de
cassation 1967). Ça peut être aussi l’intérêt électoral (Cour de cassation 1971). En
1978, pour le maintien de relations d’amitié. 1987 : maintien des relations
avantageuses avec des personnages influents. La souplesse dans la nature de
l’intérêt poursuivi affecte considérablement l’exigence d’un élément intentionnel. La
condition sera systématiquement remplie. Confusion du dol spécial avec le mobile ?
2ème assouplissement : quant à la preuve de l’intérêt personnel poursuivi. Il est
une hypothèse où ce dol spécial est présumé. On va alors présumer que le dirigeant
poursuit un intérêt personnel. Jurisprudence issue des arrêts de caisses noires
(1996). Caisses noires : un quart pour payer le travail au noir, ¾ d’affectation
inconnue. Or dans ces mêmes arrêts, la Cour de cassation donne un autre attendu
de principe : « la poursuite d’un intérêt personnel est présumée dès lors que les
fonds sociaux dont l’affectation est restée inconnue ont été prélevés
clandestinement ». 2ème arrêt : « à moins qu’il ne soit justifié de leur utilisation dans le
seul intérêt de la société, les fonds sociaux prélevés de manière occulte l’ont
nécessairement été dans l’intérêt personnel direct ou indirect du dirigeant ». Donc
présomption simple. Jurisprudence rappelée régulièrement, notamment 7/03/2002.
Quid de Carpaye : utilisation à des fins illicites. Dans ces hypothèses, il y avait
2 questions : l’élément matériel d’une part, l’élément intentionnel d’autre part. Il est
où l’intérêt personnel ? L’intérêt personnel est distinct de l’intérêt de la société. Pas
un mot dans l’attendu de principe de l’arrêt Carpaye. C'est un peu embêtant.
Problème parce que l’exigence subsiste dans ces affaires d’utilisation illicite dans
l’intérêt de la société. Pour ces affaires là, l’élément disparaît-il ? 11 ans d’incertitude,
puis Cour de cassation 2003 (le député européen) : il n’est pas exigé, pour qu’il y ait
abus de biens sociaux que l’utilisation des fonds sociaux contraire à l’intérêt de la
société ait eu lieu à des fins exclusivement personnelles. La condition peut être
satisfaite alors même que l’acte a également été dans l’intérêt de la société. Certes,
mais il faut quand même prouver l’intérêt personnel, même s’il n’est pas exclusif.
Etape suivante : 22/07/2004 (corruption du salarié d’une entreprise cliente) :
l’utilisation des fonds sociaux a eu pour seul but de maintenir la situation personnelle
de son dirigeant au sein de la société. Est-ce que ça veut dire que pour la Cour de
cassation, pour ces affaires d’actes illicites accomplis pour le compte de la société,
l’exigence d’une intérêt personnel est maintenue mais satisfaite dans la mesure où
l’acte a permis au dirigeant de maintenir sa situation au sein de la société ? La
condition sera toujours satisfaite ; ce qui veut dire que c'est une fausse condition.
En tout état de cause, le principe de l’exigence subsiste : Cour de cassation,
4/11/2004 : affaire concernant le président d’une SEM qui avait procédé à
l’embauche fictive d’un chargé de mission pendant 7 ans. Le salarié pendant 7 ans
n’avait écrit aucune ligne. Le seul rapport produit en 7 ans n’était même pas de lui.
La Cade Grenoble condamne. Cassé faute d’avoir recherché l’intérêt personnel
poursuivi par le dirigeant à travers cette embauche fictive. On en est là ; mais il
suffira à la Cour de renvoi de constater qu’il s’agissait de préserver des liens
d’amitié.
2. La répression
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5 ans, 375000 euros. Délit important du droit pénal des affaires. En principe, le
coupable n’encourt pas la peine d’interdiction de gérer, notamment au titre de peines
accessoires, par référence au décret de 1935. Mais attention, une ordonnance est
intervenue en mai 2005. Elle revoit le régime des incapacités en matière
commerciale. Ce texte abroge le décret du 8 août 1935, instituant l’interdiction
d’exercer la direction et d’administrer une société. Abroge aussi la loi du 30 août
1947 relative à l’assainissement des professions commerciales et industrielles.
Textes remplacés par un chapitre nouveau dans le Code de commerce qui va
regrouper l’ensemble interdictions d’exercer une profession commerciale ou
industrielle. Art. L128-1 à 6 nouveaux du Code de commerce. Nul ne peut,
directement ou indirectement, pour son propre compte ou pour le compte d’autrui,
entreprendre l’exercice d’une profession commerciale ou industrielle, diriger,
administrer, gérer ou contrôler à un titre quelconque une entreprise commerciale ou
industrielle ou une société commerciale s’il a fait l’objet depuis moins de 10 ans
d’une condamnation définitive pour un crime et pour certains délits ayant donné lieu
à une peine d’emprisonnement ferme d’au moins 3 ans (vol, escroquerie, abus de
confiance, banqueroute, prêt usuraire, blanchiment, corruption, recel, faux ; certaines
infractions fiscales, infractions au Code du travail et infractions à la législation sur les
sociétés commerciales, y compris le délit d’abus de biens sociaux).
Les dirigeants de droit des sociétés pour lesquelles le délit est édicté (SA,
SCA, SARL, EURL, coopératives). En revanche, ne peuvent être poursuivis les
dirigeants de droit d’une SNC ou d’une SCS (société en commandite simple) ; seuls
pourraient être poursuivis les liquidateurs de cette société. Le délit n’est pas prévu
pour les sociétés de personnes. Application stricte de la loi pénale, principe de
légalité. Application intéressante à propos d’une société étrangère : la Cour de
cassation (3/06/2004) a constaté que l’incrimination ne saurait être étendue aux
sociétés de droit étranger. Comme pour une SNC, une société civile. Et la Cour de
cassation précise : les dirigeants de ces sociétés pour lesquelles l’incrimination
spécifique d’abus de biens sociaux n’est pas prévue pourront être poursuivis pour
abus de confiance ; « pour lesquels seul l’abus de confiance peut être retenu ».
Seules les personnes ayant la qualité visée par le texte incriminateur pourront
être poursuivies. Au dirigeant de droit va s’ajouter le dirigeant de fait. On n’oubliera
pas, même si on sort du délit d’abus de biens sociaux, que celui-ci pourra atteindre le
recel. Recel d’abus de biens sociaux (on en a parlé sur le terrain de la prescription,
où on a porté atteinte à l’autonomie du délit de recel, dont la prescription ne peut
courir tant que la prescription de l’abus de biens sociaux n’a pas commencé à
courir). Il n’y a pas ici le bénéfice de l’immunité familiale (puisqu’on est dans le
domaine des infractions à la législation sur les sociétés commerciales). Quid des
personnes morales ? La loi de 1966 n’a pas pris parti. Donc, en application du
principe de spécialité, de lege lata, pas de responsabilité pénale des personnes
morales (jusqu’en janvier 2006, où on appliquera le principe de généralité). Ce n’est
pas forcément inconcevable en matière d’abus de biens sociaux : on pourrait le
croire, vu que le dirigeant doit agir pour le compte de la société pour que la
responsabilité de la société soit engagée. Mais hypothèse où la société
administrateur d’une autre société, l’administrateur pouvant être une personne
morale. Ou encore, personne morale complice de l’abus de biens sociaux.
c. La tentative
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La tentative n’est pas punissable (pas de texte l’incriminant). Tempérament :
on atteindra des tentatives d’abus de biens sociaux par le biais de l’abus de pouvoirs
sociaux. Ex : se faire octroyer une rémunération excessive qu’on aura finalement
jamais perçue.
La complicité est punissable.
Quel est l’élément matériel qui consomme l’infraction ? C'est l’usage. C'est un
délit instantané puisqu’il est consommé par l’usage. C'est à partir de l’usage que
court le délai de prescription de 3 ans.
Travail jurisprudentiel sur le délit d’abus de biens sociaux : c'est le dirigeant
qui va commettre le délit et le plus souvent, les faits ne seront découverts qu’à
l’occasion d’un changement de dirigeant, à l’occasion d’un dépôt de bilan. Cela peut
se produire plus de 3 ans après l’usage abusif, à une époque où normalement le délit
serait prescrit. D’où travail jurisprudentiel : la Cour de cassation retarde le point de
départ du délai de prescription au jour où l’infraction a pu être découverte dans des
conditions permettant l’exercice de l’action publique (expertise, dénonciation au
procureur de la République, notamment). Le délit est-il imprescriptible ? NON !!!!!!!
Retarder le point de départ d’un délai ne signifie pas qu’il n’y a pas de délai. Il y a
quand même toujours un délai de 3 ans à partir de a découverte. Et pourtant, « moult
propositions » (il l’a dit !!!) de lois pour modifier la prescription du délit d’abus de
biens sociaux. Dans l’esprit des députés, qui n’en est pas un, il fallait briser une
jurisprudence qui existait par ailleurs identiquement, mais ils s’en foutaient, pour un
autre délit de droit commun (l’abus de confiance).
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forme de dissimulation, ce qui renvoie au retard du point de départ. Dans une affaire
similaire à celle de 2001, elle prend une position différente. Arrêt du 25/02/2004 : la
Cour de cassation considère que cela relève de l’appréciation souveraine des juges
du fond (mais c'est un peu factice). C'est un peu comme Carpaye : il y avait une
jurisprudence dénoncé et une jurisprudence d’apaisement qui prévoit une exception
renvoyant à la jurisprudence dénoncée. L’exception est de plus en plus facilement
admise.
Le délit d’abus de biens sociaux, par cette jurisprudence détournée, fait partie
des infractions clandestines. Récemment, la Cour de cassation a allongé la liste des
infractions clandestines : 7/07/2005. C'est un revirement. A propos du délit de
tromperie (sur les qualités substantielles de la chose). A propos de l’affaire
d’hormones de croissance extraites d’hypophyses humains administrées à des
enfants depuis 1988. Le traitement a été un des grands scandales de santé publique
et avait débouché sur la maladie de Creutzfeld-Jacob. Depuis 1980-1985, certains
pays avaient arrêté mais la distribution en France avait continué et il avait fallu
écouler des stocks. Poursuite pour délit de tromperie. Cour de cassation : recourt à
cette qualification et classe la tromperie dans les délits clandestins, comme le délit
de publicité trompeuse. La Cour de cassation précise que ce délit de tromperie est
un délit clandestin par nature. La clandestinité est inhérente à ce délit. C'est le cas
par exemple de l’abus de confiance. Est-ce le cas de l’abus de biens sociaux ?
S’agissant de l’abus de biens sociaux, ce n’est pas un délit clandestin par nature,
puisqu’on réserve l’hypothèse de dissimulation. Subtilité doctrinale.
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Qui peut se prévaloir d’un préjudice personnel qui va pouvoir se prévaloir d’un
préjudice personnel directement cause par l’infraction ? La société qui va exercer
l’action sociale en son nom et pour son compte. L’indemnisation va aller dans les
comptes de la société. Action au bénéfice du patrimoine social. Mais l’abus de biens
sociaux a été commis par le dirigeant. On risque de se heurter à son inertie. C'est
pourquoi l’action sociale ne lui est pas réservée exclusivement. A côté de l’action
sociale ut universi, la loi offre la possibilité d’une action sociale (au nom et pour le
compte de la société) qui sera exercée par des actionnaires agissant
individuellement ou collectivement. C'est une action sociale exercée ut singuli. Pas
de difficulté ; c'est toujours au nom et pour le compte de la société qu’est exercée
cette action. Question : qui d’autre que la société peut se constituer partie civile ? De
ce point de vue, la jurisprudence se montre très stricte. Cette action est notamment
refusée, faute de pouvoir se prévaloir d’un préjudice personnel directement causé
par l’infraction, aux créanciers de la société. C'est un préjudice indirect. Cette action
est donc refusée aux créanciers de la société (1989, 1995), à celui qui s’est porté
caution de la société, au comité d’entreprise, aux salariés (1999). 28/01/2004 : dans
cette affaire, les salariés devaient percevoir une prime calculée sur les bénéfices
d’une société. Or du fait des abus de biens sociaux, pas de bénéfice donc pas de
prime. Le préjudice personnel est incontestable mais il reste indirect. Refusée aussi
aux syndicats. Quid des actionnaires ou des associés ? Jurisprudence se montrait
plus souple et acceptait cette exception pour les actionnaires et associés qui
pouvaient se prévaloir d’un préjudice personnel. Ils étaient admis à exercer non pas
l’action sociale mais l’action individuelle en réparation de leur propre préjudice, en
leur nom et pour leur compte.
Revirement de jurisprudence remarquable et très remarqué : 12 et 13
décembre 2000 : abus de biens et abus de pouvoirs. La Cour de cassation énonce
que la dépréciation des titres d’une société ou la dévalorisation du capital social
découlant des agissements des dirigeants constitue non pas un préjudice propre à
chaque associé mais un préjudice subi par la société elle-même. Une action en
réparation du chef de ce préjudice relève de l’action sociale ; les associés peuvent le
demander, mais alors c'est une action sociale exercée ut singuli. Le préjudice va
dans le patrimoine social. On lira parfois que les actionnaires ne peuvent plus
exercer d’action individuelle. On n’est pas d’accord ; le droit d’exercer une action
individuelle subsiste. Simplement, il faudra justifier d’un préjudice personnel et
distinct de la dépréciation ou de la dévalorisation. Cette jurisprudence de 2000 est
aujourd'hui confirmée, à tel point que la Cour de cassation, 8/10/2003, a précisé
qu’un appel de l’actionnaire agissant ut singuli est recevable même si les dirigeants
de la société victime ne s’associent pas à cet appel. Autant la voie sociale de l’action
ut singuli reste ouverte, autant, de facto, l’action individuelle leur est fermée.
f. Les moyens de défense
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de défense. Nuance de taille : la question peut se poser vis-à-vis du conseil
d’administration. De deux choses l’une : ou leur consentement a été surpris ou il a
été donné en pleine connaissance de cause, et reste à se demander s’ils ne sont pas
des complices.
2ème moyen de défense spécifique : hypothèse où la société appartient à un
groupe de sociétés et on se demande s’il n’y a pas un fait justificatif tiré de l’intérêt
de groupe auquel appartient l’entreprise. Est-ce que ce qui, pour une société isolée,
est d’évidence un abus de biens sociaux, ne peut pas cesser d’en être un parce que
le fait a été accompli dans l’intérêt du groupe auquel appartient l’entreprise ? Sorte
de fait justificatif tiré de l’appartenance à un groupe et qui ferait perdre à l’acte son
caractère normalement délictueux. C'est la question de l’excuse de groupe.
Réponse : oui, c'est un moyen de défense admis. Mais à des conditions
extrêmement strictes. La 1ère décision à l’admettre : T Correctionnel Paris
16/05/1974. Sa prise de position a été reprise et précisée dans un arrêt de la Cour
de cassation 4/02/1985 Rosenblum. Et là, on a bien le « oui, mais ». Oui, en son
principe, un tel fait justificatif est recevable. Mais l’acte contraire à l’intérêt d’une
société va cesser d’être constitutif du délit sous réserve qu’il (aide financière à une
autre société du groupe) soit dicté par un intérêt financier social commun (1ère
condition), lequel doit être apprécié au regard d’une politique élaborée pour
l’ensemble de ce groupe (2ème condition), et que ce concours financier d’une part ne
soit pas démuni de contrepartie ou encore ne vienne pas rompre l’équilibre entre les
engagements respectifs des différentes sociétés concernées (3ème condition), d’autre
part, n’excède pas les possibilités financières de celle qui en supporte la charge (4 ème
condition). Arrêt confirmé par un autre arrêt du 13/02/1989. Le « mais » affecte
considérable le « oui » de principe. Sans compter qu’il y a en outre une condition
préalable pour que joue l’excuse de groupe : encore faut-il qu’il existe d’abord un
groupe. C'est la condition préalable que les juges répressifs estiment les plus
souvent non remplie. Un groupe de sociétés ne se limite pas à l’existence de
dirigeants communs. On va vérifier l’existence d’un réel groupe ayant un intérêt
commun aux sociétés qui le composent. C'est sur cette condition préalable que le fait
justificatif se trouve le plus souvent écarté.
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§3. Les infractions relatives aux comptes de la société
Ce délit existe autant pour les SARL que pour les SA (242-6), les SCA et la
SAS. Qui est incriminé pour ce type de délit ? Ce sont les dirigeants de droit ou de
fait qui auront présenté ou publié (formule propre aux SA), en vue de dissimuler la
véritable situation de la société, des comptes annuels ne donnant pas pour chaque
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exercice une image fidèle du résultat des opérations de l’exercice. Ça renvoie à
l’obligation d’établir des comptes annuels fidèles et sincères. Délit de faux bilan.
B. La répression
5 ans, 375000 euros. Dirigeant de droit ou de fait des sociétés visées par les
textes. Donc attention, pour les dirigeants des autres tés, pas de poursuite possible
de ce chef. Mais le faux bilan, on pourra le retrouver au soutien de la poursuite de
l’escroquerie. Il y a des textes spécifiques pour des formes particulières de société :
société d’assurance, société coopérative. La complicité est souvent recherchée et
notamment la complicité des comptables de la société, des commissaires au
comptes. La prescription : on n’a pas de retard du point de départ. On aurait pu
imaginer transposer notre jurisprudence en matière d’abus de biens sociaux ou
d’abus de confiance mais ce n’est pas le cas. La Cour de cassation continue de
rappeler (notamment 20/02/1997) que ce délit est instantané et qu’il est donc
consommé au jour du fait matériel de la publication ou de la présentation.
Arrêt du 31/10/2000. Le texte vise à la fois la présentation et la publication
pour les SA. La Cour de cassation a considéré que ce sont deux délits distincts.
Donc un nouveau délit est réalisé au jour plus tardif de la publication. Nouveau délit
consommé au jour de la publication ; nouveau délai qui court.
Quant à l’action civile, exigence d’un préjudice personnel et directement causé
par l’infraction. Alors même qu’il y a eu ce revirement sur l’abus de biens sociaux à
propos des actionnaires et associés, la Cour de cassation (30/01/2002) admet la
recevabilité de la constitution de partie civile d’un actionnaire dès lors qu’il a acheté
ses titres avant la publication des comptes sociaux. Donc position plus souple de la
Cour de cassation pour l’actionnaire mais aussi par exemple pour le commissaire à
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l’exécution du plan (procédure collective). En revanche, 29/11/2000 : déclare
irrecevable la constitution de partie civile d’un syndicat.
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§4. Le délit de répartition de dividendes fictifs
Idée de partager les bénéfices entre les associés. On va incriminer qu’il y ait
eu distribution de dividendes alors qu’il n’y avait pas de bénéfice distribuable. Donc
l’expression n’est pas parfaite ; les dividendes ne sont pas fictifs. Ce qui est fictif,
c'est l’existence d’un bénéfice distribuable. Fait pour les dirigeants d’opérer entre les
associés la répartition de dividendes en l’absence d’inventaire ou au moyen
d’inventaires frauduleux.
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que dans cette hypothèse (prélèvement sur la réserve libre), une telle distribution
suppose une information selon laquelle ce prélèvement sur les réserves libres de la
société. L’AG doit l’indiquer expressément lors de sa décision.
L’élément intentionnel : on parle de dividendes fictifs, d’inventaires frauduleux.
Ce sont des délits intentionnels (1962).
II. La répression
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situation constatée par un jugement d’ouverture d’une procédure collective. N’est pas
concernée la nouvelle procédure de sauvegarde (la personne n’est pas encore en
état de cessation des paiements). Selon la formule légale, dans cette hypothèse, le
débiteur justifie de difficultés qu’il n’est pas en mesure de surmonter et de nature à le
conduire à la cessation des paiements. Pour qu’il y ait banqueroute, il faut un état de
cessation des paiements constaté ayant donné lieu à ouverture d’une procédure de
redressement ou liquidation judiciaire. Sur cette notion de cessation des paiements,
on avait une sorte de manifestation d’autonomie du droit pénal : on parlait de
faillite virtuelle. On pénal, on se contentait d’une faillite virtuelle. Le juge pénal avait
une conception de l’état de cessation des paiements distincte de celle du juge
consulaire. Conception conservée jusqu’en 1985 par le juge répressif. Aujourd'hui,
conception légale unique, mais la Chambre criminelle conserve une certaine liberté
d’appréciation : elle reconnaît au juge pénal le pouvoir de retenir au regard des
éléments soumis à son appréciation une date de cessation des paiements autre que
celle déjà fixée par la juridiction consulaire. Il va pouvoir retenir au titre du délit de
banqueroute des faits commis antérieurement à la date de cessation des paiements
retenue par le juge consulaire.
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3ème forme de banqueroute : augmentation frauduleuse du passif. Fait de se
reconnaître faussement débitrice au profit de créanciers fictifs au détriment des
véritables créanciers.
II. La répression
5 ans, 75000 euros. Peine portée à 7 ans et 100000 euros quand l’auteur est
le dirigeant d’une entreprise prestataire de service d’investissement. Art. 654-5 :
privation des droits civiques, interdiction, pour 5 ans ou plus, d’exercer une fonction
publique ou l’activité professionnelle dans l’exercice de laquelle l’infraction fut
commise, l’interdiction d’émettre des chèques, l’exclusion des marchés publics. Il est
possible de prononcer la faillite personnelle du dirigeant, de même que l’interdiction
de gérer ou d’administrer une société. Ces peines peuvent être prononcées soit à
titre définitif soit, si ce n’est pas le cas, pour 5 ans au plus. La responsabilité pénale
des personnes morales est prévue. La prescription commence à courir du jour
prononçant l’ouverture s’agissant des agissements commis antérieurement à cette
ouverture. Si les faits ont été accomplis après l’ouverture, c'est à compter du jour de
leur accomplissement que court le délai. La tentative n’est pas incriminée. La
complicité est souvent recherchée, notamment du côté des banquiers. Quant à
l’action civile, on a une liste limitative des personnes susceptibles de l’exercer (sont
exclus les créanciers, puisqu’ils sont fondus dans la masse) à l’article 654-17.
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