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Partie I : Notion de la cessation des paiements

au Maroc
La notion de cessation de paiements joue un rôle fondamental et
décisif dans les procédures collectives, puisque l’ouverture de ces
procédures est subordonnée à la constatation d’un état de cessation de
paiements et à la fixation de cette date de cessation de paiements, elle
est également le point de départ de la période dite « suspecte » au cours
de laquelle et sous certaines conditions certains actes effectués en
fraude des droits des créanciers peuvent être annulés de plein droit.

D’où la nécessité, donc de bien appréhender cette notion. Pour cette


fin, nous allons mettre l’accent, en premier lieu, sur la conception
juridique de la cessation de paiement (Chapitre I), et en deuxième lieu,
essayer de faire une distinction entre cette notion et certaines d’autres
notions voisines qui peuvent faire l’objet de confusions (Chapitre II).

Chapitre I : Conception juridique de la cessation des


paiements

Par le biais de la nouvelle définition légale apportée par la loi 73-17, et


d’après la vision de la jurisprudence marocaine et même française, on
va essayer d’appréhender la notion de cessation de paiement, sa
définition légale et jurisprudentielle (Section 1), et de déterminer les
éléments constitutifs de cette dernière afin de mieux saisir cette notion
autant complexe que fondamentale (Section 2).

Section 1 : Définition légale et jurisprudentielle de la


notion

A la lumière de la loi 73-17 modifiant et complétant les dispositions


régissant les difficultés de l’entreprise contenues dans la loi n°15-95
formant le code de commerce, le législateur marocain a finalement
adopté une définition légale de la notion de cessation de paiement , et ce
à travers l’article 575 al°2, de ladite loi, qui dispose que :
" ‫ عن الدفع متى تحقق عجز المقاولة عن تسديد ديونها المستحقة المطالب بأدائها‬Q‫تبثث حالة التوقف‬
‫ بما في ذلك الديون الناتجة عن االلتزامات المبرمة في إطار االتفاق‬،‫ المتوفرة‬Q‫بسبب عدم كفاية أصولها‬
‫ أعاله‬556 ‫" الودي المنصوص عليه في المادة‬
Ce qui constitue l’un des principaux apports de la nouvelle réforme du
droit des entreprises en difficultés.

Or, auparavant, la cessation de paiements a été reconnue à travers


les anciennes dispositions de l’article 560 qui énonce que : « les
procédure de traitement des difficultés de l’entreprise sont applicables à
tout commerçant, à tout artisan, et à toute société commerciale, qui n’est
pas en mesure de payer à l’échéance ses dettes exigibles , y compris
celles qui sont nées de ses engagements conclus dans le cadre de
l’accord amiable prévu à l’article 556 ci-dessus». Cependant, il ne
s’agissait que d’une reconnaissance timide de la notion, mais sans
définition précise, ce qui constituait une source de controverses
doctrinales et jurisprudentielles vue les conséquences qui découlent de
sa reconnaissance1.

En effet, en absence d’une définition légale à l’époque, c’était à la


doctrine et à la jurisprudence de combler cette lacune législative.

C’est ainsi que la première définition qui a été rendue par notre
jurisprudence qualifie la cessation de paiements comme étant l’arrêt
matériel des paiements, c'est-à-dire le non paiement des dettes
échues, donc il s’agit d’un critère purement matériel : est ce que le
commerçant paie ou ne paie pas ? qui déclenche l’ouverture des
procédures collectives.

Cependant depuis 1996, la pratique jurisprudentielle marocaine a fait


preuve d’une évolution dans la mesure où elle ne se contente plus d’un
critère strictement matériel, mais elle se réfère en outre à un critère
comptable afin de se conformer à l’esprit général de la loi, (le sauvetage
de l’entreprise), à savoir l’existence d’un passif exigible supérieur à
l’actif disponible.

En effet, dans un jugement daté du 27/03/2000, jugement n°


116/2000, dossier n° 88/2000/10 2, il a été décidé que le fait que le
1
Mémoire D.E.S.A Droit des affaires, présentée par Khaldi Lamiaa, sous le thème « la notion de difficulté en
droit des entreprises : procédures et traitement », 2003-2004, p.47.
2
Tribunal de commerce de Casablanca.
passif d’une entreprise commerciale dépasse son actif, justifie
qu’elle soit soumise au redressement judiciaire du moment que sa
situation n’est pas irrémédiablement compromise.

Cette décision judiciaire, qui n’est qu’une illustration de la position du


tribunal de commerce de Casablanca, en matière de définition de la
notion de cessation de paiement permet de retenir que la cessation de
paiement selon cette jurisprudence est constituée par le fait que le
débiteur n’est pas en mesure de régler les dettes échues à l’aide de son
actif en général et non seulement disponible.

Cette définition est différente de celle adoptée par l’article 3 de la loi


française du 25 janvier 1985 relative aux procédures de règlement
collectif3 : « la procédure de redressement judiciaire est ouverte à toute
entreprise …qui est dans l’impossibilité de faire face au passif exigible
avec son actif disponible ». Il considère qu’il y a cessation de paiement
dès lors que le débiteur se trouve dans l’impossibilité de faire face à son
passif exigible à l’aide de son seul actif disponible ; c’est à dire à l’aide
de la partie de son actif constituée de la trésorerie et de toutes les
sommes que le débiteur peut rendre disponibles ou avoir sans délai.

De son tour, La jurisprudence française a défini l’entreprise en


cessation de paiements, dans un premier temps comme, étant celle dont
la situation financière est irrémédiablement compromise, puis dans un
second temps comme étant celle dont l’actif disponible ne suffit pas à
faire face au passif exigible.

A l ‘analyse, il ressort que le Droit marocain est moins sévère que le


droit français quant à la définition de la condition de cessation des
paiements qui justifie le recours au redressement judiciaire ou à la
liquidation judiciaire, car en droit français il suffit que le débiteur n’ait pas
les moyens immédiats de faire face aux dettes exigibles pour qu’il soit
mis sous redressement ou liquidations judiciaires, alors qu’en droit
marocain de telles mesures ne doivent être prononcées que lorsque le
débiteur ne dispose pas de moyens immédiats et médiats pour éteindre
des dettes exigibles

Il semble que cette souplesse, se justifie par la volonté consciente ou


inconsciente de chercher à ménager les intérêts de nos entreprises;
3
Yves Guyon, droit des affaires, Tome 2, entreprises en difficultés Redressement judiciaire- Faillite
sinon notre jurisprudence aurait pu s’inspirer de la jurisprudence de la
Cour de Cassation française4 qui, avant même que la loi française de
1985 soit en vigueur en France, avait choisi de retenir une définition
comptable de la cessation des paiements composée de deux éléments :
le passif exigible et l’actif disponible au sens d’actif réalisable
immédiatement ou à très brève échéance5.

Section 2 : Eléments constitutifs de la


cessation des paiements 

La cessation de paiement est articulée sur deux concepts principaux


de nature comptable : Une incapacité de payer le passif exigible (A)
avec l’actif disponible (B), en revanche on ne peut manquer d’invoquer la
notion de l’impossibilité de faire face invoquée par la législation
française, vue les nuances qui en découlent par rapport à notre
législation et à notre jurisprudence (C).

A- LA NOTION DE « L’ACTIF DISPONIBLE  »

a- La notion de l’actif : élément comptable

En comptabilité générale, l'actif sert à désigner la totalité du patrimoine


de l'entreprise, c'est-à-dire tout ce qu'elle possède. Les actifs forment la
partie gauche du bilan. On parle aussi d'emplois des ressources qui,
elles, forment le passif (partie droite du bilan).

Un actif est un élément identifiable du patrimoine d'une entité ou agent


économique ayant une valeur économique positive, c'est-à-dire générant
une ressource que l'entité contrôle du fait d'événements passés et dont
cette entité attend un avantage économique futur 6.

L'actif est décomposé en deux catégories principales :

- Actifs non courants/ immobilisé a un délai de recouvrement qui


excède 12 mois (il peut être dit durable). Ce sont les
immobilisations et les créances de longue durée, (immobilisations

4
Cass. Com., 14 février 1978; Bull . civ . IV, n.66
5
http://droitmaroc.wordpress.com (consulté le 17/05/2018)
6
Art. 211.1 du Plan comptable Général français.
incorporelles, immobilisations corporelles et immobilisations
financières).
- Actif courants/Circulant  est conçu pour être utilisé ou vendu
dans le cadre du cycle d'exploitation de l'entreprise et la trésorerie
est librement négociable par l'entreprise (valeurs mobilières de
placement, banque, caisse, les stocks, les créances, la trésorerie).

b- La notion de l’actif disponible :

L’actif disponible ne correspond pas à une notion comptable précise,


c’est plus ou moins l’actif circulant (créances + stocks + disponibilités),
l’ensemble étant retraité en fonction de leur liquidité.

En principe donc, l’actif immobilisé, qui soit corporel ou incorporel, ne


doit pas être pris en compte, car par nature, il exige un délai important
pour être liquidé.

Toutefois, certains cas d’espèces relèves des divergences. C’est ainsi


qu’un actif incorporel immobilisé, tel que brevet, marque, autorisations
diverses telle qu’une autorisation de mise sur le marché en matière
pharmaceutique, qui peut trouver acquéreur très rapidement.

Ainsi que les créances non échues mais arrivant à échéance à très
cours terme doivent être incluses dans l’actif disponible après contrôle
de la solvabilité du créancier et du caractère certain de la créance.

Par ailleurs, les stocks posent des problèmes spécifiques et la plupart


des décisions de jurisprudence ne les considèrent pas comme des actifs
disponibles.

EN DÉFINITIVE , ET LE PLUS SOUVENT, LES DISPONIBILITÉS ET LES


VALEURS RÉALISABLES CONSTITUERONT L’ESSENTIEL DU DISPONIBLE.
RESTE À SAVOIR SI LES FACILITÉS DE CAISSE , LES DÉCOUVERTS
BANCAIRES PEUVENT CONSTITUER UN ACTIF DISPONIBLE.

LA JURISPRUDENCE A HÉSITÉ, MAIS AUJOURD ’HUI ON PEUT PENSER QUE


TANT ILS N’ONT PAS ÉTÉ DÉNONCÉS , ILS SONT CONSTITUTIFS DE L’ACTIF
DISPONIBLE 7.

7
Calvo Jean, la cessation de paiement dans les procédures collectives, petite affiches françaises, 2004, p.3
C’EST CE QUE NOUS ENSEIGNE UNE JURISPRUDENCE DU TRIBUNAL DE
COMMERCE DE CASABLANCA QUI DATE DU 27/03/2000 (N°116/2000
DOSSIER N°88/2000), CETTE DERNIÈRE A ESTIMÉ QUE LA NOTION DE
CESSATION DE PAIEMENT EST DÉTERMINÉE EN PRATIQUE PAR LE FAIT QUE
LE DÉBITEUR N’EST PAS EN MESURE DE RÉGLER LES DETTES ÉCHUS DE
SON EXPLOITATION , À L’AIDE DE L’ACTIF GÉNÉRAL DE CELLE -CI.

CETTE JURISPRUDENCE EST SOUPLE CAR ELLE CONSIDÈRE QUE


CONSTITUENT L’ACTIF DE L’ENTREPRISE LES CRÉANCES QUI LUI SONT
ACQUISES ET IMMÉDIATEMENT RECOUVRABLE  ; LES LIGNES DE CRÉDITS
(PAR CAISSE OU PAR SIGNATURE) MISES À SA DISPOSITION , LES STOCKS ET
LES TRAVAUX EN COURS.

B- LA NOTION DU « PASSIF EXIGIBLE  »

Le passif exigible est en principe, le passif échu, en d’autres termes il


est constitué par l’ensemble des dettes arrivées à échéance.

Quelque soit la nature de la créance 8 (civile ou commerciale), des


conditions sont à remplir afin que cette dernière soit recevable devant
une juridiction dans le but d’obtenir un titre exécutoire (décision de
justice condamnant le débiteur à rembourser l’argent qu’il doit). A savoir
la liquidité, l’exigibilité et le caractère certain de la dette.

a. Nature de la dette :

 Une créance est dite civile lorsqu’aucune des parties n’exerce


une activité commerciale en tant que profession et de manière
habituelle et permanente, en d’autres termes, les créances
civiles sont toutes celles qui ne sont pas issues d’une relation
commerciale entre deux professionnels, par exemple un loyer
impayé, une pension alimentaire ou encore un chèque sans
provision (liste non exhaustive).

 La créance est commerciale lorsqu'elle est contractée entre


deux parties qui possèdent la qualité de commerçant
commerçants, sociétés commerciales (de type société à
responsabilité limitée) ou effectuent des actes de commerce (lettre

8
Puisque selon l’art L 621-2 du code commerce français et l’art 578 du code de commerce marocain : «  la
procédure peut être ouverte sur l’assignation d’un créancier quelque soit la nature de sa créance  ».
de change, ...). Il s’agit généralement d’une facture impayée ou
d'une obligation de faire qui n’a pas été respectée par le
débiteur.

 Une créance est dite mixte lorsqu’elle est contractée entre une
personne (physique ou morale) de droit privé commerçante et
une personne (physique ou morale) de droit privé non
commerçante. En d'autres termes un acte est mixte lorsqu'il
présente, d’un côté, un caractère civil pour une des parties et un
caractère commercial pour l’autre (un prêt qu’une banque octroie
à un particulier par exemple).

b. Les conditions de recevabilité de la dette :

 La notion de liquidité :

La dette doit être liquide c'est-à-dire soit être évaluée en argent, soit
résulter d'un titre qui contient tous les éléments permettant cette
évaluation.

Dès lors, dans la notion « liquidité » ne doivent pas être incluses de


simples provisions passées, par exemple dans le cadre d’un litige pour
paiement prévisible de dommages-intérêts à un créancier.

De même ne doivent être incluses les dettes fiscales ou sociales, dont


le montant n’es pas mis en recouvrement au moment de la saisine par
le débiteur du tribunal aux fins d’ouverture d’une procédure collective,
tout particulièrement lorsqu’un redressement est en cours.

C’est ainsi qu’il faut interpréter l’arrêt de la cour de cassation de


Paris qui date de 12 novembre 1997, où certains ont voulu voir un
glissement de la « notion du passif exigible » à celle de « passif exigé ».
En fait, et en l’espèce, l’administration fiscale avait déclaré sa créance à
titre provisionnel, en précisant «  notification de redressement en cours_
titre non encore établi ». La cour de cassation n’a pris en considération
que les dettes dont le montant était connu à la date d’ouverture de la
procédure collective par le débiteur, et donc des seules dettes liquides 9.
9
Calvo Jean, de la cessation de paiement dans les procédures collectives, petites affiches françaises, op cit, p3.
 La notion d’exigibilité :

La dette doit être exigible c'est-à-dire être échue et susceptible


d'exécution forcée.

Or, si le débiteur a bénéficié d'un report d'échéance notamment à


l'occasion d'une procédure de conciliation, sa dette cesse d'être exigible.

Mais l’exigibilité ne suffit pas, il faut également que la dette soit exigée
c'est-à-dire que le paiement ait été demandé puisque, sauf cas
exceptionnel, une mise en demeure est nécessaire pour constater la
défaillance d'un débiteur. Par conséquent, la simple contestation d'un
résultat déficitaire ne permet pas de caractériser la cessation de
paiement.

A ce titre, il est à noter que cette notion de passif exigible a des


contours incertains qui ont suscité plusieurs discussions au sein de la
doctrine française, notamment sur le point de savoir s’il fallait tenir
compte du simple passif exigible échu et non payé, ou s’il fallait tenir
compte du seul passif dont le paiement est exigé effectivement par les
créanciers10.

Il faut reconnaitre qu’en raison d’absence de fonds propres suffisants


des entreprises, de l’endettement important, de l’existence de suretés
souvent cumulatives sur les différents éléments de l’actif, et plus
globalement du fond de commerce, de l’enlisement onéreux que
constituent les procédures collectives, les créanciers n’ont d’autres choix
que d’espérer un paiement même partiel. De même les créanciers ont
tout intérêt à ne pas brusquer les choses pour favoriser des plans de
reprise par des tiers en dehors de toute procédure collective

La jurisprudence est fluctuante à ce sujet. Tantôt, elle semble ne


retenir que le passif exigé, tantôt au contraire elle prend en considération
le passif seulement exigible.

 Le caractère certain de la dette :

La dette doit aussi être certaine c'est-à-dire être indiscutée dans son
existence et son montant. Elle ne doit pas être mise en doute
10
Revue semestrielle des juristes d’affaires, directeur de la revue : Pr, A.SQUALLI, édition 2008, p.53.
On ne saurait refuser au débiteur le droit de se défendre en contestant
le bien-fondé du paiement que lui réclame le créancier à condition que
cette discussion ne constitue pas un moyen dilatoire.

C- L’IMPOSSIBILITÉ DE FAIRE FACE  :

Cette notion ne semble pas avoir fait de développement ou de


précision spécifique en jurisprudence française (vu qu’il s’agit d’une
notion invoqué par le législateur français), elle est la résultante d’une
comparaison objective du passif exigible et de l’actif disponible.

Dès que le passif exigible est supérieur même légèrement à l’actif


disponible, il y a impossibilité de faire face. 11

Donc la jurisprudence française se réfère à un critère légal et unique


pour caractériser l’état de cessation des paiements.

Quant à notre jurisprudence, elle n’est pas unanime sur un seul


critère, en effet à travers une analyse de quelques décisions rendues par
les tribunaux de commerce de Fès, de Casablanca et de Marrakech. On
constate d’abord que nos magistrats se basent sur l’ancienne disposition
de l’art 560 du code de commerce : « … qui n’est pas en mesure de
payer à l’échéance ses dettes exigibles… ».

A cet égard, on ne peut manquer de remarquer que les deux formules


légales Marocaine : «  qui n’est pas en mesure » et française : « …
dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif
disponible » présentent un point de divergence dans la mesure où le
règlement du passif est assumé, dans le droit français, par l’actif
disponible. Alors que le texte marocain se réfère à l’entreprise dans
son ensemble, il s’en déduit que pour payer ses dettes exigibles,
l’entreprise peut se baser non seulement sur son actif disponible et
réalisable mais également sur l’actif qui n’est pas immédiatement
mobilisable.

Ensuite pour caractériser l’état de cessation de paiement les tribunaux


marocains se basent sur « le manque de liquidité » le « déséquilibre
de trésorerie ».

11
Cass.Com. 30 nov. 1993, B.Soinue, Traité des procédures collectives.
A titre d’exemple, il convient de citer un jugement rendu par le
tribunal de commerce de Casablanca en date du 06/01/2003 sous n°
10/2003, prononçant le redressement judiciaire de la société
TERMOMIKANIKA, SA. « …Attendu qu’il ressort des pièces du dossier,
notamment, les états de synthèse du dernier exercice, accompagnés de
la liste des créanciers et des débiteurs, que l’entreprise connait un
déséquilibre dans sa trésorerie en raison de l’accumulation de ses dettes
».

La même position a été déjà prise par le tribunal de commerce de


Marrakech : jugement du 29/07/2002 n° 330/2002 : « Attendu qu’il
ressort des pièces du dossier, notamment les état de synthèse du
dernier exercice, et la liste des créanciers et des débiteurs, que
l’entreprise connait un déséquilibre dans sa trésorerie. ».

Quant au tribunal de commerce de Fès, presque tous les jugements


d’ouverture du redressement judiciaire, qualifient la cessation de
paiement de « cessation temporaire » et ils se basent sur « le manque
de liquidité » comme critère caractérisant cet état. 

A titre d’exemple, on peut citer :

- Le jugement du 20/12/2002, n°20/99 « … Attendu que l’origine des


difficultés dont souffre l’entreprise, est constitué par le manque de
liquidité ».

- Le jugement du 18/06/2003, n° 31/2003.

- Et le jugement du 05/2003, n° 29/2003.

Chapitre II : Distinction de la cessation de paiement


des autres notions voisines :

L’une des difficultés que soulève l’absence de la définition légale de


la notion de cassation de paiement, c’est comment différencier celle-ci
des autres notions voisines12 ? Notamment le refus des paiements ; qui
peut se justifier par des raisons tout à fait personnelles du débiteur, de
12
Mémoire D.E.S.A Droit des affaires, présentée par Khaldi Lamiaa, sous le thème « la notion de difficulté en
droit des entreprises : procédures et traitement », 2003-2004, p.49.
difficultés temporaires, accidentelles, de trésorerie ou de poursuite
d’une activité déficitaire.

À cet égard, on peut citer l’arrêt de la cour d’appel de commerce de


Casablanca (n° 11-99-1472, du 25/01/2000) qui porte sur la distinction
entre la notion de cessation de paiements et le refus de paiements.

Or, dans ce présent chapitre, on va se contenter de distinguer


l'état de cessation des paiements de certaines difficultés
rencontrées par l'entreprise notamment invoquées par le législateur
marocain, à savoir, principalement l'insolvabilité (§1) et la situation
irrémédiablement compromise (§2).

Section 1 : La cessation des paiements est


distincte de l’insolvabilité :

L’insolvabilité13 étant le fait de ne pas pouvoir honorer ses dettes


exigibles au moyen de son actif dans toutes ses composantes, il ne
fait aucun doute qu’en droit marocain, cette notion et la notion de
cessation des paiements se confondent14.

La plupart des auteurs estiment qu’il est possible d’assimiler la


cessation des paiements et l’insolvabilité15.

Par conséquent, pour savoir si la procédure de traitement judiciaire


doit être ouverte, on n’a pas à examiner si le commerçant est solvable ou
non, si son passif est inférieur ou supérieur à son actif, mais uniquement,
si, de fait, il paie ou ne paie pas16.

Les tribunaux (français) se sont prononcés dans le même sens que


la doctrine et, si l’on peut relever quelques décisions qui méconnaissent

13
L'insolvabilité est l'état d'une entreprise dont l'ensemble du passif est supérieur à
l'ensemble des éléments d'actif. Concrètement, cette situation est caractérisée par
l'absence de ressources ou de biens saisissables propres à l'entreprise permettant d'apurer
l'ensemble de ses dettes, ne serait-ce que de façon échelonnée.
14
https://droitmaroc.wordpress.com/2007/05/23/la-cessation-de-paiement-vue-par-le-tribunal-de-commerce-
de-casablanca /
15
Toussaint, Etude sur le problème législatif de la faillite civile, thèse Aix-en-Provence 1923, p :145 et
suivantes.
16
PERCEROU et DESSERTEAUX, T.I, n°181.
entièrement cette distinction classique17 , il est de jurisprudence que
« l’insolvabilité ne se confond pas avec la cessation des paiements »18.

En effet trois arguments peuvent être invoqués pour justifier la


distinction entre l’insolvabilité et la cessation des paiements 19 :

-L’insuffisance de l’actif est fait difficile à déceler  :

Il est très difficile d’établir un bilan exact et complet : le commerçant


peut avoir dissimulé une partie de son actif ou surestimé certains de ses
éléments. L’examen des livres de comptabilité permettrait sans doute
d’apprécier la situation active et passive, mais le débiteur peut avoir
falsifié sa comptabilité.

Seule une liquidation complète du patrimoine pourrait faire


apparaître un solde positif ou négatif et apporter la preuve de
l’insolvabilité20.

-L’insolvabilité n’implique pas nécessairement une situation


désespérée, sans issue :

Le commerçant qui fait de mauvaises affaires et dont le passif


excède l’actif peut, néanmoins, conserver la confiance de ses
créanciers : ceux-ci peuvent accorder à leur débiteur des délais
suffisants pour se libérer21.

-L’échéance a une importance particulière en matière commerciale  :

Le commerce vit d’exactitude et de ponctualité : ce qui apporte le


trouble dans la vie commerciale, ce n’est pas l’insolvabilité, c’est le
défaut de paiement à l’échéance22.

17
Trib.com. Seine 14 janvier 1927 D.1928. 2. 26 qui fixe la date de la cessation de paiements au jour de la vente
par le débiteur d’un fonds à un prix tout à fait insuffisant pour faire face à son passif échu et exigible. Bordeaux,
6 mai 1848, D. 1850 2. 12. Rennes 17 février 1956.
-Rev. trim. Dr.Com 1956 p : 710, observation R.Houin.
18
Cass. Com. 22 juillet 1958, Bull. civ. III. N°323, Rev. Trim. Dr. Com. 1959, p : 156 observ Houin.
19
Gilbert Granchet, la notion de cessation des paiements dans la faillite et le règlement judiciaire, 1962, p :135.
20
IDEM.
21
Trib. Com. 13 janv 1928 : « attendu qu’un commerçant même insolvable, peut continuer sa vie commerciale à
l’aide du crédit qui lui est conféré. Attendu que le crédit est la mesure de la confiance accordée et que tant que
cette confiance lui est accordée, il n’est pas tenu de régler les dettes pour lesquelles un délai lui a été
concéder ».
22
G.GRANCHET, op cit, p :139.
Section 2 : La cessation de paiement et la
situation irrémédiablement compromise
Le constat de cessation des paiements résulte essentiellement
d'un examen des échéances immédiates, c'est-à-dire des dettes à
régler sur le très court terme et des créances à encaisser dans les
mêmes délais, et ne fournit par conséquent aucune indication sur la
pérennité de l'entreprise.

A l'inverse, la situation irrémédiablement compromise de


l'entreprise procède d'une analyse prospective de ses résultats. Elle vise,
en effet, le cas de l'entreprise dont la situation est complètement obérée
et sans issue ou qui se trouve dans l'impossibilité manifeste d'être
redressée.

Conformément aux dispositions de l’article 583, le redressement


judiciaire est prononcé s’il apparaît que la situation de l’entreprise n’est
pas irrémédiablement compromise à défaut la liquidation judiciaire est
prononcée.

Et d’après l’article 651, la procédure de liquidation judiciaire est


ouverte lorsque la situation de l’entreprise est irrémédiablement
compromise.

Il ressort clairement de ce qui précède que la procédure de la


liquidation judiciaire nécessite que la cessation de paiement mette
l’entreprise dans une situation irrémédiablement compromise 23.

Néanmoins, qu’est ce qu’entend le législateur par « situation


irrémédiablement compromise » ?

L’enjeu de la définition de la notion est considérable, puisque la


procédure est destinée à l’élimination de l’entreprise économiquement,
condamnée et l’exécution de ses biens.

Cependant, cette exigence est appréciée de manière très différente


selon les juridictions, étant donné que le législateur n’a pas précisé le
contenu de la notion.

23
Khaldi Lamiaa, la notion de difficulté en droit des entreprises :procédure et traitement, mémoire DESA droit
des affaires, p :58
Qu’elle est donc la pratique de nos juridictions de commerce en
matière de définition de la situation « irrémédiablement compromise » ?

A l’analyse de quelque décisions rendues, on remarque qu’elles ne


vont pas jusqu’à enfermer la notion de situation irrémédiablement
compromise dans une définition figée.

Elles interviennent pour caractériser, au cas par cas, cette notion


sans laquelle, elles ne doivent placer une entreprise, même en état de
cessation des paiements, que sous le régime de redressement judiciaire.
C’est ce qui découle de l’examen de certaines décisions rendues par les
juridictions commerciales de Fès et de Casablanca.

C’est ainsi que l’analyse de la pratique du tribunal de commerce de


Fès, en la matière, permet de dégager certains critères qui déterminent
la situation irrémédiablement compromise ; c’est ce qu’on va essayer de
présenter à travers les trois paragraphes suivants ; la continuité de
l’activité, l’attitude négative du chef de l’entreprise et l’environnement
externe de l’entreprise.

1- La continuité de l’activité  :

Les juges du tribunal de commerce de Fès sont unanimes sur cette


caractéristique principale de la notion de situation irrémédiablement
compromise.

En effet, la majorité de jugements qui ont prévu l’ouverture de la


procédure de la liquidation judiciaire, les juges ont fait référence au
même critère, et voici quelques exemples :

- Le jugement du 08/01/2003 N°06-2001-24.

Attendu que ses moyens sont suffisants pour la continuité de son


activité, et le paiement des dettes. L’entreprise se trouve dans une
situation irrémédiablement compromise.

- Le jugement du tribunal de commerce de Fès du 07/05/2001 N°06-


2001-02

Ainsi la situation d’une entreprise est irrémédiablement


compromise lorsque cette dernière se trouve en état de cessation des
paiements et qu’en plus l’état de son actif et passif, n’offre aucun indice
susceptible de lui permettre de poursuivre son activité.

2- Attitude négative du chef de l’entreprise   :

Pour qualifier la situation comme étant irrémédiablement


compromise, d’autres critères ont été pris par le tribunal pour décider
l’ouverture de la procédure de liquidation ; il s’agit de l’attitude négative
du chef de l’entreprise.

Le jugement du tribunal du commerce de fès du 12/04/2000 N°06-


2000-01 illustre le cas, en l’espèce le dirigeant de la société
« Honsfood » ne s’est pas présenté devant le tribunal malgré qu’il a été
convoqué plusieurs fois.

En effet, dans cette affaire, pour motiver leur décision les juges ont
insisté sur l’absence du dirigeant de la société et de sa non comparution
après l’avoir convoqué.

En outre, le dirigeant de la société de « Honsfood » ne s’est pas


contenté de ne pas répondre aux diverses convocations qui lui ont été
adressées, mais il a également procédé à la fermeture de sa société.

3- L’environnement externe de l’entreprise  :

La situation irrémédiablement compromise est appréciée en partant


aussi des conditions économiques, sociales et autres générales et
externes à l’entreprise. Le cas de la société « Diver Maroc » constitue
une concrétisation.

En effet, le tribunal de commerce de Fès dans le jugement du


06/12/1999 N°98-7 a décidé l’ouverture de la liquidation judiciaire à
l’encontre de la société « Diver Maroc » qui à cause d’une mauvaise
gestion de son ancien dirigeant et de la situation économique générale
qui se trouvait en mauvais état, ladite société s’est trouvée dans
l’impossibilité de payer ses dettes à l’échéance.

En sommes, cette situation irrémédiablement compromise est donc


la synthèse de trois éléments qui composent en définitive la cessation
des paiements : l’arrêt matériel, une situation désespérée et l’emploi de
moyens frauduleux et ruineux24.

Partie2: Constations judiciaires de la


cessation des paiements :

La procédure de redressement judiciaire est une procédure collective et


judiciaire de traitement curatif des difficultés ouvertes par le tribunal de
commerce et concerne les entreprises en état de cessation des
paiements.

La cessation des paiements est une notion fondamentale du droit des


procédures collectives. Cette dernière génère, en effet, de grandes
conséquences tant pour l’entreprise que pour le dirigeant.

Il est utile d’étudier à ce niveau d’étudier dans un premier chapitre le rôle


du tribunal de commerce dans la détermination de la date de cessation
des paiements, ensuite les effets de cet état de cessation (chapitre2).

Chapitre1 : Le rôle du tribunal de commerce dans la


détermination de la date de cessation des paiements
Après examen de la situation de l'entreprise dont il est saisi, le tribunal
constate, par jugement, l'absence de cessation des paiements ou, au
contraire, sa réalité. Dans ce cas, le jugement doit être suffisamment
motivé car ses effets sont importants. C'est pourquoi la définition de cet
état est fondamentale pour apporter la solution la plus appropriée à la
situation de l'entreprise.IL en résulte alors que le tribunal joue un rôle
déterminant.
24
A.Squalli, Droit et pratique en matière de faillite et de liquidation judiciaire des entreprises, 1ére édition
1996, p :46.
Dans un arrêt de la cour d’appel de Fès25 rendu le 5/7/2013 relatif à la
société des moulins de loukous 1qui a prononcé la nullité de a procédure
de redressement judiciaire et par contre a prononcé l’ouverture d’une
procédure de liquidation judiciaire à l’encontre de la société des moulins
de LOUKOUS avec tous les effets juridiques qui en résultent.

Section1 : La fixation et déclaration de la date de


cessation des paiements

Toute entreprise, personne physique ou société, en cessation des


paiements, doit impérativement déclarer cette situation auprès du
tribunal dans les quinze jours qui suivent la cessation des paiements.

Il est utile d’étudier au niveau de cette partie la date de cessation des


paiements (Sous section1), ensuite le report de la date de la cessation
des paiements (sous ection2), ainsi que la détermination de la demande
de déclaration (sous section3).

Sous Section1 : fixation de la date de cessation des paiements

Le jugement d’ouverture de la procédure fixe la date de cessation des


paiements. Il appartient ainsi au tribunal de fixer, dans son jugement
d’ouverture de la procédure de redressement judiciaire, la date de
cessation des paiements. Dans tous les cas, cette date ne peut être
antérieure de plus de 18 mois à celle de l’ouverture de la procédure
(article 713 alinéa 1)26.

Un Arrêt de la cour d’appel de commerce de Fès rendu le 6/10/2010 a


prononcé que la cessation des paiements consiste dans l’impossibilité
pour l’entreprise de payer ses dettes exigibles au terme convenu à
l’avance27.

A défaut de détermination de cette date par le jugement, la cessation


des paiements est réputée être intervenue à la date du jugement.

25
Arrêt de la cour d’appel de Fès rendu le5/7/2013 relatif à la société des moulins de loukous
26
Article 713 de la nouvelle loi 17-73du co. Com
27
Un Arrêt de la cour d’appel de commerce de Fès rendu le 6/10/2010 a prononcé que la cessation des
paiements consiste dans l’impossibilité pour l’entreprise de payer ses dettes exigibles au terme convenu à
l’avance.
Un des litiges les plus fréquents concerne la date de cessation des
paiements. Il importe donc de connaître les éléments de preuve sur
lesquels les tribunaux s’appuient pour relever cet état. Les preuves
immédiates sont toutes les manifestations des créanciers qui, soit
revendiquent le règlement de leur créances (assignation en paiement,
injonction de payer, résolution des baux, saisies, exécutions), soit
prennent des mesures pour protéger leurs droits (inscription de protêts.
retrait de chéquiers, saisies conservatoires, hypothèques judiciaires).

Il faut comprendre que la cessation des paiements n’est pas un


déséquilibre financier quelconque ; elle traduit l’impossibilité dans
laquelle se trouve le débiteur de rétablir une situation saine et un
équilibre durable. Par conséquent, un jugement du tribunal de
commerce de Casablanca en date 27/03/200028 nous enseigne que la
cessation des paiements est déterminée, en pratique, par le fait que le
débiteur n’est pas en mesure de régler les dettes échues de son
exploitation, à l’aide de l’actif général de celle-ci.

Sous-section 2 : le report de la date de cessation des paiements

La date de cessation des paiements peut être reportée une ou plusieurs


fois à la demande du syndic (article 713 de la nouvelle loi alinéa 3). "La
demande de modification de date doit être présentée au tribunal avant
l’expiration du délai de quinze jours suivant le jugement qui arrête le plan
de continuation ou de cessation ou si la liquidation judiciaire a été
prononcée, suivant le dépôt de l‘état des créances."

Sous section3 : Détermination du dossier de déclaration de cessation


des paiements

La demande de déclaration de l’état de cessation des paiements est


déposée au greffe du tribunal29. Le chef d’entreprise énonce les causes
de la cessation des paiements.

Le dossier à fournir comporte les pièces suivantes (les documents sont


énumérés à l‘article 562) :

28
Tribunal de commerce en date 27/03/2000 (dossier n 88/2000/10), jugement du tribunal de commerce de
Casablanca.
29
Article 577 de la loi 17-73 du code de commerc
➢ L’évaluation et l'énumération de tous les biens mobiliers et
immobiliers de l‘entreprise ;

- La liste des créances et débiteurs avec indication de leur


résidence, le montant de leurs droits ;
- Les Créances et garanties à la date de cessation des paiements ;
- Le tableau des charges.

Nous estimons utile d’y ajouter une situation de trésorerie datant de


moins de trois mois, le nombre de salariés, l’état actif et passif des
sûretés, ainsi que celui des engagements hors bilan, un extrait
d’immatriculation au registre de commerce (« Modéle7 » ou « Modèle J
»), l’inventaire sommaire de biens du débiteur.

Ces documents doivent être datés, signés et certifiés et véritables par le


chef d‘entreprise déclarant. Ce travail de préparation du dossier doit être
effectué en temps utile, compte tenu des brefs délais disposés pour
procéder à la déclaration de cessation des paiements.

L’ensemble du dossier ainsi constitué sera remis au greffe du tribunal


compétent par le débiteur lui-même ou par un mandataire, dûment
habilité à cet effet. A ce stade de la procédure, « le tribunal statue sur
l’ouverture de la procédure après avoir entendu (...)le chef d’entreprise.
Le tribunal doit statuer au plus tard dans les quinze jours de sa saisine
(article 567 alinéas 1 et 3)30.

La décision est rendue à une audience ultérieure, dont la date doit être
communiquée au débiteur.

La décision d’ouverture de la procédure est rendue en audience


publique et le redressement judiciaire est alors prononcé. (Nous
rappelons à nos lecteurs qu’à ce que ce stade, la situation de l’entreprise
n’est pas irrémédiablement compromise mais qu’elle est en état de
cessation des paiements. Il existe encore des chances de sauver
l’exploitation).

Le redressement judiciaire prononcé par le tribunal signifie que ce


dernier rend un jugement d’ouverture de la procédure. Il prend effet à

30
Article 567 du co.com 7 Article 569 du co.com
partir de sa date et est mentionné sans délai au registre de commerce.
Dans les 8 jours du prononcé du jugement, un avis de la décision est
publié dans un journal ' d’annonces légales et au bulletin officiel (...) dans
le même délai de 8 jours, le jugement est notifié à l’entreprise par les
soins du greffier (article 569)31.

Section2 : responsabilité des dirigeants en cas


de non déclaration de la cessation des paiements
:

La déclaration de cessation des paiements est une obligation pour le


dirigeant.

Selon la nouvelle loi, le chef de l’entreprise doit demander l’ouverture


d’une procédure de traitement au plus tard dans les trente jours qui
suivent la cessation des paiements32.

Il s’agit ici d’un apport de la loi, du fait qu’il a élargi le champ d’ouverture
de la procédure de redressement, Il est important S’il ne la respecte
pas, ce dernier risque des sanctions au titre de la déclaration tardive
(faute de gestion). Il peut ainsi être sanctionné par une interdiction de
gestion et même être condamné personnellement au paiement des
dettes de l’entreprise.

Dans un arrêt de la cour d’appel de commerce de Fès daté le 5/7/2013


33
;il a été jugé que les dirigeants de la société des moulins de loukous ( ‫نا‬
‫ الحسين‬Q‫ناصر‬, ‫ الحسن ) صرعلي و‬Q‫ ناصر‬sont responsables solidairement des
dettes de l’entreprise. A cet effet le tribunal a prolongé la procédure de
liquidation judiciaire.

Très souvent, l’entreprise génère des déficits depuis plusieurs exercices;


elle est en difficulté accrue; le dirigeant tente de demeurer néanmoins
optimiste sur les prévisions d’activité. Cet état de fait traduit

31
Article 569 du co.com
32
Article 576 de la nouvelle loi 17-73 9 Arrêt de la cour d’appel de commerce de fes daté le 5/7/2013
10 Article 706 du co.com
33
Arrêt de la cour d’appel de commerce de fes daté le 5/7/2013
l’impossibilité pour l’entreprise de ne plus pouvoir faire face à son passif
exigible.

Le chef d’entreprise espérant toujours pouvoir la redresser, poursuit en


conséquence une exploitation déficitaire On aboutit alors à la faute de
gestion qui consiste à poursuivre abusivement, dans un intérêt
personnel, une exploitation déficitaire qui ne pouvait conduire qu’à la
cessation des paiements de la société (article 706 alinéa 4) 34.

A cet égard, Les sanctions à l’encontre des dirigeants de l’entreprise


sont très nombreuses. Il s’agit en premier lieu de la déchéance
commerciale en cas de faute de gestion (section1) ; d’autres sanctions
patrimoniales sont prévues (section2).

Section1 : La déchéance commerciale

Dans les trente jours de la cessation des paiements, le débiteur a


l’obligation de solliciter l‘ouverture d’une procédure de redressement
judiciaire. S’il omet de la déclarer dans le délai précité, le tribunal peut
prononcer à son encontre La déchéance commerciale (article714 al4) 35.

Contrairement à l’ancienne loi, L’article 711 de l’ancien code de


commerce prévoit que « la déchéance commerciale emporte interdiction
de diriger, gérer, administrer ou contrôler, directement ou indirectement,
toute entreprise commerciale ou artisanale et toute société commerciale
ayant une activité économique »36.

En outre, la loi 17-73 dans son article 74537prévoit que cette même
sanction peut être prononcée à son encontre, s’il a poursuivi
abusivement une exploitation déficitaire ne pouvant conduire qu’à la
cessation des paiements (article712 al1) de son exploitation.

Très souvent, l’entreprise génère des déficits depuis plusieurs exercices;


elle est en difficulté accrue; le dirigeant tente de demeurer néanmoins
optimiste sur les prévisions d’activité. Cet état de fait traduit

34
Article 706 du co.com
35
Article 714 du co.com
36
Article 711 du co.com
37
Article 745 de la loi 17-73
l’impossibilité pour l’entreprise de ne plus pouvoir faire face à son passif
exigible.

Le chef d’entreprise espérant toujours pouvoir la redresser, poursuit en


conséquence une exploitation déficitaire On aboutit alors à la faute de
gestion qui consiste à poursuivre abusivement, dans un intérêt
personnel, une exploitation déficitaire qui ne pouvait conduire qu’à la
cessation des paiements de la société (article 706 alinéa 4).

La question qui se pose alors est la suivante : Peut-on déterminer la


cessation des paiements à partir du bilan ?

Le bilan a pour vocation de Présenter la situation patrimoniale de


l’entreprise à un instant « T ».Ce document peut révéler un état
d’insolvabilité du fait que les dettes à court et moyen termes sont
supérieures à l’actif immobilisé, l’actif circulant et à la t

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