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11 – aLLocation deS fondS ProPreS et  ratioS  PrudentieLS

3.4 Les ratios de rentabilité sur fonds propres économiques

Le principal ratio de rentabilité des fonds propres économiques est le ratio présenté
à la section 4.1 sous la dénomination du RAROC.
On peut employer également le principe des ratios de rendement des fonds propres
qui viennent d’être étudiés, en particulier les ratios suivants :
rendement des fonds propres économiques en prenant au numérateur le

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„

résultat à fonds propres zéro :

Résultat net, après impôts, à fonds propres zéro

Fonds propres économiques

„ ou rendement des fonds propres économiques en prenant au numérateur le


résultat à fonds propres économiques :

Résultat net, après impôts, à fonds propres économiques

Fonds propres économiques

Le résultat à fonds propres économiques étant obtenu de la manière suivante :

Résultat net, après impôts, à fonds propres zéro


+ (fonds propres économiques x TCI x (1 = t))

(Rappel : TCI est le Taux de cession interne des capitaux ; t est le taux d’impôts
normatif )
Les remarques et les calculs sur ces ratios de rentabilité des fonds propres écono-
miques sont identiques à ceux relatifs aux fonds propres prudentiels.

4. Les ratios de liquidité

Le thème de la liquidité et de son incidence en matière de contrôle de gestion


bancaire a déjà été abordé tout au long de cet ouvrage à travers plusieurs angles,
dont :
„ L’affectation des ressources aux emplois suivant les méthodes du «  pool
unique » ou du « pool multiple » montre bien l’importance du sujet de la liquidité
à court, moyen et long terme afin de déterminer une marge d’intérêt, élément
primordial du contrôle de gestion bancaire (v. Chapitre 4, Section 2).

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Partie iii – La geStion PréviSionneLLe, Le Suivi deS réSuLtatS, deS fondS ProPreS et de La Liquidité

„ Les relations étroites entre les services de contrôle de gestion et ceux


d’ALM-Trésorerie ont été abondamment soulignées au chapitre 3 (v. Section 3.4.2
pour « La Relation avec l’ALM-Trésorerie » et Section 1.1.1 pour « L’organisation des
directions financières »).

Après la crise financière de 2008, cette gestion de la liquidité s’est nettement


renforcée au sein des banques jusqu’à en devenir l’un des trois « piliers » du contrôle
de gestion bancaire, les deux autres étant la rentabilité / activité et les fonds propres.

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En particulier, la réglementation Bâle 3/CRD 4 a introduit deux ratios de liqui-
dité : le LCR (Liquidity Coverage Ratio) et le NSFR (Net Stable Funding Ratio). Les
principes de ces deux ratios doivent être connus des contrôleurs de gestion car ils
impactent le dispositif, tant en réalisé qu’en prévisionnel, du contrôle de gestion
ainsi que les analyses financières internes de la banque.

4.1 Ratio de liquidité à court terme – LCR

Le ratio LCR est destiné à mesurer la capacité des établissements de crédit à résister
à un choc de liquidité à court terme.
Actifs fortement liquides et de qualité
Ratio LCR =
Sorties nettes de trésorerie sur 1 mois
Le calcul détaillé du numérateur et du dénominateur du ratio est complexe11.
Certains éléments, utiles au contrôle de gestion, sont précisés ci-après :

a) Actifs fortement liquides et de qualité


(HQLA pour High Quality Liquid Assets)
„ Encaisses et expositions sur les banques centrales.
„ Autres actifs cessibles d’une liquidité et d’une qualité de crédit extrêmement
élevées.
„ Actifs cessibles qui représentent des créances «  sur  », ou qui sont garanties
« par », l’administration centrale d’un état membre, des banques centrales et
des entités du secteur public, de la BRI, du FMI, du fonds européen de stabi-
lité et du mécanisme européen de stabilité.
(…)
À noter que la valeur d’un actif liquide est sa valeur de marché, à laquelle est
appliquée une décote appropriée tenant compte de sa durée, du risque de crédit et
de liquidité notamment.

(11) Se reporter pour plus de détails au texte de la directive CRD 4 du 27 juin 2013 (6e partie) ainsi qu’à
la notice de l’ACPR de juin 2015 relative « aux modalités de calcul des ratios prudentiels dans le cadre de la
CRD 4 – partie 5 « ratios de liquidité ».

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11 – aLLocation deS fondS ProPreS et  ratioS  PrudentieLS

b) Sorties de trésorerie

„ Montant actuel de l’encours de dépôts de la clientèle de détail.


„ Montants actuels des encours d’autres éléments de passif qui sont exigibles.
„ Sorties de trésorerie relatives à des facilités de crédit et de caisse.
(…)

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c) Entrées de trésorerie

„ Les entrées de trésorerie comprennent les entrées contractuelles sur les


expositions non échues et pour lesquelles l’établissement n’a pas de raison de
supposer une non-exécution à l’horizon de trente jours.
„ Les entrées de trésorerie plafonnées sont égales aux entrées de trésorerie
limitées à 75 % des sorties de trésorerie.
(…)

Ces entrées et sorties de trésorerie sont pondérées suivant des taux de pondération
allant de 0 % à 100 %.

Le ratio LCR est introduit progressivement à partir de 2015 à hauteur de 60 %


pour atteindre progressivement 70 % en 2016, puis 80 % en 2017 et enfin 100 %
en 2018.

4.2 Ratio de liquidité à long terme – NSFR

Ce ratio NSFR a pour objectif de s’assurer que l’équilibre entre les ressources et les
emplois à plus d’un an soit respecté pour chaque banque.

Ressources à plus d’un an


Ratio NSFR = ≥100 %
Emplois à plus d’un an

Les principaux éléments de calcul de ce ratio sont les suivants :

a) Financement stable

„ Fonds propres de catégorie 1 et 2, ainsi que les autres actions privilégiées


dépassant le montant autorisé des fonds propres de catégorie 2 et de plus
d’un an.
„ Les passifs de type : dépôt de la clientèle de détail (faisant partie d’une relation
établie, rendant un retrait très improbable et détenu sur un compte courant).
„ Les passifs résultant de titres émis de plus d’un an.
(…)

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Partie iii – La geStion PréviSionneLLe, Le Suivi deS réSuLtatS, deS fondS ProPreS et de La Liquidité

b) Emplois à plus d’un an


„ Actifs commerciaux résiduels à plus d’un an (selon les pondérations régle-
mentaires).
„ Autres actifs à plus d’un an.
(…)
Ces actifs et passifs stables sont pondérés suivant des taux de pondération allant de
0 % à 100 %.

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Le ratio NSFR doit être supérieur à 100 % et devrait s’appliquer à partir de 201812.

4.3 Incidences des ratios de liquidité sur la gestion interne

Les ratios de liquidité, comme ceux de solvabilité, sont le plus souvent calculés et
adressés aux superviseurs par les fonctions comptables et de risques, avec l’appui
des équipes ALM-Trésorerie.
Le contrôle de gestion a, quant à lui, pour rôle de suivre ces ratios de liquidité à
travers deux outils qui lui sont propres :
a) Au niveau du tableau de bord, des indicateurs facilitant l’approche de ces
ratios peuvent être établis, permettant aux opérationnels et aux contrôleurs de
gestion de suivre plus précisément les ratios de liquidité.
Ainsi, un indicateur de type « encours de dépôt – encours de crédit », décliné par
métier, par pays et / ou par durée, peut être introduit fort utilement dans le tableau
de bord de suivi mensuel, à la disposition des responsables opérationnels.
Cet indicateur – type peut être décliné à court terme (similaire au LCR) ou à plus
long terme (similaire au NSFR).
b) Au niveau du dossier budgétaire, à préparer et à présenter par les centres de
profit ou métiers lors de la procédure budgétaire, ces ratios de liquidité peuvent
être calculés en prévisionnel.
Une version simplifiée du type « encours prévisionnel de dépôt – encours prévi-
sionnel de crédit » peut être calculée afin de représenter, de manière simplifiée, la
partie commerciale des actifs et passifs des centres de profit / métiers de la banque
et ainsi, mieux piloter les ratios LCR et NSFR, primordiaux pour la santé financière
de la banque.
La mise en place du calcul et des modalités de reporting de ces ratios de liqui-
dité – et leurs dérivés opérationnels – représentent un effort très significatif pour
l’ensemble des acteurs concernés, en premier lieu les équipes comptables, de risques
et d’ALM-Trésorerie.

(12) La méthodologie de calcul du NSFR n’est pas encore définitive au moment où nous finalisons la pré-
sente édition de l’ouvrage. La transposition du NSFR dans la réglementation européenne devrait se faire d’ici
décembre 2016.

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11 – aLLocation deS fondS ProPreS et  ratioS  PrudentieLS

Quant au contrôle de gestion, il devra adapter son dispositif – principalement les


tableaux de bord et la procédure budgétaire – ainsi que les normes de contrôle de
gestion à ces nouvelles contraintes de gestion de la liquidité. Sur un sujet aussi
complexe et technique, il devra également se montrer très pédagogue auprès
des utilisateurs de l’information de gestion – responsables opérationnels, direc-
tion générale – afin de leur restituer une information simple, fiable et, surtout,
compréhensible par tous.

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Partie iii – La geStion PréviSionneLLe, Le Suivi deS réSuLtatS, deS fondS ProPreS et de La Liquidité

Annexe

Relations entre ROE, RFPP et ROE à FPP


Considérons les conventions suivantes d’appellation :

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„ RN à FPR : Résultat net après impôts à fonds propres réels
„ RN à FPZ : Résultat net après impôts à fonds propres zéro
„ RN à FPP : Résultat net après impôts à fonds propres prudentiels
„ FPR : Fonds propres réels
„ FPP : Fonds propres prudentiels
„ FPZ : Fonds propres zéro
„ t : Taux d’imposition normatif
„ TLT : Taux de placement des fonds propres réels avant impôts
„ TLT’ : Taux de placement des fonds propres réels après impôts (= TLT x (1 – t))
Dans les développements qui suivent, on prend l’hypothèse de calcul des ratios
après impôts.

a) Relation entre ROE et RFPP


Résultat net après impôt à FPR
Soit ROE =
FPR
RN à FPR FPP
= x
FPP FPR
(RN à FPZ + TLT’ x FPR) FPP
= x
FPP FPR
RN à FPZ FPP
= x + TLT’
FPP FPR

FPP
ROE = RFPP x + TLT’
FPR

ou

FPR
RFPP = (ROE – TLT’) x
FPP

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11 – aLLocation deS fondS ProPreS et  ratioS  PrudentieLS

„ Application numérique
Soit ROE = 10 % ; t = 33 1/3 % ; TLT = 6 % ; TLT’ = 6 % (1 – 33 1/3 %) = 4 %
FPR
alors RFPP = (10 % - 4 %) x
FPP
FPR

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et RFPP = 6 % x
FPP
Dans le cas où FPR = FPP (cas des centres de profit à l’intérieur d’une entité
juridique) alors RFPP = 6 %. Ainsi, dans le cas où les fonds propres réels sont
égaux aux fonds propres prudentiels, le rendement des fonds propres prudentiels
se déduit du ROE par une simple translation.
(RFPP = ROE - taux d’intérêt long terme après impôt).

b) Relation entre ROE à FPP et RFPP


RN à FPZ + FPP x TLT’
ROE à FPP =
FPP
RN à FPZ
= + TLT’
FPP

ROE à FPP = RFPP + TLT’

ou

RFPP = ROE à FPP – TLT’

„ Application numérique
Si t = 33 1/3 % ; RFPP = 6 % ; TLT = 6 % ; TLT’ = 6 % (1 – 33 1/3 %) = 4 %
alors ROE à FPP = RFPP + TLT’
=6%+4%
= 10 %
Ainsi, le ROE à fonds propres prudentiels découle simplement du rendement des
fonds propres prudentiels auquel on rajoute le taux d’intérêt à long terme après
impôt.

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Partie iii – La geStion PréviSionneLLe, Le Suivi deS réSuLtatS, deS fondS ProPreS et de La Liquidité

c) Relation entre ROE et ROE à FPP


FPP
ROE = RFPP x + TLT’
FPR
FPP FPP
ROE = ROE à FPP x - TLT’ x + TLT’
FPR FPR

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( )
FPP FPP
ROE = ROE à FPP x + TLT’ x 1 -
FPR FPR

ou

FPR
ROE à FPP = (ROE - TLT’) x + TLT’
FPP

Si t = 33 1/3 % ; ROE = 10 % ; TLT = 6 % ; TLT’ = 6 % (1 - 33 1/3 %) = 4 %


FPR
ROE à FPP = 6 % x +4%
FPP

„ Si FPP = 2 FPR alors ROE à FPP = 7 %


Ainsi, dans le cas d’un excédent de fonds propres prudentiels par rapport aux fonds
propres réels, le ROE à fonds propres prudentiels est nécessairement inférieur au
rendement des fonds propres réels.
„ Si FPP = 1/2 FPR alors ROE à FPP = 16 %
Dans le cas où les fonds propres prudentiels sont inférieurs aux fonds propres réels,
le ROE à fonds propres prudentiels est supérieur au ROE.
„ Si FPP = FPR, alors ROE à FPP = ROE = 10 %
Dans le cas où les fonds propres réels sont égaux aux fonds propres prudentiels,
il est logique que le ROE à fonds propres prudentiels soit égal au ROE à fonds
propres réels.

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Chapitre 12

Perspectives du contrôle

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de  gestion  bancaire

1. Les pratiques budgétaires alternatives ...................................................... 327


1.1 Les limites de la procédure budgétaire .................................................... 327
1.2 Une approche budgétaire dynamique : la Budgétisation
à base zéro (BBZ) ................................................................................... 328
1.3 Les approches de planification glissante opérationnelle
et les tendances liées au mouvement dit du Beyond Budgeting ................. 329
2. Les pratiques de benchmarking ............................................................... 330
2.1 Les limites des systèmes d’information de gestion « internes »................. 330
2.2 Le benchmarking comme méthode de comparaison systématique
des performances .................................................................................... 331
2.3 Le contrôle de gestion et le benchmarking................................................ 332
3. La comptabilité par les activités et la gestion par les processus ................. 332
3.1 Les limites des méthodes de comptabilité analytique traditionnelle......... 332
3.2 Une réponse aux limites de la comptabilité analytique traditionnelle :
la comptabilité par les activités ............................................................... 334
3.3 Le contrôle de gestion et l’ABC .............................................................. 336
3.4 La gestion par les processus .................................................................... 337
3.5 Le contrôle de gestion et la gestion par les processus ............................... 339
4. Le reengineering ..................................................................................... 340
4.1 Le Business Process Reengineering (BPR) et la méthode « Six Sigma » ........ 340
4.2 Le contrôle de gestion et les méthodes ponctuelles d’aide
à l’amélioration des performances économiques...................................... 342
5. La mise en œuvre de ces méthodes : les leçons de l’expérience .................. 343
5.1 BBZ, benchmarking, ABC / ABM, BPR : apports et applicabilité
au secteur bancaire ................................................................................. 343
5.2 Les risques liés à l’introduction de ces démarches.................................... 345
5.3 Les conditions de réussite ....................................................................... 347

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