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Histoire+du+monde+Pour+les+Nuls,+2e AMZN PDF
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Pas d’histoire sans guerre ! Mais quelles sont les guerres vraiment
importantes, vraiment historiques ? Comment se sont-elles
déroulées ? Quel est leur impact réel ? Tel est l’objet des icônes
traitant des guerres.
L’histoire des hommes est marquée par des faits importants, par
des données très lourdes, tellement évidentes que parfois elles ne
sont pas perçues (par exemple, au moins jusqu’au XIXe siècle, la
présence obsédante de la maladie et de la mort, l’absence de réel
confort pour tous les hommes ou presque) ; l’icône « N’oubliez
pas ! » rappelle d’abord ces évidences incontournables.
Dans ce chapitre :
Les milliards d’années qui ont précédé l’homme
Une préhistoire longue et créatrice
La naissance de l’homme d’aujourd’hui
La plus vieille ville du monde, Jéricho, est édifiée vers -8000 sur la
rive occidentale du Jourdain. Elle est entourée par une formidable
muraille (plus de 3 mètres de largeur) que, selon la Bible, les
trompettes de Josué auraient fait tomber. Les habitants de Jéricho
sont à la fois des agriculteurs (blé, orge, lentilles…), procédant à
des rotations de cultures, et des éleveurs (moutons, chèvres). Le
commerce est déjà intense : obsidienne de Turquie (voir, ci-
dessous, Çatal Höyük), turquoise du Sinaï, coquillages de la
Méditerranée et de la mer Rouge.
Çatal Höyük
Dans ce chapitre :
L’homme sort de la préhistoire
L’histoire commence à Sumer
L’Égypte éternelle
Les soubresauts de l’Inde
La Chine entre légende et histoire
Autres foyers
Prophètes de l’universel
Dès l’âge du bronze, surgissent des individus mettant en
forme une philosophie de la vie. Vers le XIIIe siècle av. J.-C.,
Moïse est l’homme d’un peuple, les Juifs, dont il assure la
survie en maintenant l’Alliance avec Yahvé, le dieu d’Israël.
Zarathoustra (VIIe-VIe siècle av. J.-C.) demeure, lui aussi, un
prophète. Réformateur iranien, il fonde la première grande
religion de cette civilisation, le mazdéisme pour lequel
l’humanité est prise dans une lutte permanente entre Bien
et Mal. Le Chinois Confucius (v. -555~v. -479) fonde ce qui
demeure pour cette culture l’ordre harmonieux. Au nord de
l’Inde, Bouddha (soit v. -536~-480, soit v. -480~-400),
d’origine princière, invente, lui, une représentation du
monde et de l’homme, se diffusant d’abord en Asie (Inde,
Chine, Japon…) puis de plus en plus au-delà. À peu près à la
même époque (VIe siècle av. J.-C.), le philosophe et
mathématicien Pythagore, dont ne subsiste aucun écrit,
fonde une mystique des nombres, grâce à laquelle l’homme
accède à l’harmonie absolue. Pythagore aurait créé la
« première » société ésotérique, regroupant des initiés
détenteurs d’une connaissance à la fois scientifique et
sacrée. Enfin le Grec, l’Athénien Socrate (-470~-399),
inséparable de sa ville, forge le modèle de l’homme
occidental, mettant tout en doute, et révélant ce qui est
commun à tous les hommes : la raison, la quête sans fin de
soi-même (voir également chapitre 27 « Dix personnages
qui ont façonné l’histoire »).
Cette hiérarchie quasi parfaite repose sur le Nil ou, plus clairement,
sur des cycles agricoles rigoureux. Que l’équilibre entre les
greniers et la population se rompe du fait soit de la nature
(sécheresses, inondations…), soit de perturbations politiques
(luttes de pouvoir, agressions extérieures…) et tout le système se
disloque. L’ordre de l’empire laisse place au chaos des périodes
intermédiaires.
Première de loin dans le monumental
De toutes les civilisations croyant s’affranchir de l’usure du temps
par l’édification de monuments « éternels » (temples, tombeaux,
nécropoles…), l’Égypte pharaonique est de loin la première. Durant
l’Ancien et le Moyen Empire (-2700~-1750), plus de soixante
pyramides sont construites.
L’île américaine s’étire du pôle Nord au pôle Sud ; elle aligne tous
les climats, du plus froid au plus équatorial. Cette juxtaposition des
climats gêne ou bloque la diffusion des cultures. La nature
américaine apparaît beaucoup moins généreuse que celle de
l’Eurasie : l’Amérique n’a pour céréale que le maïs ; et elle a peu
d’espèces animales pouvant être domestiquées (dindon, lama,
alpaga, mais ni vache ni cheval). La métallurgie n’utilise que le
cuivre et l’or. D’où des conditions techniques tout à fait
particulières : même si l’on a retrouvé des jouets d’enfants avec de
petites roues, l’Amérique précolombienne ne développe pas de
véhicules à roues, parce qu’elle ne peut pas les utiliser (nature peu
favorable : forêts tropicales, montagnes ; absence d’animaux de
trait). (Voir également chapitre 29 « Dix témoignages du génie
humain ».)
Dans ce chapitre :
L’âge des invasions
Les cités à l’ombre de la Perse
La guerre autodestructrice
Des cités aux royaumes hellénistiques
Sparte
Athènes
Moins de dix ans plus tard, dans Les Perses (-472), le tragique grec
Eschyle, se coulant dans les sentiments de l’ennemi, met en scène
la cour de Xerxès vivant la catastrophe, notamment par le récit
d’un messager relatant Salamine. La pièce montre l’effondrement
de l’hubris, cette folie de conquête qui emporte les hommes.
Le conflit fatal
L’empire ne menaçant plus les cités grecques, le siècle de Périclès
s’épanouit. Mais les cités ne cessent de se jalouser, de se
quereller. Au moment de leur triomphe, elles se jettent dans une
guerre qui les détruit.
Le siècle de Périclès (ve siècle av. J.-C.)
Périclès (v. -495~-429), n’occupant d’autre fonction que celle –
renouvelée annuellement – de stratège, fait d’Athènes la cité
dominante de la Grèce. Consolidant la démocratie, il impose
Athènes comme le haut lieu de la beauté grecque (achèvement du
Parthénon sur l’Acropole en -432) et inspire l’impérialisme
athénien : construction des Longs Murs, reliant, tel un cordon
ombilical, la métropole au port qui assure son approvisionnement,
le Pirée ; accroissement de la flotte, vitale pour la sécurité de ces
approvisionnements ; contrôle des Détroits (mer Égée, Hellespont
et Bosphore – accès à la mer Noire) ; transfert du trésor de la ligue
atticodélienne de Délos à Athènes ; exigence d’une stricte loyauté
des alliés… L’empire est maintenu par la force ; sur les 400 000
habitants de l’Attique, 200 000 sont des esclaves, 70 000 des
métèques (étrangers), les femmes n’ont aucun droit politique ; les
citoyens, au nombre de 60 000, forment une minorité privilégiée et
bruyante.
L’engrenage
Pourtant Athènes tient toujours son empire. Elle se bat sur les
mers, peinant de plus en plus à remplacer bateaux et soldats.
Sparte, comprenant qu’il lui faut une flotte pour triompher de sa
rivale, négocie et obtient une aide financière illimitée… de la Perse,
qui n’a pas oublié ses défaites contre Athènes. Sparte, malgré
beaucoup d’incompétence, continue d’épuiser Athènes. En -405,
en plein été, l’ultime bataille navale a lieu à Aegopostami
(Hellespont) ; l’amiral spartiate Lysandre, rude et agressif,
surprend et anéantit la flotte athénienne, chargée du blé devant à
tout prix être acheminé vers la métropole avant les tempêtes de
l’automne.
Deux vaincus
Dans ce chapitre :
Une ascension brutale et méthodique
Un apogée de gloire et de sang
Un interminable crépuscule
L’Empire chrétien
Rome aime les hommes illustres, le plus illustre restant Jules César
(-101~-44). Prétendant descendre de Vénus, appartenant à l’une
des grandes familles patriciennes, il mène d’abord la carrière d’un
ambitieux très doué, avec un sens aigu du peuple. César veut
plus : être un nouvel Alexandre. À plus de quarante ans, il
conquiert la Gaule avec une détermination féroce (un million de
morts, un million d’esclaves) et ainsi constitue une immense
fortune. Dès lors le pouvoir suprême à Rome doit lui revenir.
Pompée, champion de l’aristocratie romaine, prétend arrêter
César. Ce dernier franchit le Rubicon, brisant l’interdit républicain
imposant aux légions de ne jamais pénétrer, sans l’autorisation du
Sénat, sur le territoire sacré de Rome. Pompée est écrasé à
Pharsale (-48). Amant de la reine d’Égypte Cléopâtre (voir
chapitre 27 « Dix personnages qui ont façonné l’histoire »), maître
absolu de Rome, rêvant peut-être d’être couronné roi, César est
ressenti comme le fossoyeur de la Rome républicaine. En -44, il
finit assassiné par une conspiration de nostalgiques, eux-mêmes
anéantis par les héritiers de César, Marc Antoine, son lieutenant, et
Octave, son petit-neveu.
Les légions
L’esclavage
… et le droit
Le christianisme, enfant de
Rome
Au lendemain de la crucifixion par les Romains de Jésus-
Christ (28-29 ?), ceux qui deviendront les chrétiens sont
une poignée (les apôtres et quelques disciples), une
minuscule secte juive, convaincue que Jésus est le Messie
annoncé par les prophètes, venu pour sauver l’humanité. La
percée du christianisme est incontestablement enracinée
dans l’Empire romain. Cet empire constitue un espace de
circulation libre et sûr. Celui qui va faire du christianisme
une religion à vocation universelle est un citoyen romain,
très conscient des droits qui découlent de cette position :
Saül de Tarse, saint Paul (v. 5/15-v. 62/68). Paul comprend
que sa foi ne triomphera que si elle se défait des obligations
les plus difficiles du judaïsme (abandon de la circoncision).
Paul sillonne l’empire, installant des petites communautés
d’Éphèse à Corinthe, d’Antioche à Syracuse. Les graines
sont semées. Paul meurt, semble-t-il, exécuté à Rome (voir
également chapitre 27 « Dix personnages qui ont façonné
l’histoire »).
Byzance
Si l’Empire romain d’Occident meurt en 476, avec la déposition de
Romulus Augustule par Odoacre, roi des Hérules, l’Empire romain
d’Orient, Byzance, lui, tient près de dix siècles. Cet empire ne
cesse jamais d’être sur ses gardes, aucune de ses frontières n’est
sûre, des envahisseurs surgissant périodiquement. Les luttes de
succession sont cruelles, les disputes innombrables (ainsi crise
iconoclaste ou querelle des Images, 726-787, 815-843). Mais
l’empire reste l’Empire.
Le siècle de Justinien
Dans ce chapitre :
La naissance de l’islam
Une inguérissable cassure
Une expansion fulgurante
L’âge d’or des empires musulmans
La fin du califat de Bagdad
L’islam est diffusé tant par les victoires des armées arabes puis
musulmanes que par les marchands. Né au carrefour de voies
commerciales majeures, l’islam se propage par l’échange tant
dans l’océan Indien, mer arabe du VIIe au XVe siècle (arrivée des
Portugais), que sur les routes d’Asie centrale reliant l’Europe à
l’Extrême-Orient. L’islam devient très vite cosmopolite. Les
musulmans forment une communauté transnationale, l’Oumma,
qui possède son univers à la fois religieux, juridique et culturel. Les
élites cléricales, les oulémas, sont des professeurs, des juges, des
érudits, détenteurs d’une autorité moins religieuse que spirituelle ;
ces élites ne s’inscrivent pas dans une hiérarchie pyramidale
stricte comme celle de l’Église romaine.
Luttes de succession et conquêtes
Comme tous les âges d’or – toujours idéalisés –, celui de l’islam ne
cesse d’être tourmenté. La succession de Mahomet déchire
irréversiblement la communauté des croyants, l’Oumma, alors
qu’en environ un siècle, les armées arabes se répandent de
l’Espagne (711, conquête par le Berbère Tāriq Ibn Ziyād) à l’Asie
centrale (751, victoire de Talas contre la Chine impériale).
Encore et toujours une dispute de familles (632-680)
Tant la Perse des Sassanides que Byzance n’en peuvent plus. Elles
sont en guerre depuis des siècles. En outre, les voici frappées par
la peste : entre le milieu du VIIe siècle et le milieu du VIIIe,
quatorze épidémies se succèdent, l’Arabie n’étant frappée que
dans les années 630. Les forces arabes ne pouvaient pas choisir de
meilleur moment pour leurs conquêtes !
Dans ce chapitre :
L’axe du monde
Le plus vaste territoire impérial de l’histoire
La paix mongole
Tamerlan ou le dernier empereur des steppes
L’héritière
La route de l’ambre
Dans ce chapitre :
L’accouchement tourmenté de l’Europe
Des peuples se tombant les uns sur les autres
L’empire ne meurt pas
La lutte de la papauté
Les monarchies ou l’État moderne en gestation
Des révolutions souterraines
Odoacre (v. 433-493), roi des Hérules, sert les Romains. En 476, il
dépose quand même le dernier empereur romain d’Occident,
Romulus Augustule. Odoacre, respectueux de l’empire, renvoie ses
signes à Zénon, empereur d’Orient. Ce dernier, inquiet de la force
d’Odoacre, lance contre lui le roi des Wisigoths, Théodoric le
Grand. Celui-ci, ayant vaincu Odoacre, se pose en héritier de
l’empereur d’Occident mais finit isolé, se trouvant en conflit tant
avec Byzance qu’avec le pape.
Techniques et science
Dans beaucoup de secteurs techniques, le Moyen Âge européen se
révèle ouvert et créateur, léguant à la Renaissance des inventions
qui, associées à d’autres, permettront les percées spectaculaires
des siècles suivants. Deux domaines sont particulièrement
significatifs : l’appropriation du temps par l’homme, puis celle de
l’espace.
L’horloge mécanique
La navigation
Dans ce chapitre :
De l’Inde classique à l’Inde musulmane
La Chine entre dynasties, chantiers et convulsions
L’archipel de l’extrémité de l’Eurasie
Des empires asiatiques à profusion
Un moment classique
Aux Ve-VIe siècles, l’Empire gupta, usé notamment par des luttes
répétées contre les invasions des Huns blancs, se défait. L’Inde du
Nord se fragmente à nouveau. Mais décomposition ne signifie pas
extinction de la vitalité créatrice. Les extraordinaires temples de
Khajuraho – plus de quatre-vingts –, aux énigmatiques et superbes
sculptures érotiques, sont bâtis en Inde centrale entre 950 et 1050.
Inventivité
Aménagements colossaux
Sous les Tang (618-907), 1 859 villes (22 ayant plus de 500 000
habitants, Xian – la capitale – près de 2 millions) sont reliées par
des routes et des voies d’eau.
694 : le bouddhisme, religion chinoise
« Le confucianisme et le taoïsme se préoccupent de réguler le
monde, les bouddhistes cherchent à lui échapper. » Ce propos d’un
auteur chinois du Ve siècle résume l’opposition fondamentale entre
le monde chinois, pragmatique, tourné vers la terre et sa gestion
harmonieuse, et le monde indien, métaphysique, obsédé par la
souffrance de l’existence. Au IIe siècle, des missionnaires
bouddhistes arrivent par le nord-ouest (route de la Soie). À la suite
de la chute des Han (220), la Chine plonge à nouveau dans le
chaos, le bouddhisme séduit ceux qui veulent se retirer du
désordre du monde. Les monastères se multiplient.
Mais, depuis plus d’un siècle, au sud de la Chine, une autre histoire
commence. En 1550, Macao est devenu, par une corruption des
fonctionnaires impériaux, colonie portugaise. La Chine
recommence de se fissurer.
Le Japon des shoguns et des samouraïs
(du Néolithique à 1600)
Dans l’histoire du monde, le Japon est l’Île par excellence. La
nature ne lui fait aucun cadeau évident. Et pourtant, il produit des
civilisations combinant discipline et raffinement extrême.
À l’extrémité de l’Eurasie
Royaumes combattants
Sekigahara
Et l’immense Pacifique
L’Asie s’arrête au bord de l’immense océan Pacifique,
impressionnante barrière pour les hommes. Dès -50000, trois
dizaines de milliers d’années avant le peuplement de l’Amérique,
des hommes, profitant de ce que l’Australie est alors accessible
par la terre, s’y installent. Vers -4000, Taiwan est occupée. Vers
-2000, vient le tour des Philippines, de Bornéo, de Sulawesi, de
Timor, de Sumatra et de Java. Peu à peu les voyages se font de
plus en plus lointains. Vers -1200, la Nouvelle-Calédonie, les
archipels Tonga, Fiji, Salomon sont atteints. En 500, suivent Hawaï
et l’île de Pâques. Vers 650, les Maoris s’emparent de la Nouvelle-
Zélande.
Dans ce chapitre :
Lointaine et impénétrable
Le Sahara, pivot de l’Afrique
Des puissances closes ou tournées vers la mer
De précaires empires coulés dans l’or
Déjà la grande pourvoyeuse d’esclaves
Par ailleurs, des insectes redoutables tant pour l’homme que pour
les animaux des régions tempérées (ainsi les chevaux) pullulent :
mouches tsé-tsé (voir encadré « La mouche, muraille
infranchissable »), dont les piqûres provoquent la maladie du
sommeil ; moustiques véhiculant la malaria. Jusqu’aux innovations
médicales des XIXe-XXe siècles, l’Afrique est interdite à ceux qui
ne sont pas ses habitants originaires.
La mouche, muraille
infranchissable
Parmi les nombreux facteurs isolant l’Afrique, microbes,
virus, insectes, trouvant dans la zone équatoriale un milieu
idéal à leur développement, figurent en bonne place. Les
ravages provoqués par la mouche tsé-tsé seraient à
l’origine de la grande migration des hommes de Cro-
Magnon, l’une des premières mondialisations, il y a 60 000-
70 000 ans ! Les chasseurs-cueilleurs sont piqués par
l’insecte, pullulant autour des grands animaux et porteur de
la maladie du sommeil. Des bandes décimées, affaiblies,
choisissent d’émigrer, enclenchant l’occupation de toute la
terre par l’homme. D’autres groupes restent, coexistant
difficilement, pendant des millénaires, avec la mouche tsé-
tsé. Au moins jusqu’à la bousculade coloniale de la seconde
moitié du XIXe siècle, la mouche tsé-tsé agit comme une
muraille, certes ravageant les indigènes, mais aussi
dissuadant les Européens.
Dans ce chapitre :
D’autres laboratoires pour l’humanité
Un continent vertical, une nature particulière
Trois aires de civilisation
Des empires remarquables et pourtant si vulnérables
Les Olmèques
San Lorenzo est abandonné vers -1200 pour des raisons toujours
obscures. Les têtes colossales sont fracassées à coups de marteau.
La Venta dure de -1150 à -350 et, à son tour, s’effondre. Mais, tel
le Phénix, la civilisation olmèque renaît de ses cendres, produisant
de nouveaux centres urbains : vers -350, Monte Albán (Mexique
central, 30 000 habitants) ; entre -100 et 600, Teotihuacán
(Mexique central, non loin de l’actuel Mexico, 100 000 habitants).
Teotihuacán
La cité perdue de Z
L’Amazonie, immense, impénétrable, fascine les
conquérants européens du XVIe siècle en quête de
l’eldorado. Des expéditions (Orellana, 1542, 1546)
découvrent des zones aménagées sur des dizaines de
kilomètres. Dès -6000, à l’époque de Clovis (Nouveau-
Mexique), l’Amazone centrale (actuel Santarém) accueille
des paléo-Indiens, se nourrissant de fruits sauvages et de
poissons du fleuve, peignant sur les parois de cavernes. Au
temps du Christ, cette même région dispose de grands
villages. Entre 1250 et 1400, les Xinguanos bâtissent des
ponts, des lacs artificiels, des digues et bien d’autres
structures. L’arrivée des Européens anéantit ces mondes.
Pourtant, les cités amazoniennes hantent les imaginations :
dans les premières décennies du XXe siècle, l’Américain
Percy Fawcett s’épuise à trouver la cité perdue de Z.
Cahokia
Entre 760 et 930, les dynasties s’effondrent les unes après les
autres, des millions de Mayas meurent. Ce long déclin s’étale de
750 à 1050. La déforestation massive du Yucatán favorise la
multiplication des sécheresses et les rend plus sévères. Les Mayas
du Sud, dépendant des eaux de surface (lacs, rivières…), souffrent
davantage que ceux du Nord, habitués à la sécheresse, et
disposant de puits naturels accédant aux eaux profondes.
Pourtant, les Mayas ne disparaissent pas. Du fait du changement
des conditions naturelles, ils optent vraisemblablement pour un
autre mode de vie, moins somptueux, moins violent, plus
respectueux de leur environnement ?
Toltèques
Dans les années 1450, un peu plus d’un demi-siècle avant l’arrivée
des Espagnols, d’horribles famines ravagent l’empire. Des parents
vendent leurs enfants pour du maïs, certains deviennent esclaves
pour être nourris. L’empire alourdit les tributs des peuples soumis,
mène guerre sur guerre pour s’approvisionner en produits
agricoles.
Cet empire est, lui aussi, une pyramide rigide, superposant des
classes clairement séparées ; ainsi seule la couche dirigeante a-t-
elle le droit de mâcher la plante sacrée, la coca. L’empire repose
sur des clans (aylla). Ces clans administrent la terre, produisent la
nourriture dont ils ont besoin et fournissent à l’État une certaine
quantité de travailleurs pour les tâches communes. Dépourvus
d’écriture, les Incas disposent d’autres instruments
d’administration : outre les qipus, cordelettes de coton dont les
nœuds indiquent des nombres, illustrations sur des panneaux,
dessins de tissus… Le monde inca ignore monnaie et marché (voir
chapitre 29 « Dix témoignages du génie humain »). L’économie est
totalement administrée, avec d’innombrables inspecteurs. Ce
système, semble-t-il, amène non la rareté, mais une forme
d’abondance, avec des entrepôts bien remplis en ressources de
toutes sortes.
Dans ce chapitre :
Contourner l’Eurasie
Le triomphe de l’Europe atlantique
La chrétienté : une déchirure d’un type nouveau
La sécularisation dans le sang
La dernière guerre européenne
Cartes
Boussole et astrolabe
La caravelle
Redécouvrir le ciel
Le corps disséqué
Finalement, Henri obtient son trône tant par ses victoires militaires
contre les catholiques que du fait de la soumission trop étroite de
la Ligue à l’Espagne de Philippe II. La priorité d’Henri IV est de
rétablir l’unité du royaume dans la tolérance. Henri se convertit au
catholicisme, foi de la grande majorité des Français, et signe l’édit
de Nantes, garantissant aux protestants un statut très bienveillant.
Le 14 mai 1610, Henri IV, à son tour, meurt assassiné par un
catholique fanatique.
L’Angleterre… toujours insulaire
L’Angleterre, toujours différente, conforme à son insularité,
échappe au choc frontal des guerres de Religion du fait de l’un de
ses rois les plus inquiétants, Henri VIII (1491-1547). Henri est un
bon catholique. Amoureux fou d’Anne Boleyn, voulant un héritier
mâle, il demande au pape l’annulation de son mariage avec
Catherine d’Aragon, tante de Charles Quint. Le pape refuse.
L’affaire s’envenime inévitablement. Le roi d’Angleterre ne saurait
accepter que sa conduite lui soit dictée par le pape. De plus, le
monarque a un besoin pressant d’argent, et l’Église d’Angleterre
regorge de richesses : monastères, terres, œuvres d’art… Henri VIII
divorce et s’établit comme l’unique chef de l’Église d’Angleterre
(Acte de suprématie, 1534). L’anglicanisme est né, religion pour
les Anglais sous la direction d’un Anglais.
Dans ce chapitre :
L’avènement de la raison d’État
La révolution anglaise
La monarchie absolue
Les Lumières
Des despotes éclairés
Hobbes
Locke
Le règne de Louis XIV s’est ouvert dans les feux d’artifice, les
joutes amoureuses, les fanfares d’armées triomphantes. L’ivresse
du pouvoir, la longueur du règne (cinquante-six ans) pétrifient tout.
En 1715, de peur des émeutes, Louis XIV est enterré de nuit.
Pourtant le personnage, son orgueil, son goût du faste ne cessent
de fasciner l’Europe. Nombre de monarques bâtissent leur
Versailles, rêvent d’une cour égalant celle du Roi-Soleil.
Les Lumières
Kant
Herder
En 1774, à vingt ans, Louis XVI monte sur le trône. Il hérite d’une
France malade. Tout au long du XVIIIe siècle, la France est en
ébullition ; elle discute, invente, se passionne pour toutes les
nouveautés scientifiques et techniques. Mais, à la différence de
l’Angleterre, elle ne parvient pas à se réformer. En 1716-1720,
sous la Régence, le financier écossais John Law (1671-1729) tente
une expérience de modernisation financière, mais l’affaire tourne à
la catastrophe : émissions excessives, fièvres spéculatives… La
banqueroute de Law n’est qu’un premier exemple des tentatives
avortées pour moderniser l’Ancien Régime. Louis XV aurait dit :
« Après moi, le déluge. » Par ailleurs, Louis est élevé dans l’ombre
d’un aîné regardé comme exceptionnel et, du fait de la mort de ce
dernier, devient roi.
Louis XVI ne comprend pas que le monde dont il est l’héritier, celui
du monarque de droit divin et des privilèges, agonise. Il doit
accepter une constitution, avec un monarque aux pouvoirs limités.
Mais, raidi dans ses principes, il renâcle, triche, révélant les
contradictions du despotisme éclairé : oui à la modernité, mais le
roi doit rester sacré et intouchable. Louis XVI, fidèle à sa
conviction, s’enfuit (juin 1791) mais, rattrapé, meurt sur l’échafaud
(21 janvier 1793).
Éclairés mais toujours rois
Les despotes éclairés promeuvent une incontestable
modernisation, notamment de l’agriculture et de l’État. Mais
apportent-ils liberté et bonheur à leur peuple ?
Catherine II de Russie (1729-1796), l’amie des philosophes,
rationalise son administration mais, en excellente autocrate,
n’admet pas qu’on la conteste (répression sanglante de la révolte
des serfs conduits par Pougatchev). De plus, Catherine ne cache
pas ses appétits territoriaux (partages de la Pologne, conquête de
la Crimée).
Dans ce chapitre :
Des conquérants avides
Un premier accord planétaire
Des civilisations anéanties
Des îles surexploitées
Des guerres pour l’Amérique du Nord
L’Amérique première asservie, première libérée
Le Nouveau Monde n’est pas appelé Colombie mais reçoit son nom
d’un navigateur italien Amerigo Vespucci (1454-1512). En 1507, un
moine allemand Martin Waldseemüller (v. 1470-1518), installé à
Saint-Dié dans les Vosges, établit la première carte du monde. Il a
identifié le continent inconnu sous le nom d’Amérique, rendant
hommage à l’Italien, qui, à la différence de Colomb, a pris
conscience d’avoir rencontré une immense masse territoriale,
ignorée de l’Europe.
Comme les Aztèques, les Incas vivent la fin de leur monde, la fin
du monde. La défaite est cosmique, religieuse. Les dieux, leurs
dieux, ont perdu leur puissance surnaturelle.
Microbes et virus
Dans les dernières décennies du XVIe siècle, se déchaîne le choc
microbien. Les Espagnols apportent avec eux des animaux
(chevaux, porcs, vaches…) et des microbes (variole, rougeole,
grippe). Les épidémies s’enchaînent : après la variole, la rougeole,
la grippe, la diphtérie, la coqueluche, la dysenterie, les oreillons, la
méningite… Le pic est atteint aux XVIe et XVIIe siècles, puis ces
maladies se normalisent dans l’environnement américain.
L’échange colombien
La mise en contact de l’Ancien Monde et du Nouveau
provoque l’un des plus extraordinaires échanges d’espèces.
Près de 10 000 plantes arrivent en Europe : légumes (maïs,
tomate, avocat, courge, haricot rouge, piment, cacahuète,
pomme de terre…), fruits (ananas, mangue, papaye,
goyave, vanille…). S’ajoutent des produits suscitant
engouements et modes ; ainsi le chocolat… Parmi les
drogues, le tabac des Mayas et la coca des Incas. La poule
d’Inde ou dinde débarque en Europe vers 1530.
Espagne
Du XVIe au XVIIIe siècle, les Espagnols, venant du Mexique, portés
par leur élan colonisateur, se répandent sur d’immenses pans du
sud des futurs États-Unis, de l’Alabama à la Californie. Des
magnifiques constructions des missions au nom des villes (Los
Angeles, San Francisco) portent la trace de leur passage. L’emprise
espagnole tient jusqu’au milieu du XIXe siècle, mais elle recule
devant la poussée brutale des jeunes et très ambitieux États-Unis
(en 1848, défaite écrasante du Mexique, dépouillé du Texas et de
la Californie).
Provinces-Unies
France
Angleterre
La rébellion des treize colonies est allumée par une affaire fiscale :
la « Boston tea party ». Le 16 décembre 1773, à Boston, soixante
Bostoniens costumés en Indiens jettent à la mer une cargaison de
thé de la Compagnie des Indes, le thé étant frappé de taxes visant
à renflouer le Trésor britannique. Miliciens américains et soldats
anglais s’affrontent.
Dans ce chapitre :
Des Ottomans trop étirés
Une Perse enclavée
L’Inde des Moghols entre France et Angleterre
La Chine secouée par les Jésuites
Le Japon presque totalement isolé du monde
Dès le XVIe siècle, le défi pour l’Empire ottoman est celui que
rencontrent toutes les civilisations non européennes : que faire
face à une Europe de plus en plus agressive et détentrice des
atouts décisifs ? L’Empire ottoman tire sa légitimité de l’islam, dont
il est le rempart et le gardien. Or l’islam, malmené tant par les
croisades que par les Mongols, s’est raidi et momifié. Les
techniques européennes sont ressenties comme diaboliques. Alors
que l’imprimerie bouleverse l’Europe dès le milieu du XVe siècle,
elle est introduite timidement dans l’Empire ottoman près de
deux siècles plus tard. En 1729-1743, est installée la première
presse turque à caractères arabes. Son promoteur, Ahmed III, qui
règne de 1703 à 1730 (« ère de la tulipe »), est déposé par les
janissaires et meurt probablement assassiné.
La Perse des Safavides et de Nādêr Chāh (1502-
1747)
Comme l’Égypte, la Chine et tant d’autres, l’Iran, longtemps appelé
Perse, fait partie de ces ensembles géo-historiques qui, tel le
Phénix, ne cessent de mourir pour renaître, de se métamorphoser
pour mieux affirmer leur permanence.
Un empire-phénix
La Perse des Achéménides (-700~-330), créatrice du plus vaste
empire de l’Antiquité, est anéantie par Alexandre le Grand. Ce
dernier, modelé par la culture grecque, se transforme, à peine
vainqueur, en despote oriental, provoquant la colère de plusieurs
de ses généraux. Rome, en lutte perpétuelle avec la Perse des
Parthes puis des Sassanides, se veut le contraire de cet empire
zoroastrien, au souverain divinisé ; en même temps, la Rome
impériale, s’étendant vers l’orient, se persianise, faisant de son
empereur un dieu.
En 1793-1794, alors que l’Europe est prise dans les violences et les
guerres de la Révolution française, Lord Macartney, à la tête d’une
importante délégation, se rend en Chine afin de persuader
l’empereur et ses fonctionnaires de nouer des liens commerciaux
avec l’Angleterre. La rencontre confirme l’impossibilité du
dialogue. Pour les Chinois, tout étranger ayant une audience avec
l’empereur doit accomplir le ketou, soit se prosterner trois fois et
se frapper neuf fois la tête contre le sol afin de signifier son
allégeance à l’empereur, ce dernier n’ayant que des sujets
totalement soumis. Macartney n’a qu’un maître : le roi
d’Angleterre ; accomplir le ketou est exclu. La rencontre est un
échec. Les cadeaux qu’a apportés Macartney dans ses bagages
laissent les Chinois de marbre.
La solution : l’opium
Mais il y a un produit dont les Chinois raffolent et que l’Inde,
colonie britannique, cultive en abondance : le pavot, l’opium.
Depuis le XVIIe siècle, des Chinois, notamment au sein des élites,
apprécient l’opium ; le fumer devient un rite largement répandu.
Dès 1729, le pouvoir impérial interdit le commerce et la
consommation d’opium. Mais rien n’y fait, les mandarins prenant
goût à la divine drogue (environ 20 % de ces fonctionnaires fument
l’opium). Dans les dernières décennies du XVIIIe siècle, la
Compagnie des Indes, tout en se dissociant officiellement du
commerce coupable de l’opium, devient le grand fournisseur de la
Chine. Dans les années 1820, les importations d’opium de la Chine
augmentent massivement, provoquant une hémorragie des
réserves d’argent.
Dans ce chapitre :
La naissance de l’industrie en Angleterre et son
épanouissement aux États-Unis
La révolution américaine, mère de la démocratie, et la France
révolutionnaire, ou la liberté liberticide
Une souche commune pour deux révolutions
Pourquoi l’Angleterre ?
À la fin du XVIIIe siècle, bien des pays d’Europe occidentale sont
proches du choc de la révolution industrielle. Les Pays-Bas sont
urbanisés et très insérés dans les échanges internationaux. La
France, pleine de l’esprit des Lumières et de l’Encyclopédie, se
passionne pour la technique et la science ; en 1763, a lieu à Paris
la première exposition des arts industriels. En Allemagne et en
Italie, l’on travaille aussi sur la machine à vapeur.
Diffusions
La diffusion du progrès technique est un processus compliqué,
requérant de nombreuses conditions : une population éduquée et
curieuse ; des individus ingénieux et ambitieux ; un accès élargi
aux connaissances nouvelles (publications, réunions savantes,
clubs, académies…) ; des mécanismes de financement ; un pouvoir
politique intéressé. Au XVIIIe siècle, les obstacles à la circulation
sont nombreux et considérables. Les moyens de transport restent
le cheval, la diligence, le bateau à voiles. Les ingénieurs ou les
savants se font par eux-mêmes, guidés par leurs talents
personnels. Le nouveau éveille la méfiance : la pomme de terre,
arrivée d’Amérique en Europe dès la fin du XVe siècle, ne devient
un aliment populaire qu’au XVIIIe siècle.
Europe
États-Unis
Ailleurs
La révolution industrielle :
ombres et lumières
La révolution industrielle, prenant forme en Angleterre dans
les dernières décennies du XVIIIe siècle, met en marche ou
amplifie un bouleversement historique d’une ampleur et
d’une profondeur exceptionnelles, dont les effets sont loin
d’être épuisés au début du XXIe siècle. Du Néolithique à
l’âge industriel, la quasi-totalité des populations vivent à la
campagne, tenues par une seule obsession : survivre tant
aux caprices de la nature qu’à la violence des seigneurs.
Avec l’industrialisation – impossible sans les progrès de
l’agriculture qui la précèdent et l’accompagnent –, les
hommes s’urbanisent, s’entassant dans des agglomérations
en expansion et transformation permanentes.
Inexorable démocratie
La dictature de la liberté
Ces deux vagues de fond, distinctes, sont prises dans une histoire
plus vaste. Peu à peu, grâce à la technique, les hommes passent
de la rareté à l’abondance, créant des richesses de plus en plus
nombreuses et diverses. Cette inventivité économique fait exister
l’individu et contribue à le libérer. L’individu affirme son pouvoir,
son autonomie tant par la conquête et l’exploitation de la nature
que par l’instauration de cités politiques.
Dans ce chapitre :
L’Europe submergée par la Révolution française
Des monarchies victorieuses mais terrifiées
Restauration ? Est-ce que j’ai une gueule de Restauration ?
Un printemps écrasé
Des rois ayant retenu la leçon
Une concurrence d’appétits impériaux
L’Europe a été trop bouleversée, les frontières de ses États ont été
trop redessinées, les monarques ont eu trop peur pour que soit
rétablie l’Europe d’avant 1792. En 1815, les rois vainqueurs ont
très faim. La Russie est consacrée comme la gardienne d’un
prétendu royaume de Pologne. La Prusse récupère l’essentiel de la
Westphalie et de la Rhénanie et peut donc surveiller de près la
France. L’Angleterre, la plus obstinée à détruire Napoléon, ne veut
rien sur le continent. Surtout ne pas se laisser piéger par les
rivalités inépuisables de la vieille Europe. Londres regarde ailleurs,
sa priorité est de régner seul sur les océans, hégémonie qu’aucun
des participants du Congrès ne lui conteste.
La Sainte-Alliance des rois et des princes (1815-
1848)
Éradiquer la Révolution et ses idées sataniques, tel est le rêve
caché ou avoué des rois européens, conscients que, si quelque
chose survit du monstre, ils ne seront jamais tranquilles. Le
26 septembre 1815, le tsar Alexandre Ier (1777-1825) conclut avec
l’empereur d’Autriche et le roi de Prusse un pacte mystique : « Au
nom de la Très Sainte et Indivisible Trinité », l’Europe doit être
maintenue dans les « préceptes de la justice, de la charité
chrétienne et de la paix ».
Un apogée bien précaire
La Sainte-Alliance, avec, pour maître d’œuvre, Metternich,
fonctionne quelques années. Elle justifie une poignée d’opérations
de défense de l’ordre monarchique en Italie et en Espagne (en
1823, expédition française pour soutenir le roi Ferdinand VII et
donner à Louis XVIII une victoire militaire – Trocadéro, le 31 août).
L’Angleterre participe avec méfiance à cette manipulation
religieuse. Pour les États-Unis, en pleine croissance impériale, la
Sainte-Alliance leur fait redouter des ingérences européennes
contre les récentes indépendances latino-américaines et les
conduit à proclamer que désormais seuls des Américains sont
habilités à intervenir en Amérique (doctrine Monroe, 2 décembre
1823).
L’indépendance finit toujours par l’emporter
Le 13 janvier 1822, la Grèce, alors province de l’Empire ottoman,
proclame son indépendance. L’ordre territorial européen est mis en
cause. L’indépendance de la Grèce constitue une victoire pour le
principe révolutionnaire du droit des peuples à disposer d’eux-
mêmes. Les opinions européennes s’enflamment pour la cause
grecque. Le très célèbre Lord Byron meurt à Missolonghi, port grec
assiégé par les Turcs. De plus, la Grèce est une nation chrétienne.
Finalement, son indépendance est consacrée sous la triple
protection de la Russie, de la France et de l’Angleterre.
France
Allemagne
Italie
Autriche
Dans ce chapitre :
L’homme malade de l’Europe
Victoria, impératrice des Indes
L’empire du Milieu au fond du gouffre
Un archipel qui assimile la leçon
L’ultime partage
Dans ce chapitre :
Une nation élue par Dieu
Toujours plus à l’ouest et au sud
Deux crimes fondateurs
Naissance d’une nation
Dès la seconde moitié du XIXe siècle, première puissance
économique du monde
Coups de canon d’un jeune géant
Un empire de la liberté
Achats et conquêtes
Ceux qui sont appelés à tort Indiens sont massivement ravagés par
les microbes (variole, rougeole…) qu’apportent avec eux les
colons. La supériorité des Européens est très vite écrasante. Ils ne
cessent d’affluer en nombre croissant ; leurs armes à feu sont
terrifiantes. Les Peaux-Rouges oscillent entre méfiance hostile et
résignation à la négociation, soumission et révolte.
Le roi coton
Pour les États-Unis, la Civil War demeure leur plus sanglant conflit :
365 000 tués du côté de l’Union ; 258 000 pour le Sud. Vers la fin
du XIXe siècle, un nouveau Sud émerge. Mais le vieux Sud résiste.
L’esclavage est remplacé par l’exploitation et la ségrégation. Les
lois Jim Crow séparent Blancs et Noirs dans tous les lieux publics :
écoles, restaurants et même cimetières. En 1896, la Cour suprême,
saisie de ces discriminations (affaire Plessy/Ferguson), conclut à
l’unanimité moins une voix que la ségrégation est constitutionnelle
dès lors que Blancs et Noirs bénéficient de la même « qualité »
d’équipements ou de services. Cette décision est renversée…
en 1954 !
Irrésistible accélération
L’écrasement du Sud par le Nord consacre l’unité des États-Unis.
La révolution industrielle prend son plein essor.
Les États-Unis creusent l’écart
Dans les années 1890, les États-Unis distancent irrémédiablement
l’Angleterre et deviennent la première puissance économique
mondiale. Les autres nouveaux venus (Allemagne, Japon, Russie…)
ont des atouts. Aucun ne les cumule comme les États-Unis :
sécurité géographique, vaste territoire ouvert à la colonisation,
population de migrants avides de réussite, institutions conçues
pour les ambitions individuelles… En 1913, les États-Unis
approchent les 100 millions d’habitants et réalisent un tiers de la
production manufacturière mondiale.
Villes et gratte-ciel
Barons voleurs
Immigrants
La frontière close
Le décolonisé colonisateur
Dans ce chapitre :
Dépression économique et darwinisme social
Des gouffres terrifiants
Des puissances imbues d’elles-mêmes
Une Allemagne obsédée par son étouffement
La fin de l’ère victorienne
Derniers coups de griffe avant le combat à mort
Pour Nietzsche, Dieu est mort. L’homme, désormais seul face à lui-
même, est voué, lui aussi, à disparaître, dissous dans l’anonymat
des masses. Voici venir le temps du surhomme ! Tout comme
Dostoïevski incarne les angoisses de la Russie, Nietzsche exprime
celles de l’Allemagne des années 1871-1914. L’Allemagne, venant
de s’unifier, débordante d’énergie créatrice, étouffe dans son
territoire, trop petit pour ses ambitions, et, en outre, enclavé,
éloigné de l’infini des océans. La volonté de puissance allemande,
un moment contenue par le réalisme prudent de Bismarck (1815-
1898), se déchaîne sous l’empereur Guillaume II (1859-1941).
L’Allemagne changera le monde et d’abord l’Europe !
Dans ce chapitre :
La fin de la longue paix
De retour dans les foyers en automne
De la boue, du sang et des cadavres
L’épuisement rageur des peuples
Une victoire à l’arraché
Punir les vaincus
« Grandes » nations…
… et « petites » nations
Sous les rivalités âpres entre grands États, pullulent les poussées
multiformes des « petites » nations. Ces dernières secouent tous
les empires multinationaux ou « prisons de peuples » : Autriche-
Hongrie, Russie, Empire ottoman… En 1914, pour ces édifices
bancals, le chaudron des nationalités les volatilisera s’ils ne
l’éteignent pas très vite d’une manière ou d’une autre.
La course aux armements
Avec les conflits des années 1860, la guerre, elle aussi,
s’industrialise : mobilisation des chemins de fer ; armements plus
lourds, plus meurtriers. L’une des priorités des États est de
disposer des moyens de destruction les plus sophistiqués. D’où une
course frénétique aux armements.
Les deux camps sont très inégaux. L’Entente cumule des atouts
décisifs. Son large accès aux océans lui promet un
approvisionnement facile pour les produits bruts dont elle ne
dispose pas sur son sol. Les colonies britanniques et françaises
fournissent aussi bien des ressources de toutes sortes que des
hommes en abondance, employés dans les usines ou jetés sur les
champs de bataille. L’Entente a tout de même un partenaire
boiteux, la Russie. Pour Nicolas II (1868-1918), une guerre, moins
de dix ans après la défaite et la révolution de 1905, a tout d’une
fuite en avant : si les victoires ne sont pas rapides et éclatantes, le
tsarisme a toutes les chances d’être balayé.
Les deux alliances ne sont en rien des blocs, dans lesquels chacun
est sûr de la solidarité de ses alliés.
Mener et gagner une guerre sur deux fronts, tel est le défi
stratégique de l’Allemagne, devant se battre à la fois contre la
Russie et les puissances occidentales (France, Royaume-Uni). Le
plan Schlieffen, du nom du chef du Grand État-Major allemand de
1891 à 1905, prévoit une offensive initiale, brutale et massive,
contre la France. La Russie, mobilisant nécessairement avec
lenteur ses forces (territoire immense, réseau ferroviaire limité),
doit et peut être traitée en second. L’armée française liquidée,
l’Allemagne se retournera contre la Russie.
Des deux côtés, les soldats sont fauchés par les obus et les
mitrailleuses. Pour survivre, ils s’enterrent. À l’automne 1914,
commencent quatre ans de tranchées, de terre toujours mouillée,
de froid, de châlits puants, de mauvaise soupe et d’alcool violent
pour se donner du cœur au ventre. Comme le racontent
notamment Les Croix de bois (Roland Dorgelès, 1919) ou À l’ouest
rien de nouveau (Erich Maria Remarque, 1928), des millions de
combattants s’habituent à vivre au milieu de camarades gémissant
dans des mares de boue et de sang, de gueules cassées, de
cadavres accrochés à des barbelés. À l’arrière, les civils, les
planqués, même appauvris et rationnés, vivent, vont au théâtre,
profitent – grâce à l’inévitable marché noir – des restaurants.
Tant pour l’Entente que pour les empires centraux, il faut parvenir
le plus vite possible à la paix, mais cette dernière doit être le
produit d’une victoire éclatante. Les pertes énormes de l’été 1914
montrent qu’une telle victoire réclame des centaines de millions,
des milliers de tués. Dans ces conditions, comment espérer une
paix rapide alors que chacun des deux camps est déterminé à
vendre sa peau très cher ?
L’Entente
L’Entente victorieuse
Le territoire allemand n’est pas occupé par les armées alliées. Ces
dernières sont épuisées. Pour « le Père la Victoire », Georges
Clemenceau (1841-1929), alors président du Conseil, il est temps
de laisser les soldats rentrer chez eux.
Les Allemands ne s’admettent pas vaincus. Neuf mois plus tôt, ils
ont remporté une éclatante victoire sur la Russie soviétique. Selon
une légende qui ne cesse de s’enraciner dans les années 1920 et
1930, et dont se sert remarquablement Hitler, la défaite de
l’Allemagne résulte de la trahison des juifs, des communistes et
des spéculateurs profitant des combats pour fomenter un complot
contre le peuple allemand. Les très rares Allemands faisant face à
la défaite meurent assassinés par des ultranationalistes : Matthias
Erzberger, signataire de l’armistice de Rethondes ; Walter
Rathenau, d’origine juive, réussissant un spectaculaire
rapprochement avec un ex-ennemi, la Russie soviétique (traité de
Rapallo, avril 1922).
1918-1923 : insaisissable paix
Pour Wilson, la paix doit être une vraie paix, rendant impossible
tout nouvel affrontement armé. Le dernier des « Quatorze Points »
prévoit : « Une association générale des nations devra être formée
[…] dans le but de fournir des garanties mutuelles d’indépendance
politique et d’intégrité territoriale aux grands comme aux petits
États. » Tous les États sont appelés à conclure entre eux un pacte
social par lequel ils s’engagent à ne plus s’agresser, à se respecter
les uns les autres. Ce sera la Société des Nations (SDN).
Tout est fait pour humilier et affaiblir l’Allemagne. Elle est amputée
des territoires contestés (notamment Alsace-Lorraine restituée à la
France). Afin d’assurer à la Pologne un accès à la mer, le « corridor
de Dantzig » isole la Prusse-Orientale, patrie à la fois des
chevaliers Teutoniques et de Kant. Les colonies allemandes sont
partagées entre les vainqueurs. L’armée allemande est limitée à
100 000 hommes. La rive gauche du Rhin est démilitarisée.
Couronnant l’ensemble, l’article 231 déclare l’Allemagne coupable
des hostilités et lui impose le paiement de réparations.
L’article 227 ajoute : « Guillaume II de Hohenzollern, ex-empereur
d’Allemagne [doit être jugé] pour offense suprême contre la
morale internationale et l’autorité sacrée des traités. »
Empire ottoman
Dès l’aube du XXe siècle, l’idée nationale est enracinée chez les
Arabes. Ils sont indignés tant par les accords Sykes-Picot que par le
système des mandats. En 1919, dans le cadre de la Commission
des mandats de la SDN, le président Wilson envoie au Proche-
Orient deux émissaires, formant à eux deux la commission
d’enquête King-Crane. Depuis longtemps, des Américains de tous
horizons (missionnaires, écrivains, politiques…) s’intéressent à la
région. Wilson tient à ce qu’y soit appliqué le droit à
l’autodétermination. Les conclusions du tandem King-Crane sont
sans ambiguïté : les Arabes veulent être maîtres chez eux, hostiles
aussi bien aux mandats qu’à un foyer national juif ; la Grande Syrie
(Syrie, Liban, Palestine et Transjordanie) doit rester une ; si jamais
les Arabes sont contraints d’accepter une tutelle extérieure, cette
dernière doit être confiée… aux États-Unis.
Dans ce chapitre :
Un chaudron de sorcières
Le paradis socialiste
Le délire des Aryens
La dernière guerre européenne
Adieu l’Europe, maîtresse du monde !
Vaincus
Vainqueurs
Berlin
Hollywood
La prospérité en miettes
Un géant égoïste
Mais, dans l’ombre, un homme sait que la révolution, c’est lui, lui
seul, Iossif Vissarionovitch Djougachvili Staline (1879-1953).
1928-1941 : l’incontournable « petit père des
peuples »
Se faire respecter
De 1933 à 1936, Hitler à la fois acquiert un pouvoir total sur
l’Allemagne et montre que celle-ci est désormais maîtresse
absolue chez elle. Police secrète, camps de déportation se mettent
en place. Le 27 janvier 1933, l’incendie du Reichstag justifie
l’emprisonnement des communistes. Le 30 juin 1934, la Nuit des
longs couteaux élimine le seul pôle du parti nazi existant hors du
Führer, les SA d’Ernst Röhm, et consacre Hitler comme le rempart
contre tous les excès. En même temps, Hitler poursuit son
obsession : isoler, déshumaniser les juifs (notamment, en 1935,
lois de Nuremberg), et enfin les éliminer.
Soumettre la périphérie
Asie
Europe
Barbarossa
Le 22 juin 1941 (soit deux jours avant l’offensive de Napoléon,
commencée, elle, le 24 juin 1812), chars, avions, soldats allemands
(opération Barbarossa) déferlent sur la patrie du socialisme. Les
Soviétiques sont balayés.
Pearl Harbor
Le 7 décembre 1941, l’aviation japonaise attaque par surprise la
base américaine de Pearl Harbor (îles Hawaï). L’objectif est
double : anéantir les capacités navales et aériennes des États-Unis,
afin que ces derniers ne puissent rapidement frapper militairement
le Japon ; simultanément, foncer vers le sud et s’emparer des Indes
néerlandaises (actuelle Indonésie) riches en hydrocarbures. Le pari
nippon rate. À Pearl Harbor, les avions japonais ne détruisent
qu’une partie de la flotte américaine, plusieurs porte-avions
américains étant alors en haute mer et échappant au massacre.
Surtout, le Japon sous-estime la vigueur de réaction des États-Unis.
Ces derniers, colosse piqué par le « moustique » japonais, sont
furieux et déterminés à anéantir le Japon.
1942-1945 : un reflux sanglant et laborieux
Dans la seconde moitié de 1942, l’Axe (Allemagne, Italie, Japon) se
retrouve sur la défensive. Il résiste, tient avec la férocité du
désespoir. Plutôt les blessures et les morts du combat que les
pillages et les viols de la défaite !
Pacifique
Dès juin 1942, le Japon subit sa première défaite face aux États-
Unis (bataille de Midway, quatre porte-avions japonais coulés). La
reconquête du Pacifique par la flotte américaine est une entreprise
herculéenne. L’océan est immense et vide. Il faut bondir d’archipel
en archipel, mener à bien des débarquements hasardeux :
Guadalcanal, Tarawa (îles Marshall), Saipan, Iwo-Jima, enfin
Okinawa en avril 1945.
Dans ce chapitre :
Les deux géants face à face
Le partage
Entre parties de poker et jeux d’échecs
Un ours de plus en plus essoufflé
Le grand rêve du XXe siècle en poussière
Potsdam, août 1945. Les jardins et les palais rococo de Frédéric II,
préservés des bombardements, accueillent l’ultime sommet de la
Grande Alliance. Au centre, le nouveau numéro un du monde,
Harry S. Truman (1884-1972), originaire du Missouri, chemisier de
profession, devenu, par la mort de Franklin D. Roosevelt, président
des États-Unis. Truman, encore un peu intimidé, découvre et
assume très vite son pouvoir : il annonce à son homologue
soviétique que les États-Unis disposent d’une arme d’une capacité
radicalement nouvelle, la bombe atomique, avec laquelle ils se
préparent à frapper le Japon. Staline (soixante-six ans), dans son
uniforme blanc de maréchal soviétique, félicite Truman. Ne jamais
rien laisser paraître ! L’Homme d’acier sait que son pays, quelle
que soit l’extraordinaire rage avec laquelle il s’est défendu contre
l’envahisseur nazi, court très loin derrière l’Amérique. L’URSS,
ravagée par les combats, doit devenir une forteresse imprenable,
notamment en tenant une partie de l’Europe. Quant au troisième
participant, le travailliste britannique Clement Attlee (1883-1967),
il est comme Truman un nouveau venu, ayant juste battu aux
élections le formidable Winston Churchill (qui initialement
représentait le Royaume-Uni à Potsdam). Staline, qui sait être
odieux, refuse de serrer la main d’Attlee, « vermine sociale-
démocrate ». Comme Truman et Staline, Attlee sait exactement ce
qu’il pèse : une vieille nation courageuse mais ruinée, un empire
en voie de décomposition.
Le troisième homme
Winston Churchill (1874-1965), Premier Ministre du
Royaume-Uni durant la Seconde Guerre mondiale, est, aux
côtés de l’Américain Roosevelt et du Soviétique Staline, le
troisième homme de la Grande Alliance, à la fois participant
et témoin. Churchill incarne la vieille Europe, il en est
pleinement conscient, se sentant écrasé entre les deux
géants. Churchill n’est pas quelqu’un à s’avouer vaincu. À
la conférence de Yalta (4-11 février 1945), il se bat pour la
France, lui obtenant le cinquième siège de membre
permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. De
même, Churchill veut sauver l’Empire britannique et, au-
delà, d’autres empires coloniaux. Mais, pour Roosevelt et
Staline, l’Histoire a tranché : ces empires sont voués à
disparaître. Le 15 août 1947, les protestations indignées du
bouledogue britannique n’empêchent pas l’Inde d’accéder à
l’indépendance !
L’URSS est détruite, misérable, elle ne fait pas le poids face aux
États-Unis, mais son armée a combattu victorieusement la
machine de guerre nazie. Staline veut la sécurité et le respect. Plus
méfiant que jamais, il verrouille la Pologne dès 1945, prélève son
butin sur sa part d’Allemagne, enfin installe des gouvernements à
sa botte en Tchécoslovaquie (Coup de Prague, 25 février 1948),
Hongrie, Roumanie et Bulgarie.
Pour les États-Unis, il faut ramener le plus vite possible les « boys »
au pays. Mais l’élite américaine n’oublie pas les graves erreurs des
lendemains de la Première Guerre mondiale. Il n’est pas possible
d’abandonner l’Europe à elle-même, il faut veiller à ce qu’elle ne
soit pas ressaisie par ses démons nationalistes. L’installation de la
Russie soviétique au cœur de l’Europe peut conduire à la formation
de ce contre quoi les puissances anglo-saxonnes ont toujours
lutté : un vaste empire fermé, privant le Royaume-Uni et les États-
Unis de tout accès au continent européen.
Asie
Europe
Les dirigeants communistes ont quand même très peur. Ils mettent
en place « le socialisme du goulasch » : si les peuples sont sages,
ils seront récompensés par une prospérité grisâtre, un chauffage à
bas prix et des biens de consommation de qualité médiocre.
Tiers-monde
Au bord du gouffre
Institutionnalisation du dialogue
De 1963 à 1979, la détente s’épanouit et se consolide. Washington
et Moscou institutionnalisent leur dialogue. Le domaine central est
le nucléaire.
Incidents de parcours
La Révolution momifiée
Des années 1960 aux années 1980, l’URSS s’enfonce dans une
stagnation grisâtre. La croissance économique, tirée sous Staline
par les chantiers pharaoniques (barrages, aciéries…), s’essouffle,
produisant toujours les mêmes biens de qualité médiocre. La
terreur stalinienne laisse la place à une surveillance étouffante. Les
dissidents sont envoyés en hôpital psychiatrique, l’opposition est
traitée comme une maladie mentale. Le Parti – la nomenklatura –
vit dans un isolement privilégié et soigneusement caché de
l’extérieur. La corruption, trop dangereuse sous Staline car
réprimée impitoyablement, prolifère sous l’ère Brejnev (1964-
1982) ; les dirigeants, hantés par les dénonciations mutuelles du
temps des purges staliniennes, sont décidés à ne plus s’entre-
tuer !
Euromissiles
Bluff hollywoodien
Déroutes
Un 25 décembre 1991
Dans ce chapitre :
Des puissances coloniales toujours avides et déjà vaincues
L’Asie est de retour
Un Moyen-Orient enlisé
L’Afrique à la traîne
Une Amérique latine en fièvre
Turbulences impériales
Dès 1915, alors que la guerre fait rage, les diplomates de l’Entente
(Angleterre, France, Russie) s’activent pour le partage des futures
dépouilles. La proie est à nouveau l’Empire ottoman, engagé, en
octobre 1914, aux côtés des empires centraux. La Russie aura les
Détroits et Istanbul (Constantinople revenant enfin à la « Troisième
Rome » – voir chapitre 6 « Des empires à cheval (Ve siècle-
1405) »). L’Angleterre et la France se partagent, par les accords
Sykes-Picot (3 janvier 1916), le Moyen-Orient : à la première, la
Mésopotamie, la Transjordanie et la Palestine ; à la seconde, la
Syrie et le Liban. L’Angleterre, toujours attentive à déployer plus
loin ses ailes impériales, poursuit ses propres tractations : les
accords Hussein-Mac Mahon de 1915 promettent au chérif de
La Mecque, Hussein (1856-1931), un vaste royaume arabe aux
frontières floues ; la déclaration Balfour (2 novembre 1917)
garantit aux juifs un foyer national en Palestine. Enfin, il y a le
président Wilson et ses « quatorze points » (8 janvier 1918), selon
lesquels tous les peuples du monde ont le droit à
l’autodétermination.
Le 9 mars 1945, les Japonais aux abois n’ont plus rien à perdre. Ils
s’emparent de l’Indochine française. L’empereur d’Annam Bao Dai
(1913-1997), éduqué et jalousement surveillé par les Français,
proclame l’indépendance et se rallie aux Japonais. Le 15 août
1945, la capitulation japonaise en Indochine est reçue au nord par
la Chine et au sud par le Royaume-Uni.
L’Asie entre émancipation et guerre froide
L’Asie, l’un des deux théâtres majeurs de la Seconde Guerre
mondiale, est, bien avant la fin des hostilités, emportée par le
grand vent de la décolonisation. De la fin des années 1940 au
milieu des années 1970, la priorité est à la construction ou à la
renaissance des nations. Par ailleurs, des graines de communisme
ont été semées, elles ont pris. Les luttes nationales semblent
submergées ou recouvertes par l’affrontement Est/Ouest, elles
n’en restent pas moins le moteur historique de l’Asie de la seconde
moitié du XXe siècle.
Les Indes indépendantes et déchirées
En 1942, à la suite de l’attaque de Pearl Harbor, la Birmanie (actuel
Myanmar) se retrouve sous la botte japonaise. Les Indes
britanniques sont menacées. Le principal mouvement nationaliste,
le Congrès, rejette tout engagement aux côtés de la puissance
coloniale. Gandhi et Nehru (1889-1964) sont emprisonnés. Subash
Chandra Bose (1897-1945), disciple, comme Nehru, de Gandhi,
rejoint les Japonais et forme à Singapour un gouvernement de
l’Inde libre. Un compromis inavoué s’installe : les Indes restent
fidèles à l’Angleterre mais, la guerre terminée, elles auront
l’indépendance.
Du non-alignement à la puissance
De la fin des années 1940 au début des années 1960, l’Inde de
Nehru se veut exemplaire. Nehru, fasciné par la planification
soviétique, veut faire de son pays le laboratoire d’un socialisme
adapté aux États nouvellement indépendants. L’Inde, avec la
Yougoslavie de Tito, l’Égypte de Nasser, l’Indonésie de Sukarno et
la Chine de Mao Zedong et Zhou Enlai, devient l’un des phares du
non-alignement, porteur d’une troisième voie hors des deux blocs.
Mao Zedong (1893-1976) naît dans une famille paysanne aisée. Par
un mélange de chance (destruction des communistes des villes par
Tchang Kai-shek) et de ruses (épurations régulières du Parti
communiste), Mao s’impose comme l’homme fort du communisme
chinois. En 1935, après une Longue Marche (369 jours,
12 000 kilomètres parcourus, vingt-quatre fleuves et dix-huit
chaînes de montagnes franchis, 90 000 morts) érigée en mythe
fondateur, il crée en Chine centrale une république paysanne.
La révolution permanente
Égypte
Palestine
Syrie-Liban
Six ans plus tard, le 5 février 1951, l’Iran, emporté par la vague de
fond nationaliste, exproprie l’Anglo-Iranian Oil Company (AIOC) et
nationalise l’exploitation de ses ressources pétrolières. Un bras de
fer s’installe entre le Premier ministre nationaliste, Muhammad
Mossadegh (1882-1967), et le chāh, pour lequel l’Iran ne doit pas
se couper de l’Occident. Le chāh l’emporte. La vieille Angleterre
est poussée de côté, les États-Unis s’imposent comme le nouveau
protecteur de l’Iran.
Nasser champion du
nationalisme arabe
Gamal Abdel Nasser (1918-1970) incarne mieux que
quiconque les espoirs et finalement l’enlisement du
nationalisme arabe. Issu d’une famille paysanne, il
s’engage dans la carrière militaire, mécanisme de
promotion sociale. Nationaliste, membre du groupe des
Officiers libres qui renverse Farouk, Nasser s’impose en
1954 comme l’homme fort de l’Égypte. En 1956, Nasser
entre dans l’Histoire. En juillet, il nationalise le canal de
Suez, symbole majeur des impérialismes européens. En
octobre-novembre, l’Angleterre et la France, aidées par
Israël, envoient une expédition militaire à Suez afin de punir
Nasser. Les États-Unis et l’URSS, considérant que la
diplomatie de la canonnière leur est désormais réservée,
imposent aux deux ex-puissances européennes de renoncer
à leur aventure.
Ainsi, de 1946 à 1955, l’Argentine, alors l’une des nations les plus
riches de la planète, se retrouve-t-elle sous la direction d’un
couple, le général Juan Perón (1895-1974) et son épouse Evita
(1919-1952). Un lien quasi mystique se noue entre les Argentins
les plus pauvres (descamisados, « sans-chemise ») et Evita,
madone se dévouant pour soulager tous les malheurs. En 1952, la
mort d’Evita suscite une explosion délirante de douleur. Le
péronisme devient synonyme de justice sociale.
Dans ce chapitre :
La fin de l’Histoire
Une sortie de guerre plutôt organisée
Le capitalisme et la démocratie pour toute la terre
Les États-Unis, grand gardien des équilibres planétaires
Réinventions de la haine et de la peur
Insaisissable démocratie
Une étape majeure dans l’institutionnalisation de la planète
La banquise soviétique
La banquise tiers-mondiste
Dans les années 1970, les chocs pétroliers persuadent certains que
les matières premières, et d’abord le pétrole, peuvent fournir des
ressources financières considérables, rendant possibles des
programmes colossaux (barrages, urbanisation…) et, au-delà, un
développement économique ambitieux.
Bosnie-Herzégovine
Kosovo
Côte d’Ivoire
Rwanda
Zaïre-Congo-Kinshasa
Zimbabwe
Discorde (« fitna »)
En 2010, l’OMC a plus de 150 membres, soit les trois quarts des
États de la planète.
Tout cela se passe plus ou moins bien. Pour ceux qui sont
poursuivis, il s’agit d’une justice de puissants, de vainqueurs, ces
derniers étant, eux, par leur position, protégés contre toute
procédure. Les descendants des victimes considèrent souvent que
c’est à eux de faire justice. Enfin, tout procès est par nature
incertain ; le pire des salauds peut remarquablement manipuler le
droit.
Dans ce chapitre :
Dans le ciel limpide de New York
La terre ligotée par les hommes
Chassez la crise ! Elle revient au galop
Comment faire vivre les hommes sur une si petite planète ?
Prolifération des revendications
Une cité planétaire ?
Une gestion mondiale de la sécurité ?
Les jeux d’équilibre ont encore de beaux jours devant eux
Le triomphe du nomadisme
L’Union européenne découvre qu’elle est nue. Elle est encore riche
mais vieillissante. La plupart de ses États membres ont laissé leur
endettement public dériver. Les marchés ne sont plus disposés à
prêter inconditionnellement à l’Europe. Cette dernière doit prouver
son sérieux en réduisant ses dépenses, en imposant des sacrifices
à ses peuples.
Un avenir en noir
Un avenir en rose
La maîtrise de la fécondité
Sur une Terre devenue une par les activités humaines, le nombre
des êtres humains semble être appelé à diminuer. Bien des
difficultés se dessinent déjà : déséquilibres entre les générations ;
prise en charge des personnes âgées ; adaptation des
équipements collectifs… Des sociétés vieillissantes seront-elles
suffisamment imaginatives, audacieuses pour faire face à ce
changement de tout l’équilibre social ?
Vers le développement durable ?
En 1983, l’Organisation des Nations unies met sur pied une
commission indépendante, chargée de clarifier la notion de
développement durable. Il s’agit de cerner ce que peut être un
développement de notre planète, satisfaisant à la fois les besoins
de l’humanité actuelle tout en veillant à ne pas compromettre ceux
des générations futures. L’humanité dispose d’une masse de
techniques et d’instruments lui permettant de concevoir un
développement global, de piloter la Terre comme le navire spatial
du feuilleton télévisé Star Trek évoluant dans l’infini des galaxies
en quête d’un nouveau lieu d’enracinement.
La Terre, lieu de débats ou foire d’empoigne ?
Syphilis
Sida
Dans les années 1980, le sida, lui aussi pouvant être transmis par
les rapports sexuels, est posé comme une question sociale et
politique. Les malades du sida s’organisent en mouvement quasi
politique, exigeant qu’on les guérisse ou au moins qu’on les prenne
en charge. Les États doivent assumer la maladie et respecter le
droit de chacun à être lui-même.
Animaux
La juridicisation va au-delà des hommes et atteint les animaux. Les
animaux sont des êtres vivants, qui souffrent et expriment des
sentiments. Les animaux n’ont-ils pas, ne doivent-ils pas avoir des
droits : être respectés, ne pas subir des violences inutiles ? La
question des droits des animaux confirme la dynamique du droit :
les titulaires de droits ne sont pas définis une fois pour toutes ; les
droits eux-mêmes ne sont jamais arrêtés, il s’agit d’ensembles
(droits politiques, sociaux, culturels ; droits individuels, droits
collectifs) en transformation permanente, s’entremêlant, se
contredisant, s’unissant…
Les identités sont en principe héritées, elles sont données par des
appartenances à une famille, un village, une nation, une religion,
une civilisation. Les déracinements multiples – géographiques,
professionnels… –de la mondialisation arrachent les liens issus du
passé. Les solidarités collectives doivent être constamment
bouleversées, afin que l’individu soit recyclé dans les flux
économiques. Il faut sans cesse bouger pour s’adapter. Dans cet
univers, chacun fait et défait son identité, les familles se
décomposent et se recomposent, les religions se fragmentent en
sectes, chacun fait son marché. L’individu, élément de base de la
société, est voué à une adaptation permanente. Les droits de
l’homme sont autant d’instruments stimulant la créativité
individuelle, carburant indispensable au progrès des sociétés.
Les identités bricolées sont fragiles. Les loyautés des individus sont
précaires et changeantes. D’où la tentation, pour assurer leur
légitimité, de s’ériger en forteresses absolues et intolérantes.
Ethnies, sectes, intégrismes religieux réclament d’être reconnus
comme des égaux. La diffusion de l’individualisme, du droit de
chacun au bonheur, avec, pour corollaire, la solitude, suscite toutes
sortes de constructions collectives – bandes, mafias, clubs,
églises… – fournissant à l’individu des certitudes temporaires.
Revendications égalitaires
Circulation
Solidarité
Gouvernance
Échapper à la mondialisation ?
L’Afghanistan est-il une forteresse imprenable ? Protégée
pendant des siècles par les hauteurs de l’Himalaya,
l’identité afghane demeurera-t-elle éternellement
imperméable aux promesses d’abondance et de modernité
de la mondialisation ? Des forteresses en marge de la
mondialisation subsistent : Myanmar, Corée du Nord…
Zones de clochardisation et de corruption, ces bastions sont
irrémédiablement attirés dans la mondialisation par les
routes, l’éducation, le tourisme, les emplois et l’argent que
font affluer toutes ces circulations. Ce que les armes
n’obtiennent pas, la « douceur » des échanges le réalise
avec le consentement ou la résignation des populations !
Tous les déclins d’empire sont vécus comme des fins du monde. La
civilisation se défait, les barbares déferlent. Depuis les années
1990, les épanouissements démocratiques en Europe, en Extrême-
Orient, en Afrique et enfin au Moyen-Orient, au lieu de créer un
monde enfin harmonieux, produisent des synthèses trop connues,
où se combinent aspirations démocratiques, revendications
populistes et appétits nationaux. Rien de nouveau sous le soleil !
L’effondrement de l’empire romain, la Révolution française, la
Première Guerre mondiale provoquent de tels engrenages. Les
hommes finissent par les digérer après beaucoup de déchirements
et de sang versé.
Septième partie
La partie des Dix
Dans ce chapitre :
Les voyages extraordinaires d’un Macédonien qui se prend
pour Achille
Un empereur chinois qui ne veut pas mourir
Un navigateur mystique et rusé, qui ne saura jamais qu’il a
découvert l’Amérique…
Et bien d’autres tours de passe-passe de l’histoire
Bien sûr, les dix sommets retenus ici prêtent à discussion. Tout
récit historique est un tri, toute sélection est contestable, mais il
faut quand même choisir !
Vers -2700 : Sumer, commencement de l’histoire
L’histoire commence-t-elle à Sumer, comme le proclame le livre
célèbre de l’assyriologiste américain Samuel Noah Kramer (1956) ?
Kramer recense à Sumer plusieurs « premières » de l’humanité :
écriture, habitations en brique, temples, écoles, tribunaux…
L’Italie, par ses richesses et son luxe, attire les prédateurs. Elle se
transforme en champ de bataille de l’Europe, irrémédiablement
déchirée et dévorée par François Ier (1494-1547) et Charles Quint
(1500-1558).
1492 : Christophe Colomb dans les Caraïbes
« En 1492, Christophe Colomb découvre l’Amérique. » Que
d’obscurités dans cette fausse évidence ! Dans la seconde moitié
du XVe siècle, la route terrestre de la Soie par l’Asie centrale étant
de plus en plus aléatoire, nombre d’Européens, parmi lesquels le
Génois Christophe Colomb (1451-1506), cherchent une voie
alternative par les mers. Aller vers l’est, contourner l’Afrique et
rejoindre les Indes constitue le chemin le moins incertain. Se
diriger vers l’ouest, c’est se jeter dans une immensité inconnue.
Colomb opte pour l’ouest et convainc les monarques espagnols de
lui financer son expédition (avec l’apport décisif de banquiers
génois).
L’été 1914 est un bel été. Les plages accueillent de plus en plus
d’estivants ; les bains de mer sont bons pour la santé. Les
châteaux brillent de leurs derniers bals. Seule ombre au tableau :
un archiduc autrichien est assassiné à Sarajevo.
Dans ce chapitre :
Deux sages
L’intelligence politique enveloppée de charme
Deux fondateurs de religion
Un amiral chinois
Un astronome
Un aventurier corse
Une femme savante
Un dictateur absolu
Oui, les individus sont bien des acteurs clés de l’histoire. Ils lui
donnent sa vie, sa chair. L’itinéraire, les contradictions, les drames
d’un individu résument une époque, une société, une civilisation,
une nation. Socrate incarne Athènes, le conflit entre liberté et
citoyenneté. Galilée résume de manière éclatante la lutte
permanente entre pouvoir et quête de la vérité et, plus
précisément, l’exaspération de cet affrontement au moment où
l’Europe et ses appétits de connaissance déstabilisent l’Église et
ses dogmes.
Les dix individus élus ici sont choisis non parce qu’ils seraient les
meilleurs, les plus importants, mais parce que chacun fait saisir un
moment de l’histoire. Dix, c’est tellement peu ! Comme tient à le
rappeler la dernière rubrique de ce chapitre, tous les individus
jouent un rôle historique, tous font l’histoire.
Confucius (v. -555~v. -479), fondateur de la
Chine
Dans une histoire du monde monopolisée par les hommes, par les
mâles avides de pouvoir, d’argent et de gloire, il faut bien quelques
femmes. Pourquoi Marie Curie ? Marie Curie est d’abord de deux
pays, la Pologne puis la France. Elle s’impose de manière
éblouissante dans un domaine classé comme « masculin » ou
« viril » : la recherche scientifique. Marie Curie découvre la
radioactivité et obtient deux prix Nobel, celui de physique en 1903
avec Pierre Curie et Henri Becquerel, celui de chimie en 1911. Avec
une indépendance remarquable pour une époque où le mariage est
sacré, Marie Curie, veuve, noue une liaison avec le physicien Paul
Langevin (1872-1946), marié. Scandale ! Durant la Première
Guerre mondiale, Marie Curie organise sur le front le premier
service radiologique. Elle meurt, brûlée par les radiations de tout
ce qu’elle a manipulé.
Joseph Staline (1879-1953), le tyran absolu
Dans ce chapitre :
La ville où la terre et le ciel se rejoignent
Une cité tant de fois pillée et toujours renaissante
La ville-forteresse qui a résisté plus de mille ans
La cité perdue
Les Babylone de l’Occident
Enfin, la Babylone de la Chine
Les dix villes choisies ici ne l’ont pas été parce qu’elles seraient les
plus remarquables du monde mais parce que chacune a un destin.
De plus, il faut tenter de n’oublier aucun continent, aucune
époque. Sous le terme « ville », se dissimulent tant d’urbanisations
différentes, les unes dessinées par le pouvoir (Paris, Saint-
Pétersbourg), d’autres ajoutant les époques les unes aux autres
(Rome, Shanghai), d’autres hantées par un âge d’or (Londres).
Jérusalem, le frottement sanglant des trois
monothéismes
Jérusalem naît juive, avec, pour cœur, le premier temple, celui de
Salomon, construit vers -969, et détruit lors de la prise de la ville
par Nabuchodonosor II en -587. Jérusalem se veut juive et le
montre par ses insurrections contre les Séleucides (en -167,
Maccabées) puis contre les Romains (en 70, répression de Titus
entraînant la destruction du second temple ; en 132-137, révolte
de Bar Kokhba, écrasée par l’empereur Hadrien). Jérusalem, déjà
un peu chrétienne (crucifixion du Christ), est effacée et remplacée,
en 134, par Aelia Capitolana. Deux siècles plus tard, Jérusalem
renaît chrétienne, Hélène, la mère du premier empereur romain
chrétien, Constantin Ier le Grand (270/288-337), y retrouvant,
selon la légende, la Sainte Croix en 326. En 637, les Arabes
s’emparent de Jérusalem. La voici musulmane ! Mahomet, avant de
monter au ciel, aurait laissé l’empreinte de son pied sur un de ses
rochers, celui-là même où Abraham aurait accepté de sacrifier son
fils, Isaac (pour les musulmans, Ismaël), et où la dynastie
omeyyade édifie la Coupole du Rocher. Jérusalem est, avec
La Mecque et Médine, l’une des trois villes saintes de l’islam.
Byzance ne cesse d’être assiégé, d’abord par les Arabes. Elle est
une proie trop scintillante, excitant de féroces appétits. À la fin du
XIe siècle, les croisés déferlent vers le Bosphore pour porter
secours à la ville ébranlée par sa défaite contre les Seldjoukides
(Manzikert, 1071). La ville est trop belle, soulignant la rusticité des
chevaliers francs, déchaînant la jalousie de Venise. L’Europe
romaine s’accommode mal de la splendeur insolente de Byzance.
En 1204, Venise, ayant financé la quatrième croisade, veut
récupérer sa mise : les croisés n’ont qu’à s’emparer de Byzance
pour rembourser la Sérénissime République. C’est l’épouvantable
sac de 1204, blessure toujours présente entre orthodoxes et
catholiques. L’Empire byzantin est brisé, sa capitale tenue par les
Francs jusqu’en 1261.
Comme toutes les grandes villes créatrices, New York a son âge
d’or, le XXe siècle et plus précisément sa seconde moitié. New York
éclate de diversité : Wall Street et ses banquiers, voués au veau
d’or ; Broadway, où la comédie musicale métamorphose la vie en
chansons et danses ; Harlem, où les Noirs inventent de nouvelles
harmonies ; studios d’Andy Warhol, où avant-garde, bande
dessinée et boîtes de conserve concoctent la soupe planétaire…
Shanghai doit être punie et est punie par la Chine maoïste. Mise au
pas, figée, Shanghai, telle une Belle au Bois dormant, se pétrifie
dans un passé momifié. Mais tout passe, le maoïsme comme le
reste ! À partir de la fin des années 1970, les « quatre
modernisations » de Deng Xiaoping (1904-1997) agissent comme
la baguette magique de la fée. Shanghai se réveille, se couvre de
gratte-ciel et de panneaux lumineux. Les réalisations les plus
modernistes – opéra, aéroport, métro… – se bousculent.
Dans ce chapitre :
Des constructions universelles, mais aussi des édifices ancrés
dans l’histoire d’un peuple
Des avancées à l’origine obscure, mais aussi des inventions
précisément situées dans l’histoire
Des créations ne pouvant être attribuées à personne, mais
aussi de magnifiques expressions du génie individuel
Tracer un angle droit, tel est le premier savoir que doit posséder le
constructeur de pyramide. De quelle manière ce savoir est-il acquis
et utilisé ? Les angles droits des pyramides d’Amérique centrale
peuvent être imparfaits ! Autre défi : bâtir un édifice de haute taille
qui ne s’effondre pas. Une solution l’emporte (Égypte de Saqqara,
ziggourats, Amérique centrale) : un empilement d’étages de plus
en plus petits.
Dans ce chapitre :
La première histoire
Des romans-feuilletons en sanskrit
Le premier poème national
Des livres écrits (en principe) par Dieu
Des repères majeurs de la modernité
Les hommes aiment les mots, les fables, les prières, les légendes ;
ils ne cessent de s’en enivrer. Confrontés à l’opacité de l’univers,
ils se rassurent en concevant des personnages, des intrigues qui
l’humanisent. Des livres sont la colonne vertébrale de beaucoup de
communautés. Bien des peuples sont indissociables de leur récit
fondateur. Des livres instaurent des religions et changent le cours
de l’histoire.
Date Événement
-555~-479 Confucius.
1096-1291 Croisades.
Préhistoire :
La Guerre du feu, Jean-Jacques Annaud, 1981
Rome :
Ben Hur, William Wyler, 1959
Cléopâtre, Joseph L. Mankiewicz, 1961-1963
Fellini Satyricon, Federico Fellini, 1968
Gladiator, Ridley Scott, 2000
Jules César, Joseph L. Mankiewicz, 1953
La Chute de l’Empire romain, Anthony Mann, 1964
Spartacus, Stanley Kubrick, 1960
Europe du Moyen Âge :
Henri V, Laurence Olivier, 1945
Kingdom of Heaven, Ridley Scott, 2005
Le Nom de la rose, Jean-Jacques Annaud, 1986
Le Septième Sceau, Ingmar Bergman, 1956
Europe de l’Ancien Régime :
Amadeus, Milos Forman, 1984
Cyrano de Bergerac, Jean-Paul Rappeneau, 1990
Molière, Ariane Mnouchkine, 1978
La Reine Margot, Patrice Chéreau, 1994
Si Versailles m’était conté…, Sacha Guitry, 1953
Europe révolutionnaire :
Danton, Andrzej Wajda, 1982
Les Enfants du paradis, Marcel Carné, 1945
Le Guépard, Luchino Visconti, 1962
La Marseillaise, Jean Renoir, 1937
Napoléon, Abel Gance, 1927
Senso, Luchino Visconti, 1954
Tess, Roman Polanski, 1979
Europe des totalitarismes :
1900, Bernardo Bertolucci, 1976
Les Damnés, Luchino Visconti, 1969
Metropolis, Fritz Lang, 1926
États-Unis :
Autant en emporte le vent, Victor Fleming, 1939
Les Cheyennes, John Ford, 1964
Citizen Kane, Orson Welles, 1941
Géant, George Stevens, 1956
Il était une fois en Amérique, Sergio Leone, 1984
Naissance d’une nation, David W. Griffith, 1915
Les Raisins de la colère, John Ford, 1940
Amérique latine :
Aguirre, la colère de Dieu, Werner Herzog, 1972
Antonio das Mortes, Glauber Rocha, 1969
Mission, Roland Joffé, 1986
Russie :
Andreï Roublev, Andreï Tarkovski, 1969
Le Cuirassé Potemkine, Sergeï Eisenstein, 1925
Guerre et Paix, Sergeï Bondartchouk, 1966
Ivan le Terrible, Sergeï Eisenstein, 1945
Chine :
Adieu ma concubine, Chen Kaige, 1993
Le Dernier Empereur, Bernardo Bertolucci, 1987
Épouses et Concubines, Zhang Yimou, 1991
Inde :
Les Joueurs d’échecs, Satyajit Ray, 1977
La Route des Indes, David Lean, 1985
Japon :
Les Contes de la lune vague, Kenji Mizoguchi, 1953
Kagemusha, Akira Kurosawa, 1980
Les Sept Samouraïs, Akira Kurosawa, 1954
Index des personnes
« Pour retrouver la section qui vous intéresse à partir de cet index, utilisez le
moteur de recherche »
A
Abbas Ier le Grand
Abd Allah
Abd el-Kader
Abd el-Krim
Abdülhamid II,
Abélard (Pierre)
Abraham
Abū Bakr
Adams (John Quincy)
Adams (John)
Adams (Williams)
Adélard de Bath
Agamemnon
Ahmed III,
Akbar
Akhenaton
Alaric Ier
Alcibiade
Alembert (Jean le Rond d’)
Alexandre Ier
Alexandre II,
Alexandre III le Grand
Alexandre VI Borgia, pape
Ali (Hussein ibn)
Ali (Méhémet)
Allende (Salvador)
Al-Rachid (Haroun)
Aménophis III,
Aménophis IV,
Amin Dada (Idi)
Angell (Norman)
Annunzio (Gabriele d’)
Antoine (Marc)
Arafat (Yasser)
Archimède de Syracuse
Aristote
Arkwright
Ashoka
Assad (Hafez al-)
Astruc (Jean)
Atahualpa
Attila
Attlee (Clement)
Auizotl
Aurangzeb
Averroès
Avicenne
B
Bābur
Baeyer (Adolf von)
Bahādur Chāh II,
Balfour (Arthur)
Bao Dai
Bar Kokhba
Bath (Adélard de)
Bayazid Ier
Bélisaire
Ben Laden (Oussama)
Berthollet (Claude Louis)
Bismarck (Otto von)
Bokassa (Jean-Bedel)
Bonaparte (Louis-Napoléon)
Boniface VIII, pape
Borgia (César)
Bose (Subash Chandra)
Botha (Pieter W.)
Bouddha
Boumédiène (Houari)
Brahé (Tycho)
Brahmagupta
Brecht (Bertolt)
Brejnev (Leonid)
Briand (Aristide)
Buffalo Bill (William Cody dit)
Buffon (Georges-Louis Leclerc de)
Bunzaemon (Kinokuniya)
Bush (George H.)
Bush (George W.)
C
Caillaux (Joseph)
Caillié (René)
Carnegie (Andrew)
Cartier (Jacques)
Castro (Fidel)
Catherine II de Russie
Cauchon (Pierre)
Cavour (Camillo)
César (Jules)
Chaplin (Charlie)
Charlemagne
Charles-Albert
Charles Ier
Charles Quint
Charles VII,
Charles X,
Charles XII,
Chávez (Hugo)
Childe (Vere Gordon)
Churchill (Winston)
Cixi ou Ts’eu-Hi impératrice
Clairvaux (Bernard de)
Clemenceau (Georges)
Cléopâtre VII,
Clinton (Bill)
Clive (Robert)
Coligny (Gaspard de Chatillon)
Colomb (Christophe)
Confucius
Constantin Ier le Grand
Copernic (Nicolas)
Cortés (Hernán)
Crassus (Marcus Licinius)
Crémone (Gérard de)
Crésus
Crick (Francis H.)
Crocket (Davy)
Cromwell (Olivier)
Curie (Marie)
Custer (George)
Cyrus II le Grand
D
Dante (Alighieri)
Da Ponte (Lorenzo)
Darius Ier
Darlan (François)
Darwin (Charles)
Dawes (Charles)
Deng Xiaoping
Denon (Vivant)
Diderot (Denis)
Dioclétien
Dostoïevski (Fedor M.)
Douhet (Giulio)
Du Guesclin (Bertrand)
Dupleix (Jean-François)
E
Édouard d’Angleterre
Einstein (Albert)
Eisenhower (Dwight D.)
Élisabeth Ire d’Angleterre
Eltsine (Boris)
Engels (Friedrich)
Enghien (duc d’)
Épaminondas
Ératosthène
Eschyle
Étienne Ier (saint)
Euclide
F
Farouk Ier
Farrukhsiyar
Fayçal
Ferdinand II de Habsbourg
Ferdinand III de Habsbourg
Fibonacci (Leonardo)
Flaubert (Gustave)
Fouquet (Nicolas)
François d’Assise (saint)
François-Ferdinand
François Ier
François-Joseph Ier
François Xavier (saint)
Franklin (Benjamin)
Frédéric-Guillaume Ier
Frédéric II de Hohenstaufen
Frédéric II le Grand
Frédéric V,
Freud (Sigmund)
Fukuyama (Francis)
Fukuzawa Yukichi
G
Galilée (Galilei)
Gama (Vasco de)
Gandhi
Gandhi (Indira)
Gandhi (Mohandas Karamchand)
Gaulle (Charles de)
Gengis Khān
George (Lloyd)
Gibbon (Edward)
Gompertz (Benjamin)
Gomulka (Wladyslaw)
Gorbatchev (Mikhaïl)
Grégoire VII pape
Guderian (Heinz)
Guevara (Ernesto)
Guillaume Ier
Guillaume II,
Guillaume III d’Orange
Guise (Henri de)
Gustave Adolphe
Gutenberg (Johannes)
H
Hadrien
Hammourabi
Han dynastie
Hannibal Barca
Hannon
Hargreaves (James)
Harrison (John)
Harvey (William)
Hatchepsout
Havel (Vaclav)
Hearst (William Randolph)
Hegel (Georg Wilhelm)
Henri IV
Henri le Navigateur
Henri VIII,
Héraclite l’Obscur
Herder (Johann Gottfried)
Hérodote
Héron d’Alexandrie
Hideyoshi (Toyotomi)
Himmler (Heinrich)
Hindenburg (Paul von)
Hipparque
Hitler (Adolf)
Hobbes (Thomas)
Hobson (John A.)
Hô Chí Minh
Homère
Hong Xiuquan
Hoover (Herbert)
Houphouët-Boigny (Félix)
Huascar
Humāyūn
Hume (David)
Hussein
Hussein (ibn Ali)
Hussein (Saddam)
I
Ibn Baţţūţa
ibn Séoud
Imhotep
Iqbāl (Muhammad)
Ismāĩl Ier
Ivan III,
J
Jackson (Andrew)
Jaruzelski (Wojciech)
Jeanne d’Arc (sainte)
Jean sans Terre
Jean III Sobieski
Jean XII (pape)
Jefferson (Thomas)
Jelačić (Josip)
Jenner (Edward)
Jérôme (saint)
Jésus-Christ
Jinnāh (Muhammad ‘Alī)
Joseph II,
Josué
Jules II pape
Justinien Ier
K
Kabila (Laurant-Désiré)
Kadhafi (Muammar al-)
Kant (Emmanuel)
Karzaï (Pashtoun Hamid)
Kaunda (Kenneth)
Kellogg (Frank)
Kemal (Mustafa)
Kennedy (John F.)
Kepler (Johannes)
Kerenski (Aleksandr)
Keynes (John Maynard)
Khalidasa
Khan (Malkom)
Khayam (Omar)
Khomeiny (Ruhollah)
Khrouchtchev (Nikita)
Kipling (Rudyard)
Knox d’Arcy (William)
Kojève (Alexandre)
Kossuth (Lajos)
Kramer (Samuel Noah)
Krishna Deva Raya
L
Lang (Fritz)
Law (John)
Lawrence (Thomas E.)
Lee (Robert E.)
Lénine (Vladimir Iltich Oulianov)
Léon Ier, pape
Léon III pape
Léon l’Africain
Léonard de Vinci
Lesseps (Ferdinand de)
Liebig (Justus von)
Lincoln (Abraham)
Livingstone (David)
Locke (John)
Lope de Aguirre
Louis-Philippe
Louis XIV
Louis XV,
Louis XVI,
Lucy
Ludd (Ned)
Ludendorff (Erich)
Luther (Martin)
M
Macartney (Lord George)
Machiavel (Nicolas)
Mackinder (Halford J.)
Magellan (Fernand de)
Mahmud
Mahomet
Mahomet de Ghōr
Mandela (Nelson)
Mann (Thomas)
Mansa Abubakari II,
Mansa Kankan Moussa
Mao Zedong
Marc Aurèle
Marcel (Étienne)
Marius
Martel (Charles)
Marx (Karl)
Mazarin
Méhémet Ali
Mehmet II le Conquérant
Ménélik Ier
Ménélik II,
Metternich (Klemens)
Michel-Ange
Milosevic (Slobodan)
Mitterrand (François)
Mobutu Sese Seko (Joseph-Désiré)
Moctezuma II,
Mohan Roy (Ram)
Moïse
Monroe (James)
Montcalm (Louis-Joseph de)
Montesquieu (Charles-Louis de Secondat)
More (Thomas)
Morgan (John Pierpont)
Morton (Hensi Sir)
Mossadegh (Muhammad)
Mozart (Wolfgang Amadeus)
Mu’āwiya
Mugabe (Robert)
Murasaki Shikibu
Musil (Robert)
Mussolini (Benito)
Mutsuhito
N
Nabuchodonosor II
Nāder Chāh
Napoléon Ier
Napoléon III
Nasser (Gamal Abdel)
Néfertiti
Nehru (Jawaharlal)
Nevski (Alexandre)
Newton (Isaac)
Nicolas Ier
Nicolas II pape
Nicolas II tsar
Nietzsche (Friedrich)
Nixon (Richard)
Noske (Gustav)
O
Octave-Auguste
Odoacre
odomètre. Voir Tripmaster
Omar al-Mokhtar
Oppenheimer (Robert)
Orlando (Vittorio)
Otton Ier le Grand
P
Papin (Denis)
Park (Mungo)
Pasteur (Louis)
Paul (saint), voir Saül de Tarse
Paul III, pape
Périclès
Perón (Evita)
Perry (Matthew C.)
Philippe II
Philippe II de Macédoine
Philippe le Bel
Pierre Ier le Grand
Pierre l’Ermite
Pinochet (Augusto)
Pitt (William) dit le Premier Pitt
Pitt (William) dit le Second Pitt
Pizarro (Francisco)
Platon
Polo (Marco)
Pol Pot
Pompée
Proust (Marcel)
Ptolémée (Claude)
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Puyi empereur
Pythagore
Q
Quesnay (François)
R
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Ramsès II
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Rembrandt (Harmenszoon van Rijn)
Rhazès ou Abū Bakr Mohammad Ibn Zakariya al-Razi
Rhodes (Cecil)
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S
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