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ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:342619469:88880154:102.52.165.

78:1587410358
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Gestion juridique,
fiscale et sociale
UE 1 du DSCG
Édition 2019/2020

CORRIGÉ

4 rue de Villars – 42000 SAINT ETIENNE


Tél : 04 77 79 92 46 – Fax : 04 94 80 59 24

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E-mail : [email protected]

Auteurs :
Alice Polynice Grégory Lachaise
DEA de droit privé DEA de droit
Enseignante / Formatrice en droit en DCG et DSCG Certifié d’Économie et Gestion
Enseignant / Formateur
Bertrand Beringer
Agrégé d’Économie et Gestion
Professeur en classe préparatoire au DCG

« Est également un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une œuvre de l'esprit en
violation des droits de l'auteur, tels qu'ils sont définis et réglementés par la loi.
La contrefaçon en France d'ouvrages publiés en France ou à l'étranger est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. »
(art. L335-2 et L335-3 du code de la propriété intellectuelle).
Chez le même éditeur :

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Processus, Management, Économie et droit

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Collection Arrêt-Culture
Entreprenologie, Musique, Dissertation

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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

À jour en
TABLE DES MATIÈRES
Juillet 2019
Les thèmes étudiés ont fait l’objet de questions à l’examen de l’UE1 du DSCG en ……

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Thème 1 L’entreprise et son environnement


Éléments généraux sur les contrats
VERBAT : Éléments généraux sur les contrats, Pourparlers, Offre et 2018, 2015, 2014 p. 5
Cas 1 :
acceptation, Avant-contrat
Cas 2 : VERTIGO : Éléments généraux sur les contrats, Rupture des relations 2018, 2014, 2010, p. 9
2009, 2008
commerciales, Clauses contractuelles, imprévision, Réduction du prix,
Vices du consentement, Nullités, Sanctions de l’inexécution du contrat

La diversité des contrats


Cas 3 : DÉLICES DE JOUR : Le contrat de sous-traitance, Le contrat 2015, 2010, 2008 p. 17
d’entreprise, Le contrat de distribution (franchise), Contrat de travail
Cas 4 : L’AUTRUCHON GRIS : Le contrat de vente, Vices cachés, Les contrats de 2014 p. 21
consommation, Le contrat de crédit à la consommation, Le contrat
d’assurance

Droit pénal
POLLEN : Droit pénal général : Responsabilité pénale, Infraction, 2018, 2012, 2008 p. 27
Cas 5 :
Classification, Peines, Procédure pénale
Cas 6 : MERLIN : Droit pénal spécial des affaires et des sociétés : Abus de 2018, 2015, 2013, p. 33
2012 2010, 2009
confiance, ABS, Présentation de comptes annuels inexacts, Dividendes 2008
fictifs, Surévaluation des apports en nature, Responsabilité pénale du CAC

L’entreprise et la concurrence
Cas 7 : MOIRON : L’entreprise et la concurrence, Contrôle des concentrations en p. 37
droit interne et en droit de l’union européenne, Entente illicite, Revente à
perte
Cas 8 : CHEVRETINE : L’entreprise et la concurrence, Action en concurrence 2015, 2012 p. 41
déloyale, Parasitisme, Contrefaçon, Abus de position dominante, Abus de
dépendance économique
L’entreprise et l’administration fiscale
Cas 9 : CRISE : L’entreprise et l’administration fiscale, Agrément, Rescrit, Contrôle 2015, 2013, 2012 p. 45
2010, 2009 2008
et contentieux fiscaux

Thème 2 Le développement de l’entreprise


Cas 10 : ROULE : Droit et Fiscalité de la constitution de sociétés : Choix de la forme 2014, 2009, 2008 p. 49
juridique, Règles de fonctionnement, Conséquences fiscales
Cas 11 : LE DIAMANT NOIR : Droit et Fiscalité de la transformation de la société 2017, 2014, 2011, p. 53
2008
Cas 12 : FLEURY : Relations dirigeant-associés, CA, CS, transparence, Obligations 2013, 2012 2008 p. 57
de communication des entreprises en matière environnementale
Cas 13 : SERPENTINE : Droit de l’informatique : Nom de domaine, Récolte 2015 p. 63
d’adresses électroniques, Signature et contrats électroniques
Cas 14 : MOD’BB : Les règles d’imposition des affaires internationales : Règles de 2016, 2011, 2009 p. 67
territorialité, Détermination et imposition du résultat, TVA et échanges
internationaux ou intracommunautaires
Cas 15 : MONDIAL’DECO : Les règles d’imposition des affaires internationales : p. 71
Règles de territorialité, Principes de traitement de la double imposition,
détermination et imposition du résultat

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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

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Thème 3 Le financement de l’entreprise

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FABRE : Le régime juridique et fiscal des augmentations et réductions de 2011 p. 73
Cas 16 :
capital
Cas 17 : SAGEM-SYLIS : Pacte d’actionnaires, Franchissement de seuils 2009 p. 77
Cas 18 : EURODITONE : Le financement de l’entreprise par recours aux marchés 2013 p. 81
financiers, La société cotée

Thème 4 De l’entreprise au groupe


Implications juridiques, fiscales et sociales de l’existence d’un
groupe
BRAIN : Régimes fiscaux de groupe et traitement fiscal des opérations 2016, 2015, p. 85
Cas 19 : internes aux groupes 2013, 2009
2008
Cas 20 : MIMBAIR SAIM CONSO : Régimes fiscaux de groupe : Intégration fiscale, 2016, 2013, p. 89
2008
Consolidation de la TVA
Cas 21 : VERSION JARDIN : Traitement fiscal des opérations internes aux 2009 p. 95
groupes : Régime des sociétés mères et filiales
Cas 22 : PAPILLA : Implications juridiques, sociales liées au groupe de sociétés, 2012, 2008 p. 99
réglementation des participations
Cas 23 : GROUPEMENT TAXIS : Règles juridiques, fiscales et sociales gouvernant 2012 p. 105
certains modes de coopération inter-entreprise : GIE

La restructuration de l’entreprise
Cas 24 : FACOR : Fusion, Filialisation, Garantie de crédit : lettre d’intention 2018, 2015, p. 109
2010
Cas 25 : CO.EX.FIN : Le régime fiscal des opérations de fusions de sociétés 2018, 2010 p. 115
Cas 26 : TIC TAC : Le régime juridique, fiscal et social des opérations de 2018 p. 119
transmission universelle de patrimoine, Retraite et licenciement
Cas 27 WIKO : Augmentation de capital, Apport Partiel d’actif (APA), Nomination p. 127
CAC, Régime des conventions, Introduction en bourse

Thème 5 La pérennité de l’entreprise


L’entreprise en difficulté
Cas 28 : OLYGIRL : L’entreprise en difficulté : la prévention des difficultés 2018, 2013, 2012 p. 131
2010, 2009 2008
Cas 29 : GREEN-FARINA-GRENIER : L’entreprise en difficulté : le redressement 2014, 2012 p. 135
judiciaire
Cas 30 : SONIA RYKIEL-OPTIMAL : Traitement de l’entreprise en difficulté : la 2018, 2014 p. 139
liquidation judiciaire

La transmission de l’entreprise
Cas 31 : BERTO : Aspects juridiques, fiscaux et sociaux de la cession de 2017, 2014, p. 143
2013, 2012
l’entreprise et de la transmission à titre gratuit de l’entreprise 2011, 2009
2008

La disparition de l’entreprise
Cas 32 : GARUR : La dissolution de la société : régime juridique et fiscal 2009 p. 151

Thème 6 Les associations et autres organismes à but non lucratif


Cas 33 : DEXCO : Aspects juridiques, fiscaux et sociaux des associations et autres 2012, 2011 p. 155
organismes à but non lucratif

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VERBAT
Auteur :
Grégory Lachaise

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Compétences attendues Savoirs associés

Maîtriser les étapes de la phase Éléments généraux sur les contrats


précontractuelle et identifier les Pourparlers, offre et acceptation,
contraintes et risques juridiques avant-contrat
afférents. Savoir définir les éléments
permettant l’existence du contrat

1. Indemnisation de la SA BON VENT suite à la rupture des pourparlers


M. Thermofloc, gérant de la SARL VERBAT, a engagé avec la SA BON VENT des pourparlers relatifs à la livraison
d’éoliennes destinées à pomper l’eau et fournir de l’électricité pour un groupement d’habitats. Malgré la signature d’un
protocole d’accord en date du 15 juin, M. Thermofloc signifie 15 jours plus tard à la SA qu’il n’entend pas poursuivre leur
relation.

Les pourparlers
La phase précontractuelle de relations commerciales est en réalité constituée de multiples étapes au cours desquelles les
parties négocient les modalités et le contenu de leurs relations commerciales futures.

Ainsi, au cours des discussions préparatoires, les futurs contractants ne font que déterminer si les conditions d’une
possible relation contractuelle sont réunies. Négociation du prix, de la quantité, des délais de livraison et des clauses du
contrat constituent l’essentiel des points forts des pourparlers.
Le nouvel article 1112 du code civil, issu de l’ordonnance du 10 février 2016, dispose que l’initiative, le déroulement et la
rupture des négociations précontractuelles sont libres. S’il fixe un principe de liberté dans la conduite des discussions
précontractuelles, les parties restent assujetties à l’article 1104 du code civil, qui irrigue désormais tout le droit des contrats,
à savoir que « ces derniers doivent être négociés, formés et exécutés de bonne foi ». Le dispositif, d’ordre public, vient
consacrer dans la loi une solution jurisprudentielle. Chaque partie se trouve ainsi débitrice d’une obligation de loyauté et
de coopération dans la conduite des négociations et tenue, par conséquent, de délivrer toute information qu’elle sait
déterminante à la conclusion du contrat.

La formalisation des pourparlers


• L’une des parties peut, à l’issue de cette première phase, formaliser son consentement personnel par une lettre
d’intention ou tout autre document précontractuel manifestant sa ferme intention de poursuivre les négociations. Il
conviendra néanmoins de porter une attention particulière à la formulation choisie pour ne pas être unilatéralement
engagé par un document constituant une offre de contracter. L’exemple classique consiste à apposer la mention
« document non contractuel ».
• Les parties peuvent aussi organiser leur négociation dans le cadre d’un avant-contrat, sous la forme par exemple d’un
accord de principe. Celui-ci peut prévoir une obligation de négocier, voire un calendrier ou encore recenser les
différents points relatifs au futur contrat. Le contenu du document précontractuel prend alors une importance toute
particulière puisqu’il va permettre de déterminer les effets que les parties ont souhaité donner à leur accord partiel. Soit
ce dernier envisage les effets produits par l’accord (suffisant ou insuffisant à la formation du contrat définitif), soit il
reste muet. En cette dernière hypothèse, si le contenu de l’avant-contrat est précis et porte sur les éléments essentiels
du futur contrat, le juge pourra conclure à son existence et en appliquer les conséquences juridiques.

Sanctions de la rupture des négociations


En l’absence de promesse de contrat ou de protocole d’accord, seule peut-être envisagée une action en
responsabilité civile extra contractuelle supposant la réunion des trois conditions requises, à savoir un dommage, une
faute et un lien de causalité. Le dommage peut résulter des frais engagés pour la conclusion du contrat (dépenses de
voyages, frais d’études, frais d’aménagement d’un local…) mais aussi de la perte d’une chance de conclure le contrat et
de bénéficier de ses retombées économiques. Dans cette dernière hypothèse, l’estimation du préjudice réparable ne peut
avoir pour objet de compenser la perte des avantages attendus du contrat non conclu (art. 1112 al. 2 C. civ). La faute
quant à elle peut être constituée par une attitude blâmable, même non intentionnelle, ou encore une légèreté fautive. Elle
peut aussi résulter du manquement à l’obligation de bonne foi (déloyauté, abus, absence d’information…). Enfin, le lien
de causalité entre le dommage et la faute doit être démontré.

En cas de formalisation des pourparlers


Si le contrat doit être considéré comme définitivement formé (celui qui s’en prévaut devra en apporter la preuve), il en
emporte toutes les conséquences juridiques. Il rend ainsi possible une exécution forcée ou une action en responsabilité
contractuelle pour inexécution des obligations nées du contrat.

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6 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

À l’inverse, si l’avant-contrat ne peut être considéré comme contrat définitif, il ne pourra être sanctionné par une exécution
forcée car il ne comprend qu’une obligation de faire. Néanmoins, l’échec de la négociation peut résulter du manquement
fautif de l’une des parties ou de la violation de l’une des obligations figurant dans l’avant-contrat. Sa responsabilité
contractuelle pourra dans cette hypothèse être recherchée.

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En l’espèce, peut-on considérer qu’il existe un contrat définitif ? A priori non, puisque l’accord est relativement vague, le
nombre d’éoliennes est approximatif et le prix n’est pas déterminé. Il faut donc exclure toute idée d’exécution forcée. Le
fondement de la responsabilité civile extra contractuelle peut aussi être écarté dans la mesure où un protocole d’accord a
été signé entre les parties.
Il semble par contre manifeste que M. Thermofloc n’a pas conduit les négociations de bonne foi, tel que prévu dans le
protocole d’accord. En effet, il a poursuivi les négociations tout en n’ayant aucunement l’intention d’aboutir à la conclusion
d’un contrat (trop lourd en installation et stockage). Ce manquement est de nature à engager la responsabilité civile
contractuelle de la SARL Verbat, mais l’indemnisation ne pourra s’étendre qu’aux dépenses engagées par la SA Bonvent
pour la conclusion du contrat.

2. Engagement de VERBAT
La société VERBAT envoie une offre détaillée à la société BONETERRE. Celle-ci retourne le document en y insérant une
date maximale de livraison ainsi qu’un chèque d’acompte de 30% encaissé dix jours plus tard par la SARL.

Principe juridique
Les contrats obéissent à différentes classifications qui figurent dans le code civil (articles 1106 et s). Selon leur condition
de formation, les contrats peuvent être qualifiés de réels, consensuels ou solennels. L’intérêt de cette distinction est
d’identifier le moment auquel le contrat sera considéré comme définitivement formé.
Les contrats consensuels sont parfaits par l’unique rencontre des consentements. Ainsi, lorsqu’une l’expression des
volontés se rencontre, sous la forme d’une offre et d’une acceptation, la relation contractuelle est établie.
Les principes juridiques de l’offre et de l’acceptation sont maintenant codifiés aux articles 1113 et suivants du code civil
qui précise que « le contrat est formé par la rencontre d’une offre et d’une acceptation par lesquelles les parties manifestent
leur volonté de s’engager ».

L’offre (expresse ou tacite) doit être ferme (volonté de s’engager) et précise (identifie clairement l’objet de l’offre et les
éléments essentiels du contrat), à défaut, elle ne constitue qu’une simple invitation d’entrer en pourparlers. L’offre peut
être faite avec des réserves (disponibilité du produit) et/ou être assortie d’un délai. Dans ce dernier cas, l’offrant ne peut
unilatéralement se rétracter pendant la durée de son engagement sous peine d’engager sa responsabilité civile
extracontractuelle. À défaut de délai clairement indiqué, l’offre doit être maintenue pendant un délai raisonnable
souverainement apprécié par les tribunaux. À noter enfin que l’offre peut être librement rétractée tant qu’elle n’est pas
parvenue à son destinataire.

L’acceptation manifeste la volonté de conclure le contrat aux conditions précisées dans l’offre. Elle peut être expresse ou
tacite. Néanmoins, sauf exception, telles que la loi, les usages, des relations d’affaires ou des circonstances particulières,
le silence ne vaut pas acceptation.
Par ailleurs, lorsque l’acceptation comporte une modification de l’offre émise, elle constitue alors une contre-offre. Le
sollicitant se trouve alors dans la situation de l’acceptant.
Enfin, lorsque les parties ne consentent pas au contrat en présence l’une de l’autre, c’est-à-dire lorsque le contrat est
conclu entre absents (par échange de courrier par exemple), sa conclusion est parfaite à compter de la réception de
l’acceptation. Après des incertitudes jurisprudentielles entre la théorie de l’émission et celle de l’acceptation, l’article 1121
tranche définitivement pour la dernière.

En l’espèce, la proposition de la SARL constitue une offre ferme et précise de contracter. La modification apportée à celle-
ci par la société BONETERRE constitue une contre-offre puisque les termes de l’engagement ont changé (exigence d’un
délai de livraison).
Qu’en est-il alors de l’acceptation ? L’encaissement du chèque d’acompte par la SARL peut être considéré comme
l’acceptation de l’offre émise par la société BONETERRE puisqu’il s’agit d’un comportement positif. Cependant, la société
Boneterre a renoncé à son engagement le 21 juin, c’est-à-dire avant l’acceptation de VERBAT. Cette renonciation
empêche définitivement la formation du contrat et oblige la société VERBAT à restituer l’acompte encaissé. Néanmoins,
la contre-offre de la société BONETERRE aurait dû être maintenue pendant un délai raisonnable en l’absence de précision.
Or il apparaît peu probable que les quelques jours laissés constituent un tel délai au regard de l’importance de la
transaction. Ce manquement sera de nature à engager la responsabilité civile extra contractuelle de la société
BONETERRE.

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UE 1 Corrigé 7
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. Demande de réparation à la SNCF - Fondement


M. Thermofloc, habite Poitiers. Pour se rendre sur son lieu de travail qui se trouve à Niors, il a souscrit un abonnement
auprès de la SNCF. S’étant endormi dans le train, il ne s’est réveillé qu’à la Rochelle. En descendant du train, la marche
a cédé, occasionnant des blessures à M. Thermofloc.

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Règle de droit
La question ne porte pas tant sur la question de la réparation du préjudice que sur son fondement. En effet, le préjudice
est certain et il n’y a pas lieu à discussion en la matière. Par contre, l’enjeu du fondement juridique tient essentiellement à
la pertinence de la réussite d’une telle action. Faut-il se placer sur le terrain de la responsabilité civile contractuelle ou celui
de la responsabilité civile extra contractuelle ?
Pour se situer en matière contractuelle, les conditions sont connues. Il est nécessaire d’apporter la preuve d’un contrat,
d’un préjudice, d’une faute et d’un lien de causalité. Le débat porte donc ici sur la portée du contrat. Toute personne qui
souscrit à un abonnement conclut par-là même un contrat, en l’occurrence de transport. La matérialité de son existence
est établie par le titre (le billet) qui atteste de son existence. Or comme tout contrat, celui-ci définit l’étendue de sa portée
et éventuellement les conditions particulières de son exécution. Le prix y est indiqué, la destination ainsi que les modalités
remboursement. L’exécution du contrat prend effet à compter de la montée à bord jusqu’à la destination prévue. Durand
ce temps, la compagnie de transport est débitrice d’une obligation de résultat au regard de la prestation promise. Il peut
s’agir de l’horaire (Cass. 22 septembre 2010) ou de la sécurité (21 décembre 2006), sauf en cas de force majeure (Cass.
17 février 2011). Dès lors, les accidents survenus sur le quai ou en dehors du parcours prévu ne sauraient entrer dans le
cadre du contrat.
En l’espèce, M. Thermofloc ne pourra agir que sur le fondement de la responsabilité civile extra contractuelle. Il devra
donc apporter la preuve d’une faute de la SNCF. La faute eut été rapportée plus facilement s’il y avait eu un contrat, car
la SNCF est débitrice d’une obligation de résultat en matière de sécurité.

4. Possibilité d’indemnisation sur le fondement de la responsabilité civile contractuelle


De retour chez lui et en raison de son nouveau handicap, M. Termofloc demande à son voisin s’il peut l’aider à ouvrir la
porte de son garage complètement grippée. En forçant sur l’ouverture, le voisin, M. Bell, fait sortir la porte de son point
d’arrêt. Celle-ci s’abat brutalement sur sa tête.

Règle de droit
Comme dans la situation précédente, la question porte sur le fondement de la responsabilité civile et permet d’en
déterminer encore le domaine d’application. Dans le cas des actes de complaisance, la frontière est parfois délicate entre
responsabilité civile délictuelle et contractuelle.
À l’exception du sauvetage en mer, les tribunaux ont considéré longtemps qu’en matière d’entraide il n’y avait pas de
contrat mais acte de complaisance ou de courtoisie sans portée juridique. Par un arrêt du 1er décembre 1969, la cour de
cassation est venue consacrer l’existence d’un contrat de services gratuits de manière à favoriser l’indemnisation des
victimes, et plus précisément celle de celui qui fournit son aide. Une fois établie, cette convention dite d’assistance
bénévole, permet de faire entrer dans son champ d’application des situations très diverses telles que « le coup de main »,
« l’entraide familiale » ou encore « l’assistance gratuite ». Dès lors, la responsabilité civile de l’assisté peut être engagée
s’il résulte un dommage de son comportement, même non fautif. On voit bien ici l’intérêt de ce régime puisque la
responsabilité civile extra contractuelle exigerait la preuve d’une faute. Le régime est appliqué strictement et exige que
l’aide ait été réalisée dans l’intérêt exclusif de l’assisté. De même, la faute de celui qui aide ne permet pas de rechercher
la responsabilité de l’assisté (Cass. civ. 7 avril 1998).

En l’espèce, on doit ici considérer qu’une convention d’assistance bénévole est née entre M. Thermofloc et son voisin, ce
dernier sur sollicitation de l’assisté ayant décidé de l’aider à ouvrir la porte de son garage. La responsabilité civile
contractuelle de M. Thermofloc engagera ce dernier à réparer le dommage subi par son voisin. La seule possibilité pour
écarter sa responsabilité consistera à prouver la faute du voisin, précisément en ayant trop poussé le battant en cause,
mais cette option sera délicate car M. Thermofloc aurait dû prendre toute précaution utile et notamment l’informer de ce
risque.

5. Possibilité pour M. Thermofloc d’exiger judiciairement le versement des 30 000 euros


Un voisin, M.Bell, a accepté de prêter à M. Thermofloc la somme de 30 000 euros. Considérant cet engagement, M.
Thermofloc avait lui-même souscrit plusieurs contrats qu’il honorerait avec la somme prêtée. M. Bell ne souhaite plus
honorer sa promesse. M. Thermofloc peut-il exiger judiciairement le versement des 30 000 euros ?

Règle de droit
Le contrat de prêt entre particulier est un contrat réel (not. Cass. Civ. 14 janvier 2010, Cass. Civ. 9 fevrier 2012). Ainsi,
pour être parfait, il doit y avoir non seulement la rencontre des consentements mais en plus la remise de la chose objet du
contrat (article 1109 du Code civil). En l’absence d’une telle remise, il faut considérer que le contrat n’est pas définitivement
formé. Il ne peut alors donner lieu à exécution forcée. La seule sanction envisageable consiste en une indemnisation
résultant de l’inobservation de la promesse de prêt.

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8 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

À l’inverse, le contrat de prêt consenti par un professionnel à un particulier est un contrat consensuel (Cass. Com. 22 mai
2012).
En l’espèce, M. Thermofloc ne peut donc exiger la remise de la somme objet du prêt. Il ne pourra obtenir que des
dommages-intérêts sachant qu’il sera possible de lui reprocher d’avoir pris des engagements hâtifs sans disposer du
montant promis.

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6. Réalisation forcée de la vente
M. Thermofloc vient de signer une promesse unilatérale de vente ayant pour objet l’acquisition d’un local. Le vendeur s’est
engagé à maintenir son offre pendant 2 mois et l’acquéreur doit lever l’option d’achat sous ce même délai. Or le promettant
vient de faire savoir qu’il se rétractait et M. Thermofloc lui a signifié immédiatement qu’il levait l’option. M. Thermofloc peut-
il exiger la réalisation forcée de la vente ?

Règle de droit
La promesse unilatérale de vente définie à l’article 1124 du Code civil, est un contrat unilatéral par lequel une partie confère
à son bénéficiaire une faculté de choix : acheter ou ne pas acheter. Le bénéficiaire jouit ainsi d’une option, c’est-à-dire
conclure ou non le contrat par l’exercice discrétionnaire de sa volonté, dans le délai imparti par la promesse ou à défaut
pendant un délai raisonnable. Lorsque le bénéficiaire lève l’option, le contrat définitif est formé par la rencontre de l’offre
et de l’acceptation. Dès lors, si le promettant refuse de s’exécuter, il pourra y être contraint par le bénéficiaire.
Si le promettant s’engage à maintenir son offre pendant un certain délai, il arrive néanmoins que ce dernier se rétracte
dans le délai d’option qu’il a lui-même fixé. En la matière, les tribunaux ont longtemps considéré que le contrat ne pouvait
être formé (Cass. 15 décembre 1995) car il ne s’agit que d’une obligation de faire insusceptible d’exécution forcée.
De surcroît, la levée de l’option après la rétractation empêchait ainsi la rencontre des volontés et par conséquent la
formation du contrat (Cass. 3e Civ. 11 mai 2011).

La solution était critiquée et les dispositions légales consacrent une position différente. En effet, l’article 1124 al. 2 et 3
prévoit que la révocation de la promesse pendant le temps laissé au bénéficiaire pour opter n’empêche pas la formation
du contrat promis. Il faut en conclure que le promettant est désormais lié par son engagement pendant la durée d’option
qu’il a consentie. De surcroît, la conclusion d’un contrat sur le même objet, avec un tiers qui connaissait l’existence de la
promesse est inefficace, c’est-à-dire encourt la nullité et permet au bénéficiaire de revendiquer la vente à son profit.

En l’espèce, M. Ripley s’est engagé à maintenir son offre pendant 3 mois et s’est rétracté au cours de ce délai. M.
Thermofloc, en vertu des nouvelles dispositions, est fondé par son acceptation à demander la réalisation de la vente à son
profit

7. Établissement de la vente à son profit


M. Thermofloc bénéficie d’un pacte de préférence, établi par Mme Wave, sur le terrain jouxtant le local. Il apprend que le
terrain vient d’être vendu sans qu’il puisse avoir bénéficié de la priorité consacrée par le pacte de préférence.

Règle de droit
L’article 1123 du code civil défini le pacte de préférence comme étant celui « par lequel une partie s’engage à proposer
prioritairement à son bénéficiaire de traiter avec lui pour le cas où elle déciderait de contracter ». Il s’agit donc d’un contrat
préparatoire à un contrat futur qui impose au promettant d’offrir la possibilité de contracter en priorité au bénéficiaire du
pacte.
Lorsque le promettant ne respecte pas son engagement, la loi distingue selon que le tiers connaissait ou non l’existence
de la promesse.
En cas de méconnaissance du pacte, le bénéficiaire peut obtenir réparation de son préjudice mais ne peut obtenir que la
vente s’opère à son profit.
Par contre, si le tiers avait connaissance du pacte et n’ignorait pas que le bénéficiaire comptait s’en prévaloir, ce dernier
peut alors demander au juge soit de prononcer la nullité de la vente soit de le substituer au tiers dans l’acte conclu.
Pour prévenir cette situation, le législateur autorise le tiers à solliciter l’éventuel bénéficiaire quant à l’existence d’un pacte
de préférence et de son intention de s’en prévaloir. À défaut de réponse dans un délai raisonnable ou celui fixé dans la
demande, le bénéficiaire ne pourra se prévaloir d’aucune action.

En l’espèce, Mme Wave a cédé son terrain en violation du pacte du de préférence. Sachant que l’acquéreur, la société
CAMUS, connaissait les ambitions de M. Thermofloc, une action est envisageable. Pour l’envisager il faudra vérifier que
l’acquéreur connaissait l’existence du pacte, car l’article 1123 al. 2 impose une double condition : la connaissance du
pacte de préférence et la volonté de s’en prévaloir, or seule la seconde apparaît dans les faits.

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UE 1 Corrigé 9
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

VERTIGO
Auteur :
Grégory Lachaise

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Compétences attendues Savoirs associés

Savoir identifier une clause contractuelle Éléments généraux sur les contrats
et en maîtriser les enjeux, Rupture des relations commerciales,
Identifier les causes de nullité d’un clauses contractuelles, imprévision,
contrat et ses effets, réduction du prix, vices du
Savoir déterminer les conséquences consentement, nullités, sanctions de
juridiques liées à la mauvaise exécution l’inexécution du contrat
ou l’inexécution d’un contrat

1. Terrain de la responsabilité sur lequel la SA MOISSAC doit se fonder pour sa demande de dommages intérêts
La société VERTIGO entretient depuis plusieurs années des relations commerciales avec la société MOISSAC. La société
VERTIGO met fin à leur relation en supposant que l’augmentation de ses prix désintéresserait la société MOISSAC. Cette
dernière entend solliciter des dommages intérêts pour rupture brutale des relations commerciales.
Lorsqu’il s’agit de solliciter une indemnisation, il est nécessaire avant toute chose, sous peine de voir son action rejetée,
de bien considérer le terrain juridique sur lequel la partie demanderesse entend se placer.

Définition de la relation commerciale établie


Une relation commerciale est établie dès lors que sont caractérisés les éléments de suivi (critère de durée), de stabilité
(critère de l’intention des parties) et de régularité entre les parties (critère de l’intensité des relations – des précisions
notables sont apportées par un arrêt de la cour d’appel de Paris en date du 1er décembre 2016). Elle peut ainsi résulter
d’une succession de contrats à durée déterminée (CA Paris, 8 octobre 2008) sans qu’il ne soit nécessaire que ces contrats
résultent d’un contrat cadre (Cass. 6 septembre 2011). Les tribunaux ont donc toute latitude pour apprécier la nature et la
portée des relations entretenues. Aucune exigence formelle n’est requise. Un courant d’affaires peut donc résulter d’un
contrat, ou se placer dans un cadre non contractuel.

Indemnisation de la rupture brutale des relations commerciales


Pour donner lieu à indemnisation, la rupture doit être brutale, c’est-à-dire, « imprévisible, soudaine et violente » (Cass.
Com. 3.12.2002).
En effet, la loi exige le respect d’un préavis écrit dont la durée est déterminée au regard des usages commerciaux et de
celle de la relation commerciale. La brutalité peut donc résulter soit de l’absence de préavis soit d’un préavis insuffisant.

En cas de non-respect de ce formalisme, deux terrains juridiques peuvent être envisagés pour faire sanctionner la rupture
des relations commerciales.
Soit il existe une relation contractuelle entre les parties et les règles relatives aux obligations contractuelles peuvent
s’appliquer. Néanmoins, ce régime juridique est plus restrictif que ce qu’autorise le second.
Soit la relation commerciale est établie dans ou hors du champ contractuel. L’article L442-6 du Code de commerce prévoit
explicitement que le fait, par tout producteur, commerçant, industriel ou personne immatriculée au répertoire, de rompre
brutalement une relation commerciale établie, sans respecter un préavis écrit, engage la responsabilité civile de son
auteur.
Si le demandeur n’entre pas dans le champ d’application de la loi (art. L442-6), il peut fonder son action sur le fondement
de l’article 1240 du code civil en justifiant d’un préjudice, d’une faute (constituée par la brutalité de la rupture) et d’un lien
de causalité.
En l’espèce, il ne fait aucun doute que les sociétés MOISSAC et VERTIGO entrent dans le champ d’application de l’article
L442-6 du Code de commerce. L’entreprise MOISSAC peut légitimement solliciter une indemnisation du fait de la rupture
brutale (sans préavis, ni information d’aucune sorte) des relations commerciales, sur le fondement de la responsabilité
civile extra contractuelle.

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10 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Possibilité pour les sociétés de transiger


En la matière, les dispositions du code de commerce sont d’ordre public. Elles interdisent donc par principe aux parties
d’aménager par avance un renoncement à toute responsabilité en cas de rupture brutale des relations commerciales.
Néanmoins, la cour de cassation a admis dans une affaire opposant IKEA à l’un de ses fournisseurs (Cass. Com. 16 dec.
2014), la possibilité « de convenir des modalités de la rupture de leur relation commerciale, ou de transiger sur

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l’indemnisation du préjudice subi par suite de la brutalité de cette rupture ». Cette possibilité reste néanmoins sous le
contrôle du juge qui devra s’assurer du « respect de la réalité du préavis au travers des volumes d’échanges pendant sa
durée ». Cette durée est en général de 1 mois par année d’ancienneté de la relation commerciale.
Les sociétés pourront donc transiger sur le montant de l’indemnisation.

2. Clause à insérer dans les contrats


La société Vertigo fabrique des produits destinés aux sports aquatiques et a étendu son offre à la construction de piscine.
Elle a réussi en quelques années à devenir une entreprise majeure du marché. Le courant d’affaires et donc les contrats
qu’elle conclut se sont fortement développés mais les risques aussi. La société entend minimiser les incidences de ses
engagements en matière de responsabilité et d’impayés. Quelle clause peut-elle insérée dans ses contrats et avec quelles
précautions ?

Validité d’une clause de réserve de propriété


Une clause de réserve de propriété est une stipulation du contrat subordonnant le transfert de la propriété du bien (mobilier
ou immobilier) objet du contrat au paiement de la totalité du prix. Visée à l’article 1196 du code civil, elle permet de retenir
en garantie la propriété du bien vendu.
Elle doit être établie par écrit et convenue par les parties au plus tard au moment de la livraison (C. Com. art. L 624-16
al. 2). Par écrit, il faut entendre tout document servant de support aux relations d’affaires (bon de livraison, contrat de
vente, devis, CGV…). L’acquéreur doit en être informé par l’intermédiaire des documents servant de tissu contractuel.

Effets de la clause de réserve de propriété


Cette clause permet au vendeur impayé d’exercer une action en revendication des biens vendus, c’est-à-dire qu’il peut en
exiger la restitution à l’acquéreur directement ou au mandataire de justice si la société est l’objet d’une procédure collective.
Lorsque les biens existent en nature entre les mains de l’acheteur, cela ne pose aucun problème particulier dès lors que
les biens sont identifiables et individualisés, de même lorsqu’ils sont fongibles ou encore bien qu’incorporés à un autre
bien s’ils peuvent être récupérés sans dommage.
L’action est plus délicate si les biens ont été transférés à un sous-acquéreur de bonne foi ou s’ils sont entre les mains d’un
créancier. En cette hypothèse, le vendeur est fondé à demander le paiement du prix restant. C’est la raison pour laquelle
le vendeur exige bien souvent la conclusion d’une assurance garantissant le prix du bien objet du contrat.
Enfin, les biens restitués ne doivent pas dépasser le montant de la somme restant due. Celle-ci s’entend de la fraction du
prix convenu entre les parties demeurées impayée. Il s’agit en l’occurrence de faire obstacle à ce que l’une des parties ne
s’enrichisse injustement au détriment de l’autre. Soit pour le vendeur à recevoir l’ensemble des biens vendus en sus des
paiements déjà effectués, soit pour l’acquéreur à solliciter sans preuve le paiement de la somme supposée excéder la
totalité du prix après remise des marchandises.

En l’espèce, une clause de réserve de propriété pourra être utilement insérée dans les contrats de la société. En cas de
liquidation judiciaire du cocontractant, la société Vertigo ne sera pas traitée comme un créancier venant dans la procédure
collective. Elle pourra ainsi récupérer les biens qui sont restés sa propriété.

3. Validité des clauses


Les clauses abusives entre professionnels et consommateurs ou non professionnels
Les clauses abusives, visées à l’article L 212-1 du code de la consommation, sont celles « qui ont pour objet ou pour effet
de créer, au détriment du non-professionnel ou du consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et obligations
des parties au contrat ». Elles confèrent, à raison de l’abus de puissance économique d’une partie, des prérogatives
particulières à cette dernière et produit un déséquilibre significatif entre les parties au contrat. En effet, l’exercice abusif de
cette position conduit parfois à l’insertion de clauses contractuelles contraignant la partie la plus vulnérable à accepter des
obligations anormales.
Le code de la consommation établi à l’article R 212-1 une liste noire des clauses considérées comme abusives de manière
irréfragable. Pour exemple, ont cette qualité celles :
- qui excluent ou limitent de façon inappropriée les droits légaux du consommateur vis-à-vis du professionnel ;
- qui prévoient un engagement ferme du consommateur, alors que l’exécution des prestations du professionnel est
assujettie à une condition dont la réalisation dépend de sa seule volonté ;
- qui imposent au consommateur qui n’exécute pas ses obligations une indemnité d’un montant disproportionnellement
élevé ;
- qui autorisent le professionnel à résilier le contrat de façon discrétionnaire si la même faculté n’est pas reconnue au
consommateur ;

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UE 1 Corrigé 11
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

- qui autorisent les professionnels à modifier unilatéralement sans raison valable des caractéristiques du produit à
livrer ou du service à fournir ;
- qui obligent le consommateur à exécuter ses obligations lors même que le professionnel n’exécuterait pas les
siennes.
Le consommateur, le non-professionnel ou des associations de consommateurs régulièrement déclarées et agréées

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peuvent solliciter du juge le retrait de la clause litigieuse. En effet, seul ce dernier a le pouvoir d’en apprécier le contenu et
d’effacer du contrat la clause réputée « non écrite».
En outre, la loi du 17 mars 2014, attache désormais aux clauses présumées abusives de manière irréfragables une
amende administrative dont le montant ne peut excéder 3 000 € pour une personne physique et 15 000 € pour une
personne morale.

Les personnes protégées


Sont expressément visés par la loi les contrats conclus entre un consommateur et un non-professionnel d’une part et un
professionnel d’autre part.
Ces différentes qualités sont définies tel que suit par le code de la consommation (article liminaire) :
- consommateur : toute personne physique qui agit à des fins qui n’entrent pas dans le cadre de son activité
commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole ;
- non-professionnel : toute personne morale qui n'agit pas à des fins professionnelles ;
- professionnel : toute personne physique ou morale, publique ou privée, qui agit à des fins entrant dans le cadre de
son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole, y compris lorsqu’elle agit au nom ou pour le
compte d’un autre professionnel.

Ainsi, le législateur français n’exclut pas les personnes morales de la protection contre les clauses abusives. Cependant,
pour que la protection puisse jouer, il est nécessaire que le contrat soit conclu dans un domaine où la personne morale
« professionnelle » est considérée comme « non professionnelle, c’est-à-dire hors de sa sphère de compétence. A
contrario, elle ne peut bénéficier de la protection contre les clauses abusives. Cependant et jusqu’à présent, les tribunaux
accordaient le bénéfice de ces dispositions et donc la qualité de non-professionnel aux personnes morales n’agissant pas
dans le cadre de leur activité « principale ». La définition issue de l’ordonnance du 14 mars 2016, précisée par la loi du 21
février 2017, ne maintient pas cette précision pour ne retenir que la qualité « d’activité », ce qui laisse supposer des
précisions jurisprudentielles à venir.

Les clauses abusives entre professionnels


Entre professionnels, les sociétés commerciales peuvent assez librement inclure dans les contrats organisant leurs
relations des dispositions spécifiques qui seraient ordinairement sanctionnées si l’une des parties était un consommateur
ou un non-professionnel. Les clauses limitatives de responsabilité sont donc en principe licites, mais certaines sont
réglementées comme il en est dans les contrats de transports ou de la responsabilité des aubergistes et hôteliers. Elles
exonèrent la partie bénéficiaire de toute demande en dommages-intérêts en cas de survenance de l’événement visé par
la clause. Néanmoins, elle ne doit pas porter sur une obligation essentielle du contrat et suppose la bonne foi de celui qui
s’en prévaut. En effet, elle peut être écartée en cas de faute lourde ou de dol de la part du débiteur de l’obligation. D’autre
part, leur validité sera appréciée à raison de l’économie générale du contrat (l’objet même du contrat), c’est-à-dire si la
clause litigieuse « contredit [vide] la portée de l’obligation essentielle souscrite par le débiteur » (Cass. 29 juin 2010).

Enfin, l’article 1171 du code civil institue un dispositif, emprunté au code de la consommation. Il a donc vocation à
s’appliquer dans les relations entre professionnels mais aussi entre particuliers hors du champ propre au droit de la
consommation. Ce texte dispose qu’est réputée non écrite toute clause qui créerait un déséquilibre significatif entre les
droits et obligations des parties. Il en limite cependant le champ d’application aux contrats d’adhésion, de même que
l’appréciation du déséquilibre ne peut porter ni sur le prix ni sur l’objet principal du contrat. Sa portée en est donc
singulièrement atténuée.

L’obligation d’information
L’ordonnance précitée consacre désormais dans la loi, précisément à l’article 1112-1, une obligation générale d’information
à la conclusion du contrat. En effet, le code civil dispose : « celle des parties qui connaît une information dont l’importance
est déterminante pour le consentement de l’autre doit l’en informer dès lors que légitimement cette dernière ignore cette
information ou fait confiance à son cocontractant ». Les parties à un contrat doivent donc délivrer toute information qui
serait de nature à avoir une incidence sur leur consentement, sachant que celle qui ignore cette information, la méconnait
pour des motifs légitimes (elle ne peut y avoir accès par exemple). Cette obligation porte sur l’objet du contrat mais ne
peut s’étendre ni à son contexte, ni à l’estimation de la valeur de la prestation. Elle doit aussi être distinguée de la réticence
dolosive, qui elle suppose une intention de ne tromper en ne révélant pas une information que l’on sait décisive.

Afin de s’assurer d’avoir satisfait à cette obligation il est toujours possible de la contractualiser, c’est-à-dire de prévoir une
clause indiquant que les parties ont bénéficié de toutes les informations nécessaires à la conclusion du contrat. Mais cette
possibilité reste d’une efficacité limitée. En effet, le texte en ses alinéas 4 et 5 précise « que les parties ne peuvent ni
limiter ni exclure ce devoir ». De fait, une partie bien qu’ayant signé une telle clause, pourra toujours agir en justice si elle
estime n’avoir pas été suffisamment informée. Les sanctions envisageables peuvent être une indemnisation voire une
action en nullité sur le fondement de l’erreur.

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12 Corrigé UE 1
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Les clauses d’attribution de juridiction


L’article 48 du CPC prévoit que « Toute clause qui, directement ou indirectement, déroge aux règles de compétence
territoriale est réputée non écrite à moins qu’elle n’ait été convenue entre des personnes ayant toutes contracté en qualité
de commerçant et qu’elle n’ait été spécifiée de façon très apparente dans l’engagement de la partie à qui elle est

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opposée ».

La validité de la clause
La possibilité d’insérer dans les contrats une clause visant à l’attribution d’une juridiction déterminée est doublement
limitée :
- d’une part, la compétence des juridictions est souvent d’ordre public et il n’est pas possible d’y déroger
conventionnellement. Ainsi le Conseil de prud’hommes est toujours compétent pour les litiges individuels du travail,
de même il sera impossible de désigner une juridiction commerciale lorsqu’une juridiction civile a une compétence
exclusive sur la matière objet du contrat ;
- d’autre part, la validité d’une clause attributive de compétence n’est valable qu’entre commerçants. Elle est donc
inopposable à un défendeur non-commerçant, qui, lui, conserve toujours la possibilité de choisir soit une juridiction
civile, soit une juridiction commerciale.

En l’espèce
- La première clause à l’égard des professionnels est litigieuse dans la mesure où elle ne prévoit de responsabilité
qu’en cas de faute lourde. Or si l’inexécution fautive de la société Vertigo est de nature à porter atteinte à l’objet
même du contrat, sa responsabilité ne pourra être écartée. De plus, si le contrat est conclu avec une personne morale
pouvant revendiquer la qualité de non-professionnel, la clause pourra être qualifiée d’abusive ; il en sera de même
entre professionnels s’il s’agit d’un contrat d’adhésion.
- D’autre part, la clause relative à l’information contractuelle ne paraît pas d’un grand intérêt, puisqu’il sera toujours
possible pour l’une des parties d’estimer que l’autre n’a pas satisfait à son devoir général d’information.
- La clause à l’égard des consommateurs est aussi inefficace. En effet, figure dans la liste noire toute clause qui
« restreint l’obligation pour le professionnel de respecter les engagements pris par ses préposés ou ses
mandataires ». Cette clause sera réputée non écrite. Il en va de même pour la clause d’attribution de compétence
puisque le tribunal de Poitiers ne peut être imposé au consommateur.

4. VERTIGO définitivement tenue par les termes du contrat


La modification du prix rend désormais difficile pour la société Vertigo l’exécution de ses obligations et pose la question
de l’imprévision dans les contrats.
Jusqu’à présent, la jurisprudence établie par l’arrêt Canal de Craponne de 1876 interdisait au juge tout pouvoir d’ingérence
dans le contrat, même en cas de modifications substantielles indépendantes de la volonté des parties. Là encore, l’article
1195 issu de l’ordonnance du 10 février 2016 innove par sa solution dans l’hypothèse de l’imprévision. En effet, lorsque
des circonstances, imprévisibles à la conclusion du contrat viennent rendre son exécution excessivement onéreuse pour
l’une des parties, celle-ci peut désormais demander la renégociation du contrat. En cas de refus ou d’échec, les parties
peuvent convenir ensemble de sa résolution ou demander au juge de trancher le désaccord. Lorsqu’aucune solution n’est
trouvée dans un délai raisonnable, le juge peut réviser lui-même le contrat ou y mettre fin dans les conditions qu’il fixe.

En l’espèce, la modification du prix rend extrêmement couteux l’exécution du contrat par la société Vertigo puisque la
répercussion de l’augmentation tarifaire rend prohibitif la vente du revêtement de piscine. Mme Terbine pourra demander
la renégociation du contrat. En cas d’échec, le juge pourra être saisi et maintenir la relation contractuelle à de nouvelles
conditions ou prononcer sa résolution.

5. Imposer une réduction du prix et formalisme


La société Vertigo constate des malfaçons dans les travaux d’aménagement réalisés. Mme Terbine souhaite s’en
accommoder moyennant une réduction du prix. Peut-elle l’imposer à la société ayant édifié les ouvrages ?

Le créancier d’une obligation imparfaitement remplie dispose de différents moyens d’action, tels que l’exception
d’inexécution, l’exécution forcée ou encore la mise en cause de la responsabilité civile contractuelle en cas de préjudice.

Mais l’article 1223 du code civil prévoit aussi un mécanisme de réduction du prix qu’il subordonne à un certain formalisme.
En effet, la loi exige que le créancier, dans un premier temps, mette le débiteur en demeure et sollicite une réduction du
prix. En cas de désaccord, et si le créancier n’a pas encore payé, il peut notifier à son débiteur sa décision de réduire
unilatéralement le prix. Cette solution ne semble que modérément satisfaisante car il fait peu de doute dans la réalité que
le juge sera amené à trancher le litige. Par contre, le refus de payer ne pourra être constitutif d’une faute si les prescriptions
du code civil ont été respectées.

En l’espèce, Mme Terbine pourra imposer une réduction du prix, à condition d’en respecter la procédure.

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UE 1 Corrigé 13
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

6. Demande de nullité du contrat de cautionnement


Mme Terbine s’est portée caution auprès de la banque pour un découvert passager de son amie. Plus tard elle reçoit de la
banque un commandement de payer en qualité de caution pour une somme exorbitante de 500 000 euros. Mme Terbine

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peut-elle demander la nullité du contrat de cautionnement ?

Définition du dol
Au terme de l’article 1137 du code civil, « Le dol est le fait pour un contractant d’obtenir le consentement de l’autre par des
manœuvres ou des mensonges ».

Caractères du dol
Contrairement à l’erreur qui est spontanée, le dol est provoqué ; il y a une volonté de l’une des parties de tromper l’autre.
Le dol doit donc comporter un élément matériel. Il peut être positif comme l’utilisation de manœuvres, de ruses, de
mensonges ou consister en un acte négatif, c’est-à-dire une abstention. Ainsi la réticence à donner une information
essentielle au contrat peut être considérée comme un dol, un mensonge par omission en quelque sorte (ce qui a conduit
à l’obligation de renseignements). Cela oblige le vendeur à agir de bonne foi : « Le vendeur est tenu d’expliquer clairement
ce à quoi il s’oblige.

Conditions
- Le dol doit présenter une certaine gravité. Le dol doit avoir été un élément déterminant dans l’engagement de l’autre
partie ; sans ces manœuvres, l’autre partie n’aurait pas contracté.
- Le dol doit être antérieur ou concomitant à la conclusion du contrat.
- Le dol doit provenir de l’un des contractants, non d’un tiers, sauf en cas de complicité. En effet, selon l’article 1137,
le dol n’est une cause de nullité, que s’il est le fait du cocontractant de la victime. Le dol peut être le fait d’un tiers
mais dans ce cas il résulte de cet article que le dol ne peut pas entraîner la nullité du contrat. Ce dol se traduira
seulement par la responsabilité délictuelle du tiers. Que le dol émane d’un tiers ou de l’autre partie le résultat est le
même. Le consentement de la victime est vicié. Si le résultat est le même on devrait admettre dans tous les cas la
nullité. En réalité pour comprendre la solution de cet article il faut voir que le dol n’est pas seulement un vice du
consentement. C’est aussi la sanction d’une faute intentionnelle. Or, lorsque le dol émane d’un tiers, le cocontractant
de la victime par hypothèse est innocent. Il serait injuste de le sanctionner en lui imposant la nullité du contrat. Cette
justification marque les limites de la solution de principe de l’art 1137. La nullité pour dol peut être obtenue si le
cocontractant de la victime a été complice du tiers.

Le contrat de cautionnement
D’autre part, le cautionnement est une convention unilatérale par laquelle une personne physique ou morale, dite
« caution », s’engage à payer la dette d’une autre personne, dite « débiteur principal », à son créancier. Elle est considérée
comme un engagement accessoire du contrat qui relie le débiteur principal à son créancier. De fait, le contrat de
cautionnement suppose une relation triangulaire entre le débiteur principale, le créancier et la caution, mais elle ne lie
contractuellement que la caution et le créancier. Dès lors le débiteur principal est un tiers au contrat de cautionnement.

En l’espèce, Mme Terbine a manifestement été victime d’un dol de la part de son amie mais non de la banque. Or le
cautionnement ne lie contractuellement que la banque et Mme Terbine. Dès lors le dol de son amie est inefficace pour
demander la nullité du contrat de cautionnement.

7. Cette clause est-t-elle valable ?


Le cautionnement étant un engagement risqué, le code de la consommation exige un formalisme impératif sous peine de
nullité. Lorsque le contrat est conclu par une personne physique au profit d’un professionnel, l’article L341-2 impose en
effet une rédaction manuscrite de la formule suivante : "En me portant caution de X..., dans la limite de la somme de ...
couvrant le paiement du principal, des intérêts et, le cas échéant, des pénalités ou intérêts de retard et pour la durée de
..., je m’engage à rembourser au prêteur les sommes dues sur mes revenus et mes biens si X... n’y satisfait pas lui-même."
Le manquement à cette obligation ayant pour conséquences des erreurs affectant le sens et/ou la portée des mentions
manuscrites légales et obligatoires peuvent entraîner la nullité de plein droit de l’acte de cautionnement.

Le sens de la disposition vise à protéger le souscripteur d’une telle obligation en l’informant pleinement du montant du
cautionnement, de sa durée et des risques pesant sur son patrimoine.

En l’espèce, la clause semble satisfaire aux conditions de validité. Néanmoins la référence à des mensualités ne peut
être considérées comme une durée au sens où la loi l’exige (CA Montpellier 22 avr. 2014). La clause est nulle par
conséquent.

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14 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

8. Demande de nullité de la vente


Plusieurs amis ont décidé de s’associer pour constituer un centre de Balnéothérapie. Ils ont ainsi fait l’acquisition de six
parcelles de terrains sur lesquels des bâtiments seront édifiés. Quelque temps après, les acquéreurs apprennent que leur

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permis de construire, accordé avant l’acte définitif vient d’être retiré. Les acquéreurs peuvent-ils demander la nullité de la
vente et sur quels fondements juridiques le cas échéant ?
La validité d’un contrat est subordonnée à l’existence des conditions de fond prévues à l’article 1128 du C.Civ. Seuls seront
abordés ici l’erreur et le dol.

L’erreur
L’erreur, en premier lieu, peut-être constitutive d’un vice du consentement de nature à entraîner la nullité du contrat. Elle
peut être admissible lorsqu’elle porte sur la personne dans les contrats intuitu personae (C. Civ. art. 1134). Elle peut aussi
porter sur l’objet même du contrat (art. 1133).
En cette hypothèse, ne peuvent être retenus :
- l’erreur sur les motifs, c’est-à-dire une erreur portant sur un accessoire du contrat dans la mesure où il n’y a pas
d’erreur sur la substance même de l’objet de la convention. Le motif déterminant d’une partie à contracter ne pourra
être source d’erreur qu’à la condition d’avoir été expressément stipulé comme tel au contrat ;
- l’erreur inexcusable, c’est-à-dire celle commise alors qu’elle pouvait être facilement évitée ;
- l’erreur sur la valeur.
Sont par contre admise les erreurs :
- portant sur la teneur, la nature ou l’identité de la chose ;
- l’erreur sur le prix si dernier est dérisoire et que l’erreur est flagrante ;
- l’erreur sur la substance même de la chose objet du contrat. Son appréciation peut être objective lorsque l’erreur
porte sur la matière même de l’objet du contrat ou subjective lorsqu’elle porte sur un des éléments essentiels de
l’objet. La détermination du caractère substantiel par le juge peut se faire in concreto, c’est-à-dire en recherchant
chez le contractant la qualité essentielle qui l’a motivé à s’engager, soit in abstracto, c’est-à-dire en recherchant si
communément telle ou telle qualité peut être jugée comme essentielle.

Le dol
Visé à l’article 1137 du code civil, il peut aussi constituer une cause de nullité du contrat dès lors qu’une manœuvre
dolosive, qui peut consister en une action ou une abstention émanant du cocontractant, a déterminé une partie à s’engager.
La manœuvre peut être caractérisée par la production d’une fausse information ou à l’inverse par un défaut d’information.

Obligation d’information et devoir de renseignement


Il est admis dans le contrat de vente que le vendeur est débiteur d’une obligation d’information à l’égard de l’acquéreur.
Cette obligation ne dispense pas l’acquéreur de prendre tout renseignement utile et précautions d’usage, encore faut-il
qu’il ait la faculté de le faire et d’obtenir l’information souhaitée. En matière de vente immobilière, il est à noter que le
cadastre n’a pas de valeur juridique (si ce n’est fiscale), il peut tout au plus constituer un commencement de preuve.

En l’espèce, le fondement de l’erreur peut être valablement mis en œuvre. En effet, il est évident, ne serait-ce que par la
présence de la condition suspensive, que la possibilité d’édifier était déterminante à la conclusion du contrat. L’impossibilité
résultant du retrait du permis de construire affecte le consentement des acquéreurs puisqu’une des conditions
substantielles a disparu et que le risque existait déjà au moment de la vente. Le dol, bien qu’ici incertain, peut être envisagé
dans la mesure où le vendeur connaissait le projet justifiant l’acquisition des terrains. Néanmoins, il sera difficile d’apporter
la preuve de la connaissance par l’acquéreur d’une impossibilité d’édifier en raison de la nature du sol.

On pourrait aussi reprocher aux professionnels libéraux un manquement au devoir de renseignement mais leur recherche
a pu se heurter à une impossibilité de déceler les éléments susceptibles d’affecter leur projet.

9. Nature et effets de la nullité invoquée


Lorsque l’une des conditions de formation d’un contrat n’est pas remplie, le juge peut prononcer la nullité de ce dernier à
moins que les parties ne la constatent d’un commun accord (nouvel article 1178). Celle-ci emporte par principe
l’anéantissement rétroactif du contrat. Il est censé n’avoir jamais existé et oblige les parties à restituer ce qu’elles ont
perçues. Seule exception, les contrats à exécution successive ne voient la nullité agir que pour l’avenir. Cette sanction
n’exclut pas une action en indemnisation sur le fondement de la responsabilité civile extracontractuelle (puisqu’il n’y a plus
de contrat).

Il convient de distinguer deux nullités, aujourd’hui consacrées par la loi (art .1179 C.civ.) :
- la nullité relative d’une part, qui vise à protéger un intérêt particulier. De fait, seule la personne protégée peut agir en
justice. En d’autres termes, celui ou celle, victime d’un vice du consentement, d’une incapacité ou d’une lésion peut
demander la nullité du contrat ;

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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

- la nullité absolue d’autre part, qui protège l’intérêt général. Par conséquent, tout intéressé est fondé à agir en nullité.
Cela se comprend aisément puisqu’il s’agit de protéger l’intérêt collectif. Sont concernés l’objet illicite, voire l’absence
de consentement.
Les deux nullités sont l’objet d’une prescription identique de 5 ans.

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En l’espèce, la nullité susceptible d’être invoquée est une nullité relative. L’action devra être engagée dans les 5 ans à
compter du vice ayant affecté le consentement.

10. La nullité, objet d’une confirmation


Au terme de l’article 1182, la confirmation est « l’acte par lequel celui qui pourrait se prévaloir de la nullité y renonce ».
Ainsi, et uniquement lorsqu’est encourue une nullité relative, et à condition que le contrat n’ait pas été exécuté, il est
possible pour celui qui pourrait en bénéficier de renoncer à toute action visant à sa mise en œuvre.

Par ailleurs, l’article suivant autorise une partie à interroger l’autre par écrit (celle qui pourrait se prévaloir de la nullité), sur
son intention de la revendiquer judiciairement ou de la confirmer. Cette possibilité est ouverte sous la condition que la
cause de la nullité ait cessé. L’acte interrogatoire doit préciser que l’action en nullité doit être exercée dans un délai de six
mois, et qu’à défaut, le contrat sera réputé confirmé. Cette disposition a vocation à réduire l’incertitude liée à l’existence
d’une cause de nullité dont la prescription est de 5 ans et autorise de fait les parties à renégocier les conditions du contrat.

En l’espèce, la cause de la nullité a été révélée en raison du retrait du permis de construire. Le vendeur des terrains peut
ainsi interroger les acquéreurs sur leur intention de se prévaloir de la nullité. Ces derniers seront dans l’obligation d’agir
dans les délais impartis, soit de réviser les conditions du contrat ou encore, ce qui est peu envisageable, de confirmer la
nullité.

11. Demande envisageable pour Soleil Levant


La société « Soleil Levant » constate de nombreuses malfaçons au regard du cahier des charges. Que peut-elle demander
judiciairement en pareille circonstance ?
Le nouvel article 1217 du code civil dresse l’inventaire des actions envisageables pour le créancier insatisfait, celles-ci
n’étant pas exclusives l’une de l’autre.

L’exécution forcée
Le créancier de l’obligation inexécutée ou mal exécutée peut en solliciter l’exécution forcée. L’article 1221 dispose que
« le créancier d’une obligation peut, après mise en demeure, en poursuivre l’exécution en nature sauf si cette exécution
est impossible ou s’il existe une disproportion manifeste entre son coût pour le débiteur et son intérêt pour le créancier ».
L’exécution forcée constitue donc le principe auquel deux limites sont apportées. D’une part, l’impossibilité, qui peut être
matérielle (bien incorporé ou disparu) ou morale (obligation éminemment personnelle), et d’autre part la disproportion, qui
exigera du juge une appréciation souveraine du coût pour le débiteur et de son intérêt pour le créancier. Il peut aussi, et à
nouveau après mise en demeure, faire exécuter l’obligation par un tiers, dans un délai et coût raisonnables, ce dernier
étant supporté par le débiteur. Il est enfin possible d’exiger judiciairement que le débiteur avance les sommes nécessaires
à l’exécution de l’obligation par un tiers

La résolution du contrat
Le créancier de l’obligation peut aussi demander judiciairement la résolution du contrat. Le juge, à défaut de clause
résolutoire, peut prononcer la résolution du contrat lorsque l’inexécution est caractérisée et d’une gravité suffisante pour
la justifier. Elle produit un anéantissement du contrat et oblige les parties à une remise en l’état dans lequel elles se
trouvaient avant la conclusion du contrat. Cela suppose que soient restitués les sommes éventuellement versées et le
bien restitué.
Enfin, et c’est une consolidation de l’ordonnance, l’article 1226 C.civ. autorise le créancier à provoquer la résolution du
contrat après mise en demeure du débiteur. La résolution est alors faite « aux risques et périls du créancier », c’est-à-dire
qu’en cas de contentieux, il devra alors prouver la gravité de l’inexécution pour que la résolution ne soit pas fautive

La responsabilité civile contractuelle


Autre option du créancier de l’obligation inexécutée, elle consiste en une demande d’indemnisation du fait de la carence
fautive du débiteur.
Elle suppose pour sa mise en œuvre :
- un dommage (matériel, physique ou moral) ;
- une faute, qui sera appréciée différemment selon que la nature de l’obligation est de résultat ou de moyen. Si
l’obligation est de moyen, la preuve de l’absence de faute ne permet plus de rechercher la responsabilité du débiteur ;
- un lien de causalité entre la faute et le dommage.
Néanmoins, le débiteur peut s’exonérer de sa responsabilité lorsqu’il peut apporter la preuve que l’inexécution résulte :
- d’un cas de force majeure (évènement irrésistible et imprévisible) ;
- de la faute du créancier ou du fait d’un tiers à condition qu’ils revêtent les caractères de la force majeure.

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En l’espèce, l’exécution forcée peut être envisageable, mais si l’entreprise refuse de reprendre les travaux, il sera
impossible de l’y contraindre. La condamnation à une astreinte pourrait éventuellement la forcer à s’exécuter. Il est aussi
possible d’envisager la reprise des travaux par une entreprise tierce, dont le coût, s’il est raisonnable, devra être supporté
par la SARL « Les jeunes artisans ».

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La résolution, si elle théoriquement envisageable, reste complexe en pratique car il ne pourra y avoir de restitution de la
part de la société Soleil Levant. Elle produira alors les effets d’une résiliation dont l’intérêt est ici médiocre.

Enfin, une action en responsabilité civile contractuelle peut être engagée. Les conditions sont remplies :
- le dommage est constitué par le retard d’ouverture du centre et la restitution des sommes versées par les adhérents ;
- la faute est constituée par la mauvaise exécution du contrat, les malfaçons étant aisément constatables ;
- le lien de causalité ne posera aucune difficulté.
La société Soleil levant pourra percevoir des dommages-intérêts réparant le préjudice subi.

12. Suspension du paiement


En l’absence de livraison des fontaines la société n’entend pas honorer le paiement demandé. Peut-elle ainsi suspendre
l’exécution de sa propre obligation ?

L’exception d’inexécution
Dans les contrats synallagmatiques, l’inexécution de ses obligations par l’une des parties peut justifier que l’autre ne
s’exécute pas. Par exemple, une partie ne livre pas la chose commandée, l’autre n’a pas à la payer. La solution est ici
classique, le contrat se poursuit mais son exécution est suspendue. Cependant, le nouveau dispositif (art.1220 C.civ.)
impose désormais la réunion de deux conditions :
- L’existence d’un risque. L’inexécution d’une partie doit reposer sur l’existence d’un risque manifeste d’inexécution.
Cela suppose l’existence d’une incertitude avérée (qu’il conviendra de prouver) quant à l’exécution du contrat ;
- Une inexécution suffisamment grave. Les conséquences du manquement doivent avoir des effets d’une
importance telle (la gravité) qu’une partie refuse de s’exécuter.

En l’espèce, il existe une forme d’incertitude dans la mesure où les notions de risque et de gravité feront sans aucun
doute l’objet de précisions jurisprudentielles. Néanmoins, le risque semble avéré ici (difficultés de trésorerie), la gravité par
contre peut être discutée.

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18 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Enfin, par principe, le sous-traitant agit selon les prescriptions de l’entrepreneur mais reste juridiquement indépendant, de
même qu’il est maître des modalités d’exécution de sa prestation. Les difficultés peuvent survenir lorsqu’en pratique cette
indépendance tend à disparaître c’est-à-dire que le sous-traitant prend ses ordres et directives de l’entrepreneur qui
s’immisce dans l’autonomie juridique et pratique du sous-traitant.
En l’espèce, selon que M. Vertefeuille aura ou non été agréé par la maitre de l’ouvrage, une action directe sera possible

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contre ce dernier.

3. Recours des époux Bergamotte


Un litige survient quant à la bonne exécution d’un contrat d’entreprise. Les époux Bergamotte entendent saisir la juridiction
compétente mais l’architecte, M. Jacq, leur oppose une obligation contractuelle de médiation devant le conseil régional de
l'ordre des architectes.
Le législateur a institué des modes alternatifs de règlement des litiges, visant soit à favoriser un règlement non contentieux
des litiges (la médiation et la conciliation), soit à permettre le recours devant une juridiction privée sous certaines conditions
(l’arbitrage).
En matière contractuelle, les parties au contrat ont la faculté d’y introduire, dans le respect des dispositions d’ordre public,
des stipulations venant singulariser leur relation. Tel est le cas des clauses encadrant la procédure relative à la résolution
des litiges qui pourraient naitre de l’exécution du contrat. Celles-ci peuvent ainsi prévoir l’intervention d’un expert,
soumettre à l’arbitrage l’issue du contentieux (cette procédure est néanmoins réglementée) ou exiger le recours à la
médiation ou la conciliation préalablement à toute procédure contentieuse. Ces dernières ont pour finalité de favoriser le
règlement amiable du litige en tentant de rapprocher les points de vue des parties pour faire émerger une solution et
proposer un projet d’accord commun. Reste à savoir si cette stipulation du contrat s’impose aux parties. Si en la matière
la jurisprudence est restée incertaine un certain temps, la solution est aujourd’hui admise qu’une telle clause rend
irrecevable toute action judiciaire tant qu'elle n'a pas été mise en œuvre. Elle constitue ainsi une fin de non-recevoir
opposable au demandeur en justice (Cass. 16 novembre 2017).
En l’espèce, les époux Bergamotte n’ont d’autre solution que de saisir, préalablement à toute phase contentieuse, le
conseil de l’ordre des architectes.

4. Violation de la clause d’exclusivité territoriale


M. Lebonfils a conclu, par acte du 20 novembre N-1, un contrat de franchise avec la société DELICES DE JOUR. Il contient
une clause d’exclusivité territoriale sur le département du Gard. Le 22 avril N, le franchiseur ouvre un site Internet
dénommé DELICES DE JOUR.
Il s’agit de s’intéresser à la portée d’une clause d’exclusivité territoriale dans un contrat de franchise, c’est-à-dire en
l’occurrence si un site Internet peut être assimilé à un nouveau point de vente.

Obligations générales du contrat de franchise


La franchise est un contrat par lequel deux personnes juridiquement distinctes s’engagent à collaborer. L’une, dite le
franchiseur, met à la disposition de l’autre, dite le franchisé, son savoir-faire, sa marque et autres signes distinctifs
moyennant rémunération.
De cette convention découlent des obligations à la charge des deux parties.
Le franchisé doit rémunérer le franchiseur pour les avantages qu’il retire des biens matériels et immatériels mis à sa
disposition. Il peut aussi être contraint à un approvisionnement exclusif auprès du franchiseur et à respecter en tout état
de cause les normes établies par ce dernier (emplacement, présentation, gestion des stocks…).
Le franchiseur doit mettre à disposition du franchisé l’ensemble de ses signes distinctifs permettant de profiter de la
notoriété du franchiseur. Il doit aussi assurer la transmission du savoir-faire ainsi que toute assistance technique. Cette
notion de savoir-faire (Cass. 3 mai 2012) doit être comprise comme un ensemble identifié d’informations non brevetées,
résultant de l’expérience du franchiseur. Il doit être secret et substantiel mais pas nécessairement nouveau. Le critère de
l’originalité n’est donc pas une condition substantielle du contrat de franchise de nature à entraîner sa nullité.

La portée d’une clause territoriale d’exclusivité


Au sein de la liberté contractuelle dont jouissent les parties, il peut être inséré au contrat une clause d’exclusivité territoriale.
Celle-ci oblige le franchiseur à ne pas constituer de nouvelles franchises dans la zone géographique considérée. Sa validité
est subordonnée au regard du droit français à un progrès économique dont bénéficie le consommateur. Au regard du droit
communautaire, elle doit être indispensable à la protection des investissements réalisés par le franchisé au bénéfice du
consommateur. Sa violation permet d’engager la responsabilité contractuelle du franchiseur, voire la résiliation du contrat
dès lors qu’elle en constitue un élément essentiel.
Le franchiseur, pour le développement de son activité et de sa notoriété, peut être justifié à la création d’un site Internet.
Or celui-ci peut être de nature à porter atteinte aux intérêts du franchisé s’il propose des possibilités d’achat par ce moyen.
Bien que la vente soit considérée comme passive (le franchiseur ne démarche pas), la protection de la clause est
largement affaiblie. La prise en compte du franchisé est ainsi nécessaire à la constitution d’un site Internet. La cour d’appel
de Bordeaux a ainsi prononcé la résiliation d’un contrat de franchise aux torts exclusifs du franchiseur en pareilles
circonstances (CA Bordeaux, 26.02.2003). Cependant, dans la même affaire, la cour de cassation, sur pourvoi, refuse

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UE 1 Corrigé 19
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

l’assimilation d’un site Internet à un point de vente, ce qu’elle a récemment confirmé (Cass. 10 sept. 2013). Il convient
alors au contrat de prévoir toute précision utile. À défaut, l’effet d’une clause territoriale d’exclusivité ne pourra jouer.

En l’espèce, l’ouverture d’un site Internet par la société DELICES DE JOUR ne peut être assimilée à un point de vente
entrant dans le champ de protection de la clause d’exclusivité à défaut de stipulation dans le contrat de franchise.

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5. Légalité de la résiliation du contrat par DELICES DE JOUR
Mme Lafille n’ayant pas atteint l’objectif d’ouverture prévu dans le protocole de développement, la société DELICES DE
JOUR souhaite procéder à la résiliation du contrat tel que prévu par une de ses stipulations.

Les parties à un contrat de franchise peuvent insérer à ce dernier des stipulations contractuelles dont le non-respect peut
justifier la résiliation du contrat, cette dernière faisant elle-même l’objet d’une clause particulière.
Cette question de la résolution dans les contrats de distribution, si elle peut être efficace en raison d’une stipulation
expresse, ne reste pour autant pas sans surveillance du juge quant à sa mise en œuvre. En effet, le tribunal peut être
amené à apprécier si la résiliation résultant d’un manquement reproché ne contrevient pas à l’obligation de loyauté dans
l’exécution du contrat, en somme si la faute invoquée ne résulte pas d’une déloyauté de celui qui l’invoque.
Ainsi, l’obligation de loyauté peut conduire à une obligation de renégocier les termes d’un accord de développement de
franchises lorsque l’objectif prévu au contrat devient, en raison des circonstances, ruineux ou impossible. Le contrat de
franchise exigeant une collaboration des parties, la loyauté revient alors selon une formule bien connue à faciliter à son
cocontractant l’exécution de ses engagements. Dès lors, s’il apparait que le franchiseur, par exemple, n’adapte pas les
conditions de réalisation des objectifs qu’il sait impossibles au regard des circonstances, ce dernier manque à son
obligation et se doit de renégocier les termes du contrat avant la mise en œuvre de la clause résolutoire.

En l’espèce, il conviendra de vérifier si le manquement reproché ne résulte pas d’un contexte rendant impossible l’atteinte
des objectif, auquel cas la société DELICES DE JOUR ne pourra mettre en œuvre la clause résolutoire sans renégociation
préalable. À défaut, Mme Lafille sera justifiée à demander une indemnisation de son préjudice.

6. Indemnisation pour le préjudice résultant de la clause de non-concurrence


DELICES DE JOUR vient de mettre un terme au contrat de franchise avec Mme Lafille. Le contrat contient une clause de
non-concurrence. Le franchisé entend se faire indemniser des conséquences de son observation.
Les faits de l’espèce nous conduisent à étudier la validité d’une clause de non-concurrence dans un contrat de franchise
et l’indemnisation à laquelle elle peut donner lieu.

Validité de la clause de non-concurrence


Très régulière dans la pratique, la clause de non-concurrence a pour objet essentiel de préserver les intérêts du franchiseur
et notamment de lui éviter le parcours d’une action en concurrence déloyale.
Elle est subordonnée aux conditions cumulatives de validité suivantes, établies par l’article L 341-2 du code de commerce
applicable à compter du 7 août 2016 :
- elle doit porter sur des biens et services en concurrence avec ceux ayant fait l’objet du contrat ;
- elle doit être limitée aux terrains et locaux ayant servi à l’exploitation de l’activité ;
- elle doit être indispensable à la protection du savoir-faire substantiel, spécifique et secret transmis dans le cadre du
contrat ;
- sa durée ne doit pas excéder un an à compter de l’échéance ou la résiliation du contrat.

Est réputée non écrite la clause qui ne satisferait pas à ces conditions.

Le droit à indemnisation d’une clause de non-concurrence


L’observation d’une clause de non-concurrence peut conduire le franchisé à la liquidation dès lors qu’il se trouve privé de
la possibilité de maintenir de fait son activité. En effet, contraint de ne pas exercer une activité qui est celle précisément
de son exploitation, il doit alors renoncer à la poursuite de son commerce et se trouve dépossédé de sa clientèle.

C’est sur ce dernier point que semble aujourd’hui ouvert un véritable droit à indemnisation, bien qu’aucune disposition légale ou
réglementaire, nationale ou européenne, n’existe. En effet, tel qu’il en ressort d’un arrêt de la cour de cassation (Cass.Com.
9.10.2007 et CA Bordeaux, 3 février 2010), l’indemnisation doit être considéré comme automatique dès lors que :
- la rupture ou le non-renouvellement du contrat est le fait du franchiseur ;
- qu’aucune faute ne peut être mise à la charge du franchisé ;
- que le franchisé se trouve privé de sa clientèle.

Néanmoins, le même droit ne semble pas ouvert si les conditions ne sont pas remplies, par exemple lorsque la rupture est
à l’initiative du franchisé ou si une faute lui est imputable.
À noter que la clause de non-réaffiliation, peut-être plus souple, n’est pas exactement soumise aux mêmes exigences.

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20 Corrigé UE 1
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

En l’espèce, la clause de non-concurrence dont Mme Lafille est débitrice est limitée dans le temps (2 ans) et dans l’espace
(département du Gard) ; elle peut être justifiée par les intérêts que le franchiseur entend préserver et vise les activités
concernées. Néanmoins, sa durée lui fait encourir la nullité.
En cas de renoncement à une telle action, Mme Lafille pourrait à raison solliciter une indemnisation du fait de l’application
de la clause de non-concurrence.

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En effet, le non-renouvellement est le fait du franchiseur, aucune faute n’est imputable à Mme Lafille et celle-ci peut justifier
d’une clientèle propre.

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UE 1 Corrigé 21
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

L’AUTRUCHON GRIS
Auteurs :
Grégory Lachaise
Bertrand Beringer

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Compétences attendues Savoirs associés

Maîtriser les principaux contrats entre Le contrat de vente, Vices cachés,


particuliers et professionnels, Les contrats de consommation,
Savoir identifier et appliquer les règles Le contrat de crédit à la consommation,
spécifiques à chaque contrat Le contrat d’assurance

1. Délai de rétractation
La société Relais et Bateaux a passé commande de 500 « oreillers qui soignent » et le même volume de tables de bord
« auto-lavantes ». Une partie de la commande a été passée par internet et l’autre moitié directement au magasin de Lyon.
Trois jours plus tard, la société Relais et Bateaux souhaiterait réviser le volume de sa commande à la baisse.

Le délai de rétractation ou de réflexion selon le cas, est un temps laissé au cocontractant pour revenir sur sa décision ou
accepter une offre qui lui est proposée.
Limitativement prévu par la loi, le délai de rétractation permet au consommateur de renoncer à son engagement sans avoir
à justifier d’un motif quelconque. Il est ainsi admis dans les cas du démarchage à domicile, de la vente à distance (minitel,
internet, télé-achat…), du crédit à la consommation, d’un contrat avec une agence matrimoniale ou encore dans le cadre
d’un contrat pour la construction et l’acquisition d’un immeuble à usage d’habitation. Le délai de renonciation est en principe
de 7 jours dont le point de départ varie selon la nature du contrat. Si sur le fond son contenu et sa finalité le délai de
rétraction ne pose pas ici débat, il en va autrement de son exercice. En effet, une personne morale peut-elle revendiquer
la qualité de consommateur et bénéficier de la protection du code de la consommation en la matière ? Pendant de
nombreuses années, certaines ambiguïtés ont été progressivement levées par la cour de cassation. La loi Hamon du 17
mars 2014 et l’ordonnance du 14 mars 2016 ont définitivement tranché en précisant dans le code de la consommation
(article préliminaire) qu’est considéré comme un consommateur toute personne physique qui agit à des fins qui n’entrent
pas dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale ou libérale.
Dès lors, l’article L221-18 du code de la consommation qui prévoit que le consommateur dispose d’un délai de rétractation
de quatorze jours dans le cas de vente à distance, n’est pas applicable aux personnes morales.

En l’espèce, la société Relais et Bateaux ne pourra pas bénéficier de ce délai de rétractation pour l’achat effectué par
internet.

2. Incidence du versement d’un acompte ou d’arrhes sur l’engagement de l’acheteur


La commande sur internet indique le versement de la somme de 60 000 euros à titre d’arrhes et celle du magasin la même
somme à titre d’acompte.

L’acompte constitue un paiement partiel du prix, donné en général au moment de la commande du bien ou du service,
c’est-à-dire de la conclusion du contrat. L’acompte ne comporte aucune faculté de rétractation de la part de l’une ou l’autre
des parties. L’inexécution de l’une d’elle autorise l’exécution forcée ainsi qu’une demande en dommages et intérêts.
À la différence, les arrhes, donnés au moment de la promesse de vendre, autorisent chacune des parties à se dédire en
sanctionnant ce comportement soit par la perte des arrhes pour celui qui les a donné et qui se rétracte, soit au paiement
du double des arrhes lorsque c’est celui qui les a reçu qui se dédit (cciv art. 1590). Il n’y a donc aucune faculté pour l’une
des parties d’exiger l’exécution du contrat, en l’occurrence le paiement total du prix.
Au titre du code de la consommation et à la différence du code civil, l’ordonnance du 14 mars 2016 dispose que les
sommes versées d’avance sont des arrhes sauf stipulation contraire. Ainsi, dans les rapports entre professionnels et
consommateurs la loi établie donc une présomption.
À noter enfin que la loi Hamon du 17 mars 2014 prévoit, sans distinguer arrhes et acomptes, que toute somme versée
d’avance sur le prix, quels que soient la nature de ce versement et le nom qui est donné dans l’acte, est productive, au
taux légal en matière civile, d’intérêts qui courront à l’expiration d’un délai de trois mois à compter du versement jusqu’à
réalisation ou restitution des sommes versées d’avance, sans préjudice de l’obligation de livrer qui reste entière (Art. L214-
2 C. com).
En l’espèce, en application des dispositions du code civil, la société R§B ne peut se désengager du contrat conclu dans
la boutique.

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22 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. Les garanties pouvant être mises en œuvre - Conséquences


La société R§B demande la reprise de l’ensemble des produits mais la SARL l’Autruchon Gris, refuse et temporise en
imputant les défauts à l’entreprise chinoise et fait remarquer que le contrat ne la soumet pas à la garantie des vices cachés.
Il propose néanmoins de faire procéder à la réparation des biens objet de la vente.

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Quelles garanties peuvent-elles être mises en œuvre ? Avec quelle conséquences ?
Il faut distinguer deux types de garanties supportées par le vendeur : les garanties contractuelles d’une part et les garanties
légales d’autre part. Dans les deux cas, depuis la loi du 17 mars 2014 et à compter du 1er juin de la même année, le
professionnel doit communiquer de manière lisible et compréhensible toute information sur les garanties légales et
contractuelles.
Pour les premières, autrement appelées garanties commerciales, elles sont facultatives et leur étendue ainsi que leur
durée reste variable selon les professionnels. Ils s’engagent en général à une réparation gratuite ou un échange sans frais
pendant une durée déterminée.
Pour les secondes, elles s’imposent au vendeur professionnel qui s’oblige à :
- garantir le vendeur contre toute éviction ;
- garantir la sécurité du bien ou service ;
- indemniser le consommateur des dommages résultant des produits défectueux ;
- garantir les vices cachés ;
- garantir la délivrance conforme du bien ou du service. Il s’agit de la garantie légale de conformité.

Seule retiendront notre attention les deux dernières garanties.

La garantie des vices cachés dont le vendeur est débiteur est visée à l’article 1641 du code civil. La garantie concerne
tous les biens dans le commerce, meubles ou immeubles mis à part quelques exceptions.
Sa mise en œuvre suppose la réunion de trois conditions :
- le vice doit être caché, c’est-à-dire qu’il ne doit pas être apparent au moment de la vente. Il ne doit en effet pas être
détectable par un examen attentif pour le profane ou par un examen approfondi par le professionnel ;
- le vice doit être antérieur à l’achat. Il doit exister au moment de la vente pour pouvoir être garanti par le vendeur ;
- le vice doit être grave. Le ou les défauts cachés de la chose doivent la rendre impropre à l’usage auquel on la destine,
ou diminuer tellement cet usage que l’acheteur ne l’aurait pas acquise, ou n’en aurait donné qu’un moindre prix, s’il
les avait connus.

L’acheteur, sur lequel repose la charge de la preuve, dispose alors de deux options :
- l’action rédhibitoire, qui entraine la résolution de la vente avec remise de la chose et du prix entre les parties. Elle
doit être intentée dans les deux ans à compter de la découverte du vice. À noter que malgré les propositions de
réparation du bien vicié, l’acheteur conserve le droit de demander la résolution de la vente. À noter que, malgré les
propositions de réparation du bien vicié, l’acheteur conserve le droit de demander la résolution de la vente ;
- l’action estimatoire, qui consiste en la possibilité de conserver la chose moyennant une réduction du prix.

Néanmoins, le code civil prévoit expressément à l’article 1643 la faculté pour le vendeur d’exclure la garantie des vices
cachés. Cette exclusion n’est cependant pas valable entre un professionnel et un consommateur où elle prend le caractère
d’une clause abusive. Elle n’est pas non plus valable s’il peut être démontré que le vendeur connaissait le vice dont était
affectée la chose au moment de la vente. Sa bonne foi est donc ici essentielle. Si les tribunaux en acceptent la validité
entre professionnel, il convient d’être prudent dans la mesure où les juges du fond devront apprécier la qualité de
professionnel des parties (activités identiques, complémentaires…).

La garantie de délivrance conforme se distingue clairement des vices cachés. En effet, d’une part elle ne s’applique qu’aux
relations contractuelles entre professionnels et consommateurs et, d’autre part, un produit peut être conforme et affecté
d’un vice ou, à l’inverse, un produit peut être non conforme et cependant non vicié. Cette garantie oblige le vendeur à
délivrer un bien conforme dans ses caractéristiques à ce qui était prévu. Mais au-delà, il s’agit de garantir que la chose
pourra être utilisée conformément à l’usage auquel elle est destinée ou que les performances attendues sont atteintes. Le
défaut de conformité, qui fait l’objet d’une disposition du code de la consommation (donc inapplicable au non
consommateur), autorise à demander l’anéantissement du contrat ou le remplacement du produit.

L’obligation de sécurité
Une obligation générale de sécurité pèse sur le professionnel quant au produit ou service vendu. Il doit livrer la chose sans
vice ou défaut de fabrication de nature à entraîner un danger pour les personnes ou les biens dans des conditions normales
d’utilisation. Cette obligation est d’autant plus compréhensible que certains produits sont susceptibles d’affecter la santé
ou la vie du cocontractant. Le professionnel est responsable à l’égard des tiers et de l’acheteur, qu’il soit fabriquant ou non
du produit vendu. Cette obligation figure au code de la consommation (art. L421-1 C. Cons) et impose par ailleurs, à
l’occasion de la mise sur le marché de nouveaux produits, que soit fournie au consommateur toute information utile lui
permettant d’évaluer les risques inhérents au produit dans des conditions d’utilisation normale (art. L423-1 C. Cons). La
responsabilité encourue peut trouver un fondement contractuel (art. 1217 C. civ.), délictuel (art. 1240 C. civ.) ou pénal
(notamment art. 413-1 C. Cons, relatif aux fraudes et falsifications).

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UE 1 Corrigé 23
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

En l’espèce, et à défaut d’entente entre les parties, L’Autruchon Gris ne peut se retrancher derrière la responsabilité du
fabriquant, même si une action à son égard est envisageable puisqu’il doit sa garantie. Il est conseillé d’engager une action
judiciaire sur le fondement des vices cachés dans la mesure où la société R§B n’a pas la qualité de consommateur. Les
conditions semblent ici remplies et autorisent la résolution de la vente.

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4. Action en indemnisation contre la société chinoise
Le dirigeant de R§B, M.Felbegor, avait par ailleurs donné à plusieurs membres de sa familles quelques-unes de ces
merveilles technologiques. Or, l’un d’entre eux, Alexandre Rupas, a purement et simplement accusé une perte totale de
mémoire dont la rémission est incertaine.
M. Rupas peut-il agir en indemnisation contre la société Chinoise ?

La responsabilité du fait des produits défectueux fait l’objet d’une réglementation autonome figurant à l’article 1245 et s.du
code civil. Il assure, par l’étendue de son champ d’application, une meilleure garantie d’indemnisation aux victimes.

Les produits concernés


Est un produit tout bien meuble, même s’il est incorporé dans un immeuble, y compris les produits du sol, de l’élevage, de
la chasse et de la pêche. L’électricité est considérée comme un produit. A contrario, ne sont pas concernés les immeubles.

Les responsables visés


C’est ici que la réglementation est particulièrement efficace. En effet, sont civilement responsables de plein droit les
producteurs, c’est-à-dire ceux qui, à titre professionnel, ont fabriqué un produit fini ou l’un de ses composants ou produit
une matière première entrant dans sa composition. À défaut d’identification du producteur, sont indifféremment
responsables le fournisseur, le vendeur, ou le loueur.

Mise en œuvre de la responsabilité


La mise en œuvre de l’action en réparation ne nécessite aucunement l’existence d’un lien contractuel unissant le
producteur ou le vendeur et la victime.
Trois conditions doivent être réunies :
- la mise en circulation du produit. Le produit doit avoir été volontairement mis en circulation par le producteur (un
produit volé ne pourrait être considéré comme tel) ;
- la défectuosité du produit. Il y a défectuosité lorsqu’un produit n’offre pas la sécurité à laquelle on peut légitimement
s’attendre ;
- un dommage. Sont couvert les dommages qui résultent d’une atteinte à la personne et ceux qui résultent d’une
atteinte à un bien autre que le produit défectueux lui-même.

L’action doit être engagée dans un délai de dix ans et le législateur limite les cas d’exonération aux cas qu’il énumère (art.
1386-11 C. Civ.).

En l’espèce, M. RUPAS peut agir en indemnisation contre la société Chinoise et à défaut d’identification contre l’Autruchon
Gris, même en l’absence de rapport contractuel.

5. Possibilité et fondement d’une action de groupe


La loi dite Hamon, parue au JO du 18 mars 2014, et son décret d’application en date du 24 septembre 2014, outre de
nombreuses nouveautés, institue une action de groupe au profit des consommateurs. Sa finalité est de permettre une
indemnisation des consommateurs dont le montant du contentieux ne les engage pas à exercer une action individuelle.

Modalités
La loi réserve aux associations de défense des consommateurs représentative au niveau national et agréées, la qualité
pour agir au nom des consommateurs (CNAFAL, CNAFC, CSF, Familles de France, Familles rurales, UNAF, Adeic, AFOC,
Indecosa-CGT, ALLDC, UFC-Que choisir, CLCV, CGL, CNL, Fnaut). Autrement dit, le consommateur lésé doit s’adresser
à l’une des associations visées et lui soumettre l’objet de sa demande. L’adhésion auprès de cette dernière vaut mandat
pour le représenter dans ses demandes. Après examen et s’il existe au moins deux consommateurs, l’association saisit
par voie d’assignation (exposant les cas individuels) le tribunal de grande instance du domicile du défendeur selon les
règles de procédure civile.

Champ d’application
L’action de groupe vise à obtenir réparation des manquements dommageables des professionnels à leurs obligations
légales ou contractuelles, dans le cadre de la vente d’un produit ou service ou encore des préjudices résultant de pratiques
anti-concurrentielles. Seuls sont concernés les préjudices matériels et sont exclus du champ d’application de la loi les
domaines de la santé et de l’environnement.

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24 Corrigé UE 1
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Indemnisation
Le tribunal saisit établi ou non la responsabilité du professionnel et, le cas échéant, détermine pour chaque consommateur
ou catégorie de consommateur le montant du préjudice réparable. Dans la même décision, il fixe à la charge du
professionnel les mesures de publicités permettant aux consommateurs d’adhérer au groupe dans un délai qu’il détermine
entre deux et six mois.

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En l’espèce, les consommateurs lésés pourront exercer une action de groupe aux fins d’être indemnisés. Il s’agit bien
d’un produit (oreillers) pour lequel l’indemnisation devra être évaluée (remboursement par exemple).

6. Vente liée
M. Felbegor a fait l’acquisition d’un ordinateur portable sur lequel étaient déjà préinstallés plusieurs logiciels. Il estime être
l’objet d’une vente liée illégale.
En vertu de l’article L122-1 du code de la consommation, il est interdit de « subordonner la vente d’un produit à l’achat
d’une quantité imposée ou à l’achat concomitant d’un autre produit ou d’un autre service ainsi que de subordonner la
prestation d’un service à celle d’un autre service ou à l’achat d’un produit dès lors que cette subordination constitue une
pratique commerciale déloyale ». La cour de cassation a déjà eu à faire application de cet article en matière de vente
d’ordinateur. Par un arrêt en date du 6 octobre 2011, la haute cour exige que le vendeur d’ordinateur « offre à sa clientèle
la possibilité de renoncer aux logiciels d’exploitation et d’utilisation, moyennant déduction du prix correspondant à leur
licence d’utilisation. Par une nouvelle décision du 12 juillet 2012, la cour est venue préciser sa position en subordonnant
l’illégalité des ventes liées à une pratique déloyale tel qu’il en ressort du code de la consommation. En d’autres termes, si
le vendeur informe clairement le consommateur du contenu de l’offre et lui permet de choisir entre un ordinateur
comprenant des logiciels préinstallés et un ordinateur nu, la pratique ne présente pas un caractère déloyal.

En l’espèce, si le site Internet du vendeur précisait les conditions de l’offre et que M. Felbegor a, ou aurait pu choisir
librement, son action ne sera pas recevable.

7. Sanctions encourues par la banque


Venu solliciter l’obtention d’un crédit à la consommation auprès de sa banque, M. Lem a conclu le contrat le jour même.
Deux mois plus, tard il en constate le poids financier et estime avoir été mal informé.

En matière de crédit à la consommation, le Code de la consommation exige le respect d’un formalisme scrupuleux et en
sanctionne les manquements.
Des obligations jurisprudentielles, partiellement comblées par la loi du 1er juillet 2010 et du 17 mars 2014, viennent se
surajouter.

Le formalisme du crédit à la consommation


Visé aux articles L311-1 à L311-37 du Code de la consommation, le crédit à la consommation se définit comme toute
opération de crédit bénéficiant à un particulier en vue de financer une dépense non professionnelle, avec affectation ou
non, autre que l’acquisition d’un bien immobilier. D’ordre public, les règles exigent le respect d’un formalisme spécifique
visant à protéger le consommateur. Réformé par les lois du 1er juillet 2010 et du 17 mars 2014, les nouvelles dispositions
ont étendu la protection dont bénéficie le consommateur :
- les modalités de publicité des offres de crédit comportent des obligations supplémentaires (obligation de certaines
mentions : « un crédit vous engage et doit être remboursé », « un crédit responsable est celui qui se rembourse ») ;
- le montant des crédits concernés par la législation sont ceux allant de 200 euros (pour les crédits affectés) à 75 000
euros ;
- le délai de rétractation est de 14 jours à compter de l’acceptation de l’offre ;
- le prêteur doit vérifier la solvabilité de l’emprunteur (notamment consultation du Fichier des incidents de paiement).
Sont donct exclues de la loi les opérations d’un montant supérieur à 75 000 euros, celles d’une durée inférieure à trois
mois, celles portant sur des immeubles et enfin les opérations finançant une activité professionnelle.

Avant la conclusion de tout contrat de crédit, le consommateur doit bénéficier d’une information préalable (L 312-12 C.
cons) et d’une offre réglementée permettant d’exercer en toute clarté son adhésion. L’offre mentionne (art R312-10) :
- l’identité des parties, et le cas échéant celle des cautions ;
- le montant du crédit et, s’il y a lieu, le taux effectif global, et le cas échéant les primes d’assurance ;
- les dispositions concernent notamment le délai de rétractation, les sanctions encourues en cas de non-respect du
formalisme gouvernant le contrat, la compétence du tribunal d’Instance pour tout contentieux relatif au contrat, ainsi
que les droits d’accès de l’emprunteur aux informations le concernant) ;
- le cas échéant, le bien ou la prestation de service financé.
Le prêteur est alors tenu de maintenir son offre pendant 15 jours, mais la loi ne fixe pas de délai (comme il en est pour
d’autre crédit) entre l’offre et l’acceptation. Cette dernière peut donc s’effectuer immédiatement. Néanmoins, à compter de
l’acceptation du contrat par l’emprunteur, aucun paiement, sous quelque forme et à quelque titre que ce soit, ne peut être
fait par le prêteur à l’emprunteur (art 312-25 C.cons).

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UE 1 Corrigé 25
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Les sanctions
En l’absence d’offre préalable, le prêteur est déchu de son droit à percevoir les intérêts. L’emprunteur n’est obligé qu’au
seul remboursement du capital conformément à l’échéancier.

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Les obligations jurisprudentielles partiellement comblées par la loi
Différents arrêts de la cour de cassation (Cass.civ. 29 juin 2007 ; Cass. civ. 22 mai 2008 et 18 septembre 2008), et plus
récemment du TGI de Nancy (1er mars 2010), établissent une obligation d’information et de conseil à l’égard de
l’emprunteur. Plus précisément, la cour de cassation opère une distinction entre l’emprunteur averti et l’emprunteur non
averti. Envers dernier, le prêteur a un devoir de mise en garde, c’est-à-dire qu’il doit informer l’emprunteur des risques liés
à l’opération de crédit envisagée au regard de son importance, de sa durée, de son coût… L’article L 311-8 du code de la
consommation oblige désormais le prêteur à attirer l’attention de l’emprunteur sur les caractéristiques essentielles du
contrat et sur ses conséquences, y compris en cas de défaut de paiement. Néanmoins, si la loi nouvelle comble en partie
ce que la cour de cassation a érigé en obligation, elle ne permet cependant pas de maîtriser totalement pour le prêteur
l’assurance de la solvabilité de l’emprunteur.

En l’espèce, le banquier semble avoir régulièrement remis et présenté à M. Lem une offre préalable de crédit,
conformément aux exigences de la loi. Il ne pourra donc sur ce fondement obtenir une annulation des intérêts. Néanmoins,
la loi ne dispense pas le banquier de livrer toutes informations sur la portée de l’engagement à raison de la situation
personnelle de l’emprunteur, la sanction étant la déchéance du droit à intérêt, en totalité ou partiellement. Il conviendra en
l’espèce de vérifier si cette obligation a été remplie.

8. Contrat de crédit
M. Felbegor a souscrit un crédit par l’intermédiaire de la société Audi pour faire l’acquisition d’un véhicule de la même
marque. Le prêt lui a été refusé. Le concessionnaire automobile demande néanmoins à M. Felbegor le paiement du
véhicule. Y est-il tenu ?

Le contrat de crédit affecté ou lié, lui aussi réformé par la loi du 17 mars et l’ordonnance du 14 mars 2016, est une opération
de crédit affectée à une opération déterminée (l’acquisition d’un véhicule par exemple). L’emprunteur bénéficie d’un délai
de rétractation de 14 jours. Toutefois, lorsque l’emprunteur à demandé la livraison immédiate du bien ou du service, ce
délai expire à la date de la livraison ou de la fourniture, sans pouvoir ni excéder quatorze jours ni être inférieur à trois jours.
Toute livraison ou fourniture anticipée est à la charge du vendeur qui en supporte tous les frais et risques.
Par ailleurs, le contrat de vente pour lequel le crédit est conclu est résolu de plein droit sans indemnité (art 312-52 C.
cons) :
- si le prêteur n’a pas, dans un délai de sept jours à compter de l’acceptation du contrat de crédit par l’emprunteur,
informé le vendeur de l’attribution du crédit ;
- ou si l’emprunteur a, dans ce même délai de sept jours, exercé son droit de rétractation.
En l’espèce, M. Felbegor n’est donc aucunement tenu de payer l’Audi, bien au contraire : le contrat de vente a été résolu
de plein droit. Il pourra de fait exiger la restitution de l’acompte versé (312-52 ccons).

9. Contrat perte d’exploitation


La SARL « L’AUTRUCHON GRIS » souhaite se transformer en SA. Les futurs actionnaires souhaitent conclure un contrat
d’assurance « perte d’exploitation » en cas d’incapacité ou de décès de son futur Directeur général, M. Felbegor.
Un contrat d’assurance perte d’exploitation est-il approprié pour couvrir un risque décès ou d’incapacité d’un dirigeant
social ?

Toute activité suppose un risque. L’entreprise n’y échappant pas, il est nécessaire de disposer d’une politique de gestion
des risques afin de couvrir la survenance d’événements très variés. Les assurances de responsabilité garantissent les
risques résultant d’un préjudice causé par l’assuré, les assurances dommages permettent de supporter les atteintes aux
biens de l’entreprise (en cas d’incendie, catastrophes naturelles, dégât des eaux, casse de machines, effondrement, perte
d’un homme clé…). L’assurance perte d’exploitation (qui entre dans la catégorie des assurances dommages) vise
précisément à garantir les conséquences financières qui en résultent (arrêt complet ou partiel d’activité). La question est
d’importance, puisque l’entreprise, dépourvue de sa capacité de production ou de sa direction, peut être l’objet d’une
cessation des paiements ou voir la clientèle disparaître au profit des concurrents.
Au contrat, il convient donc de déterminer avec précision les événements justifiant indemnisation ainsi que les droits
auxquels elle ouvre, puisque le mécanisme de l’assurance consiste à protéger l’assuré des conséquences de l’évènement
couvert. La perte, l’incapacité ou l’indisponibilité d’un homme clé entre dans le champ d’application de l’assurance perte
d’exploitation pour laquelle les professionnels du secteur ont adapté des solutions appropriées. L’indemnisation peut
garantir le paiement des charges fixes de l’entreprise, le résultat d’exploitation, ou encore les dépenses engagées pour
permettre la reprise de l’activité.

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26 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

En l’espèce, le recours à une assurance perte d’exploitation en cas de décès ou d’incapacité de M. Felbegor est tout à fait
envisageable. Le risque couvert sera l’indisponibilité temporaire ou définitive (!) de M. Felbegor. Quant à l’indemnisation,
les stipulations contractuelles devront en définir l’étendue et la durée.

Sur le plan fiscal, le contrat d’assurance perte d’exploitation en cas de décès ou incapacité d’un « homme clé » se traduit

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ainsi lors de la détermination du résultat fiscal de la société :
- les primes sont déductibles lorsqu’elles sont dues ; la jurisprudence du Conseil d’État a précisé que cette déductibilité
est possible quelle que soit la modalité d’indemnisation en cas de survenance du risque (c’est-à-dire indemnité
forfaitaire ou calculée en fonction de la perte réalisée) ;
- l’indemnité reçue en cas de réalisation du risque représente un profit imposable ; toutefois, l’article 38 quater du CGI
prévoit que cette imposition peut être répartie sur 5 exercices (l’exercice au cours duquel l’indemnité est due par la
compagnie d’assurance, et les 4 exercices suivants).
NB : L’étalement est une simple faculté offerte à l’entreprise, qui peut donc y renoncer si elle y a intérêt (par exemple pour imputer des
déficits qui pourraient être perdus ultérieurement).

10. Contrat d’assurance-vie sur la tête de M. Felbegor contracté par la société


Les contrats d’assurance-vie qui n’ont pas pour objet la couverture d’un risque et prévoient le versement d’un capital à
une date certaine ont le caractère de placements financiers. Les primes correspondantes ne sont déductibles que
globalement lors du versement du capital par la compagnie d’assurance.
Les primes doivent donc être réintégrées au fur et à mesure de leur versement, dans le résultat fiscal de la société, en tant
que charges non déductibles.
Le versement du capital par l’assureur est un profit imposable : c’est sur l’exercice de son imposition que sont déduites,
de façon extra-comptable, toutes les primes non actualisées.
Les dispositions de l’article 38 quater ci-avant rappelées sont applicables, mais l’imposition échelonnée doit tenir compte
des primes non déduites : c’est donc la différence entre l’indemnité perçue et la totalité des primes payées (qui n’ont pas
été déduites préalablement) qui peut être répartie sur 5 exercices.
NB : Dans un arrêt du 31/03/2017 (n°387209), le Conseil d’État a jugé qu’en cas de contrat « mixte » (contrat combinant assurance
décès et assurance-vie), la fraction de la prime afférente au risque décès est immédiatement déductible (sous réserve que son
montant soit justifié) ; cette décision infirme la position de l’Administration fiscale (selon laquelle, s’agissant des contrats mixtes,
les primes ne sont déductibles qu’en fin de contrat ou lors de la réalisation du risque).

11. Contrat d’assurance-vie contracté par M. Felbegor


Versements
Les versements sur le contrat d’assurance-vie n’ouvrent droit à aucune déduction du revenu ou réduction de l’IR (impôt
sur le revenu) du souscripteur.

Régime applicable aux primes versées depuis le 27/09/2017


Impôt sur le revenu :
• En cas de rachat à partir de 8 ans :
- produits (correspondant à la différence entre les sommes remboursées et les primes versées, ces primes n’étant
retenues, en cas de rachat partiel, qu’au prorata des sommes remboursées par rapport à la valeur totale du
contrat lors de ce rachat) imposés dans la catégorie des revenus de capitaux mobiliers, après application d’un
abattement annuel de 4 600 € (personnes seules) ou 9 200 € (couples soumis à imposition commune) ;
- imposition au prélèvement forfaitaire unique (PFU) au taux de :
- 7,5% lorsqu’encours total du contrat < 150 000 €,
- 7,5% puis 12,8% lorsqu’encours total du contrat > 150 000 € (l’encours étant réparti proportionnellement
entre < 150 000 € et > 150 000 €).
• En cas de rachat avant 8 ans :
- produits (même définition) imposés dans la catégorie des revenus de capitaux mobiliers, sans abattement ;
- imposition au prélèvement forfaitaire unique (PFU) au taux de 12,8%
Dans tous les cas, le contribuable peut opter pour l’imposition selon le barème progressif. Cette option est globale pour
tous les revenus de capitaux mobiliers et les plus-values de cession de valeurs mobilières.

Prélèvements sociaux
Les produits subissent ces prélèvements (CSG, CRDS et prélèvements complémentaires) au taux global de 17,2%,
prélevés lors de leur inscription annuelle en compte.

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UE 1 Corrigé 27
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Auteur :
Grégory Lachaise POLLEN

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Compétences attendues Savoirs associés

Savoir déterminer l’existence d’une Droit pénal général : Responsabilité


infraction, identifier les personnes pénale, Infraction, Classification,
pénalement responsables et les peines Peines, Procédure pénale
qui leur sont applicables,
Maîtriser les règles générales relatives
aux poursuites pénales

1. Responsabilité pénale : fondement et peines encourues


La SARL POLLEN a pour activité l’assemblage de pièces aéronautiques. Le 12 août N, Jean-Claude Fermier chute en
s’appuyant sur une rambarde métallique qui cède brutalement. Il décède des suites de ses blessures. Quant à Mlle Adele,
sa main est littéralement tranchée par un massicot à métaux sans que le système de sécurité ne réagisse. Une modification
du système électrique de l’entreprise sollicitée par le gérant de la société en est la cause.
Les personnes morales sont-elles susceptibles d’encourir une responsabilité pénale et quelles sont les peines encourues
à leur égard ?

Principe
En vertu de l’article L121-2 du code pénal, toutes les personnes morales de droit privé sont pénalement responsables dès
lors qu’elles sont immatriculées et ce jusqu’à leur dissolution. À l’exception de l’État, les personnes morales de droit public
engagent leur responsabilité pénale pour les activités pouvant faire l’objet de conventions de délégation de service public
(c’est-à-dire l’ensemble des activités dont la gestion est susceptible d’être confiée à un délégataire privé ou public).
Il s’agit d’une responsabilité par ricochet, dans la mesure où il n’est pas nécessaire qu’une faute propre lui soit imputable.
La loi du 31 décembre 2005, en supprimant le principe de spécialité, autorise à poursuivre les personnes morales pour
toutes les infractions visées au code pénal.

Conditions
• L’infraction doit être commise par un organe ou un représentant de la personne morale. Elle doit être caractérisée
dans l’ensemble de ses éléments constitutifs à l’encontre de son représentant. Il peut s’agir d’une infraction
consommée, d’une tentative ou d’une complicité.
• L’infraction est commise pour le compte de la personne morale, c’est-à-dire dans l’intérêt et pour le compte de celle-
ci. Elle peut découler de ses activités ou de celles ayant trait à son organisation, son fonctionnement ou ses objectifs.
Peu importe cependant que la personne morale en ait tiré profit. Par contre, si le représentant a poursuivi son propre
intérêt, il n’est plus possible d’engager la responsabilité pénale de la personne morale.

Les infractions relatives à la sécurité des salariés


L’employeur personne morale et le chef d’entreprise (mais la mise en cause de ce dernier, c’est-à-dire son identification,
n’est pas une condition nécessaire à la poursuite de la personne morale) encourent des sanctions pénales en cas de
violation de leurs obligations en matière d’hygiène et de sécurité.
Sur le fondement du code du travail (L263-2 à 4 C.Trav.) :
L’inobservation des règles d’hygiène et de sécurité est sanctionnée pénalement par une peine d’amende de 3 750 euros
qui est alourdie en cas de récidive (1 an d’emprisonnement et 9 000 euros d’amende).
Sur le fondement du code pénal, plusieurs infractions peuvent être poursuivies :
• La mise en danger de la vie d’autrui. Prévu à l’article 223-1 du code pénal, le délit consiste à : exposer directement
autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente,
du fait de la violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de prudence
imposée par la loi ou le règlement.
Le délit, constitué en l’absence même de résultat (c’en est la spécificité), est puni d’une peine d’emprisonnement de 1
an et de 15 000 euros d’amende.
• Les atteintes involontaires à la vie. L’infraction est constituée dès lors que : la maladresse, l’imprudence, l’inattention,
la négligence ou le manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement, a
causé la mort d’autrui.
Le délit d’homicide involontaire est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. La peine est
alourdie en cas de violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée
par la loi ou le règlement (cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 euros d’amende).

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28 Corrigé UE 1
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

• Les blessures involontaires. Les atteintes par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une
obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement ayant entraîné une incapacité totale de travail
pendant plus de trois mois, sont punies de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.
La sanction est plus lourde en cas de violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de
prudence imposée par la loi ou le règlement, puisque les peines sont portées à trois ans d’emprisonnement et à 45 000

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euros d’amende.

Les peines relatives aux personnes morales


En matière correctionnelle et criminelle, les peines sont les amendes (art. 131-37 et 131-38 C.Pén.), dont le montant est du
quintuple de celles prévues pour les personnes physiques. D’autres peines peuvent être prononcées lorsque la loi le prévoit
(dissolution, exclusion de marchés publics, fermeture temporaire ou définitive… visées à l’article 131-39 du Code pénal).

En l’espèce, la SARL POLLEN pourra être poursuivie au titre :


- d’homicide involontaire pour le décès de M. Fermier ;
- de blessures involontaires ayant entraîné une incapacité de travail de plus de trois mois pour Mlle Adele.
Dans ces deux cas, les infractions sont constituées à l’égard du gérant de la société. Il en est le représentant et les délits
ont été commis dans l’exercice d’activités relatives à l’organisation et au fonctionnement de la SARL POLLEN.
La personne morale est donc pénalement responsable de ces infractions et encourt notamment une peine d’amende.

2. Compétence des juridictions françaises pour le délit d’escroquerie


La SPA NUOVA, de nationalité italienne, sollicite confidentiellement M. Jame, gérant de la SARL POLLEN, pour l’aider à
la diffusion de publicités relatives à des placements financiers. Le gérant recueille les contrats souscrits et fait transiter les
fonds à la SPA par l’intermédiaire du compte bancaire de la société POLLEN. Un an plus tard, le gérant apprend
l’arrestation de M. Malfonzione pour escroquerie.
Les juridictions pénales françaises sont-elle compétentes pour poursuivre l’infraction d’escroquerie ?

En vertu de l’article L113-2 (C.Pén.), la loi française est applicable aux infractions commises sur le territoire de la République.
Elles sont réputées commises sur son territoire dès lors qu’un de ses faits constitutifs a eu lieu sur ce territoire.
Cette notion de « fait constitutif » est envisagée extensivement par les tribunaux. En effet, elle comprend les actes de
commencement d’exécution de l’infraction, l’un des éléments matériels de commission de l’infraction, mais aussi les actes
de complicité à condition qu’il y ait réciprocité d’incrimination entre les deux pays.
Les juridictions françaises seront aussi compétentes à raison de l’auteur de l’infraction ou de la victime si elles sont
françaises.

En l’espèce, l’infraction d’escroquerie a été commise en Italie. Mais l’un ou plusieurs de ses éléments constitutifs ont été
réalisés en France (le gérant réceptionne les contrats et fait transiter les sommes souscrites sur le compte de la société
POLLEN). Au surplus, si l’on ne devait retenir que les actes de complicité et à condition qu’ils soient établis, l’escroquerie
est une infraction réprimée en France et en Italie.
Par conséquent, les juridictions françaises peuvent légitimement prétendre à connaître de ce contentieux pénal.

3. Mise en œuvre l’action publique et de l’action civile


L’action publique
Elle vise à poursuivre la répression pénale de l’infraction et à en réparer le préjudice qui en résulte pour la société (pas la
personne morale).
L’action publique est ainsi mise en mouvement et exercée par le ministère public (représenté par les magistrats du
parquet), mais certaines administrations peuvent être habilitées à l’engager (par exemple les douanes, les eaux et
forêts…). Cette action peut aussi être mise en mouvement par la partie lésée, dans les conditions déterminées par le code
de procédure pénale (voie de la citation directe ou dépôt de plainte avec constitution de partie civile devant le juge
d’instruction). Néanmoins l’exercice même de l’action reste une prérogative du ministère public.

Lors du dépôt d’une plainte simple (à la gendarmerie ou au commissariat), celle-ci est transmise au Procureur de la
république. En vertu du principe d’opportunité des poursuites, le procureur de la République (ministère public) peut :
- décider de ne pas poursuivre (l’infraction est prescrite ou ne lui paraît pas constituée par exemple) ;
- proposer une alternative à la mise en œuvre de l’action publique pour les infractions mineures ;
- décider de poursuivre. Il saisira obligatoirement un juge d’instruction en cas de crime ou directement le tribunal
correctionnel en matière de délit (si l’affaire est en état d’être jugée immédiatement, il peut procéder par citation
directe du prévenu). En matière délictuelle, l’instruction est possible pour les infractions complexes.

L’action publique se prescrit par 20 ans pour les crimes, 6 ans pour les délits et 1 an pour les contraventions sauf exception.
Le délai cours à compter de la commission de l’infraction ou de sa révélation. Dans cette dernière hypothèse, un délai
butoir de 12 ans pour les délits et de 30 ans pour les crimes est institué.

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UE 1 Corrigé 29
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

L’action civile
Elle vise à réparer le dommage résultant de l’infraction subie par la victime ou par tous ceux qui en ont souffert. Le préjudice
doit être personnel (physique, matériel, moral), direct et certain.
Sa mise en œuvre par voie d’action nécessite le dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile ou une citation devant
la juridiction de jugement si l’auteur est connu. La victime peut aussi agir par voie d’intervention lorsque l’action publique

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est déjà en mouvement. La plainte est alors déposée devant la juridiction de jugement (uniquement 1er degré) ou devant
le juge d’instruction.

En l’espèce, le procureur de la République pourra engager des poursuites à l’encontre de M. Jame et de la SARL POLLEN.
Il fait peu de doute qu’il poursuivra la répression de la complicité d’escroquerie.
L’action civile pourrait être engagée par les associés de la SARL POLLEN si la société a subi un préjudice.

4. Possibilité de poursuite de la SARL pour complicité d’escroquerie


Une personne morale de droit français peut-elle avoir la qualité de complice d’une infraction commise à l’étranger ?

La complicité est visée à l’article L121-7 du Code pénal. Les conditions de son incrimination supposent :
- un fait principal punissable L’infraction doit être constituée dans l’ensemble de ses éléments (légal, matériel, moral) ;
- un acte de complicité. Il est en principe positif, sauf lorsque la loi retient expressément la poursuite d’une complicité
passive. Les trois moyens de la complicité sont : - l’aide ou l’assistance,
- la provocation,
- l’instruction ;
- un élément moral : la complicité est intentionnelle (cela suppose la connaissance de participer à la commission d’une
infraction), peu importe que le fait principal soit intentionnel ou non.
En outre, la complicité en matière internationale implique (cf. question 2) la réciprocité d’incrimination.

La complicité entre personnes morales suppose la réunion d’éléments complexes. Il faut en effet qu’un organe ou un
représentant de la société complice ait agi pour le compte de cette dernière, aux fins de permettre la réalisation d’une
infraction par une autre personne morale, dont le représentant ou un de ses organes aura été la main permettant la
commission de l’infraction au profit de la société.
La responsabilité du complice ou de l’auteur est retenue si l’infraction à été commise dans l’intérêt de la personne morale.
Par contre, peu importe qu’elle en ait tiré un bénéfice ou non.
En conséquence, la responsabilité de la personne morale ne sera pas engagée si son représentant a poursuivi son intérêt
personnel.

En l’espèce, le fait principal punissable est l’escroquerie. Visée à l’article L313-1 du code pénal, l’escroquerie est « le fait,
soit par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’abus d’une qualité vraie, soit par l’emploi de manœuvres
frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un
tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte opérant
obligation ou décharge ».
L’escroquerie est punie de cinq ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende.
Elle est réprimée en droit français et en droit italien.
Les actes de complicité consistent à distribuer les publicités et à recueillir les contrats souscrits. Ils ont été réalisés par
M. Jame, en qualité de représentant de la société.
Par contre, les actes de complicité n’ont pas été commis dans l’intérêt de la société. Il semble au contraire que seul le
gérant en ait tiré un bénéfice sous la forme de commissions.
Dès lors, les seuls actes matériels ne suffisent pas à établir la responsabilité de la SARL POLLEN.

5. Juridictions compétentes, éléments constitutifs de l’infraction et peines encourues


a) Juridiction compétente
Le code pénal opère une classification tripartite des infractions :
• Les contraventions : infractions les moins graves pour lesquelles une peine d’amende est en général encourue. Il
ne peut y avoir de peine visant à l’incarcération du délinquant et leur création relève du pouvoir réglementaire.
• Les délits : ils sont sanctionnés par une peine d’emprisonnement maximum de 10 ans et une peine d’amende. Leur
création relève du pouvoir législatif.
• Les crimes : ce sont les infractions les plus graves sanctionnés par une peine de réclusion criminelle de plus de 10
ans. Leur création relève du pouvoir législatif.
L’originalité du système judiciaire pénal français tient à attribuer la compétence d’une juridiction au premier degré pour
chacune des infractions visées. Soit :
- contraventions = compétence du tribunal de police et du juge de proximité ;
- délits = compétence du tribunal correctionnel ;
- crimes = compétence de la cour d’assises.

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30 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

L’infraction d’escroquerie est punie d’une peine d’emprisonnement de 5 ans et d’une peine d’amende de 375 000 euros.
Il s’agit par conséquent d’un délit qui relève de la compétence du tribunal correctionnel.

b) Constitution de l’infraction
La constitution d’une infraction suppose la réunion de 3 éléments :

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• Un élément légal, c’est-à-dire qu’une loi ou un règlement doit prévoir la sanction du comportement visé.
• Un élément matériel : ce sont les éléments matériellement objectifs de commission de l’infraction. Ils doivent
correspondre à ceux visés par la loi.
• Un élément moral, c’est-à-dire la conscience infractionnelle chez le délinquant.
L’infraction ne peut être constituée s’il manque l’un de ces éléments, mis à part quelques exceptions (les contraventions
ne requièrent pas la preuve de l’élément moral ainsi que quelques rares délits).
L’élément moral (on parle aussi de dol général et de dol spécial) est souvent déterminant, puisque le ministère public doit
apporter la preuve que l’auteur des faits avait conscience de participer à la commission de l’infraction poursuivie. Une telle
ignorance est ainsi souvent un moyen de défense de la part de la personne poursuivie. Dès lors, la découverte d’éléments
matériels ne laissant aucun doute sur la connaissance de l’infraction permet d’apporter la preuve de la conscience
infractionnelle du délinquant et donc de constituer l’infraction dans l’ensemble de ses éléments.
Dans notre cas, la découverte d’écrits à l’occasion de la perquisition permet de démontrer l’existence de l’élément moral.
À défaut, M. Jame aurait toujours pu faire valoir son ignorance quant à sa participation à l’infraction d’escroquerie.

c) Types de peine pouvant être envisagée à l’encontre de M. Jame


On opère en général une classification tripartite des peines :
• Les peines principales. Ce sont les peines prévues par la loi pour chacune des infractions poursuivies (peines
contraventionnelles : en principe l’amende ; peines délictuelles : emprisonnement et amende ; peines criminelles :
réclusion et amende).
• Les peines accessoires. Elles s’ajoutent à la peine principale. Par exemple, la confiscation d’un bien, l’interdiction de gérer...
• Les peines alternatives. Elles sont prononcées à la place de la peine principale et ne concernent que les délits et
les contraventions (travail d’intérêt général, jour amende...).
En cas de pluralité d’infraction de même nature dans la commission du même fait (un dirigeant social commet un faux
pour présenter des comptes annuels inexacts), il n’y a pas de cumul des peines de chaque infraction. Par contre sont
encoures les peines les plus élevées pour chacune des infractions.
En outre, le juge peut suspendre l’exécution de la peine et l’assortir d’un sursis simple ou d’un sursis avec mise à l’épreuve.
Enfin, l’auteur principal encourt les peines que la loi prévoit pour l’infraction poursuivie.
Le complice quant à lui encourt les mêmes peines que l’auteur principal.
M. Jame, en qualité de complice, encourt les peines prévues pour l’escroquerie, à savoir une peine d’emprisonnement de
5 ans et une peine d’amende de 375 000 euros. Il s’agit des peines maximales encourues. Cela ne veut pas dire qu’elles
seront prononcées à cette hauteur. S’il s’agit de la première infraction de M. Jame, le tribunal prononcera
vraisemblablement une peine d’emprisonnement assortie d’un sursis.
À titre accessoire et en considération de la nature de l’infraction et de la qualité de dirigeant social, une peine accessoire
d’interdiction de gérer peut être prononcée.

6. Possibilité pour M. Jame de bénéficier de la reconnaissance préalable de culpabilité


M. Jame, poursuivi pour complicité d’escroquerie, souhaite bénéficier de la procédure sur reconnaissance préalable de culpabilité.
Quelles sont les conditions permettant le recours à cette procédure ?
En vertu de l’article L495-7 du Code de procédure pénale, le procureur de la République peut, à la demande de l’intéressé,
recourir à la procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Cette faculté est ouverte pour les délits
punis à titre principal d’une peine d’amende ou d’une peine d’emprisonnement d’une durée inférieure ou égale à cinq ans
(sont exclues de cette procédure les infractions pour lesquelles une procédure spécifique est prévue par le législateur).
Lorsque la procédure est engagée, le procureur peut proposer d’exécuter une ou plusieurs des peines principales ou
complémentaires encourues. S’il s’agit d’une peine d’emprisonnement, sa durée ne peut être supérieure à un an ni excéder
la moitié de la peine d’emprisonnement encourue.
L’accord est ensuite homologué devant le juge qui vérifie la qualification des faits et l’assentiment des parties.
En l’espèce, le complice encourt la même peine que l’auteur principal, à savoir une peine de 5 ans d’emprisonnement et
375 000 euros d’amende. L’infraction entre donc dans le champ d’application de la loi et M. Jame, à condition qu’il soit
poursuivi, pourra valablement y avoir recours.

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UE 1 Corrigé 31
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Schéma

PLAINTE AVEC
SAISINE DU JUGE INFORMATION
CONSTITUTION DE
D'INSTRUCTION JUDICIAIRE

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ARTIE C
PARTIE CIVILE

CLASSEMENT SANS
CITATION DIRECTE
SUIT
SUITE

COMPARUTION
IMMÉDIATE
PLAINTES MINISTÈRE PUBLIC
POURSUITE
POURS
TRANSMISES PRINCIPE
ACTION PUBLIQUE
AC
CTTION PU
U
UB
AU MINISTÈRE D
D'OPPORTUNITÉ DES
COMPARUTION SUR
PUBLIC POURS
POURSUITES
RECONNAISSANCE
ENQUÊTE
ENQUUÊT PRÉALABLE DE
PRÉLIMI
PRÉLIMINAIRE CULPABILITÉ

INFRACTION RÉQUISITOIRE
ENQU
ENQUÊTE INFORMATION
ABSENCE DE INTRODUCTIF
PRÉLIMINAIRE JUDICIAIRE
PLAINTE D'INSTANCE

CO
COMPOSITION PÉNALE

ALTE
ERNATIIV
ALTERNATIVES AUX
POURSUITES

M
MÉDIATION PÉNALE

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32 Corrigé UE 1
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UE 1 Corrigé 33
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Auteur :
Grégory Lachaise MERLIN

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Compétences attendues Savoirs associés

Savoir identifier et qualifier les Droit pénal spécial des affaires et des sociétés :
principales infractions en droit pénal des abus de confiance, ABS, Présentation de
affaires et des sociétés et celles comptes annuels inexacts, Dividendes fictifs,
spécifiques au CAC Surévaluation des apports en nature,
Responsabilité pénale du CAC

1. Qualification pénale envisageable


M. Vers, salarié de la SA MERLIN, utilise son ordinateur professionnel pour consulter des sites pornographiques, et y
télécharger des films de la même teneur. De même, un ancien salarié de la société ayant constitué sa propre structure
commerciale a utilisé des informations sur les clients de la SA Merlin au profit de son entreprise
De quelle qualification pénale peut relever le détournement par un salarié, pour son propre compte, de la connexion
Internet mise à sa disposition par un employeur et des informations relatives à la clientèle pour son propre compte ?

Qualification de l’abus de confiance


Toute infraction pénale suppose la réunion de trois éléments :
- un élément légal ;
- un élément matériel ;
- un élément moral (exception faite des contraventions et de certains délits).
L’abus de confiance, pour être punissable, doit réunir les trois conditions suivantes :
- un élément légal. L’infraction est visée à l’article L314- 1 du code pénal ;
- un élément matériel. Il suppose :
- la remise d’une chose à titre précaire aux fins de les représenter ou d’en faire un usage déterminé. Il peut s’agir
de fonds, de valeurs ou un bien quelconque,
- le détournement de la chose remise, c’est-à-dire un usage non conforme à celui prévu,
- un préjudice ;
- un élément moral, c’est-à-dire la conscience de commettre un acte interdit par la loi.

Sanctions
L’abus de confiance est puni de trois ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende. Des peines plus lourdes
peuvent être encourues, notamment à raison de la qualité de l’auteur des faits.

En l’espèce
La condition de l’élément légal est bien sûr remplie.
L’élément matériel : d’une part, la connexion peut être considérée comme un bien immatériel remis à titre précaire par
l’employeur, pour en faire un usage déterminé (accomplir le travail fournit). Le détournement est caractérisé par un usage
non conforme à celui prévu (consultation de sites pornographiques). Et le préjudice subi par la société pourra être moral
ou financier selon l’usage qui aura été fait de la connexion. D’autre part, les informations relatives à la clientèle constituent
un bien immatériel, remises au salarié le temps de son emploi pour un usage déterminé. Le détournement au préjudice
de l’employeur est constitué par l’emploi qui en est fait pour le propre compte de M. Vers.
L’élément moral : M. Vers avait pleinement conscience du caractère irrégulier de son comportement.
Par conséquent, l’infraction pénale d’abus de confiance est constituée à l’égard de M. Vers.

2. Abus de biens sociaux : qualification et peines encourues


Champ d’application de l’abus de biens sociaux
L’abus de biens sociaux est applicable aux sociétés anonymes et aux sociétés à responsabilité limitée. Il s’étend aux
sociétés en commandite par actions ainsi qu’aux sociétés par actions simplifiées. Dans les autres sociétés, les faits
pourront être poursuivis sur le fondement de l’abus de confiance.

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34 Corrigé UE 1
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Condition préalable relative aux auteurs


Les auteurs de l’infraction sont déterminés par les textes applicables à chaque société. Il s’agit des membres de la direction
et de l’administration pour les SA, des gérants de droit ou de fait pour les SARL, ou encore des présidents pour la SAS.

Les éléments constitutifs de l’infraction

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L’élément matériel
L’abus consiste en un usage des biens ou du crédit de la personne morale contraire à l’intérêt social. L’usage peut consister
en l’appropriation ou la dissipation des biens ou du crédit de la société. Il peut aussi s’entendre d’un acte d’administration,
voire d’une abstention, c’est-à-dire d’une omission d’agir. L’acte contraire à l’intérêt social est entendu extensivement par
la jurisprudence. En effet, sont visés non seulement les actes portant atteinte au patrimoine de la société, mais aussi ceux
faisant courir un risque anormal à la société.
L’élément moral
Il consiste en un dol général, c’est-à-dire la conscience d’agir en violation de l’intérêt social et en un dol spécial, c’est-à-
dire le fait d’avoir agit dans son intérêt personnel ou dans celui d’une autre personne morale dans laquelle le dirigeant à
des intérêts.

Sanctions
L’auteur encourt une peine d’emprisonnement de 5 ans et 375 000 euros d’amende.

En l’espèce, validons en premier lieu les points communs aux faits :


La SA MERLIN entre dans le champ d’application de la loi.
L’auteur, M. Reglot, a la qualité de dirigeant.
Concernant les éléments constitutifs :
- l’invitation du gérant de la SARL à la charge de la SA constitue un usage du crédit de la société. Par contre, il ne
semble pas contraire à l’intérêt social (signature du contrat) ni réalisé dans un but d’intérêt personnel. L’infraction
n’est donc pas constituée ;
- l’usage du véhicule : il s’agit d’un bien de la société. Son usage est contraire à l’intérêt social (indisponibilité du
véhicule à plusieurs reprises). Quant à l’intérêt personnel, M. Reglot ou sa femme en font un usage privé tout en
sachant que la société pourrait en avoir besoin. L’infraction est constituée dans l’ensemble de ses éléments
constitutifs, légal, matériel et moral ;
- l’absence de réclamation de la créance de 50 000 euros : l’usage peut consister en une abstention d’agir. Tel est le
cas. Cette abstention est contraire à l’intérêt social. Enfin, elle est motivée pour favoriser la SA DSITRIBLINE, dans
laquelle M. Reglot est administrateur. Les éléments constitutifs de l’infraction sont établis.

3. Les agissements du DG de la SA
La SA entretient des relations commerciales avec plusieurs sociétés, dont certaines connaissent de graves difficultés.
Confiant dans une reprise de leur activité, le directeur général de la SA s’est abstenu d’augmenter la provision pour
créances douteuses et a fait figurer à l’actif du bilan lesdites créances à leur valeur nominale. Il a d’autre part fait figurer à
l’actif du bilan des plus-values non encore réalisées. Enfin, à l’occasion de l’assemblée générale, les actionnaires ont voté
la distribution d’un dividende de 100 000 euros.
• Le délit de présentation de comptes annuels inexacts est-il constitué ?
• Doit-on considérer, bien qu’il y ait eu vote des actionnaires, que la société a opéré une distribution de dividendes
fictifs ?

a) Le délit exige la réunion des éléments constitutifs de l’infraction :


• Élément légal. La répression de l’infraction est disséminée dans le code de commerce pour chacune des sociétés
concernées (art. L246-6, 2° pour la SA, L244-1 pour la SAS par exemple).
• Élément matériel. Deux éléments sont visés pour la constitution de la matérialité de l’infraction :
- la présentation ou la publication des comptes. La présentation est matérialisée par la communication des
comptes aux actionnaires. Néanmoins, la simple mise à disposition suffit. La publication, quant à elle, comprend
tout moyen de nature à porter les comptes sociaux à la connaissance des tiers ;
- des comptes sociaux inexacts. L’inexactitude doit procéder d’une intention frauduleuse et non d’une simple
erreur. L’inexactitude prend souvent appui sur la constitution d’une autre infraction : le faux.
• Élément moral. On retrouve ici la notion de dol général (cf. cas POLLEN, question 6 b), c’est-à-dire la conscience
infractionnelle de l’auteur, et le dol spécial, c’est-à-dire une intention particulière, en l’occurrence la dissimulation de
la situation véritable de la société.
Le délit est sanctionné par une peine d’emprisonnement de 5 ans et d’une amende de 370 000 euros.

En l’espèce :
- l’élément légal est validé : la SA est visée par l’article L242-6 du code de commerce ;
- l’élément matériel est validé : tout d’abord, les comptes sociaux ont été communiqués aux actionnaires. Ensuite, le
fait de faire figurer à l’actif du bilan les créances à leur valeur nominale de même que la comptabilisation à l’actif du
bilan des plus-values non encore réalisées matérialisent l’infraction ;

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UE 1 Corrigé 35
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

- l’élément moral est validé : le dol général est constitué. En effet, le directeur général de la SA n’ignore pas l’irrégularité
de cette opération. Le dol spécial est aussi constitué puisque la manœuvre consistait à cacher la situation de la
société pour conforter les actionnaires.

b) L’article L242-6 du code de commerce (élément légal) s’applique. Il sanctionne le fait d’opérer entre les actionnaires la

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répartition de dividendes fictifs, en l’absence d’inventaire, ou au moyen d’inventaires frauduleux. L’assentiment des
actionnaires importe peu quant à la responsabilité du dirigeant social puisque leur consentement peut être vicié.
L’élément matériel de l’infraction se caractérise par :
- une distribution de dividende : la simple mise à disposition suffit ;
- des dividendes fictifs, c’est-à-dire qu’ils ne correspondent pas à un bénéfice réalisé par la société ;
- des moyens frauduleux, c’est-à-dire le plus souvent une majoration de l’actif d’où résulte un inventaire frauduleux.
L’absence d’inventaire constitue également un moyen sanctionné.
L’élément moral
Il suppose l’intention de l’auteur, c’est-à-dire la connaissance par lui, d’une distribution de dividendes ne correspondant
pas à la réalité comptable de la société.

La peine encourue est de 5 ans d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende.

En l’espèce, des dividendes ont été distribués pour un montant de 100 000 euros. Ces dividendes correspondent à un
bénéfice non réalisé au titre de l’année en cours. Le moyen est frauduleux puisque ont été portées à l’actif des créances
non recouvrées et peut être non recouvrables. L’intention est manifeste, puisque M. Reglot a voulu conforter les
actionnaires de la société par cette décision.

4. Fondements sur lesquels engager la responsabilité de M. Reglot


À la constitution de la SA MARINA, M. Reglot a apporté du matériel de bureau, ancien et inutile, ainsi qu’un brevet non
protégé, le tout estimé pour un montant de 15 000 euros. La SA CHALUT a réalisé un apport en nature constitué d’un
local acquis dans le cadre d’une procédure collective pour un montant de 70 000 euros et valorisé dans l’apport à 100 000
euros.
Quels sont les éléments caractérisant le délit de surévaluation des apports en nature ?

Le capital social constitue le gage des créanciers. Ainsi, sa surévaluation est de nature à leur porter préjudice, dans la
mesure où leur confiance en la solvabilité de la société a pu être trompée.
La loi sanctionne le fait pour toute personne de faire attribuer frauduleusement à un apport en nature une évaluation
supérieure à sa valeur réelle (pour la SA : art. L242-2 C. Com. = élément légal).
L’infraction suppose un élément matériel caractérisé par la surévaluation de l’apport et un élément moral, qui consiste en
l’intention frauduleuse d’attribuer une valeur supérieure à la valeur réelle.
Si la recherche de la valeur de l’apport peut techniquement poser quelques difficultés, c’est essentiellement l’élément
moral qui permettra de déceler l’infraction. En effet, la surévaluation, si elle attestée, peut être de bonne foi et son auteur
ne pourra en être pénalement responsable. Le juge fera donc essentiellement porter son attention sur le caractère
frauduleux, surtout lorsque la surévaluation n’est pas manifeste.
Les sanctions consistent en une peine d’emprisonnement de 5 ans et une peine d’amende dont le montant est de 9 000
euros pour une SA et 375 000 euros pour une SARL.

En l’espèce, l’apport de M. Reglot est fictif (éléments mobiliers anciens et inutiles, brevet périmé), son évaluation est a
fortiori frauduleuse. M. Reglot ne pouvait ignorer cet état de fait. L’infraction est constituée.
Quant à l’apport de la SA CHALUT, l’acquisition aux enchères d’un bien immobilier ne présume pas de sa valeur réelle.
En effet, il est régulier que de telles procédures permettent aux investisseurs de concrétiser des opportunités sur lesquelles
ils peuvent espérer des plus-values substantielles. Dès lors, il conviendra de procéder à son évaluation par dire d’experts,
sachant au surplus que le différentiel (30 000 euros) est peu important pour un immeuble. Si l’évaluation est de 70 000
euros, seul l’élément moral permettra de déceler l’intention frauduleuse et donc de qualifier l’infraction.

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36 Corrigé UE 1
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

5. comportement de M. Réglot
L’assemblée générale doit être réunie dans les six mois au plus tard de la clôture de l’exercice en vue de statuer sur les
comptes annuels. Le fait de ne pas soumettre à l’approbation de l’assemblée générale ordinaire les comptes annuels et
le rapport de gestion est puni d’un emprisonnement de six mois et d’une amende de 9 000 euros. Sont visés le président
ou les administrateurs d’une société anonyme.

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D’autre part, la participation d’un actionnaire aux assemblées générales constitue un droit inhérent à cette qualité et ne
peut être subordonné à aucune condition. Le défaut de convocation ou les manœuvres visant à écarter un actionnaire
constitue un délit puni d’un emprisonnement de deux ans et d’une amende de 9 000 euros. En cas de cumul d’infraction
la peine encourue est celle la plus sévère des infractions retenues.
En l’espèce, les manœuvres de M. Réglot ainsi que le fait de ne pas soumettre l’approbation des comptes dans les délais
légaux sont passibles d’une peine de 2 ans d’emprisonnement et 9 000 euros d’amende.

6. Responsabilité pénale du commissaire aux comptes


Plusieurs faits sont à relever :
- M. Bond a été témoin d’une conversation faisant état d’un empoisonnement du dirigeant social par sa femme ;
- il a révélé à Mlle Puce des informations confidentielles sur la SA MARINA ;
- il a certifié des comptes inexacts.

Plusieurs missions sont confiées au commissaire aux comptes :


• La vérification de la régularité des comptes sociaux.
• La certification des comptes de l’exercice.
• Mission de surveillance du fonctionnement interne des organes de la société.
• Missions d’information à l’égard des dirigeants sociaux, des actionnaires, des institutions représentatives du
personnel, du comité d’entreprise, de l’Autorité des Marchés Financiers, et du procureur de la République en cas de
faits délictueux qu’il aurait eu à connaître dans l’exercice de ses missions.

En cas manquement à l’une de ses obligations, le commissaire aux comptes est susceptible :
• D’engager sa responsabilité civile en cas de faute professionnelle.
• D’engager sa responsabilité pénale en qualité d’auteur de l’infraction. En outre, sa qualité de complice peut être
recherchée dès lors qu’il a, par aide ou assistance, instruction ou provocation, favorisé la commission d’une infraction
imputable aux dirigeants sociaux.
• D’être l’objet d’une procédure disciplinaire devant la chambre régionale de discipline.

Les infractions spécifiques au commissaire aux comptes visées dans le cas :


• La non-révélation de faits délictueux au Procureur de la République
Le délit est visé à l’article L820-7 du code de commerce (élément légal). Il s’agit d’une infraction d’omission, c’est-à-
dire que la matérialité des faits délictueux consiste en une abstention. Cependant, le commissaire n’est obligé à
révélation que pour les infractions dont il a connaissance dans l’exercice de sa mission légale. Enfin, il est nécessaire
d’apporter la preuve du caractère intentionnel du manquement à son obligation (élément moral). L’infraction est
réprimée par une peine de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.
• La violation du secret professionnel
Certaines professions, dont le commissariat aux comptes, sont astreintes au secret professionnel. Les articles L820-5
et L822-15 en répriment la violation pour cette dernière (élément légal). Le secret couvre l’ensemble des informations
dont le commissaire aux comptes a connaissance au cours de sa mission légale. Il doit donc faire preuve d’une totale
discrétion à l’égard des actes, faits et renseignements qu’il détient à raison de sa fonction. La matérialité des faits
réprimés consiste en une révélation d’informations couvertes par le secret professionnel (élément matériel). Enfin, le
délit est n’est définitivement constitué que si le commissaire aux comptes a agi sciemment. L’infraction est réprimée
par une peine d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.
• La confirmation d’informations mensongères
L’article L820-7 du code commerce réprime « d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 75 000 euros le
fait, pour toute personne, de donner ou confirmer soit en son nom personnel, soit au titre d’associé dans une société
de commissaires aux comptes des informations mensongères sur la situation de la personne morale… ». La matérialité
de l’infraction consiste en une confirmation écrite ou orale d’informations mensongères de nature financière, comptable,
juridique, économique sur la société dont il contrôle les comptes. Enfin, le délit suppose pour le commissaire aux
comptes la connaissance mensongère des informations qu’il confirme pourtant (élément moral).

En l’espèce :
- en ce qui concerne l’empoisonnement, il n’a aucune obligation d’informer le procureur de la république en vertu de
l’article L820-7. En effet, les faits dont il a connaissance ne relèvent pas de sa mission légale ;
- les informations révélées à Mlle Puce sont des renseignements confidentiels concernant la situation financière et
économique de la société. Il ne peut ignorer la protection dont elle aurait dû faire l’objet. L’infraction est constituée ;
- la certification de M. Bond consiste en une confirmation écrite d’informations mensongères dont il ne pouvait ignorer
le caractère. L’infraction est constituée.

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UE 1 Corrigé 37
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

MOIRON
Auteur :
Grégory Lachaise

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Compétences attendues Savoirs associés

Savoir identifier une opération de L’entreprise et la concurrence,


concentration et maîtriser la procédure Contrôle des concentrations en droit interne et
afférente, en droit de l’union européenne,
Qualifier et caractériser des pratiques Entente illicite, Revente à perte
anticoncurrentielles ou restrictives de la
concurrence illicites

1. Éléments constitutifs d’une entente illicite


La société MOIRON, spécialisée dans la fabrication et la distribution de produits cosmétiques, a créé un réseau de
franchisés. Pour s’assurer d’une homogénéité de l’offre, le franchiseur a dernièrement réuni l’ensemble des franchisés.
Un accord a été signé entre les partenaires. Les franchisés s’engagent à démarcher les comités d’entreprise et les
collectivités aux conditions qui leurs seront fournies dans un catalogue à venir. Un mois plus tard, le catalogue en question
leur parvient : il détaille l’ensemble des produits à la vente et leur prix TTC minimum sur pré-imprimés.
Quelles sont les conditions et les sanctions relatives à une entente illicite ?

Les ententes illicites : conditions


L’article L420-1 du code de commerce dispose : « Sont prohibées même par l’intermédiaire direct ou indirect d’une société
du groupe implantée hors de France, lorsqu’elles ont pour objet ou peuvent avoir pour effet d’empêcher, de restreindre ou
de fausser le jeu de la concurrence sur un marché, les actions concertées, conventions, ententes expresses ou tacites ou
coalitions ». Le droit européen sanctionne tout autant ces pratiques à l’article 81 du traité instituant la Communauté
européenne.
Les ententes entre entreprises sont dites horizontales lorsqu’elles concernent des entreprises situées au même niveau de
la chaîne économique (ententes entre opérateurs téléphoniques, ententes entre boulanger). Elles sont dites verticales
lorsqu’elles regardent des acteurs économiques situés à différents échelons du circuit économique (contrat de franchise,
contrat de concession…).
L’entente est caractérisée par une concertation exprimant une volonté autonome et commune d’au moins deux entreprises
ayant pour objet de :
- limiter l’accès au marché ou le libre exercice de la concurrence par d’autres entreprises ;
- faire obstacle à la fixation des prix par le libre jeu du marché en favorisant artificiellement leur hausse ou leur baisse ;
- limiter ou contrôler la production, les débouchés, les investissements ou le progrès technique ;
- répartir les marchés ou les sources d’approvisionnement.

L’entente sur les prix est la plus courante. Elle fausse le jeu de la libre concurrence et trompe le consommateur du bénéfice
qu’il pourrait tirer de cette dernière. L’entente peut consister en une fixation directe ou indirecte, expresse ou tacite des
prix, à la hausse ou à la baisse, entre les opérateurs économiques.

Sanctions
L’Autorité de la concurrence est une autorité administrative indépendante compétente pour connaître du contentieux relatif
aux pratiques anticoncurrentielles. Il s’agit d’une compétence d’attribution. Elle peut prononcer des injonctions et des
amendes à l’égard des opérateurs économiques entrant dans son champ de compétence.

La pratique des prix imposés


Le code commerce interdit le fait par toute personne d’imposer, directement ou indirectement, un caractère minimal au
prix de revente d’un produit ou d’un bien, au prix d’une prestation de service ou à une marge commerciale. Les faits sont
punis d’une amende de 15 000 € (art. 442-5 C. Com.).

En l’espèce, l’accord conclu entre la société MOIRON est les franchisés est une entente verticale qui porte sur les prix
puisque ces derniers ont accepté le principe d’une offre tarifaire ayant pour effet de fausser le libre jeu de la concurrence.
De même, le prix imposé sur catalogue ainsi que l’interdiction de surenchère est une pratique qui, par sa nature, porte
atteinte à la concurrence et est sanctionné par l’article 442-6 du code commerce.

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38 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

2. Revente à perte
Dans le cadre de ses offres promotionnelles, la société MOIRON propose dans son catalogue publicitaire du mois d’avril
l’offre suivante : « le flacon d’essence de vigne vierge de 50 cl au prix de 20 euros. Pour un euro de plus, la crème Vitalis
à la Reine des prés ou la crème de jour au palétuvier ».
Cette offre est-elle constitutive d’une revente à perte ?

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Pratique concurrentielle interdite, la revente à perte consiste pour tout commerçant à revendre ou annoncer la revente
d’un produit en l’état à un prix inférieur à son prix d’achat effectif.
Tel qu’en dispose l’article L442-5 du code de commerce, « le prix d’achat effectif est le prix unitaire net figurant sur la
facture d’achat, minoré du montant de l’ensemble des autres avantages financiers consentis par le vendeur exprimé en
pourcentage du prix unitaire net du produit et majoré des taxes sur le chiffre d’affaires, des taxes spécifiques afférentes à
cette revente et du prix du transport ». La violation de cette interdiction est punie de 75 000 euros d’amende (montant
maximal).
En cas de vente indivisible, le prix d’achat effectif se déduit de l’opération visée dans son ensemble et non produit par
produit. Il convient donc d’avoir une approche globale des opérations de vente avec prime autopayante et s’assurer que
le cumul des prix d’achat effectif des articles proposés n’est pas inférieur au prix de vente global de ces derniers.

En l’espèce, l’action des concurrents sera fondée si le prix d’achat effectif des deux produits est supérieur à 21 euros. Par
contre ils ne pourront argumenter sur le fait que le prix d’achat des crèmes litigieuses est supérieur à un euro.

3. Opération de fusion-absorption – Rôle éventuel du Conseil de la concurrence


La société MOIRON a acquis une importance nationale sur le marché de la cosmétique. Sachant saisir les opportunités,
elle a proposé une fusion absorption à la SA MERLIN et la SAS CORPUS.
Les opérations de concentration doivent-elles faire l’objet d’une procédure spécifique en droit interne ?

Notion de concentration
Les opérations de concentration sont régies par les articles L430-1 à L430-10 du Code de commerce dont un guide
didactique a été publié par l’Autorité de la concurrence le 10 juillet 2013. Leur contrôle vise à éviter la création de situations
monopolistiques portant atteinte à la concurrence.
Une opération de concentration, entre deux ou plusieurs entreprises, est réalisée lorsqu’elle procède d’une fusion, de
l’acquisition du contrôle exclusif d’une entreprise sur l’autre, antérieurement indépendante, de l’acquisition d’un contrôle
conjoint par plusieurs entreprises, de la modification des entreprises détenant un contrôle conjoint, ou encore de la création
d’une entreprise commune de plein exercice (joint-venture).

Seuils d’application du contrôle


Seules les opérations de concentration dépassant cumulativement les trois seuils suivants font l’objet d’un contrôle :
- le chiffre d’affaires total mondial hors taxes de l’ensemble des entreprises ou groupes des personnes physiques ou
morales concernées est supérieur à 150 millions d’euros ;
- le chiffre d’affaires total hors taxes réalisé individuellement en France par deux au moins des entreprises ou groupes
des personnes physiques ou morales concernées est supérieur à 50 millions d’euros ;
- l’opération n’entre pas dans le champ d’application du contrôle communautaire des concentrations.

Procédure
La loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008 a modifié la procédure jusqu’alors applicable. Elle se décline comme
suit :
• Notification de l’opération par lettre recommandée avec accusé de réception à l’Autorité de la Concurrence ;
• L’Autorité procède à un examen de l’opération. La décision est rendue dans un délai de 25 jours ouvrés à compter de
la date de réception du dossier de notification. Si aucune difficulté sérieuse n’est remarquée, l’Autorité autorise
l’opération ;
• S’il existe un risque sérieux d’atteinte à la concurrence (renforcement d’une position dominante, situation de
dépendance économique), l’Autorité ouvre une phase 2 pour une analyse approfondie de l’opération. Le délai
d’examen est de 65 jours. À son terme, l’Autorité peut soit autoriser purement et simplement l’opération, soit l’autoriser
sous conditions particulières, soit enfin l’interdire ;
• L’évocation de l’affaire par le ministre de l’Économie. Exceptionnellement, le ministre de l’Économie peut évoquer
l’affaire si l’opération comprend un aspect stratégique. Dans ce cas, il n’est pas tenu par la décision de l’Autorité de
la Concurrence, et peut adopter une décision motivée par des raisons d’intérêt général (ces raisons sont multiples :
maintien de l’emploi, de la compétitivité des entreprises, ou encore nécessite de soutenir le développement industriel).

En l’espèce, la fusion envisagée est une opération de concentration.


Le chiffre d’affaires total mondial hors taxes des trois sociétés est de 152 millions d’euros.
Le chiffre d’affaires total hors taxes réalisé individuellement par au moins 2 sociétés est supérieur à 50 millions d’euros
pour la SA MERLIN (52 millions) et la SA MOIRON (75 millions).
Enfin, la fusion ne concerne pas le droit communautaire.
Les conditions étant réunies, l’opération de fusion-absorption devra être notifiée à l’Autorité de la concurrence.

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UE 1 Corrigé 39
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

4. Obligation de consultation du comité social et économique


Les attributions du comité social et économique
Elles sont définies à l’article 2312-8 du code du travail qui dispose : « Le comité social et économique a pour objet
d’assurer une expression collective des salariés, permettant la prise en compte permanente de leurs intérêts dans les
décisions relatives à la gestion et à l’évolution économique et financière de l’entreprise, à l’organisation du travail, à la

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formation professionnelle et aux techniques de production. Le comité est informé et consulté sur les questions intéressant
l'organisation, la gestion et la marche générale de l'entreprise.

D’ordre public Il doit être consulté de façon récurrente sur :


- les orientations stratégiques de l'entreprise ;
- la situation économique et financière de l'entreprise ;
- la politique sociale de l'entreprise, les conditions de travail et l'emploi.

Et de manière ponctuelle sur :


- la mise en œuvre des moyens de contrôle de l'activité des salariés ;
- la restructuration et compression des effectifs ;
- les licenciements collectifs pour motif économique ;
- les offres publiques d'acquisition ;
- les procédures de sauvegarde, de redressement et de liquidation judiciaire ;
- l’inaptitude d’origine professionnelle ou non. »
En l’espèce, l’opération de fusion relève évidemment de la marche de l’entreprise qui a l’obligation d’informer et de
consulter le comité social et économique. Un manquement à cette obligation pourrait être qualifié de délit d’entrave.

5. Contrôle de la commission européenne concernant le rapprochement des sociétés


Une fois l’opération réalisée, la société LABORATORI ISA, de nationalité italienne, et la société COSMETICO, de
nationalité espagnole, ont proposé au directeur général de la SA MOIRON un rapprochement entre leurs entités dans le
cadre d’une entreprise commune. Pour ces dernières, le chiffre d’affaires communautaire est réalisé pour 70% en Italie
(LABORATORI ISA) et 75 % en Espagne (COSMETICO).
La procédure communautaire de contrôle des concentrations a-t-elle vocation à s’appliquer ?
Visées à l’article 3 du règlement communautaire n° 139/2004, les opérations de concentration sont définies en termes
quasi identiques à la législation française.
Par contre, en vertu de l’article 1 du même règlement, les seuils déclencheurs du contrôle sont différents. Ainsi, l’opération
envisagée doit donner lieu au contrôle si les deux conditions suivantes sont cumulativement remplies:
- les entreprises concernées réalisent ensemble un chiffre d’affaires mondial supérieur à 5 milliards d’euros ;
- deux d’entre elles réalisent chacune un chiffre d’affaires supérieur à 250 millions d’euros dans la Communauté, à
condition toutefois qu’elles ne réalisent pas chacune plus des deux tiers de leur chiffre d’affaires communautaire
dans un seul et même État membre.
À défaut de répondre aux précédentes conditions, une opération peut également être qualifiée de communautaire :
- si les entreprises concernées réalisent ensemble un chiffre d’affaires supérieur à 2,5 milliards d’euros dans le monde
et supérieur à 100 millions d’euros dans au moins trois États membres ;
- si dans au moins trois des mêmes États membres, deux d’entre elles réalisent individuellement un chiffre d’affaires
supérieur à 25 millions d’euros ;
- et si deux d’entre elles réalisent individuellement un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros dans la
Communauté.
Ces seuils ne s’appliquent pas si chacune des entreprises concernées réalise plus des deux tiers de son chiffre d’affaires
communautaire dans un seul et même État membre.
Lorsqu’une concentration est de dimension communautaire, l’instruction incombe aux services de la Commission
européenne, et plus précisément à la Direction générale de la concurrence.
En l’espèce, les sociétés LABORATORI ISA, de nationalité italienne, COSMETICO, de nationalité espagnole, et la SA
MOIRON, de nationalité française, souhaitent réaliser un rapprochement entre leurs entités dans le cadre d’une entreprise
commune qui entre dans le champ d’application du règlement communautaire relatif aux concentrations.

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40 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

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UE 1 Corrigé 41
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

CHEVRETINE
Auteur :
Grégory Lachaise

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Compétences attendues Savoirs associés

Qualifier et caractériser des pratiques L’entreprise et la concurrence,


anticoncurrentielles ou restrictives de la Action en concurrence déloyale,
concurrence prohibées, Parasitisme, Contrefaçon,
Qualifier et caractériser des pratiques Abus de position dominante,
commerciales interdites Abus de dépendance économique

1. Recours contre la convention passée


La SA CHEVRETINE produit et distribue depuis 1970 les fameux « cabécous » du Lot. Rebaptisée LE CAPRIN DORE,
elle a conclu le 21 janvier N différents accords avec des grandes enseignes de la distribution. Ces dernières s’engagent à
un approvisionnement exclusif auprès de la société, et la SA, en contrepartie, leur a accordé des rabais tarifaires et des
remises globales sur le chiffre d’affaires.
Quels sont les éléments constitutifs de l’abus de position dominante et les sanctions encourues en ce domaine ?

L’existence d’une position dominante


Définie par l’Autorité de la concurrence et les tribunaux, la position dominante est caractérisée lorsqu’une entreprise est
« susceptible de s’abstraire des conditions du marché, et d’agir à peu près librement, sans tenir compte du comportement
et de la réaction de ses concurrents ». Quand une entreprise exerce un monopole de droit ou de fait, la question ne fait
pas débat. Dans les autres situations, plusieurs indices peuvent concourir à sa détermination, tels que la détention
importante de parts de marchés, ou encore l’appartenance à un groupe puissant. L’analyse doit aussi porter sur le marché
dans lequel l’entreprise opère. Il doit être pertinent, c’est-à-dire défini comme « le lieu sur lequel se rencontrent l’offre et la
demande pour un produit ou un service spécifique » (DGCCRF).
C’est donc au regard d’un marché déterminé que la domination d’une entreprise sera envisagée.

L’abus de position dominante


La position dominante n’est sanctionnée que si son usage est abusif. Non défini par la loi, le caractère abusif résulte
d’appréciations formulées par la DGCCRF et de décisions jurisprudentielles.
Ont ainsi ce caractère :
- les refus de vente ou de contracter visant à restreindre ou interdire de fait à un concurrent d’accéder au marché ;
- les pratiques commerciales, contractuelles et tarifaires ayant pour effet et objectif d’empêcher l’accès au marché,
telles que les remises tarifaires ou les clauses d’exclusivité ;
- les pratiques de prix imposés ou abusivement élevés.

Sanctions
L’Autorité de la concurrence peut, en l’attente de statuer, prendre toute mesure conservatoire de nature à rétablir l’équilibre
du marché. Sur le fond, il peut prononcer des injonctions, éventuellement sous astreinte, visant à mettre fin aux pratiques
anticoncurrentielles, ou enfin prendre des sanctions pécuniaires à l’encontre de l’entreprise concernée dans la limite de
750 000 euros.

En l’espèce, sur le marché déterminé de la production de cabécou, le CAPRIN DORE exerce une position dominante
(l’interlocuteur incontournable et privilégié des grands groupes de la distribution). Cette situation est-elle abusive ? Les
termes de l’accord du 21 janvier N en comportent tous les caractères (approvisionnement exclusif, rabais tarifaires et
remises globales) et conduit à écarter du marché les petits producteurs. Ces derniers pourront utilement saisir l’Autorité
de la concurrence aux fins de faire sanctionner la convention.

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42 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

2. L’usage abusif de dépendance économique


Le « CAPRIN DORE » a renégocié l’ensemble des contrats la liant à des producteurs locaux. Elle a exigé de la part de
plusieurs producteurs, auxquels elle achète 90% de la production, une baisse significative de leur prix de vente sous peine
de ne pas reconduire les contrats. Les producteurs ont finalement signé les conventions pour assurer la survie de leurs
exploitations.

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L’usage abusif de dépendance économique est-il caractérisé ? Une solution fondée sur le droit commun est-elle
envisageable ?

L’article L420-2 al. 2 du Code de commerce prohibe « l’exploitation abusive par une entreprise ou un groupe d’entreprises
de l’état de dépendance économique dans lequel se trouve à son égard une entreprise cliente ou fournisseur ».

L’existence d’une dépendance économique


À la lueur de la jurisprudence et de l’Autorité de la concurrence, les critères suivants, cumulativement réunis, doivent être
déterminants pour apprécier l’état de dépendance :
- la part de l’entreprise dans le chiffre d’affaires de son ou ses partenaires ;
- la notoriété de la marque (ou de l’enseigne) et l’importance de la part de marché de son ou ses partenaires ;
- l’existence ou non de solutions alternatives, les facteurs ayant conduit à la situation de dépendance.

L’abus de dépendance économique


L’abus se caractérise par le fait de tirer parti abusivement de cette dépendance à l’égard d’un client ou d’un fournisseur,
souvent pour lui imposer les termes d’un contrat ou d’une relation auxquels il n’aurait normalement pas souscrit. Son
exploitation sera sanctionnée si elle est susceptible d’affecter le fonctionnement ou la structure de la concurrence (la
potentialité suffit).
Les décisions en la matière sont peu nombreuses dans la mesure où, bien souvent, la juridiction saisie ou l’autorité de la
concurrence constatent l’existence de solutions alternatives.
L’abus peut notamment consister en une menace de rupture des relations commerciales, en un refus de vente, des ventes
liées, ou des pratiques discriminatoires (prix, modalités de vente, conditions de paiement).
À noter par ailleurs qu’au titre des pratiques restrictives de la concurrence, l’article L442-6 (qui n’exige pas une dépendance
économique) sanctionne les pratiques qui visent à créer un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des
parties.

Les sanctions applicables sont identiques à celles prévues pour l’abus de position dominante et n’excluent pas une action
en concurrence déloyale.

Sur le fondement du droit commun, l’ordonnance du 10 février 2016 consacre dans le code civil (art. 1143) la violence
économique. En effet, et sans doute inspiré par les dispositions du code de commerce, le législateur dispose qu’il y a aussi
violence lorsqu’un cocontractant obtient de l’autre partie, du fait de l’état de dépendance dans lequel elle se trouve, des
obligations auxquelles elle n’aurait normalement pas souscrit, et en tire un avantage manifestement excessif. Devront ainsi
être qualifiés l’état de dépendance et la notion d’avantage manifestement excessif, ceux-ci devant être appréciés tant dans
leur dimension juridique qu’économique.
Une fois caractérisée, la violence emportera la nullité du contrat.

En l’espèce, le CAPRIN DORE semble exercer une dépendance économique à l’égard des producteurs :
- elle représente 90% du chiffre d’affaires des fournisseurs ;
- sa notoriété est établie ;
- des solutions alternatives n’apparaissent pas dans les faits, d’autant que plus que la société a conclu avec des
grandes enseignes un accord d’approvisionnement exclusif avec elle (cf. question1).
L’usage abusif se caractérise par une menace de rompre les relations commerciales ayant pour objet d’agir sur les prix.
Enfin, cette pratique semble au moins susceptible d’affecter la structure ou le fonctionnement de la concurrence.
Sur le fondement de la violence, le terrain juridique semble aussi efficace. Néanmoins, si la dépendance économique est
établie, restera à caractériser le caractère manifestement excessif.

3. Action en contrefaçon
La SA LE CAPRIN DORE est actionnaire de la SAS VERTIGES DES SENS. Cette dernière a, sous sa marque, créé des
produits dérivés. Le catalogue est accessible par Internet à l’adresse « vertigedessens.fr », que la SAS a réservée.
Son président, Georges Truffe, prend connaissance d’un site portant le même nom, VERTIGE DES SENS, proposant de
la lingerie féminine au Brésil. La société propriétaire est domiciliée à Sao Paulo et l’ensemble du site est en portugais,
mais le risque de confusion lui paraît évident. Un autre site à l’adresse « vertigedessens.com » propose du fumier pour
jardins exotiques. Enfin, une société dénommée VERTIGE DES SENSATIONS produit et commercialise des accessoires
de table.
Il s’agit de déterminer si les faits relatés sont susceptibles d’être poursuivis pour contrefaçon de marque.

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UE 1 Corrigé 43
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

La contrefaçon de marque
La contrefaçon de marque est visée aux articles L716-1 et suivants du Code de la propriété intellectuelle, qui en réprime
l’acte, civilement et pénalement.
Pour être constituée, la contrefaçon suppose :
- l’absence d’autorisation du propriétaire de la marque, ce qui nécessite pour ce dernier d’en être titulaire. La protection

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s’opère par un dépôt auprès de l’INPI, qui la rend efficace pendant une durée déterminée sur un espace
géographique défini. À noter que « le caractère distinctif de la marque demandée doit être apprécié, d’une part, par
rapport aux produits ou aux services pour lesquels l’enregistrement est demandé et, d’autre part, par rapport à la
perception qu’en a le public pertinent »(CJUE 24 mai 2012). Dans cette affaire, la cour a refusé que Lindt dépose
comme marque « un lapin en chocolat avec ruban rouge », le caractère distinctif n’étant pas établi. En effet, en droit
communautaire la forme d’un produit et son conditionnement peuvent constituer une marque communautaire, à
moins qu’il ne soit dépourvu de caractère distinctif (règlement n°207/2009) ;
- un acte de contrefaçon, qui peut prendre la forme :
- d’une reproduction. Elle peut être à l’identique ou consister en une suppression ou adjonction d’un élément de
la marque,
- d’une imitation. C’est ici le risque de confusion dans l’esprit du public qui est sanctionné, dans la mesure où
l’imitation par des traits de ressemblance est susceptible de la créer,
- de l’usage pur et simple, non autorisé, de la marque à des fins commerciales,
- de la suppression, la modification ou l’apposition d’une marque.

La contrefaçon de marque sur Internet


Le titulaire d’une marque peut faire sanctionner l’emploi d’un signe identique ou similaire à une marque déposée en France
qu’il soit visible ou non sur Internet. Cependant, la cour de cassation pose deux conditions particulières dès lors qu’il s’agit
de faire intervenir le droit international des marques lorsque le supposé contrefacteur utilise un site domicilié à l’étranger.
En premier lieu, la contrefaçon de marque exige l’utilisation de la langue française sur le site poursuivi.
En second lieu, les produits ou services proposés doivent être disponibles sur le territoire protégé.
À cette double condition seulement, le juge français pourra faire sanctionner la contrefaçon de marque sur Internet.

La contrefaçon par usage de nom de domaine


Par principe, un nom de domaine avec des extensions différentes (l’extension identique n’est pas envisageable puisqu’une
fois acquise, elle ne peut être délivrée une seconde fois pendant la période de protection) ne peut contrefaire par
reproduction ou imitation une marque antérieure protégée.
Par exception, une action est envisageable si :
- les produits ou services proposés sur Internet sont identiques ou similaires à ceux de la marque ;
- les sociétés en cause exercent une activité semblable susceptible de créer une confusion dans l’esprit du public.

En l’espèce, le site brésilien est en portugais et les produits sont disponibles au Brésil. Le juge français ne peut donc
valablement connaître d’une action en contrefaçon. Le site vertigedessens.com utilise le même nom de domaine, mais
avec une extension différente. L’activité des sociétés étant radicalement différente ainsi que leurs produits, l’acte de
contrefaçon n’est pas constitué.
Enfin, l’ajout au signe distinctif de la marque (vertige des sens-ation) apparaît comme étant une contrefaçon dans la
mesure où l’activité de la société VERTIGE DES SENS et celle du contrefacteur sont identiques. Le risque de confusion
dans l’esprit du public est manifestement évident.

4. La SARL MANGETOUT victime de concurrence déloyale


La SAS VERTIGE DES SENS a embauché sur dix mois 12 salariés successivement démissionnaires d’une entreprise
concurrente (SARL MANGETOUT).
Peut-on considérer qu’il y a concurrence déloyale ?

Fondement de l’action en concurrence déloyale


L’action en concurrence déloyale n’est pas définie par le législateur. C’est donc sur le fondement du droit commun qu’elle
peut être exercée, à savoir l’action en responsabilité délictuelle visée à l’article 1382 du code civil. Sa mise en œuvre
exige :
- un préjudice : visant traditionnellement à protéger la clientèle de l’entreprise, il peut être étendu au simple trouble
commercial ;
- une faute : elle correspond aux actes constitutifs de concurrence déloyale. Elle peut être intentionnelle ou non et sa
preuve pèse sur le demandeur ;
- un lien de causalité.

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44 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Les actes de concurrence déloyale


Ils sont d’une grande variété et peuvent consister notamment :
- à tirer injustement profit des caractères d’une entreprise. Entrent dans cette catégorie l’utilisation des signes
distinctifs, l’imitation des emballages et conditionnement, l’imitation des publicités et slogans… ;
- en une désorganisation de l’entreprise concurrente. Elle peut consister en un détournement illicite de clientèle, un

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débauchage par manœuvre des salariés, des actes de parasitisme ;
- en des actions de dénigrement, telles que des dénigrements de l’entreprise ou de ses produits. Un arrêt de la cour
de cassation en date du 20 septembre 2012 est venu préciser « que les appréciations, même excessives, touchant
les produits, les services ou les prestations d’une entreprise industrielle et commerciale n’entrent pas dans les
prévisions de l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881, dès lors qu’elles ne portent pas atteinte à l’honneur ou à la
considération de la personne physique ou morale qui l’exploite ». La haute cour repousse donc la possibilité de
sanctionner de tels propos sur le fondement de la diffamation et affirme que ces agissements fautifs relèvent du
dénigrement dont la réparation repose sur l’article 1382 du code civil.

En l’espèce, l’acte de concurrence visé consiste-t-il en un débauchage de salariés ? Conformément au principe de liberté
du travail, la démission de salariés libres de tout engagement, pour rejoindre une autre entreprise, serait-elle concurrente,
ne peut constituer en soi un acte de concurrence déloyale. Il est en effet nécessaire d’apporter la preuve que des
manœuvres ont été employées à cette fin pour désorganiser l’entreprise. Georges Truffe a fait réaliser des encarts
publicitaires dans la presse locale ainsi que des annonces audio sur les ondes de plusieurs radios nationales et proposé
des conditions de travail plus favorables aux salariés concernés. Il n’y a donc pas de manœuvres consistant à rechercher
le départ des salariés. Au surplus, l’échelonnement des départs permet d’exclure toute action concertée entre les salariés
et la société VERTIGE DES SENS.

5. Action contre la SARL SENSITIVE pour parasitisme


Georges Truffe prend connaissance dans la presse d’une jeune société (SARL SENSITIVE) qui propose des accessoires
de tables. Or, l’emballage est à s’y méprendre identique à celui de VERTIGE DES SENS. Même format, même code
couleur, même conditionnement.
Les faits peuvent-ils constituer un acte de parasitisme ?

La cour de cassation (Cass.Com. 26.01.1999) définit le parasitisme comme « l’ensemble des comportements par lesquels
un agent économique s’immisce dans le sillage d’un autre afin de tirer profit, sans rien dépenser, de ses efforts et de son
savoir-faire ».
La notion est indépendante de la contrefaçon et l’échec de la première ne suppose pas celui de la seconde.
L’acte en cause consiste en général à détourner l’investissement d’une autre entreprise au regard de sa notoriété, de son
nom ou de sa technique, provoquant ainsi un détournement de la clientèle et donc une baisse du chiffre d’affaires.
Il peut y avoir comportement parasitaire lorsque deux entreprises sont en concurrence, mais aussi agissement parasitaire
lorsqu’elles ne le sont pas et qu’il peut y avoir un risque de confusion entre elles. L’action en concurrence déloyale s’en
trouve ainsi particulièrement élargie et permet de sanctionner des agissements que la contrefaçon ne permet pas de
réprimer.

En l’espèce, la SARL SENSITIVE propose des produits proches de ceux de la société dirigée par M. Truffe. Même si la
marque est différente, le fait de reproduire les signes couleurs de la SAS, son format et son emballage, permet d’établir
que la SARL a cherché à s’immiscer dans le sillage de la société VERTIGE DES SENS pour tirer profit de son image, de
sa marque, de sa notoriété. Le seul axe de défense possible peut consister à rapporter la preuve que le code couleur
employé est attaché à la nature du produit et que le format et l’emballage résultent d’une nécessité technique au regard
des biens vendus.

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UE 1 Corrigé 45
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

CRISE
Auteur :
Bertrand Beringer

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Compétences attendues Savoirs associés

Assister l’entreprise dans ses relations avec L’entreprise et l’administration fiscale


l’administration fiscale Agrément, rescrit, contrôle et contentieux
Suivre la procédure de vérification fiscale fiscaux
Suivre et orienter le contentieux fiscal

PREMIER DOSSIER
1. Vérification de comptabilité
Mentions obligatoires de l’avis de vérification :
Ø années vérifiées (mais pas les impôts vérifiés)
Ø faculté pour le contribuable de se faire assister par un conseil
Ø information selon laquelle la charte des droits et obligations du contribuable vérifié peut être consultée sur le site
internet de l’administration fiscale ou être remise au contribuable sur simple demande de sa part.
NB : jusqu’en 2015, cette charte devait obligatoirement être remise au contribuable en version papier (à défaut, la vérification était
nulle).

Impôts vérifiés :
Une vérification peut porter sur certains impôts seulement.

Vérification de comptabilité et droit de communication, contrôle fiscal sur demande :


L’Administration fiscale dispose d’un droit de communication relativement étendu, qui lui permet de prendre connaissance,
auprès d’un contribuable « X », de documents (éventuellement comptables) sur place ou par correspondance, et d’en faire
des copies. Ce droit permet à l’Administration de fonder des rectifications sur les impôts dus par d’autres contribuables
que « X », mais aussi des rectifications sur les impôts dus par le contribuable « X ». Dans ce dernier cas, certains
contribuables ont obtenu l’annulation des impositions ainsi réclamées, au motif que la procédure s’assimilait à une
vérification de comptabilité, et que les droits et garanties du contribuable n’avaient pas été respectés (notamment absence
d’envoi d’un avis de vérification avec les années vérifiées et la mention de la faculté de se faire assister par un conseil).
En conséquence, l’administration et la jurisprudence ont été amenées à définir les contours de chaque procédure. La
vérification de comptabilité implique un examen critique, donc actif, de la comptabilité, suivi d’une confrontation des
mentions comptables avec les déclarations souscrites, alors que le droit de communication doit se limiter au relevé passif
d’écritures comptables ou à la copie de documents, à l’occasion d’interventions ponctuelles (aucun examen critique des
documents comptables ne doit intervenir, et aucune mention ne doit être apposée sur ces documents).
Lorsque le droit de communication est exercé dans ces conditions, il peut permettre à l’Administration de procéder à des
rectifications.
La procédure de contrôle fiscal sur demande ne constitue pas une vérification de comptabilité. Réservée aux PME (CA
inférieur à un plafond), elle permet à l’entreprise de solliciter le contrôle de l’Administration fiscale, mais seulement sur un
ou plusieurs points précis. L’Administration n’est pas tenue d’engager le contrôle à la suite de cette demande. Lorsque le
contrôle a lieu et que l’Administration relève des irrégularités, l’entreprise peut déposer une déclaration rectificative, et les
intérêts de retard sont alors minorés de 30% (si l’entreprise ne dépose pas de déclaration rectificative, les redressements
font l’objet d’une procédure de rectification).

2. Calcul des pénalités


N-3 N-2 N-1
Rectifications Prix d’achat des produits à CRISEST 30 000 33 000 40 500
IS correspondant (rectification x 33,1/3% ou 28%) 10 000 9 240 11 340
Pénalités pour insuffisance de déclaration de 0,40% par mois
Point de départ : 1er jour du mois suivant celui au cours duquel 1/06/N-2 1/06/N-1 1/06/N
l’impôt aurait dû être payé. L’IS doit être payé pour
le 15/05 (exercice comptable = année civile)
Point d’arrêt : dernier jour du mois de la proposition de 31/10/N 31/10/N 31/10/N
rectification
Nombre de mois d’intérêts 29 17 5
Taux des intérêts = 0,40% ou 0,20%* x nombre de mois 7,2% 3,4% 1%
Intérêts dus (IS x taux des intérêts) 720 € 314 € 113 €
* 0,40% jusqu’en 2017, 0,20% à compter de 2018.

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46 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. Contestation des avis d’imposition


Rappel des différentes étapes qui suivent la proposition de rectification

Réponse du contribuable à la proposition de rectification :


Le contribuable (la société CRISE ici) dispose d’un délai de 30 jours (délai éventuellement prorogeable, à sa demande,

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de 30 jours) à compter de la réception de la proposition de rectification pour faire parvenir à l’Administration sa réponse à
proposition.

Réponse aux observations du contribuable :


L’Administration doit à son tour répondre aux observations du contribuable. Lorsque le contribuable est une PME (CA
HT annuel inférieur à 1 526 000 € pour les ventes de marchandises ou 460 000 € pour les prestations de services), cette
réponse doit être faite dans un délai de 60 jours (l’absence de réponse de l’Administration dans ce délai équivaut, pour les
PME, à une acceptation des observations du contribuable). Pour les autres entreprises, aucun délai n’est imparti à
l’Administration, en dehors du délai de reprise de 3 ans (cf. ci-après) : en effet, il ne peut y avoir de mise en recouvrement
des impositions si l’Administration n’a pas préalablement adressé au contribuable sa réponse aux observations du
contribuable.

Mise en recouvrement des impositions supplémentaires :


Rappelons que le délai de reprise de l’Administration expire, en principe, à la fin de la troisième année suivant celle au
titre de laquelle l’imposition est due. L’impôt relatif à une année N ne peut donc être mis en recouvrement par
l’Administration fiscale qu’au plus tard le 31/12/N+3. Toutefois, certains événements sont dits « interruptifs de
prescription » : s’ils interviennent avant le délai de reprise ci-avant rappelé, alors l’Administration dispose d’un nouveau
délai pour mettre en recouvrement l’impôt. Tel est le cas d’une proposition de rectification.
Exemple : - l’IS dû au titre de N peut faire l’objet d’une proposition de rectification jusqu’au 31/12/N+3 ;
- cette proposition de rectification est interruptive de prescription : l’Administration dispose alors d’un nouveau délai de 3
ans (décompté à partir du 1er janvier suivant la date de la proposition) pour mettre en recouvrement les impôts
correspondant aux rectifications, soit jusqu’au 31/12/N+6.

Réclamation contentieuse :
Délai général de réclamation (art. R190 du LPF –Livre des Procédures Fiscales) :
Pour contester les avis d’imposition supplémentaire reçus, le contribuable doit adresser à l’Administration fiscale une
réclamation contentieuse, et ce avant la fin de la deuxième année suivant celle de la mise en recouvrement. Ici, la société
CRISE doit adresser cette réclamation contentieuse avant le 31/12/N+4 puisque la mise en recouvrement a eu lieu en
février N+2.
Délai spécial de réclamation (art. R196-3 du LPF –Livre des Procédures Fiscales) :
Lorsque le contribuable fait l’objet d’une procédure de rectification de la part de l’Administration, il dispose d’un délai égal
à celui de l’Administration pour présenter sa réclamation, soit ici un délai de 3 ans, décompté à partir du 1er janvier de
l’année suivant celle de la proposition de rectification. Ici, le délai spécial expire le 31/12/N+3, puisque la proposition de
rectification est intervenue le 15/10/N.
Choix entre délai général ou délai spécial :
Les deux délais étant applicables, le contribuable peut retenir le plus favorable des deux (au cas présent le 31/12/N+4).

Remarque : Ce point a fait l’objet d’une question au DSCG 2010 (Dossier 4, question 4, SA Nerval). Le corrigé indicatif publié par le « ©
Réseau CRCF - Ministère de l’Éducation nationale » (http://crcf.ac-grenoble.fr) ne mentionne que le délai spécial (sans
mentionner le délai général) et nous semble de ce point de vue incomplet. De plus, il ne mentionne pas le fait que pour
contester les rectifications, le contribuable doit attendre la mise en recouvrement des impositions complémentaires par
l’Administration fiscale.

Sursis de paiement :
En principe, la société CRISE doit régler les impositions mises à sa charge (principal et pénalités). Toutefois, elle peut
demander, dans sa réclamation contentieuse, à surseoir au paiement de ces sommes ; pour obtenir ce sursis de
paiement, la société CRISE doit fournir des garanties au Trésor (caution bancaire, hypothèque…) lui assurant qu’il sera
payé si la procédure menée par la société CRISE échoue (aucune garantie ne doit être constituée si le litige porte sur
moins de 4 500 €).
NB : lorsque dans sa réponse aux observations du contribuable, l’Administration maintient ses rectifications, le contribuable peut pour
certaines rectifications, saisir la Commission Départementale des Impôts Directs et des Taxes sur le chiffre d’affaires (IR, TVA)
ou la Commission départementale de conciliation (droits d’enregistrement). Ces commissions émettent un avis (elles ne sont que
des organismes consultatifs) sur le litige. Ce recours est appelé « recours pré-contentieux » car il intervient avant la mise en
recouvrement des impositions (qui nécessite alors un recours contentieux pour être contestée).

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UE 1 Corrigé 47
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

4. Poursuite de la procédure suite au rejet de la réclamation : procédure devant le Tribunal Administratif


Si la société CRISE souhaite contester la décision de rejet de sa réclamation prise par l’Administration fiscale, elle doit
saisir le Tribunal Administratif dans les 2 mois de la notification de la décision de rejet.
Si l’Administration ne s’était toujours pas prononcée sur la réclamation dans un délai de 6 mois, la société CRISE aurait
pu considérer cette absence de réponse comme un rejet implicite et saisir directement le Tribunal Administratif du litige

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qui l’oppose à l’Administration.
La saisine du Tribunal Administratif consiste en l’envoi par le contribuable d’un « mémoire introductif d’instance » au
Président du tribunal (aucune obligation de représentation par un avocat). Le greffe du tribunal adresse alors ce mémoire
à l’Administration fiscale qui doit adresser au tribunal un « mémoire en réponse », lui-même transmis par le tribunal au
contribuable. Ce dernier peut à nouveau fournir ses observations dans un « mémoire en réponse ». Cette procédure
écrite d’échange de mémoires est terminée lorsque le tribunal estime qu’il est en état de juger. Celui-ci rend alors son
jugement (le contribuable peut s’il le souhaite présenter le jour de l’audience, en personne ou par un avocat, ses
observations orales devant le tribunal).
L’effet suspensif du sursis de paiement prend fin immédiatement après le jugement du Tribunal Administratif. La société
CRISE peut donc attendre ce jugement du Tribunal Administratif et ne pas payer les impôts et pénalités pour le moment.
NB : si le litige avait concerné les droits d’enregistrement, le tribunal compétent aurait été le Tribunal de Grande Instance.

5. Contestation du jugement devant la Cour Administrative d’Appel


L’Administration peut contester le jugement du Tribunal Administratif en faisant appel de ce jugement devant la Cour
Administrative d’Appel (CAA), dans le délai de 2 mois à compter de la notification du jugement par le greffe du tribunal. La
requête doit obligatoirement être présentée par un avocat en exercice dans le ressort de la Cour.
NB1 : si le litige avait concerné les droits d’enregistrement, le jugement du Tribunal de Grande Instance aurait pu être contesté devant
la Cour d’Appel.
NB2 : si le Tribunal Administratif avait donné raison à l’Administration fiscale, la société CRISE disposerait du même délai pour faire
appel de ce jugement devant la CAA.

6. Contestation de l’arrêt de la Cour Administrative d’Appel devant le Conseil d’État


La société pourrait alors porter le litige devant le Conseil d’État (CE), qui rend un arrêt définitif, c’est-à-dire non susceptible
de recours.
NB : si le litige avait concerné les droits d’enregistrement, l’arrêt de la cour d’appel aurait pu être cassé par la cour de cassation (qui
rend alors un arrêt définitif).

7. Procédure de rescrit
Pour éviter ce litige, la société CRISE aurait dû solliciter auprès de l’Administration fiscale un « rescrit fiscal ». En effet,
les entreprises françaises et étrangères qui réalisent des opérations transfrontalières avec des entreprises qui leur sont
liées peuvent demander à l’administration la conclusion d’un accord préalable sur la méthode de détermination des prix
qui s’appliquera lors des futures transactions au sein du groupe. Avec un tel rescrit, l’Administration ne peut procéder à
aucune rectification du résultat sur les prix pratiqués conformément à l’accord.

Plus généralement :
La procédure de rescrit (art. L80B du LPF) constitue une prise de position sur l’appréciation de situations de fait. Seule
une réponse expresse de l’Administration engage cette dernière, et aucun délai ne lui est imparti pour se prononcer (cas
du rescrit « prix de transfert »).

Pour des régimes particuliers, le rescrit est plus engageant pour l’Administration car une absence de réponse dans un
délai déterminé vaut approbation implicite : c’est « l’accord tacite ».
Exemples : - éligibilité de dépenses au crédit d’impôt recherche : accord tacite si pas de réponse dans un délai de 3 mois à compter
de la demande du contribuable
- régime des jeunes entreprises innovantes : accord tacite si pas de réponse dans un délai de 3 mois à compter de la
demande du contribuable.

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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

DEUXIÈME DOSSIER

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1. Partie ayant soumis le litige devant l’instance
• Jugement du Tribunal Administratif de Paris 31 octobre 2014 : puisque « la société Vitalia Santé MCO venant
aux droits et obligations … de Gentilly, demande par les requêtes … la décharge des cotisations …" (cf. 1er
paragraphe), c’est le contribuable qui a porté ce litige devant le tribunal administratif de Paris pour demander la
décharge des cotisations supplémentaires d’impôt sur les sociétés émises par l’Administration.

• Arrêt du Conseil d’État du 23 janvier 2015 : puisque « la société Ferrari et Cie se pourvoit en cassation… » (cf. 2ème
paragraphe), c’est le contribuable qui a porté ce litige devant le Conseil d’État pour demander l’annulation de l’arrêt
de la cour administrative d’appel de Paris.

Précision : Si dans ces deux affaires, c’est le contribuable qui a soumis le litige devant le juge, il arrive aussi que ce
soit l’Administration fiscale qui porte un litige devant le juge (pour contester une décision d’un tribunal
administratif ou d’une cour administrative d’appel).

2. Motif de rectification ou litige


• Jugement du Tribunal Administratif de Paris 31 octobre 2014 : l’Administration a rejeté l’application du régime
des sociétés mère-fille à des acomptes sur dividendes, considérés comme fictifs.

• Arrêt du Conseil d’État du 23 janvier 2015 : le litige opposant la société Ferrari et Cie et l’Administration fiscale
concerne une question d’acte normal ou anormal de gestion : la société Ferrari et Cie a consenti des avances à sa
filiale, puis a déduit des provisions pour faire face au caractère irrécouvrable de ces avances. L’administration fiscale
a estimé que le fait de consentir ces avances ne procédait pas d’une gestion commerciale normale, et a rejeté en
conséquence la déduction des provisions relatives à ces avances.

3. Issue du litige
• Jugement du Tribunal Administratif de Paris 31 octobre 2014 : le Tribunal donne raison au contribuable, en
jugeant que même si des dividendes sont irréguliers, la société mère les a obtenus à raison de sa qualité d’associé,
et qu’ils ouvrent donc droit au régime des sociétés mère-fille.

• Arrêt du Conseil d’État du 23 janvier 2015 : le Conseil d’État donne raison à l’Administration : les faits ont été
correctement qualifiés par la cour administrative d’appel, qui a retenu la qualification d’acte anormal de gestion retenue
par l’Administration fiscale pour les avances consenties par la société Ferrari et Cie à sa filiale. Les provisions n’étaient
donc pas déductibles.

4. Possibilité de recours
• Jugement du Tribunal Administratif de Paris 31 octobre 2014 : si l’Administration fiscale le souhaite, elle peut
contester cette décision devant la Cour Administrative d’Appel (c’est la CAA de Paris qui est compétente pour
contester les jugements du TA de Paris).

• Arrêt du Conseil d’État du 23 janvier 2015 : l’arrêt du Conseil d’État est définitif : le contribuable doit se plier à sa
décision : il n’obtient pas la décharge des impositions supplémentaires mises à sa charge.

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UE 1 Corrigé 49
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Auteurs :
Alice Polynice
Bertrand Beringer ROULE

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Compétences attendues Savoirs associés

Assister le chef d’entreprise dans les Droit et Fiscalité de la constitution de sociétés :


choix juridiques et fiscaux liés à la choix de la forme juridique, règles de
constitution de sociétés fonctionnement, conséquences fiscales

1. Note de synthèse sur le régime juridique SARL/SAS


a) Les conditions de constitution
• De fond
- la SARL peut être constituée avec un ou plusieurs associés (personnes physiques ou morales), tout comme la SAS :
dans le cas, ils seront trois. Le nombre d’associés est limité dans la SARL à 100 – art. L223-3 –, alors qu’il est illimité
dans la SAS ;
- les apports : tous sont autorisés (en numéraire, en nature, en industrie si les statuts les autorisent) dans la SARL. Il
en est de même pour la SAS, article L227-1 C.Com. En effet, l’alinéa 4 stipule : « La SAS peut émettre des actions
inaliénables résultant d’apports en industrie. […] Les statuts déterminent les modalités de souscription et de
répartition de ces actions. Ils fixent également le délai au terme duquel, après leur émission, ces actions font l’objet
d’une évaluation ». Dans les deux cas, les apports en industrie ne concourent pas à la formation du capital ;
Quelle que soit la forme juridique choisie par les associés, Yan pourra effectuer un apport en industrie (son savoir
faire de négociateur) ;
- capital social : le montant du capital de la SARL est fixé par les statuts. Il est divisé en parts sociales égales – art.
L223-2. Pour la SAS, il n’y a pas de capital minimum imposé pour créer une SAS, il est libre tout comme pour la
SARL. Le capital est divisé en actions. Dans le cas, les associés ont prévu un niveau de capital (voir question 2).
Dans les deux sociétés, le capital peut être variable ;
- libération des apports et évaluation des apports (voir question 3) ;
- responsabilité des associés : limitée aux apports dans la SARL et la SAS – art. L223-1 et L227-1 ;
- offre au public : il est interdit aux deux sociétés de faire une offre au public – art. L227-2 sauf exceptions pour la SAS,
art. 1841 C.Civ. pour la SARL. Elles ne pourront donc pas accéder au marché financier pour financer leurs
investissements.
• De forme
- formalités de constitution : Elles sont identiques pour la SARL et la SAS : rédaction des statuts, insertion de l’avis de
constitution dans un JAL, dépôt au CFE en vue de l’immatriculation au RCS, avis au BODACC. L’enregistrement des
statuts est supprimé.
- les statuts : sous seing privé ou notarié dans les deux cas, ils doivent contenir les mentions obligatoires (forme
juridique, durée, dénomination sociale, siège social, montant du capital, apports, modalités de fonctionnement et les
règles particulières selon le type de société). Cependant, la SAS offre plus de souplesse dans la rédaction des
statuts concernant :
* la direction (voir le paragraphe b) ci-dessous),
* l’insertion de clauses :
- d’inaliénabilité des actions (limitée à 10 ans) – art. L227-13,
- d’agrément pour toute cession d’actions – art. L227-14,
- d’exclusion obligeant un associé à céder ses actions – art. L227-16,
- la possibilité pour les associés de conclure un pacte d’actionnaires.

b) Fonctionnement
• Direction : le(ou les) gérant(s) de la SARL est(sont) obligatoirement une(des) personne(s) physique(s), associée(s)
ou tiers dont les conditions de nomination, révocation, les pouvoirs sont prévus par la loi – art. L223-18. Les organes
de direction de la SAS sont librement déterminés par les statuts – art. L227-5 –, mais il faut désigner obligatoirement
un président, personne physique ou morale, associé ou tiers désigné dans les conditions prévues par les statuts. Les
pouvoirs du président sont déterminés par la loi – art. L227-6. La SAS offre donc plus de souplesse que la SARL dans
le choix des dirigeants et leur statut, mais leurs pouvoirs sont identiques, prévus par la loi.
• Droits des associés : la loi accorde certains droits aux associés minoritaires détenant au moins 10% du capital
(expertise de gestion, demande de nomination d’un commissaire aux comptes en justice, engager l’action sociale du
gérant en se groupant) ou sans détention de capital minimum (droit d’alerte) dans la SARL. La protection des associés

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50 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

minoritaires dans la SAS est identique à celle des actionnaires d’une SA puisque l’article L227-1 renvoie aux
dispositions de la SA.
• Règles de quorum et de majorité des décisions collectives : elles sont strictement définies pour la SARL (voir question
5), librement organisées dans les statuts pour la SAS, mis à part pour certaines décisions – art. L227-9. La SAS offre
plus de souplesse.

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• Régime des conventions : concerne le(s) gérant(s) et les associés dans la SARL – art. L223-19 –, il ne concerne que
les dirigeants et les actionnaires détenant plus de 10% des droits de vote dans la SAS – art. L227-10. Le régime des
conventions est moins largement applicable dans la SAS.
• Régime fiscal : la SARL et la SAS sont soumises à l’impôt sur les sociétés. Seule la SARL peut éventuellement relever
du régime des sociétés de personnes, lorsque son capital est détenu entre membres de la même famille et qu’elle
exerce une option pour ce régime (elle relève alors des BIC lorsque l’activité est commerciale comme c’est le cas ici).
Ici, une telle option n’est pas possible puisque les trois associés n’appartiennent pas à la même famille. Quelle que
soit sa forme, la société sera soumise à l’IS.

Conclusion : La loi ayant assoupli le régime juridique de la SAS, il se rapproche de plus en plus de la SARL (pas de
minimum de capital, apports en industrie autorisés, présence du CAC seulement en cas de dépassement de seuils), tout
en gardant sa souplesse initiale.
Dans le cas proposé, il est conseillé aux futurs associés de constituer dès à présent une SAS plutôt que de créer une
SARL, compte tenu des arguments développés ci-dessus. Reste que la rédaction des clauses concernant les majorités
lors des décisions collectives, le fonctionnement des organes dirigeants, les droits des minoritaires, les clauses
d’agrément, d’inaliénabilité, d’exclusion etc., doivent faire l’objet d’une étude attentive afin de respecter l’égalité de
traitement des actionnaires, principe fondamental en droit des sociétés.

2. Répartition du capital de la société


Guillaume effectue : un apport en numéraire de 72 000 €, soit 72 titres (parts sociales ou actions) de 1 000 € de nominal ;
Yan effectue : un apport en industrie de 30 000 €, soit 30 titres, mais cet apport n’entre pas dans la formation du
capital et un apport en nature (équipement informatique) de 20 000 €, soit 20 titres. Au total, il aura
50 titres ;
Thierry effectue : un apport en nature (le fonds de commerce) de 50 000 €, soit 50 titres.
Le montant du capital sera de : 72 000 € + 20 000 € + 50 000 € = 142 000 €. L’apport en industrie de 30 000 € n’entre pas
dans le capital, mais les titres donnent droit aux bénéfices, au boni de liquidation, au droit de vote (art. L223-28 al. 1).
L’apporteur en industrie a l’obligation de contribuer aux pertes.
Guillaume détient 72 titres sur 172, soit 41,86%, Yan et Thierry 50 titres, soit 29% chacun.
Guillaume ayant le plus investi en sera le dirigeant : gérant ou président si le vote des associés dégage une majorité en
sa faveur.

Rappel : régime de l’apport en industrie


SARL : l’apport en industrie est autorisé par les statuts - art L 223-7 al. 2.
L’apport en industrie n’est pas pris en compte pour la formation du capital (au compte capital du bilan on ne l’intègre pas)
néanmoins il donne droit au partage des bénéfices et de l’actif net- art 1843-2 al. 2.
La part de l’apporteur en industrie est égale à celle de l’associé qui a le moins apporté, sauf clause contraire des statuts –
art. 1844-1 C.Civ.
Chaque associé dispose d’un nombre de voix égal au nombre de parts sociales qu’il possède - art L 223-28 al. 1. Toute
clause contraire est réputée non écrite - art. L 223-28 al. 4. Cette disposition s’applique à l’apporteur en industrie : il a le
droit de vote.
Ces dispositions sont applicables à l’apport en industrie dans une SAS.
En conclusion : l’apporteur en industrie partage les bénéfices, contribue aux pertes, a le droit de vote, partage le boni de
liquidation (ou le mali), mais il ne peut pas reprendre son apport en cas de dissolution de la société du fait de la nature de
son apport (apport de connaissances, de savoir-faire).

3. Libération des apports et évaluation des apports par un commissaire aux apports
a) Libération des apports
Apport en numéraire : au moins 1/5e de leur montant, le surplus dans les 5 ans pour la SARL – art. L223-7. Pour la SAS,
les apports en numéraire doivent être libérés de moitié à la souscription, le surplus dans les 5 ans – art. L227-1 qui renvoie
à l’art. L225-3 al. 2 (règle de la SA). Dans le cas, Guillaume, apporteur en numéraire de 72 000 €, devra libérer 14 400 €
à la souscription si une SARL est créée, 36 000 € s’il s’agit d’une SAS.
Apport en nature : les apports en nature doivent être intégralement libérés à la souscription dans la SARL et la SAS – art.
L223-7 et L225-3. Thierry, apporteur d’un fonds de commerce, et Yan, apporteur d’un équipement informatique, devront
libérer intégralement leurs apports à la souscription.
L’apport en industrie se libère au fur et à mesure du travail que Yan effectuera au sein de la société.

b) Évaluation des apports


Les apports en nature doivent être évalués obligatoirement par un commissaire aux apports dans la SARL, mais les
associés peuvent décider à l’unanimité que le recours à un commissaire aux apports ne sera pas obligatoire si aucun

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UE 1 Corrigé 51
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apport en nature n’excède 30 000 € et si la valeur totale de l’ensemble des apports en nature non soumis à l’évaluation
d’un commissaire aux apports n’excède pas la moitié du capital social – art. L223-9 al. 1 et 2.
Dans la SAS, en principe, les apports en nature doivent faire l’objet d’une évaluation par un commissaire aux apports
désigné à l’unanimité des fondateurs ou, à défaut, par décision de justice à la demande d’un ou plusieurs d’entre eux.
Cependant, par dérogation à l’article 225-14 du code de commerce, les futurs associés peuvent décider à l’unanimité que

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le recours à un commissaire aux apports ne sera pas obligatoire, lorsque la valeur d’aucun apport en nature n’excède 30
000 € et si la valeur totale de l’ensemble des apports en nature non soumis à l’évaluation d’un commissaire aux apports
n’excède pas la moitié du capital social.
Dans le cas proposé, le recours au commissaire aux apports est obligatoire, peu importe que les associés adoptent la
SAS ou la SARL, puisque la valeur d’un apport en nature excède 30 000 € (même si le total des apports en nature n’excède
pas la moitié du capital : 70 000 € au lieu de 71 000 €).

4. L’apport d’un bien commun


L’apport d’un bien commun est réglementé en cas d’apport à une SARL : l’apport d’un fonds de commerce ne sera possible
que si le futur associé obtient le consentement de son conjoint.
En principe, l’associé qui effectue un apport à une SAS ou une SASU n’a pas besoin d’informer préalablement son conjoint
ni d’obtenir son autorisation pour employer des biens communs. L’apport d’un bien commun à une SAS est, donc, en
principe, libre.
Toutefois, le consentement du conjoint reste obligatoire lorsque le bien commun correspond à un immeuble, un fonds de
commerce, des droits sociaux non négociables, une exploitation, des droits par lesquels est assuré le logement de la
famille.
Conclusion : Thierry est marié sous le régime de la communauté réduite aux acquêts (régime légal), le fonds de
commerce est un bien commun, que Thierry exploite à titre professionnel.
Dans les deux cas, Thierry devra obtenir le consentement de son conjoint pour pouvoir apporter le fonds de commerce.
Cependant, contrairement à la SARL qui permet au conjoint de revendiquer la qualité d’associé pour la moitié des parts
souscrites, la SAS ne permet pas au conjoint de l’apporteur de revendiquer la qualité d’associé.

5. Règles de majorité des décisions collectives


a) Décisions collectives ordinaires
Dans la SARL :
- chaque associé dispose d’un nombre de voix égal au nombre de parts qu’il possède - art. L223-28 al. 1. Cette
disposition s’applique à l’apporteur en industrie ;
- sur première consultation, les décisions sont adoptées par un ou plusieurs associés représentant plus de la moitié
des parts sociales – art. L223-29 al. 1 ;
- sur deuxième consultation, les décisions sont prises à la majorité des votes émis, sauf stipulation contraire des statuts
– art. L223-29 al. 2.
Dans la SAS : les statuts déterminent les décisions qui doivent être prises collectivement par les associés dans les formes
et conditions qu’ils prévoient – art. L227-9 al. 1. Cependant, la loi prévoit que certaines décisions seront obligatoirement
de la compétence des associés : augmentation, amortissement, réduction de capital, fusion, scission, dissolution,
transformation, nomination de commissaire aux comptes, de comptes annuels et de bénéfices. Les conditions de vote
seront celles prévues par les statuts – art. L227-9 al. 2.
Dans le cas, Guillaume n’aura pas la majorité pour les décisions ordinaires (72 parts sur 172) dans la SARL. Pour la SAS,
ce sera celle prévue dans les statuts.

b) Décisions collectives extraordinaires


Dans la SARL constituée après le 3.08.2005 (cas applicable), un quorum du quart des parts sociales doit être atteint sur
1re consultation, un cinquième sur deuxième consultation pour pouvoir délibérer valablement. La majorité doit être des
deux tiers des parts sociales détenues par les associés présents ou représentés. Les statuts peuvent prévoir un quorum
et une majorité plus élevés sans pouvoir exiger l’unanimité – art. L223.30 al. 3.
La loi exige cependant une majorité plus faible pour l’augmentation de capital par incorporation de réserve (la moitié) et la
transformation de la SARL en SA si les capitaux propres figurant au dernier bilan excèdent 750 000 €, et une majorité plus
forte en cas de cession de parts sociales (majorité des associés représentant au moins la moitié des parts sociales) et de
transformation de la SARL en SAS (unanimité des associés) – art. L227-3.
Dans le cas, chaque associé atteint le quorum (43 parts sur 72) sur 1re consultation, mais aucun des associés ne détient
deux tiers des parts sociales.
Dans la SAS, les statuts fixent la(les) règle(s) de majorité des décisions extraordinaires.

Conclusion : Guillaume n’aura pas la majorité des décisions ordinaires dans la SARL et probablement pas celle de la
SAS (selon les statuts de la SAS). Pour les décisions extraordinaires, aucun des associés ne peut imposer aux autres sa
volonté, aussi bien en SARL qu’en SAS. Notons qu’une clause des statuts de la SAS pourra prévoir une convention de
vote dans le cadre d’un pacte d’actionnaires.
L’unanimité des associés est obligatoire pour transformer la SARL en SAS : un désaccord futur entre les associés bloquera
la transformation en SAS.

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52 Corrigé UE 1
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6. Nomination d’un commissaire aux comptes


La loi Pacte du 22 Mai 2019 (article 20) et le décret du 24 Mai 2019 modifient les seuils de désignation des commissaires
aux comptes pour les SARL et SAS, SNC et SCS et les mettent en place pour les SA, SCA. Les nouvelles mesures
s’appliquent à partir du 1er exercice clos, c’est-à-dire au plus tard le 01 Septembre 2019. Les mandats en cours doivent

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se poursuivre jusqu’à leur date d’expiration.
Dorénavant, que ce soit pour une SARL ou une SAS ou les autres citées au-dessus, la désignation d’un CAC sera
obligatoire seulement si deux des trois nouveaux seuils suivants sont dépassés :
- 4 000 000 € de bilan ;
- 8 000 000 CA annuel HT ;
- 50 salariés.
Dans le cas, la nomination d’un commissaire aux comptes n’est pas obligatoire lors de la constitution de la SARL ou de la
SAS, mais les associés peuvent en désigner un s’ils le souhaitent par une décision ordinaire.

7. Coût fiscal de la création de société


Le coût fiscal est représenté par les droits d’enregistrement dus. Ceux-ci sont identiques, que la société créée soit une
SARL ou une SAS, les apports étant réalisés dans les deux cas à une société soumise à l’IS.

Chaque apport est analysé individuellement. Puis les règles de calcul des droits dus en cas d’un seul acte seront
appliquées.

Apport de Guillaume :
- Somme de 72 000 € : Apport à titre pur et simple (APS) fait par une personne physique à une société soumise à l’IS.
S’agissant d’un apport de numéraire, aucun droit n’est dû.
Droits = 0 €

Apport de Yan :
- Savoir-faire évalué à 30 000 € : Apport à titre pur et simple (APS) fait par une personne physique à une société soumise
à l’IS. S’agissant d’un apport en industrie, aucun droit n’est dû.
Droits = 0 €
- Équipement informatique :
* Apport à titre onéreux (ATO) à hauteur de 3 000 € : ATO d’un matériel, le droit dû est le droit fixe des actes innommés
de 125 €.
* Apport à titre pur et simple (APS) à hauteur de 20 000 € : APS d’un matériel, donc aucun droit n’est dû.
Droits = 125 €

Apport de Thierry :
- Fonds de commerce :
* Apport à titre onéreux (ATO) à hauteur de 10 000 € : ATO d’un fonds de commerce, d’où application du barème
des cessions de fonds de commerce (exonération jusqu’à 23 000 €, 3% de 23 000 à 200 000 €, 5% au-delà de
200 000 €)
d’où droits dus = 10 000 x 0% = 0 €
Droits = 0 €
* Apport à titre pur et simple (APS) à hauteur de 50 000 € : APS d’un fonds de commerce, d’où application du barème
des cessions de fonds de commerce (rappelé ci-avant) :
d’où droits dus = (23 000 - 10 000 (1)) x 0% = 0 €
(50 000 – 13 000) x 3% = 1 110 €
(1) cf. 10 000 € utilisés lors du calcul des droits sur les ATO ci-avant.
Droits = 1 110 €

Le coût fiscal de cette constitution s’élève donc à 1 110 € (le droit fixe de 125 € n’est pas dû puisqu’un droit proportionnel
plus élevé est mis en recouvrement).

Il serait possible de diminuer ces droits d’enregistrement si Thierry, en tant qu’apporteur personne physique de l’ensemble
des éléments affectés à son activité professionnelle, prenait l’engagement de conserver ses parts ou actions de la société
créée, reçues en contrepartie de son apport, pendant une période de 3 ans. En effet, dans cette hypothèse, les ATO et
APS de fonds de commerce sont exonérés de droits d’enregistrement, et seul le droit fixe de 125 € (au titre de l’apport de
Yan) serait dû pour cette constitution.

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UE 1 Corrigé 53
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

LE DIAMANT NOIR
Auteurs :
Alice Polynice
Bertrand Beringer

ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:342619469:88880154:102.52.165.78:1587410358


Compétences attendues Savoirs associés

Assister le chef d’entreprise dans les choix Droit et Fiscalité de la transformation de la


juridiques et fiscaux liés à la transformation de société
sociétés

1. La responsabilité contractuelle d’une société


La SARL a signé un contrat de vente de 40 kg de truffes avec un fournisseur espagnol. De ce contrat résultent des
obligations :
- pour l’acheteur : prendre livraison, payer le prix ;
- pour le vendeur : fournir la marchandise convenue, la garantie des vices cachés, la garantie d’éviction.

En l’espèce, la marchandise n’étant pas conforme aux termes du contrat conclu, l’acheteur (la SARL) n’a pas à exécuter
son obligation de payer le prix. Il peut aussi en demander l’exécution par l’échange de la marchandise, solliciter une
réduction de prix. La SARL pourra obtenir, si elle le souhaite, la résolution du contrat pour inexécution par le cocontractant
d’une de ses obligations et réparation des conséquences de l’inexécution en engageant la responsabilité civile
contractuelle de son fournisseur Art 1217 c.civ.

2. Révocation du gérant de SARL


Selon l’article L223-18 al. 4 et 5 C.Com :
- dans les rapports entre associés, les pouvoirs des gérants sont déterminés par les statuts et dans le silence de ceux-
ci, ils peuvent faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société ;
- dans les rapports avec les tiers, le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance
au nom de la société, sous réserve des pouvoirs que la loi attribue expressément aux associés ; la société est
engagée même par les actes du gérant qui ne relèvent pas de l’objet social, à moins qu’elle ne prouve que le tiers
savait ou ne pouvait l’ignorer ;
- les clauses statutaires limitant les pouvoirs des gérants sont inopposables aux tiers.

Selon l’article L223-25 al. 1 C.Com, la révocation d’un gérant peut intervenir sur décision ordinaire des associés
représentant plus de la moitié des parts sociales ou à la majorité des votes émis sur 2e consultation (les statuts peuvent
exclure cette 2e consultation ou prévoir une majorité plus forte pour les deux consultations). Ici, elle sera obtenue car
MM. Diams et Tuber ont 300 parts sur 450. Le gérant associé participera au vote, mais il n’a pas un nombre de parts
suffisant pour s’opposer à sa révocation.

Si la révocation est décidée sans juste motif, elle peut donner lieu à dommages et intérêts. Outre les cas de responsabilité
du gérant constitutifs de « juste motif » (infraction à la législation et aux règlements, violation des statuts ou faute de
gestion), la jurisprudence apprécie s’il y a ou non juste motif.

En l’espèce, l’achat du matériel informatique entre dans le cadre de l’objet social, il est conclu dans l’intérêt de la société.
Le gérant a cependant une obligation de diligence dans l’exercice de ses fonctions et on pourrait lui reprocher de ne pas
avoir demandé plusieurs devis avant de prendre la décision d’achat. Le gérant n’a pas à demander l’avis des associés car
la décision d’achat est une opération de gestion courante de sa compétence.

Donc la révocation semble justifiée et le gérant ne pourra pas obtenir des dommages et intérêts. La jurisprudence a
cependant tendance à exiger des fautes plus graves pour qualifier le juste motif de révocation.

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54 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. Transfert du siège social de la SARL : qui peut le décider ?


Dans le cadre de la SARL, par défaut, la décision du transfert de siège social est faite par une AGE. Mais si le nouveau
siège social reste sur le territoire français, le gérant a le pouvoir de réaliser cette formalité à conditions de la faire ratifier

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au cours de l’AGO suivante, en respectant les règles de quorum et de majorité nécessaires (art L223-29).
Dans notre cas, M. Gignac, s’il est toujours gérant ou le nouveau gérant, a le pouvoir de décider du transfert du siège
social à condition de faire ratifier cette décision lors de l’AGO suivante.

4. Transformation de la SARL en SA
a) Conditions de la transformation
La transformation d’une société est l’opération consistant à changer sa forme juridique. La transformation régulière d’une
société n’entraîne pas la création d’une personne morale nouvelle – art. L210-6 al. 1. Elle est une simple modification
statutaire qui doit respecter certaines conditions pour être valable.

Conditions relatives à la SARL (L223-43 et 224-3 C.Com)


• La décision de transformation doit être précédée du rapport d’un commissaire aux comptes inscrit sur la situation de
la société – art. L223-43 al. 3. Ce rapport rend compte de la situation comptable, juridique, financière de la société et
atteste que le montant des capitaux propres est au moins égal au capital social.
Lorsqu’une société de quelque forme que ce soit (ici une SARL) qui n’a pas de commissaire aux comptes se
transforme en société par actions (ici une SA), un ou plusieurs commissaires à la transformation, chargé(s) d’apprécier
sous leur responsabilité la valeur des biens composant l’actif social et les avantages particuliers, sont désignés, sauf
accord unanime des associés par décision de justice à la demande des dirigeants sociaux (ici le gérant) ou de l’un
d’eux. Les commissaires à la transformation peuvent être chargés de l’établissement du rapport sur la situation de la
société mentionné à l’alinéa 3 de l’article L223-43. Dans ce cas, il n’est rédigé qu’un seul rapport. Le rapport est tenu
à la disposition des associés. Les associés statuent sur l’évaluation des biens et l’octroi des avantages particuliers. Ils
ne peuvent les réduire qu’à l’unanimité. À défaut d’approbation expresse des associés, mentionnée au procès-verbal,
la transformation est nulle – art. L224-3 al. 4.
La SARL n’ayant pas de commissaire aux comptes, les associés peuvent désigner le commissaire à la transformation
à l’unanimité. À défaut, le gérant devra présenter au président du tribunal de commerce une requête tendant à sa
désignation.
Ce commissaire peut être chargé du rapport sur la situation de la société et, dans ce cas, il rendra compte de sa
double mission dans un seul rapport. Ce rapport devra être tenu à disposition des associés au siège social 8 jours au
moins avant la date de l’assemblée devant statuer sur la transformation et il sera déposé au greffe du tribunal de
commerce.

• La décision de transformation est une décision extraordinaire prise par les associés représentant 3/4 des parts
sociales (puisque la société a été constituée avant le 3.8.2005 et que les statuts n’ont pas été modifiés) et,
exceptionnellement, par les associés représentant la majorité des parts sociales si le montant des capitaux propres
au dernier bilan excède 750 000 € – art. 223-43 al. 2.
En l’espèce, 3/4 du capital sont nécessaires (337 parts) puisque les capitaux propres sont inférieurs à 750 000 €
(18 000 €). MM. Gignac et Tuber ont 350 parts. La majorité des 3/4 est dépassée. Le projet pourra être adopté malgré
l’opposition de M. Diams.

Conditions relatives à la SA non cotée


Il faut minimum deux associés : ils sont trois actuellement. Avec le nouvel associé, ils seront 4 la condition est remplie. Le
capital devra être porté à 37 000 € (minimum dans une SA) car il n’est que de 22 500 € actuellement.
L’objet doit être licite en SA (condition remplie).

b) Étapes à suivre :
- désignation à l’unanimité des associés du commissaire à la transformation et/ou du commissaire aux comptes (il peut
s’agir de la même personne), qui vont rédiger le rapport (comme cité au-dessus) ;
- convocation des associés par le gérant, mise à leur disposition du rapport ;
- tenue de l’assemblée extraordinaire : les associés votent sur l’évaluation des biens et l’octroi des avantages
particuliers et sur la transformation de la société. Ils adoptent les nouveaux statuts. Ils nomment les nouveaux
dirigeants (les administrateurs devant composer le conseil d’administration dans le cas) et le(s) commissaire(s) aux
comptes, s’il est obligatoire, en cas de dépassement de deux des trois nouveaux seuils issus de la loi Pacte de 2019
: Bilan supérieur à 4 000 000 €, CA HT annuel supérieur à 8 000 000 €, nombre moyen supérieur à 50 salariés.

Formalités de publicité :
Comme toute modification statutaire, la décision de transformation doit faire l’objet :
- d’une insertion dans un journal d’annonces légales ;

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UE 1 Corrigé 55
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

- d’un dépôt au greffe du procès-verbal de l’assemblée ayant décidé de la transformation, du procès-verbal de la


décision ayant désigné les membres des nouveaux organes sociaux, des nouveaux statuts ;
- d’une inscription modificative au registre du commerce et des sociétés ;
- d’une insertion au BODACC.

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La transformation prend effet entre associés à compter du jour où elle a été décidée et ne devient opposable aux tiers
qu’après les formalités de publicité.

Inscription modificative au RCS


L’arrêt de la cour de cassation fait état d’un conflit entre le greffe du RCS et une SA concernant l’inscription modificative
au RCS de la transformation de la SA en SAS :
- le greffier refuse de procéder à cette modification (des statuts) en se basant sur une réponse ministérielle qui exige
le dépôt préalable au greffe du rapport du commissaire à la transformation ;
- la SA prétend que seul le rapport du CAC doit faire l’objet d’un dépôt préalable au greffe avant la prise de décision
de la transformation.
La cour de cassation donne raison à la SA en se référant à la loi (art. R123-105). Une réponse ministérielle n’est pas une
source de droit.

c) Incidences de la transformation sur le mandat du gérant et sur la présence du commissaire aux comptes
• La décision de transformation met fin aux pouvoirs des organes de direction. Les associés désignent les nouveaux
dirigeants : ici les administrateurs, qui eux-mêmes vont désigner le président du conseil d’administration parmi leurs
membres. Le directeur général sera nommé par le conseil d’administration. Il peut être le président du conseil
d’administration. Dans le cas, M. Gignac perd son mandat de gérant. Il n’est pas assuré de faire partie de l’équipe
dirigeante (du fait des règles de majorité et de l’entrée du nouvel associé, voir les questions 2 et 5).
• Le contrôle peut être exercé, dans chaque société anonyme, par un ou plusieurs commissaires aux comptes, si deux
des trois nouveaux seuils suivants sont dépassés : Bilan supérieur à 4 000 000 €, CA HT annuel supérieur à 8 000 000
€, nombre moyen supérieur à 50 salariés.
Dans notre cas, la présence du CAC dans la future SA ne sera pas a priori obligatoire, car il n’y en avait pas auparavant
et les seuils ne semblent pas être dépassés. Les associés peuvent en désigner un (ou plusieurs) de manière volontaire
par un vote à la majorité ordinaire en AG d’associés.

d) Incidences fiscales
• En matière d’imposition des bénéfices
La SARL DIAMANT NOIR est soumise à l’IS (l’option pour le régime des sociétés de personnes est impossible, les
associés étant des personnes sans lien familial). Sa transformation en SA n’engendre aucun changement de régime
fiscal, les sociétés anonymes étant elles aussi passibles de l’IS. Cette opération juridique est donc neutre fiscalement :
elle n’emporte aucune conséquence.
• En matière de droits d’enregistrement
En l’absence de changement de régime fiscal, et de création d’une personne morale nouvelle, la transformation d’une
SARL en SA donne lieu au paiement du droit fixe des actes innommés, soit 125 €.

Dans l’état actuel des textes fiscaux, la réforme des droits d’enregistrement entrée en vigueur au 1er janvier 2019 ne
concerne pas les transformations de sociétés. Cette réforme prévoit que certains actes de la vie de la société soient
enregistrés gratuitement (prorogation de la durée de vie, certaines opérations sur capital). La logique voudrait que
l’ensemble des actes liés à la vie de la société soient exonérés de droits d’enregistrement, à suivre…

5. L’entrée du nouvel associé dans la société


Le nouvel associé souhaite souscrire au capital de la SA en payant le prix des titres correspondant à leur valeur réelle. Il
faudra procéder au coup d’accordéon :
- réduire le capital par une décision extraordinaire d’un montant de 4 500 €. En effet la situation qui ressort du bilan
est de 18 000 € (capital 22 500 + réserves 2 000 – résultat de l’exercice 6 500) ;
- augmenter le capital qui sera souscrit par le nouvel actionnaire.
La réduction de capital est de 22 500 – 18 000 = 4 500 € ;
𝟏𝟖 𝟎𝟎𝟎
La valeur réelle unitaire des parts est de = 40 €. Le nouvel actionnaire paiera les actions 40 € l’une. Il devra
𝟒𝟓𝟎
souscrire à l’augmentation de capital nécessaire pour que le capital de la SA atteigne le minimum légal.

- le minimum légal de capital d’une SA est de 37 000 €


- Après réduction, le capital actuel est de - 18 000 €
- l’augmentation du capital sera de 19 000 €
- le prix des titres est de 40 €
- le nombre d’actions nouvelles souscrites par le nouvel associé sera de 475 actions

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56 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Nouvelle répartition du capital : capital social de 37 000 €


M. Gignac 150 actions (soit 16,22 %)
Mme Tuber 200 actions (21,62 %)
M. Diams 100 actions (10,81 %)
le nouvel actionnaire 475 actions (51,35 %)

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TOTAL 925 actions

Les anciens associés vont perdre la majorité du capital (48,75%) au profit du nouvel actionnaire (51,35 %).
Deux anciens associés (Tuber et Gignac) perdent leur minorité de blocage. Ils ne pourront plus faire obstacle aux décisions
extraordinaires proposées par les nouveaux dirigeants.

6. La responsabilité fiscale des dirigeants sociaux


Art. L267 du Livre des procédures fiscales :
« Lorsqu’un dirigeant d’une société, d’une personne morale […] est responsable des manœuvres frauduleuses ou de
l’inobservation grave et répétée des obligations fiscales qui ont rendu impossible le recouvrement des impositions et
pénalités dues par la société […], ce dirigeant peut […] être déclaré solidairement responsable du paiement de ces
impositions et pénalités par le président du tribunal de grande instance ».

En application de l’article L252 du LPF, seul le comptable public compétent par arrêté du ministre chargé du budget a
qualité pour exercer au nom de l’État l’action prévue par l’article L267 du LPF.
La solidarité du dirigeant ne peut être prononcée que si l’administration a été suffisamment diligente dans ses tentatives
de recouvrement de l’impôt. De plus, l’action en responsabilité solidaire contre le dirigeant doit être introduite dans un délai
satisfaisant, qui peut être plus court que le délai de prescription de l’action en recouvrement contre la dette de la société.
Quand les impositions au nom de la société ont fait l’objet d’une réclamation assortie du sursis de paiement avec
constitution de garanties, l’action en responsabilité contre le dirigeant ne doit pas être engagée. De plus, l’octroi de délais
de paiement à la suite d’une demande présentée par le dirigeant est en principe de nature à écarter la responsabilité de
celui-ci.

Pour que le dirigeant soit poursuivi sur son patrimoine personnel à la suite de la rectification fiscale, il faut que puissent lui
être reprochées :
- soit des manœuvres frauduleuses : mise en œuvre de procédés ayant pour finalité d’éluder la déclaration ou le
paiement de l’impôt, accomplis en toute connaissance de cause et ne pouvant être considérés comme des erreurs
excusables ou des omissions involontaires (nécessité de démontrer l’élément matériel et l’élément intentionnel) ;
- soit l’inobservation grave et répétée des obligations fiscales (omission des déclarations de TVA…).

Si les conditions sont remplies, l’Administration fiscale peut engager les poursuites sur le patrimoine personnel du dirigeant,
mais seulement lorsque la décision des juges du fond est définitive : celle-ci doit comporter la condamnation du dirigeant
au paiement des sommes dues par la personne morale, elle constitue donc le titre exécutoire.

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UE 1 Corrigé 57
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Auteur :
Alice Polynice FLEURY

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Compétences attendues Savoirs associés

Assister le chef d’entreprise dans le suivi Relations dirigeant-associés, CA, CS,


juridique de la désignation et du fonctionnement transparence, Obligations de communication
des organes de direction d’une société des entreprises en matière environnementale

1. Présentation du cas
Une société anonyme avec conseil d’administration au capital de 100 000 € a été constituée le 1er octobre avec 14
actionnaires (13 personnes physiques et 1 personne morale). La famille Fleury est majoritaire (680/1000 actions) du fait
de son apport en nature (fonds de commerce). L’objet social de cette société est l’édition de livres d’art. Jean Fleury est
président du conseil d’administration et directeur général (PDG). Le conseil d’administration se compose du minimum
légal : trois administrateurs (tous membres de la famille Fleury).
Les nouveaux actionnaires (famille Meka) contestent la direction en place : ils souhaitent la nomination d’un expert,
engager la responsabilité du dirigeant (et le menacent de révocation), un changement d’organisation et plus de
transparence.
La famille Fleury veut déplacer le siège social, se protéger de l’arrivée d’éventuels concurrents si la famille Meka vend ses
titres et le dirigeant s’inquiète des nouvelles obligations d’information des actionnaires à l’occasion de l’assemblée
générale ordinaire annuelle.

a) Expertise de gestion ou expertise préventive (in futurum)


• Expertise de gestion
Selon l’article L225-231 al. 1 C.Com, un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5% du capital social peuvent,
soit individuellement, soit en se groupant, poser par écrit au PCA des questions sur une ou plusieurs opérations de gestion
de la société. La réponse doit être communiquée au CAC, s’il y en a encore un. À défaut de réponse dans le mois ou à
défaut de réponse satisfaisante, ces actionnaires peuvent demander en référé la désignation d’un ou plusieurs experts
chargés de présenter un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion.

Procédure : il faudra engager une procédure en deux étapes :


- poser par écrit les questions au PCA et attendre sa réponse qui doit intervenir dans le mois ;
- en cas de non-réponse ou de réponse insatisfaisante, demander en justice la nomination d’un expert de gestion.
La demande doit revêtir un caractère sérieux et ne pas porter sur l’ensemble de la gestion (le texte prévoit une ou plusieurs
opérations). La demande faite au PCA doit être précise, les actes de gestion clairement identifiés pour qu’elle soit accueillie
favorablement par la justice. Le rapport établi par l’expert de gestion doit être adressé au demandeur, au conseil
d’administration et au commissaire aux comptes, s’il est toujours obligatoire, suite aux nouveaux seuils de la loi Pacte.
Conclusion : La société MEKA remplit la condition de détention de capital (la société MEKA possède plus de 5% (30%)
du capital social. Sa demande en référé doit être précédée de questions par écrit au PCA sur des actes de gestion précis.
Dans le cas, le courrier adressé au PCA vise toute la gestion. De ce fait, la demande en référé qui suivra la non-réponse
ou la réponse insatisfaisante du PCA (J. Fleury) sera rejetée car elle vise à examiner toute la gestion de l’entreprise et
non pas une ou plusieurs opérations bien identifiées.

• Expertise préventive (in futurum)


L’article 145 du Code de Procédure Civile autorise toute personne intéressée, sur requête ou en référé, s’il existe un motif
légitime, à demander que soient ordonnées des mesures d’instruction pour conserver ou établir, avant tout procès, la
preuve de faits dont pourrait dépendre la solution d’un litige.
Un actionnaire peut valablement former une demande d’expertise préventive même s’il dispose du droit à l’expertise de
gestion et ce, même si une expertise de gestion a été précédemment ordonnée. La cour de cassation, dans un arrêt du
15 Septembre 2015, s’est prononcée en ce sens (Annexe 2).

Dans notre cas, la société MEKA devra évoquer un motif légitime pour que sa nouvelle demande éventuelle d’expertise
préventive soit accordée par le tribunal et l’engagement d’une première expertise de gestion ne fait pas obstacle à toute
autre expertise (Annexe 2).

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58 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

b) Responsabilité du dirigeant
L’article L225-251 al. 1 énonce que « les administrateurs et le directeur général sont responsables, individuellement ou
solidairement selon le cas envers la société ou envers les tiers soit :
- des infractions aux dispositions législatives ou réglementaires applicables aux sociétés anonymes ;
- des violations des statuts ;

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- des fautes commises dans leur gestion. »
Les fautes de gestion sont des actes contraires à l’intérêt de la société. Des fautes, même non intentionnelles (imprudence,
négligence), légères ou graves constituent des fautes de gestion.
Dans le cas, la clause pénale du contrat consentie par J. Fleury obligeant la société à verser une indemnité de 50 000 €
en cas d’inexécution du contrat d’édition paraît disproportionnée par rapport aux ressources de la société (son capital est
de 100 000 €). La clause pénale est excessive et a été consentie par le directeur général, J. Fleury. Une faute de gestion
peut, à notre avis, lui être reprochée.

L’article L225-252 permet à un actionnaire seul ou en se groupant (sous réserve de détenir un vingtième du capital, soit
5%) d’engager l’action sociale en responsabilité contre le directeur général. Cette action vise à réparer le préjudice subi
par la société à laquelle des dommages intérêts peuvent être alloués.

Conclusion : La société MEKA, qui est actionnaire de 30% des titres de la SA FLEURY, peut engager l’action sociale en
responsabilité, individuellement (ut singuli), à l’encontre de Jean Fleury, en sa qualité de directeur général, pour faute de
gestion. Le tribunal fixera alors les dommages intérêts qu’il aura à verser en réparation du dommage occasionné à la
société par sa faute.

c) Révocation du président directeur général


Selon l’article L225-55 al. 1, le directeur général est révocable à tout moment par le conseil d’administration. Si la
révocation ne repose pas sur un juste motif, elle ouvre droit à des dommages-intérêts (sauf si le DG est également PCA).
L’article L225-47 al. 3 C.Com dispose que le président du conseil d’administration est révocable à tout moment par le
conseil d’administration ; toute clause contraire est réputée non écrite. L’article L225-37 prévoit que le conseil
d’administration délibère à la majorité des membres présents ou représentés (al 2) et la voix du président de séance est
prépondérante en cas de partage (al 4).
Conclusion : Jean est président du CA (donc administrateur) et directeur général de la SA FLEURY. Le conseil
d’administration est constitué de 3 membres (la famille Fleury), donc l’actionnaire MEKA ne pourra pas révoquer le PDG
à moins qu’il n’arrive à convaincre Pierre et Anne. Il n’y a pas plus d’espoir d’obtenir sa révocation indirecte de Président
du Conseil d’Administration par la révocation de son mandat d’administrateur par AGO (L225-18 al 2), car les Fleury
disposent de la majorité des voix (680/1000) dans cette assemblée – art. L225.98 al. 3.

d) L’adoption de la SA à directoire et conseil de surveillance


Il s’agit d’une des deux modalités d’organisation de la société anonyme prévue par la loi : les statuts de la société peuvent
stipuler que celle-ci adopte l’organisation à directoire et conseil de surveillance. L’adoption ou la suppression de cette
organisation peut se faire au cours de l’existence de la société – art. L225-57.
La SA à directoire sépare bien les fonctions de direction et celle de contrôle, dévolu au conseil de surveillance, qui doit
l’exercer de façon permanente. La société MEKA espère un contrôle plus strict des dirigeants, mais elle ne pourra pas
espérer un poste au conseil de surveillance dont les membres sont nommés par l’AGO : la famille Fleury étant majoritaire,
elle s’y opposera.
La question est de savoir si, en l’état actuel, le changement d’organisation est possible.
Le changement d’organisation est une modification statutaire qui relève de la compétence d’une assemblée générale
extraordinaire qui doit être convoquée par le conseil d’administration, à défaut par un mandataire, désigné en justice, à la
demande d’un ou plusieurs actionnaires réunissant au moins 5% du capital social – L225-103.
Dans le cas, la société MEKA pourrait demander la désignation en justice d’un mandataire chargé de convoquer l’AGE
puisqu’elle détient 30% du capital.
L’ordre du jour d’une assemblée est arrêté par l’auteur de la convocation – L225-105 al. 1. Toutefois, un ou plusieurs
actionnaires représentant au moins 5% du capital ont la faculté de requérir l’inscription à l’ordre du jour de l’assemblée
L225-105 al. 2.
Dans le cas, la société MEKA pourrait aussi demander l’inscription à l’ordre du jour du changement d’organisation
puisqu’elle détient 30% du capital.
Au cours de l’AGE et si l’ordre du jour porte le changement d’organisation, l’AGE doit statuer à la majorité des deux tiers
des voix dont disposent les actionnaires présents ou représentés – L225-96 al. 3.
Dans le cas, la famille Fleury détenant 680 voix sur 1 000, elle votera contre la résolution de changement d’organisation :
la société MEKA ne pourra pas obtenir le changement espéré. Seule une action en justice basée sur un abus de majorité
(difficile à démontrer ici) pourrait lui donner satisfaction.
Conclusion : en l’état actuel de la répartition du capital, la société MEKA ne peut pas obtenir le changement
d’organisation.

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UE 1 Corrigé 59
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

2. Convention entre la SCI Saint Germain et la SA FLEURY


Selon l’article L225-36 C.Com, le conseil d’administration peut décider le déplacement du siège social sur le territoire
français, sous réserve de ratification de cette décision par la prochaine assemblée générale ordinaire. En l’espèce, la
décision est de la compétence du conseil d’administration.

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La SCI Saint Germain veut louer à la SA FLEURY le local d’exploitation. Or les associés de la SCI Saint Germain sont les
membres de la famille FLEURY.
Selon l’article L225-38 al. 3 et 4, il faut l’autorisation préalable et motivée (depuis l’ordonnance du 31.07.2014) du
conseil d’administration pour toute convention intervenant entre une société (la SA FLEURY) et une entreprise (la SCI)
si le directeur général, l’un des directeurs généraux délégués ou l’un des administrateurs est propriétaire, associé
indéfiniment responsable, gérant, administrateur, ou membre du conseil de surveillance ou, de façon générale, dirigeant
de cette entreprise.
Les FLEURY sont associés indéfiniment responsables dans la SCI et administrateurs de la SA. Le contrat doit donc, en
principe, être soumis à l’autorisation préalable du conseil d’administration de la SA FLEURY (il s’agit d’une convention
réglementée pour la SA).
Cependant, l’opération de location peut être considérée comme une convention courante si elle porte sur une
opération courante conclue à des conditions normales (L225-39 C. Com) entre sociétés d’un même groupe : les
conditions de la location sont normales (le loyer est proche de celui du marché dit le sujet) et l’opération est courante (la
location immobilière est une transaction courante entre les sociétés d’un même groupe).
Conclusion : on peut dire que cette convention est libre, elle pourra être conclue sans autorisation du conseil
d’administration (l’Annexe 3 confirme cette interprétation), le loyer prévu dans le contrat étant proche de celui du marché.
Cependant, la décision de déplacement du siège prise par le conseil d’administration devra être ratifiée par l’AGO : les
FLEURY voteront et la décision sera adoptée.

3. La clause d’agrément
La société MEKA veut céder ses actions à une société concurrente de la SA FLEURY. La famille Fleury voudrait donc
apporter une modification statutaire en insérant une clause d’agrément.

En principe, la cession des actions dans une SA est libre, mais par exception une clause d’agrément peut permettre
d’écarter l’entrée dans la société de personnes dont la présence est jugée indésirable. C’est une situation fréquente dans
les SA de famille (cas d’espèce) ou dans les SA dont le capital est réparti entre différents groupes pour les équilibrer. Par
cession, on entend la vente, l’échange, la donation, l’apport isolé.

Selon l’article L228-23 C.Com, dans les sociétés non cotées (cas d’espèce), la cession à un tiers ou entre actionnaires
peut être soumise à agrément de la société par une clause des statuts. Elle ne peut être stipulée que si les titres revêtent
exclusivement la forme nominative en vertu de la loi ou des statuts (cas d’espèce : les SA non cotées ne peuvent émettre
que des titres nominatifs).
Il faut préciser que l’art. L228-23 C.Com exclut la mise en jeu de la clause d’agrément en cas de succession, de liquidation
de communauté entre époux ou de cession soit à un conjoint, soit à un ascendant ou à un descendant. La cession à un
autre associé peut désormais être soumise à la clause d’agrément.

Objet de la clause d’agrément : soumettre à autorisation des associés la cession de titres d’une société.

Intérêts de la clause d’agrément :


- elle permet d’éviter la participation au capital de tiers indésirables, surtout quand la famille fondatrice (les Fleury) veut
garder le contrôle de sa société ;
- elle permet d’éviter les modifications de répartition de capital quand elle s’applique aux cessions entre actionnaires ;
- elle maintient l’équilibre voulu à la constitution de la société.

Licéité : l’insertion d’une clause d’agrément dans les statuts doit obéir à certaines conditions de fond et de forme :
- la société ne doit pas être cotée (cas d’espèce) ;
- le cessionnaire (acheteur) doit être un tiers ou un autre actionnaire (art L228-23 C.Com) ;
- cette clause ne peut être stipulée que si les actions revêtent exclusivement la forme nominative (art L228-23 al. 2).

Procédure à suivre : il s’agit d’une modification statutaire. La compétence revient donc à l’assemblée générale
extraordinaire qui statuera aux conditions suivantes (art. L 225-96 C.Com) :
- sur première convocation : quorum = le quart des actions ayant le droit de vote ;
- sur deuxième convocation : quorum = le cinquième des actions ayant le droit de vote ;
- majorité : deux tiers des voix dont disposent les actionnaires présents ou représentés = 66,66%.

Opérations à effectuer : Schéma des opérations d’une cession d’actions nominatives nécessitant un agrément
(voir page suivante).

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 Corrigé 
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(1) En même temps que son refus d’agrément du cessionnaire proposé par le cédant, l’organe compétent peut, dans la notification
même de son refus, informer ce dernier qu’il lui propose un autre cessionnaire (ou actionnaire, ou tiers, ou la société elle-même).
Ce procédé permet de gagner du temps, mais en aucun cas il ne peut retirer au cédant la possibilité de revenir sur son intention
de céder ses actions.
(2) Le délai pour retirer l’offre doit être prévu dans les statuts.
(3) Si la procédure adoptée est conforme à la note (1) ci-dessus, cette décision sera prise en même temps que le refus d’agrément.
(4) L’actionnaire peut retirer son offre si les conditions de rachat ne lui conviennent pas.

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UE 1 Corrigé 61
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Dans le cas, le groupe concurrent est un tiers ; la cession au groupe concurrent porte sur des titres nominatifs que détient
la société MEKA.
La famille Fleury, détenant 68%, votera l’insertion de la clause d’agrément dans les statuts.
Les opérations liées à la cession sont présentées dans le schéma de la page précédente.

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4. Rapport sur le gouvernement d’entreprise, nomination au poste d’administrateur d’une personne non
actionnaire
a) Établissement du rapport sur le gouvernement d’entreprise
Le conseil d’administration ou le conseil de surveillance doit présenter à l’assemble générale un rapport sur le
gouvernement d’entreprise joint au rapport de gestion, peu importe que la SA soit cotée ou non. Toutefois, les informations
correspondantes peuvent être présentes au sein d’une section spécifique du rapport de gestion – art. L225-37 al. 6
(ordonnance du 12.07.17).
Dans le cas, Jean Fleury doit établir ce rapport..

b) La nomination d’un administrateur non actionnaire – Durée du mandat


Article L225-25 al. 1 : « les statuts peuvent imposer que chaque administrateur soit propriétaire d’un nombre
d’actions de la société, qu’ils déterminent.
Si, au jour de sa nomination, un administrateur n’est pas propriétaire du nombre d’actions requis ou si, en cours de mandat,
il cesse d’en être propriétaire, il est réputé démissionnaire d’office, s’il n’a pas régularisé sa situation dans le délai de six
mois. »
L’article L225-18 énonce que la durée du mandat des administrateurs est déterminée par les statuts, sans pouvoir excéder
6 ans.
Ils sont rééligibles, sauf stipulation contraire des statuts.

Conclusion : pour répondre à J. Fleury, les administrateurs nommés n’ont plus l’obligation d’être propriétaire d’actions,
sauf si les statuts l’imposent.

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62 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

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UE 1 Corrigé 63
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Auteur :
Grégory Lachaise SERPENTINE

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Compétences attendues Savoirs associés

Savoir identifier les contraintes juridiques Droit de l’informatique : Nom de domaine,


liées à l’usage des nouvelles Récolte d’adresses électroniques,
technologies en matière de prospection Signature et contrats électroniques
et de relations commerciales,
contractuelles ou non

1. Demande du directeur général de transfert du nom de domaine à son profit


La société MELCHIOR SA a pour activité la vente de matériel d’accastillage et de vêtements marins pour particuliers et
professionnels.
Le directeur général entend créer un site Internet et souhaite réserver un nom de domaine : Melchior.fr
L’attribution et la gestion des noms de domaine de premier niveau du système d’adressage (en .fr) sont centralisées par
un organisme unique dénommé « office d’enregistrement » (l’AFNIC en France) et s’effectue par l’intermédiaire de bureaux
d’enregistrement accrédités.
Le demandeur devra au préalable faire une recherche de disponibilité auprès de l’AFNIC pour éviter tout contentieux.
La demande peut être refusée lorsque le nom de domaine est :
1° Susceptible de porter atteinte à l’ordre public ou aux bonnes mœurs ou à des droits garantis par la Constitution ou par
la loi ;
2° Susceptible de porter atteinte à des droits de propriété intellectuelle ou de la personnalité, sauf si le demandeur justifie
d’un intérêt légitime et agit de bonne foi ;
3° Identique ou apparenté à celui de la République française, d’une collectivité territoriale ou d’un groupement de
collectivités territoriales ou d’une institution ou service public national ou local, sauf si le demandeur justifie d’un intérêt
légitime et agit de bonne foi.
Le contentieux résultant de l’application de ce texte se fait via le système de résolution des litiges de l’Association Française
pour le Nommage Internet en Coopération (Syreli) depuis le 22 mars 2011, notamment en ce qui concerne la revendication
d’un intérêt légitime. Cette notion a été précisée par décret du 3 août 2011, essentiellement dans son acception négative,
c’est-à-dire l’absence d’intérêt légitime (par exemple déposer un nom de domaine uniquement dans le but de le revendre).
En l’espèce, le directeur général devra faire une recherche de disponibilité de Melchior.fr et procéder à son dépôt auprès
d’un bureau habilité. Si Melchior.fr est indisponible, il pourra toujours engager une action en vue de faire reconnaître son
intérêt légitime à l’exploiter (ancienneté de son exploitation, marque déposée…).

2. Réalisation su site internet de la société


Lorsqu’une entreprise souhaite disposer d’une plateforme commerciale sur internet, elle peut, pour la création de son site,
avoir recours par le bais d’un contrat d’entreprise à un prestataire spécialisé. Cela est souvent nécessaire lorsque
l’entreprise ne dispose pas de ressources internes pour le créer, mais aussi pour se prémunir d’éventuelles actions
judiciaires dans la mesure où l’intégration de musiques, d’images, de paroles… peuvent contrevenir au droit d’auteur.
À cet égard, le site créé par le prestataire peut aussi être couvert par les dispositions du code de la propriété intellectuelle
et plus particulièrement du droit d’auteur à condition de présenter des caractères d’originalité suffisants, souverainement
appréciés par les juges du fond. Lorsque tel est le cas, l’auteur peut céder les droits patrimoniaux (droit d’exploitation, de
diffusion), mais conserve de manière indéfectible le droit moral qui est inaliénable et imprescriptible. Ce droit impose
notamment le respect de l’œuvre (dans forme et sa présentation) ainsi que le droit de paternité (protection de l’identité de
l’auteur). De fait, toute modification de l’œuvre sans l’accord de l’auteur est nulle et pourrait justifier une demande en
indemnisation.

En l’espèce, M. Felbegor doit faire un choix. Soit créer en interne le site internet, auquel cas, si l’œuvre est collective, elle
pourra être modifiée sans difficulté aucune, soit faire appel à des compétences extérieures, mais il ne pourra pas apporter
de modification sans l’accord du prestataire.

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64 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. La collecte d’adresses électroniques


Préalable
le GDPR/RGPD (General Data Protection Regulation) entré en vigueur le 25 mai 2018 en vertu d’un règlement européen
(2016/679), s’applique à toutes les entreprises privées ou publiques des 28 États membres de l’Union européenne

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proposant des biens et services et collectant et traitant des données à caractère personnel sur les résidents de l’union.
Le règlement définit les « données à caractère personnel » comme étant « toute information se rapportant à une
personne physique identifiée ou identifiable » et instaure de nouvelles obligations à la charge des entreprises traitant
des données personnelles, et institue de nouveaux droit (notamment un droit à la limitation du traitement, droit à l’oubli,
droit à la portabilité des données ou droit à l’effacement des données).
Le directeur technique de MELCHIOR SA a mis en place un logiciel permettant de retenir les adresses mails des personnes
visitant le site pour leur envoyer les offres promotionnelles de la société.
La collecte d’adresse mail est-elle licite ?
Afin de protéger les libertés individuelles, le législateur interdit et sanctionne la collecte frauduleuse, illicite ou déloyale de
données nominatives. A ce caractère le fait d’identifier des adresses électroniques, peu importe qu’elles soient
enregistrées dans le but d’adresser à leurs titulaires des messages électroniques. La collecte est qualifiée de déloyale
lorsqu’elle est réalisée sans le consentement de son titulaire et à son insu. Cette pratique est sanctionnée pénalement par
une peine d’emprisonnement de 5 ans et 300 000 euros d’amende (art. 226-18 C.Pén.).
En l’espèce, le moyen utilisé par le directeur de la SA tombe sous le coup de la loi.

Le traitement de données personnelles


Constitue une donnée à caractère personnel toute information relative à une personne physique identifiée ou qui peut être
identifiée, directement ou indirectement (art. 2 Loi 1978). L’obligation de déclaration des fichiers a été supprimée (sauf
exceptions) par les dispositions du RGPD intégrées dans la loi Informatique et libertés par la loi du 21 juin 2018.
La réglementation autorise désormais les entreprises à collecter des données en respectant certaines
conditions (principalement):
- Informer les usagers de tous les traitements de leurs données
- Recueillir dans certains cas leur consentement
- Respecter leur vie privée dès la conception du traitement (privacy by design)
- Sécuriser tous les traitements de données (security by default)
- Documenter sa conformité (dans certains cas obligation de tenir un registre de traitement de données)
Le non-respect de ces obligations est susceptible de justifier l’application de sanctions administratives (4% du CA mondial)
et de sanctions pénales (5 ans d'emprisonnement et 300.000 euros d'amende)
En l’espèce, M. Felbegor devra respecter les contraintes sus-visées au risque d’encourir des sanctions pénales et
administratives car les fichiers clients constituent des données personnelles.

4. Conclusion d’un contrat électronique


Mme Serpentine a navigué sur le site Internet de la société MELCHIOR, mais après avoir sélectionné les références souhaitées, elle
a par inadvertance cliqué sur le bouton « valider ». Un message immédiat de retour lui a confirmé la conclusion du contrat.
Un contrat électronique est-il formé ?
Les contrats électroniques restent assujettis au droit commun des contrats. Néanmoins, en raison de la rapidité de leur
réalisation et des possibles maladresses de l’internaute, le législateur a subordonné leur conclusion à un formalisme
protecteur (LCEN du 21 juin 2004, complétée par décret du 16 février 2005).
En premier lieu le consommateur doit être informé :
- sur le vendeur : les noms, adresse, numéro de téléphone et adresse email, RCS ou répertoire des métiers, capital
social et l’adresse de son siège social pour l’essentiel du vendeur doivent figurer sur le site ;
- sur le prix, notamment les taxes et frais de livraison ;
- sur les conditions générales de vente, particulièrement les formalités à suivre pour la conclusion du contrat
électronique, les moyens techniques mis en place pour identifier les erreurs dans la saisie des données avant que la
commande soit envoyée, les langues du contrat et ses modes d’archivage ;
- des moyens de consultation par voie électronique des règles professionnelles et commerciales auxquelles le vendeur
entend éventuellement se soumettre.
En second lieu, la loi impose une procédure spécifique de nature à éviter les erreurs de saisies ou celles commises par
inadvertance.
• Le client sélectionne les produits ou services désirés.
• Il passe commande par voie numérique en validant son choix (1er clic).
• Le vendeur accuse réception de la commande.
• Le consommateur doit alors disposer de la faculté de modifier sa commande.
• Le client valide une nouvelle fois (double clic).
• Le vendeur accuse réception.

Le contrat est alors définitivement conclu. Le consommateur dispose cependant d’un délai de rétractation de 7 jours dont
l’usage n’a pas à être motivé. Le délai court à compter de la réception s’il s’agit de la vente de biens, et à compter de
l’acceptation de l’offre pour les prestations de services (C.Cons. art. L121-20).

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UE 1 Corrigé 65
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

En l’espèce, la procédure du « double clic », qui formalise la réitération du consentement, ne semble pas avoir été
respectée, puisque Mme Serpentine a reçu un message de conclusion du contrat dès la première validation. Le contrat
n’est donc pas formé.

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5. Valeur juridique de la signature électronique
Un litige oppose la société MELCHIOR à l’un de ses fournisseurs sur le prix d’une commande pour un montant de 15 000
euros. Les échanges entre les sociétés relatifs à la transaction ont été réalisés par courriers électroniques signés par les
sociétés, au moyen de leurs adresses mail respectives.
Quelle est la valeur juridique de la signature électronique ? La solution est-elle identique vis-à-vis d’un particulier ?
Précisions en premier lieu que l’apposition de son nom au bas d’un courriel ne constitue aucunement une signature
électronique ni même la signature réalisée au moyen d’un stylo interactif. La signature électronique se définit comme
« l’usage d’un procédé fiable d’identification garantissant son lien avec l’acte auquel elle s’attache ».
Elle a pour fonction d’identifier le signataire et de manifester l’accord de celui-ci à l’acte auquel elle est apposée (art. 1316-
4 al. 1). Lorsqu’elle est réalisée électroniquement, des doutes peuvent naître quant à l’identité de son auteur ou encore
quant à l’intégrité du document.
C’est la raison pour laquelle, si le code civil l’autorise (art. 1316-4) et l’assimile à la signature papier, il en soumet la valeur
probante à l’observation « d’un procédé fiable » qui se traduit par les conditions suivantes :
- l’authentification : la signature doit permettre d’authentifier son auteur ;
- le procédé utilisé doit garantir l’intégrité du document : il ne doit pas pouvoir être modifié au cours de sa transaction ;
- Il doit assurer la confidentialité des données : seules la ou les personnes concernées doivent pouvoir accéder au
document ;
- la non-répudiation : elle suppose que les parties ne puissent nier la transaction effectuée et que le signataire puisse
seul produire la signature.
Pour répondre à ces exigences, la réglementation française, s’appuyant largement sur les textes communautaires,
propose un dispositif sécurisé de création de signature dont la vérification repose sur l’utilisation d’un certificat électronique
qualifié, délivré par un tiers.
Le système nécessite la délivrance d’une clé privée et d’une clé publique. Seule la première permet de signer et crypter le
message de l’émetteur, la clé publique autorise le destinataire à l’ouvrir. L’ensemble du procédé est garanti par le certificateur.
Si les exigences de la loi sont remplies, la signature est présumée fiable et renverse la charge de la preuve. En effet, celui
à qui on l’oppose doit démontrer l’absence de fiabilité du procédé.
À défaut, la signature électronique est dite simple (il convient alors d’apporter la preuve de sa fiabilité) et ne vaut que
commencement de preuve par écrit en matière civile.
Pour faire valoir le procédé en justice et les conséquences juridiques qui y sont attachées, il convient de distinguer, selon
le régime général de la preuve, la matière commerciale ou civile.
En matière commerciale, la preuve est libre, le juge appréciera alors la force probante de chaque pièce fournie.
En matière civile, il convient de distinguer les actes des faits juridiques. Pour les premiers, le législateur exige un écrit,
sauf exceptions (montant, impossibilité matérielle ou morale de se procurer un écrit...) ; pour les seconds, on retrouve le
principe de la liberté de preuve.

En l’espèce, le litige oppose deux sociétés commerciales, la SA MELCHIOR et la SNC MAT. La liberté gouvernant la
preuve laissera au juge le soin d’apprécier la force probante des documents produits, mais il ne fait aucun doute que
l’utilisation d’un procédé fiable de signature électronique emportera sa conviction.
Vis-à-vis d’un non-commerçant, la preuve d’un acte juridique ne pourra être faite que par la production d’un écrit. Les
échanges réalisés par le biais de leurs adresses électroniques avec apposition du nom de la société et du particulier ou
encore l’usage d’un stylo interactif ne valent pas signature électronique et les documents produits auront valeur de
commencement de preuve par écrit.
Si les documents sont signés électroniquement sans répondre aux conditions réglementaires, celui qui produit le document
devra apporter la preuve de sa fiabilité. Le logiciel associant la signature de la société au mail qu’elle envoie entre dans
cette catégorie.
Enfin, si les documents ont été signés électroniquement au moyen d’un procédé fiable, ils auront la même valeur qu’un
écrit papier.

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66 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

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UE 1 Corrigé 67
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Auteur :
Bertrand Beringer MOD’BB

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Compétences attendues Savoirs associés

Maîtriser le régime fiscal des opérations Les règles d’imposition des affaires
faites avec l’étranger (analyse des internationales : règles de territorialité,
conventions, règles de rattachement, détermination et imposition du résultat,
régimes de crédits d’impôt, risques TVA et échanges internationaux ou
fiscaux internationaux) intracommunautaires

PREMIER DOSSIER

1. Participation à un Salon International : Régime IS


C’est l’article 209-I du code général des impôts qui fixe le principe de territorialité de l’IS :
« les bénéfices passibles de l’IS sont déterminés... en tenant compte uniquement des bénéfices réalisés dans les
entreprises exploitées en France ainsi que de ceux dont l’imposition est attribuée à la France par une convention
internationale relative aux doubles impositions. »

L’Administration fiscale estime que les entreprises qui, n’ayant aucune implantation à l’étranger, participent hors de France
aux foires et expositions de courte durée en agissant en simple qualité d’exposant, restent imposables à l’IS en France
sur la totalité de leurs bénéfices, y compris ceux résultant de la vente de leurs modèles à l’occasion de ces foires.

MOD’BB resterait donc imposable à l’IS en France à raison de sa participation au Salon International de Lisbonne.

2. Participation à un Salon International : Régime TVA


Les transferts par un assujetti en France de biens de son entreprise à destination d’un autre État de l’Union Européenne
pour les besoins de son entreprise (mouvements de stocks par exemple) sont assimilés (cf. article 256 III du CGI) à une
livraison de biens intracommunautaire (d’où exonération de TVA si l’assujetti dispose d’un numéro d’identification TVA
dans l’autre État).
Mais par exception (cf. doc. Administrative), ne constituent pas de tels transferts les transports de biens à partir de France
à destination d’un autre État membre, notamment lorsque ces biens sont destinés à être utilisés temporairement dans
l’autre État, ce qui est le cas des foires et expositions.
En conséquence, le transport par MOD’BB des produits d’exposition à destination du Portugal serait exonéré de TVA.

La question qui se pose ensuite est celle de savoir comment seront taxées les ventes de produits réalisées à partir du
Salon. Dans ce cas, on revient au régime de l’article 256 III du CGI : le transfert est assimilé à une livraison
intracommunautaire. MOD’BB ne disposant pas de n° d’identification TVA au Portugal, le transfert sera taxable à la TVA
française.

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68 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. Opérations réalisées au Portugal, en Suisse et à Monaco : régime IS


a) Création d’une usine et ouverture d’un magasin au Portugal
Puisque selon l’article 209-I du CGI, les bénéfices passibles de l’IS sont déterminés en tenant compte uniquement des
bénéfices réalisés dans les entreprises exploitées en France, dès lors qu’une société française exploite un établissement

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hors de France, cette société n’est pas imposable à l’IS en France à raison des bénéfices provenant des opérations de
cet établissement étranger.
Sont considérés comme des établissements, par exemple, une usine ou un magasin.
En conséquence, les bénéfices réalisés par l’usine portugaise et le magasin portugais ne seront pas imposables à l’IS en
France.

b) Ouverture d’un magasin à Genève


Au regard des principes exposés en a) ci-dessus, un magasin constitue un établissement. Dès lors que ce magasin exploité
par la société française est situé hors de France, les bénéfices qu’il génère ne sont pas imposables à l’IS en France (et
ses éventuelles pertes non déductibles en France). Peu importe à cet égard la provenance des produits vendus (c’est-à-
dire que ces produits soient fabriqués en France ou à l’étranger).

c) Ouverture d’un magasin à Monaco


Pour l’application des règles de territorialité de l’IS, la France s’entend :
- du territoire métropolitain
- de la Corse
- et des Départements d’Outre-Mer (La Réunion, Martinique, Guyane).
La Principauté de Monaco ne fait donc pas partie de la France en matière d’IS (alors qu’elle en fait partie pour l’application
de la TVA – cf. ci-après).
En conséquence, et selon les mêmes principes que ceux exposés en a) et b) ci-dessus, les bénéfices générés par le
magasin ouvert à Monte-Carlo ne seront pas imposables en France en vertu de l’article 209-I du CGI.

Pour la détermination du bénéfice imposable de MOD’BB passible de l’IS, il conviendra donc d’exclure la fraction de
bénéfice représentative de l’activité monégasque.
Cette fraction de bénéfice sera ici égale à la différence entre les produits du magasin de Monte-Carlo (ventes du magasin)
et les charges propres à cet établissement.
Ces charges pourront être difficiles à déterminer avec précision dans la mesure où le magasin monégasque
s’approvisionnera auprès de l’usine française. En effet, il n’y aura pas à proprement parler de « cession » de marchandises
par l’usine française au magasin monégasque puisqu’il n’y aura pas deux entités juridiquement distinctes ; donc on ne
disposera pas de prix d’achat des produits vendus par le magasin monégasque. Dans ce cas, il faudra procéder à une
estimation en raisonnant comme s’il y avait eu un achat par l’établissement de Monaco auprès de l’établissement français
et reconstituer un prix d’achat « équitable ».
La même démarche doit être effectuée à chaque fois que l’établissement étranger ne peut isoler ses propres frais de ceux
de l’entité française.

4. Opérations réalisées au Portugal, en Suisse et à Monaco : régime TVA


Expéditions de l’usine française pour approvisionner le magasin de Lisbonne
Application des principes fixés par l’article 256 III du CGI (cf. ci-avant) : ces expéditions seront assimilées à des livraisons
intracommunautaires. MOD’BB disposant d’un n° d’identification à la TVA au Portugal, ces expéditions seront exonérées
de TVA. Elles devront figurer sur les déclarations mensuelles de TVA (CA3) déposées par MOD’BB, sur la ligne « livraisons
intracommunautaires », et seront soumises aux formalités de déclarations d’échanges de biens (DEB) à souscrire par
MOD’BB (le niveau de détail dépendant du montant de ses acquisitions et livraisons intracommunautaires).
Symétriquement, ces livraisons s’analyseront au niveau de l’établissement portugais comme une acquisition
intracommunautaire.

Expéditions de l’usine française pour approvisionner le magasin de Genève


Il s’agit d’une exportation, c’est-à-dire d’une livraison hors Union Européenne (les exportations sans transfert de propriété
suivent le même régime) : exonération de TVA, à condition que la réalité de l’exportation soit justifiée, par l’inscription dans
un livre spécial et la production de la déclaration d’exportation visée par l’autorité douanière compétente (exemplaire n°3
du DAU –document administratif unique– visé par le bureau des douanes).

Expéditions de l’usine française pour approvisionner le magasin de Monte-Carlo


En matière de territorialité de la TVA, le terme « France » englobe la principauté de Monaco ; les expéditions vers le magasin de
Monte-Carlo ne constituent donc pas une sortie du territoire pour les biens en cause, mais un simple déplacement de ces biens ;
aucune TVA n’est due à cette occasion. Les règles habituelles de la TVA s’appliqueront aux ventes réalisées par le magasin de
Monte-Carlo : taxation si ventes vers la principauté de Monaco ou la France, exonération si ventes vers des territoires de l’UE
(régime des livraisons intracommunautaires) ou hors UE (régime des exportations).

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UE 1 Corrigé 69
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

DEUXIÈME DOSSIER
En matière d’IS, ce deuxième dossier permet d’étudier la territorialité du point de vue des entreprises étrangères exerçant
en France une activité. C’est toujours la notion « d’entreprise exploitée en France » de l’article 209-I du CGI qui prévaut :
cette notion est explicitée par les exemples suivants.

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1. Achat / revente de produits en France
Analyse IS : Cycle commercial complet en France
Sans tenir compte des conventions internationales, sont imposables en France les entreprises étrangères lorsqu’elles
réalisent en France un « cycle commercial complet », alors même que ces entreprises étrangères n’ont en France ni
établissement ni représentant.
Une opération d’achat de marchandises suivi de leur revente est l’exemple type du cycle commercial complet. En
conséquence, EURO-INVEST serait imposable en France à l’IS sur les bénéfices relatifs à cette opération
d’achat / revente d’un lot de téléphones.

Analyse TVA
* Achat du lot de téléphones en France par une société étrangère :
Bien qu’il s’agisse d’une vente par un fabricant français de biens à une société d’un État membre de l’UE, il ne s’agit pas
d’une livraison intracommunautaire, justement parce qu’il n’y a pas livraison à l’extérieur du territoire français. L’opération
est soumise normalement à la TVA qui sera facturée par le fabricant français à EURO-INVEST.
* Revente du lot de téléphones par EURO-INVEST à une centrale d’achat française :
L’opération consiste en une livraison de biens en France : elle est donc taxable à la TVA française. EURO-INVEST étant
une société située dans un État de l’UE, ne disposant pas en France d’un établissement (cf. énoncé), elle doit s’identifier
à la TVA en France, déclarer les opérations imposables réalisées et régler la TVA due directement au Trésor Public ;
toutefois, elle peut désigner un mandataire chargé d’effectuer ces formalités (mais ce mandataire agit sous la
responsabilité de EURO-INVEST).
NB : si la société EURO-INVEST avait été située en dehors de l’UE, elle aurait dû faire accréditer par l’Administration fiscale française
un représentant fiscal (assujetti et établi en France) qui se serait engagé à remplir les formalités incombant à EURO-INVEST
et à acquitter la TVA éventuellement due. À la différence du mandataire (cf. ci-avant), le représentant fiscal est responsable
des formalités qu’il effectue, alors que le mandataire agit sous la responsabilité de son mandant.

2. Représentant en France
Analyse IS : Représentant dépendant
Lorsqu’une entreprise étrangère réalise des opérations en France par l’intermédiaire d’un « représentant dépendant », elle
est réputée exercer directement ces opérations et est imposable à l’IS en France, alors même qu’elle n’a en France aucun
établissement.
Ici, le représentant est bien dépendant de EURO-INVEST et permet à celle-ci de réaliser en France des opérations. EURO-
INVEST serait donc imposable en France à l’IS sur les bénéfices relatifs à ces opérations.

Analyse TVA
Application des règles habituelles de territorialité : si vente de biens depuis les Pays-Bas vers la France, acquisition
intracommunautaire pour le client français, et donc imposition à la TVA (et déduction de cette TVA dans les conditions de
droit commun).

3. Ouverture d’une usine en France


Analyse IS : Établissement en France
Une usine constitue un « établissement », dont les opérations sont imposables à l’IS, et ce quelle que soit la destination
finale des produits fabriqués par cette usine (en effet, on peut comparer cette situation à celle d’une usine appartenant à
une entreprise française qui exporte la totalité des produits qu’elle fabrique).
EURO-INVEST serait donc imposable en France à l’IS sur les bénéfices réalisés par son usine française. Pour déterminer
ces bénéfices, il conviendrait de reconstituer un « prix de cession » des produits fabriqués en France. En effet, il ne pourrait
être tenu compte du prix de vente des produits sur le marché néerlandais puisque seule la partie fabrication se situerait
en France (et non les parties commerciale, administrative, ...) : on pourrait retenir, par exemple, un prix égal au prix de
revient incluant tous les coûts français, majoré d’une marge forfaitaire.

Analyse TVA
L’ouverture d’une usine en France nécessiterait bien sûr l’identification de EURO-INVEST à la TVA française. Les
opérations réalisées par cette usine relèveraient des règles habituelles de la TVA.
Les ventes à destination de clients néerlandais, des produits fabriqués en France, s’analyseraient ainsi comme des
livraisons intracommunautaires exonérées de TVA (à condition que l’expédition aux Pays-Bas soit prouvée et que les
clients aient un n° d’identification à la TVA aux Pays-Bas).

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70 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

4. Contrat avec un courtier indépendant


Analyse IS : Représentant indépendant en France
Lorsqu’une entreprise étrangère utilise les services d’un « représentant ayant une personnalité professionnelle
indépendante », elle ne peut être considérée comme exerçant elle-même l’activité en France. Deux entreprises doivent
alors être distinguées :

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- l’entreprise étrangère qui utilise les services du représentant (ici EURO-INVEST) : elle n’est pas imposable en France
au titre des opérations qu’elle réalise par l’intermédiaire du représentant sur une clientèle française ; ces opérations
restent réalisées à partir de la Hollande ;
- le représentant indépendant (ici le courtier) : c’est lui qui est imposable en France sur les bénéfices qu’il réalise au
titre de son activité professionnelle (ici ses commissions diminuées de ses frais et charges).

Analyse TVA
Le représentant français étant indépendant, EURO-INVEST n’a pas d’établissement en France. Il faut distinguer :
- les ventes réalisées par EURO-INVEST depuis les Pays-Bas à destination de la France : il s’agit pour les clients
français d’acquisitions intracommunautaires : imposition à la TVA (et déduction de cette TVA dans les conditions de
droit commun) ;
- la prestation de service (intermédiation) rendue par le courtier indépendant (domicilié en France) à EURO-INVEST
(domiciliée en UE) : il s’agit d’une prestation d’un intermédiaire transparent.
Rappelons que les règles de territorialité des services en matière de TVA ont été modifiées depuis 2010 (il s’agit de
la transposition en droit interne français d’une directive européenne de 2008).
Elles distinguent :
§ les prestations de services « B to B » (Business to Business c’est-à-dire de professionnel à professionnel) :
prestations rendues par un prestataire situé en France à un preneur assujetti non situé en France (un assujetti
agissant en tant que tel, ce qui est présumé lorsque ce preneur fournit son numéro d’identification TVA d’un
autre État de l’UE) : ces services sont taxables à la TVA au lieu d’établissement du preneur (avec quelques
exceptions)
§ les prestataires de services « B to C » (Business to Consumer, c’est-à-dire de professionnel à consommateur) :
prestations rendues par un prestataire situé en France à un preneur non assujetti non situé en France : ces
services sont taxables en France dès lors que le prestataire y est situé (avec quelques exceptions).
Au cas présent, il s’agit d’un service B to B : le prestataire (courtier) est un assujetti en France, le preneur (EURO-
INVEST) est un assujetti situé aux Pays-Bas ayant fourni son numéro de TVA hollandais.
Elle est taxable dans le pays du preneur, soit au Pays-Bas : d’où non imposition à la TVA française.
NB : le courtier devra souscrire la DES (Déclaration Européenne de Services) au titre de cette prestation.

5. Création d’une filiale à 99%


Analyse IS : filiale en France
La société anonyme filiale serait imposée en France à l’IS, dans les conditions de droit commun (cf. article 206 du CGI).
Le fait que les objets fabriqués par la filiale soient cédés à EURO-INVEST pour un prix inférieur au prix du marché pourrait
être critiqué par l’Administration fiscale sur le fondement de l’article 57 du CGI. En effet, les dispositions de cet article
permettent au fisc français de sanctionner les transferts indirects de bénéfices à l’étranger, à condition de montrer que :
- il existe des liens de dépendance entre l’entreprise française et l’entreprise étrangère : ici, la SA étant filiale de EURO-
INVEST, ces liens sont établis ;
- il existe un transfert de bénéfice au profit de l’entreprise étrangère : ici, les objets étant vendus moins chers que leur
prix de marché, une partie du bénéfice de la SA serait bien transféré à EURO-INVEST.
Remarque : l’article 57 du CGI trouve donc à s’appliquer en cas de vente à prix minoré (comme ici), mais aussi en cas
d’achat à prix majoré, de versement de redevances excessives, de commissions anormales…
L’Administration fiscale pourrait donc rectifier le résultat fiscal de la filiale, en tenant compte des prix de marché pour
déterminer son chiffre d’affaires.
Pour contester cette rectification, la SA française devrait apporter la preuve contraire, c’est-à-dire démontrer que les prix
pratiqués répondent à des nécessités commerciales réelles, et non au souci de transférer des bénéfices au préjudice du
Trésor français.

Par ailleurs, à noter que les sociétés françaises réalisant un chiffre d’affaires HT supérieur à 400 millions d’euros doivent
élaborer une documentation relative aux prix de transfert (art. L13AA du Livre des Procédures Fiscales) : elle doit permettre
de justifier la politique de prix de transfert dans le groupe, et est tenue à la disposition de l’Administration fiscale.

Analyse TVA
La SA serait bien sûr identifiée à la TVA française, et le régime applicable serait identique à celui de l’opération 3) ci-avant.

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UE 1 Corrigé 71
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Auteur :
Bertrand Beringer MONDIAL’DÉCO

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Compétences attendues Savoirs associés

Maîtriser le régime fiscal des opérations Les règles d’imposition des affaires
faites avec l’étranger (analyse des internationales : règles de territorialité, principes
conventions, règles de rattachement, de traitement de la double imposition,
régimes de crédits d’impôt, risques détermination et imposition du résultat
fiscaux internationaux)

OPÉRATION N°1 :
ÉTABLISSEMENT STABLE AU BRÉSIL D’UNE SOCIÉTÉ FRANÇAISE

1. Imposition au regard des droits internes brésilien et français


Les bénéfices du bureau brésilien ouvert par la société française seraient imposés à l’impôt sur les bénéfices brésilien,
puisque l’énoncé précise que cet impôt sur les bénéfices est dû par toute entreprise exploitée au Brésil.
Le bureau brésilien ouvert par la société MONDIAL’DÉCO ne constituant pas une entreprise exploitée hors de France,
l’application de l’article 209-I du droit fiscal français (cf. Cas MOD’BB) conduirait à l’imposition en France des bénéfices
qu’il générerait, au même titre que les bénéfices de la société MONDIAL’DÉCO.
Ces bénéfices seraient donc imposables à l’IS dans les conditions de droit commun.

2. Imposition au regard du droit international


L’article 7 de la convention fiscale franco-brésilienne prévoit que les bénéfices d’une entreprise française ne sont
imposables qu’en France, sauf si elle exerce son activité au Brésil par l’intermédiaire d’un établissement stable situé au
Brésil. Si tel est le cas, les bénéfices imputables à l’établissement stable sont imposables au Brésil.
Or, l’article 5 de la convention indique qu’un bureau est un établissement stable.
Enfin, l’article 22-2.a) prévoit que les revenus d’un résident de France (la société MONDIAL’DÉCO), autres que les
dividendes, intérêts, redevances, gains en capital, professions indépendantes, tantièmes, et artistes et sportifs, sont
exonérés de l’impôt français (ici l’IS), lorsque ces revenus sont imposables au Brésil en vertu de la convention.
Selon l’article 7, les revenus du bureau brésilien sont bien imposables au Brésil puisqu’il s’agit d’un établissement stable.
Donc ils seront exonérés de l’IS français en vertu de l’article 22-2.a).
La convention franco-brésilienne retient pour le cas de l’établissement stable la méthode de l’exonération, puisque les
revenus du bureau sont exonérés de l’IS français et soumis à l’impôt sur les bénéfices brésilien.

OPÉRATION N°2 : DIVIDENDES VERSÉS PAR UNE SOCIÉTÉ FRANÇAISE À UN


ACTIONNAIRE BRÉSILIEN

1. Imposition en France
Droit fiscal français :
Selon l’article 119 bis.2 du CGI, les dividendes distribués à des personnes morales qui n’ont pas leur domicile fiscal en
France et non situées en UE (ou Islande, Norvège, Liechtenstein) donnent lieu à l’application d’une retenue à la source
dont le taux est de 30% du montant brut des dividendes.
NB : Si le dividende est distribué à une personne physique n’ayant pas son domicile fiscal en France, le taux de la retenue à la
source est de 12,8% depuis 2018 (21 ou 30% auparavant).

Dispositions de la convention franco-brésilienne :


Selon l’article 10 de la convention, les dividendes payés par une société domiciliée en France (MONDIAL’DÉCO) à un
résident du Brésil (CARNAVAL) sont imposables au Brésil ; toutefois ces dividendes peuvent être aussi imposés en
France, mais l’impôt ainsi établi ne peut excéder 15% du montant brut des dividendes.
La convention limite donc le taux de la retenue à la source que la France peut pratiquer.

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72 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Chiffrage de l’impôt français :


Dividende brut revenant à CARNAVAL = 100 000 x 60% = 60 000 €
Retenue à la source prélevée par la France = 60 000 x 15% = 9 000 € à régler au Trésor Public français

Montant net du dividende versé par MONDIAL’DÉCO à CARNAVAL :

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Dividende net versé à CARNAVAL = 60 000 - 9 000 = 51 000 €

2. Imposition au Brésil
L’article 22-1 de la convention prévoit que l’impôt français payé (la retenue à la source de 15%) ouvre droit à un crédit sur
l’impôt brésilien dû au titre du revenu (ici le dividende). Ainsi, la retenue à la source s’imputera sur l’impôt sur les bénéfices
brésilien.
La convention franco-brésilienne retient pour le cas des dividendes la méthode de l’imputation.

Chiffrage de l’impôt brésilien :


Dividende brut revenant à CARNAVAL = 60 000 €
Impôt sur les bénéfices brésilien = 60 000 x 30% = 18 000 €
Imputation de la retenue à la source française - 9 000 €
Impôt sur les bénéfices brésilien net 9 000 €

OPÉRATION N°3 : REDEVANCES VERSÉES PAR UNE SOCIÉTÉ BRÉSILIENNE À


UNE SOCIÉTÉ FRANÇAISE
1. Imposition au Brésil
Selon l’énoncé, les redevances versées à des personnes qui n’ont pas leur domicile fiscal au Brésil donnent lieu à
l’application d’une retenue à la source dont le taux est de 35% du montant brut.

Dispositions de la convention franco-brésilienne :


Selon l’article 12 de la convention, les redevances provenant du Brésil payées à un résident de France (MONDIAL’DÉCO)
sont imposables en France ; toutefois elles peuvent aussi être imposables au Brésil, mais l’impôt ainsi établi ne peut
excéder 25% du montant brut des redevances, s’agissant de l’usage de marque.
La convention limite donc le taux de la retenue à la source que le Brésil peut pratiquer, et le taux de 35% de
retenue à la source n’est donc pas applicable pour une redevance versée à une entreprise française.

Retenue à la source prélevée par le Brésil = 30 000 x 25% = 7 500 € à régler au Trésor Public brésilien
Redevances nettes versées par CARNAVAL à MONDIAL’DÉCO = 30 000 – 7 500 = 22 500 €

2. Imposition en France
Selon le droit fiscal français, les redevances de concession de marques sont comprises dans le bénéfice imposable au
taux normal de l’IS de MONDIAL’DÉCO (elles ne bénéficient pas de l’imposition au taux réduit des plus-values à long
terme qui ne s’applique qu’aux concessions de brevets et éléments assimilés. À compter de 2019, une réforme de
l’imposition des revenus de la propriété industrielle prévoit que les revenus des brevets et des logiciels soient imposés au
taux de 10% sous certaines conditions.).
L’article 22-2.c) de la convention franco-brésilienne prévoit que la France peut imposer les redevances mais accorde au
résident de France (MONDIAL’DÉCO) qui reçoit ces redevances provenant du Brésil un crédit d’impôt correspondant au
montant de l’impôt perçu au Brésil, qui est imputable sur l’IS.
La convention franco-brésilienne retient pour le cas des redevances la méthode de l’imputation.

Redevances brutes revenant à MONDIAL’DÉCO = 30 000 €


IS français = 30 000 x 28% = 8 400 €
Imputation de la retenue à la source brésilienne - 7 500 €
IS net 900 €

Taux d’imposition globale des redevances = (7 500 + 900) / 30 000 = 8 400 / 30 000 = 28%.
Une redevance payée entre sociétés françaises aurait subi le même taux d’imposition :
IS à 28%.
La convention fiscale internationale a donc pour effet de partager l’imposition de 28% entre le Brésil (25%) et la France
(900 / 30 000 = 3%).

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UE 1 Corrigé 73
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

FABRE
Auteurs :
Alice Polynice
Bertrand Beringer

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Compétences attendues Savoirs associés

Maîtriser les implications juridiques et Le régime juridique et fiscal des augmentations


fiscales liées aux opérations de et réductions de capital
financement de l’entreprise et leurs
conséquences

DOSSIER 1

1. Le coup d’accordéon : réduction suivie d’une augmentation de capital


Une société qui réalise des pertes peut réduire son capital afin d’assainir sa situation financière. Le capital social est ainsi
aligné sur l’actif net réel. Quand une société rencontre des difficultés financières, la réduction du capital précède une
augmentation de capital réservée aux apporteurs de capitaux : c’est le « coup d’accordéon ».

Application
La société Fabre est en difficulté, elle subit des pertes depuis 2 exercices, elle a besoin de capitaux frais, elle veut donc
augmenter son capital. L’investisseur (le fournisseur) veut bien souscrire, mais le prix des actions doit correspondre à leur
valeur réelle. Pour cela, il faudra préalablement que la société Fabre procède à une réduction de capital motivée par des
pertes.

2. Consultation des actionnaires


Réduire et augmenter le capital sont des modifications statutaires de la compétence de l’assemblée générale
extraordinaire par principe. L’AGE statue à la majorité des deux tiers des voix dont disposent les actionnaires présents ou
représentés – art. L225-96 al. 3 C.Com.

Pour la réduction de capital, l’AGE peut déléguer au conseil d’administration ou au directoire, selon le cas, tous pouvoirs
pour la réaliser – art. L225-204 al. 1 C.Com.
Un rapport du commissaire aux comptes, s’il en existe un, doit être communiqué aux actionnaires, qui fait connaître son
appréciation sur les causes et les conditions de la réduction – art. L225-204 al. 2 C.Com.

Pour l’augmentation de capital, l’AGE peut :


- déléguer au CA ou au directoire sa compétence pour décider de l’augmentation de capital. Elle fixe la durée, qui
ne peut excéder 26 mois, durant laquelle cette délégation peut être utilisée et le plafond global de cette augmentation
– art. L225-129 et L225-129-2 C.Com. ;
- déléguer au CA ou au directoire le pouvoir de fixer les modalités de l’émission des titres – art. L225-129-1 C.Com.
Par ailleurs, selon l’article L225-135 : « l’assemblée qui décide ou autorise une augmentation de capital peut supprimer le
droit préférentiel de souscription pour la totalité de l’augmentation de capital ou pour une ou plusieurs tranches de cette
augmentation. Elle statue sur le rapport du CA ou du directoire ». Le commissaire aux comptes, s’il en existe un, a
l’obligation d’établir un rapport soumis à l’AGE quand elle fixe toutes les modalités de l’augmentation ou qu’elle délègue
au CA le pouvoir de réaliser l’augmentation.

Application
La réduction de capital doit être votée par l’AGE qui peut déléguer au CA ou au directoire les pouvoirs pour la réaliser.
Pour l’augmentation de capital, l’AGE peut décider d’augmenter le capital ou déléguer au CA ou au directoire la décision
d’augmenter le capital.
L’AGE devra voter la suppression du droit préférentiel de souscription pour la totalité de l’augmentation de capital au profit
du fournisseur.

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74 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. Droit d’opposition des créanciers


Le capital est le gage des créanciers, le réduire leur porte préjudice, l’augmenter les rassure. Le législateur leur donne un
droit d’opposition : « Lorsque l’assemblée approuve un projet de réduction du capital non motivée par des pertes […] les
créanciers dont la créance est antérieure à la date du dépôt au greffe du procès-verbal de délibération peuvent former
opposition à la réduction, dans le délai fixé par décret, (20 jours ), à compter de la date du dépôt au greffe du procès-

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verbal de délibération de l'assemblée générale qui a décidé ou autorisé la réduction ». – art. L225-205 al. 1 et R225-152
C.Com.

Application
La réduction étant motivée par des pertes de la SA FABRE, les créanciers ne peuvent pas former opposition à la réduction
du capital.

4. Droits d’enregistrement
La loi de finance 2019 a supprimé certains droits d’enregistrement sur les opérations sur capital.
Par contre, à ce jour et faute d’évolution de la loi, la réduction de capital sans remboursement aux associés, reste soumise
au droit fixe des actes innomés, soit 125 €.
Les augmentations de capital en numéraire sont enregistrées gratuitement (article 810,I du CGI).

Lorsqu’un acte contient plusieurs dispositions (cf. art. 670, 671, 672 du CGI) :
• si ces dispositions sont dépendantes : il est dû un seul droit (le plus élevé) pour l’ensemble ;
• si ces dispositions sont indépendantes ou ne dérivent pas nécessairement les unes des autres :
- si toutes les dispositions sont soumises à des droits proportionnels ou progressifs : un droit distinct est dû pour
chacune d’elles, selon sa nature,
- si toutes les dispositions sont soumises à des droits fixes, seul le droit le plus élevé est perçu,
- si les dispositions donnent lieu à la fois à des droits proportionnels ou progressifs et des droits fixes, ces derniers ne
sont pas perçus (sauf si les droits proportionnels ou progressifs sont inférieurs au droit fixe le plus élevé dû sur une
disposition : dans ce cas, c’est ce droit fixe le plus élevé qui est dû).

Au cas présent, l’assemblée décide de la réduction de capital puis de l’augmentation de capital : les deux dispositions sont
dépendantes. Le droit fixe de 125 € relatif à la réduction de capital sera donc dû.

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UE 1 Corrigé 75
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

DOSSIER 2

1. Le droit préférentiel de souscription à titre irréductible et réductible

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a) Le droit préférentiel de souscription à titre irréductible
Il ressort de l’article L225-132 al. 1, 2 et 4 que les actions comportent un droit préférentiel de souscription (DPS) aux
augmentations de capital. Les actionnaires ont, proportionnellement au montant de leurs actions, un droit de préférence à
la souscription des actions de numéraire émises pour réaliser une augmentation de capital. Ce droit est négociable. Les
actionnaires peuvent renoncer à titre individuel à leur droit préférentiel
Par ailleurs, il peut être utile de supprimer le DPS pour permettre la venue d’investisseurs extérieurs : dans ce cas, la loi a
prévu que l’AGE qui décide l’augmentation de capital peut voter la suppression du DPS sur rapport du CA (ou CS) – art.
L225-135 al. 1 C.Com.
À l’occasion d’une augmentation de capital, chaque actionnaire d’une société non cotée a un droit préférentiel de
souscription « irréductible » (c’est-à-dire qu’on ne peut pas le réduire) proportionnel aux titres qu’il détient. C’est un droit
fondamental de l’actionnaire, mais il peut y renoncer à titre individuel.

Application
L’actionnaire A détenant 20% du capital a le droit de souscrire 20% de l’augmentation de capital, ce qui lui permet de
conserver son niveau de capital dans la société.
A peut souscrire : (200 / 1 000 x 1 000) = 200 actions à titre irréductible.

b) Le droit préférentiel de souscription à titre réductible


Après avoir servi les actionnaires qui souhaitent participer à l’augmentation de capital à titre irréductible, s’il reste des titres
à souscrire et « si l’AGE (ou le CA ou le directoire sur délégation) le décide expressément, les titres de capital non souscrits
à titre irréductible sont attribués aux actionnaires qui auront souscrits un nombre de titres supérieur à celui auxquels ils
pouvaient souscrire à titre préférentiel, proportionnellement aux droits de souscription dont ils disposent et dans la limite
de leurs demandes » – art. L225-133 C.Com.
Les actionnaires intéressés peuvent souscrire davantage, à « titre réductible », pour maintenir l’égalité de traitement entre
actionnaires.

Application
Les actionnaires minoritaires E, F, G et H ne souhaitant pas souscrire, 200 actions restent disponibles et peuvent être
souscrites par A, B, C et D à titre réductible.
A, B, C et D sont propriétaires de 400 droits de souscription chacun (200 actions anciennes et 200 actions à titre
irréductible), au total 1 600 (400 X 4).
Chacun a droit, à titre réductible, à : 200 x 400 / 1 600 = 50 actions.
D, demandeur de ses actions à titre réductible, pourra en souscrire 50.
B et C n’ont souscrit respectivement que 12 et 8 actions, ils les auront.
Il reste 80 actions (non souscrites par B et C) : A pourra les souscrire. Il aura donc 130 actions (50 à titre réductible + les
80 restantes), mais il n’aura pas les 267 actions qu’il souhaitait.

2. Tableau de répartition du capital actuel et futur

Nombre d’actions % de Actions détenues % de détention


Actionnaires actuellement détention après augmentation de capital après
détenues de capital de capital augmentation
A 200 20 530 26,5
B 200 20 412 20,6
C 200 20 408 20,4
D 200 20 450 22,5
E 50 5 50 2,5
F 50 5 50 2,5
G 50 5 50 2,5
H 50 5 50 2,5
TOTAL 1 000 100 2 000 100

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76 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. Conséquences juridiques de la nouvelle répartition du capital


a) Libération des apports
Les actionnaires A, B, C et D qui ont souscrit à l’augmentation de capital doivent obligatoirement libérer leurs actions
souscrites en numéraire d’un quart au moins de la valeur nominale à la souscription, le surplus dans les 5 ans qui suivent
à compter du jour où l’augmentation de capital est devenue définitive – art. L225-144 al. 1 C.Com.

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b) Droits des actionnaires
Les actionnaires E, F, G et H passent chacun sous le seuil des 5% qui leur donnaient divers droits : inscription à l’ordre
du jour de projet de résolution, droit d’alerte, droit d’engager l’action sociale en responsabilité, droit à l’expertise de
gestion… Mais ils pourront toujours se grouper pour les exercer.
Les actionnaires A, B, C et D conservent leur poids dans la société, chacun détient seul le pouvoir d’exercer les droits
nécessitant la détention de 5%. Aucun ne détient la majorité AGO (majorité des voix dont disposent les actionnaires
présents ou représentés – art. L225-98 al. 3). Aucun ne détient la minorité de blocage qui se situe à la détention du tiers
du capital + 1 action, soit 667 actions.

4. Projet de l’actionnaire A : minorité de blocage


Selon l’article L225-96 al. 3 « Elle [l’AGE] statue à la majorité des deux tiers des voix dont disposent les actionnaires
présents ou représentés ».

L’actionnaire A souhaitait obtenir 667 actions sur 2 000 (200 actions anciennes + 200 actions à titre irréductible + 267
actions à titre réductible), soit plus du tiers : il cherchait à détenir la minorité de blocage lui permettant de s’opposer aux
décisions extraordinaires proposées par la direction, si elles ne lui convenaient pas.

5. Les actions de préférence


Les actions de préférence ont été instituées par l’ordonnance du 24.6.2004.

a) Conditions d’émission
« Lors de la constitution de la société ou au cours de son existence, il peut être créé des actions de préférence, avec ou
sans droit de vote, assorties de droits particuliers de toute nature, à titre temporaire ou permanent. Ces droits sont définis
par les statuts » – art. L228-11 al. 1 C.Com.

Il peut être instauré des actions de préférence à droit de vote double par les statuts ou une AGE ultérieure, à condition
« que les actions soient entièrement libérées justifiant d’une inscription nominative depuis 2 ans au moins, au nom du
même actionnaire » – art. L225-123 al. 1 C.Com

« L’assemblée générale extraordinaire est seule compétente pour décider l’émission […] des actions de préférence au vu
d’un rapport spécial des commissaires aux comptes. Elle peut déléguer ce pouvoir (au CA ou au directoire). » – art. L228-
12 al. 1 C.Com.

b) Objectif des actionnaires minoritaires E, F, G et H


Ces actionnaires, en détenant des actions de préférence à droit de vote double, espéraient maintenir leurs droits de vote
dans les assemblées (5%) et les droits attachés à cette détention malgré un pourcentage de capital inférieur (2,5%) dans
la nouvelle répartition.

6. Droits d’enregistrement
Les augmentations de capital en numéraire sont enregistrées gratuitement (article 810,I du CGI).
Les droits sont dus lors de la présentation de l’acte au service des impôts.

Si l’actionnaire A avait apporté un petit entrepôt, les droits dus auraient été les mêmes que ceux applicables en cas d’apport
en nature. S’agissant d’un apport isolé d’immeuble réalisé par une personne physique au profit d’une société soumise à
l’IS, le droit proportionnel de 5% aurait été dû.

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UE 1 Corrigé 77
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Auteur :
Alice Polynice SAGEM-SYLIS

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Compétences attendues Savoirs associés

Maîtriser les implications juridiques liées aux Pacte d’actionnaires, Franchissement de seuils
opérations de financement de l’entreprise et
leurs conséquences (suivi du financement)

DOSSIER SAGEM

1. Identification juridique de la société


Il s’agit de la société anonyme à directoire et conseil de surveillance SAGEM, société cotée, ayant pour objet social la
production électronique dans les domaines des télécommunications et de la défense, de nationalité française. Le directeur
de la société est M. Olivier.

2. Pacte d’actionnaires : définition, conditions de validité


Définition
Un pacte d’actionnaires est une convention conclue par certains ou tous les actionnaires d’une société. Il organise le
régime des titres d’une société ou l’exercice du pouvoir et a pour objet d’apporter des solutions visant à régler leurs
relations face à des problèmes non réglées par la loi et relevant de la liberté contractuelle. Les clauses les plus fréquentes
visent à stabiliser le capital par des clauses de préemption, d’inaliénabilité. Il peut être secret ou ostensible.

Conditions de validité
Le pacte d’actionnaires est un contrat passé en dehors des statuts qui doit répondre aux conditions de validité de tout
contrat en application de l’article 1128 du C.Civ. (ord 10.2.2016) : consentement des parties, capacité de contracter,
contenu licite et certain.
Les clauses insérées ne doivent pas être abusives, c’est-à-dire rendre l’actionnaire prisonnier de ses titres ou porter
atteinte au principe de l’égalité entre actionnaires. Les tribunaux se chargent d’apprécier le caractère abusif ou non des
clauses.
De plus, l’article L233-11 prévoit : « toute clause d’une convention prévoyant des conditions préférentielles de cession ou
d’acquisitions d’actions admises aux négociations sur un marché réglementé et portant sur au moins 0,5% du capital ou
des droits de vote de la société qui a émis ces actions doit être transmise dans un délai de cinq jours de bourse à compter
de la signature de la convention à la société et à l’Autorité des Marchés Financiers. À défaut de transmission, les effets de
cette clause sont suspendus, et les parties déliées de leurs engagements, en période d’offre publique.
La société et l’AMF doivent également être informées de la date à laquelle la clause prend fin.
Les informations sont portées à la connaissance du public par l’AMF ».

Dans le cas, le pacte d’actionnaires conclu doit respecter les conditions de l’article 1128 du Code civil. De plus, comme il
porte sur plus de 0,5% du capital et qu’il s’agit d’une société cotée, la clause du pacte d’actionnaires devra être transmise
à la société et à l’AMF (qui le portera à la connaissance du public).

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78 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. Obligations des signataires du pacte d’actionnaires


Les contrats obligent non seulement à ce qui est exprimé, mais encore à toutes les suites que leur donnent l’équité, l’usage
ou la loi – art. 1194 C.Civ (ord 10.2.2016).
Les actionnaires sont tenus d’exécuter le contrat conclu à savoir :
- ne pas vendre leurs titres pendant 5 ans (21 mois pour BNP et Cogema) ;

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- ne pas apporter leurs titres en cas d’offre publique qui n’aurait pas reçu l’approbation du conseil de surveillance ;
- proposer les titres aux actionnaires du pacte au cas où ils voudraient vendre leurs titres
Dans le cas, les actionnaires ont deux obligations « de ne pas faire » (les 2 premières) et une obligation « de faire » (la
dernière).

4. Portée de l’article 1217 du code civil au regard du pacte d’actionnaires


L’article 1217 du Code civil énumère les 5 options possibles données au créancier en cas de défaillance de son
cocontractant :
« La partie envers laquelle l’engagement n’a pas été exécuté, ou l’a été imparfaitement, peut :
- Refuser d’exécuter ou suspendre l’exécution de sa propre obligation ;
- Poursuivre l’exécution forcée en nature de l’obligation ;
- Solliciter une réduction de prix ;
- Provoquer la résolution du contrat ;
- Demander réparation des conséquences de l’inexécution.
Les sanctions qui ne sont pas incompatibles peuvent être cumulées ; des dommages et intérêts peuvent toujours s’y
ajouter. »

L’article 1217 offre donc au créancier un certain pouvoir : en effet, il est complètement libre de choisir la solution la plus
conforme à ses intérêts, sans avoir à justifier de son choix.

Dans notre cas, le pacte d’actionnaires est un contrat que les parties signataires doivent respecter. En cas d’inexécution
du contrat par l’une des parties, les autres, conformément à l’article 1217 du code civil, peuvent choisir l’issue à donner
au contrat voire réclamer des dommages-intérêts. Les signataires du pacte auront donc le choix des sanctions
conformément à leurs intérêts et sans justifier de leur choix.

5. Effet du pacte d’actionnaires


Le contrat ne crée d’obligations qu’entre les parties – art. 1199 C.Civ (ord 10.2.2016).
Étant un contrat, le pacte d’actionnaires, comme tout contrat, a un effet relatif : ils n’engagent que les contractants. Les
dirigeants de la société ne peuvent s’en prévaloir puisqu’il est passé hors statuts (le pacte n’est pas opposable à la société,
ni aux tiers). Les dirigeants ne pourront pas s’opposer à la vente des titres d’une des parties signataires du pacte.

Dans notre cas, les dirigeants ne peuvent pas s’opposer à la vente des titres d’une des parties signataires du pacte.

6. Sanction de l’inexécution du pacte d’actionnaires


On doit appliquer le droit commun des contrats – art. 1217 C.Civ (ord 10.2.2016) : la violation fautive d’un pacte peut
entraîner la condamnation du responsable à des dommages intérêts, la résolution judiciaire du pacte (un préjudice doit
être démontré du fait de la violation du pacte), ou les autres options offertes par l’article de loi.
Les parties ont pu prévoir des sanctions dans le pacte : clause pénale et clause de résolution de plein droit.
L’exécution forcée du pacte est à écarter par principe. Cependant la jurisprudence admet l’exécution forcée pour les
clauses de préemption en annulant une vente de titres à un tiers si le tiers avait connaissance du pacte – Cass. ch. mixte
25.5.2006.

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UE 1 Corrigé 79
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

DOSSIER SYLIS

1. Reconstitution des faits

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La société anonyme Groupe Open a lancé une offre publique d’achat à la suite de laquelle elle a pris une participation
franchissant le seuil de 15% dans le capital de la société SYLIS.
Le dirigeant du groupe Open a effectué une déclaration de franchissement de seuil auprès de l’AMF. Cette dernière publie
cette déclaration à l’intention du public.

2. Source légale de la publication


Selon l’article L233-7 I et II :
« I.- Lorsque les actions d’une société ayant son siège sur le territoire de la République sont admises aux
négociations sur un marché réglementé d’un État partie à l’accord sur l’Espace économique européen ou sur un marché
d’instruments financiers admettant aux négociations des actions pouvant être inscrites en compte chez un intermédiaire
habilité dans les conditions prévues par la loi, toute personne physique ou morale agissant seule ou de concert qui
vient à posséder un nombre d’actions représentant plus du vingtième, du dixième, des trois vingtièmes, du
cinquième, du quart, des trois dixièmes, du tiers, de la moitié, des deux tiers, des dix-huit vingtièmes ou des dix-
neuf vingtièmes du capital ou des droits de vote informe la société dans un délai fixé par décret en Conseil d’État, à
compter du franchissement du seuil de participation, du nombre total d’actions ou de droits de vote qu’elle
possède.
L’information mentionnée à l’alinéa précédent est également donnée dans les mêmes délais lorsque la participation en
capital ou en droits de vote devient inférieure aux seuils mentionnés par cet alinéa.
La personne tenue à l’information prévue au premier alinéa précise le nombre de titres qu’elle possède donnant accès à
terme au capital ainsi que les droits de vote qui y sont attachés.

II.- La personne tenue à l’information mentionnée au I informe également l’Autorité des marchés financiers, dans
un délai et selon des modalités fixés par son règlement général, à compter du franchissement du seuil de participation,
lorsque les actions de la société sont admises aux négociations sur un marché réglementé ou sur un marché d’instruments
financiers autre qu’un marché réglementé, à la demande de la personne qui gère ce marché d’instruments financiers.
Cette information est portée à la connaissance du public dans les conditions fixées par le règlement général de l’Autorité
des marchés financiers.
Le règlement général précise également les modalités de calcul des seuils de participation. »

Dans le cas, la SA GROUPE OPEN, personne morale a acquis plus des trois vingtièmes du capital de la société SYLIS,
société située sur le territoire de la République et admise sur un marché réglementé. Elle doit :
- informer la société SYLIS de sa prise de participation – art. L233-7-I ;
- informer l’AMF qui en informera le public – art. L233-7 II.

3. Raisons de l’information
Cette information doit être faite pour deux motifs essentiels :
- la qualité de l’information sur la répartition du capital des sociétés cotées qui constitue une condition essentielle du
bon fonctionnement du marché ;
- la préservation des droits des actionnaires d’une société cotée.

L’information de la Société SYLIS permet aux dirigeants de connaître les acquéreurs de ses titres et, en conséquence, de
définir la stratégie à élaborer.
L’information de l’AMF en direction du public permet de rendre le marché plus transparent. Les investisseurs ont ainsi une
meilleure connaissance des transactions opérées et peuvent, à leur tour, se déterminer et lancer des opérations.

4. Action individuelle ou de concert


L’action de concert est un accord conclu entre personnes (associés ou tiers, personnes physiques ou morales) qui
décident :
- soit d’acquérir ou de céder des droits de vote d’une société ;
- soit d’exercer des droits de vote de cette société.
Cet accord doit être fait dans le but de mettre en œuvre une politique commune vis-à-vis de cette société ou pour obtenir
le contrôle de cette société – art. L233-10.
Il résulte du document que la SA GROUPE OPEN a agi seule puisque le document de l’AMF précise « avoir franchi
individuellement » le seuil.

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 Corrigé 
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UE 1 Corrigé 81
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Auteur :
Alice Polynice
EURODITONE

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Compétences attendues Savoirs associés

Maîtriser les implications juridiques liées Le financement de l’entreprise par recours aux
aux opérations de financement de marchés financiers, crowdfunding (financement
l’entreprise : choix du mode de participatif)
financement

1. Légalité de la composition du conseil de surveillance


Deux critères sont proposés par le sujet : le nombre et le sexe des membres du conseil de surveillance.
• Le nombre : le conseil de surveillance est composé de 3 membres au moins. Les statuts fixent le nombre maximum
des membres du conseil, qui est limité à 18 – art. L225-69 al. 1.
La composition du conseil de surveillance de la SA Euroditone est légale, puisque celui-ci comporte 5 membres.

• L’équilibre hommes-femmes : la loi du 27.01.2011 impose une représentation équilibrée des femmes et des
hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance – L225-17 al. 2 (SA avec CA) et L225-69 al. 2 (SA à
directoire).
Dans les SA dont les actions sont admises aux négociations sur un marché réglementé, la proportion des membres
du conseil de surveillance de chaque sexe ne pourra pas être inférieure à 40%. Lorsque le nombre des membres du
conseil ne dépasse pas 8, l’écart entre le nombre de chaque sexe ne pourrait pas être supérieur à 2. Les nominations
intervenues en violation de ces dispositions sont nulles. Cette nullité n’entraînerait pas la nullité des délibérations du
conseil.
La composition de la SA Euroditone est illégale sur le critère de l’équilibre hommes-femmes puisque 5 membres de
sexe masculin sont au conseil de surveillance. La nomination de 2 membres de sexe féminin minimum devrait avoir
lieu lors de la prochaine AG annuelle pour respecter le quota légal de 40%. Il y aurait 3 hommes et 2 femmes. L’écart
entre le nombre de chaque sexe ne serait pas supérieur à 2, le conseil de surveillance respecterait la loi.

2. Notion d’offre au public


Le Code monétaire et financier, dans son article L411-1, énonce :
« L’offre au public de titres financiers est constituée par l’une des opérations suivantes :
1. Une communication adressée sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit à des personnes et présentant une
information suffisante sur les conditions de l’offre et sur les titres à offrir, de manière à mettre un investisseur en mesure
de décider d’acheter ou de souscrire ces titres financiers ;
2. Un placement de titres financiers par des intermédiaires financiers.
Le code monétaire et financier prévoit des dérogations : par exemple, ne constitue pas une opération d’offre au public
l’émission par une société anonyme lorsque le montant total de l’offre est inférieur à 100 000 €.

Seules les sociétés anonymes, les sociétés en commandite par actions et les sociétés européennes peuvent faire offre au
public.

La SA EURODITONE peut par principe faire offre au public du fait de sa forme juridique.

3. Obligations d’information lors de franchissements de seuils et obligation de déposer une OPA


Information des actionnaires (de la SA EURODITONE)
Selon l’article L233-6 C.Com, lorsqu’une société a pris, au cours d’un exercice, une participation dans une société ayant
son siège social sur le territoire de la République française représentant plus du vingtième, du dixième, du cinquième, du
tiers, de la moitié du capital de cette société, ou s’est assuré le contrôle d’une telle société, il en est fait mention dans le
rapport présenté aux associés sur les opérations de l’exercice et, le cas échéant, dans le rapport des commissaires
aux comptes, s’il en existe un.

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82 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Le conseil d’administration, le directoire ou le gérant d’une société rend compte dans son rapport de l’activité et des
résultats de l’ensemble de la société, des filiales de la société et des sociétés qu’elle contrôle par branche d’activité.
Lorsque cette société établit et publie des comptes consolidés, le rapport ci-dessus mentionné peut être inclus dans le
rapport sur la gestion du groupe.
Information de la société cible (de la SA ALFREDINES)

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Selon l’article L233-7, toute personne physique ou morale agissant seule ou de concert qui vient à posséder un nombre
d’actions représentant plus du vingtième, du dixième, des trois vingtièmes, du cinquième, du quart, des trois dixièmes, du
tiers, de la moitié, des 2/3, de 90%, de 95% du capital d’une société ayant son siège sur le territoire de la République et
dont les actions sont cotées informe cette société, dans un délai de quinze jours à compter du franchissement du
seuil de participation, du nombre total d’actions de celle-ci qu’elle possède.

Information de l’AMF (par la société EURODITONE)


La société qui franchit ces seuils doit informer l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) dans le délai de cinq jours de
bourse à compter du franchissement du seuil de participation, lorsque les actions de la société sont cotées. L’AMF porte
cette information à la connaissance du public.
La personne tenue à l’information précise le nombre de titres qu’elle possède donnant accès à terme au capital ainsi que
les droits de vote qui y sont attachés et ses intentions pour l’avenir.

Obligation de déposer une offre publique


L’article L433-3 I du code Monétaire et financier fixe le seuil de déclenchement à 30% du capital et des droits de vote (au
lieu du tiers auparavant).
Les obligations en cas d’offre publique :
- déposer l’offre publique auprès de l’AMF, contenant l’objectif poursuivi par l’initiateur et ses intentions, le nombre
de titres qu’il s’engage à acquérir, le nombre minimal de titres qui doivent être présentés en réponse à l’offre pour
que celle-ci comporte une suite positive, le prix auquel il offre d’acquérir les titres. Saisi du projet d’offre publique,
l’AMF suspend la cotation des titres de la société visée ;
- informer le public par une note d’information établie par chaque société concernée qui sera visée par l’AMF. Si
l’offre est amicale, une note commune suffit. La note doit être mise à disposition des actionnaires au plus tard le
quatrième jour de bourse suivant celui de la délivrance du visa par l’AMF.
La sanction en cas de défaut d’offre publique d’achat obligatoire : les titres que l’intéressé détient au-delà du tiers du
capital ou des droits de vote sont privés de droit de vote.
En l’espèce, la SA EURODITONE souhaitant acquérir plus du tiers du capital de la SA ALFREDINES, société cotée, elle
doit :
- respecter les obligations d’information : informer ses actionnaires, la société AFREDINES et l’AMF ;
- lancer une offre publique d’achat.

4. Atteinte à la transparence des marchés, sanctions pénales en matière d’informations privilégiées


Les dirigeants sociaux ou assimilés qui disposent, à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions, d’informations privilégiées
sur les perspectives ou la situation d’un émetteur dont les titres sont négociés sur un marché réglementé ou sur les
perspectives d’évolution d’un instrument financier admis sur un marché réglementé, qui auront réalisé, ou permis de
réaliser, soit directement, soit par personne interposée, une ou plusieurs opérations avant que le public ait
connaissance de ces informations, seront passibles d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 100
millions d’euros dont le montant pourra être porté au-delà de ce dernier chiffre jusqu’au décuple du montant du profit
éventuellement réalisé et sans que l’amende puisse être inférieure à ce même profit – C. mon. Fin. art. L465-1 I-A modifié
par la loi du 21.06.2016.

La communication d’informations privilégiées à un tiers en dehors du cadre normal de leurs fonctions est sanctionnée
par les mêmes peines – C. mon. Fin. L465-3.

5. Émission d’OCAP
a) Caractéristiques
Le sigle OCAP signifie Obligation Convertible en Action de Préférence.
La société émet un emprunt (obligations) convertible en titre de capital (des actions ordinaires ou de préférence).
L’OCAP est une valeur mobilière donnant accès au capital : l’ordonnance du 24.6.2004 a unifié et simplifié le régime
juridique de ces titres. L’attrait de la conversion en capital peut favoriser la souscription d’obligations.
Les actions de préférence ont été instituées par la même ordonnance, complétée par le décret du 10.02.2005, dont la
définition est la suivante : actions avec ou sans droit de vote, assortie de droits particuliers de toute nature (droit de vote
double, actions à dividende prioritaire…) à titre temporaire ou permanent.
La création d’actions de préférence nécessite l’existence d’une clause des statuts précisant les droits spécifiques attachés
à ces actions.

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UE 1 Corrigé 83
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

L’objectif des actions de préférence est d’organiser le pouvoir dans la société (ex. : attributions de siège des organes de
gestion) ou de favoriser financièrement certains actionnaires (ex. : actions à dividende prioritaire).

b) Décisions à prendre
La décision d’émettre des OCAP est de la compétence de l’assemblée générale extraordinaire puisque, à terme, le capital

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sera augmenté (lors de la conversion des obligations en actions). L’AGE se prononce sur le rapport du CA ou du directoire
et sur le rapport spécial du CAC et peut déléguer sa compétence au directoire – L228-92 et L225-129 C.Com.
Concernant les actions de préférence, un vote AGE doit intervenir pour les autoriser si les statuts ne les ont pas prévues.
Enfin, la réalisation de l’augmentation de capital (lors de la conversion des obligations) est de la compétence du directoire
qui peut déléguer au président du directoire les formalités liées à la réalisation de cette augmentation de capital – art.
L225-149 al. 4.

6. Détention par la SASU d’actions de la SA EURODITONE


Selon l’article L233-29 al. 1 : « une société par actions (SASU) ne peut posséder d’actions d’une autre société (SA
EURODITONE), si celle-ci détient une une fraction de son capital supérieur à 10 %. »
« À défaut d’accord entre les sociétés intéressées pour régulariser la situation, celle qui détient la fraction la plus faible du
capital doit aliéner son investissement » – art. L233-29 al. 2.
La SASU possède 500 actions de la SA EURODITONE et la SA EURODITONE détient 100% du capital de la SASU :
- il faut régulariser la situation car la SASU ne doit pas posséder des titres d’EURODITONE ;
- la SASU (qui détient la fraction la plus faible) devra aliéner ses titres EURODITONE dans le délai d’un an à compter
de la date à laquelle ces actions sont entrées dans son patrimoine (articles D250 et L233-30 C.Com) ;
- en attendant la vente, la SASU ne pourra pas exercer son droit de vote dans les assemblées d’actionnaires
d’EURODITONE (L233-30 al. 2 C.Com).

Sanction pénale : le Président (de la SASU) qui, sciemment, aura enfreint les dispositions de l’article L233-29, s’expose à
une amende de 18 000 € – art. L247-3 C.Com.

7. Modifications dans le rapport sur le gouvernement d’entreprise


Le conseil de surveillance doit établir un rapport sur le gouvernement d’entreprise, joint au rapport de gestion – art. L225-
37 et suivants modifiés par les lois du 22 Mai 2019 et 19 Juillet 2019.Ces mentions sont détaillées dans les articles L255-
37-3 à L225-37-5 (voir Annexe de l’énoncé).

8. Capitaux propres inférieurs à la moitié du capital social


Selon l’article L225-248 al. 1 C.Com, « Si, du fait des pertes constatées dans les documents comptables, les capitaux
propres deviennent inférieurs à la moitié du capital social, le conseil d’administration ou le directoire, selon le cas, est
tenu, dans les quatre mois qui suivent l’approbation des comptes ayant fait apparaître cette perte, de convoquer
l’assemblée générale extraordinaire à l’effet de décider s’il y a lieu à dissolution anticipée de la société. »

Si la dissolution est écartée, la société doit, au plus tard à la clôture du deuxième exercice suivant celui au cours duquel
la constatation des pertes est intervenue, reconstituer ses capitaux propres à concurrence d’une valeur au moins égale à
la moitié du capital ou à défaut, réduire son capital d’un montant au moins égal à celui des pertes qui n’ont pu être imputées
sur les réserves (L225-248 al. 2).

En l’espèce, après l’assemblée générale ordinaire annuelle obligatoire, le directoire devra convoquer dans les 4 mois une
assemblée générale extraordinaire pour décider d’une éventuelle dissolution anticipée de la société et publier la décision
prise (journal d’annonces légales, dépôt au greffe, inscription au registre du commerce et des sociétés).

Sanction civile :
À défaut de délibération régulière comme au cas où la société n’aurait pas régularisé sa situation dans le délai de deux
ans, tout intéressé peut demander en justice la dissolution de la société. Cependant, le tribunal saisi peut accorder
un délai maximal de six mois pour régulariser la situation. De plus, il ne peut prononcer la dissolution si, au jour où il statue
sur le fond, cette régularisation a eu lieu (L225-248 al. 4).

9. Définition du Crowdfunding et conditions pour en bénéficier


Le financement participatif, ou crowdfunding (« financement par la foule ») est un mécanisme qui permet de collecter les
apports financiers - généralement des petits montants -d'un grand nombre de particuliers au moyen d'une plateforme sur
internet - en vue de financer un projet.
Toutes les sociétés, à condition d’être immatriculées au RCS, peuvent potentiellement faire appel à ce mode de
financement pour financer un projet.

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84 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

On distingue trois principaux types de crowdfunding :


- le crowdfunding en don ; le don ou la contrepartie en nature : le particulier investisseur apporte son soutien sous
forme de don sans aucune contrepartie ou reçoit, en échange de sa contribution, une contrepartie en nature : un
objet, une citation, de la part du porteur de projet ;

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- le crowdfunding en prêt ; le prêt : il peut s'agir d'un prêt avec ou sans intérêt ;
- le crowdfunding d’investissement : la souscription de titres : le particulier investisseur acquiert des titres (actions ou
obligations) dans l'entreprise dans laquelle il a investi.

Dans notre cas, même si une SA cotée peut faire appel au crowdfunding, il semble difficile pour M. Jean d’utiliser ce
mécanisme car l’objectif est de financer un projet, ce qui n’est pas le cas ici.

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UE 1 Corrigé 85
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

BRAIN
Auteur :
Bertrand Beringer

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Compétences attendues Savoirs associés

Assurer la gestion fiscale des groupes (choix du Régimes fiscaux de groupe et traitement fiscal
régime fiscal approprié ; détermination du des opérations internes aux groupes
périmètre d’intégration fiscale ; validation des
retraitements ; travaux de synthèse liés à la
détermination d’un résultat fiscal de groupe)

DOSSIER 1
1. Redevances intragroupe
L’entreprise Brain a opté pour le régime de faveur pour l’imposition des redevances issues de la concession de ces brevets.
Ce régime est applicable car les revenus proviennent d’un actif éligible. Il est applicable même en cas de concession à
une entreprise liée.
Le montant imposable est déterminé en multipliant le résultat net lié à la concession par le ratio NEXUS.

Détermination de l’IS dû par la société BRAIN


Redevances perçues de l’entreprise RABI :
Résultat net de concessions : 40 000 – 15 000 = 25 000 €.
Ratio NEXUS : 15 000 × 1,3 / (15 000 + 10 000) = 78%.
Base imposable : 25 000 × 0,78 = 19 500 €.
Impôt dû : 19 500 × 0,1 = 1 950 €.

Redevances perçues de l’entreprise CARE :


Résultat net de concessions : 30 000 – 10 000 = 20 000 €.
Ratio NEXUS : 1, les frais de R&D ont été supportés en interne.
Base imposable : 20 000 €.
Impôt dû : 20 000 × 0,1 = 2 000 €.

Détermination des charges déductibles au niveau de l’entreprise RABI


Les charges déductibles au niveau de la société versante sont limitées s’il existe des liens de dépendance entre les deux
sociétés et si les redevances sont taxées à moins de 25% au niveau de la société bénéficiaire.
Les entreprises RABI et BRAIN sont liées car la société BRAIN détient 75% du capital de la société RABI.
Par ailleurs, les redevances issues de la concession de brevet ne sont taxées qu’à hauteur de 10% au niveau de la société
RABI.
Dans cette situation, les redevances versées par l’entreprise RABI ne sont pas déductibles du résultat fiscal à hauteur de
la fraction correspondant au produit du montant des redevances par le rapport entre, au numérateur, la différence entre
25% et le taux effectif d'imposition auquel ont été soumises les redevances et, au dénominateur, 25%.

Redevances versées à l’entreprise BRAIN : 40 000 €


Part des redevances non déductible : 40 000 × (0,25 – 0,1) / 0,25 = 24 000 €
Redevances admises en déduction du résultat fiscal : 40 000 - 24 000 = 16 000 €

Détermination des charges déductibles au niveau de l’entreprise CARE


Les redevances versées sont déductibles de son résultat fiscal, il n’existe pas de liens de dépendance entre les sociétés.

2. Cession intra-groupe de brevet


Le résultat net de cession du brevet peut bénéficier de l’imposition au taux réduit de 10% si le brevet a été mis au point
par l’entreprise et s’il n’existe pas de liens de dépendance entre l’entreprise cédante et l’entreprise cessionnaire.
Au cas présent, ces deux conditions sont remplies (la SA TARO est indépendante et le brevet a été mis au point en
interne), le résultat net de 210 000 – 100 000 = 110 000 € est donc imposé au taux réduit de 10%, soit un impôt de
11 000 €.

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86 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. Dividendes intragroupe
Le régime des sociétés mères et filiales s’applique lorsque la société mère est soumise à l’IS et que la société filiale est
détenue à 5% au moins par la mère, et que cette dernière détient effectivement les titres de la filiale pendant 2 ans.
Les dividendes en provenance de RINA et RABI ouvrent droit à ce régime. Ils sont donc exonérés d’IS avec réintégration
d’une quote-part de frais et charges égale à 5% de leur montant brut.

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BRAIN est donc exonérée d’IS sur la base de : 280 000 + 480 000 = 760 000 €,
d’où une déduction de 760 000 € du résultat fiscal,
et elle doit réintégrer la quote-part de frais et charges de 760 000 x 5% = 38 000 € dans son résultat fiscal.
NB : Voir le cas VERSION JARDIN pour l’étude approfondie du régime mère-fille.

4. Intérêts intragroupe
• Intérêts versés au Crédit du Sud-Est : intégralement déductibles, soit 850 000 x 2,55% x 6/12 = 10 837,50 €.
• Intérêts versés à BRAIN et à RINA :
1re limite : BRAIN est un actionnaire, donc la 1e limite doit être respectée, ce qui est le cas (capital libéré).
Pour RINA, cette condition n’est pas nécessaire puisque RINA n’est pas actionnaire.
2e limite : BRAIN et RINA sont des entreprises liées à RABI (la 1e est société mère, la 2e est société sœur) : donc
le taux d’intérêt ne doit pas dépasser le TMP à taux variable, voire le taux du marché s’il est supérieur.
TMP = 2% et taux du marché = 2,55% ; on retient donc le taux du marché.
Intérêts déductibles en application de cette 2e limite :
(2 800 000 + 1 000 000) x 2,55% = 96 900 €
et intérêts non déductibles = [(2 800 000 x 3,05%) + (1 000 000 x 3,65%)] – 96 900 = 25 000 €.
3e limite : la sous-capitalisation est-elle caractérisée ?
1. avances consenties = 2 800 000 + 1 000 000 = 3 800 000
1,5 x capitaux propres = 800 000 x 1,5 = 1 200 000
on a bien : avances consenties > 1,5 x capitaux propres
2. intérêts versés calculés au taux déductible (cf. 2e limite) = 248 900 €
25% x (580 000 + 200 000 + 96 900) = 219 225 €
les intérêts versés n’excèdent pas 25% du résultat courant corrigé
3. intérêts reçus de toutes les entreprises liées = 0 €
on a bien : intérêts versés > intérêts reçus.
Conclusion : RABI n’est pas sous-capitalisée au sens de cette réglementation fiscale car le 2e critère de sous-
capitalisation n’est pas rempli.
Aucun intérêt non déductible n’est donc calculé au titre de cette 3e limite.
Les intérêts versés à BRAIN et RINA sont donc déductibles à hauteur de 96 900 €, d’où une réintégration de 25 000 €.
NB : bien que partiellement non déductibles chez RABI, les intérêts restent imposables en totalité chez BRAIN et RIMA.
Toutefois, BRAIN détenant 75% de RABI, elle pourrait revendiquer l’application du régime mère/fille sur les intérêts
excédentaires, si elle remplit les conditions d’application de ce règime.

5. Aides intragroupe
Lorsqu’une société réalise une aide au profit d’une autre société (quelle que soit la forme de cette aide, abandon de
créance ou subvention), cette opération est un acte normal de gestion si l’aide intervient en vue d’assainir la situation
financière d’une filiale, ce qui est bien le cas ici. Mais seules sont déductibles les aides à caractère commercial (c’est-à-
dire trouvant leur origine dans des relations commerciales) et les aides consenties à certaines entreprises en difficulté
financière.

Abandon de créance de BARIN à BRA pour 1 800 000 €


BRA commercialise les produits fabriqués par BARIN : l’abandon de créance permet à BARIN de maintenir une source de
débouchés ; cet abandon de créance est donc à caractère commercial. Il est en conséquence intégralement déductible
chez BARIN. Pas de retraitement fiscal nécessaire.
Chez BRA, il s’agit un produit exceptionnel normalement imposable.
Abandon de créance de MABI à BRA pour 2 500 000 €
MABI n’entretient aucune relation commerciale avec BRA ; cette subvention est donc à caractère financier.
Chez MABI, elle ne peut être déductible que si BRA en bénéficie dans le cadre d’une procédure de conciliation (prévue
par l’article L611-8 du Code de Commerce), ou si une procédure de sauvegarde, de redressement judiciaire ou de
liquidation judiciaire est ouverte (1). Ce n’est pas le cas ici ; cette subvention est donc intégralement non déductible : elle
doit être réintégrée pour la détermination du résultat fiscal.
Chez BRA, cette subvention est imposable (alors même qu’elle n’est pas déductible chez MABI). Pas de retraitement fiscal
nécessaire.

(1)
Dans ces cas très limités de conciliation, sauvegarde, redressement ou liquidation, l’aide est déductible à 100% à hauteur de la situation nette négative
de la société aidée. Si l’aide excède le montant de la situation nette négative, le complément d’aide est assimilé à un complément du prix de revient des
titres, pour la fraction correspondant au pourcentage de détention, et il est déductible à 100% pour le solde.

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UE 1 Corrigé 87
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

L’article 216 du CGI permet d’aboutir à une non-imposition des aides à caractère financier, mais il est réservé aux
abandons de créances (donc non-applicable ici, s’agissant d’une subvention) et ne s’applique que si :
- l’abandon est consenti par une société mère (participation > 5%)
- et si la filiale bénéficiaire s’engage à augmenter son capital au profit de la société consentant l’abandon, pour le
même montant, avant la clôture du 2e exercice suivant celui de l’abandon.

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DOSSIER 2
Remarque : les modalités de report en avant du déficit fiscal des sociétés soumises à l’IS sont les suivantes : si le principe du report
illimité dans le temps est acquis, le montant du déficit reportable en avant au titre de chaque exercice est limité : un déficit
N n’est imputable sur le bénéfice N+1 qu’à hauteur de la somme de 1M€ majoré de 50% du bénéfice N+1 qui excède 1M€
(la fraction de déficit N non imputée sur le résultat N+1 reste imputable sur les résultats N+2 et suivants, en appliquant
chaque année cette limite).
Exemple : Déficit N = 1 500 000 € Bénéfice N+1 = 1 200 000 € Bénéfice N+2 = 1 100 000 €
Résultat fiscal N+1 = 1 200 000 – [1 000 000 + (200 000 x 50%)] = 100 000 € et solde de déficit = 400 000 €
Résultat fiscal N+2 = 1 100 000 – 400 000 = 700 000 € La limite d’imputation N+2 n’est pas dépassée : 1 000 000 +
(100 000 x 50%) = 1 050 000 € > 400 000 €
Ici, compte tenu des montants, ces restrictions au report en avant ne s’appliquent pas.

1. Constitution de PHARMARAIN sous forme de SARL soumise à l’IS

Imputation des déficits


PHARMARAIN N N+1 N+2 N+3 N+4 N+5 N+6 N+7 N+8 N+9 N+10
Résultat avant imputation - 80 - 65 - 58 - 20 + 10 + 12 + 18 + 65 + 75 + 100 + 105
des déficits antérieurs
Imputation du déficit - 10 - 12 - 18 - 40
antérieur de l’exercice
N de 80
Imputation du déficit - 25 - 40
antérieur de l’exercice N+1
de 65
Imputation du déficit - 35 - 23
antérieur de l’exercice N+2
de 58
Imputation du déficit - 20
antérieur de l’exercice N+3
de 20
Résultat après - 80 - 65 - 58 - 20 0 0 0 0 0 + 57 + 105
imputation des déficits

2. Intégration fiscale entre BRAIN et PHARMARAIN

Intégration fiscale
N N+1 N+2 N+3 N+4 N+5 N+6 N+7 N+8 N+9 N+10
Résultat PHARMARAIN - 80 - 65 - 58 - 20 + 10 + 12 + 18 + 65 + 75 + 100 + 105
Résultat BRAIN + 20 + 25 + 40 + 25 + 15 + 10 + 30 + 35 + 38 + 40 + 40
Résultat d’ensemble
avant imputation déficit - 60 - 40 - 18 +5 + 25 + 22 + 48 + 100 + 113 +140 + 145
d’ensemble antérieur
Imputation du déficit
d’ensemble antérieur -5 - 25 - 22 -8
de l’exercice N de 60
Imputation du déficit
d’ensemble antérieur - 40
de l’exercice N+1 de 40
Imputation du déficit
d’ensemble antérieur - 18
de l’exercice N+2 de 18
Résultat d’ensemble - 60 - 40 - 18 0 0 0 0 + 82 + 113 + 140 + 145
net

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88 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. Intégration « sauvage » entre BRAIN et PHARMARAIN


Si PHARMARAIN est constituée sous forme de SNC non soumise à l’IS, ses résultats fiscaux « remontent » au niveau de
ses associés pour être compris dans les résultats fiscaux de ces associés, et ce au prorata de leur participation dans le
capital de la SNC.

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Intégration
« sauvage » N N+1 N+2 N+3 N+4 N+5 N+6 N+7 N+8 N+9 N+10

Résultat BRAIN + 20 + 25 + 40 + 25 + 15 + 10 + 30 + 35 + 38 + 40 + 40
Résultat PHARMARAIN
- 76,8 - 62,4 - 55,7 - 19,2 + 9,6 + 11,5 + 17,3 + 62,4 + 72 + 96 +100,8
imputé à 96%
Résultat BRAIN avant
- 56,8 - 37,4 - 15,7 + 5,8 + 24,6 + 21,5 + 47,3 + 97,4 + 110 + 136 +140,8
imputation du déficit
antérieur
Imputation du déficit
- 5,8 - 24,6 - 21,5 - 4,9
antérieur N de 56,8
Imputation du déficit
- 37,4
antérieur N+1 de 37,4
Imputation du déficit
-5 - 10,7
antérieur N+2 de 15,7
Résultat net BRAIN - 56,8 - 37,4 - 15,7 0 0 0 0 + 86,7 + 110 + 136 +140,8

Dans cette hypothèse, les déficits fiscaux de PHARMARAIN viennent en déduction des bénéfices fiscaux de BRAIN, mais
seulement à hauteur de 96% (taux de participation), au titre de leur exercice de réalisation et quelle que soit l’affectation
juridique ultérieure de ces déficits (qu’ils soient ensuite reportés à nouveau ou imputés sur des réserves par exemple). De
la même façon s’il s’était agi de bénéfices, ceux-ci auraient été ajoutés aux bénéfices fiscaux de BRAIN au prorata de sa
participation, quelle que soit leur affectation juridique ultérieure (qu’ils soient distribués ou mis en réserves). Cette
déduction ou cette imposition s’effectue via un retraitement extra-comptable (déduction ou réintégration) à opérer lors de
la détermination du résultat fiscal de BRAIN (cf. imprimé n°2058-A).
La fraction complémentaire de 4% des résultats fiscaux de PHARMARAIN est transmise à ses autres associés (personnes
physiques ou personnes morales).

Comparaison intégration fiscale légale / intégration « sauvage »

L’intégration fiscale légale présente principalement trois avantages :


- elle permet la compensation à 100% entre bénéfices et déficits des sociétés du groupe ;
- elle neutralise les opérations intragroupe (exemple : abandons de créance intragroupe) ;
- elle autorise la remontée sans taxation des résultats au sein du groupe grâce à un mécanisme de distribution de
dividendes intragroupe spécifique.

Mais elle n’est pas sans inconvénient :


- tout d’abord, elle ne s’applique que si le taux de détention est élevé (supérieur à 95%) ;
- ensuite, certains ajustements peuvent être temporaires (exemple : certaines neutralisations d’abandons de créance
ou subventions peuvent être remis en cause lors de la sortie ultérieure de l’une des sociétés concernées) ;
- l’application pratique et le suivi de gestion en découlant peuvent être difficiles à assumer.

L’intégration « sauvage » ne peut être comparée à l’intégration légale que sur le plan de la consolidation fiscale des
résultats fiscaux. En effet, les opérations intragroupe ne sont pas concernées puisque la consolidation fiscale résulte
uniquement des modalités d’imposition ou d’imputation des résultats fiscaux de la filiale constituée sous forme de société
de personnes dont un associé est soumis à l’IS, et non des modalités de détermination de ces résultats.
Elle présente les avantages :
- d’être très simple d’application ;
- de s’appliquer quel que soit le taux de détention du capital de la société de personnes par la société soumise à l’IS.

L’avantage des méthodes d’intégration (qu’elle soit légale ou « sauvage ») par rapport à l’imputation de droit commun des
déficits résulte de l’avantage financier immédiat qu’elles procurent : les déficits d’une société engendrent une économie
d’IS immédiate car la société fiscalement bénéficiaire ne paie pas l’IS qu’elle aurait dû payer sans l’intégration.
En l’absence d’intégration, les déficits d’une société soumise à l’IS sont certes reportables sans limitation de durée (le
report en avant cesse toutefois en cas de changement d’activité de la société) ; mais l’imputation sur des bénéfices peut
être lointaine, d’où une économie d’IS non immédiate.

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 Corrigé 
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90 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Sociétés Détention directe Détention indirecte Pourcentage total


Analyse par MIMBAIR par MIMBAIR de détention
des DIR 50 % 48 % (*) 98 %
pourcentages VOUS 96,77 % 96,77 %
de détention FER 95 % 95 %

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BOIR 96 % (*) 96 %
SUZE 11% 11 %
(*) La détention indirecte s’apprécie dans ce cas par « palier » ; le premier palier doit impérativement respecter un
taux de détention par la société mère supérieur ou égal à 95% pour que les autres paliers puissent être pris en
compte. Toute société détenant 95% du capital d’une autre est considérée comme la détenant en totalité. La société
DIR est donc détenue à 50% + (100% x 48%) = 98% (mais il faut que VOUS soit membre du groupe). La société
BOIR est détenue à 100% x 96% = 96% (mais il faut que FER soit membre du groupe).

Les quatre filiales DIR, VOUS, FER, et BOIR sont détenues, directement ou indirectement, à 95% au moins par la société
MIMBAIR. Elles peuvent donc faire partie du groupe. Toutefois, si elle le souhaitait (ce qui n’est pas le cas ici), la société
mère pourrait décider librement de l’étendue du groupe et n’y inclure que certaines filiales. De même, ces dernières
pourraient refuser leur intégration dans le groupe.
La filiale SUZE n’est pas détenue à 95% au moins par MIMBAIR : elle ne peut pas faire partie du groupe intégré.

3. Conditions de formation du périmètre d’intégration fiscale


La société mère doit opter pour le régime fiscal des groupes de sociétés avant l’expiration du délai de dépôt de la déclaration
de résultat de l’exercice précédant celui au titre duquel elle demande son application.
Précision : Le délai de dépôt de la déclaration annuelle de résultat expire en principe le dernier jour du 3e mois suivant la
clôture de l’exercice. Toutefois, pour les exercices clôturés le 31 décembre, ce délai se situe au 2e jour ouvré
suivant le 1er mai (le plus souvent le 03/05/N+1 pour l’exercice clos le 31/12/N).
Ainsi, une société clôturant son exercice le 31/12 souhaitant former un groupe avec ses filiales en N, devra
opter pour ce régime avant le 03/05/N.
L’option doit être notifiée sur papier libre selon le modèle établi par l’administration.
Elle est accompagnée : - de la liste des filiales qui seront membres du groupe (pour chaque société : désignation, adresse
du siège social, répartition du capital social) ;
- des attestations par lesquelles les filiales font connaître leur accord pour que la société mère
retienne leurs propres résultats pour la détermination du résultat d’ensemble du groupe intégré.
L’option engage la société mère pour cinq exercices et les filiales pour la durée d’option de la société mère restant à courir
à partir de leur entrée dans le groupe.
La société mère et les sociétés filiales doivent ouvrir et clore leurs exercices comptables aux mêmes dates. Ces exercices
doivent avoir une durée de 12 mois. Ces deux conditions doivent être satisfaites avant le premier jour de l’exercice au titre
duquel le régime d’intégration s’applique. Toutefois, la durée de l’un des 5 exercices couverts par l’option peut être inférieure
ou supérieure à 12 mois, la durée de 12 mois restant obligatoire pour les quatre autres exercices couverts par l’option (ce
afin de permettre au groupe de changer la date de clôture des exercices sociaux).
Le périmètre d’intégration doit être mis à jour pour chaque exercice par la société tête de groupe : celle-ci doit notifier, avant
la clôture de chaque exercice, la liste des sociétés membres du groupe à compter de l’exercice suivant.

4. Intégration fiscale
a) Résultat fiscal N et plus ou moins-value à LT N individuels éventuellement corrigés
Chaque société membre du groupe détermine son résultat fiscal dans les conditions de droit commun sauf pour :
- les déficits subis :
• avant l’entrée dans le groupe, les déficits ne sont imputables que sur le bénéfice de la société qui les a subis,
déterminé après déduction des amortissements de l’exercice. De plus, ils ne peuvent être imputés sur la part des
bénéfices réalisés depuis l’entrée dans le groupe qui provient des abandons de créances ou des subventions reçus
d’autres sociétés du groupe, des plus-values à court terme de cessions entre sociétés du groupe et de la plus-value
de réévaluation libre des éléments d’actifs. Ces correctifs ont pour objectif de corriger le résultat individuel des
gonflements artificiels provenant d’opérations intra-groupe.
La SA VOUS a réalisé une plus-value sur la cession d’un matériel à la SA FER :
50 000 - (40 000 - 30 000) = 40 000 ® PVCT : 40 000
Bénéfice d’imputation après plafonnement : 111 320 - 40 000 = 71 320
Le déficit de 10 200 de la SA VOUS peut donc être imputé en totalité sur son propre résultat N.

• après l’entrée dans le groupe, les déficits pris en compte dans le résultat fiscal du groupe ne peuvent plus être
déduits des bénéfices ultérieurs de la société qui les a subis.
La SA BOIR doit retraiter son résultat fiscal pour tenir compte du fait que le déficit de 10 000 a déjà bénéficié au groupe
intégré : il ne peut être déduit une seconde fois.
Bénéfice fiscal corrigé = 300 000 + 10 000 = 310 000

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UE 1 Corrigé 91
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

- les moins-values à long terme subies :


• avant l’entrée dans le groupe, les MV LT ne sont imputables que sur les PV LT de la société qui les a subies. De
plus, elles ne peuvent être imputées sur la part des PV LT réalisées depuis l’entrée dans le groupe qui proviennent
des PV LT de cessions entre sociétés du groupe et de la plus-value de réévaluation libre des éléments d’actifs. Ces
correctifs ont pour objectif de corriger la PV LT individuelle des gonflements artificiels provenant d’opérations intra-

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groupe.
• après l’entrée dans le groupe, les MV LT prises en compte dans la MV LT du groupe ne peuvent plus être déduites
des PV LT ultérieures de la société qui les a subies, pour tenir compte du fait que ces MV LT ont déjà bénéficié au
groupe intégré : elles ne peuvent être déduites une seconde fois.

Rappel concernant les MV LT : il convient de distinguer :


* les MV LT sur titres de participation (de sociétés n’étant pas à prépondérance immobilière), qui n’engendrent aucune
déduction puisque les PV LT sur ces titres de participation sont exonérées d’IS (hors quote-part de frais et charges) :
aucun retraitement ne doit donc être opéré pour ces MV LT puisqu’elles sont définitivement non imputables ;
* les autres MV LT (celles relevant de l’IS aux taux de 15% ou de 19%, qui ne forment qu’une seule catégorie), pour
lesquelles il convient d’opérer ces retraitements ; toutefois, il faut souligner que les éléments relevant de ces taux de
PV LT sont peu nombreux :
- IS à 15% : ne concerne que certains titres de capital risque, les revenus de la propriété industrielle sont taxés au
taux de 10% depuis 2019.
- IS à 19% : titres de participation de sociétés à prépondérance immobilière cotées.
NB : les titres de participation de sociétés à prépondérance immobilière non cotées relèvent du taux normal de l’IS.

Les résultats fiscaux et PV ou MV LT individuels corrigés sont donc les suivants :


MIMBAIR DIR VOUS FER BOIR
Bénéfice ou déficit fiscal 1 936 540 - 86 000 111 320 - 106 960 300 000
Déficit fiscal antérieur à l’intégration non imputable ----
Déficit fiscal déjà imputé sur résultat d’ensemble + 10 000
Résultat fiscal individuel corrigé 1 936 540 - 86 000 111 320 - 106 960 310 000
PV ou MV LT individuelle exonérée - 10 300 (*) + 10 000
PV ou MV LT individuelle au taux de 10% 5 000 7 000
MV LT antérieure à l’intégration non imputable
MV LT déjà imputée sur la PV LT d’ensemble
PV ou MV LT individuelle au taux de 10% corrigée 5 000 7 000
(*) +10 000 – 22 300

Vérification des dividendes déduits en application du régime mère/fille


Depuis 2016, le taux de la quote-part de frais et charges diffère selon que les dividendes sont reçus d’une filiale membre de
l’intégration fiscale (1%) ou non membre de l’intégration (5%).
MIMBAIR reçoit des dividendes de filiales intégrées (DIR, VOUS, FER) et d’une filiale non intégrée (SUZE) :
QP = [(1 000 + 40 000 + 3 000) x 1%] + (6 000 x 5%) = 740 € et montant déduit = 50 000 – 740 = 49 260 €
VOUS reçoit des dividendes d’une filiale intégrée (DIR) et d’une filiale non intégrée (TESOUS)
QP = (960 x 1%) + (11 040 x 5%) = 562 € et montant déduit = 12 000 – 562 = 11 438 €
FER reçoit des dividendes d’une filiale intégrée (BOIR) et d’une filiale non intégrée (VINS)
QP = (18 000 x 1%) + (2 000 x 5%) = 280 € et montant déduit = 20 000 – 280 = 19 720 €

b) Résultat fiscal d’ensemble N


Pour obtenir le résultat d’ensemble et la PV ou MV LT d’ensemble, il faut tout d’abord calculer la somme algébrique des
résultats et PV ou MV LT individuels corrigés des sociétés membres du groupe.
Cette somme algébrique fait ensuite l’objet de retraitements : ceux-ci sont limitativement énumérés par la loi et ont pour
conséquence de neutraliser les effets des opérations intra-groupe.

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92 Corrigé UE 1
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Détermination du résultat d’ensemble


Somme algébrique des résultats individuels corrigés 2 164 900
1 936 540 - 86 000 + 111 320 - 106 960 + 310 000

Dividendes : les dividendes reçus par une société du groupe à raison de sa participation dans une

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autre société du groupe sont retranchés du résultat d’ensemble s’ils n’ouvrent pas droit à l’application
du régime mère-fille (sauf s’ils sont reçus au cours du 1er exercice d’appartenance au groupe).
NB : à noter que si un dividende intra-groupe ouvre droit au régime mère-fille, mais que la société le
percevant n’opte pas pour l’application de ce régime, cette correction ne s’applique pas.
Ici, tous les dividendes intra-groupe bénéficient du régime mère-fille.

Jetons de présence : le résultat d’ensemble est majoré des jetons de présence versés par les sociétés
filiales du groupe ; si une fraction de ces jetons a déjà été réintégrée fiscalement, la majoration ne porte
que sur la fraction non réintégrée. On ne tient pas compte des jetons de présence versés par la société
mère.
VOUS : 40 000 (versés) – 20 000 (réintégrés fiscalement) FER : 10 000 (versés) + 30 000

Provisions intra-groupe : le résultat d’ensemble est majoré des dotations aux provisions sur des
créances détenues entre sociétés du groupe. Le résultat d’ensemble est également majoré du
montant des dotations aux provisions pour risques constituées entre sociétés du groupe.
Corrélativement, toutes les reprises correspondantes sont déduites du résultat d’ensemble, mais à + 4 130
condition que les 2 sociétés concernées soient toujours membres du groupe lors de la reprise.
Dotations : 1 790 + 2 340 Reprises : 1 500 - 1 500
Abandons de créances et subventions directes ou indirectes internes : pour les
exercices ouverts à compter du 1er janvier 2019, les abandons de créances et les subventions
consentis entre sociétés membres du groupe cessent d’être neutralisés pour la détermination du
résultat d’ensemble.

Cessions internes d’immobilisations : elles sont neutralisées par le régime de l’intégration. La plus-
value dégagée par ces cessions n’est pas retenue pour le calcul du résultat d’ensemble ou de la plus
ou moins-value nette à long terme d’ensemble de l’exercice. Le supplément d’amortissement pratiqué
par la société cessionnaire doit être réintégré au résultat d’ensemble de chaque exercice concerné.
Cession de VOUS à FER : PV CT = 50 000 - (40 000 - 30 000) à déduire
Supplément d’amortissement chez FER : (50 000 - 40 000) x 10% x 9/12
De plus, lorsqu’une cession interne est consentie à un prix inférieur à la valeur réelle du bien remis,
la différence est considérée comme une subvention indirecte et doit être retraitée. Ici, l’énoncé précise - 40 000
+ 750
que les prix de cession sont égaux à la valeur réelle.

Charges financières : lorsqu’une société du groupe a acheté les titres d’une société qui devient
membre du groupe aux personnes qui la contrôlent, une fraction des charges financières déduites par
les sociétés membres du groupe est réintégrée au résultat d’ensemble (fraction forfaitairement
déterminée et présumée liée à cet achat). Ici, aucune opération de ce type.

Quote-part de frais et charges sur PV LT sur titres de participation : pour les exercices ouverts à
compter du 1er janvier 2019, la quote-part de frais et charges de 12 % imposable à raison des plus-
values à long terme afférentes aux cessions de titres de participation n’est plus neutralisée.
Résultat fiscal d’ensemble du groupe intégré (1) 2 158 280

(1) Quote-part de frais et charges sur dividendes bénéficiant du régime mère-fille : jusqu’en 2015, la quote-part de frais et
charges de 5% applicable hors intégration fiscale était totalement neutralisée au niveau du résultat d’ensemble. Depuis 2016,
cette QP est de 1% pour les dividendes intra-groupe en régime mère/fille et elle n’est plus neutralisée. Il n’y a donc plus de
retraitement du résultat d’ensemble pour les dividendes bénéficiant du régime mère/fille.

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Détermination de la plus ou moins-value à long terme d’ensemble au taux de 10%


Somme algébrique des PV ou MV LT individuelles éventuellement corrigées
5 000 + 7 000 12 000
Plus-value à long terme d’ensemble du groupe au taux de 15% 12 000

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Détermination de la plus ou moins-value à long terme d’ensemble sur titres de participation
Somme algébrique des PV ou MV LT individuelles
- 10 300 + 10 000 - 300

Aucun retraitement n’est à effectuer lorsqu’il s’agit de cession interne de titres de participation (puisque
la PV LT est exonérée d’IS).

Moins-value à long terme d’ensemble du groupe intégré sur titres de participation - 300

c) I.S. à payer
IS à 28% = 500 000 x 28% = 140 000 140 000
IS à 31% = (2 158 280 - 500 000) x 31% 514 067
Crédits d’impôt imputables = 3 900 + 13 725 + 1 275 + 4 260 - 23 160
IS net au taux normal 630 907
IS à 10% = 12 000 x 10% = 1 200
IS net total 632 107

Contribution de 3,3% de l’IS = [(140 000 + 514 067 + 1 200) - 763 000] x 3,3% 0
Cette assiette est négative, d’où pas de contribution à payer.

d) Sort de la moins-value nette à long terme d’ensemble sur titres de participation


Elle est définitivement non imputable car les PV à LT sur titres de participation sont exonérées d’IS.
NB : Signalons que lorsqu’il s’agit de MVnLT sur éléments au taux de 15%, les MVnLT comprises dans la PV ou MV
nette d’ensemble ne peuvent plus être déduites des PVLT ou bénéfices ultérieurs de la société qui les a subies.

e) Comparaison
I.S. et contributions payés sans intégration fiscale : 581 927 + 32 220+ 79 740 693 887
I.S. et contributions payés avec intégration fiscale : 632 107
Avantage fiscal résultant de l’intégration 61 780

L’intégration fiscale apparaît donc avantageuse, d’autant plus que les sociétés déficitaires qui bénéficient de crédits d’impôt
non remboursables peuvent transférer ces derniers à la société tête de groupe qui les impute sur l’IS groupe, alors qu’en
régime de droit commun ces crédits d’impôt seraient définitivement perdus.
Toutefois, en 2018 et 2019, le taux d’IS de 28% ne s’applique qu’une seule fois au niveau du résultat d’ensemble inférieur
à 500 000 €, alors qu’en l’absence d’intégration fiscale, chaque société peut appliquer ce taux de 28% pour sa propre fraction
de résultat fiscal inférieure à 500 000 €.
Ce régime fiscal des groupes tend d’une part à assurer une neutralité fiscale, et d’autre part à favoriser la concentration des
entreprises.

DEUXIÈME DOSSIER : SOCIÉTÉ CONSO


Depuis 2012, il existe un régime de consolidation de la TVA pour les sociétés appartenant à un groupe. Il s’agit d’un régime
de consolidation du paiement de la TVA (et non de la déclaration de TVA) qui ne concerne que les très grandes
entreprises.
Une société tête de groupe peut donc consolider le paiement de la TVA pour elle-même et ses filiales détenues directement
ou indirectement à plus de 50%, notamment lorsque les conditions suivantes sont remplies :
- sociétés tête et filiales relevant de la DGE (Direction des Grandes Entreprises) : CA HT ou total bilan ≥ 400 M€ ;
- sociétés tête et filiales clôturant leurs exercices à la même date et soumises au régime du réel normal de TVA.

La société tête de groupe peut donc opter (avec l’accord des filiales consolidées) auprès de la DGE pour la consolidation
du paiement de la TVA pour une période initiale de 3 exercices (prenant effet au 1er jour de l’exercice comptable suivant
la date de l’option).
Concrètement, chaque société membre du groupe continue à souscrire mensuellement ses propres déclarations de TVA
(sans effectuer de paiement ni demander un éventuel remboursement de TVA). La société tête de groupe souscrit chaque
mois une déclaration récapitulative faisant état des montants de TVA à payer et des montants d’excédents de TVA de

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toutes les sociétés du groupe : en cas de solde positif, la société tête règle le montant de TVA à payer du groupe et, en
cas de solde négatif, elle fait la demande de remboursement du crédit de TVA du groupe. L’avantage de ce régime résulte
donc de la compensation entre les TVA à payer et les crédits de TVA des différentes sociétés du groupe.

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UE 1 Corrigé 95
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Auteur :
Bertrand Beringer
VERSION JARDIN

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Compétences attendues Savoirs associés

Assurer la gestion fiscale des groupes (régime Traitement fiscal des opérations internes aux
des sociétés mères et filiales) groupes : Régime des sociétés mères et filiales

PREMIER DOSSIER : GROUPE « VERSION »

1. Distributions ouvrant droit au régime mère/fille


Le régime mère/fille s’applique :
• lorsque la société mère est soumise à l’IS au taux normal ;
• lorsque la société filiale (qui ne peut être une société relevant du régime des sociétés de personnes) est détenue à
5% au moins par la mère ; il s’agit de la détention des droits à dividendes ;
• lorsque les titres sont effectivement détenus pendant 2 ans.

Analyse pour chaque société du groupe « VERSION » :

à M. VERSION :
M. VERSION étant une personne physique (donc non soumise à l’IS), les distributions qui lui sont versées n’ouvrent pas
droit au régime mère/fille.
à VB (SA) :
VB est une SA soumise à l’IS : elle a donc la qualité de société mère.
• VD étant une SNC (n’ayant pas opté pour l’IS) relevant du régime des sociétés de personnes, pas d’application du
régime mère/fille.
• VF est une SA détenue à 24% (≥ 5%) depuis plus de 2 ans : ses distributions ouvrent droit au régime mère/fille.
• VR est une société de capitaux étrangère détenue à 10% (≥ 5%) depuis plus de 2 ans : ses distributions ouvrent droit
au régime mère/fille.
• VM est une SARL (donc soumise à l’IS) détenue à 70% (≥ 5%) depuis plus de 2 ans : ses distributions ouvrent droit
au régime mère/fille.
à VD (SNC) :
VD est une SNC non soumise à l’IS : elle ne peut donc avoir la qualité de société mère. Aucune des distributions qui lui
sont versées n’ouvrent droit au régime mère/fille.
à VF (SA) :
VF est une SA soumise à l’IS : elle a donc la qualité de société mère.
• VM est une SARL (donc soumise à l’IS) mais n’est détenue qu’à 4% soit < 5% : ses distributions n’ouvrent pas droit
au régime mère/fille.
• VN est une SNC ayant opté pour l’IS détenue à 95% (≥ 5%) depuis plus de 2 ans : ses distributions ouvrent droit au
régime mère/fille.
• VT est une SA mais VF ne détient pas plus de 5% des droits à dividendes(1) : ses distributions n’ouvrent pas droit au
régime mère/fille.
• VTR est une SA détenue à 50% (≥ 5%) depuis plus de 2 ans : ses distributions ouvrent droit au régime mère/fille.
à VR (société étrangère) :
VR est une société étrangère non soumise à l’IS en France : elle n’est donc pas concernée par le régime mère/fille
applicable en France.
à VM, VN, VT, VTR :
Toutes ces sociétés sont soumises à l’IS : elles ont donc la qualité de société mère. Mais ici elles ne perçoivent aucune
distribution.

(1)
Pour ouvrir droit au régime mère/fille, seule la détention de 5% des droits à dividendes est nécessaire, il n’est pas nécessaire de
détenir à la fois 5% du capital et 5% des droits de vote (par exemple, la détention de 5% des titres du capital ne donnant accès qu’à
3% des droits de vote, d’autres actionnaires ayant un droit de vote double, ouvre droit à l’application du régime mère/fille. À la suite
du renvoi 1 : Depuis la réforme de l’article 145 du CGI de 2016, le régime mère/fille est applicable aux titres dépourvus du droit de
vote.

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2. Obligation ou non d’appliquer le régime mère/fille


Le régime mère/fille est un régime optionnel. L’option est exercée dans les conditions suivantes : une société mère est
libre d’opter pour le régime mère/fille, au titre de chaque exercice, pour chaque participation qu’elle détient dans une filiale,
mais :
• l’option est valable obligatoirement pour tous les titres d’une même filiale ;

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• l’option est valable obligatoirement pour toutes les distributions opérées par une même filiale au cours d’un même
exercice.
Si les distributions d’une filiale à une mère ouvrent droit au régime mère/fille, il est avantageux fiscalement d’opter pour ce
régime, car il aboutit à l’exonération quasi-totale de ces distributions qui, dans le régime de droit commun, supporteraient
l’impôt sur les sociétés.

3. Calcul des bénéfices fiscaux après retraitements fiscaux


VB
Bénéfice fiscal (avant traitement des distributions) 29 175
Distribution en provenance de VM : 20 000 x 70% 14 000
Distribution en provenance de VF : 50 000 x 24% 12 000
Distribution en provenance de VR : 1 275
- dividende brut : 15 000 x 10% = 1 500
- retenue à la source prélevée : 1 500 x 15% = 225
D’où net perçu = 1 500 – 225 = 1 275
Total des dividendes perçus ouvrant droit au régime M/F 27 275

Calcul de la quote-part de frais et charges de 5% :


(14 000 + 12 000 + 1 500) x 5% = 1 375 - 1 375

D’où déduction fiscale à opérer : 27 275 – 1 375 - 25 900

Distribution en provenance de VD : 10 000 x 30% = 3 000 - 3 000


à déduire car il correspond au bénéfice fiscal N-1 qui a supporté l’IS au
titre de N-1 (cf. régime fiscal des sociétés de personnes)

Bénéfice fiscal 275

VF
Bénéfice fiscal (avant traitement des distributions) 200 000
Distribution en provenance de VN : 60 000 x 90% 54 000
Distribution en provenance de VTR : (40 000 + 40 000) (1) x 50% 40 000
Total des dividendes perçus ouvrant droit au régime M/F 94 000

Calcul de la quote-part de frais et charges de 5% :


94 000 x 5% = 4 700 - 4 700

D’où déduction fiscale à opérer : 94 000 – 4 700 - 89 300


Bénéfice fiscal 110 700
(1) Toutes les distributions ouvrent droit au régime mère/fille, qu’il s’agisse des distributions du résultat
annuel ou des réserves. Par ailleurs, le mode de paiement du dividende n’impacte pas l’application du
régime mère/fille.

4. Calcul du bénéfice fiscal de VF en présence d’intégration fiscale


VF
Bénéfice fiscal (avant traitement des distributions) 200 000
Distribution en provenance de VN : 60 000 x 90% 54 000
Distribution en provenance de VTR : (40 000 + 40 000) x 50% 40 000
Total des dividendes perçus ouvrant droit au régime M/F 94 000

Calcul de la quote-part de frais et charges de 1% ou de 5% :


Sociétés en intégration fiscale : 54 000 x 1% = 540 - 2 540
Sociétés hors intégration fiscale : 40 000 x 5% = 2 000

D’où déduction fiscale à opérer : 94 000 – 2 540 - 91 460


Bénéfice fiscal 108 540

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UE 1 Corrigé 97
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

DEUXIÈME DOSSIER – GROUPE « JARDIN »

ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:342619469:88880154:102.52.165.78:1587410358


1. Traitement fiscal des dividendes N chez JARDIN
Les 4 dividendes ouvrent droit au régime mère/fille, à titre provisoire tant que la durée de détention des titres des 4 sociétés
F1, F2, F3 et F4 n’a pas atteint deux ans.
Retraitement extra-comptable à opérer pour la détermination du résultat fiscal de JARDIN :
Dividendes perçus : 10 000 + 30 000 + 50 000 + 20 000 = 110 000 €
Quote-part de frais et charges = 110 000 x 5% = - 5 500 €

Déduction extra-comptable 104 500 €

NB : JARDIN ne détenant pas 95% au moins au capital de ses filiales, l’intégration fiscale n’est pas applicable : la
quote-part de frais et charges est en tout état de cause calculée au taux de 5%.

2. Conséquences fiscales pour l’exercice N+1


Dividendes filiale F1
Les titres de F1 sont cédés par JARDIN le 30 septembre N+1 : le délai de 2 ans, décompté à partir de la date d’acquisition
du 1er mars N, n’est pas atteint.
• Les dividendes perçus en N+1 n’ouvrent pas droit au régime mère/fille : ils sont compris dans le résultat fiscal au taux
de droit commun de l’IS.
• Les dividendes perçus en N et soumis au régime mère/fille doivent faire l’objet d’un versement au Trésor de l’IS dont la
société JARDIN a été indûment exonérée, majoré de l’intérêt de retard. Ce versement est exigible dans les 3 mois suivant
la cession des titres de F1, soit au plus tard le 30 décembre N+1.
Versement à opérer = 10 000 x 0,95 x 0,28 = 2 660 + intérêts de retard

Dividendes filiale F2
F2 étant absorbée par A le 15 octobre N+1, ces titres n’ont pas été détenus pendant la période de 2 ans. Toutefois,
l’échange qui résulte pour la mère JARDIN de la fusion de F2 avec A (JARDIN reçoit ici des titres A à la place des titres
F2) est assimilé à une opération intercalaire : le délai de 2 ans est décompté jusqu’à la date de cession par JARDIN des
titres A reçus en échange.
NB : Il est à noter que cette règle s’applique, que l’absorption de la filiale soit ou non placée sous le régime fiscal de
faveur des fusions.
• Les dividendes perçus en N+1 ouvrent droit au régime mère/fille : à déduire extra-comptablement :
40 000 – (40 000 x 5%) = 38 000 €.

Dividendes filiale F3
Les titres de F3 étant apportés par JARDIN à une société B le 15 novembre N+1, ces titres n’ont pas été détenus pendant
la période de 2 ans. Toutefois, l’apport des titres de la filiale et l’échange qui en résulte pour la mère (qui reçoit ici des
titres B à la place des titres F3) est assimilé à une opération intercalaire, à la condition que l’opération soit placée sous le
régime fiscal de faveur des fusions et opérations assimilées (prévu par l’art. 210 A du CGI) : le délai de 2 ans est décompté
jusqu’à la date de cession par JARDIN des titres B reçus en échange.
• Les dividendes perçus en N+1 ouvrent droit au régime mère/fille : à déduire extra-comptablement :
30 000 – (30 000 x 5%) = 28 500 €.

Dividendes filiale F4
• Les dividendes perçus en N+1 ouvrent droit au régime mère/fille : à déduire extra-comptablement :
20 000 – (20 000 x 5%) = 19 000 €.

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98 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. Conséquences fiscales pour l’exercice N+2


Dividendes filiale A
• Les dividendes perçus en N+2 ouvrent droit au régime mère/fille : à déduire extra-comptablement :
10 000 – (10 000 x 5%) = 9 500 €.

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Dividendes filiale B
Les titres de B sont cédés par JARDIN le 15 février N+2 : le délai de 2 ans, décompté à partir de la date d’acquisition (de
F3) du 1er mars N, n’est pas atteint.
• Les dividendes perçus en N+2 n’ouvrent pas droit au régime mère/fille : ils sont compris dans le résultat fiscal au taux
de droit commun de l’IS.
NB : en réalité, JARDIN ne perçoit pas de dividende en provenance de B en N+2. Ceci peut s’expliquer soit par
l’absence de distribution mise en paiement par B, soit par le fait que la cession intervient le 15 février et que le
dividende est versé par B à son nouvel actionnaire postérieurement au 15 février.
• Pour les dividendes perçus en N et N+1 en provenance de F3, un versement doit être effectué au Trésor : il s’agit de l’IS
dont la société JARDIN a été indûment exonérée, majoré de l’intérêt de retard. Ce versement est exigible dans les 3
mois suivant la cession des titres de B, soit au plus tard le 15 mai N+2.
Versement à opérer = 80 000 x 0,95 x 0,28 = 21 280 + intérêts de retard.

NB : Les titres B sont cédés le 15 février N+2, soit avant l’expiration du délai de déclaration des résultats de l’exercice
N+1. En pratique, les dividendes en provenance de F3 versés en N+1 ne se verront pas appliquer le régime
mère/fille au titre de l’exercice N+1, et le versement de régularisation ne concernera que les dividendes versés
en N (50 000 €).

Dividendes filiale F4
Les sociétés JARDIN et F4 fusionnent le 30 septembre N+2 (avec application du régime fiscal de faveur des fusions) :
cette restructuration n’interrompt pas le délai de détention (cf CGI, art. 145 1 c. al. 4). Le régime mère/fille n’est pas remis
en cause.
• Les dividendes perçus en N+2 ouvrent droit au régime mère/fille : à déduire extra-comptablement :
30 000 – (30 000 x 5%) = 28 500 €.

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UE 1 Corrigé 99
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

PAPILLA
Auteurs :
Alice Polynice
Grégory Lachaise

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Compétences attendues Savoirs associés

Mettre en œuvre et suivre les aspects sociaux Implications juridiques, sociales liées au groupe
liés à l’existence d’un groupe de sociétés, réglementation des participations
Assister le chef d’entreprise dans la gestion
juridique des participations détenues dans
d’autres sociétés

1. Notion de groupe – Qualification des sociétés du groupe


Un groupe est un ensemble constitué de plusieurs sociétés (cas d’espèce), entités juridiques distinctes (1 SAS, quatre
SA, une SCI, une SARL) mais unies entre elles par des liens divers (juridiques, financiers) en vertu desquels l’une d’elles,
appelée société mère (la SAS PAPILLA), tient les autres sous sa dépendance, exerce un contrôle sur l’ensemble et fait
prévaloir une unité de décision.
La SAS PAPILLA définit la stratégie de l’ensemble des sociétés du groupe et s’occupe des activités fonctionnelles
(comptabilité, finances…). On constate qu’elle contrôle les sociétés du groupe puisqu’elle détient directement ou
indirectement une fraction du capital lui conférant la majorité des droits de vote dans les assemblées générales (95%,
98%, 100%, 55%). On peut conclure à la présence d’un groupe.
La SAS PAPILLA est la société mère du groupe (holding).
Lorsqu’une société possède plus de la moitié du capital d’une autre société, la seconde est considérée comme filiale de
la première – art. L233-1.
La SAS PAPILLA a donc quatre filiales (les deux SA d’exploitation, la SCI et la SARL) puisqu’elle détient plus de la moitié
du capital de chaque société. La SA de plats cuisinés est une filiale de la SA d’exploitation Gennevilliers et une sous-filiale
de la SAS PAPILLA.
Lorsqu’une société possède dans une autre société une fraction du capital comprise entre 10% et 50%, la première est
considérée comme ayant une participation dans la seconde – art. L233-2.
La SAS PAPILLA a une participation dans la société CABANON puisque qu’elle détient 20% de son capital.

2. Cumul de mandats
Dans la SAS, la SARL, la SCI : il n’existe pas de règle interdisant le cumul de mandats. M. Ferrero pourrait exercer autant
de mandats qu’il le souhaite dans ces types de sociétés.
Dans la SA : une personne physique ne peut exercer simultanément plus d’un mandat de directeur général de sociétés
anonymes ayant leur siège social sur le territoire français – art. L225- 54-1 al. 1.
Dans le cas, M. Ferrero assume la direction générale des 3 sociétés anonymes : les deux SA d’exploitation et la SA de
plats cuisinés. Il occupe donc 3 mandats de directeur général.

Depuis la loi du 29.10.2002, 2 dérogations cumulables sont autorisées :


- un deuxième mandat de même nature peut être exercé dans une société contrôlée (cotée ou non) par celle dans
laquelle le dirigeant occupe son premier mandat – art. L225-54-1 al. 2 ;
- un mandat supplémentaire dans une autre société anonyme dès lors qu’aucune des deux sociétés n’est cotée –
art. L225-54-1 al. 3.
M. Ferrero exerce son mandat dans la SA d’exploitation Gennevilliers qui contrôle (au sens énoncé par l’article L223-16
pour l’établissement des comptes consolidés) la SA PLATS CUISINÉS. Il est donc fait application de la 1re dérogation.
M. Ferrero peut avoir un second mandat de directeur général dans la SA de plats cuisinés.
Il peut exercer un troisième mandat (dans la SA d’exploitation Vitrolles) puisque les sociétés ne sont pas cotées (2e
dérogation) et que les dérogations sont cumulables.

Conclusion : M. Ferrero peut valablement cumuler le 3 mandats de directeur général.

3. Participation réciproque et autocontrôle


Aux termes de l’article L233-29 C. Com, une société par actions ne peut posséder d’actions d’une autre société si celle-ci
détient une fraction de son capital supérieure à 10%. Par cette règle, le législateur a seulement visé les participations face
à face. Il a laissé de côté les participations circulaires ou triangulaires (cas d’espèce puisque la SA de plats cuisinés est
une sous-filiale de la SAS PAPILLA).

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100 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

La détention de 10% de la SA de plats cuisinés n’est donc pas interdite, mais elle tombe sous le coup de l’interdiction de
vote des actions d’autocontrôle.
En effet, selon l’article L233-31 C.Com, lorsque des actions ou des droits de vote d’une société (la SAS PAPILLA) sont
possédés par une ou plusieurs sociétés (la SA plats cuisinés) dont elle détient directement ou indirectement le contrôle
(ici la SAS PAPILLA détient indirectement le contrôle de la SA plats cuisinés), les droits de vote attachés à ces actions ne

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peuvent être exercés à l’assemblée générale de la société (AG de la SAS PAPILLA) ; il n’en est pas tenu compte pour le
calcul du quorum.
Conclusion : la SA PLATS CUISINÉS peut détenir 10% de la SAS PAPILLA, mais elle sera privée de son droit de vote
dans les assemblées générales de la SAS PAPILLA.

4. Le prêt de 8 000 € de la société mère à sa filiale


Le régime des conventions réglementées s’applique à la SAS (art. L227-10) et à la société anonyme (art. L225-38).

L’existence d’un groupe doit être prise en compte pour qualifier si une convention, normalement réglementée, peut être
qualifiée de convention libre lorsqu’elle est conclue entre deux sociétés du groupe.
La loi bancaire autorise une entreprise à procéder à des opérations de trésorerie avec des sociétés ayant avec elle,
directement ou indirectement, des liens de capital conférant à l’une des entreprises liées un pouvoir de contrôle effectif
sur les autres.
Le caractère courant de l’opération de prêt est présumé, le caractère normal doit être recherché dans les conditions du
prêt.
Un prêt sans intérêt est une condition anormale. Cette opération est donc une convention réglementée : rapport spécial
du CAC, s’il en existe un. La convention devra être soumise à l’approbation des associés de la SAS Papilla (contrôle a
posteriori).

5. Le bail et les prestations de services entre une société mère et ses filiales
Il s’agit de conventions conclues entre sociétés d’un même groupe. L’opération de location est considérée comme une
opération courante au sein d’un groupe : le prix du loyer peut être considéré comme normal puisque son augmentation est
basée sur un critère objectif (l’indice du coût de la construction). Il n’y aura pas à soumettre ce contrat à la procédure des
conventions réglementées.

La facturation de la tenue de comptabilité de la SAS PAPILLA à toutes les sociétés du groupe


La société mère a pris en charge la tenue de comptabilité des sociétés du groupe. L’opération de facturation à chaque
société est une opération courante. Le prix de facturation est considéré comme normal si la facturation est faite au prix de
revient ou avec une marge bénéficiaire raisonnable destinée à couvrir les frais indirects. Il conviendra de s’enquérir des
clefs de répartition retenues.
En l’espèce, le prix de facturation tient compte du coût de revient et la clef de répartition semble équitable (le temps passé
dans chaque société).
On peut conclure que ces prestations de services sont des conventions libres. La procédure des conventions réglementées
ne s’appliquera pas.

6. Obligation d’information lors d’une prise de participation


Selon l’article L233-6 C.Com, lorsqu’une société a pris, au cours d’un exercice, une participation dans une société ayant
son siège social sur le territoire français représentant plus du vingtième, du dixième, du cinquième, du tiers, de la moitié
du capital ou s’est assuré le contrôle d’une telle société, il en est fait mention dans le rapport présenté aux associés sur
les opérations de l’exercice et, le cas échéant, dans le rapport du commissaire aux comptes, s’il en existe un.
Le président de la SAS PAPILLA devra mentionner la prise de participation de 20% dans la SA CABANON dans son
rapport de gestion.

7. Création d’une société européenne filiale


Plusieurs sociétés, quelle que soit leur forme, peuvent constituer une société européenne en souscrivant ses actions si deux
d’entre elles au moins relèvent du droit d’États membres différents de l’Union européenne…
La forme juridique de la SE est obligatoirement celle de la SA (ses règles de fonctionnement vont s’appliquer).
Le capital social de la SE est divisé en actions. Il doit être d’au moins 120 000 €.
Le siège social statutaire et l’administration centrale de la société ne doivent pas être dissociés – art. L229-1 al. 3.
Toute SE ayant son siège statutaire en France doit être immatriculée au RCS.
Dans le cas d’espèce, M. Ferrero peut envisager la création d’une SE filiale puisqu’il s’agit de deux sociétés de deux États
membres de l’Union européenne qui vont créer cette filiale. Il faudra respecter les conditions de constitution ci-dessus.

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UE 1 Corrigé 101
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Établissement de comptes consolidés


Les sociétés commerciales établissent et publient chaque année des comptes consolidés ainsi qu’un rapport de gestion
du groupe, dès lors qu’elles contrôlent de manière exclusive ou conjointe une ou plusieurs autres entreprises ou qu’elles
exercent une influence notable sur celles-ci – art. L233-16-(I).

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Outre l’établissement des comptes annuels à l’échelon de chaque société du groupe, la société mère doit établir et publier
chaque année, à la diligence du dirigeant, des comptes consolidés ainsi qu’un rapport sur la gestion du groupe.
Par exception, l’obligation d’établir des comptes consolidés est écartée – L233-17 C.Com :
- quand les sociétés sont elles-mêmes sous le contrôle d’une entreprise qui les inclut dans ses comptes consolidés et
publiés ;
- quand l’ensemble constitué par une société et les personnes morales qu’elle contrôle ne dépasse pas, pendant deux
exercices consécutifs sur la base des derniers comptes annuels arrêtés, deux des trois seuils suivants :
- total du bilan : 24 millions d’euros,
- chiffre d’affaires hors taxes : 48 millions d’euros,
- nombre moyen de salariés permanents : 250 – art. R233-16 modifié par le décret du 23.07.2015.
La SAS PAPILLA ne dépasse pas 2 des trois seuils ci-dessus (CAHT 25 millions d’euros – 240 salariés). Elle n’a pas
l’obligation d’établir des comptes consolidés.

8. Conditions pour qu’une société mère soit déclarée co-employeur des salariés de sa filiale
Les salariés d’une filiale peuvent demander à la société mère de réparer les conséquences de la rupture de leur contrat
de travail pour motif économique avec la filiale si l’on peut établir l’existence d’une confusion d’intérêts, d’activités et
de direction entre les deux sociétés alors qu’ils n’avaient pas conclu de contrat de travail avec la société mère.

L’arrêt rapporte la preuve de la confusion d’intérêts, d’activités et de direction :


- la filiale était détenue à 100% par la société mère ;
- le président de la filiale exerçait des fonctions équivalentes dans la société mère ;
- le domaine d’activité des deux sociétés était identique (fabrication de machines-outils) ;
- les sociétés avaient une clientèle, des fournisseurs et des prestataires communs ;
- la société mère avait conçu, financé et mis en œuvre le plan de relance de la filiale et avait soutenu financièrement
la filiale avant sa mise en liquidation judiciaire.

Application : les salariés de la société Wirth (la filiale) sont considérés comme des salariés de la société mère Autania
déclarée co-employeur par l’arrêt. La société mère devra réparer les conséquences de leur licenciement par la filiale.

9. L’accord de groupe
Visé aux articles L2232-30 à L2232-35 du code du travail, un accord collectif peut être conclu au niveau d’un groupe.
Il est négocié entre :
- d’une part, l’employeur de l’entreprise dominante, ou un ou plusieurs représentants des employeurs des entreprises
concernées,
- et d’autre part, les organisations syndicales de salariés représentatives dans le groupe ou dans l’ensemble des
entreprises concernées.
L’accord doit délimiter son champ d’application et peut ne concerner que certaines sociétés du groupe.
Sa validité est subordonnée aux mêmes conditions que l’accord d’entreprise, à savoir :
La validité d’un accord d’entreprise ou d’établissement est subordonnée à sa signature par une ou plusieurs organisations
syndicales de salariés représentatives ayant recueilli plus de 50% des suffrages exprimés au premier tour des dernières
élections des titulaires au CSE, quel que soit le nombre de votants.
Si cette majorité n’est pas atteinte et que l’accord, signé par l’employeur et par des organisations syndicales
représentatives ayant obtenu 30% des suffrages aux mêmes élections, l’une de ces organisations peut dans le délai d’un
mois indiquer qu’elle souhaite soumettre l’accord à référendum.
À compter de la demande, un délai de 8 jours est accordé pour permettre aux organisations syndicales d’atteindre la
majorité initiale requise. À défaut, le texte doit être soumis à référendum dans un délai de 2 mois.
L’accord est adopté à la majorité des suffrages exprimés.

En l’espèce, M. Ferrero peut légitimement projeter de conclure un accord au niveau du groupe pour organiser la mobilité
professionnelle des salariés au sein du groupe.

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102 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

10. L’accord d’intéressement et de participation au niveau du groupe


L’accord d’intéressement
Dans les entreprises et groupes disposant d’un accord d’intéressement et concourant avec d’autres entreprises à une
activité caractérisée et coordonnée, un accord qualifié d’intéressement de projet peut être mis en place, conformément
aux dispositions de l’article L3312-5 du Code du travail.

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L’ensemble ou une partie des salariés du groupe peuvent en bénéficier.
L’accord, qualifié d’intéressement de projet, est négocié dans les mêmes conditions qu’un accord d’intéressement, à
savoir : par convention ou accord collectif de travail, par accord entre l’employeur et les représentants d’organisations
syndicales représentatives dans l’entreprise, par accord conclu au sein du comité social et économique ou encore à la
suite de la ratification, à la majorité des deux tiers du personnel concerné entrant dans le champ d’application dudit projet.
L’accord, conclu pour une durée de 3 ans, doit définir son champ d’application et les modalités de calcul qui peuvent au
demeurant déroger à celles prévues pour l’accord d’intéressement au niveau de l’entreprise.

L’accord de participation au niveau du groupe


L’article L3322-7 du code du travail prévoit expressément la possibilité de conclure un accord de participation entre les
sociétés d’un même groupe ou seulement certaines d’entre elles.
Il peut être négocié et conclu selon les modalités suivantes :
- entre un mandataire des sociétés concernées et un ou plusieurs salariés (à la double condition qu’il(s) soi(en)t
mandaté(s) à cet effet par une ou plusieurs organisations syndicales représentatives et qu’il(s) appartienne(nt) à l’une
des entreprises du groupe) ;
- entre le mandataire des sociétés intéressées et les représentants mandatés par chacun des comités sociaux et
économiques des entreprises concernées ;
- par ratification, à la majorité des deux tiers du personnel, d’un projet d’accord proposé par le mandataire des sociétés
du groupe. S’il existe dans les sociétés intéressées une ou plusieurs organisations syndicales représentatives ou,
lorsque toutes les sociétés du groupe sont intéressées, s’il existe un comité de groupe, la ratification est demandée
conjointement par le mandataire des sociétés du groupe et soit une ou plusieurs de ces organisations, soit la majorité
des comités sociaux et économiques des sociétés concernées, soit le comité de groupe. La majorité des deux tiers
est appréciée au niveau de l’ensemble des sociétés concernées.

M. Ferrero peut opter pour l’une ou l’autre solution, puisque les deux dispositifs lui semblent ouverts, sous conditions pour
la première qu’il existe un accord d’intéressement dans l’une des sociétés. Son choix devra porter sur les modalités de
calcul de l’une et l’autre formule.

11. Clause de mobilité dans le groupe


Une entreprise comportant différents sites ou qui envisage le développement de son activité en différents lieux peut
légitimement supposer que l’évolution souhaitée aura pour conséquences de modifier le lieu de travail de certains salariés.
La mobilité peut s’effectuer librement dans un même secteur géographique dans la mesure où la mention du lieu de travail
dans le contrat n’a qu’une valeur indicative (Cass. soc. 3 juin 2003), sauf à faire mentionner le caractère exclusif du lieu
d’exécution de la prestation de travail.
Par contre, si la mutation doit s’opérer au-delà du secteur géographique considéré, celle-ci constitue une modification du
contrat pour laquelle l’employeur doit recueillir l’accord du salarié.
Dès lors, l’employeur peut anticiper cette situation en prévoyant une clause de mobilité dans le contrat de travail. Cette
clause prévoit la possibilité pour l’employeur de modifier unilatéralement le lieu de travail du salarié sans que ce dernier
ne puisse bénéficier des règles protectrices liées aux modifications du contrat de travail. Le refus par le salarié d’accepter
la mutation constitue une cause réelle et sérieuse de licenciement.

Cette solution s’applique-t-elle dans le cas d’un groupe dans la mesure où la clause de mobilité suppose un changement
d’employeur puisque chaque filiale reste une entité juridique autonome ?
La cour de cassation, par un arrêt en date du 23 septembre 2009, a répondu à la question en sanctionnant par la nullité
l’existence d’une telle clause. En effet, un salarié ne peut par avance accepter un changement d’employeur alors même
que le nouvel employeur appartiendrait au même groupe ou à la même unité économique et sociale.

12. Constitution d’un comité de groupe


Un comité de groupe est constitué au sein du groupe formé par une entreprise appelée entreprise dominante, dont le siège
social est situé sur le territoire français, et les entreprises qu’elle contrôle.
Le comité est constitué à l’initiative de l’entreprise dominante dès que la configuration du groupe est effective, soit à la
suite d’un accord des parties intéressées, soit à défaut par une décision de justice.
Le manquement à l’obligation de mise en place de cette institution est sanctionné pénalement par une peine d’un an
d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende (art. 2335-1 C.trav.).
Le comité de groupe est composé :
- d’une part, du chef de l’entreprise dominante, assisté de deux personnes de son choix ayant voix consultative ;

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UE 1 Corrigé 103
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

- d’autre part de représentants du personnel des entreprises constituant le groupe dont le mandat est de 4 ans
(néanmoins, un accord de groupe peut fixer une durée comprise entre 2 et 4 ans).
Les représentants du personnel sont désignés par les organisations syndicales de salariés parmi leurs élus aux comités
sociaux et économiques de l’ensemble des entreprises du groupe et à partir des résultats des dernières élections (art.
2333-2 C.Trav.)

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Le comité de groupe reçoit des informations sur l’activité, la situation financière, l’évolution et les prévisions d’emploi
annuelles ou pluriannuelles et les actions éventuelles de prévention envisagées, dans le groupe et dans chacune des
entreprises qui le composent. De surcroît, il reçoit communication des comptes et du bilan consolidés ainsi que du rapport
du commissaire aux comptes correspondant.
Il est informé, dans ces domaines, des perspectives économiques du groupe pour l’année à venir (art. 2332-1 C.Trav.).

Dans le cas d’espèce, la structure décrite correspond à un groupe à l’intérieur duquel la SA PAPILLA a la qualité de société
mère en tant qu’entreprise dominante (cf. question 1). La constitution d’un comité de groupe est donc impérative, soit à
son initiative, soit par accord collectif, et à défaut par la voie judiciaire.

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104 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

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UE 1 Corrigé 105
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

GROUPEMENT TAXIS
Auteurs :
Alice Polynice
Bertrand Beringer
Grégory Lachaise

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Compétences attendues Savoirs associés

Choisir le mode de coopération le plus Règles juridiques, fiscales et sociales


approprié sous l’angle juridique et fiscal gouvernant certains modes de coopération
Participer à la constitution et suivre le inter-entreprises : GIE
fonctionnement d’un GIE

Le groupement d’intérêt économique a été institué en 1967 afin de permettre aux entreprises d’unir leurs efforts tout en
conservant leur indépendance

1. Légalité de constitution du GIE


« Deux ou plusieurs personnes physiques ou morales peuvent constituer entre elles un groupement économique pour une
durée déterminée.
Le but du groupement est de faciliter ou de développer l’activité économique de ses membres, d’améliorer ou d’accroître
les résultats de cette activité. Il n’est pas de réaliser des bénéfices pour lui-même.
Son activité doit se rattacher à l’activité économique de ses membres et ne peut avoir qu’un caractère auxiliaire par rapport
à celle-ci » – art. L251-1 C.Com.

« Le GIE peut être constitué sans capital » – art. L251-3. Ses membres peuvent effectuer des apports en numéraire, en
nature et en industrie.
« Le contrat de GIE détermine l’organisation du groupement […] Il est établi par écrit et […] contient les indications
suivantes : dénomination, identité de chaque membre, la durée, l’objet, le siège » – art. L251-8.
« Le GIE jouit de la personnalité morale à dater de son immatriculation au RCS, sans que cette immatriculation emporte
présomption de commercialité du groupement » – art. L251-4.

Dans le cas, nous sommes en présence de 5 personnes physiques, des artisans taxis, et d’une personne morale (la SARL)
qui veulent constituer un GIE sans capital et dont l’objet est de développer leur activité, puisqu’il s’agit d’une part de mettre
en œuvre des moyens communs (communication), et d’autre part d’adjoindre une activité touristique. Le groupement se
rattache bien à l’activité initiale des membres : le transport. En groupant leurs moyens, ils pourront mieux répondre à la
demande (24H/24H - 7j/7). Ce GIE est bien le prolongement de l’activité économique de ses membres, lesquels
poursuivront leur activité propre de transport.
Le GIE a une dénomination sociale : GIE Groupement-Taxis-Lourdes.
La durée du GIE est fixée à 3 ans.
Le GIE doit être immatriculé au RCS, que son objet soit civil ou commercial, pour bénéficier de la personnalité morale.
Conclusion : le GIE constitué est légal.

2. Organes de direction du GIE


« Le groupement est administré par une ou plusieurs personnes. Une personne morale peut être administrateur du
groupement. […] Le contrat ou, à défaut, l’assemblée des membres organise librement l’administration du groupement et
nomme les administrateurs dont il détermine les attributions, les pouvoirs et les conditions de révocation.
Dans les rapports avec les tiers, un administrateur engage le groupement par tout acte entrant dans l’objet de celui-ci.
Toute limitation de pouvoirs est inopposable aux tiers. » – art. L251-11.

Dans le cas, les membres ont dû désigner au moins un administrateur parmi ses membres ou en dehors d’eux (un tiers)
selon des modalités qu’ils ont déterminées (majorité, durée des fonctions, attributions, conditions de révocation).
Le ou les administrateurs ont engagé le GIE par le contrat avec le prestataire de services qui a mis en place le site Internet,
car il s’agit d’un contrat qui entre dans le cadre de l’objet du GIE (il permet le fonctionnement du GIE).

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3. Rôle des membres du GIE


Chaque membre peut être administrateur (voir question 2).
Chaque membre participe à la vie du groupement à travers l’assemblée des membres du groupement qui est habilitée à
prendre toute décision, y compris de dissolution anticipée ou de prorogation, dans les conditions déterminées par le contrat
(modalités de convocation, quorum, majorité…). Dans le silence du contrat, les décisions sont prises à l’unanimité. Le

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contrat peut attribuer à chaque membre un nombre de voix différent de celui attribué aux autres. À défaut, chaque membre
dispose d’une voix – art. L251-10 al. 1 et 2.
L’article L251-10 al. 3 impose l’obligation de réunir l’assemblée si cette réunion est demandée par un quart au moins des
membres du groupement.

4. Responsabilité des membres du GIE – Partage des bénéfices


a) Responsabilité des membres du GIE
« Les membres du groupement sont tenus des dettes de celui-ci sur leur patrimoine propre. […] Les créanciers du
groupement ne peuvent poursuivre le paiement des dettes contre un membre qu’après avoir vainement mis en demeure
le groupement par acte extrajudiciaire » – art. L251-6.
La responsabilité des membres est solidaire, ce qui permet à un créancier de s’adresser à n’importe lequel d’entre eux
pour obtenir le paiement de la totalité de sa créance.
La responsabilité des membres du GIE est indéfinie et solidaire, ce qui est un des inconvénients du GIE.
En conclusion, pour répondre au chauffeur de taxi : il a raison de s’inquiéter de sa responsabilité puisque si le GIE a des
dettes, il devra les assumer indéfiniment et solidairement sur son patrimoine personnel.
C’est pourquoi il est important qu’il assiste aux assemblées pour suivre les dépenses de fonctionnement du GIE et
participer aux décisions.

b) Partage des bénéfices


Le GIE doit avoir une activité économique, c’est-à-dire une activité se rapportant à la production, à la distribution et à la
consommation de richesses. Dans le cas, l’activité est bien économique puisqu’il s’agit de la production de services
communs en matière de transports.
Qu’un capital ait été constitué ou non, les droits des membres du GIE ne peuvent pas être représentés par des titres
négociables – art. L251-3 al. 2.
Selon l’article L251-1 al. 2, le but du groupement est de faciliter ou développer l’activité économique de ses membres, il
n’est pas de réaliser des bénéfices pour lui-même. Cependant, il peut se faire que les comptes de fin d’exercice fassent
ressortir un solde bénéficiaire. On peut déduire de la loi que, dans cette hypothèse, les membres doivent se répartir la
totalité des bénéfices selon la répartition qu’ils auront déterminée.

5. Contrôle du GIE
Par sa participation aux assemblées et son droit de vote, le membre du GIE exerce un contrôle de la gestion.
De plus, la loi impose un contrôle de gestion dont les modalités sont librement déterminées par le contrat. L’article L251-
12 al. 1 impose seulement que le(s) contrôleur(s) de gestion soi(en)t des personnes physiques. La mission, les pouvoirs,
les conditions de nomination, de révocation, la durée des fonctions des contrôleurs sont fixés dans le contrat.
Par l’intermédiaire du contrôleur de gestion, il aura une vision de la gestion. Conformément aux principes cités au-dessus,
il peut également se porter candidat au poste d’administrateur pour assumer la gestion du GIE.

6. Nomination du commissaire aux comptes


Le contrôle des comptes impose l’intervention d’un commissaire aux comptes qui devra être nommé par l’assemblée des
membres dans 2 cas :
- si le GIE émet des obligations ;
- si le GIE compte 100 salariés ou plus à la clôture d’un exercice.
Dans les autres cas, le contrôle des comptes est organisé librement par le contrat.
Il est fort peu probable que la présence du commissaire aux comptes soit obligatoire dans le cas, mais il pourra la suggérer.

7. Droits d’enregistrement dus lors de la constitution d’un GIE


GIE avec capital de 1 200 € (6 apports en numéraire de 200 €)
Les apports faits à un GIE constitué avec capital suivent les mêmes règles que ceux faits aux sociétés de personnes. Les
apports en numéraire sont exonérés de droits d’enregistrement (que l’apporteur soit une personne physique ou morale
soumise ou non à l’IS). D’où droits dus = 0 €.

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GIE sans capital


Lorsque les GIE sont constitués sans capital, la formation de ces organismes est soumise au droit fixe prévu à l’article 680
du CGI s’ils ne comportent pas d’apports.
Art. 680 du CGI : « Tous les actes qui ne se trouvent ni exonérés, ni tarifés par aucun autre article du présent code et qui

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ne peuvent donner lieu à une imposition proportionnelle ou progressive sont soumis à une imposition fixe de 125 €. » D’où
droits dus = 125 €.

8. Régime d’imposition du résultat du GIE


La loi fiscale exclut le GIE du champ d’application de l’IS.
Article 239 quater 1 du CGI : « Les groupements d’intérêt économique […] n’entrent pas dans le champ d’application » de
l’impôt sur les sociétés, « mais chacun de leurs membres est personnellement passible, pour la part des bénéfices
correspondant à ses droits dans le groupement, soit de l’impôt sur le revenu, soit de l’impôt sur les sociétés s’il s’agit de
personnes morales relevant de cet impôt. Pour l’application de cette disposition, la répartition est effectuée dans les
conditions fixées par le contrat de groupement ou, à défaut, par fractions égales. »
Le GIE suit donc le même régime fiscal que les sociétés de personnes, qui est celui de la « translucidité fiscale ».

• Le GIE détermine dans un premier temps son résultat fiscal :


- selon le régime correspondant à l’activité qu’il exerce : BIC (bénéfices industriels ou commerciaux), BNC (bénéfices
non commerciaux) ou BA (bénéfices agricoles) pour la fraction revenant aux associés relevant de l’impôt sur le
revenu : le GIE Groupement-taxis-Lourdes déterminera donc un résultat BIC pour la part revenant aux cinq artisans
chauffeur exerçant à titre individuel ;
- selon les règles applicables en matière d’IS pour la fraction revenant aux membres passibles de cet impôt : le GIE
Groupement-taxis-Lourdes déterminera donc un résultat IS pour la part revenant au chauffeur exerçant son activité
dans une SARL.
NB : En pratique, les modalités de détermination du résultat BIC et IS diffèrent peu (exemples de différences de traitement :
déductibilité de la taxe sur les véhicules des sociétés, déductibilité de l’amortissement des biens donnés en location, déductibilité
de la rémunération des administrateurs, traitement des déficits). Bien sûr, aucun impôt (IS) n’est calculé lors de la détermination
du résultat selon la méthode IS, car le GIE n’est pas redevable de l’impôt sur ses résultats.

• Puis ce résultat fiscal est réparti entre les membres, conformément aux dispositions du contrat de groupement, ou, à
défaut, par fractions égales. Au cas présent, la fraction de résultat du GIE, déterminée selon les règles BIC, sera
répartie entre les 5 associés personnes physiques, et la fraction de résultat déterminée selon les règles IS sera
affectée à la SARL membre du GIE.
Exemple : Résultat calculé selon méthode BIC = 660
Résultat calculé selon méthode IS = 600
Hypothèse de répartition égalitaire pour chaque membre.
- Fraction répartie aux 5 membres personnes physiques :
660 / 6 membres = 110 par membre, soit 550 répartis
- Fraction répartie à la SARL membre
600 / 6 membres = 100 par membre, soit 100 répartis

• Pour les 5 membres personnes physiques :


- si résultat fiscal exercice N = bénéfice : ce BIC s’ajoutera au résultat BIC du même exercice N de chaque artisan
chauffeur imposable à l’IR ;
- si résultat fiscal exercice N = déficit : ce déficit BIC sera déduit du résultat BIC du même exercice N de chaque artisan
chauffeur imposable à l’IR.

• Pour la SARL membre :


- si résultat fiscal exercice N = bénéfice : ce bénéfice s’ajoutera au résultat du même exercice N de la SARL imposable
à l’IS ;
- si résultat fiscal exercice N = déficit : ce déficit sera déduit du résultat du même exercice N de la SARL imposable à
l’IS.

NB : Dans l’imprimé de déclaration du résultat fiscal n°2058-A (régime du réel normal), deux lignes sont réservées pour la prise en
compte (en régime BIC ou IS) de la quote-part de résultat provenant d’un GIE : il s’agit de la ligne WL lorsque le GIE transfère un
bénéfice et de la ligne WT lorsque le GIE transfère une perte.

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9. Régime fiscal de la rémunération du ou des administrateur(s)


• Si l’administrateur personne physique est l’un des membres : le résultat fiscal étant déterminé selon les règles BIC,
la rémunération suit le régime applicable en la matière : elle est assimilée à une modalité de répartition du résultat du
GIE ; en conséquence, elle doit être réintégrée lors de la détermination du résultat fiscal et ajoutée lors de l’affectation

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de ce résultat à la part de BIC revenant audit membre-administrateur.
• Si l’administrateur personne physique n’est pas membre du GIE : la rémunération est déductible du résultat du GIE
dans les conditions de droit commun, c’est-à-dire dans la mesure où elle correspond à un travail effectif et n’est pas
excessive eu égard à l’importance du service rendu. Cette rémunération est alors imposable à l’IR de l’administrateur
non membre, dans la catégorie des traitements et salaires.

10. La convention collective applicable


Par principe, la convention collective applicable est déterminée par l’activité exercée par l’entreprise et non par l’activité
du salarié. Cette recherche est facilitée par le code APE (NAF) de l’entreprise. Attribué par l’INSEE en fonction de l’activité
de rattachement de l’entreprise, ce code n’a cependant qu’une valeur indicative. C’est en effet l’activité effectivement
exercée qui est déterminante (L2261-2 C.Trav.) et autorise celui qui s’en prévaut d’en rapporter la preuve (Cass.Soc.
22.02.1995). Territorialement, les conventions et accords peuvent avoir un domaine d’application national, régional,
départemental ou local, c’est-à-dire dans le dernier cas, au niveau de l’établissement, de l’entreprise ou du groupe.
Une fois le texte applicable déterminé, encore convient-il de savoir si l’employeur y est assujetti.

L’employeur est contraint d’appliquer les dispositions d’une convention collective dès lors qu’il en est le signataire ou qu’il
fait partie d’une organisation patronale signataire. La convention est alors applicable aux entreprises qui entrent dans son
champ d’application territorial et professionnel.
Dans deux hypothèses, la convention collective a vocation à s’appliquer en l’absence même d’adhésion de l’employeur
au groupement patronal signataire ou de participation personnelle à la conclusion de la convention. En effet, le ministre
du travail peut, par voie d’arrêté, étendre ou élargir le champ d’application d’un texte existant.
L’extension consiste, par voie ministérielle, à étendre l’application d’une convention collective à toutes les entreprises qui
entrent dans son champ professionnel (art. L2261-15 ; L2261-16 C.Trav.)
L’élargissement consiste à élargir le champ d’application d’une convention collective existante à une branche d’activité ou
à un nouveau secteur territorial qui en est dépourvu (art. L2261-17 C.Trav.).

En l’absence d’obligation, l’employeur peut décider d’appliquer volontairement les dispositions d’un texte collectif auquel
il n’est par définition pas soumis.
Dans les relations individuelles de travail, l’employeur peut librement décider d’appliquer les dispositions d’une convention
collective (par exemple en matière de rémunération, congés, primes…). Cette application a la valeur d’un usage et en
produit les effets juridiques. L’intention de l’employeur peut être déterminée par l’indication sur le bulletin de paye de la
convention collective. Elle vaut alors présomption d’applicabilité du texte, mais l’employeur est fondé à en apporter la
preuve contraire (Cass.Soc. 15.11.2007).
L’employeur peut aussi librement décider d’adhérer à une convention ou un accord collectif (art. L2261-3 C.Trav.). Cet
acte de volonté unilatéral n’a pas à recevoir l’assentiment des signataires. Les seules obligations de forme consistent en
une notification de l’adhésion aux signataires et d’un dépôt conformément aux dispositions des articles D2231-1 et suivants
du code du travail.
Par contre, si l’adhésion a pour effet de rendre applicable une convention de branche ou un accord professionnel à une
entreprise n’entrant pas dans son champ d’application, elle nécessite la conclusion d’un accord collectif entre les parties.
Il peut s’agir d’un agrément des organisations syndicales représentatives lorsque l’entreprise n’entre pas dans le champ
d’application de la convention ou de l’accord professionnel.

En l’espèce, l’activité de transport de voyageurs par taxi est référencée sous le code NAF 4932Z (cf. nomenclature
applicable depuis janvier 2008), mais aucune convention collective ne lui est applicable car l’activité se situe en province
(la convention collective applicable au transport de voyageurs par taxi n’est applicable qu’en région parisienne). Ce sont
donc les dispositions du code du travail qui s’appliqueront.

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FACOR
Auteur :
Alice Polynice

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Compétences attendues Savoirs associés

Déterminer sous l’angle juridique le mode de Fusion, filialisation, lettre d’intention


restructuration approprié
Accompagner juridiquement l’opération de
fusion et ses conséquences

PREMIÈRE PARTIE : LA FUSION ABSORPTION

1. Parité d’échange
𝟒𝟎𝟎 𝟎𝟎𝟎 𝟐𝟎𝟎 𝟎𝟎𝟎
Valeur de l’action FACOR = = 400 euros Valeur de l’action LE MARON = = 40 euros.
𝟏 𝟎𝟎𝟎 𝟓 𝟎𝟎𝟎
𝟒𝟎𝟎
Le rapport d’échange est = 10. Il faudra 10 actions de la société LE MARON pour 1 action de la société FACOR.
𝟒𝟎

2. Prime de fusion
Elle est égale à la valeur réelle de FACOR (400 €) moins sa valeur nominale (200 €), soit 200 €.
La prime de fusion aura un montant total de 200 x 500 actions nouvelles = 100 000 €.

3. Chronologie des opérations


Voir schéma page suivante.

4. Organe décisionnel compétent lors d’une fusion-absorption – Quorum et majorité requis


L’article L236-2 al. 2 C.Com précise que l’opération de fusion doit être décidée par chacune des sociétés intéressées dans
les conditions requises pour la modification des statuts. Il faudra appliquer les règles propres à chaque type de société
pour les décisions extraordinaires. S’agissant de 2 sociétés anonymes qui fusionnent, le quorum est selon l’art. L225-96
al. 2 C.Com :
- 1/4 sur 1re convocation ;
- 1/5 sur 2e convocation.
L’AGE statue à la majorité des 2/3 des voix dont disposent les actionnaires présents ou représentés – L225-96 al. 3
C.Com.

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110 Corrigé UE 1
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Source : Dictionnaire permanent de droit des affaires, Éd. législatives et administratives, 1989

La loi autorise les actionnaires des sociétés participant à l’opération de fusion à écarter la désignation d’un commissaire à
la fusion. Cette décision doit être prise à l’unanimité par les actionnaires des sociétés participant à l’opération – art. L236-
10-I et II.
L’obligation par le CA ou le directoire (le gérant dans les SCA, le président dans la SAS) d’établir et de mettre à disposition
des actionnaires un rapport écrit sur l’opération envisagée (fusion ou scission) pourra être écartée par décision prise à
l’unanimité des actionnaires de toutes les sociétés participant à l’opération – art. L236-9 al. 4.

5. Qualification de la fusion et ses conséquences juridiques pour les actionnaires, les créanciers non obligataires
et les salariés de la société absorbée Le Maron
La fusion est une opération par laquelle 2 sociétés se réunissent pour n’en former qu’une seule.
Elle peut résulter :
- soit de la création d’une société par une autre ;
- soit de l’absorption d’une société par une autre.
C’est le 2e procédé de fusion absorption qu’a utilisé FACOR puis qu’elle absorbe LE MARON.
La fusion entraîne la transmission universelle du patrimoine (TUP) de la société absorbée au profit de la société
absorbante. Cette dernière se substitue à la société absorbée dans tous ses biens, droits ou obligations.

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UE 1 Corrigé 111
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Les actionnaires de la société absorbée deviennent des associés de la société absorbante dans les conditions
déterminées par le contrat de fusion (L236-3 C.Com). Les titres sont échangés selon la parité d’échange (ici 1 action
FACOR contre 10 actions LE MARON).
Les créanciers non obligataires de la société absorbée deviennent des créanciers de la société absorbante – art.
L236-14 al. 1.

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Les créanciers non obligataires des sociétés participant à l’opération de fusion et dont la créance est antérieure à la
publicité donnée au projet de fusion, peuvent former opposition dans un délai (30 jours). Une décision de justice rejette
l’opposition ou ordonne, soit le remboursement des créances, soit la constitution de garanties si la société absorbante en
offre et si elles sont jugées suffisantes – art. L236-14 al. 2. À défaut de remboursement des créances ou de constitution
de garanties ordonnées, la fusion est inopposable à ce créancier – art. L236-14 al. 3.

6. Expertise de gestion en cas de fusion


Un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5% du capital social peuvent poser par écrit au PCA des questions
sur une ou plusieurs opérations de gestion de la société et des sociétés qu’elle contrôle au sens de l’art. L233-3. La
réponse doit être communiquée au CAC, s’il en existe un. À défaut de réponse dans le délai d’un mois ou à défaut de
réponse satisfaisante, ces actionnaires peuvent demander en référé la désignation d’un ou plusieurs experts chargés de
présenter un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion – art. L225-231 C.Com.

Cependant, la fusion n’est pas considérée par la jurisprudence comme une opération de gestion puisque la décision relève
d’un vote des actionnaires en AGE. En effet, l’expertise de gestion ne peut concerner que les actes de gestion accomplis
par les dirigeants et non les décisions prises par l’assemblée générale des actionnaires.

DEUXIÈME PARTIE : CRÉATION DE FILIALES SOUS FORME DE SOCIÉTÉS À


ASSOCIÉ UNIQUE

7. Création de sociétés à associé unique


Deux sociétés à associé unique existent dans notre droit : la SARL unipersonnelle et la société par actions simplifiée à
associé unique.

a) La SARL unipersonnelle (dite EURL) est une solution pour l’entrepreneur individuel afin de limiter sa responsabilité et
de séparer son patrimoine personnel de son patrimoine professionnel. C’est également un instrument de filialisation qui
permet à une société de créer de nouvelles entités juridiques sous forme de SARL unipersonnelles détenues à 100% par
la société mère et qui seront spécialisées. C’est un des instruments juridiques à la disposition des entrepreneurs pour
mener une politique de diversification.

Une personne physique peut être associée unique de plusieurs sociétés à responsabilité limitée.
Une société à responsabilité limitée peut avoir pour associé unique une autre société à responsabilité limitée composée
d’une seule personne.

D’où plusieurs situations juridiques :


- une personne physique peut créer plusieurs EURL ;
- une personne morale peut créer plusieurs EURL dont elle sera l’associée unique ;
- une EURL peut être associée unique d’une autre EURL.

Cas d’espèce : la SA FACOR peut être associé unique de plusieurs EURL. Au niveau de la gérance, l’article L223-18
al. 1 C.Com énonçant que la SARL est gérée par une ou plusieurs personnes physiques, la SA FACOR ne peut être gérant
de la future SARL. Il lui suffira de trouver un tiers (par exemple le dirigeant de la SA) qui assurera les fonctions de gérant.

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112 Corrigé UE 1
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b) La SASU : elle peut être instituée par une seule personne dénommée « associé unique » – art. L227-1. Il n’y a pas de
capital minimum et pas d’obligation de désigner un commissaire aux comptes, si la société ne dépasse pas deux des trois
seuils suivants (8 millions d’euros de CA HT annuel, 4 millions d’euros de bilan, 50 salariés). La société est représentée à
l’égard des tiers par un président qui peut être une personne physique ou une personne morale. Les conditions de
nomination et de révocation du président sont librement fixées par les statuts – art. L227-6 al 1.

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De plus, une personne physique ou une personne morale peut créer plusieurs SASU et la SASU peut avoir une autre
SASU en qualité d’associé.
Cas d’espèce : la SA FACOR peut créer une SASU (ou plusieurs) dont le président pourrait être le dirigeant actuel de la
SA.

Conclusion : compte tenu de la souplesse de la SASU, on peut conseiller à M. Corsiglia de créer une filiale sous la forme
d’une SASU.

Organisation du groupe FACOR

SA FACOR
+50% 100%

100%
EURL ou EURL ou
SCI
SASU SASU

TROISIÈME PARTIE
8. La lettre d’intention
a) Description
Technique anglo-saxonne, la pratique l’a développée en France en dehors de toute intervention législative, mais la réforme
des sûretés de 2006 l’a introduite dans notre droit. L’article 2322 du Code civil en donne la définition suivante : « La lettre
d’intention est l’engagement de faire ou de ne pas faire ayant pour objet le soutien apporté à un débiteur dans l’exécution
de son obligation envers son créancier. »
L’article 2287-1 qualifie expressément la lettre d’intention de sûreté personnelle.
La lettre d’intention est utilisable par toute personne physique ou morale qui veut aider un débiteur à remplir ses engagements
vis-à-vis du créancier. Elle oblige celui qui signe la lettre d’intention à faire (ex. : payer au lieu et place du débiteur) ou ne pas
faire (la société mère s’engage à ne pas céder sa participation dans sa filiale pendant la durée de l’emprunt).

Le document en Annexe est une lettre adressée par une société mère à la banque qui consent un crédit à l’une de ses
filiales pour rassurer la banque quant aux engagements contractés par la filiale. Ce moyen peut être moins contraignant
que la caution, puisque la lettre d’intention permet d’échapper à l’autorisation préalable du conseil d’administration ou du
conseil de surveillance dans les SA ou au contrôle a posteriori de ces organes, si le CA ou conseil de surveillance a
autorisé les directeurs à consentir ce type d’engagement (loi du 19.07.19), (L225-35 et L225-68 C.Com) et quel que soit
le type de société commerciale, à la mention de la garantie parmi les engagements hors bilan (L232-1-I C.Com).

En dehors de l’appellation « lettre d’intention », on en trouve d’autres : lettre de confort, de patronage, de parrainage, de
soutien, d’apaisement ou encore de bonne fin.

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UE 1 Corrigé 113
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

b) Typologie et effets juridiques


Cette technique peut recouvrir, en fonction des termes utilisés par le rédacteur de la lettre, une multitude de situations que
l’on classe en quatre catégories :
- celles qui ne contiennent aucune obligation juridique ;
- celles qui contiennent une obligation de moyens ;

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- celles qui contiennent une obligation de résultat ;
- celles assimilables à un cautionnement.

Première catégorie : Lettre ne contenant aucune obligation juridique pour la société mère
Dans cette lettre, la société mère présente sa filiale à la banque ou reconnaît être informée du crédit accordé à sa filiale
ou indique qu’elle connaît la situation financière de cette dernière et que celle-ci est en mesure de faire face à ses
obligations. La banque, en général, ne se contente pas de ce type de lettre.
Cette lettre n’est pas une lettre d’intention au sens de l’article 2322 et n’a pas à être soumise à autorisation du CA.

Deuxième catégorie : Lettre contenant une obligation de moyens


La société mère s’engage à faire « tous les efforts » pour que sa filiale exécute ses engagements à l’égard de la banque.
C’est un contrat unilatéral de la société mère envers la banque qui a été accepté par cette dernière. La jurisprudence en
conclut que la société mère a une responsabilité civile contractuelle vis-à-vis de la banque, à condition de prouver sa faute
et le lien de causalité entre la faute et le préjudice, preuve difficile à apporter.
Cette lettre est une lettre d’intention soumise à autorisation du CA ou du CS ou consentie par le directeur qui en rend
compte une fois par an au CA ou CS (L225-35, L225-68) et doit figurer dans les engagements hors bilan (L232-1-I C.Com).

Troisième catégorie : Lettre contenant une obligation de résultat


La société mère s’engage à prouver un résultat déterminé, dépourvu d’aléa (ex. : l’engagement ferme pris par une société
mère de ne pas céder sa participation et de mettre sa filiale en mesure de rembourser la banque à l’échéance du crédit
accordé).
L’inexécution de cette lettre permet à la banque d’engager avec de réelles chances de succès sa responsabilité civile
contractuelle, la faute étant ici présumée.
Cette lettre est une lettre d’intention soumise à l’autorisation préalable du conseil d’administration ou du conseil de
surveillance ou consentie par le directeur qui en rend compte une fois par an au CA ou CS (articles L225-35 al. 4, L225-
68 al. 2) et doit figurer parmi les engagements hors bilan (L232-1-I C.Com).

Quatrième catégorie : Lettre assimilable à un cautionnement


La société mère s’engage à payer au lieu et place de sa filiale. Il s’agit d’une lettre d’intention soumise à l’autorisation
préalable du CA ou du CS ou consentie par le directeur qui en rend compte une fois par an au CA ou CS et, qui doit figurer
aux engagements hors bilan (L225-35 al. 4, L225-68 al. 2 et L232-1-I C.Com).

Cas d’espèce : La banque propose à la SA FACOR la lettre contenant une obligation de résultat. Il s’agit d’une lettre
d’intention qui sera soumise soit à autorisation du CA, soit consentie par le directeur qui en rend compte une fois par an
au CA ou CS et devra figurer en annexe de son bilan dans l’état des sûretés consenties par la SA FACOR.

Conclusion
Si la lettre d’intention ne comporte pas d’engagement au sens de l’art. 2322, elle ne constitue pas une sûreté et n’est pas
soumise à autorisation du CA ou du CS. Mais si elle contient une obligation (de moyen ou de résultat), elle peut être
soumise à autorisation ou consentie par le directeur qui en rend compte une fois par an au CA ou CS car il s’agit d’une
sûreté personnelle. La prudence devrait inciter les créanciers (les banques) à demander dans tous les cas aux sociétés
signataires de lettres d’intention de fournir la délibération du conseil.
La sanction du non-respect des conditions est l’inopposabilité de la lettre d’intention à la société (en clair, le créancier ne
peut pas demander à la société mère de payer à la place de sa filiale).

9. Régime des conventions concernant une filiale à 100%


L’art L225-39 concernant les conventions libres puisqu’il dispose que le régime des conventions réglementées n’est plus
applicable « aux conventions conclues entre deux sociétés dont l’une détient directement ou indirectement la totalité du
capital de l’autre ».

Application : La SA FACOR détenant 100% de sa future filiale, le prêt échappe au régime des conventions réglementées.
C’est une convention libre.

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114 Corrigé UE 1
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UE 1 Corrigé 115
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

CO.EX.FIN
Auteur :
Bertrand Beringer

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Compétences attendues Savoirs associés

Optimiser fiscalement l’opération de fusion de Le régime fiscal des opérations de fusions de


sociétés sociétés

1. Valorisation des apports et questionnaire


Les valeurs à retenir dépendent de la situation de contrôle des sociétés absorbée et absorbante :
• Pour les opérations impliquant des sociétés sous contrôle commun (une des sociétés participant à l’opération
contrôle préalablement l’autre, ou ces deux sociétés sont préalablement contrôlées par une même société) :
è Apports obligatoirement valorisés en valeurs nettes comptables.
• Pour les opérations impliquant des sociétés sous contrôle distinct (aucune des sociétés participant à l’opération ne
contrôle préalablement l’autre, ou ces deux sociétés ne sont préalablement pas contrôlées par une même société) :
è Apports obligatoirement valorisés en valeurs réelles (sauf rares exceptions).

Les sociétés CO.EX et FIN sont sous contrôle distinct : la fusion doit se faire en valeurs réelles.

QUESTIONNAIRE SUR LES FUSIONS


RÉALISÉES ENTRE SOCIÉTÉS SOUS CONTRÔLE DISTINCT

Éléments de la société Régime de droit commun Régime de faveur des fusions


absorbée
1) Comment est imposé le Quel que soit le régime : imposition immédiate chez l’absorbée au taux de droit commun.
bénéfice d’exploitation de Exception : si la fusion est conclue avec effet rétroactif, l’imposition du bénéfice
l’exercice ? d’exploitation (ou la déduction du déficit) de la société absorbée
s’effectue chez l’absorbante : il est compris dans ses propres bénéfices
(ou déficits) de l’exercice de fusion. Voir validité juridique et fiscale de la
rétroactivité au NB de la question 2.
2) Quelle est la nature (court Quel que soit le régime :
terme ou long terme) des Toutes les plus ou moins-values sur éléments amortissables de l’actif immobilisé sont
plus-values nettes de à court terme (à l’exception des PV/MV sur brevets et éléments assimilés
fusion sur les éléments amortissables qui ouvrent droit au régime du long terme).
amortissables ?
3) Comment sont imposées Imposition immédiate chez - Exonération chez l’absorbée.
les plus-values nettes de l’absorbée : elles sont - Imposition chez l’absorbante, en tant que
fusion sur les éléments comprises dans le résultat composante du résultat imposable au taux normal
amortissables ? imposable au taux normal ou de l’IS (la contrepartie de cette imposition pour
réduit de l’IS selon le cas. l’absorbante résulte de l’amortissement sur des
bases majorées).
Possibilité d’étaler cette imposition :
* sur 15 exercices (par 1/15) pour les constructions ;
* sur 5 exercices (par 1/5) pour les autres éléments.
En cas d’étalement, constitution d’une provision
pour impôt (non déductible fiscalement).
4) Comment sont imposées Imposition immédiate chez - Exonération chez l’absorbée.
les plus-values nettes de l’absorbée au taux normal ou - Exonération chez l’absorbante.
fusion sur éléments non réduit de l’IS selon que court Mais l’absorbante doit ensuite calculer les plus ou
amortissables ? terme ou long terme et selon la moins-values de cession de ces éléments par
nature de l’élément. rapport à leur valeur d’origine chez l’absorbée.

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116 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

5) Comment sont imposées


les provisions devenues Imposition immédiate chez l’absorbée au taux de droit commun.
sans objet ?
6) Comment sont imposées La fusion étant assimilée à une
les provisions qui dissolution de la société Pas d’imposition chez l’absorbée à condition que ces

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conservent leur objet ? absorbée, toutes les provis° provisions soient reprises au bilan de l’absorbante.
deviennent sans objet et sont
imposées chez l’absorbée sur
l’exercice de fusion.
7) Comment sont imposés Imposition immédiate chez - Exonération chez l’absorbée.
les profits sur éléments de l’absorbée. - Chez l’absorbante : 210 A-3-e
l’actif circulant (stocks * si comptabilisation pour la valeur fiscale de ces
notamment) ? éléments (reprise du brut et des dépréciations
éventuelles) : le profit est imposé chez
l’absorbante lors de la cession des éléments en
cause ;
* si comptabilisation pour la valeur d’apport : ce
profit est taxable immédiatement chez
l’absorbante au titre de l’exercice de fusion.
Or les règles comptables applicables aux fusions
entre sociétés sous contrôle distinct obligent
l’absorbante à inscrire les éléments de l’actif
circulant pour leurs valeurs d’apport. En
conséquence, en l’état actuel des textes fiscaux,
l’absorbante ne peut pas échapper à la taxation
des profits d’apport sur éléments de l’actif circulant.
NB : Pour les opérations de fusion, scission ou apport partiel d’actif réalisées depuis 2018, le régime de faveur des fusions ne
s’applique pas si l’opération a comme objectif principal ou comme un de ses objectifs principaux la fraude ou l’évasion fiscales.

2. Résultat fiscal au taux de droit commun de l’exercice N chez CO.EX


Il est prévu que la fusion CO.EX / FIN s’opère sans effet rétroactif. En conséquence, la SA CO.EX (société absorbée) est
imposée sur son résultat d’exploitation dégagé du début de l’exercice jusqu’au jour de la fusion.

La SA CO.EX a dégagé au titre de la période 01/01/N - 06/05/N un déficit fiscal de 1 240 800 €.

La SA CO.EX doit aussi être imposée en N sur les provisions ou dépréciations devenues sans objet. Mais ici elles
conservent leur objet.

Enfin, la SA CO.EX est exonérée d’IS sur les plus-values nettes afférentes à l’ensemble des éléments de son actif
(immobilisé ou circulant).

- Déficit de l’exercice avant prise en compte de l’impact de la fusion - 1 240 800


- Pas d’imposition de la reprise de dépréciation pour stock et pour client.
- Profit sur stocks (1 500 000 - 1 300 000) Exonéré
- Plus-values sur éléments de l’actif immobilisé Exonéré

Déficit fiscal N après impact de la fusion - 1 240 800

Ce déficit est définitivement perdu puisqu’il n’y a pas de possibilité de report en arrière.
Il en est de même pour la MV à LT (10 200 €).

Face à cette situation, il serait opportun de donner un effet rétroactif à cette fusion au 1/01/N. Ainsi, le déficit de la période
intercalaire serait compensé avec les résultats fiscaux N de la société absorbante FIN. Ceci serait d’autant plus intéressant
que les déficits des sociétés soumises à l’IS sont reportables en avant sans limitation de durée. De même, la MV à LT de
10 200 € serait agrégée avec les éventuelles PV à LT à 15% de la société FIN et, si elle n’ était pas compensée en N,
serait reportable sur les PV à LT des 10 exercices suivants.
NB : Date butoir de la clause de rétroactivité :
- au plan juridique, il est possible de conclure une fusion avec effet rétroactif à la date d’ouverture de l’exercice de la
société absorbée ;
- mais au plan fiscal, la fusion ne peut pas être conclue avec effet rétroactif à une date antérieure à la date d’ouverture
de l’exercice de la société absorbante.
Exemple : Exercice société absorbée : 01/09/N-1 - 30/08/N.
Fusion le 31/07/N
Exercice société absorbante 01/01/N - 31/12/N.
Le traité de fusion peut valablement prévoir une date d’effet rétroactif au 01/09/N-1.
Fiscalement, la clause de rétroactivité ne sera prise en compte qu’au 01/01/N.
Les résultats de la société absorbée de la période 01/09/N-1 - 31/12/N-1 ne pourront pas être fusionnés avec ceux de la société
absorbante : ils devront obligatoirement être déclarés séparément par la société absorbée.

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UE 1 Corrigé 117
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. Imputation par FIN des déficits antérieurs de CO.EX


Les déficits de la société absorbée ne sont pas transférés à la société absorbante du fait de la fusion.
Toutefois, ce transfert est possible lorsqu’un agrément spécial est délivré par l’administration fiscale.
Pour obtenir cet agrément, il est nécessaire que :
- la fusion soit placée sous le régime de faveur de l’article 210 A du CGI ;

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- la fusion soit justifiée du point de vue économique et obéisse à des motivations principales autres que fiscales ;
- l’activité à l’origine des déficits n’ait pas subi de changements significatifs (clientèle, emploi, moyens d’exploitation,
nature et volume d’activité) pendant la période de constatation des déficits (condition applicable depuis juillet 2012)
- l’activité à l’origine des déficits soit poursuivie pendant une période minimale de 3 ans, sans subir de changements
significatifs (mêmes critères que ci-dessus).
L’agrément est délivré par le directeur des services fiscaux du département de la société absorbante (sauf dans certains
cas – par exemple : intégration fiscale, déficits à transférer > 1,5 M€ – où il est délivré par le ministre du budget).
La demande d’agrément doit être présentée par la société FIN (mais elle doit être contresignée par M. Duche le
représentant légal de CO.EX), obligatoirement avant la réalisation de l’opération, selon un modèle fourni par
l’administration.
NB Dans certaines situations, depuis juillet 2012, la société absorbante peut perdre le droit à l’imputation future de ses propres déficits ;
il s’agit des cas dans lesquels la fusion entraîne un changement d’activité (défini par l’article 221,5 du CGI). Un agrément peut alors
être obtenu pour le droit au maintien du report de ces déficits de l’absorbante, lorsque l’opération de fusion est « indispensable » à la
poursuite de l’activité à l’origine des déficits.

4. Calcul des plus ou moins-values de fusion


ÉLÉMENTS DE L’ACTIF IMMOBILISÉ
COURT TERME LONG TERME (à 0%)
Éléments Valeur Valeur au Moins-value Plus-value
Moins-value Plus-value
d’apport bilan
ACTIF IMMOBILISÉ

NON AMORTISSABLE
Droit au bail (1) 0 500 000 500 000
Titres de participation 1 (2) 3 050 000 1 200 000 1 850 000
Titres de participation 2 (2) 300 000 200 000 100 000
Titres de participation 3 (2) 200 000 300 000 100 000
Terrains (1) 700 000 400 000 300 000
Valeurs mob. de plac. (3) 170 100 170 100 0
------------- ------------- ----------- ----------- ---------- -------------
4 420 100 2 770 100 500 000 400 000 100 000 1 850 000
- 100 000 + 1 750 000
AMORTISSABLE
Constructions (1) 4 300 000 2 000 000 2 300 000
Matériel et outillage (1) 5 500 000 3 000 000 2 500 000
Mobilier (1) 500 000 600 000 100 000
-------------- ------------ ---------- -------------
10 300 000 5 600000 100 000 4 800 000
+ 4 700 000
(1) Il s’agit de biens autres que titres de participation et titres assimilés : toutes les PV et MV sont à CT.
(2) Les titres de participation bénéficient du régime du LT lorsqu’ils ont été acquis il y a plus de 2 ans (cas des titres 1 et 3). Les
PV/MV sont à CT lorsqu’ils ont été acquis il y a moins de 2 ans (cas des titres 2).
(3) Les titres du portefeuille exclus du régime du LT (car ne constituant pas des titres de participation au sens fiscal) sont
assimilés, pour le régime de faveur des fusions, à des éléments de l’actif immobilisé non amortissables (mais n’ouvrant pas
droit au régime du LT).

- PV nette à LT sur éléments non amortissables :


* exonérée chez CO.EX
* exonérée chez FIN mais FIN doit prendre les engagements nécessaires (calcul des plus et moins-values futures par
rapport aux valeurs fiscales).

S’agissant des titres de participation, CO.EX ne doit pas réintégrer de quote-part de frais et charges dans son résultat
fiscal : en effet, la plus-value sur titres n’est pas exonérée au titre du régime de droit commun d’imposition à taux 0%
des PV avec réintégration d’une quote-part de 12%, mais au titre du régime des fusions, qui neutralise complètement
l’opération.
FIN s’engage à calculer les PV/MV ultérieures par rapport à la valeur fiscale des titres chez CO.EX : ce n’est que lors
des cessions futures des titres que la quote-part de 12% sera calculée, sur la plus-value calculée en retenant comme
prix de revient la valeur fiscale chez CO.EX.

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118 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

- PV nette à CT sur éléments amortissables :


* exonérée chez CO.EX
* imposée chez FIN, avec étalement sur 15 ans pour les constructions et 5 ans pour les autres éléments ; l’étalement
débute sur le premier exercice clos après la date de la fusion (soit ici de N à N+14 et N+4 puisque la fusion est opérée
le 06/05/N : le 1er exercice clos après est l’exercice N).

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Imposition en N :
- constructions : 2 300 000 x 1/15 x [31% + (31% x 3,3%)] = 49 102 €
- autres éléments : (2 500 000 - 100 000) x 1/5 x [31% + (31% x 3,3%)] = 153 710 €
NB : Les calculs tiennent compte des règles d’arrondissement applicables : bases d’imposition et impôts sont arrondis à l’euro le
plus proche.

La société absorbante FIN doit doter une provision pour impôt (non déductible fiscalement).
Cette provision sera de :
- constructions : 2 300 000 x 14/15 x [31% + (31% x 3,3%)] = 687 247 €
- autres éléments : 2 400 000 x 4/5 x [31% + (31% x 3,3%)] = 614 842 €

ÉLÉMENTS DE L’ACTIF CIRCULANT

- Exonération des profits sur stocks chez CO.EX.


- La société FIN doit obligatoirement inscrire à son bilan les valeurs d’apport de ces éléments, conformément aux règles
comptables. Et comme on l’a vu dans le questionnaire (n°7), le CGI prévoit dans ce cas l’imposition du profit sur actif
circulant.
* stocks : (1 500 000 – 1 300 000) x [31% + (31% x 3,3%)] = 64 046 €

5. Revente par FIN des titres de participation 1


Dans les livres de la société FIN, les titres de participation étant inscrits pour 3 050 000 €, le profit comptable est de
3 200 000 - 3 050 000 = 150 000 €.
Mais FIN s’est engagée dans le traité d’apport, pour respecter les conditions d’application du régime de faveur, à calculer
les plus-values fiscales sur éléments non amortissables par rapport à la valeur qu’ils avaient dans les écritures de CO.EX.
D’où plus-value fiscale = 3 200 000 - 1 200 000 = 2 000 000 €.
Cette plus-value est à long terme car le délai de 2 ans est apprécié en tenant compte de la date d’acquisition par l’absorbée
CO.EX.
D’où PV « soumise » à l’IS au taux de 0%, avec réintégration de la quote-part de frais et charges de 12% (depuis 2012,
cette quote-part est due sur chaque PV LT réalisée ; les MV LT sur cession de titres de participation ne viennent plus en
diminution de cette base de quote-part de 12%).
Quote-Part de Frais et Charges = 12% x 2 000 000 = 240 000 €
et l’IS dû serait égal à 31% * 240 000 = 74 400 (+ l’éventuelle contribution de 3,3% de l’IS).

6. Conséquences fiscales pour SYNSTAL de l’échange des actions CO.EX contre les actions FIN
La plus-value résultant de cet échange de titres est neutralisée fiscalement lors de la fusion, quelle que soit la valeur pour
laquelle sont inscrits les titres reçus de l’absorbante FIN. Cette plus-value est comprise dans le résultat au cours duquel
les titres de l’absorbante FIN sont cédés par SYNSTAL. Ce régime est applicable quel que soit le régime de la fusion
(régime de droit commun ou de faveur). La fusion a donc pour SYNSTAL un caractère intercalaire.

S’agissant de l’application du régime mère/fille :


- le délai de 2 ans nécessaire pour que le régime soit applicable aux dividendes perçus (avant la fusion) de la société
absorbée est apprécié jusqu’à la date de cession des titres échangés. Ainsi, le régime mère/fille appliqué aux
dividendes CO.EX chez SYNSTAL n’est pas remis en cause si les titres FIN sont cédés plus de 2 ans après
l’acquisition des titres CO.EX ;
- les titres FIN ne représentent pour SYNSTAL des titres de participation pour lesquels le régime mère/fille est
applicable que si ces titres représentent au moins 5% du capital de FIN.

7. Montant des droits d’enregistrement


Article 816 du CGI
Depuis 2019, les actes de fusion auxquelles participent exclusivement des personnes morales ou organismes passibles
de l’IS, ainsi que la prise en charge du passif dont sont grevés les apports, sont enregistrés gratuitement

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UE 1 Corrigé 119
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Auteurs :
Bertrand Beringer
Alice Polynice
Grégory Lachaise
TIC TAC

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Compétences attendues Savoirs associés

Déterminer sous l’angle juridique, social et fiscal le Le régime juridique, fiscal et social des
mode de restructuration approprié opérations de transmission universelle de
Optimiser fiscalement l’opération de fusion de sociétés patrimoine, Retraite et licenciement
Accompagner sur le plan juridique et sur le plan
social l’opération de fusion de sociétés (TUP)

1. Détention de la totalité du capital social


Lorsque toutes les actions d’une société anonyme sont réunies entre les mains d’une seule personne, cette société
continue de fonctionner, elle n’est pas dissoute ; mais l’actionnaire unique peut décider de sa dissolution et tout intéressé
peut demander en justice la dissolution si la situation n’a pas été régularisée dans le délai d’un an (c. civil art. 1844-5,
al. 1). Toutefois, le tribunal ne peut prononcer la dissolution de cette société si, au jour où il statue sur le fond, la situation
de la société a été régularisée (et ce, même si le délai d’un an est dépassé) ; de plus, le tribunal peut accorder un délai de
6 mois à la société pour opérer la régularisation.
Il résulte de ces dispositions qu’en pratique, une SA peut fonctionner avec un seul associé tant qu’aucune décision de
dissolution n’est prise ou action en dissolution n’est introduite.

2. Moyens juridiques pour regrouper TIC et TAC


Il pourrait être envisagé de procéder à :
- la cession par TAC à TIC de son fonds de commerce, suivie de la dissolution de TAC ;
- la fusion-absorption de TAC par TIC ;
- la dissolution de TAC avec transmission universelle de son patrimoine (« TUP ») à son unique actionnaire TIC.
Dans le contexte étudié ici, c’est la troisième solution qui est la plus adaptée. En effet, l’associé unique de TAC étant une
personne morale, la décision (unilatérale de l’actionnaire unique TIC) de dissolution de TAC entraîne l’absence de
liquidation et la transmission universelle de son patrimoine au profit de TIC. (art. 1844-5 al. 3 c.civ.)
NB : lorsque l’associé unique est une personne physique, la décision de dissoudre la société à associé unique doit obligatoirement être
suivie de la liquidation de ses biens (art. 1844-5 al 4 C.Civ.)
Cette dissolution sans liquidation permet d’aboutir à la situation juridique souhaitée par Monsieur Christian par une simple
décision de TIC : le formalisme des fusions (même s’il s’agit d’une fusion simplifiée), ou des cessions de fonds de
commerce, est ainsi évité.

3. Compétence et formalisme d’une dissolution sans liquidation


La décision de dissolution d’une société est une modification des statuts qui relève de la compétence des actionnaires en
AGE.
Dans le cas, le conseil d’administration de TAC doit convoquer l’actionnaire unique TIC, afin que ce dernier prenne la
décision de dissolution. C’est donc Monsieur Christian, représentant légal de TIC, qui prend cette décision.
La dissolution décidée par un actionnaire unique personne morale entraîne obligatoirement la transmission universelle du
patrimoine de la société à l’associé unique sans liquidation (art 1844-5 al 3 c.civ.) ; l’actionnaire ne peut déroger à cette
règle (en ce sens CA Douai 14/11/1996).
Formalités de publicité :
- déclaration par M. Christian (ou toute personne à qui il aura donné un pouvoir) au greffe du tribunal de commerce par
la production de la décision de dissolution prise par TIC, en vue de l’apposition de la mention de dissolution au RCS ;
- insertion dans un journal d’annonces légales de la déclaration de dissolution (point de départ du délai d’opposition
des créanciers, cf. question 5) ;
- inscription au Bodacc.

4. Valorisation des apports


S’agissant d’une opération impliquant deux sociétés sous contrôle commun (puisque l’une –TIC– détient l’autre –TAC– avant
l’opération), les apports doivent obligatoirement être valorisés en valeurs nettes comptables, conformément aux prescriptions
comptables. Peu importe donc que les valeurs réelles de certains éléments de l’actif soient supérieures aux valeurs comptables.
NB : conformément à l’article 710-1 du PCG (règlement ANC n°2017-01 du 05/05/2017) les règles comptables prévues pour les
fusions sont applicables aux opérations de confusion de patrimoine visées par l’article 1844-5 du code civil.

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120 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

5. Date d’effet juridique et fiscale de la dissolution - Droit d’opposition des créanciers


La décision de dissolution prise par l’actionnaire unique est suivie (à partir de la date d’insertion dans le journal d’annonces
légales, cf. question 3.) d’une période de trente jours au cours de laquelle peut s’exercer le droit d’opposition des créanciers.
Une décision de justice rejette l’opposition ou ordonne soit le remboursement des créances, soit la constitution de garanties
si la société en offre et si elles sont jugées suffisantes. La transmission du patrimoine n’est réalisée et il n’y a disparition de la

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personne morale qu’à l’issue du délai d’opposition ou, le cas échéant, lorsque l’opposition a été rejetée en première instance
ou que le remboursement des créances a été effectué ou les garanties constituées. (art. 1844-5 al. 3 C.Civ.).
En conclusion, les créanciers de la société TIC disposent d’un droit d’opposition mais ils doivent l’exercer dans un délai de
30 jours, et, il appartiendra au tribunal de statuer sur l’issue de l’opposition, conformément à l’article 1844-5 al. 3 du code civil.

La dissolution n’a d’effet à l’égard des tiers qu’après sa publication (art 1844-8 al 1 c.civ.). La dissolution sans liquidation
n’a pas d’effet rétroactif juridiquement.
NB : Aucun effet rétroactif ne peut être donné juridiquement à une dissolution sans liquidation : en effet, c’est le code civil qui régit
cette opération, et celui-ci ne contient aucune disposition autorisant cette rétroactivité (à l’inverse du code de commerce, qui régit
les opérations de fusions et prévoit les conditions de la rétroactivité en son article L236-4).

Toutefois, l’administration fiscale admet qu’une rétroactivité (seulement fiscale, mais limitée à l’IS, non applicable pour la
TVA, la contribution économique territoriale…) puisse être attribuée aux dissolutions sans liquidation, à la condition que la
décision de dissolution mentionne expressément une date d’effet fiscal antérieure à sa date d’effet juridique, et que cette
date ne soit pas antérieure au 1er jour de l’exercice en cours chez la filiale à la date de la décision.
Exemple : décision de dissolution le 27 décembre N pour un exercice social calqué sur l’année civile : la rétroactivité fiscale peut
être fixée au 1er janvier N, et ce alors même que juridiquement la dissolution prendra effet le 27 janvier N+1 (en
l’absence d’opposition). Dans ce cas, les résultats de l’exercice N de la société dissoute sont agrégés avec ceux de
l’actionnaire unique, et les résultats de la période 1/1/N+1 – 27/1/N+1 sont compris dans le résultat fiscal N+1 de
l’actionnaire unique.
Conclusion : une clause de rétroactivité figurant dans la décision de dissolution a un effet fiscal et non juridique. Elle
permet d’agréger les résultats fiscaux N de TIC et de TAC.

6.a Régime fiscal IS


L’application du régime de faveur des fusions est facultative. En l’espèce, les valeurs réelles des éléments de l’actif étant
supérieures aux valeurs comptables (cf. Annexe 1) il est intéressant fiscalement de placer l’opération sous le régime des
fusions (applicable aux dissolutions sans liquidation selon la doctrine administrative). En effet, sans l’application du régime
de faveur, la dissolution entraînant cessation (fiscale) d’activité, toutes les plus-values latentes sur les éléments de l’actif
devraient être soumises à l’IS (et ce malgré la transcription comptable de l’opération en valeurs nettes comptables).
L’application du régime de faveur permet d’éviter cette imposition.
Calcul et traitement des PV/MV de fusion :
Le régime de faveur des fusions étant appliqué, et l’opération devant être comptabilisée aux valeurs nettes comptables,
aucune plus ou moins-value de « fusion » n’est constatée chez TAC.
En contrepartie, TIC doit s’engager dans la décision de dissolution à calculer les plus et moins-values futures sur les éléments
non amortissables par rapport aux valeurs fiscales de ces éléments chez TAC. Par exemple, pour les titres de participation
figurant à l’actif de TAC, les plus et moins-values futures devront être calculées par TIC en tenant compte d’un prix de revient
fiscal de 400 000 € (500 000 de valeur au bilan de TAC diminuée de la plus-value d’échange de 100 000 neutralisée chez TAC).
Calcul du résultat fiscal N de TIC :
Résultat fiscal hors conséquences de la dissolution 450 000
PV / MV de fusion 0
Résultat fiscal TAC jusqu’à la dissolution (cf. rétroactivité fiscale) - 150 000
300 000
NB : pour faire apparaître la perte fiscale de TAC dans la détermination du résultat fiscal de TIC, il est nécessaire d’effectuer une
déduction extra-comptable. En effet, les écritures comptables de TIC doivent transcrire la réalité juridique ; or, aucune rétroactivité
juridique n’étant possible, les opérations réalisées par TAC (soit jusqu’au 20 novembre en l’absence d’opposition) ne peuvent être
transcrites dans les comptes de TIC (alors que cela est possible dans le cas des fusions avec rétroactivité). Seul le résultat des
opérations juridiquement réalisées par TIC peut être comptabilisé dans ses écritures (elles comprennent celles issues de l’activité
de TAC et réalisées du 20 novembre au 31 décembre N).

6.b Imputation des déficits antérieurs de TAC


Comme en cas de fusion, les opérations de confusion de patrimoine peuvent donner lieu au transfert des déficits antérieurs
de la société « confondue » à la société « confondante », moyennant un agrément qui est de droit lorsque les conditions
de son obtention sont réunies.
Ces conditions sont les suivantes :
- la confusion doit être placée sous le régime de faveur de l’article 210 A du CGI ;
- la confusion doit être justifiée du point de vue économique et doit obéir à des motivations principales autres que fiscales ;
- l’activité à l’origine des déficits doit être poursuivie pendant une période minimale de 3 ans sans subir de
changements significatifs ;
- l’activité à l’origine des déficits ne doit pas avoir subi de changements significatifs pendant la période de constatation
des déficits.
La demande d’agrément doit être formulée avant la réalisation de l’opération, soit ici avant le 20 octobre N.

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UE 1 Corrigé 121
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

6.c Droits d’enregistrement de la transmission universelle de patrimoine


Contrairement aux règles prévues pour l’impôt sur les sociétés, le régime de faveur des fusions en matière de droits
d’enregistrement (droit fixe prévu par l’article 816 du CGI) n’est pas applicable aux opérations de confusion de patrimoine
(régime de l’article 1844-5 du code civil).
1. Depuis 2019, les actes de dissolution de société sont enregistrés gratuitement.

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2. L’appropriation de l’actif de la société dissoute par son actionnaire unique n’engendre aucun droit de mutation, ni droit
de partage. Elle n’est soumise à aucune formalité (en dehors des immeubles, cf. ci-après). Toutefois, si un acte relatif à
cette transmission universelle de patrimoine est volontairement soumis à l’enregistrement, il donne lieu au droit fixe des
actes innommés soit 125 €.
Lorsque la confusion de patrimoine entraîne la transmission d’immeubles à l’actionnaire unique, l’acte doit être
obligatoirement publié à la conservation des hypothèques, ce qui entraîne la perception de :
- la taxe de publicité foncière calculée sur la valeur réelle des immeubles lors de la transmission au taux de 0,70% ;
- le prélèvement pour frais d’assiette et de recouvrement calculé sur cette taxe, au taux de 2,14% ;
- la contribution de sécurité immobilière de 0,10% de la valeur vénale (ex salaire du conservateur des hypothèques).
TIC sera donc redevable des droits d’enregistrements relatifs à la transmission des immeubles dont TAC était propriétaire, calculés
sur leur valeur réelle en N, soit 6 000 000 € pour les constructions et 2 200 000 € pour le terrain, soit 8 200 000 € au total :
- TPF : 8 200 000 x 0,70% 57 400 €
- prélèvement pour frais : 57 400 x 2,14% 1 228 €
- contribution sécurité immobilière : 8 200 000 x 0,10% 8 200 €
Total des droits d’enregistrement dus 66 828 €
NB : En présence d’immeubles, il est préférable, au plan fiscal, de réaliser ce type d’opération par voie de fusion simplifiée (plutôt que
via une TUP) car la TPF n’est pas due en cas de fusion simplifiée.

6.d Conséquences fiscales pour la société CHARLIE


CHARLIE est actionnaire de la société TIC. La transmission universelle de patrimoine de TAC à TIC n’engendre donc pour
elle aucune conséquence puisque TIC se contente de recueillir les éléments actifs et passifs de TAC, en contrepartie de
l’annulation des titres TAC dans son bilan. TIC n’émet aucune action, et CHARLIE reste actionnaire de TIC dans les
mêmes proportions.

7.a Obligations sociales de TIC et TAC avant la transmission universelle de patrimoine


Aucune unité économique et sociale n’étant reconnue entre TIC et TAC, les effectifs de chaque société sont appréciés
séparément. En effet certaines obligations et certains droits peuvent être rendus obligatoires lorsqu’il existe une unité
économique et sociale.
L’unité économique est caractérisée lorsqu’il y a unité de direction et identité ou complémentarité d’activité.
Le critère de l’unité sociale relève d’indices variés, tels qu’une gestion commune du personnel, un statut juridique commun,
une convention collective identique…
Plusieurs entreprises juridiquement distinctes peuvent donc constituer une unité économique et sociale, mais pour en
produire les effets elle doit être reconnue par convention collective ou décision de justice. Lorsque tel est le cas, il
conviendra d’additionner l’effectif des entreprises constituant l’UES afin de vérifier si elles sont assujetties à des obligations
découlant du franchissement de seuil d’effectif.

Représentation du personnel
Les ordonnances du 22 septembre 2017 ont procédé à une fusion des institutions représentatives du personnel (DP / CE /
CHSCT) au sein d’un comité social et économique. Sa mise en place est obligatoire au plus tard le 31 décembre 2019
dans les entreprises dont l’effectif d’au moins 11 salariés est atteint pendant 12 mois consécutifs.
Dans les entreprises d’au moins 11 salariés et de moins de 50 salariés, la délégation du personnel au comité social et
économique a pour mission :
- de présenter à l’employeur les réclamations individuelles ou collectives relatives aux salaires, à l’application
du code du travail et des autres dispositions légales concernant notamment la protection sociale, ainsi que des
conventions et accords applicables dans l’entreprise.
Elle contribue à promouvoir la santé, la sécurité et les conditions de travail dans l’entreprise et réalise des enquêtes
en matière d’accidents du travail ou de maladies professionnelles ou à caractère professionnel.
Les membres de la délégation du personnel du comité peuvent saisir l’inspection du travail de toutes les plaintes et
observations relatives à l’application des dispositions légales dont elle est chargée d’assurer le contrôle.
Les attributions de la délégation du personnel au comité social et économique s’exercent au profit des salariés, ainsi qu’aux
salariés d’entreprises extérieures mis à disposition et aux salariés temporaires.
TIC emploie 42 salariés : elle dispose donc de délégués du personnel (fin 2019) ou d’un CSE (sauf PV de carence). Les
délégués du personnel ou le CSE n’exercent des fonctions économiques que dans les entreprises de 50 salariés et plus.
Par conséquent TIC n’a pas l’obligation légale de les consulter sur le projet de dissolution.
TAC emploie 10 salariés. En l’absence de CSE, aucune obligation ne lui incombe en la matière.

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122 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Participation et épargne salariale


Ni TIC ni TAC n’atteignant le seuil de 50 salariés, aucune d’elle n’est soumise à l’obligation de verser une réserve de
participation à ses salariés.
Les autres régimes (intéressement, plans d’épargne) étant purement facultatifs, ni TIC ni TAC n’ont l’obligation de les
mettre en place.

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7.b Conséquences sociales de la transmission universelle de patrimoine
Sort des salariés de TAC
L’article L 1224-1 du code du travail dispose : « Lorsque survient une modification dans la situation juridique de
l’employeur, notamment par succession, vente, fusion, transformation du fonds, mise en société de l’entreprise, tous les
contrats de travail en cours au jour de la modification subsistent entre le nouvel employeur et le personnel de l’entreprise ».
Cette position de principe rend impérative le maintien des contrats en cours vers la nouvelle entité, et ce, quelle que soit
la nature des contrats de travail (CDI, CDD, contrats d’apprentissage, contrats de professionnalisation…). Le transfert
s’effectue de plein droit et automatiquement, autrement dit, aucune procédure ou démarche n’est nécessaire, et
l’employeur ne peut s’y opposer. Le transfert intègre tous les éléments du contrat tels que la rémunération, la qualification,
l’ancienneté ou encore les clauses contractuelles pouvant y figurer. Tous les droits sont transférés et doivent être
considérés d’après la totalité des services accomplis auprès du premier employeur. TIC intégrera l’ensemble des salariés
de TAC à ses effectifs sans pouvoir modifier unilatéralement leurs contrats de travail dans l’ensemble de leurs dispositions.
L’article L1224-1 du code du travail, interprété à la lumière de la directive n° 2001/23/CE du 12 mars 2001, ne s’applique
qu’en cas de transfert d’une entité économique autonome. Le transfert d’une telle entité ne s’opère que si des moyens
corporels ou incorporels significatifs et nécessaires à l’exploitation de l’entité sont repris, directement ou indirectement, par
un autre exploitant. Si tel n’est pas le cas, le transfert suppose l’accord du salarié, lequel ne peut résulter de la seule
poursuite du travail.
Quant aux licenciements économiques, ils ne peuvent être prononcés que :
- pour un ou plusieurs motifs non inhérents à la personne du salarié ;
- résultant d’une suppression ou transformation d’emploi ou d’une modification, refusée par le salarié, d’un élément
essentiel du contrat de travail ;
- consécutives notamment à des difficultés économiques ou à des mutations technologiques.
À défaut, les licenciements doivent être considérés sans cause réelle et sérieuse (art. 1233-2 C.Trav.), le transfert est
d’ordre public et ouvrent droit à contestation par le(s) salarié(s) concerné(s). Le juge peut proposer la réintégration dans
l’entreprise, avec maintien des avantages acquis. En cas de refus, le code du travail prévoit désormais des barèmes
d’indemnisation à l’article L 1235-3 du Code du travail.
Ce dernier distingue selon que l’entreprise compte un effectif de moins ou d’au moins 11 salariés et alloue une indemnité
maximale qui est fonction de l’ancienneté du salarié.
À noter que ces barèmes ne sont pas applicables en cas de nullité du licenciement résultant notamment de la violation
d’une liberté fondamentale, de faits de harcèlement moral ou sexuel, ou de discriminations.
Par conséquent la transmission universelle de patrimoine de TAC ne peut en aucun cas justifier une procédure de
licenciement économique.

Obligations sociales de TIC après la dissolution de TAC


Après la dissolution, l’effectif de TIC s’élève à 42 + 10 = 52 salariés.
Cette situation entraîne des obligations à la charge de l’employeur et des effets généraux sur le statut collectif des salariés
transférés.
Le dépassement d’un seuil d’effectif à pour effet de créer certaines obligations à la charge de l’employeur.
En premier lieu, le comité social et économique verra le champ de ses attributions élargi à l’ensemble des compétences
économiques que la loi lui confère.
En second lieu, les entreprises de droit privé dont l’effectif est habituellement au moins égal à 50 salariés doivent
impérativement conclure un accord de participation (art. L 3322-2 C.Trav.). Néanmoins cette dernière obligation ne sera
pas immédiate. En effet, l’obligation est subordonnée à l’atteinte d’un effectif de 50 salariés pendant 5 années
consécutives.

Sur les conventions et accords collectifs applicables, trois situations peuvent se présenter :
- soit la convention collective est identique et les mêmes dispositions s’appliquent ;
- soit le nouvel employeur est dépourvu de convention collective ;
- soit la convention collective de la nouvelle entité est différente de celle applicable aux salariés transférés.
Dans les deux dernières hypothèses la remise en cause des accords existants s’opère de fait. Dans les 3 mois du transfert
une négociation doit s’ouvrir sur les dispositions applicables ou sur l’élaboration d’un nouveau statut. À défaut d’accord,
les anciennes dispositions sont maintenues pendant un an à compter des 3 mois susvisés au terme duquel ils cessent de
s’appliquer (art. L 2261-14 C.Trav.).
D’autre part, les usages et engagements de l’ancien employeur subsistent, mais peuvent être remis en cause dans la
nouvelle structure à condition d’en respecter le formalisme (dénonciation).
En l’espèce, au regard des éléments fournis, les salariés de TAC seront soit soumis à la convention collective de TIC, soit,
à défaut de nouvel accord, leur statut collectif sera maintenu pendant 15 mois.

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UE 1 Corrigé 123
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Quant aux mandats des représentants du personnel ou des membres de la délégation du personnel chez TIC, ils ne
subissent aucune modification. Par contre, si une telle institution existait dans l’entité transférée, les mandats
subsisteraient jusqu’à leur terme sous la condition que l’entreprise transférée conserve son autonomie juridique. Cette
notion est souvent appréciée extensivement et conduit régulièrement au maintien des mandats en cours. À défaut, les
fonctions des représentants du personnel ou des membres de la délégation du personnel cessent.

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8. Mise à la retraite de M. Bond – Départ à la retraite de M. James
Règle de droit applicable
Tableau d’ouverture des droits à la retraite

Durée d’assurance
Âge de départ à la retraite Âge légal de départ à la
Année de naissance requise pour bénéficier
à taux plein automatique retraite
d’une retraite à taux plein
1953 66 ans et 2 mois 61 ans et 2 mois 165 trimestres (41 ans et 3
mois)
1954 66 ans et 7 mois 61 ans et 7 mois 165 trimestres (41 ans et 3
mois)
1955 – 1956 – 1957 67 ans 62 ans 166 trimestres (41 ans et 6
mois)
1958 – 1959 – 1960 67 ans 62 ans 167 trimestres (41 ans et 9
mois)
1961 – 1962 – 1963 67 ans 62 ans 168 trimestres (42 ans)
1964 – 1965 – 1966 67 ans 62 ans 169 trimestres (42 ans et 3
mois)
1967 – 1968 – 1969 67 ans 62 ans 170 trimestres (42 ans et 6
mois)
1970 – 1971 – 1972 67 ans 62 ans 171 trimestres (42 ans et 9
mois)
1973 et après 67 ans 62 ans 172 trimestres (43 ans)

La mise à la retraite
Conditions
• Principe
La mise à la retraite par l’employeur ne peut intervenir unilatéralement avant l’âge de 69 ans révolus compris. Entre
l’âge minimum permettant de recevoir une pension à taux plein et 69 ans, l’employeur peut la proposer au salarié,
mais elle ne peut intervenir sans l’accord de ce dernier selon la procédure suivante.
• Procédure
Trois mois avant la date de l’anniversaire du salarié, l’employeur doit l’interroger sur son intention de quitter l’entreprise.
En cas de réponse négative, il ne peut procéder à sa mise à la retraite mais peut renouveler sa demande l’année
suivante dans les mêmes conditions.
À partir de 70 ans, l’employeur peut librement mettre à la retraite le salarié sans qu’il ne puisse s’y opposer.
Effets
Le salarié bénéficie d’une indemnité de départ en retraite équivalente au minimum à l’indemnité légale de licenciement.
L’indemnité de mise à la retraite (donc, à l’initiative de l’employeur) est exonérée d’IR à hauteur du plus élevé des 3
montants suivants :
1. montant de l’indemnité de mise à la retraite prévu par la convention collective (quel que soit ce montant) ;
2. moitié de l’indemnité de mise à la retraite perçue, cette moitié étant plafonnée à 198 660 € en 2018 (5 x plafond annuel
de la Sécurité Sociale) ;
3. 2 fois la rémunération annuelle brute perçue par le salarié au cours de l’année civile précédant sa mise à la retraite, ce
montant de 2 fois la rémunération étant plafonné au même montant (198 660 € pour 2018).
L’éventuelle fraction d’indemnité dépassant le plafond applicable est soumise à l’IR dans la catégorie des traitements et
salaires (son imposition peut être étalée sur plusieurs années).

Le départ à la retraite
Conditions
Le départ à la retraite intervient à l’initiative du salarié. Ce droit qu’il peut utiliser ou non est conditionné à la faculté qu’a le
salarié de pouvoir demander la liquidation de sa pension vieillesse. Autrement dit le départ à la retraite n’est possible que
lorsque le salarié a atteint l’âge minimal pour obtenir la liquidation de sa pension retraite quel que soit par ailleurs le nombre
de trimestres cotisés.
Effets
Il doit respecter un préavis dont la durée est de 1 mois pour les salariés ayant une ancienneté d’au moins 6 mois et moins
de 2 ans dans l’entreprise et de 2 mois pour les salariés ayant une ancienneté d’au moins 2 ans.
En outre, sous condition de justifier d’une ancienneté de 10 ans, le salarié bénéficie d’une indemnité légale (ou
conventionnelle si elle est plus favorable) spécifique qui correspond à :
- 1/2 mois du salaire de référence après 10 ans d’ancienneté ;

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124 Corrigé UE 1
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

- 1 mois après 15 ans ;


- 1 mois 1/2 après 20 ans ;
- 2 mois après 30 ans d’ancienneté.
L’indemnité de départ à la retraite (donc, à l’initiative du salarié) est imposable à l’IR dans la catégorie des traitements et
salaires. Aucune exonération n’est possible (son imposition peut être étalée sur plusieurs années).

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Application de la règle aux faits
La société TIC ne peut mettre d’office M. Bond à la retraite, celui-ci n’ayant que 68 ans. Son départ doit être consenti. À
défaut, il devra être considéré comme un licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Quant à M. James, étant né en 1950 et donc âgé de 68 ans, il peut prétendre à la liquidation de sa pension retraite et
imposer son départ à l’employeur. Il percevra l’indemnité légale ou conventionnelle s’il justifie de l’ancienneté minimale.
Par ailleurs, sa pension sera automatiquement à taux plein quel que soit le nombre de trimestres cotisés.

9. Nature de la faute et indemnités perçues par Mme Goldfinger


Règle de droit applicable
Les conditions du licenciement pour motif personnel
La cause réelle et sérieuse
• La cause réelle
Elle suppose la réunion de trois caractères.
En premier lieu elle doit être concrète ; en second lieu elle doit être objective ; enfin, elle doit être exacte.
• La cause sérieuse
La cause du licenciement doit revêtir un caractère suffisamment sérieux pour justifier un licenciement, c’est-à-dire être
d’une gravité suffisante pour justifier la rupture du contrat de travail.
Les motifs disciplinaires du licenciement
Le licenciement repose sur une faute imputable au salarié. La jurisprudence distingue quatre fautes, d’une gravité
différente et emportant des conséquences juridiques propres.
• La faute légère. Bien que réelle, elle ne justifie jamais un licenciement. D’une gravité insuffisante pour mettre un
terme au contrat de travail, elle peut cependant faire l’objet d’une sanction disciplinaire.
• La faute sérieuse. Elle rend impossible la continuation de la relation de travail et constitue une cause réelle et
sérieuse de licenciement. Cependant, elle ne prive pas le salarié de ses droits à préavis et à indemnités. Par exemple,
une indiscipline caractérisée, les violences verbales ou des retards répétés.
• La faute grave. Elle justifie le licenciement et implique le départ immédiat du salarié en privant ce dernier des
indemnités de préavis et de licenciement. Par exemple, les violences physiques ou les actes d’insubordination.
• La faute lourde. D’une gravité exceptionnelle, elle suppose l’intention particulière de nuire à l’entreprise. Parfois
difficile à prouver, le salarié perd l’ensemble de ses droits et indemnités mais non celle de congés payés.
Les indemnités en cas de licenciement régulier
• L’indemnité compensatrice de préavis
Équivalente aux rémunérations que le salarié aurait perçues s’il avait travaillé jusqu’au terme du préavis, l’employeur
doit la verser dans les cas suivants :
- l’employeur a lui-même demandé au salarié de ne pas effectuer le préavis ;
- l’employeur à licencié le salarié pour faute grave ou lourde, mais le Conseil de Prud’hommes n’a pas retenu
cette qualification.
Cette indemnité n’a pas a être versé dans les hypothèses suivantes :
- en cas de licenciement pour faute grave ou lourde ;
- si le salarié sollicite la dispense de son préavis ;
- si le salarié est dans l’incapacité d’exécuter le préavis ;
- en cas d’inaptitude suite à un accident ou une maladie non professionnelle.
L’indemnité compensatrice de préavis est imposable à l’IR, comme un salaire. Elle est normalement déductible du
résultat de la société versante.
• L’indemnité compensatrice de congés payés
Elle correspond à une indemnisation des jours de congés que le salarié n’a pu prendre du fait de la rupture de son
contrat de travail.
L’indemnité compensatrice de congés payés est imposable à l’IR, comme un salaire. Elle est normalement déductible
du résultat de la société versante.
• L’indemnité légale de licenciement
Elle est due au salarié qui bénéficie d’une ancienneté 8 mois ininterrompus dans la même entreprise (L1234-9 C.Trav.).
Les indemnités de licenciement sont identiques que le licenciement soit prononcé pour un motif personnel ou pour un
motif économique. Le salarié bénéficie d’une indemnité de licenciement égale à :
- un quart de mois de salaire par année d’ancienneté pour les années jusqu’à dix ans ;
- un tiers de mois de salaire par année d’ancienneté pour les années à partir de dix an.
Les conventions ou accords collectifs peuvent prévoir des dispositions plus favorables au salarié. Il peut alors en
bénéficier mais ne peut la cumuler avec l’indemnité légale. Elle n’est pas due en cas de faute grave ou lourde.

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UE 1 Corrigé 125
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Les indemnités de licenciement sont exonérées d’IR dans la limite d’un plafond (sauf les indemnités versées en cas
de plan de sauvegarde de l’emploi qui sont exonérées sans limite). Plafond = le plus élevé des 3 montants suivants :
1. Indemnité de licenciement prévue par la loi ou la convention collective ;
2. Moitié de l’indemnité de licenciement perçue, cette moitié étant plafonnée à 238 392 € pour 2018 (6 fois le plafond
annuel de la sécurité sociale) ;

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3. 2 fois la rémunération annuelle brute perçue par le salarié au cours de l’année civile précédant son licenciement,
ce montant de 2 fois la rémunération étant plafonné aussi à 238 392 € pour 2018.
Pour la société versante, l’indemnité de licenciement est normalement déductible de son résultat.
NB : En cas de licenciement pour motif économique, l’éventuelle provision pour indemnité de licenciement est non déductible
(l’indemnité est déductible au titre de l’exercice de son exigibilité).
Application de la règle aux faits
Le licenciement de Mme Goldfinger repose sur une cause réelle et sérieuse et justifie la rupture du contrat de travail. La
faute retenue est susceptible de recevoir la qualification de faute sérieuse mais non de faute grave (en ce sens C.Cass.
23 décembre 2009).
Elle percevra donc l’ensemble des indemnités.

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126 Corrigé UE 1
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UE 1 Corrigé 127
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

WIKO
Auteurs :
Bertrand Beringer
Alice Polynice

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Compétences attendues Savoirs associés

Déterminer sous l’angle juridique et fiscal le mode Augmentation de capital, Apport Partiel d’actif
de restructuration approprié et ses effets (APA), nomination CAC, régime des conventions,
Optimiser fiscalement l’opération d’apport partiel d’actif introduction en bourse
Accompagner juridiquement l’opération d’apport
partiel d’actif

1. Augmentation de capital
L’augmentation de capital d’une SAS est soumise aux dispositions légales ou réglementaires des SA – L227-1 al 3.
Les attributions dévolues aux AGE et AGO des SA, en matière d’augmentation de capital sont exercées collectivement
par les associés de la SAS- L227-9 al 2. Dans la SASU les décisions de l’associé unique sont répertoriées sur un registre
L 227-9 al 3.
L’augmentation de capital par incorporation de réserves, bénéfices ou primes d’émission n’entraîne aucune introduction
de valeurs d’actif dans le patrimoine de la société. C’est un jeu d’écritures qui consiste en un virement direct au compte
capital d’une somme prélevée sur un ou plusieurs comptes de réserves.
L’augmentation de capital sera réalisée soit par élévation du montant nominal des actions, soit par attribution d’actions
nouvelles.
Formalités de publicité : enregistrement, insertion au JAL, dépôt au greffe du tribunal de commerce du siège social des
documents concernant la décision prise et les statuts mis à jour, inscription modificative au RCS, insertion au Bodacc.

Application : M. DAHAN, associé unique de la SASU WIKO doit prendre la décision d’augmenter le capital par
incorporation de bénéfices et de son mode de réalisation (attribution d’actions nouvelles ou élévation du nominal des
actions), l’inscrire sur le répertoire des décisions et effectuer les formalités de publicité légales ci-dessus.

2. L’apport partiel d’actif


a) Définition
L’apport partiel d’actif est l’opération par laquelle une société fait apport à une autre (nouvelle ou déjà créée) d’une partie
de ses éléments d’actif et reçoit, en échange, des titres émis par la société bénéficiaire de l’apport.
L’apport partiel d’actif peut porter sur un ou plusieurs éléments isolés ou sur un ensemble de biens (ex une branche
d’activité déterminée). Dans ce second cas, l’opération est comparable à une scission en ce qui concerne l’actif apporté.

Application : le service après-vente est une branche d’activité de l’entreprise WIKO dont le cœur de métier est surtout la
commercialisation.

b) Intérêts
L’apport partiel d’actif permet de filialiser une (ou plusieurs) branche(s) d’activité de l’entreprise et de lui (leur) donner une
existence juridique autonome.
Filialiser cette branche complète (atelier et salariés) donnera naissance à une entité juridique autonome, une SASU.
L’apport partiel d’actif peut bénéficier des deux avantages du régime des scissions à savoir la transmission universelle et
le régime fiscal de faveur aux conditions suivantes (voir question 5 pour les conditions strictement fiscales) :
- qu’il porte sur une branche d’activité complète ;
- que les deux sociétés (apporteuse et bénéficiaire) aient placé d’un commun accord l’APA sous le régime des
scissions L236-6-1 ;
- que les sociétés respectent la procédure et les règles applicables en matière de scission.

3. Conséquences de l’APA pour les associés et les créanciers


a) pour les associés
L’associé de la société apporteuse devient associé de la société bénéficiaire de l’apport partiel d’actif puisqu’il reçoit, en
échange de l’apport des titres de cette dernière art L236-1 al 3.
Application : M. DAHAN, associé unique de la SAS WIKO devient associé de la SAS créée.

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128 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

b) pour les créanciers non obligataires


Les dettes liées à l’apport sont transférées à la société bénéficiaire de l’apport. Aussi, pour les protéger, la loi donne aux
créanciers un droit d’opposition à exercer dans les 30 jours de la dernière publication du projet d’APA , devant le tribunal
de commerce du siège de la société débitrice.
Le droit d’opposition est ouvert à tous les créanciers, ceux de la société bénéficiaire comme ceux de la société apporteuse.

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Si l’APA est soumis au régime des scissions, il existe par principe une solidarité entre la société apporteuse et la société
bénéficiaire de l’apport pour les dettes de l’apporteuse, solidarité qui peut être expressément écarté dans le traité d’apport
partiel d’actif (art. L236-21). Si la solidarité est écartée, les créanciers bénéficient du droit d’opposition.

4. Conséquences fiscales de l’APA (IS et droits d’enregistrement) en régime de droit commun


Régime de droit commun en matière d’IS :
La société apporteuse supporte l’IS sur les plus-values constatées lors de l’apport des éléments d’actif. À cet égard, les
plus-values doivent être calculées par rapport à la valeur réelle des biens transmis.
La société apporteuse supporte aussi l’IS sur les provisions qui deviennent sans objet du fait de la disparition de son bilan
des biens objets de l’apport.

Régime de droit commun en matière de droits d’enregistrement :


Ce sont les droits d’enregistrement relatifs aux apports en société qui sont dus.
Ainsi, pour les apports purs et simples entre sociétés soumises à l’IS, les droits d’enregistrement sont égaux à 0 €.
S’agissant des apports à titre onéreux (pour la fraction d’apports rémunérée par la prise en charge d’un passif incombant
à l’apporteur ; par exemple, si la SAS WIKO transfère avec les éléments actifs apportés les dettes y afférentes comme les
emprunts relatifs aux immobilisations apportées), ce sont les droits d’enregistrement calculés selon le tarif des ventes qui
sont dus : droit de 5% pour les immeubles et droits immobiliers, barème progressif 0% - 3% - 5% pour le fonds de
commerce.

5. Régime fiscal de faveur de l’APA


Le régime fiscal de faveur des fusions, tel qu’exposé dans le cas CO.EX.FIN, est applicable aux opérations d’apport partiel
d’actif lorsque les conditions suivantes sont réunies.
Les sociétés apporteuse et bénéficiaire de l’apport doivent être soumises à l’IS. L’option pour le régime de faveur
doit être mentionnée dans l’acte d’apport.
L’apport doit porter sur une "branche complète et autonome d’activité" (cf. art. 301 E de l’Annexe II au CGI)
Il s’agit de l’ensemble des éléments actifs et passifs d’une division d’une société qui constituent, du point de vue de
l’organisation, une exploitation autonome, c’est-à-dire un ensemble capable de fonctionner par ses propres moyens. Le
personnel affecté à l’activité apportée doit aussi être apporté.
L’existence de l’autonomie de la branche apportée s’apprécie au regard de l’existence d’une clientèle, d’un personnel,
d’installations propres et d’une comptabilité propre.
Si les immeubles et les marques nécessaires à l’exploration de la branche apportée doivent en principe être transférés
avec les immobilisations apportées, il est possible ne pas les apporter à la condition que la société bénéficiaire de l’apport
bénéficie bien de l’usage de ces biens (par exemple avec la conclusion d’une licence pour une marque, d’un bail pour un
immeuble, sauf pour les immeubles constitutifs d’unités de production nécessaires et essentiels à l’activité apportée car
assimilés à l’outil de production en tant que tel).
NB1 : Certains apports sont assimilés à une branche complète d’activité : par exemple, l’apport de titres de participations portant
sur plus de 50% du capital de la société dont les titres sont apportés.
NB2 : Lorsque les conditions de qualification de branche complète d’activité ne sont pas réunies, le régime de faveur peut être
appliqué après obtention d’un agrément préalable de l’Administration fiscale.

L’apport doit être rémunéré par des droits représentatifs du capital de la société bénéficiaire de l’apport.
Toutefois, une soulte est possible lorsque qu’elle n’excède pas 10% de la valeur nominale des droits attribués (cf. art.
301 F de l’Annexe II au CGI).
Jusqu’en 2017, la société apporteuse devait prendre l’engagement, dans l’acte d’apport, de conserver les titres
reçus en contrepartie de l’apport pendant une durée de 3 ans. Cet engagement est supprimé depuis 2018.
La société apporteuse devra calculer ultérieurement les plus-values de cession des titres reçus en contrepartie
de l’apport, par rapport à la valeur que les biens apportés avaient, du point de vue fiscal, dans ses propres
écritures.
Par exemple, pour une branche d’activité ayant un prix de revient fiscal de 1 000 apportée par une société A à une société
B pour une valeur d’apport globale de 3 000, la société A devra ultérieurement calculer les plus-values sur les titres B (par
exemple lors de la cession des titres B) par rapport à la valeur fiscale de 1 000 (et non par rapport à la valeur comptable
de 3 000).
En matière de droits d’enregistrement, l’apport partiel d’actif est exonéré de droits d’enregistrement depuis 2019 (article
816 et 817 du CGI).

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UE 1 Corrigé 129
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

6. Nomination du commissaire aux comptes dans la SASU WIKO


La SAS peut être soumise au contrôle d’un ou plusieurs commissaires aux comptes désignés par décision collective des
associés L 227-9 al 2 sur proposition du président (nomination facultative).

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Depuis la loi Pacte du 22 Mai 2019 et le décret du 24 Mai 2019, la désignation d’un commissaire aux comptes est
obligatoire quand la SAS dépasse deux des seuils fixés par la loi à la clôture d’un exercice social. Si la SAS contrôle une
ou plusieurs sociétés ou qui est contrôlée, et dès lors que l’ensemble formé par la mère et ses filiales excède les seuils,
la désignation du CAC sera obligatoire.
Les seuils sont les suivants :
- 8 millions d’euros de chiffre d’affaires HT ;
- 4 millions de total de bilan ;
- 50 salariés permanents en moyenne sur l’exercice

Application : la SASU WIKO a 500 salariés actuellement et a réalisé 500 millions de CA HT. La nomination d’un CAC est
obligatoire.

7. Emprunt du fils à la SASU WIKO


Il est interdit aux conjoints, ascendant ou descendant du président de la SAS de contracter sous quelque forme que ce
soit des emprunts auprès de la société L 225-43 al 3 sur renvoi de l’article L 227-12.
L’emprunt irrégulièrement contracté est nul.

Application : M. DAHAN (président de la SASU) ne peut pas permettre à son fils (descendant) d’emprunter de l’argent à
la SAS WIKO.

8. Introduction en bourse
La SAS ne peut procéder à une offre au public de titres financiers ou à l’admission aux négociations sur un marché
réglementé de ses actions à l’exception des offres prévues par l’art L 411-2 du code monétaire et financier et l’art L 227-2
du code de commerce.

Application : la SAS WIKO ne peut pas être introduite en bourse.

9. Fusion TINNO-WIKO
a) Définition de la fusion
La fusion est l’opération par laquelle deux ou plusieurs sociétés se réunissent pour n’en former qu’une seule.

b) Modalités
Selon l’article L236-1 al 1 du Code de commerce : « Une ou plusieurs sociétés peuvent, par voie de fusion, transmettre
leur patrimoine à une société existante ou à une nouvelle société qu’elles constituent. ».

La fusion peut résulter :


- soit de la création d’une société nouvelle par plusieurs sociétés existantes ;
- soit de l’absorption d’une société par une autre.

Application : il s’agit d’une fusion par absorption. Dans le cas TINNO absorbe WIKO.

c) Conséquences juridiques d’une fusion absorption


- Transmission universelle du patrimoine : l’ensemble des éléments actif et passif composant le patrimoine d’une
société absorbée est recueilli par la société absorbante (art. L 236-3 I) ;
- la fusion entraîne obligatoirement dissolution sans liquidation de la société absorbée (art. L 236-3 I) ;
- l’échange de droits sociaux : les associés de la société absorbée deviennent associés de la société absorbante et
reçoivent des actions de celle-ci.

d) Dirigeant de TINNO
La société WIKO étant dissoute, M. DAHAN perd son mandat de dirigeant. Le dirigeant de TINNO est James LIN.

NB : la marque commerciale WIKO subsiste même si la société WIKO disparaît.

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130 Corrigé UE 1
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UE 1 Corrigé 131
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

OLYGIRL
Auteur :
Alice Polynice

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Compétences attendues Savoirs associés

Repérer les situations exigeant le déclenchement L’entreprise en difficulté : la prévention des


de procédures de prévention des difficultés et en difficultés
assurer le suivi juridique

La loi offre un éventail de solutions pour éviter le dépôt de bilan, préserver la survie de l’entreprise et le maintien de l’emploi

1. Documents de gestion prévisionnelle


L’article L232-2 C.Com impose aux sociétés commerciales, quelle que soit leur forme juridique, d’établir plusieurs
documents financiers indépendamment des comptes annuels.
En effet, dans les sociétés qui ont employé à la clôture d’un exercice au moins 300 salariés ou ont réalisé un chiffre
d’affaires d’au moins 18 millions d’euros, le conseil d’administration, le directoire ou les gérants doivent établir les
documents suivants :
- une situation de l’actif réalisable et disponible (valeurs d’exploitation exclues) et du passif exigible ;
- un tableau de financement (tableau des emplois et des ressources) ;
- un compte de résultat prévisionnel ;
- un plan de financement prévisionnel.
Ces documents doivent être analysés par le CA (ou le directoire ou les gérants), dans des rapports écrits sur l’évolution
de la société – L232-3 C.Com. Ils doivent être communiqués accompagnés des rapports dans les huit jours de leur
établissement au commissaire aux comptes, au commissaire aux comptes, s’il en existe un, au comité social et
économique (CSE) et, s’il en existe, au conseil de surveillance. Le non-respect de l’établissement des documents
prévisionnels engage la responsabilité civile des dirigeants.

Dans le cas, la SA OLYGIRL emploie 350 salariés. Le conseil d’administration devra établir les documents de gestion
prévisionnelle, le rapport sur l’évolution de la société et les communiquer au commissaire aux comptes, s’il en existe
toujours un et au CSE.

2. Le droit d’alerte
- les commissaires aux comptes, s’il y en a un dans la SA conformément aux nouveaux seuils de la loi Pacte de 2019,
sur « des faits de nature à compromettre la continuité de l’exploitation » – L234-1 al. 1 C.Com ;
- les associés sur « tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation » s’ils détiennent au moins 5% du
capital social dans la société anonyme – L225-232 C.Com, l’associé non gérant, quelle que soit sa détention de
capital dans la SARL – L223-36 C.Com. Ce droit est aussi reconnu aux associations d’actionnaires existant dans les
SA cotées ;
- le président du tribunal de commerce lorsqu’il résulte de tout acte, document ou procédure qu’une société
commerciale connaît des « difficultés de nature à compromettre la continuité de l’exploitation » – art. L611-2 al. 1
C.Com.
Le président du tribunal de grande instance a le droit d’alerte à l’égard des personnes morales ou physiques exerçant une
activité professionnelle agricole ou indépendante ou une profession libérale soumise à un statut législatif ou réglementaire
depuis 2014.
Au vu de l’annexe 1, les représentants du personnel (élus du CSE) pourraient lancer « la procédure du droit d’alerte
économique » qui permettrait de demander des explications à l’employeur, lorsqu’il a connaissance de faits de nature à
affecter de manière préoccupante la situation économique de l’entreprise.

Dans le cas, la situation de la SA OLYGIRL (baisse régulière du chiffre d’affaires, pertes depuis deux ans, menaces de
suppression de crédits de la part des banquiers) est de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. La SA
possède un CAC, M. Astic doit en informer le président du conseil d’administration – art. L234-1 al. 1 C.Com.
Les représentants du personnel, vu la situation de la société Olygirl, pourraient déclencher la procédure du droit d’alerte
économique.

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132 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3. Démarches du commissaire aux comptes et d’un actionnaire dans la procédure d’alerte


Démarches du commissaire aux comptes
• Informer le président du conseil d’administration ou du directoire des faits relevés.
• Le président est tenu de lui répondre par lettre recommandée avec avis de réception dans les 15 jours qui suivent.

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• À défaut de réponse ou si la réponse ne permet pas d’assurer la continuité de l’exploitation, il doit inviter le président
à réunir le conseil d’administration (ou le directoire) pour qu’il délibère sur les faits relevés. Le commissaire aux
comptes doit être convoqué à cette réunion. La délibération du CA ou CS est communiquée au président du tribunal
de commerce et au CE.
• En cas de non-respect des obligations précédentes ou si les décisions du CA ou du directoire ne permettent pas de
redresser la situation, le CAC doit établir un rapport spécial qui sera présenté à la prochaine assemblée générale –
L234-1 al. 3 C.Com.
• Enfin, à l’issue de l’assemblée générale, si le CAC constate que les décisions prises ne permettent pas d’assurer la
continuité de l’exploitation, il doit, sans délai, informer de ses démarches le président du tribunal de commerce et lui
communiquer les résultats – L234-1 al. 4 C.Com.

Démarches de l’actionnaire
Dans la SA, un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5% du capital social ou, s’il s’agit d’une société cotée sur un
marché réglementé, une association d’actionnaires de la société, peuvent, deux fois par exercice, poser par écrit des questions
au président du conseil d’administration ou du directoire sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. La
réponse est communiquée au commissaire aux comptes, s’il en existe un dans la société – art. L225-232 C.Com.

4. La conciliation
a) Procédure de conciliation
Il est institué, devant le tribunal de commerce, une procédure de conciliation dont peuvent bénéficier les personnes
exerçant une activité commerciale ou artisanale qui éprouvent une difficulté juridique, économique ou financière, avérée
ou prévisible, et ne se trouvent pas en cessation des paiements depuis plus de quarante-cinq jours – art. L611-4 C. Com
La procédure de conciliation est applicable, dans les mêmes conditions, aux personnes morales de droit privé y compris
les professions libérales – art. L611-5 al. 1 C. Com

Cette procédure tend à favoriser le redressement de l’entreprise grâce à l’intervention d’un conciliateur désigné par le
président du tribunal de commerce (ou le président du TGI), qui aura pour mission d’obtenir la conclusion d’un accord
entre le débiteur et les créanciers de celui-ci sur des délais de paiement ou des remises de dettes.

La SA OLYGIRL est une personne morale exerçant une activité commerciale et elle n’est pas en état de cessation des
paiements. Elle connaît des difficultés financière et économique et son dirigeant voudrait obtenir des délais de paiement
ou des remises de dettes de la part de ses créanciers sociaux. La SA OLYGIRL entre dans le champ d’application de la
procédure de conciliation.

b) Mise en œuvre de la procédure de conciliation


Pour obtenir des délais de paiement et ou des remises de dettes des créanciers, les étapes suivantes devront être
respectées :
- dépôt de la requête (demande écrite) de conciliation au président du tribunal de commerce par le représentant légal
(M. Gaine) ;
- une enquête et une demande de renseignements seront diligentées par le président du tribunal pour connaître la
situation économique et financière de la société ;
- la nomination éventuelle d’un conciliateur pour une durée de quatre mois maximum (prorogeable d’un mois) par le
président du tribunal. Art. L611-6 C.Com ;
- la conclusion d’un accord entre le représentant légal et tous les créanciers (ou les principaux) sur les délais de
paiement ou les remises de dettes ;
- I’homologation éventuelle par le président de l’accord qui sera déposé au greffe.

c) Conséquences de la procédure de conciliation pour les créanciers


Selon l’article L611-7 al1 C.Com. : « le conciliateur a pour mission de favoriser la conclusion entre le débiteur et ses
principaux créanciers ainsi que, le cas échéant, ses cocontractants habituels, d’un accord amiable destiné à mettre fin aux
difficultés de l’entreprise ».
La conciliation n’emporte donc pas la suspension des poursuites individuelles des créanciers contre la société (sauf en
cas d’homologation pour les créanciers signataires de l’accord). En cas de poursuite, le dirigeant peut seulement demander
au juge d’accorder à la société des délais de paiement par application des articles 1343-5 et suivants du Code civil – art.
L611-7 al. 5 C.Com.
L’accord amiable sera soit :
- constaté par le président du tribunal qui lui donne force exécutoire : il ne fera l’objet d’aucune publicité, restera confidentiel et
ne sera pas communicable aux créanciers n’y ayant pas participé. Il engagera seulement les parties contractantes.
- homologué par le tribunal, à la demande du dirigeant afin de suspendre les poursuites des créanciers faisant partie de
l’accord pendant la durée de son exécution. Le jugement d’homologation sera connu car publié – art. L611-10 al. 2.

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UE 1 Corrigé 133
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

d) Risques encourus du fait de l’inexécution de l’accord


L’inexécution par le débiteur (la société) de l’accord constaté est sanctionnée selon le droit commun.
L’inexécution de l’accord homologué par la société permet au créancier de saisir le tribunal pour obtenir la résolution de
l’accord et la déchéance de tout délai de paiement accordé – art. L611-10-3.
La mise en redressement ou en liquidation judiciaire de l’entreprise ne peut être prononcée sur demande d’un des

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créanciers participants que si les conditions d’ouverture de ces procédures sont remplies.

5. Étude comparative des procédures de conciliation et de sauvegarde pour la SA OLYGIRL

Conciliation (L611-4 et svts C. Com) Sauvegarde (L620-1 et svts C. Com)


Champ d’application Personne morale de droit privé. Idem.
Niveau de difficulté Éprouver une difficulté juridique, Justifier de difficultés que le débiteur
économique ou financière, avérée ou n’est pas en mesure de surmonter.
prévisible.
Cessation des paiements Ne pas être en cessation des Ne pas être en cessation des
paiements depuis plus de 45 jours. paiements.
Objectif Obtenir un accord amiable entre le Obtenir un plan de sauvegarde pour
débiteur et ses principaux créanciers faciliter la réorganisation de
destiné à mettre fin aux difficultés de l’entreprise afin de permettre la
l’entreprise. poursuite de l’activité économique, le
maintien de l’emploi et l’apurement du
passif.
Saisine du tribunal Par le représentant légal de la Idem.
personne morale débitrice.
Organes de la procédure Président du tribunal de commerce- Tribunal de commerce – débiteur –
conciliateur – débiteur - créanciers. juge commissaire - représentant des
salariés - mandataire judiciaire
représentant les créanciers - comités
de créanciers - administrateur
judiciaire - le procureur de la
république.
Confidentialité de la procédure Oui si l’accord amiable est constaté, Non, le jugement d’ouverture est publié
non si l’accord amiable est homologué. au BODACC.
Toute personne appelée à la procédure
de conciliation ou qui, par ses fonctions,
en a connaissance est tenue à la
confidentialité - L611-15.
Effet vis-à-vis du dirigeant Le dirigeant conserve son pouvoir de Le dirigeant conserve son pouvoir de
gestion en totalité. gestion, mais il peut être surveillé ou
assisté par l’administrateur judiciaire
selon la mission confiée à celui-ci par
le tribunal.
Effet vis-à-vis des créanciers Ils conservent leur droit de poursuite Suspension des poursuites
individuelle (sauf si l’accord a été individuelles pour les créanciers
homologué). antérieurs au jugement d’ouverture.

Conclusion
La procédure de conciliation est confidentielle et moins lourde que celle de la sauvegarde ; le dirigeant conserve son
pouvoir de gestion. Elle correspond à un niveau de difficulté moins grand que celui de la sauvegarde. En l’état de la
situation de la société OLYGIRL qui rencontre une difficulté de trésorerie, il semble que la procédure de conciliation suffise
à lui permettre de surmonter ses difficultés. Si elle obtient de ses créanciers des délais de paiement, elle pourra faire face
à ses échéances.

NB : La loi du 22.10.2010 de régulation bancaire et financière a mis en place une nouvelle forme de sauvegarde limitée au cercle
des créanciers financiers d’une entreprise : la sauvegarde financière accélérée (SFA). Cette procédure est réservée aux
entreprise d’une certaine taille – art. L628-1 svts C.Com modifiés par l’ordonnance du 29.09.2014 :
La procédure concerne uniquement l’entreprise :
- dont les comptes ont été certifiés par un commissaire aux comptes ou par un expert-comptable ;
- dont le nombre de salariés est supérieur à 20 à la date d’ouverture de la procédure, ou le chiffre d’affaires supérieur
à 3 millions d’euros hors taxes ou le total du bilan supérieur à 1,5 million d’euros à la date de clôture du dernier
exercice comptable ;
- qui a établi des comptes consolidés.

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134 Corrigé UE 1
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UE 1 Corrigé 135
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

GREEN-FARINA-GRENIER
Auteurs :
Alice Polynice
Grégory Lachaise

ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:342619469:88880154:102.52.165.78:1587410358


Compétences attendues Savoirs associés

Repérer les situations exigeant le déclenchement L’entreprise en difficulté : le redressement


de procédures de traitement des difficultés et en judiciaire
assurer le suivi sur le plan juridique et social

DOSSIER GREEN
1. Modalités de mise en place et contenu du plan de sauvegarde de l’emploi.
La procédure d’établissement du PSE a été profondément remaniée par la loi du 14 juin 2013 (art.1233-21 à 1233-24-4
Ctrav.) puis par les ordonnances du 22 septembre 2017 avec pour objectif de favoriser la négociation du contenu du PSE.
Préalablement aux deux modalités prévues par le législateur il reste toujours possible de conclure des accords de
méthodes avec le comité social et économique qui peut formuler toute proposition quant au contenu du PSE. La nouvelle
procédure n’est pas non plus exclusive de la consultation obligatoire des institutions représentatives du personnel.
Pour les entreprises assujetties au PSE (entreprise d’au moins 50 salariés, licenciement d’au moins 10 salariés sur une
période de 30 jours), la loi prévoit désormais deux procédures d’établissement du PSE:
- L’établissement du PSE par voie négociée. Le plan ainsi que les modalités de consultation du comité social et
économique peuvent être établis conjointement par l’employeur et les organisations syndicales représentatives dans
le cadre d’un accord qui doit être adopté par une ou plusieurs organisations syndicales représentatives ayant recueilli
au moins 50% des suffrages exprimés en faveur d’organisations reconnues représentatives au premier tour des
dernières élections des titulaires au comité social et économique, quel que soit le nombre de votants. Le plan entre
alors en vigueur après validation par la DIRECCTE qui peut à tout moment de la procédure formuler des propositions
et observations. La notification des licenciements aux salariés concernés peut ensuite intervenir.
- L’établissement du PSE par voie unilatérale. L’employeur qui n’est pas tenu d’engager des négociations en vue
d’un accord sur le PSE ou en cas d’échec de ces dernières, peut, après la dernière consultation du CSE, établir un
document unilatéral fixant le contenu du PSE dans le respect des dispositions impératives. Le document doit ensuite
être homologué par la DIRECCTE.
Quelle que soit la modalité, le PSE doit prévoir des actions de reclassement interne et externe, des actions de formations
et de VAE, des mesures d’aménagement du temps de travail, des dispositifs favorisant la création d’activités nouvelles
par l’entreprise.
Les licenciements prononcés malgré le refus d’homologation ou de la validation de la DIRECCTE sont nuls sauf cas
particuliers.
En l’espèce, la SA GREEN emploie 200 salariés et compte procéder au licenciement de 15 salariés, elle est donc
assujettie à l’obligation d’établir un PSE selon l’une des modalités prévues.

2. Situation juridique de la société GREEN


Cette société a des difficultés de trésorerie, elle a un découvert bancaire et ne paie plus ses dettes (cotisations URSSAF
et autres). Elle est en état de cessation des paiements qui se définit comme « l’impossibilité de faire face au passif
exigible avec l’actif disponible » – art. L631-1 C.Com. Un arrêt de la Cour de cassation du 28.04.98 confirmé par l’arrêt
de la cour de cassation du 25.11. 2008, considère que le passif doit être exigé (c’est-à-dire réclamé par les créanciers, ce
qui est le cas puisque l’URSSAF a mis en demeure la société de payer).

Procédures auxquelles s’expose la société

Le redressement et la liquidation judiciaires sont applicables à tout commerçant, à tout agriculteur et à toute
personne morale de droit privé (sociétés civiles et commerciales, associations déclarées et GIE) en état de cessation
des paiements.
La société GREEN rentre dans le champ d’application des procédures collectives étant une société commerciale (SA) en
état de cessation des paiements.
NB : la procédure de sauvegarde n’est pas applicable puisque le débiteur ne doit pas être en cessation des paiements.

Conséquences pour la société


La société peut être déclarée :
- en redressement judiciaire : cette procédure est destinée à permettre la poursuite de l’activité de l’entreprise, le
maintien de l’emploi et l’apurement du passif. Elle donne lieu à un plan arrêté par jugement à l’issue d’une période
d’observation – L631-1 al. 2 C.Com ;

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136 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

- ou en liquidation judiciaire lorsque l’entreprise a cessé ses paiements et quand le redressement est manifestement
impossible. La procédure est destinée à mettre fin à l’activité de l’entreprise ou à réaliser le patrimoine du débiteur
par une cession globale ou séparée de ses droits et de ses biens – L640-1 C.Com.
La lecture du cas nous indique que le tribunal a choisi de faire bénéficier la SA GREEN de la procédure de redressement
judiciaire. Son activité va se poursuivre, un plan de redressement va être recherché.

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3. Obligation de M. Raq
L’ouverture de la procédure doit être demandée par le débiteur au plus tard dans les 45 jours qui suivent la cessation
des paiements s’il n’a pas, dans ce délai, demandé l’ouverture d’une procédure de conciliation – art. L631-4 C.Com.
Lorsqu’il s’agit d’une personne morale (cas d’espèce), cette obligation incombe à son représentant légal (M. Raq, directeur
général). Outre la déclaration, il déposera un certain nombre de pièces (d’où l’expression selon laquelle le débiteur
« dépose son bilan ») :
- les comptes annuels du dernier exercice ;
- un extrait d’immatriculation au RCS ;
- la situation de trésorerie datant de moins de trois mois ;
- le nombre de salariés et le montant du chiffre d’affaires ;
- un état chiffré des créances et dettes (avec identification des créanciers) ;
- un état actif et passif des sûretés ainsi que des engagements hors bilan ;
- un inventaire sommaire des biens du débiteur ;
- les noms et adresses des élus du comité social et économique (CSE).
Le non-respect de cette obligation de déclaration de cessation des paiements n’expose le représentant légal à l’interdiction
de diriger que s’il a sciemment omis de déposer le bilan – art. L653-8 al. 3 C.Com

4. Désignation d’un administrateur judiciaire – Durée et finalité de la période d’observation – Comités de créanciers
Désignation d’un administrateur judiciaire
Le tribunal n’est pas obligé de désigner un administrateur judiciaire dans les entreprises de moins de 20 salariés et dont le
chiffre d’affaires hors taxes est inférieur à 3 millions d’euros. Il peut néanmoins en désigner un s’il l’estime nécessaire.
La SA GREEN a 200 salariés et réalise 50 millions d’euros de CA. La désignation d’un administrateur est obligatoire.
Période d’observation : durée et finalité
La période d’observation est d’une durée maximale de 6 mois qui peut être renouvelée une fois par décision motivée à la
demande de l’administrateur, du débiteur ou du ministère public. Elle peut être exceptionnellement prolongée à la demande
du procureur de la république par décision motivée du tribunal pour une durée fixée par décret en Conseil d’état – art.
L621-3 sur renvoi de l’article L631-7 C.Com.
En principe, la période d’observation prend fin lorsque le tribunal prononce le plan de redressement, mais il peut y mettre
un terme avant s’il apparaît, au cours de cette période, que le débiteur dispose des sommes suffisantes pour désintéresser
les créanciers et acquitter les frais et les dettes afférents à la procédure.
Cette période d’observation va permettre à l’administrateur, avec le concours du débiteur et l’assistance éventuelle d’un
ou plusieurs experts, de dresser dans un rapport le bilan économique et social de l’entreprise et, au vu de ce bilan, de
proposer un plan de redressement – art. L623-1 C. Com.
Comités de créanciers
Les établissements de crédit et les principaux fournisseurs de biens ou de services sont réunis en deux comités de créanciers
par l’administrateur judiciaire, dans un délai de 30 jours à compter du jugement d’ouverture de la procédure. Le débiteur
présente à ces comités des propositions en vue d’élaborer le projet de plan de redressement – art. L626-30-2.
La constitution de ces comités de créanciers est obligatoire si le débiteur remplit les critères suivants :
- les comptes du débiteur ont été certifiés par un commissaire aux comptes ou établis par un expert-comptable ;
- le nombre de salariés est supérieur à 150 ou le chiffre d’affaires excède 20 millions d’euros.
La SA GREEN remplit les critères ci-dessus (un CAC certifie les comptes, 200 salariés, 50 millions d’euros de CA) : les
deux comités de créanciers devront être constitués.

5. Modalités de la déclaration de créance- suspension des poursuites


Déclaration de créance
Selon l’article L622-24 : « À partir de la publication du jugement d’ouverture de la procédure, tous les créanciers dont la
créance est née antérieurement au jugement d’ouverture, à l’exception des salariés, adressent la déclaration de leurs
créances au représentant des créanciers ». À défaut de déclaration dans le délai de 2 mois à dater de la publication du
jugement d’ouverture au BODACC, le créancier est forclos, c’est-à-dire que son droit de créance est prescrit.
L’URSSAF doit donc déclarer sa créance en respectant le délai. En cas de retard, une action en relevé de forclusion peut
être exercée dans le délai de 6 mois – art. L622-26 sur renvoi de l’art. L631-14.
Dans le cas, M. Rol est un créancier qui n’a pas respecté le délai de 2 mois (il expirait le 2 septembre). Il est forclos, mais
il peut intenter l’action en relevé de forclusion.

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UE 1 Corrigé 137
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Suspension des poursuites


Le jugement d’ouverture interrompt ou interdit toute action en justice de la part de tous les créanciers dont la créance est
antérieure au jugement d’ouverture, il arrête ou interdit toute voie d’exécution de la part de ces créanciers – art. L622-21
sur renvoi de l’article L631-14. Il y aura donc arrêt des poursuites individuelles des créanciers et interdiction de payer
les dettes antérieures au jugement d’ouverture de redressement judiciaire.

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Dans le cas, le directeur général ne doit pas payer le créancier, M. Rol. S’il le faisait, tout intéressé pourrait demander l’annulation
du paiement effectué en violation de la règle ci-dessus dans un délai de trois ans à compter du paiement de la créance.

6. Sort des créances nées après le jugement d’ouverture


Les créances nées régulièrement après le jugement d’ouverture pour les besoins du déroulement de la procédure ou de
la période d’observation, ou en contrepartie d’une prestation fournie au débiteur, pour son activité professionnelle, pendant
cette période, sont payées à leur échéance.
Elles sont payées par préférence à toutes les autres créances, assorties ou non de privilèges ou de sûretés, à l’exception
des créances garanties par le superprivilège des salariés – art. L622-17 sur renvoi de L631-14.
En l’espèce, les créances des nouveaux fournisseurs sont nées après le jugement d’ouverture, pendant la période d’observation.
Il s’agit de prestations fournies pour maintenir l’activité du débiteur, elles paraissent régulières. Ces fournisseurs seront payés
par préférence aux autres créanciers à l’exception des salariés, qui bénéficient d’un superprivilège.

7. Conséquences de l’inexécution du plan de redressement


Si le débiteur n’exécute pas ses engagements dans les délais fixés par le plan, le tribunal peut prononcer la résolution du
plan et l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire – art. L626-27 sur renvoi de l’art. L631-20-1.
La SA GREEN sera placée en liquidation judiciaire puisqu’elle n’arrive pas à exécuter le plan de redressement.
Sort des salariés : le liquidateur procédera au licenciement du personnel après avoir informé et consulté le comité social et
économique. Avant l’envoi des lettres de licenciements, il doit informer l’autorité administrative. Si une offre de reprise de la
société en liquidation est faite et acceptée par le tribunal, les salariés (ou certains seulement) resteront employés par le repreneur.

DOSSIER FARINA
1. Chronologie des événements
Dates Événements
30.06 Réception de marchandises par la SARL Farina, non-paiement du fournisseur : la société EPU.
après le 30.06 Mise en demeure adressée par la société EPU.
après le 30.06 Assignation en ouverture de redressement judiciaire de la SARL Farina.
1er avril Date de cessation des paiements fixée par le tribunal.
30.07 Don d’un ordinateur de la SARL Farina à un de ses salariés.
30.08 Paiement d’une facture non échue par la SARL Farina.
1er septembre Date d’ouverture du jugement de redressement judiciaire.
10.09 Échéance de la facture déjà payée.

2. Saisine par un créancier, la société EPU


La procédure de redressement judiciaire peut être ouverte sur l’assignation d’un créancier, quelle que soit la nature de sa
créance – art. L631-5 al. 2 C.Com. L’assignation doit préciser la nature et le montant de la créance et contenir l’indication
des procédures ou voies d’exécution éventuellement engagées pour le recouvrement de la créance.
Application : La société EPU est créancière de la SARL FARINA, elle a mis en demeure cette dernière de payer avant
de lancer l’assignation. Elle est légale.
L’assignation d’un créancier peut être rejetée si elle abusive (ex. : le créancier n’a pas cherché par une voie d’exécution
le paiement de sa créance).

3. Période suspecte
Selon l’article L631-8, le tribunal fixe la date de cessation des paiements. À défaut de détermination de cette date, la cessation
des paiements est réputée intervenue à la date du jugement qui la constate. Elle peut être reportée une ou plusieurs fois,
sans pouvoir être antérieure de plus de 18 mois à la date du jugement constatant la cessation des paiements.
La période dite « suspecte » s’étend de la date de cessation des paiements à la date du jugement d’ouverture.
Application : la période suspecte se situe entre le 1er avril (date de cessation des paiements fixée par le tribunal) et le
1er septembre (date du jugement d’ouverture du redressement judiciaire) : elle est reportée de 5 mois en arrière. Sa durée
est légale puisqu’elle est inférieure à 18 mois.

4. Nullités des actes de la période suspecte


Le législateur prévoit que certains actes accomplis pendant la période suspecte seront frappés de nullité, obligatoire ou
facultative. On veut éviter que le débiteur ne fasse disparaître certains biens ou certaines sommes du patrimoine de
l’entreprise au détriment des créanciers.

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138 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Sont déclarés nuls, de façon obligatoire par le tribunal lorsqu’ils auront été passés par le débiteur depuis la date de
cessation des paiements :
- tout paiement pour dette échue fait autrement qu’en espèces : c’est le cas du don de l’ordinateur au salarié effectué
le 30 juillet, pendant la période suspecte ;
- tout paiement pour dette non échue au jour du paiement quel qu’en ait été le mode : c’est le cas de la facture payée

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par le débiteur le 30 août alors que la date d’échéance était au 10 septembre – art. L632-1 C.Com.
L’action en nullité peut être exercée par l’administrateur judiciaire, mais aussi par le représentant des créanciers ou par le
commissaire à l’exécution du plan.
La loi n’a pas prévu de délai pour agir, mais l’action en nullité ne peut être engagée après le dépôt de l’état des créances
admises par le juge-commissaire.
L’intérêt de cette action est de reconstituer l’actif du débiteur. Le bien donné devra être restitué (si possible) ou sa contre-
valeur (cas de l’ordinateur) ; une somme devra être remboursée (cas du montant de la facture payée).

DOSSIER GRENIER

Mme Grenier, exerce la profession de masseur-kinésithérapeute, profession libérale.

Nous pouvons nous demander si un membre d’une profession libérale soumis à un statut législatif ou réglementaire, en
difficulté, est soumis aux procédures collectives prévues dans le code de commerce.

Depuis le 1er janvier 2006, les personnes physiques exerçant une activité professionnelle indépendante, y compris une
profession libérale soumise à un statut législatif ou réglementaire ou dont le titre est protégé, relèvent de la loi du
26.07.2005 de sauvegarde des entreprises.

Mme Grenier peut donc bénéficier de ces procédures (sauvegarde si elle n’est pas encore en cessation de paiements,
redressement ou liquidation judiciaire). Elle pourrait même solliciter une procédure amiable (mandat ad hoc, ou
conciliation, en fonction de sa situation).

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UE 1 Corrigé 139
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SONIA RYKIEL - OPTIMAL


Auteur :
Alice Polynice

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Compétences attendues Savoirs associés

Repérer les situations exigeant le déclenchement Traitement de l’entreprise en difficulté : la


de la procédure de liquidation judiciaire et liquidation judiciaire
en assurer le suivi juridique

DOSSIER SONIA RYKIEL

1. Définition de la cessation de paiements, situation de l’entreprise Sonia Rykiel


La cessation des paiements est, selon l’article L631-1 C.Com., l’impossibilité de faire face au passif exigible avec son actif
disponible.
L’entreprise Sonia Rykiel se trouve bien dans cette situation. En effet, la marque avait subi un important déclin et les pertes
nettes de la marque s’élevaient à 30 millions d’euros, fin 2018, pour un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros,

2. Déclaration de cessation des paiements - Personne compétente


Lorsqu’une entreprise se trouve en situation de cessation des paiements (quand elle est dans l’impossibilité de régler ses
dettes avec son actif disponible), elle doit effectuer une déclaration de cessation des paiements, appelée « dépôt de bilan
», auprès du tribunal de commerce ou du tribunal de grande instance.
Seul le représentant légal de l’entreprise, ou le débiteur personne physique, est habilité à effectuer une déclaration de
cessation de paiements.
Il peut se faire remplacer par la personne de son choix (un avocat, par exemple) qui doit être munie d’une procuration
nominative et doit justifier de son identité et de son activité professionnelle.
La déclaration de cessation des paiements doit être déposée, dans un délai maximum de 45 jours suivant la date de
cessation des paiements :
- au greffe du tribunal de commerce : pour un commerçant, une société commerciale (SARL, société anonyme, etc.)
ou un artisan ;
- au greffe du tribunal de grande instance du lieu du siège de l’entreprise, dans les autres cas : exploitations agricoles,
professions libérales...
En ce qui concerne l’entreprise Sonia Rykiel, le représentant légal de l’entreprise a dû, en principe, faire la déclaration de
cessation de paiements.

3. Décisions rendues par le tribunal concernant l’entreprise Rykiel


Afin de traiter l’entreprise en difficulté, plusieurs procédures existent en fonction de la situation de l’entreprise :
- si elle n’est pas en cessation de paiement, il est possible de recourir aux procédures amiables (mandat ad hoc et
conciliation) ou à la procédure de sauvegarde ;
- si elle est en cessation de paiement depuis moins de 45 jours, la procédure de conciliation est possible ;
- si elle est en cessation depuis plus de 45 jours, la procédure de redressement judiciaire ou si le redressement
manifestement impossible, l’entreprise est placée en liquidation judiciaire.

Dans le cas de l’entreprise Sonia Rykiel, le tribunal de commerce compétent a rendu deux décisions différentes :
- placement en redressement judiciaire le 18 Avril 2019 afin d’espérer que l’entreprise trouve des repreneurs et sauver
les emplois. Les pertes nettes de la marque s’élevaient à 30 millions d’euros, fin 2018, pour un chiffre d’affaires de
35 millions d’euros ;
- placement en liquidation judiciaire le 26 Juillet 2019 : l’entreprise n’a pas trouvé de repreneurs potentiels, son passif
est trop élevé.

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140 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

4. Voies de recours possibles - paiement de créances


Le jugement d’ouverture de la procédure collective (notamment la liquidation judiciaire) interrompt ou interdit toute action
en justice de la part des créanciers relativement à leurs créances.
Les interdictions de payer les créances nées antérieurement et même celles nées postérieurement au jugement
d’ouverture pèsent sur le liquidateur et le cas échéant sur l’administrateur.

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Les créanciers doivent déclarer leurs créances au liquidateur (article L. 641-3 du code de commerce), ou l’administrateur.
Dans notre cas, la SA Toufil ne peut pas exercer de voie de recours, elle ne peut que déclarer ses créances auprès du
liquidateur ou administrateur, et ce dans un délai de deux mois, à compter de la publication du jugement d’ouverture au
BODACC.

5. Paiement factures – Démarches de paiement – Liquidation judiciaire


En cas de prononcé de la liquidation judiciaire, le jugement rend exigibles les créances non échues. Les créanciers
titulaires d’un privilège spécial (salariés, créances nées postérieurement au jugement d’ouverture), d’un gage, d’un
nantissement ou d’une hypothèque et le trésor public peuvent dès lors qu’ils ont déclarés leurs créances, exercer leur droit
de poursuite individuelle si le liquidateur n’a pas entrepris la liquidation des bien grevés dans le délai de trois mois à
compter du jugement qui ouvre ou prononce la liquidation judiciaire (art L.643-2 du code de commerce).
Dans notre cas, la SAS Botissus est un créancier postérieur au jugement d’ouverture, donc elle est privilégiée. Elle peut
espérer être payée, elle devra au préalable déclarer sa créance.

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UE 1 Corrigé 141
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DOSSIER OPTIMAL

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1. Champ d’application des procédures collectives
Le redressement ou la liquidation judiciaires sont applicables à toute personne morale de droit privé (art. L631-2 al. 1 et
L640-2 al. 1) en état de cessation des paiements – art. L631-1 et L640-1 C.Com.
Une association, si elle est déclarée, a la personnalité morale et entre dans le champ d’application des procédures
collectives : l’association OPTIMAL a été déclarée en 1995. Il faut aussi qu’elle soit en état de cessation des paiements,
c’est-à-dire dans l’impossibilité de faire face au passif exigible avec son actif disponible.
L’association OPTIMAL a un passif de 1 million d’euros et n’a pas payé les salariés. Elle ne reçoit plus les subventions,
elle n’a pas l’actif disponible pour faire face à son passif exigible. Elle est en état de cessation des paiements et peut faire
l’objet d’une procédure collective.

2. Procédure applicable – Tribunal compétent


La procédure de liquidation judiciaire est ouverte à l’égard de toute personne morale de droit privé en état de cessation
des paiements et dont le redressement est manifestement impossible – art. L640-1 C.Com.
L’association OPTIMAL est en état de cessation des paiements et ne peut redresser sa situation sans subventions. La
procédure de liquidation judiciaire lui sera appliquée.
Le tribunal compétent est le tribunal de grande instance du siège de l’association puisqu’il s’agit d’une personne morale
de droit privé non commerçante.

3. Sort du président de l’association - sanctions éventuelles


Le jugement qui ouvre ou prononce la liquidation judiciaire emporte de plein droit, à partir de sa date, dessaisissement
pour le débiteur de l’administration et de la disposition de ses biens. Son mandat ne prend pas fin, mais il ne peut plus
exercer ses pouvoirs.
Les droits et actions du débiteur concernant son patrimoine sont exercés pendant toute la durée de la liquidation judiciaire
par le liquidateur – art. L641-9 C.Com.
Dans le jugement qui ouvre la liquidation judiciaire, le tribunal désigne le juge-commissaire et un mandataire de justice en
qualité de liquidateur (L641-1-II C.Com).
Le mandat du président de l’association ne prendra pas fin du fait du jugement d’ouverture de liquidation judiciaire, mais
il est dessaisi de ses pouvoirs. Ses fonctions prendront fin à la clôture des opérations de liquidation, sauf disposition
statutaire contraire.

Sanctions : la loi prévoit diverses sanctions et responsabilités à l’encontre des dirigeants d’une personne morale de droit
privé soumise à une procédure collective – art. L651-1 et suivants C. Com. :
- responsabilité pour insuffisance d’actif mettant à la charge du dirigeant les dettes de la personne morale si le tribunal
constate une faute de gestion ayant contribué à l’insuffisance d’actif – art. L651-2 ;
- la faillite personnelle qui entraîne interdiction de diriger toute personne morale (L653-2) si certains faits ont été
commis : détournement d’actif, poursuite abusive d’une exploitation déficitaire – art. L653-3, abus de biens sociaux,
abus de crédit – art. L653-4 ;
- banqueroute : le dirigeant coupable de certains faits (détournement, dissimulation d’actif, augmentation frauduleuse
de passif, tenue de comptabilité fictive, tenue de comptabilité incomplète ou irrégulière… (L654-2) est passible de 5
ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende – art. L654-3 et de peines complémentaires (interdiction de droits
civiques, civils et de famille) – art. L654-5.

D’autres sanctions pénales sont prévues pour des infractions énoncées aux articles L654-8 à L654-15.
Il appartient au tribunal en charge de la procédure de faire application de ces textes lorsqu’au cours d’une procédure
collective, il relève les faits énoncés.
Dans le cas, si le président de l’association a commis certaines fautes ou infractions, il pourra subir l’une des sanctions
patrimoniales ou pénales, selon le cas.

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142 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

4. Liquidation judiciaire et période d’observation


La procédure de liquidation judiciaire est ouverte sans période d’observation. La période d’observation prévue dans le
redressement judiciaire sert à effectuer un examen de viabilité. Si on prononce la liquidation judiciaire, c’est qu’il n’y a
aucun redressement possible. Il est donc inutile de prévoir cette période. Le liquidateur va procéder aux opérations de
liquidation.

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5. Obligation des organismes sociaux – Sort des créances non échues
Les créances nées avant le jugement d’ouverture doivent être déclarées auprès du liquidateur dans les deux mois de la
publication du jugement d’ouverture au BODACC. Ce délai peut être allongé dans la limite d’un an par décision du tribunal.
Les organismes sociaux, créanciers de l’association devront déclarer leur créance auprès du liquidateur dans le délai
légal. Les salariés sont dispensés de cette déclaration, comme dans le redressement judiciaire.
À la différence du jugement d’ouverture du redressement judiciaire, le jugement qui ouvre ou prononce la liquidation
judiciaire rend exigibles les créances non échues (afin de déterminer le passif social) – art. L643-1 C.Com.

6. Personnalité morale d’une association


L’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire prononcée à l’encontre d’une association n’entraîne pas sa
dissolution.
La personnalité morale d’une association subsiste pendant toute la durée de la procédure. Après la décision de clôture de
cette procédure pour extinction du passif, elle redevient maîtresse de ses biens – Cass. Com. 19.10.2010.
L’association conserve donc sa dénomination sociale, son siège social et un patrimoine distinct de celui des membres de
l’association. Seule l’assemblée générale de l’association peut prononcer sa dissolution.

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UE 1 Corrigé 143
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

BERTO
Auteurs :
Alice Polynice
Bertrand Beringer
Grégory Lachaise

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Compétences attendues Savoirs associés

Déterminer le mode juridique et fiscal le plus Aspects juridiques, fiscaux et sociaux de la


approprié pour l’opération de transmission cession de l’entreprise et de la transmission à
Évaluer et optimiser le coût fiscal de la transmission titre gratuit de l’entreprise
Assurer le suivi juridique de la transmission
(garanties de passif…).

DOSSIER 1 (ENTREPRISE INDIVIDUELLE)

1. Régime juridique de l’opération


a) Définition du fonds de commerce – Éléments cessibles
Le fonds de commerce est un ensemble d’éléments corporels (matériel, marchandises, outillage) et incorporels (nom,
enseigne, droit au bail, brevet) qu’un commerçant ou un industriel groupe et organise en vue de la recherche d’une clientèle
et qui constitue une entité juridique distincte des éléments qui le composent.
La clientèle (et l’achalandage) est un élément incorporel du fonds de commerce, qui est fondamental (il détermine la valeur
du fonds). Il ne peut y avoir vente de fonds de commerce sans vente de la clientèle. Tous les éléments du fonds de
commerce peuvent être vendus.

Sont exclus du fonds de commerce :


- les immeubles ;
- les créances et les dettes (car elles sont attachées à la personne du commerçant) ; toutefois, des créances peuvent
être incluses dans l’acte de cession, mais il est alors nécessaire de respecter le formalisme prévu par l’article 1690
du Code civil sur la cession de créance (signification au débiteur) ;
- les disponibilités (qui constituent un droit de créance du commerçant sur une somme d’argent).

b) Participants à l’acte de cession – Statut du conjoint


Selon l’article 1424 C.Civ. : « les époux ne peuvent, l’un sans l’autre, aliéner […] le fonds de commerce dépendant de la
communauté ».
Dans le même sens, l’article L121-5 C.Com prévoit en matière commerciale : « Une personne immatriculée au répertoire
des métiers ou un commerçant ne peut, sans le consentement exprès de son conjoint, lorsque celui-ci participe à son
activité professionnelle en qualité de conjoint travaillant dans l’entreprise, aliéner ou grever de droits réels les éléments du
fonds de commerce ou de l’entreprise artisanale dépendant de la communauté, qui, par leur importance ou par leur nature,
sont nécessaires à l’exploitation de l’entreprise, ni donner à bail ce fonds de commerce ou cette entreprise artisanale. Il
ne peut, sans ce consentement exprès, percevoir les capitaux provenant de telles opérations.
Le conjoint qui n’a pas donné son consentement exprès à l’acte peut en demander l’annulation. L’action en nullité lui est
ouverte pendant deux années à compter du jour où il a eu connaissance de l’acte, sans pouvoir jamais être intentée plus
de deux ans après la dissolution de la communauté.
Ici, M. Berto est inscrit au Registre du Commerce, son épouse participe à son activité professionnelle en travaillant dans
l’entreprise, les époux Berto sont mariés sous le régime de la communauté réduite aux acquêts (régime légal) et le fonds
est un bien commun appartenant aux deux époux. Le conjoint (ici la femme) devra donc donner son consentement à l’acte
de cession du fonds, à peine de nullité de la vente.

Statut du conjoint
L’article L121-4 C.Com prévoit : « I. - Le conjoint du chef d’une entreprise artisanale, commerciale ou libérale qui y exerce
de manière régulière une activité professionnelle opte pour l’un des statuts suivants :
1° Conjoint collaborateur ;
2° Conjoint salarié ;

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144 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

3° Conjoint associé.
II. - En ce qui concerne les sociétés, le statut de conjoint collaborateur n’est autorisé qu’au conjoint du gérant associé
unique ou du gérant associé majoritaire d’une société à responsabilité limitée ou d’une société d’exercice libéral à
responsabilité limitée répondant à des conditions de seuils fixées par décret en Conseil d’État.
Le choix effectué par le conjoint du gérant associé majoritaire de bénéficier du statut de conjoint collaborateur est porté à

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la connaissance des associés lors de la première assemblée générale suivant la mention de ce statut auprès des
organismes mentionnés au IV.
III. - Les droits et obligations professionnels et sociaux du conjoint résultent du statut pour lequel il a opté.
IV. - Le chef d’entreprise déclare le statut choisi par son conjoint auprès des organismes habilités à enregistrer
l’immatriculation de l’entreprise. Seul le conjoint collaborateur fait l’objet d’une mention dans les registres de publicité
légale à caractère professionnel.
V. - La définition du conjoint collaborateur, les modalités selon lesquelles le choix de son statut est mentionné auprès des
organismes visés au IV et les autres conditions d’application du présent article sont fixées par décret en Conseil d’État. »

Ici, Mme Berto est le conjoint du chef d’une entreprise commerciale, elle travaille de manière régulière puisqu’elle occupe
un emploi de comptable dans l’entreprise, elle est salariée de l’entreprise BERTO, elle a donc le statut de conjoint salarié.
NB : La loi du 4 août 2008 a étendu le bénéfice de ces 3 statuts à la personne liée au chef d’entreprise par un pacte civil de solidarité
PACS – art. L121-8 C.Com.

c) Acte de cession : contenu de l’acte et publicité


La Loi n° 2019-744 du 19 juillet 2019 de simplification, de clarification et d’actualisation du droit des sociétés a abrogé les
dispositions de l’article L 141-1 du code de commerce et allège les modalités de cession d’un fonds de commerce. Il n’y a
donc plus les énonciations obligatoires dans l’acte de cession. En tout état de cause, un cessionnaire diligent veillera à
obtenir du cédant de bonne foi, avant la conclusion de la vente, toutes les informations utiles pour la reprise de l’affaire,
étant entendu que de nombreuses informations sont publiques ou peuvent être connues par ailleurs.
Dans notre cas, M. Berto n’a plus à indiquer des mentions obligatoires dans l’acte de vente. Par contre, M. Randerb peut
lui réclamer certaines informations nécessaires pour qu’il puisse acheter en connaissance de cause.

Publicité de l’acte :
• Enregistrement de l’acte au service des impôts du lieu de situation du fonds, dans le délai d’un mois décompté à partir
de la date de l’acte de cession (les droits doivent être réglés à cette occasion – cf. question 4 ci-après).
• Insertion au BODACC dans les 15 jours de la signature de l’acte, art. L141-12 C.Com.
• Dépôt au CFE (centre de formalités des entreprises).

d) Privilège du vendeur du fonds de commerce


La loi confère au vendeur du fonds de commerce impayé un privilège (synonyme de garantie ou sûreté) qui lui donne un
droit de préférence, c’est-à-dire le droit d’être payé avant les autres créanciers de l’acheteur, sur le prix de vente du fonds
de commerce (lorsque son acheteur le vend), et un droit de suite au cas où le fonds est revendu.
Le vendeur ne bénéficie de ce privilège que si un certain formalisme a été respecté résultant de l’article L141-5 C. Com :
« Le privilège du vendeur d’un fonds de commerce n’a lieu que si la vente a été constatée par un acte authentique ou sous
seing privé, dûment enregistré, et que s’il a été inscrit sur un registre public tenu au greffe du tribunal de commerce dans
le ressort duquel le fonds est exploité.
Il ne porte que sur les éléments du fonds énumérés dans la vente et dans l’inscription, et à défaut de désignation précise,
que sur l’enseigne et le nom commercial, le droit au bail, la clientèle et l’achalandage.
Des prix distincts sont établis pour les éléments incorporels du fonds, le matériel et les marchandises.
Le privilège du vendeur qui garantit chacun de ces prix, ou ce qui en reste dû, s’exerce distinctement sur les prix respectifs
de la revente afférents aux marchandises, au matériel et aux éléments incorporels du fonds ».
Ici, M. Berto, s’il veut bénéficier de ce privilège, doit avoir fait enregistrer son acte de vente et inscrit son privilège sur le
registre tenu au greffe du tribunal de commerce du lieu d’exploitation du fonds dans le délai de 15 jours qui suivent l’acte
de vente.
En dehors de cette garantie particulière, M. Berto bénéficie, comme tout vendeur, de l’action résolutoire prévue par l’art
1654 du Code civil : il pourra demander la résolution de la vente s’il n’est pas payé par M. Randerb.

e) Renouvellement du bail
Le titulaire d’un bail commercial (appelé locataire ou preneur) court un grand risque en cas de non-renouvellement de son
bail : perdre le résultat de ses efforts commerciaux en perdant l’emplacement de son fonds de commerce. Aussi le
législateur protège-t-il le preneur contre ce risque en instaurant la « propriété commerciale », c’est-à-dire le droit au
renouvellement du bail commercial.
Les articles L145-8 et suivants du C.Com énoncent les conditions du droit au renouvellement du bail commercial :
- être propriétaire du fonds ;
- exploiter réellement le fonds, conformément aux clauses du bail ;
- exploiter le fonds pendant les 3 années consécutives précédant la date d’expiration du bail ou de sa tacite
reconduction ;
- être de nationalité française ou ressortissant de l’Union européenne.

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UE 1 Corrigé 145
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Le bailleur peut cependant refuser le renouvellement, mais alors, selon l’article L145-14 : « le bailleur doit, sauf exceptions
(insalubrité ou ruine de l’immeuble, reprise pour habitation, reprise pour travaux, motif grave et légitime), payer au locataire
évincé une indemnité dite d’éviction égale au préjudice causé par le défaut de renouvellement.
Cette indemnité comprend notamment la valeur marchande du fonds de commerce, déterminée suivant les usages de la

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profession, augmentée éventuellement des frais normaux de déménagement et de réinstallation, ainsi que des frais et
droits de mutation à payer pour un fonds de même valeur, sauf dans le cas où le propriétaire fait la preuve que le préjudice
est moindre ».

Ici, M. Randerb est titulaire d’un bail commercial. Propriétaire du fonds, il l’aura exploité pendant plus de 3 ans. Sous
réserve de vérifier les autres conditions, il aura droit au renouvellement du bail. Mais le bailleur (la SCI) peut le lui refuser :
elle s’expose à lui verser une indemnité d’éviction égale à la valeur marchande du fonds, qui sera dissuasive.

2. Coût fiscal pour l’acquéreur du fonds de commerce


M. Randerb doit régler les droits d’enregistrement lors de l’enregistrement de l’acte de cession (cf. question 1). La base
de calcul de ces droits est égale au prix de cession du fonds de commerce (hors éléments exclus tels que créances,
immeubles, disponibilités), éventuellement diminué de la valeur des marchandises si celles-ci sont soumises à la TVA.
D’où droits dus sur la base de : 850 000 – 18 000 = 832 000 €
Il est en effet intéressant de soumettre les cessions de marchandises à la TVA puisque celle-ci, bien qu’avancée par
l’acquéreur, peut être récupérée par lui, alors que les droits d’enregistrement représentent pour lui une dépense réelle.
Application du barème de calcul des droits :
- de 0 € à 23 000 € : 0% 0
- de 23 000 à 200 000 € : 3% (200 000 - 23 000) x 3% = 5 310
- au-delà de 200 000 € : 5% (832 000 - 200 000) x 5% = 31 600
36 910

3. Régime d’imposition
M. Berto exploite une entreprise individuelle exerçant une activité relevant des BIC et générant un chiffre d’affaires de 1,2
millions d’euros : il est donc imposé sur les résultats de cette entreprise à l’impôt sur le revenu, dans la catégorie des BIC,
selon le régime du réel normal.

4. Plus-value de cession du fonds de commerce


Fiscalement, la cession d’un fonds de commerce est une cessation d’entreprise.

Élément Prix de cession VNC PV / MV Régime


Éléments incorporels 764 000 0 764 000 PV LT
Droit au bail 12 000 6 000 6 000 PV LT
Matériel, outillage 56 000 50 000 6 000 PV CT
Stocks 18 000 18 000 0 ---
850 000
Dans le régime BIC, les plus-values sont à long terme lorsqu’elles concernent :
- des éléments non amortissables détenus depuis plus de 2 ans ;
- des éléments amortissables détenus depuis plus de 2 ans, pour la fraction excédant les amortissements déduits.

La plus-value globale se décompose donc entre :


- une plus-value à long terme de 770 000 € ;
- une plus-value à court terme de 6 000 €.

Modalités d’imposition :
• Le bénéfice imposable d’exploitation s’élève à 50 000 €. S’agissant d’une cession d’entreprise, « l’imposition
immédiate » est applicable : une déclaration devra être déposée dans les 60 jours décomptés à partir de la date de
publication de la cession du fonds de commerce au Bodacc (laquelle doit intervenir dans les 15 jours de la cession,
cf ci-avant), soit ici au plus tard avant le 15 septembre N ; une imposition provisoire sera alors établie par le Service
des Impôts (l’impôt sur le revenu ainsi perçu sera déduit de l’IR définitivement calculé à la suite du dépôt de la
déclaration de revenus de l’année N, en mai N+1).

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• Plus-values à court et long terme :


§ La plus-value à court terme doit en principe faire l’objet d’une « imposition immédiate » avec même mécanisme
que pour le bénéfice d’exploitation (déclaration dans les 60 jours et imposition provisoire). Toutefois, M. Berto
peut opter pour le mécanisme applicable aux revenus exceptionnels des personnes physiques, le système du
quotient : l’IR dû au titre de cette PV CT est égal au quadruple de l’IR correspondant au quart de son montant (ce

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mécanisme est destiné à atténuer la progressivité de l’IR).
NB : les PV à CT (réalisées en BIC) bénéficient en principe d’un étalement de leur imposition sur 3 ans (l’année de leur
réalisation et les 2 suivantes) ; mais cet étalement n’est pas applicable lors de la cession d’entreprise (seul le système du
quotient reste applicable).
§ La plus-value à long terme est soumise au même régime que les plus-values réalisées au cours de l’exploitation :
taxation au taux forfaitaire de l’IR de 12,8% augmenté des prélèvements sociaux au taux global de 17,2% (taux
donnés pour l’année 2018) : CSG au taux de 9,9%, CRDS au taux de 0,5%, prélèvement social de 6,8%, soit un
taux global d’imposition de 30%.
D’où un IR à payer à ce titre de : (764 000 + 6 000) x 30% = 231 000 €.

• Régimes d’exonération relatifs aux cessions de fonds de commerce : il existe 3 régimes :


§ CGI art.151 septies : exonération en fonction du chiffre d’affaires (ou exonération des petites entreprises),
applicable aux entreprises individuelles et sociétés de personnes dont le CA HT est inférieur à 250 000 € (vente
de biens ou fourniture de logement) ou 90 000 € (prestations de services), et exploitées depuis au moins 5 ans.
Les plus-values à court et long terme sont intégralement exonérées d’IR. Si le CA est supérieur à ces limites mais
inférieur à 350 000 € ou 126 000 € selon l’activité, l’exonération est partielle.
NB : l’exonération art. 151 septies porte à la fois sur l’IR et les prélèvements sociaux.
§ CGI art. 238 quindecies : exonération en fonction de la valeur des éléments cédés, applicable lors de la
transmission d’une entreprise exploitée depuis au moins 5 ans, si la valeur des éléments transmis servant
d’assiette aux droits d’enregistrement est inférieure à un seuil. L’exonération des plus-values réalisées lors de la
transmission est totale si la valeur des éléments cédés est inférieure à 300 000 € ; l’exonération est partielle si
cette valeur est comprise entre 300 000 et 500 000 €.
NB : l’exonération art. 238 quindecies porte à la fois sur l’IR et les prélèvements sociaux.
§ CGI art.151 septies A : exonération lors du départ en retraite, applicable lors de la cession à titre onéreux d’une
entreprise exploitée depuis au moins 5 ans, si l’entrepreneur cesse toute fonction dans l’entreprise et fait valoir
ses droits à la retraite dans les 2 ans précédant ou suivant la cession, et si l’entreprise est une PME (CA< 50M€
ou total bilan < 43M€, et effectif < 250 salariés). Les plus-values à court et long terme (à l’exception des PV sur
les biens immobiliers) sont exonérées d’IR.
NB : l’exonération art. 151 septies A ne porte que sur l’IR et non sur les prélèvements sociaux.

L’ensemble des conditions d’application de ces régimes peut être consulté sur le site legifrance.gouv.fr
Ici : - le CA (1,2M€) est trop élevé pour prétendre à l’exonération en fonction du chiffre d’affaires ;
- la valeur des éléments cédés (832K€ > 500K€) – soumise aux droits d’enregistrement – ne permet pas de prétendre
à l’exonération en fonction de la valeur des éléments cédés ;
- M. Berto ne peut pas faire valoir ses droits à la retraite dans les 2 ans suivant la cession (cession = 01/07/N ;
possibilité de faire valoir les droits à la retraite = 01/02/N+3).
Aucun régime d’exonération n’est donc applicable en l’espèce pour M. Berto.

5. Sort des salariés


L’article L1224-1 du code du travail dispose : « Lorsque survient une modification dans la situation juridique de l’employeur,
notamment par succession, vente, fusion, transformation du fonds, mise en société de l’entreprise, tous les contrats de
travail en cours au jour de la modification subsistent entre le nouvel employeur et le personnel de l’entreprise ». Cette
position de principe rend impératif le maintien des contrats en cours vers la nouvelle entité, et ce quelle que soit la nature
des contrats de travail (CDI, CDD, contrats d’apprentissage, contrats de professionnalisation…). Le transfert s’effectue de
plein droit et automatiquement. Autrement dit, aucune procédure ou démarche n’est nécessaire, et l’employeur ne peut
s’y opposer. Le transfert intègre tous les éléments du contrat tels que la rémunération, la qualification, l’ancienneté ou
encore les clauses contractuelles pouvant y figurer.
Les salariés de M. Berto sont donc « attachés » au fonds de commerce et ils deviennent tous salariés de M. Randerb du
fait de la cession du fonds de commerce, y compris le conducteur de travaux.
M. Berto ne peut procéder au licenciement économique de son conducteur de travaux. En effet, ce licenciement serait
considéré comme sans cause réelle et sérieuse (art. 1233-2 du Code du travail), puisque le transfert des contrats de travail
est d’ordre public.
Le conducteur de travaux pourrait contester la légalité du licenciement et obtiendrait du juge :
- soit la réintégration dans l’entreprise devenue la propriété de M. Randerb, avec maintien des avantages acquis ;
- soit le paiement des indemnités de licenciement dues en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse.
En pratique, il arrive souvent que l’acquéreur d’une entreprise souhaite la réorganiser et envisage la suppression de
certains postes salariés. Dans ce cas, l’acquéreur reprend dans un premier temps tous les contrats de travail, puis procède
au licenciement des salariés concernés par la réorganisation (en tenant compte de l’ancienneté des salariés calculée
depuis leur entrée chez l’ancien employeur). C’est pourquoi dans cette situation, l’acquéreur peut négocier une baisse du
prix de l’entreprise pour tenir compte de cette dépense qui lui incombe juridiquement (mais le cédant ne doit jamais
procéder lui-même au licenciement avant la cession).

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UE 1 Corrigé 147
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

DOSSIER 2 (SOCIÉTÉ À RESPONSABILITÉ LIMITÉE)


1. La cession des parts sociales de la SARL

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La reprise de l’entreprise dans ce cas s’analyse juridiquement en une cession de parts sociales de la SARL.
L’article L223-14 C.Com énonce : « Les parts sociales ne peuvent être cédées à des tiers étrangers à la société qu’avec
le consentement de la majorité des associés représentant au moins la moitié des parts sociales, à moins que les statuts
prévoient une majorité plus forte ».

Ici, les associés devront être consultés pour la cession à M. Randerb, étranger à la société : 3 associés (la majorité) sur 4
représentant au moins 50% des parts sociales doivent voter la cession. Aucune opposition n’apparaissant dans le sujet,
on peut conclure que la cession des parts sera votée.
L’acquisition de la totalité des parts sociales de BERTO SARL par M. Randerb est possible. La société deviendra
automatiquement une SARL unipersonnelle (EURL).

2. La clause de garantie de passif


Comme tout contrat de vente, la cession de parts offre des garanties légales (garantie du fait personnel, garantie des vices
cachés). L’acheteur peut aussi exiger dans le contrat de vente l’insertion de garanties supplémentaires (clauses dites
« conventionnelles ») le protégeant davantage : clause de non-concurrence, clause de garantie d’actif, clause de garantie
de passif, clause de révision de prix.
La clause de garantie de passif est celle par laquelle l’acheteur exige du cédant (le vendeur des parts sociales) qu’il certifie
l’exactitude des renseignements fournis sur les documents comptables et les principaux engagements contractés à l’égard
des tiers, l’exactitude du bilan ou de la situation comptable ayant servi de base à la détermination du prix de cession.
Par cette clause, le cédant s’engage à prendre à sa charge les dettes (ou certaines d’entre elles, ex. : fiscales, sociales)
antérieures à la cession qui ne figurent pas sur le bilan ou la situation comptable et qui viendraient à se révéler
postérieurement à la cession.
Le bénéficiaire de la clause est la société. Si le cédant est tenu de prendre une dette à sa charge, il en versera le montant
à la société ( ou au créancier) et non à l’acquéreur du fonds.
Ici, il est souhaitable que M. Randerb, l’acheteur des parts sociales, obtienne de M. Berto l’insertion d’une telle clause en
précisant bien les types de dettes qui seront prises en charge (fiscales, sociales, juridiques…). Ainsi, après la cession,
l’apparition d’une dette qui ne figure pas dans les documents ayant permis la détermination du prix sera assumée par
M. Berto.

3. Régime d’imposition de BERTO SARL


S’agissant d’une SARL n’ayant exercé aucune option, elle est soumise à l’impôt sur les sociétés, selon le régime du réel
normal, car son chiffre d’affaires est supérieur à la limite d’application du réel simplifié.
NB : s’agissant d’une SARL dite « de famille » (c’est-à-dire dont le capital est détenu par des membres de la même famille, ici
l’époux, l’épouse et leurs enfants), elle aurait pu opter pour l’IR : dans ce cas, l’impôt sur les résultats de la SARL ne serait pas
dû au niveau de la société, mais au niveau de ses associés qui se verraient imposés dans la catégorie des BIC au titre des
bénéfices de la SARL.

4. Plus-value de cession des titres BERTO SARL


La PV est égale au prix de cession diminué du prix de revient des titres. Celui-ci est égal au cas présent à 35 000 €, soit
l’intégralité des apports, y compris la prime d’émission payée(1).

D’où PV = 900 000 – 35 000 = 865 000 €.


Par simplification (cf. énoncé), on suppose que cette PV est entièrement réalisée par M. Berto.
Modalités d’imposition de la plus-value (nouvelle règle dite « flat tax » applicable depuis 2018) :
• Imposition à l’IR :
Principe : imposition au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 12,8%.
Option possible pour le barème progressif :
- Si les titres cédés ont été acquis avant 2018 : application des abattements pour durée de détention :
§ Abattement de droit commun : 50% si détention entre 2 et 8 ans, 65% au-delà de 8 ans,
§ Abattement majoré : 50% si détention entre 1 et 4 ans, 65% entre 4 et 8 ans, 85% au-delà.
L’abattement majoré est applicable aux titres qui, lors de leur acquisition, étaient ceux d’une PME
opérationnelle de moins de 10 ans ;

(1)
Si la souscription au capital initial ou l’augmentation de capital ont donné lieu à l’application d’une réduction d’IR pour souscription au
capital de PME, alors le prix de revient doit être diminué du montant de la réduction d’IR pratiquée.

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148 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

- Si les titres cédés ont été acquis après 2018 : aucun abattement applicable ;
- Attention ! L’option est globale : elle couvre obligatoirement les plus-values de cession de valeurs mobilières et
les revenus de capitaux mobiliers.
• Imposition aux prélèvements sociaux : la PV (avant déduction d’éventuels abattements appliqués) est imposée au
taux global de 17,2%

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• D’où, en pratique, lorsque l’option pour le barème progressif n’est pas formulée, imposition au taux global de 12,8%
+ 17,2% = 30%
NB : les PV peuvent aussi être imposées à la CEHR (Contribution Exceptionnelle sur les Hauts Revenus) lorsque le revenu
fiscal de référence du contribuable cédant excède 250 000 € (contribuable seul) ou 500 000 € (contribuable marié ou
pacsé) : elle est due selon un barème à 2 tranches : 3% et 4%.
D’où une imposition des PV au taux maximum de 34%.
Application : calcul de l’IR et des prélèvements sociaux (en ignorant la CEHR) :
- PFU = 865 000 x 12,8% = 110 720 €.
- Calcul en cas d’option pour le barème progressif :
- Parts souscrites à l’origine pour 15 000 € cédées pour 675 000 € (900 000 x 15 000 / 20 000)
plus-value de 660 000 € − abattement de 85% (660 000 x 85%) soit une PV taxable = 99 000 €
abattement de 85% car à sa création, la SARL Berto était bien une PME de moins de 10 ans.
- Parts souscrites il y a 10 ans pour 20 000 € (5 000 € + prime de 15 000 €) cédées pour 225 000 €
plus-value de 205 000 € − abattement de 65% (205 000 x 65%) soit une PV taxable = 78 750 €
abattement de 65% car il y a 10 ans, la SARL (créée il y a 30 ans) n’était pas une PME de moins de 10 ans.
PV totale soumise au barème (tranche à 45% selon l’énoncé) = 99 000 + 78 750 = 177 750 €
IR = 177 750 x 45% = 79 988 €
Conclusion
M. Berto a intérêt à exercer l’option pour le barème progressif (il pourra de plus appliquer la règle du quotient applicable
aux revenus exceptionnels). Attention, M. Berto doit toutefois vérifier si cette option est effectivement intéressante compte
tenu de ses éventuelles autres PV sur cessions de valeurs mobilières et de ses éventuels revenus mobiliers de l’année
(pour lesquels l’option est désavantageuse lorsque le taux marginal d’imposition est de 45%).
- Prélèvements sociaux = 865 000 x 17,2% = 148 780 €.
- D’où imposition totale = 79 988 + 148 780 = 228 768 €, soit un taux d’imposition de 26,44%.

5. Coût fiscal pour l’acquéreur des parts sociales


M. Randerb doit régler, lors de l’enregistrement de l’acte de cession (ou lors d’une déclaration spéciale si la cession n’a
pas donné lieu à un acte, ce qui est fort improbable pour une cession de la totalité des parts d’une société dont le contrôle
change), les droits d’enregistrement. La base de calcul de ces droits est égale au prix de cession des parts diminué d’un
abattement égal à : (23 000 € x nb de parts cédées / nb total de parts sociales) soit ici, toutes les parts sociales étant
cédées :
900 000 – 23 000 = 877 000 €
S’agissant de parts sociales, les droits sont liquidés au taux de 3%.

Droits dus = 877 000 x 3% = 26 310 €.

6. Sort des salariés


Dans le cas de la cession des parts sociales, aucune modification juridique n’intervient dans la situation de l’employeur
des salariés, c’est-à-dire la société BERTO SARL.
La société BERTO SARL ne peut procéder au licenciement du conducteur de travaux avant que la nouvelle gérance ne
soit mise en place après la cession, puisque seule l’arrivée du gérant nommé par le nouvel associé peut justifier, du fait
d’une réorganisation interne par exemple, un licenciement.

7. Régimes d’exonération ou de report d’imposition


Exonération totale ou partielle au titre du départ en retraite (art. 150-O D ter du CGI)
Lorsque :
- le cédant a exercé, au sein de la société soumise à l’IS, une fonction de direction (gérant par exemple) ;
- le cédant a détenu au moins 25% du capital de la société pendant les 5 dernières années ;
- le cédant cesse toute fonction de direction ou salariée dans la société et fait valoir ses droits à la retraite, soit dans
les 24 mois précédant la cession, soit dans les 24 mois suivant la cession ;
- la société cédée est une PME (CA annuel < 50 M€ ou total bilan < 43 M€ et nombre de salariés < 250) ;
- les titres cédés sont détenus depuis 1 an au moins ;
alors un abattement fixe de 500 000 € s’applique à la PV, qu’elle soit taxée au PFU ou selon le barème progressif (toutefois,
si taxée selon le barème progressif, cet abattement ne peut se cumuler avec l’abattement pour durée de détention
éventuellement applicable : il faut alors choisir entre l’un ou l’autre des 2 abattements).

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UE 1 Corrigé 149
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Ici, toutes les conditions sont respectées par M. Berto, sauf celle relative au délai séparant la cession de la prise de la
retraite. Ainsi, pour que l’abattement fixe de 500 000 € soit applicable, il faudrait que :
- la cession intervienne à partir du 1er février N+1 (soit 24 mois avant la date à laquelle il peut faire valoir ses droits à
la retraite) et qu’elle intervienne au plus tard dans les 24 mois suivant la date à laquelle M. Berto aura fait valoir ses
droits à la retraite (sachant qu’il n’est pas obligé de les faire valoir le 1er février N+3, il peut le faire postérieurement) ;

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- et que M. Berto fasse effectivement valoir ses droits à la retraite (dans les 24 mois de la date de cession au plus
tard).
Toutefois, les prélèvements sociaux (17,2% au total) resteraient dus car abattement fixe ne concerne que l’IR.
Dans notre cas, il faut comparer l’application de l’abattement retraite avec l’abattement pour durée de détention :
Abattement pour durée de détention = (660 000 x 85%) + (205 000 x 65%) = 694 250 €.
Abattement retraite = 500 000 € < 694 250 €.
Il est plus intéressant pour M. Berto de ne pas revendiquer l’abattement retraite.
NB : M. Berto pourrait aussi envisager de réaliser une opération dite d’"apport-cession" de ses titres (cf. art. 150-0 B ter du CGI), qui
permet de mettre la plus-value en report d’imposition. Cette opération consisterait pour M. Berto à apporter ses titres de la
SARL Berto à une société créée à cette occasion, qu’il contrôlerait ; c’est ensuite cette société nouvelle qui procèderait à la
cession des titres de la SARL Berto. La plus-value d’apport ainsi réalisée par M. Berto resterait en report d’imposition à son
niveau, à la condition notamment que :
- soit les titres de la société créée bénéficiaire de l’apport ne soient pas cédés (ce n’est pas le mécanisme ici) ;
- en cas de cession des titres de la SARL Berto par la société créée bénéficiaire de l’apport, cession réalisée dans les 3 ans
suivant l’apport, celle-ci devrait réinvestir 50% du prix de cession dans un délai de 24 mois suivant la cession, dans une
activité économique (développement d’une activité, acquisition du contrôle d’une société opérationnelle, ou souscription au
capital d’une ou plusieurs sociétés opérationnelles, hors certaines activités exclues par nature comme la gestion d’actifs
immobiliers).

DOSSIER 3
En cas de décès de M. Berto, les parts de BERTO SARL (par hypothèse détenues à 100% par M. Berto) seront réparties
entre Mme Berto (25%) et ses 2 enfants (37,5% chacun).

Cette transmission engendrera des droits de succession. La part revenant à Mme Berto sera toutefois totalement exonérée
de droits, tandis que celle revenant aux enfants sera soumise aux droits calculés à l’aide du barème en vigueur, sur la
base de la valeur des titres de la société à la date du décès, après application d’un abattement égal à 100 000 € (pour
2019) par enfant (si M. Berto n’a pas fait, dans les 15 ans précédant son décès, de donation au profit de ses enfants).
Le barème (pour 2019) des droits de succession applicables en ligne directe est le suivant, appliqué sur la part nette
taxable de chaque héritier :
Part nette n’excédant pas 8 072 € 5%
Part nette comprise entre 8 072 € et 12 109 € 10%
Part nette comprise entre 12 109 € et 15 932 € 15%
Part nette comprise entre 15 932 € et 552 324 € 20%
Part nette comprise entre 552 324 € et 902 838 € 30%
Part nette comprise entre 902 838 € et 1 805 677 € 40%
Part nette supérieure à 1 805 677 € 45%

D’où droits de succession dus par enfant :


Valeur de BERTO SARL au 1er juillet N = 900 000 €.
Part revenant à chaque enfant = 900 000 x 37,5% = 337 500 €.
Base taxable = 337 500 – 100 000 = 237 500 €.
Droits = 8 072 x 5% + [(12 109 – 8 072) x 10%] + [(15 932 – 12 109) x 15%] + [(237 500 – 15 932) x 20%]
= 45 694 €
D’où droits dus au total = 2 x 45 694 = 91 388 €.

Toutefois, il existe un mécanisme d’exonération à 75% de la valeur des titres transmis (applicable en pratique aux enfants,
la part revenant à l’épouse étant déjà exonérée par ailleurs), applicable notamment lorsque les parts transmises à titre
gratuit ont fait l’objet d’un « pacte Dutreil » (art. 787 B du CGI), c’est-à-dire d’un engagement collectif de conservation
d’une durée de 2 ans minimum pris par le défunt et ses associés, et d’un engagement individuel de conservation pendant
4 ans pris par chaque héritier (soit 2 ans au titre de l’engagement collectif + 4 ans au titre de l’engagement individuel) ; de
plus, un signataire de l’engagement ou un collectif des héritiers doit exercer une fonction de dirigeant de la société pendant
l’engagement collectif et pendant les 3 ans suivant le décès.

L’Article 787 B « Pacte DUTREIL-transmission » est un dispositif visant à alléger les droits de succession lors d’une
transmission à titre gratuit (donation ou décès) d’entreprises.

Les conditions d’application de ce régime ont été assouplies par l’article 40 de loi de finance pour 2019.

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150 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

L’article 787 B du CGI prévoit que « Sont exonérées de droits de mutation à titre gratuit, à concurrence de 75 % de leur
valeur, les parts ou les actions d’une société ayant une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou
libérale transmises par décès, entre vifs, si les conditions suivantes sont réunies » :
a) Les parts ou les actions mentionnées ci-dessus doivent faire l’objet d’un engagement collectif de

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conservation d’une durée minimale de deux ans en cours au jour de la transmission, qui a été pris par le
défunt ou le donateur, pour lui et ses ayants cause à titre gratuit, avec d’autres associés. Le présent engagement
peut être pris par une personne seule, pour elle et ses ayants cause à titre gratuit, sous les mêmes conditions ;
Lorsque les parts ou actions transmises par décès n’ont pas fait l’objet d’un engagement collectif de conservation,
un ou des héritiers ou légataires peuvent entre eux ou avec d’autres associés conclure dans les six mois qui
suivent la transmission l’engagement prévu au premier alinéa ;
b.) L’engagement collectif de conservation doit porter sur au moins 10 % des droits financiers et 20 % des
droits de vote attachés aux titres émis par la société s’ils sont admis à la négociation sur un marché
réglementé ou, à défaut, sur au moins 17 % des droits financiers et 34 % des droits de vote, y compris les
parts ou actions transmises.
Ces pourcentages doivent être respectés tout au long de la durée de l’engagement collectif de conservation. Les
associés de l’engagement collectif de conservation peuvent effectuer entre eux des cessions ou donations des
titres soumis à l’engagement. Ils peuvent également admettre un nouvel associé dans l’engagement collectif à
condition que cet engagement collectif soit reconduit pour une durée minimale de deux ans.
Un associé unique (E.U.R.L., S.A.S.U) remplissant à lui seul toutes les conditions requises pour que le régime
DUTREIL soit applicable, peut prendre un engagement collectif pour lui ou ses ayants cause.
L’engagement collectif de conservation est réputé acquis lorsque les parts ou actions détenues depuis deux ans
au moins, directement ou indirectement, par une personne physique seule ou avec son conjoint, le partenaire
avec lequel elle est liée par un pacte civil de solidarité ou son concubin notoire atteignent les seuils prévus au
premier alinéa du 1, sous réserve que cette personne ou son conjoint, le partenaire lié à elle par un pacte civil de
solidarité ou son concubin notoire exerce depuis deux ans au moins dans la société concernée son activité
professionnelle principale ou l’une des fonctions de direction.
c) Chacun des héritiers, donataires ou légataires prend l’engagement dans la déclaration de succession ou l’acte
de donation, pour lui et ses ayants cause à titre gratuit, de conserver les parts ou les actions transmises
pendant une durée de quatre ans à compter de la date d’expiration du délai visé au a.
d) L’un des associés mentionnés au a ou l’un des héritiers, donataires ou légataires mentionnés au c exerce
effectivement dans la société dont les parts ou actions font l’objet de l’engagement collectif de
conservation, pendant la durée de l’engagement prévu au a et pendant les trois années qui suivent la date
de la transmission, son activité principale ou une fonction de direction.

Les mécanismes du Pacte DUTREIL seraient applicables en cas de décès brutal de M. BERTO, même si celui-ci n’a pas
préalablement pris un engagement collectif de conservation.
En effet, l’engagement collectif est réputé acquis puisque la société a été créée depuis plus de 2 années, que M. BERTO
exerce une fonction de direction et qu’il détient 100% des parts.
Il faudrait que les héritiers possédant au moins 34% des parts s’engagent à conserver leurs titres pendant une durée de 4
années après le décès et que l’un des héritiers exerce son activité principale ou une fonction de direction dans la société
pendant les 3 années suivant le décès.

Le Pacte Dutreil se cumule avec l’abattement des 100 000 € par enfant, l’exonération des ¾ de la valeur des parts
s’applique avant l’abattement des 100 000 €.
Au cas présent, chaque enfant serait taxé sur une base de 337 500 – 337 500*0.75 – 100 000 = 0 €.
Aucuns droits de succession ne seraient donc dus.

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UE 1 Corrigé 151
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

GARUR
Auteurs :
Alice Polynice
Bertrand Beringer

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Compétences attendues Savoirs associés

Maîtriser les incidences juridiques, fiscales et La disparition de l’entreprise


sociales des opérations de cessation d’activité ou La dissolution de la société : régime juridique
de dissolution et liquidation d’une entreprise et fiscal

1. Situation financière et obligations du gérant


Le report à nouveau de la perte fait apparaître un actif net inférieur à la moitié du capital social. La perte de la moitié du
capital fait l’objet d’une réglementation particulière dans les SARL – art. L223-42 C.Com.

Si, du fait des pertes constatées dans les documents comptables, les capitaux propres de la société deviennent
inférieurs à la moitié du capital social, les associés décident, dans les quatre mois qui suivent l’approbation des
comptes ayant fait apparaître cette perte, s’il y a lieu à dissolution anticipée de la société.
Si la dissolution n’est pas prononcée à la majorité exigée pour la modification des statuts, la société est tenue, au plus tard
à la clôture du deuxième exercice suivant celui au cours duquel la constatation des pertes est intervenue, de réduire son
capital d’un montant au moins égal à celui des pertes qui n’ont pu être imputées sur les réserves si, dans ce délai, les
capitaux propres n’ont pas été reconstitués à concurrence d’une valeur au moins égale à la moitié du capital social.

Cette réglementation prévoit donc :


- la consultation des associés en vue de décider éventuellement la dissolution de la société ;
- diverses mesures de publicité de la décision prise, quelle qu’elle soit (avis dans un journal d’annonces légales, dépôt
au greffe, inscription au registre du commerce et des sociétés) ;
- l’obligation de reconstituer les capitaux propres de la société dans un certain délai.

Il convient de vérifier s’il y a perte de la moitié du capital social. Selon l’article L223-42 al. 1 du C.Com, il faut que les
capitaux propres de la société soient inférieurs à la moitié du capital social. Dans le cas, 47 000 € est bien inférieur à la
moitié du capital social de la SARL (100 000 € / 2 = 50 000 €).

Le gérant doit donc convoquer, dans les quatre mois de l’assemblée qui a approuvé les comptes, une nouvelle assemblée
qui devra décider si la société doit être dissoute de façon anticipée ; cette assemblée est une assemblée générale
extraordinaire. Si la dissolution est écartée par le vote des associés, les capitaux devront être reconstitués au moins à
hauteur de la moitié du capital social avant la fin du deuxième exercice suivant celui au cours duquel la constatation des
pertes est intervenue.

2. Dissolution et liquidation de la société


Dissolution de la société
La décision modifiant les statuts doit être prise par les associés à la majorité extraordinaire et selon l’article L223-30 al. 3
modifié par la loi du 02/08/2005 et la loi du 19 juillet 2019 : « pour les modifications statutaires des SARL constituées après
la publication de la loi du 02/08/2005 en faveur des petites et moyennes entreprises, l’assemblée ne délibère valablement
que si les associés présents ou représentés possèdent au moins, sur première convocation, le quart des parts et,
sur deuxième consultation, le cinquième de celles-ci. À défaut de ce quorum, la deuxième assemblée peut être
prorogée à une date postérieure de deux mois au plus à celle à laquelle elle avait été convoquée. Dans l’un ou l’autre de
ces deux cas, les modifications sont décidées à la majorité des deux tiers des parts détenues par les associés
présents ou représentés. Les statuts peuvent prévoir des quorums et une majorité plus élevés, sans pouvoir, pour cette
dernière, exiger l’unanimité des associés.
Les décisions prises en violation des dispositions du présent article peuvent être annulées à la demande de tout
intéressé ».

Dans le cas d’espèce, le gérant, M. Gallardo, doit convoquer les associés. L’ordre du jour sera la dissolution de la société.
La société ayant été constituée après 2005, les règles de quorum et majorité suivantes s’appliquent :
- quorum : 250 parts sur 1re consultation, 50 parts sur 2e consultation ;
- majorité : 666,66 parts.

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152 Corrigé UE 1
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

Mme Rodier étant la seule à vouloir écarter la dissolution puisqu’elle est la seule à garder espoir, le quorum sera atteint (M.
Gallardo possédant 400 parts) et le vote de dissolution sera acquis avec 800 parts détenues par les 3 associés favorables
à la dissolution.

Liquidation de la société

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La décision de dissolution ayant été prise, la liquidation de la société va avoir lieu.
Les opérations de dissolution et de liquidation se dérouleront selon le schéma chronologique présenté à la page suivante.

3. La cession d’actif à un associé d’une société en liquidation


Selon l’article L237-6 C.Com : « Sauf consentement unanime des associés, la cession de tout ou partie de l’actif de la
société en liquidation à une personne ayant dans cette société la qualité d’associé en nom, de commandité, de gérant,
d’administrateur, de directeur général, de membre du conseil de surveillance, de membre du directoire, de commissaire
aux comptes ou de contrôleur, ne peut avoir lieu qu’avec l’autorisation du tribunal de commerce, le liquidateur et, s’il en
existe, le commissaire aux comptes ou le contrôleur dûment entendus. »

L’article L247-8 al. 2 prévoit une peine d’emprisonnement de 5 ans et d’une amende de 9 000 € pour le liquidateur qui, de
mauvaise foi, aura cédé tout ou partie de l’actif de la société en liquidation contrairement à l’article L237-6.

En l’espèce, M. Gallardo, liquidateur de la société, devra obtenir le consentement unanime des associés pour que le bien
soit affecté à Mme Rodier, gérante. S’il transgresse cette règle, il encourt les sanctions de l’article L247-8. Or, puisque
Mme Russery est elle aussi intéressée pour acquérir le terrain, M. Gallardo n’obtiendra pas l’unanimité des associés pour
cette cession à Mme Rodier.

Si l’unanimité ne se fait pas sur cette opération, Mme Rodier peut saisir le tribunal de commerce pour obtenir l’autorisation de
cession. Le liquidateur sera entendu par le tribunal ainsi que l’organe de contrôle (commissaire aux comptes) s’il existe.

La cession par M. Gallardo à Mme Russery est juridiquement possible, cette dernière n’étant pas gérante mais simple
associée (les dispositions de l’article L237-6 précitées ne s’appliquent pas).

NB : À titre complémentaire, précisons que dans le cadre des opérations de partage, l’article 1844-9 al. 3 du Code civil énonce que
les associés peuvent valablement décider soit dans les statuts, soit par une décision ou un acte distinct, que certains biens seront
attribués à certains associés. Dans ce dernier cas (c’est-à-dire hors disposition statutaire), l’accord unanime des associés est
nécessaire (Cass.Com. 30.05.2007).
À défaut, tout bien apporté qui se retrouve en nature dans la masse à partager est attribué, sur sa demande, et à charge de soulte
s’il y a lieu, à l’associé qui en avait fait l’apport.

4. Régime de la liquidation en matière d’IS


La liquidation est traitée fiscalement comme une cessation d’activité.
Les conséquences sont les suivantes :
- imposition immédiate des bénéfices d’exploitation réalisés depuis la clôture du dernier exercice ;
- imposition immédiate des bénéfices et plus-values en sursis d’imposition ;
- imposition immédiate des plus-values relatives à l’actif immobilisé.

D’où calcul des éléments imposables du fait de la liquidation de GARUR :


- résultat d’exploitation des opérations de liquidation - 20 000
- PV sur terrain cédé à Mme Russery (190 000 – 60 000) (1) 130 000
- PV sur droit au bail (15 000 – 0) (1) 15 000
- PV sur titres LOUVE (99 000 – 48 000) = 51 000 (2) 0
- Quote-part de 12% sur PV sur titres LOUVE 12% x 51 000 (2) 6 120
131 120 €
Imputation des déficits antérieurs - 131 120
Résultat de liquidation 0 €

Aucun IS n’est donc dû par GARUR au titre de l’exercice de liquidation.


Les déficits fiscaux non utilisés sont définitivement perdus.
(1) Les PV sur éléments de l’actif immobilisés sont comprises dans le résultat au taux de droit commun de l’IS (à l’exception des PV sur
brevets qui relèvent du taux réduit d’IS, et sur titres de participation qui sont exonérées).
(2) La PV comptable est égale à 39 000 (99 000 – 60 000), mais GARUR s’était engagée lors de la fusion BICHE / LOUVE à calculer la
PV ultérieure sur les titres LOUVE par rapport au prix de revient fiscal que les titres avaient dans ses écritures (soit 48 000), cf. article
38-7 bis du CGI. Mais les PV sur titres de participation sont exonérés d’IS ; seule une quote-part de frais et charge est réintégrée
dans le résultat imposable au taux de droit commun, égale à 12% de la PV de cession de l’exercice.

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UE 1 Corrigé 153
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

SCHÉMA CHRONOLOGIQUE D’UNE OPÉRATION


DE LIQUIDATION VOLONTAIRE « LÉGALE » (CAS GÉNÉRAL)

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conservatoires

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154 Corrigé UE 1
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

5. Coût fiscal de l’opération en droits d’enregistrement


Article 811 du CGI : Les actes de dissolution de sociétés qui ne portent aucune transmission de biens meubles ou
immeubles entre les associés ou autres personnes sont enregistrés gratuitement. L’actif net de la SA GARUR est négatif,
aucun droit d’enregistrement n’est donc dû. Pendant la période de liquidation, GARUR conserve la personnalité morale :

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les cessions sont réputées faites par GARUR et les droits d’enregistrements sont normalement dus sur les opérations de
cessions (ils sont à la charge de l’acquéreur) :
- terrain cédé à Mme Russery : droits d’enregistrement égaux à 5% (hors prélèvement pour frais d’assiette) de la valeur
réelle, dus par Mme Russery ;
- droit au bail : leur cession est soumise au même tarif que les cessions de fonds de commerce, soit exonération
jusqu’à 23 000 €, taxation à 3% pour la fraction de prix comprise entre 23 000 et 200 000 €, et taxation à 5% pour la
fraction de prix supérieure à 200 000 €. Ici, le prix de cession étant égal à 15 000 €, aucun droit n’est dû ;
- actions de la SA LOUVE : droit de 0,1%, soit 99 000 x 0,1% = 99 €
Acte de partage : puisque l’actif net après liquidation est négatif, aucun acte de partage ne doit être rédigé (la loi sur les
sociétés commerciales ne comprend qu’un seul article relatif au partage – art. L237-29 –, qui fixe les droits des associés
dans le boni de liquidation). En conséquence, aucun droit d’enregistrement n’est dû au cas présent.
NB1 : dans le cas d’un actif net négatif après liquidation :
- les pertes sont assumées par les associés car ils ont l’obligation de contribuer aux pertes dans toutes les sociétés : ils
auront perdu leurs apports ;
- les dettes restantes vis-à-vis des créanciers (appelées l’obligation au passif) seront supportées par les associés, sur leur
patrimoine personnel s’ils sont dans une société à responsabilité illimitée (type SNC). Les créanciers pourront les
poursuivre. Mais s’il s’agit d’une société à risque limitée (type SARL ou SA), ce qui est le cas de GARUR, les créanciers
ne pourront pas poursuivre les associés, tant pis pour eux, leur confiance était mal placée.
NB2 : dans le cas d’un actif net après liquidation positif : l’acte de partage d’une société soumise à l’IS est enregistré moyennant le
paiement du droit d’enregistrement appelé « droit de partage » de 2,50% calculé sur l’actif net partagé. Toutefois, lorsque les
biens partagés ont bénéficié, lors de leur apport, de l’exonération de droit (exemple : apport d’un fonds de commerce avec
engagement de conservation de trois ans), il faut appliquer la théorie de la mutation conditionnelle des apports : l’attribution de
ces biens à un associé autre que l’apporteur entraîne le paiement des droits d’enregistrement dus en cas de vente (exemple :
5 % -hors prélèvement pour frais d’assiette- pour un immeuble, barème progressif pour un fonds de commerce : 0%, 3%, 5%),
alors que le retour de ces biens chez l’apporteur est exonéré de droit de partage (pour les immeubles toutefois, le retour chez
l’apporteur entraîne le paiement de la taxe de publicité foncière de 0,70% + frais d’assiette).

6. Responsabilité du liquidateur
Selon l’article L237-12 C.Com, le liquidateur est responsable, tant à l’égard de la société qu’à l’égard des tiers, des
conséquences dommageables des fautes commises par lui dans l’exercice de ses fonctions. L’action en responsabilité
contre le liquidateur se prescrit par 3 ans à compter du fait dommageable ou s’il a été dissimulé, de sa révélation (10 ans,
si le fait est qualifié crime) – L225-254 C.Com.

Le liquidateur a l’obligation de faire une publicité sur les documents de la société à destination des tiers afin de les informer
de la situation de la société. La mention « société en liquidation » doit être portée sur les documents à en-tête de la société
à côté de la dénomination sociale – L237-2 C.Com.

Dans le cas, M. Gallardo est le liquidateur de la société puisque le sujet indique qu’il « s’occupera de tout ». il a commis
une faute dans l’exercice de sa mission de liquidateur. Il sera condamné au paiement de la facture au profit du fournisseur
de la société auquel il a omis d’indiquer, en passant commande au nom de la société, le fait que celle-ci était en liquidation :
le fournisseur (les Établissements Jaunâtre) s’est engagé en raison d’une situation apparente non préoccupante et s’est
retrouvé impayé.

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UE 1 Corrigé 155
COLLECTION DSCG

GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

DEXCO
Auteurs :
Bertrand Beringer
Alice Polynice
Grégory Lachaise

ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:342619469:88880154:102.52.165.78:1587410358


Compétences attendues Savoirs associés

Accompagner au plan juridique la création Aspects juridiques, fiscaux et sociaux des


d’associations (statuts, assemblées…) associations et autres organismes
Déterminer le régime fiscal : exonération, à but non lucratif
identification de secteurs lucratifs

DOSSIER 1 : QUESTIONNAIRE SUR LES ORGANISMES À BUT NON LUCRATIF

1. Définition de l’association et conditions de la non-lucrativité


Définition :
Selon l’article 1 de la loi du 1/07/1901 : « l’association est une convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent
en commun d’une façon permanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des
bénéfices ».

Trois conditions de la non-lucrativité :


1/ La gestion doit être désintéressée
- L’organisme doit être géré par des personnes exerçant à titre bénévole n’ayant aucun intérêt direct ou indirect dans les
résultats de l’exploitation.
NB : les dirigeants peuvent dans certaines conditions être rémunérés (cf. 2. ci-après).
- L’organisme ne doit distribuer aucun bénéfice, directement ou indirectement, sous quelque forme que ce soit.
L’existence même de bénéfices n’ôte pas le caractère non lucratif à la condition qu’ils soient affectés aux projets et
missions de l’activité non lucrative.
- Les membres de l’organisme ne doivent pas pouvoir être déclarés attributaires d’une part quelconque de l’actif (sous
réserve du droit de reprise des apports).

2/ L’activité de l’organisme ne doit pas concurrencer le secteur commercial


Si, malgré une gestion désintéressée, un organisme concurrence le secteur commercial, alors il n’est pas à but non lucratif.
Pour déterminer s’il y a concurrence, on applique la règle des « 4 P » :
- le produit proposé et le public visé doivent être représentatifs de l’utilisé sociale de l’activité (satisfaction d’un besoin
non ou mal pris en compte par le secteur marchand) ;
- les prix pratiqués doivent être inférieurs à ceux du secteur commercial ;
- l’organisme ne doit pas avoir recours à la publicité commerciale.

3/ L’organisme ne doit pas entretenir de relations privilégiées avec des entreprises


Est à but lucratif un organisme fournissant des services à des entreprises en retirant un avantage concurrentiel (c’est-à-
dire permettant à des professionnels de réaliser une économie de dépenses ou un surcroît de recettes).
Exemple : association constituée entre plusieurs entreprises pour coordonner leurs moyens d’information, d’études et de recherches
(elle permet à ses membres de réaliser une économie de charges et leur procure divers avantages de nature à accroître
leurs profits).

Toutefois, lorsque l’organisme exerce une activité au profit d’entreprises qui en retirent un avantage concurrentiel, il
présente toujours un caractère lucratif (sans qu’il soit nécessaire d’analyser si les 3 conditions de la non-lucrativité sont
remplies).

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156 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

2. Rémunération des dirigeants


La rémunération des dirigeants d’un organisme fait en principe perdre à ce dernier son caractère non lucratif (puisque la
gestion doit être exercée par des bénévoles).

Toutefois, il existe deux dispositifs permettant cette rémunération :

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• L’administration fiscale autorise (cf. Bulletin officiel des impôts BOI-IS-CHAMP-10-50-20) les organismes sans but
lucratif à rémunérer leurs dirigeants dans certaines conditions (sans que soit perdu de ce seul fait le caractère
désintéressé de la gestion) : il faut que la rémunération brute mensuelle versée à chaque dirigeant soit inférieure à ¾
du Smic.
Au cas présent, la rémunération du président et du secrétaire pour 800 et 600 € bruts mensuels est donc possible (car
1 500 x ¾ = 1 125 > 600 et 800).

• La loi autorise par ailleurs les associations et les fondations à rémunérer de 1 à 3 dirigeants, chacun à hauteur de
trois fois le plafond de la sécurité sociale, selon le montant de leurs ressources financières annuelles (hors
financements publics) :
* 1 dirigeant si les ressources annuelles sont comprises entre 200 000 € et 500 000 € ;
* 2 dirigeants si les ressources annuelles sont comprises entre 500 000 € et 1 000 000 € ;
* 3 dirigeants si les ressources annuelles sont supérieures à 1 000 000 €.
D’autres critères doivent être respectés, assurant une transparence financière à l’organisme ainsi qu’un fonctionnement
démocratique.
Au cas présent, la rémunération de 2 dirigeants à hauteur de 5 000 et 3 000 € est possible si les ressources de
l’association sont comprises entre 500 000 et 1 000 000 € (et si les autres conditions sont respectées).

Il est à noter que ces deux dispositifs sont exclusifs l’un de l’autre (par exemple, si une association rémunère 3 dirigeants
à hauteur de 3 fois le plafond de la sécurité sociale, elle ne peut pas rémunérer d’autres dirigeants à hauteur de ¾ du
Smic).

3. Fonds de dotation
Les fonds de dotation ont été créés par la loi de Modernisation de l’Économie du 4.08.2008, sur le modèle des
« endowment funds » anglo-saxons.
Il s’agit d’une personne morale de droit privé à but non lucratif constituée pour collecter et capitaliser les libéralités qui lui
sont consenties de manière irrévocable (somme d’argent, immeuble, titres de sociétés…), dans le but de financer, grâce
aux fruits retirés de la capitalisation (intérêts, loyers, dividendes…), son activité d’intérêt général et/ou l’activité d’intérêt
général d’une personne morale à but non lucratif (hôpital, université, musée, association…).
En principe, les dotations en capital du fonds (i.e. les dons qui lui sont consentis) ne sont pas « consommables », c’est-à-
dire que le fonds ne peut pas les utiliser ; il ne peut utiliser que les revenus tirés de ces dons. Toutefois, les statuts du
fonds peuvent autoriser ce dernier à consommer ses dotations en capital (par exemple utiliser les fonds perçus pour la
réalisation d’un investissement conforme aux souhaits du donateur).
Le fonds de dotation est très simple à constituer (encore plus simple qu’une association, car il peut être créé par une seule
personne, et sa constitution est rapide), et jouit d’une capacité juridique plus importante que les fondations ou les
associations reconnues d’utilité publique.
Le régime fiscal des fonds de dotation est calqué sur celui des organismes sans but lucratif. Les fonds doivent donc
respecter les 3 conditions rappelées ci-avant (cf. 1). De plus, pour que l’activité des fonds de dotation soit non lucrative,
ces derniers doivent distribuer les fruits de leurs dotations en capital pour financer la mission d’intérêt général d’un
organisme public (ex. : hôpital, bibliothèque) ou d’une association, d’une fondation ou d’un syndicat professionnel à but
non lucratif.

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UE 1 Corrigé 157
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DOSSIER 2 : ASSOCIATION SPORTING CLUB

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1. Rémunération des membres du bureau et procédure des conventions réglementées
Puisqu’il s’agit de dirigeants, la tolérance administrative (cf. Dossier 1, question 2 ci-avant) s’applique. Les rémunérations
étant chacune inférieure aux ¾ du Smic, elles ne dénaturent pas à elles seules le caractère désintéressé de la gestion.

Soumission des rémunérations à la procédure des conventions réglementées


Les associations concernées sont celles qui :
- reçoivent annuellement de l’État ou de ses établissements publics ou des collectivités locales une ou plusieurs
subventions excédant 153 000 €, quelle que soit leur activité (art. L612-4 C.Com.) ;
- ont une activité économique (1) (L612-1 C.Com).
L’association SPORTING CLUB ne recevant qu’une subvention de 10 000 € et n’ayant pas d’activité économique, elle n’a
pas à appliquer la procédure des conventions réglementées.

NB : cette procédure consiste à soumettre à l’assemblée générale les conventions passées entre l’association et l’un des
administrateurs ou l’une des personnes assurant un rôle de mandataire social (art. L612-5 C.Com).

(1) La notion d’activité économique n’est pas définie par la loi. La jurisprudence retient 3 conditions : l’association doit offrir des biens
ou services, son activité n’a pas un caractère exclusivement social et ne se rattache pas à des prérogatives de puissance publique.
Enfin, la gestion de l’association doit être entrepreneuriale (ex. : emploi de nombreux salariés).

2. Analyse de chaque activité


• La gestion est désintéressée.
• Aucune relation privilégiée avec des entreprises (puisque l’association ne rend aucun service aux entreprises mais
seulement aux particuliers).
Dans ces conditions, seul le 2e critère de concurrence du secteur commercial doit être examiné pour chaque type de
recette et activité.

Cotisations des membres (accès aux installations) et Cours et entraînements


- Puisque aucune entreprise locale n’offre le type de services de SPORTING CLUB, cette dernière ne concurrence pas
le secteur commercial.
à Cette activité est non lucrative.

Bar
- Le bar exerce son activité dans les mêmes conditions que les bars de la commune (mêmes produits, mêmes prix) ; elle
concurrence donc le secteur commercial.
à Cette activité est lucrative.

Ventes aux membres


- Les produits vendus étant de même nature que ceux que l’on trouve dans les magasins de sport, et leurs prix étant
comparables à ceux du commerce, cette activité de vente concurrence le secteur commercial.
à Cette activité est lucrative.

Recettes publicitaires
- L’association SPORTING CLUB agit ici comme n’importe quelle entreprise qui loue ses espaces publicitaires. Le service
rendu par SORTING CLUB correspond bien à la valeur de marché de l’avantage publicitaire dont bénéficient les
entreprises « clientes ».
à Cette activité est lucrative.

Recettes financières
- Les recettes financières des organismes sans but lucratif ont un régime propre : certaines sont toujours exonérées (à
condition que l’organisme soit bien considéré comme non lucratif), d’autres sont imposables à l’IS à des taux réduits
(voir ci-après).

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158 Corrigé UE 1
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3. Régime fiscal
Recettes activités Recettes activités
lucratives non lucratives
Cotisations 148 000
Cours et entraînements 20 000

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Bar 40 000
Ventes d’articles de sport 12 000
Location espaces publicitaires 6 000
Total des recettes (hors produits financiers) 58 000 168 000

Lorsque les activités lucratives représentent des recettes qui n’excèdent pas 63 059€ pour l’année 2019 (les activités non
lucratives étant prépondérantes), les impôts commerciaux (IS, TVA et CET) ne sont pas applicables (mécanisme dit de la
« franchise des activités accessoires lucratives »). Les revenus des activités financières ne sont pas pris en compte pour
l’appréciation du seuil de 63 059; ils demeurent soumis à leur régime propre.

NB : en matière d’IS, ce plafond s’applique aux exercices clos à compter du 31/12/018, en matière de TVA et CET, il
s’applique à l’année civile 2019 ; il est revalorisé annuellement.

IS :
L’association SPORTING CLUB est exonérée d’IS sur l’ensemble des recettes listées dans le tableau ci-avant. Elle est
aussi exonérée sur la subvention de la municipalité puisque les impôts commerciaux ne sont pas applicables.
En ce qui concerne ses recettes financières :
- dividendes de sociétés françaises : ils sont taxés à l’IS au taux spécial de 15%;
- intérêts de comptes à terme : ils sont taxés à l’IS au taux spécial de 24% ;
- intérêts d’obligations (émises après 1987) : ils sont taxés à l’IS au taux spécial de 10%.
D’où IS = (1 000 x 15%) + (5 800 x 24%) + (3 000 x 10%) = 1 842 €.

TVA :
Toutes les recettes de l’association SPORTING CLUB sont exonérées de TVA. En conséquence, aucune TVA ne peut
être déduite sur les frais et achats que l’association effectue.

4. Emploi de salariés
La question qui se pose est : l’emploi de salariés modifie-t-il le caractère désintéressé de la gestion ?
L’administration a répondu : « Un organisme peut recourir à une main-d’œuvre salariée sans que cela remette en cause
le caractère désintéressé de sa gestion. Cependant, si le montant des salaires alloués ne correspond pas à un travail
effectif ou est excessif eu égard à l’importance des services rendus, compte tenu des usages professionnels, le caractère
désintéressé de la gestion ne peut pas être admis. »
Au cas présent, les salaires n’étant pas excessifs, l’association peut employer ce personnel sans problème.
Comme tout employeur, l’association SPORTING CLUB est redevable, en sa qualité d’employeur, des cotisations, impôts
et taxes dus sur ces salaires :
- cotisations sociales : elles sont normalement dues (cotisations sécurité sociale, chômage, retraite…) sur l’ensemble
des sommes versées au salarié en cette qualité (salaire de base, heures supplémentaires, primes, gratifications,
avantages en nature...) ;
NB : Par dérogation et à certaines conditions, il est appliqué une assiette forfaitaire dans des cas particuliers (centre de
vacances et loisirs pour enfants ou adultes handicapés, structures agréées au titre de l’aide sociale...).
- taxe sur les salaires : en tant qu’employeur non soumis à la TVA, SPORTING CLUB est redevable de la taxe sur les
salaires ; toutefois, en tant qu’association loi 1901 (cf. art. 1679 A du CGI), elle bénéficie d’un abattement égal à
20 835
- pour la taxe due en 2019 (montant réévalué chaque année) ; donc si la taxe calculée n’excède pas ce montant, aucun
versement ne doit être effectué à ce titre ;
- taxe d’apprentissage : en tant qu’organisme sans but lucratif exonéré d’IS, SPORTING CLUB n’est pas assujettie à
la taxe d’apprentissage (le fait que des recettes financières soient taxables à l’IS au taux réduit ne modifie pas cette
règle ; de plus, l’emploi éventuel de salarié affecté à l’activité financière ne modifierait pas cette règle) ;
- participation formation continue (PFC) : tous les employeurs sont assujettis à la PFC, qui est donc due par
SPORTING CLUB ;
- participation construction (PC) : les associations entrent dans le champ d’application de la PC, mais seulement
lorsqu’elles emploient 20 salariés ou plus, comme tout employeur. SPORTING CLUB n’est donc pas assujettie à la
PC.

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UE 1 Corrigé 159
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

5. Régime fiscal si les recettes du bar s’élevaient à 50 000 €


Recettes activités Recettes activités
lucratives non lucratives
Cotisations 148 000
Cours et entraînements 20 000

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Bar 50 000
Ventes d’articles de sport 12 000
Location espaces publicitaires 6 000
Total des recettes (hors produits financiers) 68 000 168 000

Dans cette hypothèse, la franchise des activités accessoires lucratives ne trouverait pas à s’appliquer.
Les activités non lucratives restant significativement prépondérantes, l’association SPORTING CLUB resterait considérée
comme organisme non lucratif. Toutefois, les activités lucratives suivraient le régime suivant :

IS :
Un « secteur lucratif » devrait être constitué : il regrouperait les activités de bar, ventes d’articles de sport et location
d’espaces publicitaires. Ce secteur serait assujetti à l’IS dans les conditions de droit commun (les frais et charges
« affectés » à ces activités – notamment les dépenses de personnel – seraient donc déduits des recettes, dans les
conditions de droit commun, pour former le bénéfice imposable). L’IS serait payé dans les conditions de droit commun
(paiement de 4 acomptes et d’un solde de liquidation)

TVA :
Les recettes provenant d’activités lucratives seraient en principe soumises à la TVA et devraient être sectorisées (création
d’un secteur distinct pour chaque activité lucrative).
Toutefois, il existe en matière de TVA certaines exonérations spécifiques. À ce titre sont exonérées les ventes d’objets
divers consenties aux membres de l’association, à condition qu’elles n’excèdent pas 10% des recettes totales et que
l’association n’ait pas recours à des pratiques commerciales (notamment publicité commerciale à destination des non-
membres pour faire connaître ses activités). Mais ne peuvent pas bénéficier d’exonération de TVA à ce titre les opérations
de restauration et l’exploitation des bars et buvettes.
L’association SPORTING CLUB resterait donc exonérée de TVA sur les ventes d’articles de sport (puisque 12 000 € < 10%
de 236 000 € = 168 000 + 68 000) – donc corrélativement la TVA payée sur les achats de marchandises ne serait pas
déductible –, mais serait soumise à la TVA sur les autres activités lucratives.
Le régime applicable serait de droit le régime du réel normal pour ces activités de bar et location d’espaces publicitaires ;
toutefois, SPORTING CLUB pourrait bénéficier du régime de la franchise en base (en effet, les recettes lucratives totales
n’excèdent pas 82 800 € et les recettes lucratives représentatives de services n’excèdent pas 33 200 € ; cf. seuils
applicables pour la période 2017-2019 et réévalués tous les 3 ans) ; l’option pour ce régime de la franchise exonèrerait
SPORTING CLUB de TVA à collecter sur ces recettes, mais l’empêcherait corrélativement de déduire la TVA payée en
amont et affectées aux activités taxables.

NB : l’assujettissement à la TVA aurait aussi des conséquences sur l’assujettissement à la taxe sur les salaires.

6. Régime des locations d’espaces publicitaires


Traitement fiscal des sommes versées par les entreprises louant les espaces publicitaires
S’agissant d’une prestation de publicité, la dépense correspondante serait normalement déductible des résultats
imposables des entreprises louant ces espaces.

Hypothèse : sommes versées nettement supérieures aux avantages publicitaires obtenus


Dans ce cas, les sommes s’apparenteraient à un don pour les entreprises les versant, et relèveraient du régime du
mécénat. Ces dépenses, en tant que don à une œuvre d’intérêt général à caractère sportif, ne seraient donc pas
déductibles du résultat imposable des entreprises, et ouvriraient droit à une réduction d’impôt (IR ou IS selon la nature des
entreprises) égale à 60% de leur montant.
Le montant limité à la plus hautes des deux limites suivantes :
- 5 pour mille du CA
- 10 000 €).

Analyse fiscale pour l’association SPORTING CLUB


S’agissant d’une somme qualifiée de don (et non plus de contrepartie d’une prestation publicitaire), l’association
SPORTING CLUB ne pourrait plus être considérée comme rendant une prestation publicitaire aux entreprises. En
conséquence, l’activité devrait être considérée comme non lucrative, avec les conséquences que cela emporterait pour
l’IS et la TVA (recette exonérée).

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160 Corrigé UE 1
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GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

7. Champ d’application des procédures collectives à une association


La loi du 26 juillet 2005 soumet toute personne morale de droit privé aux procédures de sauvegarde (art. L620-2 al. 1
C.Com), de redressement judiciaire (art. L631-2 al. 1) et de liquidation judiciaire (art. L640-2 al. 1).
L’association SPORTING CLUB étant une personne morale de droit privé (association déclarée) peut, si les autres
conditions de soumission à ces procédures sont remplies, en bénéficier.

ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:342619469:88880154:102.52.165.78:1587410358


Remarque : une association n’est pas dissoute par le seul fait de sa mise en liquidation judiciaire (à la différence d’une société
puisqu’en vertu de l’article 1844-7, 7° du code Civil, le jugement ordonnant la liquidation judiciaire d’une société
entraîne sa dissolution).
Donc après la décision de clôture de la procédure pour extinction de passif, l’association redevient maîtresse de
ses biens et continue d’exister (Cass.Com 14.10.2004 ; Cass.Com 19.10.2010).

8. Création d’une société commerciale – Types de sociétés possibles


Création d’une société commerciale
Selon l’article L122-1 du Code du Sport, toute association sportive affiliée à une fédération sportive, qui participe
habituellement à l’organisation de manifestations sportives payantes qui lui procurent des recettes d’un montant supérieur
à 1 200 000 € ou qui emploie des sportifs dont le montant total des rémunérations excède 800 000 €, constitue pour la
gestion de ces activités une société commerciale soumise au code de commerce.
L’association Sporting Club organise des manifestations gratuites et rémunère deux nageurs dont le montant total des
rémunérations (24 000 € par an) n’excède pas 800 000 €. Elle n’a pas à créer une société commerciale.

Types de sociétés
Selon l’article L122-2 du Code du sport, la société sportive peut prendre la forme :
1° Soit d’une société à responsabilité limitée ne comprenant qu’un associé, dénommée entreprise
unipersonnelle sportive à responsabilité limitée ;
2° Soit d’une société anonyme à objet sportif ;
3° Soit d’une société anonyme sportive professionnelle ;
4° Soit d’une société à responsabilité limitée ;
5° Soit d’une société anonyme ;
6° Soit d’une société par actions simplifiée.

9. Responsabilité d’une association sportive envers ses membres


Une association sportive qui met ses locaux et son équipement à la disposition de sportifs exerçant librement leur activité
est tenue envers ces derniers d’une obligation contractuelle de sécurité, de prudence et de diligence. Un arrêt de la cour
de cassation civile du 15.12.2011 pose clairement le principe favorable aux victimes de cette obligation de sécurité quand
les sportifs pratiquent librement leur sport, sans encadrement.
Une association doit souscrire une assurance responsabilité civile afin de couvrir les risques pécuniaires encourus en cas
de dommage causé par ses salariés, bénévoles, adhérents et dirigeants à un tiers.

Dans notre cas, l’association peut voir sa responsabilité engagée en cas de dommage subi par l’un de ses membres.

ISBN : 978-2-35765-841-7
ISSN : 1961-1641

Imprimé en France en août 2019 par Impremium, Marseille


Dépôt légal : août 2019

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