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PROCEDURE CIVILE 

:
Domaine d’application :
La procédure civile est comme son nom l’indique la procédure de la société civile, et
qui de ce fait n’est pas limité au droit civil proprement dit, c’est ainsi qu’elle couvre
toutes les activités qu’il s’agisse de celles à caractère civil, sociales, commerciales et
administratives à l’exception des infractions pénales, et militaires, il va de soi que le
législateur prends soin lorsqu’il estime nécessaire de consacrer des dispositions
spécifiques, au niveau du code de procédure civile, afin de tenir compte des
particularités de certaines matières tel que le statut personnel, social, commercial…
La même technique a été suivie par la réforme législative sur les tribunaux
administratifs. La procédure civile constitue une technique d’organisation et de
procès en ce sens qu’elle permet d’assurer la conduite d’un procès avec sérénité et
sécurité juridique. Sur le plan étymologique du terme la procédure civile revêt 2
sens :

Au sens large : elle désigne l’ensemble des formalités devant être suivies pour
l’obtention d’un certain résultat

Au sens plus restreint : elle détermine les formalités à accomplir pour saisir
valablement une juridiction donnée. Ainsi, la procédure civile est constituée par
l’ensemble des règles qui régit l’organisation et le fonctionnement de la justice aussi
bien dans les rapports entre les particuliers que leurs relations avec l’Etat. Elle
permet aux justiciables de s’adresser aux juridictions pour obtenir la reconnaissance
de leurs droits et précise les moyens d’assurer l’exécution forcée des obligations à
l’encontre de leurs débiteurs ainsi que les sanctions appropriées

La procédure civile comporte 3 types de règles fondamentales :

1- Tout d’abord celles relatives à l’organisation judiciaire


2- Ensuite celles régissant la compétence
3- Et enfin celles concernant la procédure proprement dite

Quant aux voies d’exécutions, elles constituent le prolongement normal de la


procédure civile, et, peuvent être définies comme étant des procédures visant
l’exécution soit d’un engagement soit une décision judiciaire. En fait seul l’exécution
sur les biens constituent actuellement le procédé principal qui est réalisé par les
saisines.

Cadre juridique :
La procédure civile a été régie par le dahir du 12 aout 1913, qui a été remanié de
façon assez profonde, il a été remplacé par le dahir du 28 septembre 1974 qui a
marqué la naissance d’un nouveau code de procédure civile. A son tour, ce dernier a
fait l’objet de plusieurs modifications par plus de 20 textes. Au cours de la dernière
décennie du 20ème siècle, le mouvement de codification s’est intensifié dans les
différentes branches de droit marocain en général, et en procédure civile en
particulier. A la fin de la première décennie du 21ème siècle est marqué par un
tournant décisif dans la stratégie et la vision des reformes. C’est ainsi le discours
royal du 20 Aout 2009 prononcé à l’occasion de la célébration du 56 ème anniversaire
de la révolution du roi et du peuple a marqué le départ d’une réflexion sur une
réforme profonde de la justice. « Pour le souverain, au lieu de quelques mesures
étriquées nous avons décidé de mettre au point une reforme substantielle qui ne se
limite pas au seul secteur judiciaire mais qui par sa consistance et sa globalité
englobe l’ensemble du système de la justice »

Dans ce sens, le discours royal annonce 6 domaines d’actions prioritaires :

1- La consolidation des garanties de l’indépendance de la justice


2- La modernisation du cadre normatif
3- La mise à niveau des structures judiciaires et administratives
4- La mise à niveau des ressources humaines
5- L’amélioration de l’efficience judiciaire
6- La moralisation de la justice

Depuis ce discours royal, les services du ministère de la justice se sont activés pour
mettre en œuvre des projets de réforme dans ce sens. Selon le professeur
MOHAMMED JALAL ESSAID, il est à reconnaître que ces travaux préparatoires
étaient éclipsés par la charte de la réforme du système judiciaire daté du mois de
juillet 2013. Ce document assez détaillé de 200 pages est le fruit de plusieurs
séminaires régionaux tenus sous l’égide de la haute instance du dialogue national
sous la réforme du système judiciaire. Cette haute instance a eu le mérite de lancer
le chantier de la mise en œuvre de la constitution de 2011 en associant les opinions
les plus diverses représentant les secteurs professionnels, les universitaires, le corps
judiciaire, le corps militaire, la gendarmerie, la police, les experts, et tous les
professionnels impliqués. Il est à rappeler que le rédacteur de cette charte avait
dressé un diagnostic des faiblesses du système judiciaire dont notamment la lenteur
la complexité, le manque de transparence. Cette charte a arrêté 18
recommandations.

A ce jour, les textes importants sur l’indépendance du pouvoir judiciaire ont été
adoptés et certains même sont rentrés en vigueur. Ainsi ont été publiés au BO du 18
Août 2016, les lois organiques relatives au dahir du conseil supérieur du pouvoir
judiciaire et le statut des magistrats. Il est à noter que les membres du conseil
supérieur du pouvoir judiciaire ont été déjà installé le 6 avril 2017 et devront
élaborer un code de déontologie en leur qualité de garant des droits des magistrats.
Le président délégué du conseil supérieur du pouvoir judiciaire a annoncé en 2017,
21 dossiers disciplinaires ont été ouverts, et 15 ont été retenus (par exemple,
certains magistrats ont eu une exclusion 6 mois sans salaires) cependant le conseil a
fait bénéficier 340 magistrats d’un avancement de grade.

Par la suite a été promulgué le dahir du 17 Août 2017 relatif au transfert des
attributions de l’autorité gouvernementale chargé de la justice au procureur général
du roi auprès de la cour de cassation en qualité de chef du ministère public et
édictant des règles de présidence du ministère public. Lors de la première édition de
la conférence internationale de la justice tenue à Marrakech du 2 au 4 avril 2018 le
Roi a adressé un message fort, il a précisé que : « le Maroc a réalisé les avancés
dans la mise en place d’un cadre institutionnel de son système judiciaire,
néanmoins, et à l’instar de tous les pays qui attachent une importance capitale à la
justice, il reste préoccupé par les défis auxquels se trouvent confrontés les
différents systèmes judiciaires à travers le monde. De ce point de vue, le premier
impératif est de garantir l’effectivité de l’indépendance du pouvoir judiciaire dans
le fonctionnement pratique de la justice »

Au niveau de l’axe de l’efficience, le bilan de 2018 des tribunaux traduit un impact


positif des nouvelles réformes entrées en vigueur. C’est ainsi que 2 901 975 ont été
enregistrés dont 85% attribués aux tribunaux de première instance

A l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire en Janvier 2020, le président délégué


du conseil supérieur du pouvoir judiciaire, s’est félicité du nombre de jugements
rendus par les tribunaux marocains, et qui s’élèvent à 3 172 653 soit une moyenne
de 1133 décisions par juge. Au niveau de la cour de cassation, il a relevé que 51 551
affaires ont été enregistrés en augmentation de 2,21%. Il a également souligné que
le nombre des affaires jugés en 2019, a connu une augmentation atténuant 46 726
décisions soit un bond de 17% en précisant que la proportion des cas résolus en
moins d’1an s’est établit à 77%. Le président a rappelé le lancement de l’application
de la e-délibération, dans nombres de services de cassation La dématérialisation des
décisions et de l’archivage outre les projets techniques qui seront lancés en 2020
dans plusieurs circonscriptions judiciaires pilotes avant leur généralisation Pour sa
part, le procureur général du roi près de la cour de cassation et président du
ministère public MR. Abdennabaoui a annoncé que la justice est devenue
aujourd’hui non seulement indépendante, mais a été érigée en 3ème pouvoir. Pour
surmonter les difficultés liées au retard des jugements devant la cour de cassation. Il
a fait appel au pouvoir exécutif et au pouvoir législatif afin de mettre en place un
dispositif juridique visant à limiter le pourvoi en cassation et donner la priorité aux
affaires les plus importantes. Dans l’attente de la finalisation et surtout de l’entrée
en vigueur se l’ensemble des textes sur les 6 axes principaux cités, et surtout de
l’avant-projet de code de procédure civile, intégrant les effets de ces réformes
comportant les orientations, la procédure civile demeure régie par le code de PC
marocain du 9/1974 tel que modifié comme précisé précédemment. Ce code est
composé de 528 articles répartis en 10 titres.

Le titre premier : comporte les dispositions préliminaires et le rôle du ministère


public devant les juridictions civiles

Le deuxième titre : la compétence des juridictions

Le troisième titre : la procédure devant les juridictions de première instance

Le quatrième titre : les procédures en cas d’urgences, et l’injonction de payer

Le cinquième titre : Les procédures spéciales

Le sixième titre : Les procédures devant la cour d’appel, et les chambres d’appels
de 1ère instance

Le septième titre : La cour de cassation

Le huitième titre : la rétractation

Le neuvième titre : Les voies d’exécution

Le dixième titre : Dispositions générales

Le conseil du gouvernement du 19 février 2016 a adopté un projet de loi n°38-15


relatif à l’organisation judiciaire du royaume. Ce projet de loi intervient dans le cadre
du chantier global de la réforme de la justice, il insiste en particulier sur le
renforcement des droits des justiciables en prévoyant notamment le principe du
bénéfice de l’assistance judiciaire et de la perception de dommages-intérêts en cas
d’erreur judiciaire. Aussi, il accorde une importance à l’exécution des jugements et
des procédures auprès des tribunaux de manière à garantir un procès équitable,
ainsi que le respect des droits de la défense et le prononcé du jugement dans un
délai raisonnable. Le projet de loi prévoit également des dispositions tendant à
faciliter l’accès à l’information juridique et judiciaire en permettant aux justiciables
de suivre leurs procédures à distance dans le respect des données personnels des
individus et l’emploi d’un langage accessible. S’agissant des règles de
fonctionnement des instances judiciaires, le projet met l’accent sur la nécessité d’un
fonctionnement régulier des tribunaux permettant d’assurer la continuité des
services et la tenue des audiences.

Il confirme la langue arabe comme langue de plaidoirie devant les tribunaux, et de


formulation des jugements tout en tenant compte des dispositions constitutionnelles
relatives à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe. Le projet de
loi met l’accent sur la nécessité de motiver les jugements qui ne peuvent être
prononcés qu’avant leur rédaction complète. Par ailleurs, les jugements doivent
concilier l’avis divergent dans l’exposé des motifs afin de mieux déterminer les
responsabilités en cas où celles-ci sont engagées par suite d’erreurs judiciaires.

Quant à l’organisation interne, le projet élargie le rôle de l’assemblée générale du


tribunal en imposant un certain nombre de nouveautés dans le cadre de la gestion
administrative des tribunaux. C’est ainsi qu’il instaure l’unification des greffes au
niveau du tribunal, la création de la fonction du secrétaire général du tribunal chargé
de la gestion administrative de la juridiction avec la mise en place d’un système de
coordination général. Par ailleurs, S’agissant des composantes des tribunaux, le
projet de loi supprime les chambres d’appels au sein des tribunaux de 1 ere instance,
et instaure la possibilité de créer par décret après consultation du conseil supérieur
du pouvoir judiciaire des sections spécialisées en matière de justice commerciale et
administrative. Il a également élargi le principe du juge unique dans le domaine de la
famille pour inclure notamment les affaires du divorce par consentement mutuel, la
pension alimentaire, l’indemnité pour la garde des enfants…

Enfin, le projet élargit du domaine d’application de la justice collégial au sein des


tribunaux de 1ere instance en incluant les affaires correctionnelles.

Les caractéristiques générales de la procédure civile  :


Les caractéristiques de la procédure civile :

1. La procédure civile est essentiellement une procédure de type inquisitoire. Dans le cadre
de la procédure de type accusatoire, les parties et leurs mandataires ont la direction du
procès en ce sens qu’elles ont l’initiative de son déclenchement et peuvent le conduire
jusqu’à son terme, c’est notamment le cas du système français ou le juge apparaît comme
un arbitre passif dont le rôle se limite à rendre le jugement qui tranche le litige. En revanche,
la procédure civile marocaine est une procédure de type inquisitoire, en ce sens que le
procès est dirigé non par les parties et leurs mandataires mais par le juge lui-même. Ce
caractère se traduit dans l’institution du juge rapporteur, aussi bien devant les tribunaux de
première instance, les tribunaux administratifs et de commerce ainsi que devant la Cour de
Cassation. (Article 334 du code de procédure civile) Toutefois, un praticien de droit a noté
que faute de moyens matériels et humains suffisants, le juge n’est pas toujours en mesure
de se consacrer entièrement au rôle véritable consistant à instruire et à juger l’affaire. En
conséquence, il se borne souvent à insister passivement à l’échange ininterrompu des
conclusions entre les parties. De ce fait, certains traits caractéristiques de la procédure
accusatoire ne sont donc pas totalement absents.

2. La procédure civile est un droit servant et sanctionnateur : contrairement au droit civil, la


procédure civile n’est pas un droit substantiel mais un droit sanctionnateur qui n’a pour
objectif que la réalisation des droits subjectifs substantiels. En conséquence, la procédure
n’est donc pas une fin en soi, mais elle sert les droits substantiels. Du fait de son rôle
d’auxiliaire aux droits substantiels, la procédure civile dépend de ce dernier et n’existe que
par lui.

3. La procédure civile est un droit indépendant : bien qu’au service du droit substantiel, la
procédure civile n’en concerne pas moins en principe son autonomie, comme en témoigne
le fait qu’elle est insérée dans un code spécifique à savoir le Code de procédure civile.

4. La procédure civile est une discipline technique érigée en véritable science du procès :
considérée traditionnellement comme complexe, trop technique, constituée d’un ensemble
de formalités minutieuses et dissuasives, la procédure civile a progressivement perdu la
réputation négative qu’on lui attribuait à tort, elle est désormais perçue comme une
discipline réellement noble et utile. Pendant longtemps, la matière a été négligée,
notamment dans l’enseignement et souvent apparue comme mineure ou secondaire, la
discipline procédurale est désormais incontournable et traite tant de l’action en justice, de la
compétence, de l’instance, que du jugement et des voies de recours. La connaissance des
droits substantiels se révèle insuffisante à elle seule et il s’avère de plus en plus que la
maîtrise du droit procédural est indispensable pour assurer leur mise en mouvement et leurs
sanctions. C’est avec l’apparition du droit procédural que la matière a acquis ses lettres de
noblesse accédant au statut de science du procès. En outre, la technique procédurale est
étudiée pour elle-même mais également en lien avec la protection des libertés publiques des
justiciables dans le procès.

5. La procédure civile est constituée par des règles procédurales rigoureuses : les règles
procédurales se caractérisent par leur formalisme et leur impérativité.

➢ Le formalisme des règles procédurales se traduit dans le fait que le procès civil obéit à des
règles rigoureuses. Il impose aux justiciables des délais pour agir que ce soit diligenter une
action en justice ou exercer des voies de recours ou constituer un avocat devant les
juridictions ou encore pour présenter des conclusions devant les tribunaux pendant la phase
d’instruction. En outre le Code de procédure civile requiert parfois des parties la formulation
de leurs prétentions ou de certaines de leurs demandes dans les écrits. Il les contraint
également à respecter un ordre déterminé dans le développement de leurs arguments de
défense. Le formalisme du procès civil s’impose également au juge qui doit rendre un
jugement écrit en langue arabe comportant un certain nombre de mentions sous peine de
nullité. Le formalisme du procès civil n’est pas fortuit, il est imposé au justiciable et au juge
d’abord pour donner un cadre précis et prévisible à l’action en justice et ensuite pour éviter
l’arbitraire et assurer des garanties aux justiciables.

➢ L’impérativité des règles procédurales constitue la deuxième manifestation de cette


rigueur, elle s’explique par le fait que la justice est un service public et qu’il serait anormal
d’abandonner au justiciable le choix de la juridiction à saisir ou le choix d’une procédure. De
ce fait les règles de procédure civile sont impératives et échappent en principe à la volonté
des parties. Toutefois, le caractère impératif ne concerne pas toutes les règles de la
procédure civile, seules les règles relatives à l’organisation judiciaire le sont absolument. Les
règles de procédure civile sont applicables sur l’intégralité du territoire marocain. De plus,
lorsque le législateur n’a pas édicté de règles de droit transitoires, les lois de procédures
sont susceptibles de s’appliquer immédiatement aux instances futures et mêmes aux
instances en cours.

Partie 1 : l’action en justice

Chapitre I - Les règles générales régissant l’action en justice :

Pour qu’une action « da3oua » puisse favorablement aboutir, il est nécessaire qu’elle
s’appuie sur un droit juridiquement reconnu. Dans le droit marocain, il n’existe pas de règles
limitant le droit pour une personne de saisir un tribunal en dehors des conséquences d’un
éventuel abus de droit. Il va de soi que si une action peut effectivement être engagée sans
fondement juridique, elle sera vouée à l’échec. A l’inverse, un droit peut exister sans donner
lieu à la mise en œuvre d’une action, ainsi la victime d’un léger dommage pourra juger utile
d’en poursuivre le responsable, il en résulte que le droit est indépendant de l’action
proprement dite. Quant à la demande « talab », elle constitue l’acte par lequel l’action est
effectivement engagée. Elle diffère toutefois de l’action elle-même, en ce sens que son
introduction n’épuise pas nécessairement la faculté d’exercice de l’action par le demandeur.
Ceci a d’ailleurs des conséquences pratiques, une demande tendant à la reconnaissance d’un
droit rejetée pour insuffisance de pièces justificatives ou déclarée irrecevable pour des
raisons de forme peut être à nouveau formulée et accueillie si elle est par la suite régulière
et assortie des justifications requises. Par contre si le tribunal a examiné le fond de la
contestation qui lui est soumise, et s’il a rendu une décision sur le fond, l’action ne peut plus
être valablement exercée par application de la règle de l’autorité de la chose jugée. Une
autre conséquence de la distinction entre action et demande se trouve en matière de
désistement. Le désistement sur l’action met fin définitivement aux prétentions du
demandeur. En revanche, si ce dernier s’est désisté seulement sur sa demande sans
renoncer à son action, il pourra éventuellement introduire ultérieurement une nouvelle
instance. Toutes les actions obéissent à des règles communes qui s’imposent aussi bien aux
magistrats qu’aux plaideurs.

➢ S’agissant des magistrats il y a lieu de rappeler un principe juridique fondamental selon


lequel le juge ne peut être dispensé de juger ou de rendre une décision, ainsi toute affaire
portée devant une juridiction doit donner lieu à une décision. Cependant, en cas de
désistement et s’il n’y a pas d’opposition, l’affaire est radiée et mention de cette radiation
est portée au registre des audiences. De plus, le Code de procédure civil impose pour le juge
saisi de statuer dans les limites fixées par les demandes des parties et ne peut modifier
d’office ni l’objet, ni la cause de ces demandes. Toutefois il doit toujours statuer
conformément aux lois qui régissent la matière même si l’application de ces lois n’est pas
expressément requise par les parties. Par ailleurs, le Code de procédure civile interdit à un
magistrat de connaître en appel ou en cassation une affaire dont il a déjà eu connaissance
dans une juridiction de degré inférieur.

➢ Quant aux plaideurs, ils sont tenus d’exercer leurs droits selon les règles de bonne foi
conformément à l’article 5 du Code de procédure civile. La jurisprudence de la Cour de
Cassation est constante dans l’application de ce principe. Dans un arrêt du 06 Octobre 1999,
elle a considéré que l’engagement de l’action devant un Tribunal, du territoire d’un lieu
autre que le domicile réel du défendeur afin de priver ce dernier de son droit de recours, est
contraire au principe de bonne foi institué par l’article 5 du Code de procédure civile et que
ce moyen a une relation étroite avec le principe des droits de la défense et constitue une
règle de fond. Dans un autre arrêt de la Cour Suprême du 26 Octobre 2005, il a été jugé que
constitue une violation du principe de bonne foi, le fait pour une femme d’avoir sollicité la
convocation de son mari dans une adresse autre que celle de son domicile réel qu’elle savait
parfaitement qu’il se situait en Hollande et sur lequel elle avait déjà entamée une action
auparavant. L’avant-projet du Code de procédure civile a institué des sanctions pour non-
respect de la condition de bonne foi, ainsi il a prévu qu’il sera prononcé à l’encontre de
toute personne qui exerce ses droits de mauvaise foi une amende versée au profit de la
trésorerie générale allant de 500 à 5000 dirhams et ce en plus du dédommagement
demandé par la partie lésée.

Section I - Les conditions de l’exercice de l’action :


L’action en justice peut être librement exercée du fait de l’absence d’une disposition de la
procédure marocaine faisant obstacle à ce qu’un Tribunal soit saisi par toute personne sur
une prétention de quelque nature que ce soit. En particulier, la nationalité du demandeur ne
constitue pas une condition de l’action. De même, ce dernier ne devra pas en principe
fournir comme dans certaines autres législations, une caution garantissant le paiement des
frais et des dommages en cas de rejet de ses prétentions. Sous réserve du paiement
préalable de la taxe judiciaire, l’accès aux tribunaux est entièrement libre, mais l’action en
justice ne sera recevable que si celui qui l’exerce justifie de la réunion d’un certain nombre
de conditions. L’article premier du Code de procédure civile énumère ces conditions en
précisant que : « Seules peuvent ester en justice les personnes qui ont qualité, capacité et
intérêt pour faire valoir leurs droits. », ces trois conditions à caractère d’ordre public
(aucune dérogation n’est permise). Le juge relève d’office le défaut de la qualité ou de
capacité ou d’intérêt ou le défaut d’autorisation lorsque celle-ci est requise. Il met en
demeure la partie pour régulariser la situation dans un délai qu’il fixe. Si la régularisation
intervient, l’action est considérée comme valablement engagée, dans le cas contraire, le
juge déclare l’action irrecevable. La jurisprudence est constante dans l’application de ces
conditions, elle considère aussi que le défaut de l’une de ces conditions peut être invoqué à
tout moment de la procédure. L’avant-projet du Code de procédure civile a donné une assise
légale à cette tendance jurisprudentielle en précisant que le défaut de l’une de ces actions
peut être invoqué à tout moment de la procédure aussi bien en première instance qu’en
appel.

Paragraphe Ier - La qualité :


La qualité est le titre qui autorise une personne à exercer en justice le droit qu’elle veut faire
reconnaître ou sanctionner. Celui qui exerce une action doit justifier qu’il est lié par un
rapport de droit avec celui qu’il poursuit. Ce rapport est entendu au sens large, qu’il s’agisse
d’un lien contractuel, quasi-contractuel, délictuel ou quasi-délictuel. La Cour de cassation a
jugé dans un arrêt du 26 Avril 2012, que le changement de dénomination d’une société ne
constitue pas la création d’une entité juridique nouvelle dès lors que les associés, personnes
physiques sont demeurés identiques. De ce fait, ce changement de dénomination ne
constitue pas un défaut de qualité dans le conflit se déroulant devant la justice. En revanche
dans un arrêt de la Cour Suprême du 28 Mai 2008, il a été jugé que l’appel interjeté à
l’encontre d’une personne dont il a été établi qu’elle était décédée en cours de première
instance, était dirigé contre une personne privée de la qualité juridique. Cependant, bien
qu’elle ne soit pas expressément consacrée par les textes, l’action oblique (c’est l’action qui
permet à un créancier d’exercer les droits sur son débiteur négligeant s’abstenant de faire
valoir comme par exemple celui de faire inscrire sur les titres foncier la dévolution
successorale sur son profit) est admise par la doctrine et par la jurisprudence marocaine. En
revanche, certaines actions appelées attitrées, ne peuvent être exercées que par une
personne déterminée. (Ex : Mariage)

Paragraphe II - La capacité :
Il s’agit évidemment de la capacité juridique, elle est appréciée différemment selon qu’il
s’agit de personnes physiques ou de personnes morales. Pour les personnes physiques, le
demandeur devra avoir atteint l’âge de la majorité et ne pas être pourvu d’un tuteur ou d’un
administrateur légal. Le mineur ne pourra pas agir lui-même et devra donc être représenté
par son tuteur. L’avant-projet du Code de procédure civile, prévoit la possibilité pour le
tribunal d’autoriser un mineur à ester en justice lorsqu’il est dépourvu d’un représentant
légal ou n’a pu être représenté. La capacité présuppose l’existence juridique du demandeur.
Cela signifie que ne sera pas admise une action exercée au nom d’une personne décédée.
S’agissant des personnes morales, le droit d’ester en justice est subordonné à leur existence
en conformité aux règles légales, à savoir, le respect des règles juridiques de constitution. Il
en résulte que la condition juridique n’est pas remplie pour une association n’ayant aucune
existence légale ou une société irrégulièrement constituée. Quant aux personnes morales de
droit privé en cours de constitution et particulièrement les associations, la jurisprudence a
eu l’occasion de statuer sur leur situation. Dans un jugement du tribunal administratif de
Rabat en date du 22 Juillet 2014, il a été considéré qu’une association qui ne dispose pas du
récépissé provisoire n’est pas autorisé d’agir en justice du fait qu’elle ne dispose pas de la
capacité juridique qui lui attribue cette qualité. En l’espèce, l’association dénommée « La
Liberté Maintenant-Commission de la défense de la liberté de la presse et d’expression au
Maroc » s’est vue refuser le dépôt de son dossier de constitution par le responsable du
bureau d’ordre de la Wilaya. Un recours pour excès de pouvoir a été exercé contre la

Décision de refus du Wali. Le tribunal administratif a considéré qu’en l’absence de récépissé


provisoire du dépôt, la personnalité morale de l’association n’est pas constituée ce qui l’a
privé du droit d’agir en justice. Cette décision du tribunal administratif de Rabat ne va pas
dans le sens de la jurisprudence de la Cour de cassation qui a décidée dans un arrêt du 21
Mars 2013, que le refus de délivrer un récépissé provisoire de dépôt de constitution d’une
association, constitue un excès de pouvoir justifiant la sanction. Enfin pour les personnes
morales de droit public, elles sont soumises à une tutelle administrative et ne peuvent
exercer d’action qu’avec l’autorisation de leur autorité de tutelle.

Paragraphe 3 : L’intérêt :


Cette condition est souvent exprimée sur la forme de l’adage : pas d’intérêt = pas d’action.
Avant le code 1974, cette condition était exigée uniquement par la jurisprudence du fait
qu’elle n’était pas expressément prévue par la loi. Désormais l’article 1 du code de
procédure civile du 28 septembre 1974 donne à cette condition une assise légale. L’intérêt
peut être matériel ou moral, toutefois, il doit être directe et personnel. L’application de ses
règles peut présenter des difficultés lorsqu’il s’agit de demander une réparation d’une
atteinte portée à des intérêts collectifs. A cet égard, l’article 10 du Dahir du 16 juillet 1957,
énonce que les syndicats peuvent devant toutes les juridictions exercées tous les droits
réservés à la partie civile relative aux faits portant un préjudice direct ou indirect à l’intérêt
collectif de la profession qu’il représente. Cette disposition met en relief la condition
essentielle de recevabilité de l’action du syndicat car c’est l’intérêt collectif de la profession
qui doit être lésé et non celui individuel d’un membre de cette profession.

Aussi l’intérêt doit être légitime, ainsi la Cour de cassation a -t-elle décidée que lorsqu’une
convention à une cause contraire aux bonnes mœurs, les contractants qui y ont sciemment
participé ne sont pas recevables à fonder sur elle une action pour obtenir soit l’exécution
soit la réparation du préjudice qui découle de son exécution. Le principe est qu’un intérêt
simplement éventuel ne suffit pas à fonder une action, mais ce principe n’est pas absolu. La
loi accorde dans certains cas, la possibilité au titulaire de droit qui peut n’être éventuel de
saisir les tribunaux. Il est possible d’obtenir en référé la désignation d’un expert pour faire
procéder à des constatations, et évaluer un préjudice même si les droits de celui qui aller ce
préjudice ne sont qu’éventuels. Cette faculté est d’ailleurs légalement consacrée par le dahir
du 2 Octobre 1984, relatif à l’indemnisation des victimes des accidents de circulations, dans
tous ces cas il s’agit de conserver des éléments de preuves qui pourraient avoir disparu au
moment où le droit prendrait effectivement naissance. L’avant-projet du code de procédure
civile à donner aux évolutions jurisprudentielles une assise légale, ainsi un article 1 alinéa 2 a
été ajouté à l’article 1 précisant que l’intérêt doit être réel et légitime, toutefois, un intérêt
éventuel peut fonder une action lorsque l’objet de la demande tend à prévenir un danger
imminent et qu’il y ait des craintes sur la disparation des preuves qui le justifie

Section 2 : Classification des actions :

Paragraphe 1 : action réelle, personnelle, mixte :


L’action est dite réelle lorsqu’elle a pour objet la reconnaissance d’un droit réel, ainsi,
l’action du demandeur qui revendique un objet perdu ou volé, est une action réelle puisque
son aboutissement consacrera le droit de propriété du demandeur sur cet objet, de même,
l’action tendant à la reconnaissance d’un droit de propriété ou de tout autre droit réel tel
qu’un usufruit, servitude, hypothèque sur un immeuble déterminé

En revanche, l’action relative à un droit personnel ou un droit de créance, est qualifiée


comme une action personnelle, c’est le cas du divorce ou en paiement d’une pension
alimentaire, ou dommages intérêts pour réparation d’un préjudice,

L’action mixte est celle qui a pour objet, d’obtenir à l’encontre d’une personne l’exécution
d’une obligation qui se traduira par le transfert d’un droit réel au profit du demandeur. La
distinction entre ces différentes catégories d’actions a des intérêts multiples notamment
pour la détermination de la compétence territoriale de la juridiction. S’il s’agit d’une action
réelle, le tribunal compètent sera celui de la situation de la chose, en cas d’action
personnelle, ce sera celui du domicile du débiteur, sauf, exceptions prévues par la loi. Enfin,
en cas d’action mixte, ce sera l’un ou l’autre de ces 2 tribunaux au choix du demandeur. Un
autre intérêt réside dans le fait que l’action personnelle ne peut être exercée qu’à l’encontre
du débiteur de l’action. En revanche l’action réelle, notamment l’action en revendication de
meubles perdus pourra être dirigée contre tout détenteur de la chose

Paragraphe 2 : actions mobilières et actions immobilières


Les actions mobilières : pour objet d’obtenir la sanction d’un droit de créance ou d’un droit
sur un bien mobilier.

Les actions immobilières : quant à ses actions, elles ont pour objet la reconnaissance d’un
droit immobilier, c’est le cas notamment de l’action tendant à faire juger qu’un droit de
préemption sur un immeuble a été valablement exercé, ou l’action au partage d’un
immeuble. L’intérêt de la distinction est principalement fondé sur la détermination de la
compétence territoriale. L’action immobilière doit être introduite devant le tribunal du lieu
de situation de l’immeuble, alors que l’action mobilière relevé de la compétence du tribunal
du domicile du défendeur, sauf les exceptions prévues par la loi.

Paragraphe 3 : actions pétitoires, actions possessoires


Parmi les actions réelles immobilières, une dernière distinction permet d’opposer l’action
pétitoire et l’action possessoire.

La 1ère permet de constater la propriété d’un bien immobilier par une action judiciaire en
revendications. C’est au juge qu’il revient de déterminer le titulaire de tel droit réel sur un
immeuble.

La 2nd a pour objet d’assurer la protection du possesseur d’un bien contre les troubles de
cette possession. Il est à noter que la possession est régie par l’article 166 du code de
procédure civile

Chapitre 2 : la compétence :


En terminologie judiciaire la compétence d’une juridiction peut se définir comme le pouvoir
qui lui est reconnu par la loi de juger le litige qui lui est soumis. Le législateur a institué des
règles générales qui s’imposent à toutes les juridictions civiles, commerciales,
administratives etc… Aussi, sauf dispositions légales contraires, il est interdit aux juridictions
de connaitre même accessoirement de toute demande tendant à entraver l’action de
l’administration de l’Etat, ou autres collectivités publiques ou à faire annuler un de leurs
actes Art 25 du CPC de 1974. Ce principe n’est tenu en échec qu’en matière de voie de fait.
L’administration ne saurait se faire justice elle-même, sans commettre une voie de fait que
le juge des référés est compétent pour faire cesser. Il est à noter que les dispositions de l’art
25 du CPC, n’ont pas été reprises dans l’avant-projet du CPC. Toutefois, cet avant-projet
maintien le principe interdisant aux juridictions de se prononcer sur la constitutionalité des
lois, une telle compétence est dévolue à la cour constitutionnelle en vertu de l’article 133 du
dahir du 29 juillet 2011, cet article dispose que la Cour constitutionnelle est compétente
pour connaitre d’une exception d’inconstitutionnalité soulevée au cours d’un procès lorsqu’il
est soutenu par l’une des parties que la loi dont dépend l’issue du litige porte atteinte aux
droits et libertés garanties par la constitution. Une loi organique fixe les conditions de
modalités d’application de cette disposition. Enfin, il y a lieu de préciser que sous réserve des
dispositions de l’Art 149 du CPC, chaque juridiction connait des difficultés relatives à
l’interprétation ou à l’exécution des jugements ou arrêts notamment celles relatives aux
frais exposes devant elles. Toutefois il est à souligner que, ne peuvent faire l’objet de l’appel
les décisions rendues en matière d’interprétation ou exécution des jugements sauf si les
jugements intervenus dans les instances principales étaient eux-mêmes susceptibles d’appel
Section 1ère : Compétence d’attribution :

1 : détermination de la compétence selon la nature des arrêts


Sous réserve de la compétence spéciale attribuée aux sections de la justice de proximité, le
tribunal de première instance connait de toutes les affaires civiles, de famille, commerciale,
administratif et sociale soit en premier et dernier ressort soit à charge d’appel.

Il est à noter que cette compétence est d’ordre public car l’article 18 alinéa du CPC dispose
que : il est également compétent nonobstant toute disposition contraire même au cas où
une loi spéciale aurait dévolue la connaissance d’une catégorie d’affaire à une autre
juridiction.

Il y’a lieu de préciser que la détermination de la compétence en raison de la nature doit être
appréciée à la lumière de celle des tribunaux administratifs conformément à l’article 8 de
dahir portant promulgation de la loi 41-90 du 10 septembre 1993.

Ainsi à la lumière de celle des tribunaux de commerce définis par la Loi 53-95 article 5 à 9

Il est assimilé que parallèlement au tribunal de première instance le président de ce tribunal


dispose d’une compétence spéciale pour ordonner certaines mesures ou statuer dans
certaines matières.

2 : détermination de la compétence selon la valeur du litige


Il est à noter que le taux de la compétence en dernier ressort est déterminé uniquement par
le montant de la demande tel qu’il résulte des dernières conclusions du demandeur et ce à
l’exception des frais de justice, des intérêts moratoires, des astreintes et des amendes
fiscales. Il y’a lieu de distinguer selon qu’il s’agit d’une demande déterminer ou
indéterminé.

Pour les litiges à valeur indéterminé la décision est rendu en premier ressort (à charge
d’appel)

Pour les litiges à valeur déterminé il y’a lieu de distinguer selon que la demande déterminée
est multiple ou unique.

S’il s’agit d’une demande unique, le TPI est compétent en premier ressort et à charge
d’appel devant les chambres d’appel les tribunaux de première d’instance pour les
demandes jusqu’à la valeur de 20 000DH.

En premier ressort et à charge d’appel devant la cour d’appel des demandes d’une valeur
supérieure à 20 000dh.
L’avant-projet du CPC établit une distinction selon les tribunaux et la nature des affaires

Pour les tribunaux de première instance le taux de compétence en dernier ressort est
abaissé à 5000DH, au-delà de cette somme l’affaire est jugée en premier ressort.

S’agissant des demandes multiples lorsque dans une même instance plusieurs demande sont
formulées par le même demandeur contre le même défendeur, la décision est prononcée à
charge d’appel si leur valeur globale dépasse le taux du dernier ressort alors même que ces
demandes seraient inférieures à cette somme.

La demande formulée par plusieurs demandeurs ou contre plusieurs défendeurs


collectivement ou en vertu d’un titre commun est jugée en dernier ressort si la part
afférente à chacun des demandeurs ne dépasse pas le taux du dernier ressort

En revanche elle est jugée pour le tout en premier ressort si la part d’un des intéressés
excède cette somme. Toutefois ces dispositions ne sont pas applicables en cas de solidarité
soit entre les demandeurs soit entre les défendeurs ou lorsque l’objet du litige est
indivisible.

Le tribunal connait de toutes les demandes reconventionnelles ou par compensation ou qui


par leur nature ou valeur sont dans les limites de sa compétence.

Lorsque chacune des demandes principales reconventionnelles ou en compensation dans les


limites de sa compétence en dernier ressort, il se prononce sans qu’il y ait lieu à l’appel.

Si l’une des demandes n’est susceptible d’être jugée qu’à charge d’appel, le tribunal se
prononce sur toutes les demandes qu’en premier ressort.

En matière sociale : le tribunal de première instance est compétent de connaitre les litiges
suivants :

- Les contestations individuelles relatives aux contrats de travail ou d’apprentissage et les


différends individuels en relation avec le travail ou l’apprentissage.

- La réparation des demandes résultant des accidents de travail et maladies professionnelles.


« Dahir 1963 » 

- Les contestations auxquelles peut donner lieu l’application des législations et


réglementations sur la sécurité sociale. 

Le juge statue en dernier ressort dans la limite de la compétence du tribunal de première


instance fixée à 20 000 DH et à charge d’appel si la demande est d’une valeur supérieure ou
si son taux est indéterminé.

Toutefois, il statue seulement en premier ressort en matière d’accidents de travail et de


maladies professionnelles ainsi que des pensions servies au titre de la sécurité sociale à
l’exception des contestations relatives à l’application des astreintes prévues par la législation
sur les accidents de travail et les maladies professionnelles qui sont jugées en dernier ressort
même si les demandes sont indéterminées.

Il est à noter que les dispositions relatives aux demandes reconventionnelles sont identiques
à celles précisées précédemment. Enfin, il y a lieu de préciser que les contestations et les
différends individuels relatifs aux contrats de travail et d’apprentissage ou en relation avec
ceux-ci doivent faire l’objet d’une seule demande sous peine d’irrecevabilité.

Toutefois, l’irrecevabilité peut être écartée si le demandeur peut justifier que les causes des
demandes nouvelles ne sont nées à son profit et non été connues de lui que
postérieurement à l’introduction de la première demande primitive.

Par ailleurs, demeurent recevable les demandes nouvelles qui sont formées avant que la
demande originaire soit définitivement jugée, auquel cas elles doivent être jointes à la
première demande pour qu’il soit statué sur l’ensemble des demandes par un seul et même
jugement.

Il est à noter que l’avant-projet du code e procédure civile prévoit la suppression de cette
dernière disposition.

S’agissant de la compétence matérielle des tribunaux administratifs, elle est définie par les
articles 8,

9, 20 et 44 de la loi 41.90 instituant les tribunaux administratifs promulgués par le Dahir du


10

Septembre 1993 tel que modifié et complété.

En vertu de cette loi, les tribunaux administratifs sont compétents pour juger en premier
ressort des actions suivantes :

● Les recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les décisions des autorités
administratives.

● Les litiges relatifs aux contrats administratifs.

● Les actions en réparation des dommages causés par les actes ou les activités des
personnes publiques à l’exclusion toutefois de ceux posés sur la voie publique par un
véhicule quelconque appartenant à une personne publique.

● Des litiges nés à l’occasion de l’application de la législation et de la réglementation des


pensions et du capital décès des agents de l’Etat, des collectivités locales, des établissements
publics, du personnel de l’administration de la Chambre des représentants et de la Chambre
des conseils.

● La législation et la réglementation en matière électorale.

● La législation et la réglementation fiscale.


● La droit de l’expropriation pour cause d’utilité publique.

● Les actions contentieuses relatives au recouvrement des créances du trésor.

● Les litiges relatifs à la situation individuelle des fonctionnaires et agents de l’Etat et


collectivités locales, établissements publics, des fonctionnaires de la Chambre des
représentants et de ceux de la Chambre des conseils.

Quant à la compétence matérielle des tribunaux de commerce, elle est déterminée par les
articles 5 à 9 de la loi 53.95 instituant des juridictions de commerce promulguée par le Dahir
du 12 Février

1997 tel que modifié et complété. C’est ainsi que les tribunaux de commerce sont
compétents dans les domaines suivants :

● Les actions relatives aux contrats commerciaux.

● Les actions entre commerçants à l’occasion de leur activité commerciale.

● Les actions relatives aux effets de commerce.

● Les différends entre les associés d’une société commerciale.

● Les différends relatifs aux fonds de commerce.

Le commerçant peut convenir avec le non commerçant d’attribuer compétence au tribunal


de commerce pour connaitre les litiges pouvant les opposer à l’occasion de l’exercice de
l’une des activités du commerçant.

Ainsi que les parties pourront convenir de soumettre les litiges à la procédure d’arbitrage et
de médiation.

Sont exclus de la compétence des tribunaux de commerce les affaires relatives aux accidents
de circulation.

Il est à noter que les tribunaux de commerce sont compétents pour connaitre des demandes
dont le principal excède la valeur de 20000DH ils connaissent également toutes les
demandes reconventionnelles ou en compensation quelle qu’en soit la valeur.

Le tribunal de commerce peut allouer une provision lorsque la créance est établie et qu’elle
ne fait pas l’objet d’une contestation sérieuse et ce à condition de fournir les garanties
réelles ou personnelles suffisantes.
Par dérogation des dispositions de l’article 17 du code de procédure civile le tribunal de
commerce doit statuer sur l’exception d’incompétence en raison de la matière dont il est
saisi par jugement séparé dans un délai de 8 jours.

Le jugement relatif à la compétence peut faire l’objet d’un appel dans un délai de 10 jours à
compter de la date de notification. Le greffe est tenu de transmettre le dossier à la cour
d’appel de commerce le jour suivant celui du dépôt de la requête d’appel.

La cour statue dans un délai de 10 jours à compter de la date ou le dossier parvient


au greffe. Lorsque la cour d’appel de commerce statue sur la compétence elle
transmet d’office le dossier au tribunal compétent

Le greffe est tenu de transmettre le dossier au tribunal compétent dans un délai de 10 jours
à compter de la date où l’arrêt a été prononcé. L’arrêt de la Cour n’est susceptible d’aucun
recours ordinaire ou extraordinaire.

Enfin, il est à noter que le tribunal de commerce est compétent pour connaître de
l’ensemble des litiges commerciaux qui comportent un objet civil.

3 : les sanctions de non-respect des règles de compétence

d’attribution
Il est à noter que l’incompétence en raison de la matière peut être prononcée d’office par le
juge du premier degré. Toute exception d’incompétence doit être soulevée par les parties
avant toute autre

Exception ou moyen de défense, c’est dans ce sens qu’a statué la Cour Suprême notamment
dans un arrêt du 31 Mai 2007, elle a considéré que l’exception d’incompétence ne peut être
retenue dans la mesure où il résulte des pièces du dossier qu’elle n’a été invoquée qu’après
l’étude du litige au fond.

Aussi, La Cour de Cassation a rejeté un moyen tiré de l’incompétence matérielle évoqué


devant elle pour la première fois et ce dans un arrêt du 17 Avril 2012.

L’avant-projet du CPC impose à la juridiction de première instance de statuer par un


jugement séparé et insusceptible de recours dans un délai de 8 jours depuis la date ou
l’exception a été soulevé, elle ne peut être invoquée en cause d’appel qu’en cas d’un
jugement rendu par défaut.

Le demandeur à l’exception est tenu de faire connaître à peine d’irrecevabilité la juridiction


devant laquelle l’affaire doit être portée. Si l’exception est accueillie, le dossier est transmis
à la juridiction compétente qui se trouve saisie de plein droit et sans frais. Enfin, le tribunal
saisi d’une exception d’incompétence doit statuer sur celle-ci soit par jugement séparé, soit
en joignant l’incident au fond.
Paragraphe 2 compétence des cours d’appel et des chambres
d’appels des tribunaux de 1ère instance

Sauf disposition légale contraire, les cours d’appel connaissent des jugements de première
instance ainsi que des appels des ordonnances rendues par leurs présidents.  Par dérogation
à cette disposition, la chambre d’appel du TPI connaît des appels formés à l’encontre des
jugements rendus en 1er ressort par les TPI dans la limite des dispositions du paragraphe
premier de l’article 19 (jusqu’à la valeur de 20.000 DH).

 Il est à rappeler que l’avant-projet de CPC et le projet de loi sur l’organisation judicaire
prévoit la suppression des chambres d’appel devant les TPI.

SECTION II LA COMPETENCE TERRITORIALE : 

On entend par compétence territoriale celle qui permet à une juridiction déterminée de
statuer valablement dans les limites du territoire constituant son ressort.  Le ressort
géographique de chaque juridiction est précisé par le dahir relatif à l’organisation judiciaire
et les textes d’application de ce dahir.  La compétence territoriale du tribunal saisi d’un litige
s’établit à partir de certaines règles juridiques (qui vont être ci-après étudiées).

Paragraphe I — PRINCIPE GENERAL DE LA COMPETENCE TERRITORIALE : LE DOMICILE DU


DEFENDEUR 

Le principe général est  posé par l’article 27 C.P.C., selon lequel la compétence appartient au
tribunal du domicile réel ou élu du défendeur. En d’autres termes, lorsqu’un litige se produit,
le demandeur doit s’adresser à la juridiction du lieu où habite celui qu’il veut assigner. La
raison admise de cette règle est que, aussi longtemps que le conflit n’est pas déclenché, il
existe une certaine situation d’équilibre, et que celui qui prend l’initiative de rompre cet
équilibre doit en supporter les inconvénients pratiques, notamment ceux résultant de
l’éloignement de son adversaire.

L’article 519 C.P.C. donne, pour la première fois dans la législation marocaine, une définition
légale du domicile. Cette définition est reprise par l’avant-projet du CPC dans son article 19. 

Il y a lieu de définir la notion de domicile et de résidence au sens légal et d’envisager par la


suite les cas particuliers d’élection de domicile, d’absence de domicile et de pluralité des
défendeurs.

A.   Définition et détermination du domicile légal et de la résidence :


Pour une personne physique, le domicile est le lieu où elle a son habitation principale et le
centre de ses affaires et de ses intérêts. 

Cette définition suppose, à première vue, la réunion de deux éléments : l’habitation


proprement dite d’une part, et le lieu habituel d’exercice de l’activité professionnelle et
patrimoniale d’autre part.

Si la personne a son habitation habituelle en un lieu, et le centre de ses affaires dans un


autre, elle est considérée comme domiciliée à l’égard de ses droits de famille et de son
patrimoine personnel, là où elle a cette habitation habituelle et à l’égard des droits relevant
de son activité professionnelle là où elle a le centre de ses occupations et de ses intérêts, sans
qu’aucune nullité soit encourue par un acte de procédure délivré indifféremment à l’une ou
l’autre adresse.

Le domicile légal de l’incapable  est fixé par l’article 521 CPC au lieu du domicile de son
tuteur.

Quant’ au fonctionnaire public, son domicile légal est fixé au lieu où il exerce ses fonctions. 

Le domicile se distingue de la résidence, qui est définie comme étant le lieu où la personne
se trouve effectivement à un moment déterminé (article 520).

Le marocain qui fixe en pays étranger sa résidence principale  ne perd pas son domicile au
Maroc s’il exerce dans le pays étranger une fonction officielle qui lui a été conférée par un
organisme public marocain ou international.

Ce domicile est, soit au siège de l’organisme public qui l’emploie, soit au siège de son
administration d’origine, ou s’il est au service d’un organisme international, le département
consulaire du ministère des affaires étrangères à Rabat (article 526).

Tout étranger peut posséder une résidence au Maroc  en se conformant à la réglementation


spéciale régissant son séjour dans le Royaume.

Les règles déterminant le lieu de son domicile ou de sa résidence sont identiques que celles
qui régissent les nationaux.  Sauf preuve contraire, l’étranger remplissant ces conditions est
présumé posséder son domicile ou sa résidence au Maroc. Le présent article ne s’applique
pas à l’étranger qui exerce une fonction conférée par un organisme national ou international
(article 525).

S’agissant des personnes morales et particulièrement les sociétés, leur domicile  est fixé, en
principe au lieu où se trouve leur siège social sauf dispositions légales contraires.
Moment de la détermination du domicile  : qu’il s’agisse des personnes physiques ou
personnes morales, le domicile à considérer est celui existant au moment du dépôt de la
requête. Un changement ultérieur de domicile du défendeur n’aurait donc aucune incidence
sur la compétence territoriale du tribunal saisi. 

Ce principe est admis sans discussion par la  Jurisprudence.

B. Les cas particuliers 

Les cas particuliers concernent la détermination conventionnelle  de domicile, l’absence de


domicile et la problématique de la détermination du domicile en cas de pluralité des
défendeurs.

1. Élection de domicile  : L’élection de domicile consiste à fixer une fois pour toutes, par
convention, un domicile théorique qui peut d’ailleurs coïncider avec le domicile réel lors de la
conclusion de la convention, et qui servira par la suite à la détermination de la compétence
territoriale en cas de conflit. Ceci évite les inconvénients d’un changement ultérieur de
domicile et ses répercussions possibles sur cette compétence territoriale. Selon l’article 524
C.P.C, en cas de conflit, le domicile élu prévaut, sur le domicile réel ou le domicile légal.

Les effets de cette élection de domicile se limitent évidemment à l’objet pour lequel elle a été
faite. La question se pose toutefois de savoir si, en cas d’élection de domicile, le demandeur
ne peut s’adresser qu’au tribunal du domicile élu, et non à celui du domicile réel. L’utilisation,
dans l’article 524 cpc , du terme «prévaut» semble impliquer qu’effectivement le demandeur
conserve la faculté de saisir le tribunal du domicile réel.

La jurisprudence marocaine s’est prononcée dans ce sens, lorsque l’élection de domicile a été
faite par une partie dans l’intérêt de l’autre partie. Elle constitue pour cette dernière un
avantage auquel elle a le droit de renoncer.  Si, au contraire, elle a été faite dans l’intérêt
réciproque des parties, la partie poursuivante n’a plus l’option entre le domicile réel et le
domicile élu.

2. Absence de domicile  : Le justiciable peut n’avoir aucun domicile au Maroc. Toutefois, s’il y
possède une résidence, le tribunal compétent sera alors celui du lieu de sa résidence.  S’il n’a
ni domicile ni résidence, le principe de l’article 27 cédera la place à des considérations
d’ordre pratique, et le demandeur pourra s’adresser  au tribunal du lieu de son propre
domicile ou de sa résidence, ou de celui de l’un d’entre eux s’ils sont plusieurs.

Cette règle permet donc à la partie résidant au Maroc d’obtenir une décision du tribunal
marocain, même si son adversaire réside à l’étranger. Il faut cependant remarquer que
l’exécution à l’étranger de la décision ainsi obtenue pourra se heurter à des difficultés. Le
tribunal étranger appelé à autoriser cette exécution peut la refuser s’il estime que sa règle de
compétence interne a été violée.
3. Pluralité de défendeurs  : Lorsqu’il y a plusieurs défendeurs, le demandeur peut s’adresser
au tribunal de l’un d’entre eux, à la condition toutefois que celui dont le domicile détermine
la compétence n’ait pas été arbitrairement attrait à la procédure pour justifier une
compétence qui, normalement, aurait appartenu à un autre tribunal.

II LES DEROGATIONS AU PRINCIPE (article 28)

Le  principe de la compétence territoriale du domicile du défendeur comporte un ensemble


d’exceptions qui reposent sur des considérations de natures diverses. Ces considérations
peuvent aboutir soit à imposer la  compétence unique  d’un tribunal déterminé, pour des
raisons pratiques ou d’ordre public, soit à offrir au demandeur un choix entre deux ou
plusieurs tribunaux : il y aura alors  option de compétence. Cette option sera exercée en
fonction, soit de la situation du demandeur qui mérite une faveur particulière, soit du lieu de
situation de l’objet du litige, soit du lieu de création ou d’exécution de l’obligation objet de la
contestation.

Ces dérogations sont précisées par les articles 28 et 29 C.P.C qui prévoient soit une
compétence unique soit une option de compétence

A. Compétence unique 

– en matière immobilière, y compris les actions pétitoires ou possessoires, le tribunal


compétent est celui de la situation des biens litigieux ; 

– en matière de travaux publics, l’action doit être portée devant le tribunal du lieu où les
travaux ont été exécutés ; 

– en matière de contrats dans lesquels l’Etat ou une autre collectivité publique est partie, la
compétence appartient au tribunal du lieu où le contrat a été signé  ; 

– en matière d’impôts directs et de taxes municipales, le tribunal compétent est celui du lieu
où l’impôt ou la taxe est dû ; 

– en matière de succession, l’action est exercée devant le tribunal du lieu où la succession est
ouverte ; 

– en matière de société, le tribunal compétent est celui du lieu du siège social ; 

Les articles 5 et 11 de précités : Article 5, alinéa 1er  (paragraphe 4)  :  « Les tribunaux de
commerce sont compétents pour connaître des différends entre associés d’une société
commerciale ; » Article 11 (paragraphe 1). La loi n° 53-95 instituant des juridictions de
commerce précise que « Par dérogation aux dispositions de l’article 28 du Code de procédure
civile, les actions sont portées : - en matière de sociétés, devant le tribunal de commerce  du
lieu du siège social de la société ou de sa succursale ; ».

-en matière d’assurance portant sur des immeubles ou des meubles par nature, la
compétence est attribuée, au tribunal du lieu de la situation des objets assurés,

– en  matière de sécurité sociale, la compétence revient au tribunal du domicile du


défendeur. 

Toutefois,  la compétence revient uniquement au tribunal de  Casablanca lorsque le domicile


de l’assuré est situé à l’étranger ; 

– en matière de prévention et de traitement des difficultés des entreprises, devant le tribunal


du lieu du principal établissement du commerçant ou du siège social de la société 566 du CC.

Il est à noter que le tribunal qui a ouvert la procédure de traitement est compétent pour
toutes les actions qui s’y rattachent. A cet effet, le législateur précise qu’il est considéré
comme particulièrement  action relevant de cette compétence, celle se rapportant à
l’administration de la procédure ou celle dont la solution requiert l’application des
procédures de traitement. Lorsqu’il se révèle que la procédure doit être étendue à une ou
plusieurs entreprises par suite de confusion de leur patrimoine, le tribunal initialement saisi
reste compétent. Désormais depuis la réforme de 2014, l’expression de difficulté de
l’entreprise a été remplacée par celle de procédures de prévention et de traitement des
difficultés de l’entreprise. 

B.  Les options de compétence 

– en matière mixte portant à la fois sur la contestation d’un droit personnel et d’un droit réel,
l’action peut être portée devant le tribunal de la situation des lieux des objets  ou  celui du
domicile ou de la résidence du défendeur ; 

– en matière de pension alimentaire, le tribunal compétent est celui du domicile ou de la


résidence du défendeur ou du demandeur, au choix de ce dernier ; 

– en matière de prestations de soins médicaux ou de nourriture, l’action peut être exercé soit
devant le tribunal du lieu où les soins ont été prodigués soit celui du lieu où la nourriture a
été fournie ; 

– en matière de réparations de dommages, le tribunal compétent est celui du lieu où le fait


dommageable s’est produit ou  celui du domicile du défendeur, au choix du demandeur ; 

– en matière de fournitures, travaux, locations, louages d’ouvrages ou d’industrie, l’action


peut être portée devant  le tribunal du lieu où la convention a été contractée ou exécutée,
lorsque l’une des parties est domiciliée en ce lieu ; à défaut, devant le tribunal du lieu du
domicile du défendeur ; 

– en matière de contestations relatives aux correspondances, objets recommandés et envois


de valeurs déclarées et colis postaux, le tribunal compétent est celui du domicile de
l’expéditeur ou celui du domicile du destinataire, au choix de la partie la plus diligente ; 

– en matière d’incapacité, d’émancipation, d’interdiction ou de révocation d’un tuteur datif


ou testamentaire, l’action peut être portée soit devant le tribunal du lieu d’ouverture de la
succession soit celui du domicile de ceux qui sont frappés d’incapacité, au choix de ceux-ci ou
de leur représentant légal. S’ils n’ont pas de domicile au Maroc, l’action est portée devant le
tribunal du lieu du domicile du défendeur ; 

– en toute autre matière commerciale, le demandeur peut, au choix, porter son action, soit
devant le tribunal du domicile du défendeur, soit devant celui dans le ressort duquel
l’exécution devait être effectuée ; 

– en matière d’assurances, dans toutes les instances relatives à la fixation et au règlement


des indemnités dues, l’action peut être portée devant le tribunal du domicile ou de la
résidence de l’assuré, ou devant le tribunal du lieu où s’est produit le fait dommageable  ; 

–en matière de contrat de travail et d’apprentissage,  le tribunal compétent peut être celui
du lieu de la situation de l’établissement lorsque le travail a lieu dans un établissement ou
celui du lieu où l’engagement a été contracté ou exécuté pour le travail en dehors de
l’établissement ; 

-en matière d’accidents du travail, le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel s’est
produit l’accident. 

Toutefois, lorsque l’accident s’est produit dans le ressort d’un tribunal autre que celui dans
lequel réside la victime, celle-ci ou ses ayants droit peuvent opter pour le tribunal de leur
résidence  ; Si l’accident du travail  s’est produit hors du Maroc, la compétence revient au
tribunal de  la résidence de la victime ou de ses ayants droit.

-en matière de maladies professionnelles, celui de la résidence du travailleur ou de ses


ayants droit.

Toutefois, lorsque le domicile du travailleur ou de ses ayants droit est situé à l’étranger, la
compétence revient au tribunal du lieu où la déclaration de la maladie a été déposée.

C. les demandes complémentaires (Article 30)


Les demandes en garantie et autres demandes incidentes, les interventions et les demandes
reconventionnelles doivent être portées devant le tribunal saisi de la demande principale,
sauf à ce tribunal, s’il apparaît, de toute évidence, que la demande initiale a été portée
devant lui pour traduire la partie appelée hors de sa juridiction normale, à renvoyer le
demandeur à se mieux pourvoir.

SECTION III LES PROROGATIONS DE COMPETENCE : 

On entend par prorogation de compétence, le fait de donner à une juridiction le pouvoir de


juger un litige qui, normalement, excéderait les limites, soit de sa compétence d’attribution,
soit de sa compétence territoriale. Cette prorogation de compétence peut découler d’une
décision judiciaire, lorsque sur renvoi après cassation, une juridiction autre que celle qui
aurait été territorialement compétente pour statuer est désignée par la Cour de
cassation  pour trancher à nouveau le litige au fond.   Elle peut aussi résulter
d’une  convention des parties. Celles-ci décident, d’un commun accord, de porter un litige
déjà né ou un litige à naître devant une juridiction autre que celle qui devrait normalement
être saisie.

Il faut distinguer entre la prorogation de compétence d’attribution et la prorogation de


compétence territoriale.

Paragraphe 1 Prorogation de compétence d’attribution

Le principe est que les règles de compétence d’attribution sont d’ordre public, et qu’il n’est
pas possible d’y déroger par convention.

Les parties ne peuvent pas décider de soumettre au tribunal de commerce ou au tribunal


administratif un litige qui relève de la compétence du  tribunal de première en instance en
raison de sa nature ou de sa valeur.

Inversement, un demandeur ne peut présenter au tribunal de première instance une affaire


qui de par sa nature ou son taux  relèverait de la compétence du tribunal de commerce ou de
tribunal administratif.

De même, les parties ne peuvent pas décider de soumettre directement  à la cour d’appel un
litige relevant du tribunal de première instance : on ne peut pas déroger à l’ordre normal des
juridictions.

Enfin, on ne peut pas soumettre directement à la Cour de cassation un litige qui n’a pas été
tranché en dernier ressort par le juge du fond.

Paragraphe 2 Prorogation de compétence territoriale


Les clauses de prorogation de compétence concernent principalement la compétence
territoriale. Elles sont souvent utilisées en pratique.   On en trouve de nombreuses
applications, particulièrement dans les contrats établis par les sociétés financières
notamment celles  qui pratiquent le crédit à la consommation, et dont les services
contentieux sont centralisés dans certaines grandes villes.

Les clauses de ces contrats attribuent souvent compétence au tribunal du lieu du siège social
de ces sociétés, qui peut ne pas être celui du domicile du défendeur. La question se pose de
savoir si le juge est tenu d’accepter cette prorogation de compétence. Elle est résolue par
différentes dispositions légales : tout d’abord l’article 27 C.P.C., selon lequel la compétence
territoriale appartient au tribunal du domicile réel ou élu du défendeur. 

Ensuite l’article 524 CPC selon lequel, lorsqu’il a été fait élection de domicile, ce
domicile  prévaut  sur le domicile réel ou le domicile légal, implique nécessairement que cette
prorogation conventionnelle de compétence territoriale s’impose au juge. Ceci est confirmé
l’article 16 C.P.C, dernier alinéa, qui dispose que l’incompétence en raison de la matière peut
être prononcée d’office par le juge du premier degré.

  A contrario, cela implique que  l’incompétence territoriale  ne peut pas être soulevée d’office
par le juge.  De ce fait, si les parties se sont accordées pour choisir un juge territorial autre
que celui normalement compétent, celui-ci ne pourra pas soulever d’office son
incompétence.

SECTION IV LA SOLUTION DES CONFLITS DE COMPETENCE

Les conflits de compétence peuvent surgir à différents stades de la procédure.

Un défendeur peut tout d’abord opposer une exception d’incompétence.

  Ensuite, il peut y avoir conflit, soit positif, soit négatif, entre les décisions rendues sur le
même litige par des juridictions différentes qui se seraient prononcées en sens contraire sur
leur compétence respective.

Paragraphe 1 L’exception d’incompétence

Il y a lieu de  distinguer entre l’incompétence d’attribution et l’incompétence territoriale.

La principale différence entre elles, réside dans le fait que le juge peut soulever d’office
l’incompétence d’attribution sans même qu’une partie l’ait invoquée. En revanche, le juge ne
peut soulever d’office l’incompétence territoriale. Le dernier alinéa de l’article 16 cpc est, à
cet égard, formulé d’une manière particulière. Il dispose que l’incompétence en raison de la
matière peut être prononcée d’office par le juge du premier degré.
Il résulte d’une lecture littérale de cette disposition que l’exception d’incompétence
d’attribution ne peut pas être  soulevée d’office devant la juridiction du second degré.

Il s’agit en réalité d’une hypothèse théorique puisque le litige ne devrait normalement pas
être soumis à la juridiction du second degré mais tranché en premier et dernier ressort par le
tribunal de première instance. Toutefois, la problématique reste posée dans le cas où un
tribunal de première instance se déclare incompétent sur une contestation qui ne relève pas
de sa compétence pour des raisons d’ordre public. C’est notamment le cas s’il statut sur une
demande tendant à annuler un acte de l’administration ou une collectivité publique en
violation de l’article 25 C.P.C, et si l’incompétence du tribunal n’avait pas été soulevée, la
cour d’appel puisse néanmoins statuer sur la question sans soulever d’office son
incompétence. Si l’incompétence du tribunal n’a pas été soulevée, la cour d’appel devra
statuer sur la question sans pouvoir soulever d’office son incompétence. Voir projet de CPC.

2)   paragraphe 2  : Les règlements de juges 

Dans des cas très exceptionnels, les conflits de compétence peuvent, aboutir à des conflits de
juridiction soit négatifs, soit positifs.

Ainsi, si le tribunal a fait droit à une exception d’incompétence et si la juridiction de renvoi


qu’il a désignée se déclare à son tour incompétente, il y aura conflit négatif. Ces conflits
négatifs ou positifs donnent lieu à la procédure particulière de règlement de juges.  Ces cas
sont régis par les articles 300 à 302, pour la cour d’appel, et d’autre part les articles 388 a
390 C.P.C., pour la Cour de cassation.

L’article 300  CPC, consacrant la jurisprudence, dispose qu’Il y a lieu à  règlement de juges
lorsque  dans  un même litige, plusieurs juridictions ont rendu  des décisions
irrévocables  par  lesquelles elles se déclaraient également compétentes ou
incompétentes. Il en résulte qu’il doit s’agir d’un même litige, qui oppose les mêmes parties
avec le même objet et la même cause.

Par ailleurs, les décisions rendues,  doivent être irrévocables.

Lorsque ces conditions sont réunies, la demande en règlement de juges doit être portée par
requête devant la juridiction immédiatement supérieure commune aux juridictions dont les
décisions sont attaquées et devant la Cour de cassation lorsqu’il s’agit de juridictions n’ayant
au-dessus d’elles aucune autre juridiction supérieure commune.

La requête devant la cour d’appel  est examinée en chambre du conseil, sans la présence des
parties ou de leurs mandataires. Devant la Cour de cassation, cette requête est notifiée dans
les mêmes conditions qu’un pourvoi. Deux phases sont prévues. La juridiction saisie peut
estimer qu’il n’y a pas lieu à règlement de juges. C’est le cas si l’une des décisions n’est pas
irrévocable ou si les décisions sont relatives à des litiges différents. Dans ce cas, la cour
rendra un arrêt de rejet qui doit être motivé. Cet arrêt peut faire l’objet d’un pourvoi en
cassation. En revanche, si la juridiction saisie estime qu’il s’agit d’un cas de règlement de
juges, elle renvoie l’affaire au magistrat rapporteur pour qu’il soit statué dans les formes
ordinaires. Les délais prévus par la loi étant toutefois réduits de moitié.  Cette décision
suspend, à sa date, toute poursuite et procédure devant le juge du fond. 

A l’exception des actes simplement conservatoires, tout acte qui viendrait à être accompli en
violation du sursis accordé serait entaché de nullité.

La décision qui statue à l’issue de la deuxième phase va devoir, soit désigner la juridiction
compétente, soit, si elle n’estime qu’aucune des juridictions saisies n’était compétente,
inviter le demandeur à se pourvoir devant celle qu’elle estime devoir saisir. Si l’une des deux
juridictions était bien compétente, on peut se demander si le principe de l’évocation
obligatoire, tel qu’il est posé par l’article 146 C.P.C., devrait alors s’appliquer lorsque l’affaire
est en état d’être jugée. Le texte ne le prévoit pas expressément, mais rien ne s’y oppose,
semble-t-il. 

CHAPITRE III LES ACTES DE PROCEDURE ET LEURS NOTIFICATIONS

 Les actes de procédure intervenant à chaque étape du processus sont soumis à des règles de
forme qui répondent à une double préoccupation : celle de leur conférer la valeur probante
qui peut leur être nécessaire, et celle d’assurer au justiciable les garanties fondamentales
auxquelles il a droit. Elles seront plus ou moins impératives suivant la matière et l’objet de
l’acte.

SECTION I LES DIFFERENTS ACTES DE LA PROCEDURE  SELON LEUR AUTEUR  :

        Paragraphe 1 Les actes des parties  :

–         Les actes introductifs d’instance 

–       Les autres actes

  A- Les actes introductifs d’instance  :

Aux termes de l’article 31 du CPC, Le tribunal de première instance est saisi,  soit  par requête
écrite et signée  du demandeur ou de son mandataire, soit par la déclaration du demandeur
comparant en personne dont le procès-verbal  est dressé par l’un des agents assermentés
du greffe. Cette déclaration est signée par le demandeur où mention est faite qu’il ne peut
pas signer. 
Il en découle que les actes des parties lors de l’introduction de l’instance sont constitués par
des actes écrits ou par déclarations verbales. L’acte écrit est constitué  par  la requête, c’est-
à-dire la demande, présentée au président de la juridiction.

La requête (comme les conclusions), est signée par le demandeur ou par son mandataire. Le
tribunal peut également être saisi par simple  déclaration du demandeur comparant en
personne. Dans ce cas un procès-verbal  de cette déclaration est dressé par l’un des agents
assermentés du greffe. La déclaration est signée par le demandeur ou mention est faite qu’il
ne peut pas signer. 

Dans l’avant-projet du CPC la formulation de cet article 31 a changé dans les termes
suivants  :

Le tribunal de première instance est saisi, par requête  écrite et signée par un avocat inscrit
au barreau du Maroc en prenant en considération les conventions internationales et les
dispositions spéciales des juridictions de proximité. Toutefois, le demandeur et le défendeur
peuvent plaider personnellement sans l’aide d’un avocat dans les cas suivants :

–        Mariage, la pension, le divorce amiable et la pension alimentaire

–      Les procédures devant les tribunaux de première instance en statuant sur des jugements
en premier et dernier ressort conformément à l’article 19 ci-dessus

–      Les procédures relatives à l’état civil

–    Si l’une des parties est juge ou avocat pourrait agir personnellement

–    Les procédures prévues par la loi

Dans le ccp actuel, la requête ou procès-verbal de déclaration, doivent être inscrits sur  un
registre,  par ordre de réception  et de date avec indication du nom des parties, ainsi que la
date des convocations et ils sont  cachetés par le greffe. Dans l’avant-cpc il est précisé que
l’enregistrement des procédures est fait au secrétariat greffe dans des  dossiers spéciaux sur
support papier ou numérique  par ordre chronologique, ainsi que les noms des parties et
l’objet de la poursuite

  Dès  leur enregistrement, le président du tribunal désigne selon le cas un juge rapporteur ou
un juge qui sera chargé de l’affaire.   Dans l’avant-cpc il est précisé que  dès que le dépôt de la
requête au secrétariat greffe, il est procédé à la désignation du   juge rapporteur ou le juge
chargé de l’affaire et à la fixation de   la date d’audience dans le cadre d’un programme
numérique spécial  sous la supervision du président du tribunal ou de son adjoint. Il peut être
procédé à leur modification en cas de nécessité.
Contenu des actes des parties  :

(Aux termes de l’article 32), la requête ou le procès-verbal de déclaration doivent indiquer les
noms, prénoms, qualité ou profession, domicile ou résidence du défendeur et du demandeur,
ainsi que, s’il y a lieu, les noms, qualité et domicile du mandataire du demandeur. L’avant-
cpc ajoute à ces mentions l’indication  le cas échéant de l’adresse électronique.

  Si l’une des parties est une société, la requête ou le procès-verbal de déclaration doivent
indiquer la dénomination sociale, la nature et le siège de la société.  L’avant cpc vise en plus
des sociétés, toute personne morale. Par ailleurs, il impose la précision de la forme juridique
de ces institutions, leur siège social ou celui de leurs filiales sauf dispositions légale contraire.

A la différence du cpc fr, il n’est pas imposé l’obligation de préciser le nom du représentant
légal de la société ou de la personne morale. Par ailleurs l ‘avant-projet-cpc, impose aux
parties l’’obligation d’informer le tribunal de tout changement d’adresse ou d’élection de
domicile.

Dans le cpc (comme dans l’apcpc) , la requête doit, en outre, énoncer sommairement l’objet
de la demande, les faits et moyens invoqués. Les pièces dont le demandeur entend
éventuellement se servir doivent être annexées à la demande  contre récépissé délivré par le
greffier au demandeur mentionnant le nombre et la nature des
pièces  jointes.   L’  apcpc  attribue la valeur de récépissé à toute requête revêtue du cachet de
dépôt au tribunal et indiquant la date et le nombre des pièces  jointes à cette requête. Si la
demande est formulée par requête écrite contre plusieurs défendeurs, le demandeur devra
déposer autant d’exemplaires qu’il y a de défendeurs en cause. 

Sanctions de non-respect des mentions obligatoires

Le juge rapporteur ou le juge chargé de l’affaire fait préciser, le cas échéant, les énonciations
omises ou incomplètes, et demande la fourniture d’un nombre suffisant de copies de la
requête, et ce dans le délai qu’il fixe, sous peine d’irrecevabilité de la demande.

Conditions spécifiques aux requêtes présentées par un mandataire

Si la requête est présentée par un mandataire, ce dernier doit être domicilié dans le ressort
de la juridiction. Aux termes de l’article 33, la constitution d’un mandataire vaut élection de
domicile chez celui-ci. L’apcpc détermine les modalités d’élection de domicile par le
mandataire avocat selon les règles suivantes  : 

Article 33 :

L’avocat est tenu d’élire son domicile professionnel dans  la circonscription de compétence
de  la cour d’appel du ressort de l’ordre des avocats dont il est inscrit.  A défaut, sera
considéré comme valablement effectué, toute notification faite au secrétariat greffe  du
tribunal. Pour toute représentation devant un tribunal en dehors de la compétence de la
juridiction visée à l’alinéa précédent, il sera tenu d’élire domicile auprès d’un cabinet
d’avocat dans le ressort de ladite juridiction. Il est également tenu lors de toute
représentation devant une juridiction spécialisée, ne se trouvant pas dans le ressort de la
juridiction de sa circonscription, d’élire un domicile auprès d’un avocat dans le ressort de la
cour d’appel de la juridiction spécialisée en question.

Par ailleurs, le mandataire qui ne jouit pas, par profession, du droit de représentation en
justice, ne peut être que le conjoint, un parent ou allié en ligne directe ou en ligne collatérale
jusqu’au troisième degré inclusivement (article 33 dernier alinéa.). Le mandataire autre que
celui qui, par profession, jouit du droit de représentation en justice, doit justifier de son
mandat, soit par acte authentique, soit par un acte sous seing privé, dûment légalisé, soit
par la déclaration verbale de la partie comparaissant avec lui devant le juge. 

S’agissant des administrations publiques, elles sont valablement représentées en justice, par
un de leurs fonctionnaires ayant reçu délégation à cet effet.  L’apcpc ajoute à moins de
représentation par un avocat. Aussi il précise que les mandataires peuvent être convoqués
dans leur adresse électronique. Si elle n’a pas été fournie,  sera considéré comme
valablement effectuée, toute notification faite  au secrétariat greffe  du tribunal.

L’article 35 du CPC exclut certaines personnes de la qualité de mandataire, à savoir  :

1° L’individu privé du droit de témoigner en justice ; 

2° Celui qui a été condamné irrévocablement soit pour crime, soit pour délit de faux, vol,
abus de confiance, escroquerie, banqueroute simple ou frauduleuse, extorsion de fonds ou
tentative d’extorsion de fonds ; 

3° Le mandataire professionnel qui, par mesure disciplinaire, est privé du droit de


représentation en justice ; 

4° Les adouls ou notaires destitués. 

Cette dernière catégorie a été supprimée de l’apcpc en élargissant  la 3ème  catégorie à


tous  les membres des professions libérales.

B – Les autres actes de procédure  :

Constituent également des actes des parties  les conclusions  qu’elles déposent au dossier, qui
consistent en mémoires résumant les éléments de fait et les moyens de droit du litige, et qui
sont versées soit en réponse à la requête, soit en réplique à d’autres conclusions.  Par ailleurs,
constituent des actes  entraînant des conséquences juridiques et procédurales,  les
déclarations que les parties pourront faire elles-mêmes en se présentant devant le juge,  soit
lorsqu’elles agissent en personne, soit lorsque leur comparution personnelle a été ordonnée.

Il en est  de même du serment  que prêtent les parties si elles ont été requises de le faire.  Tel
sera également le cas  des déclarations faites par l’intermédiaire de leurs avocats lorsqu’elles
se désistent, à l’audience, de tout ou partie de leurs prétentions, ou lorsqu’elles interjettent
appel d’une décision rendue en 1ère  instance. 

Dans tous ces cas, ces actes nécessiteront toutefois, pour produire tous leurs effets, qu’ils
soient dressés procès-verbal par le greffier habilité à les recueillir et à les authentifier.

Enfin, peuvent également être considéré  comme actes verbaux,  les plaidoiries  prononcées
en audience par les  avocats. Celles-ci peuvent intervenir en procédure écrite comme en
procédure orale. Le Code de procédure énonce à leur propos certains principes : elles doivent
être exprimées avec modération, et ne pas manquer au respect dû à la justice, faute de quoi,
elles peuvent donner lieu à une amende maximale de 60 DH, prononcée par le président.

Le président peut toujours, en cas de trouble ou scandale, ordonner l’expulsion tant d’une
partie ou du mandataire  représentant ainsi que de toute personne présente à l’audience. 

 Si les personnes dont l’expulsion est ainsi ordonnée résistent ou reviennent, le


président peut procéder, conformément aux prescriptions du Code de procédure pénale 32. 
 Dans le cas d’insultes ou d’irrévérences graves envers le tribunal, le président de
l’audience dresse procès-verbal qui est immédiatement transmis au parquet pour être
procédé comme en matière de flagrant délit.
 Dans le cas où des discours injurieux, outrageants ou diffamatoires sont tenus par
des mandataires qui ont, par profession, le droit de représentation en justice, le président de
l’audience dresse procès-verbal qu’il transmet au parquet et, s’il s’agit d’un avocat, au
bâtonnier de l’ordre (article 44 CPC).

Il est à noter que dans le cas où des discours injurieux, outrageants ou diffamatoires seraient
tenus par des avocats, devant la cour d’appel, la juridiction en dresse un procès-verbal
qu’elle transmet au bâtonnier et au procureur général du Roi aux fins de prendre les mesures
qui seraient nécessaires.

Paragraphe 2  : Les actes des greffiers

Les greffiers jouent un rôle important dans la mise en état des procédures, de même que
dans la notification et l’exécution des décisions de justice.   Ils  enregistrent la requête lors de
son dépôt, constituent le dossier dont elle fera l’objet, qu’ils transmettent au président de la
juridiction. De plus,  ils établissent,  sur les instructions du juge,  les convocations et font le
nécessaire pour leur transmission de  même que pour celle des requêtes et des conclusions
ultérieures.
Ils sont présents à l’audience et sont  chargés de la tenue du registre des audiences appelé «
plumitif ».  Ils notent les décisions qui sont prises : renvoi, désistement, jugement. Lorsqu’une
enquête ou une comparution a été ordonnée, ils en transcrivent le procès-verbal. Ils
participent également à la mise au point définitive des jugements, en rédigeant les « qualités
», c’est-à-dire en reprenant les noms et adresses des différentes parties en cause et de leurs
mandataires, parfois le résumé de la requête et des conclusions échangées.   Ils  reçoivent
également les déclarations des parties lorsqu’elles constituent l’accomplissement de la
formalité  prévue pour l’exercice d’un recours tels que l’appel, pourvoi en cassation. Enfin, ils
sont  chargés des procès-verbaux de constat, de sommation, de saisie et de notification des
jugements.

Les actes des greffiers sont  des actes authentiques qui font foi de leur date et de leurs
énonciations jusqu’à inscription de faux.

Paragraphe 3  : Les actes des juges

Ces actes, comme ceux des parties, peuvent être verbaux ou écrits. Les
actes  verbaux  consistent essentiellement dans les  décisions qui se rattachent à la conduite
des audiences : renvois, mises en délibéré, radiations.   De même, c’est habituellement sous
la dictée du juge que le greffier, lors des audiences d’enquête ou de comparution, prendra
note des déclarations faites par les parties ou par les témoins.

Quant aux  actes  écrits,  ils  sont nombreux. Le juge adresse aux parties
des  correspondances,  habituellement dénommées « soit-transmis »,  pour les convoquer à
l’audience, leur transmettre les requêtes et les conclusions, les inviter à y répliquer, à fournir
leurs pièces  et justifications, ainsi que tous autres documents dont il estimerait la production
nécessaire. 

Il  leur communique ses ordonnances  : par lesquelles il peut  prescrire soit une mesure
d’instruction  : enquête, expertise, comparution,  et par laquelle il constate que les délais
accordés pour la mise en état du dossier  sont expirés : l’ordonnance de dessaisissement.

L’acte  essentiel  reste bien entendu  le jugement, qui fera l’objet d’une étude particulière
dans la partie qui lui est consacrée.

SECTION II    LA NOTIFICATION DES ACTES DE PROCEDURE 

La protection du justiciable impose  qu’il soit informé en temps utile de l’existence et du


déroulement de toute procédure intentée contre lui. C’est pour répondre à cette exigence
que la loi  organise un système de  notification  des  principaux actes de procédure  selon des
modalités précises. Les actes soumis à ces formalités sont la requête introductive d’instance
et les conclusions échangées par les parties, lorsque la procédure est écrite, et d’une façon
générale les convocations aux audiences, les avis adressés par le juge aux parties, et enfin les
décisions.

Les règles prévues visent  :

– Les personnes qui sont chargées d’effectuer les notifications,

– Les modalités selon lesquelles la notification peut être accomplie,

– Les personnes qui ont qualité pour les recevoir 

– Et les solutions en cas de refus que ces dernières pourraient opposer. 

Au préalable, il y a lieu d’examiner 

– Les instruments de la notification 

– Les règles de forme auxquels ils sont soumis.

Paragraphe 1 – instruments de la notification   

REGLES DE FORME  : 

La notification  consiste, matériellement, dans  la remise d’un pli à son destinataire  ou à la


personne qui a qualité pour recevoir ce pli en son nom. Les règles prévues    concernent le pli
lui-même et le document qui constate cette remise.

A. Le pli de notification : contenu et enveloppe

Le pli  peut contenir une convocation à l’audience, le texte d’une assignation ou de


conclusions, l’expédition du jugement rendu …Le contenu de la convocation est précisé par
l’article 36 CPC dans les termes suivants  : 

Le juge convoque immédiatement, par écrit, le demandeur et le défendeur à l’audience au


jour qu’il indique ; la convocation écrite mentionne : 

1° Les noms, prénoms, professions, domicile ou résidence du demandeur et du défendeur ;

2° L’objet de la demande ; 

3° La juridiction qui doit statuer ; 

4° Le jour et l’heure de la comparution ; 


5° L’avis d’avoir à faire, s’il y a lieu, élection de domicile au lieu du siège du tribunal.

L’apcpc ouvre la possibilité d’adjoindre des données supplémentaires, le cas échéant, liées
aux moyens modernes de communication

Dans tous les cas, il s’agit d’un  document privé qui ne concerne que son destinataire. La
confidentialité du contenu doit en conséquence être assurée. A cet effet, l’acte doit être
remis dans une enveloppe fermée  qui ne mentionne que le nom, prénom usuel, adresse de la
partie et la date de la notification suivie de la signature de l’agent et du sceau du tribunal
(article 38 dernier alinéa C.P.C). 

Selon le modèle en usage, cette enveloppe comporte une formule imprimée mentionnant que
la remise du pli qu’elle contient vaut notification d’un acte de procédure conformément à
la  loi  en vigueur  et que la date qui y sera apposée sera celle prise en considération pour le
calcul des délais. 

B. Le certificat de remise

C’est  l’accusé de réception du pli.  Il s’agit d’une pièce importante car elle  atteste la
régularité de la notification. Il fait partie du dossier du tribunal et appartient à ses archives.  Il
consiste en  un imprimé qui est rempli au moment de la notification.  Il doit mentionner la
date à laquelle la remise du pli a été effectuée, le lieu où elle est intervenue, l’identité de la
personne à laquelle  a été faite, et, bien que le texte ne le précise pas, sa qualité par
rapport  au destinataire  quand la notification n’est pas faite à personne, afin qu’il soit établi
qu’elle était habilitée à la recevoir.

Ce  certificat doit également être revêtu de la signature de l’agent notificateur  et de la


personne qui a reçu le pli, ou de  l’indication  qu’elle ne peut pas ou ne veut pas signer.

L’apcpc ajoute deux mentions complémentaires qui doivent figurer dans ce certificat à
savoir  :

1- Le numéro de la carte nationale d’identité, le cas échéant tout autre moyen


d’identification équivalent, de la personne recevant la convocation  ;

2- l’heure de remise ou de refus de réception de la convocation  ;

Le certificat est déposé au greffe du tribunal.

Si la remise de la convocation  par l’agent chargé de la notification ou l’autorité


administrative  n’a pu être effectuée,  la partie n’ayant pas été rencontrée, ni personne pour
elle, à son domicile ou à sa résidence, un avis en est immédiatement affiché dans un endroit
apparent dans le lieu de la notification, et une mention en est faite sur le certificat, lequel
est  retourné au greffe  de la juridiction intéressée. L’apcpc ajoute que  le certificat attestant
de difficulté de notification, doit comporter les mentions supplémentaires suivantes, à
savoir  :

–                le numéro du dossier,

–                la nature du pli,

–                le lieu,

–                la date et l’heure de l’affichage de l’avis 

Par la suite le greffe adresse à la partie, la convocation sous pli postal recommandé avec avis
de réception. 

La cour de cassation dans son arrêt N°1884/2012 du 03/04/2012, a considéré que le retour
du courrier portant la mention  » non réclamé  » n’est pas considéré une notification. Si  le
domicile et la résidence d’une partie sont  inconnus, le juge nomme en qualité de curateur un
agent du greffe, auquel la convocation est notifiée.

La cour d’appel commercial  de Casablanca dans son arrêt N° 1593/2009 du 17/03/2009  a


considéré que le  curateur  est  désigné lorsque la résidence de la partie  est  inconnue.

En revanche dans le cas où l’adresse est  incomplète,  il est nécessaire d’appliquer les
dispositions de l’article 32 du CPC. Ce dernier précise que le juge rapporteur ou le juge chargé
de l’affaire fait préciser, le cas échéant, les énonciations omises ou incomplètes.   Le  curateur
recherche la partie avec le concours du ministère public et des autorités administratives et
fournit toutes pièces et renseignements utiles à sa défense,  sans que, toutefois, le jugement
puisse en raison de ces productions être déclaré contradictoire.

Si la partie dont le domicile et la résidence sont inconnus vient à être découverte, le curateur
en informe le juge  qui l’a nommé et avisé cette partie par lettre recommandée, de l’état de la
procédure.  Son mandat prend fin dès l’accomplissement de ces formalités.

L’apcpc introduit une nouvelle procédure préalable à la saisine du curateur. Dans tous les cas
où l’adresse du  défendeur est inconnue, ou que ce dernier ait déménagé, l’agent chargé de
la notification est tenu de présenter une demande de renseignement relative à l’adresse du
défendeur à l’autorité locale, laquelle est tenue de fournir une réponse dans les 48 heures
suivant le dépôt de la demande.

Il ajoute que si l’autorité locale fourni la nouvelle adresse du défendeur, l’agent chargé de la
notification informe le tribunal pour que la convocation ait lieu à cette nouvelle adresse. 
Si l’autorité locale ne dispose pas des renseignements demandés, elle informe l’agent chargé
de la notification que la personne à convoquer a quitté sans avoir laissé  d’adresse ou que
cette dernière demeure inconnue.

L’agent chargé de la notification dresse un procès-verbal portant sur les actions menées par
lui, et comportant le numéro du dossier, la nature du pli, la date de dépôt de la demande de
renseignements, la date de réponse de l’autorité et les résultats des procédures accomplies. 

Le tribunal statue par défaut sur l’affaire,  à l’expiration d’un délai de deux mois,  à compter
de la date de rédaction du procès-verbal mentionné ci-dessus.

Enfin l’apcpc prévoit que le demandeur, ou son avocat ou son mandataire peut, à la fixation
de la date de l’audience, recevoir les plis relatifs à la convocation et à toute autre procédure
judiciaire liée au dossier, afin de les remettre au  défendeur ou toute personne ayant intérêt
faisant partie de l’assignation, et ce à travers un huissier de justice.

Le problème se pose de savoir qu’elle est la date qui doit prévaloir lorsqu’il y a divergence
entre celles respectivement apposées sur l’enveloppe de notification ou le certificat de
remise.

Dans un arrêt du 27 juin 1975, la Cour d’appel de Rabat avait jugé que la mention de la date
sur l’enveloppe de notification n’était pas prévue à peine de nullité et qu’il y avait donc
lieu  de ne prendre en considération que celle figurant sur le certificat de remise.   Cette
décision avait été critiquée au motif que l’enveloppe de notification est le seul document
daté restant entre les mains de la personne qui reçoit la notification, et par voie de
conséquence, le seul qui lui serve de référence pour déterminer le délai dans lequel elle peut
agir.   De plus, l’enveloppe porte une mention imprimée qui précise que la date apposée
marque le point de départ du délai.

Dans un arrêt du 18 décembre 1985, la Cour d’appel de  Casablanca  est revenue sur cette
jurisprudence et a décidé, à très juste titre,  que  la date de notification est une mention
essentielle qui doit figurer sur l’enveloppe de notification, et  qu’à défaut de cette mention, la
notification est nulle, et le recours est réputé avoir été exercé dans les délais légaux. Cette
position jurisprudentielle a été confirmé par l’apcpc qui prévoit que  La convocation est
remise lorsqu’il  figure  le sceau du tribunal, la date de notification,  suivie de la signature de
l’agent ou de l’autorité qui a la remise.

Paragraphe II – PERSONNES QUI EFFECTUENT LES NOTIFICATIONS

Aux termes de l’article 37 du CPC, la convocation est transmise  : 

– soit par l’un des agents du greffe  ;


– soit par l’un des huissiers de justice  ; 

– soit par la poste par lettre recommandée avec accusé de réception  ;

– soit par voie administrative, à savoir par les préposés habilités à le faire  tels que cheiks,
mouqqadams, gendarmes, policiers.

La jurisprudence s’est montrée stricte sur l’exigence de la précision  sur le certificat de


remise  de la qualité de la personne  qui effectue la notification. C’est ainsi qu’un arrêt de la
cour de cassation du 10 juin 2010 N° 536 dossier social 974/5/1/2009, a décidé que le
certificat de remise doit comporter le nom et la qualité de l’agent notificateur. Dans le cas de
l’espèce la partie demanderesse qui n’a pas pu se défendre en première instance du fait que
le jugement a été rendu par défaut au nom de ses héritiers. Aussi, elle a invoqué  en appel la
nullité des procédures de notification de la convocation en première instance en sollicitant la
transmission à nouveau du dossier au tribunal de première instance pour respecter les
dispositions légales.  Elle a fondé sa demande sur le fait que la convocation transmise aux
héritiers comporte uniquement le nom de l’agent notificateur sans préciser sa qualité s’il
s’agit d’un agent du tribunal auquel cas il est nécessaire d’apposer le cachet du secrétariat
greffe à côté de son nom et sa signature.

Au cas où il s’agit d’un huissier de justice, il est nécessaire de préciser sa qualité.   Enfin, s’il
s’agit d’un agent administratif, il est nécessaire de préciser l’administration concernée. 

Il a conclu que la convocation qui ne comporte pas la qualité de l’agent notificateur est
considéré comme nulle. 

La Cour de cassation a jugé que la décision de la Cour d’appel qui a omis de répondre à ce
moyen a violé les dispositions à caractère légal ainsi que les droits de la défense.

L’apcpc consacrant la pratique dominante actuelle, établit une priorité dans l’ordre de
transmission selon les termes suivants  : «  La convocation est transmise  par l’un des
huissiers de justice.  »

Le tribunal peut décider, le cas échéant, de transmettre la convocation soit par l’un des
agents du greffe, soit par voie administrative, soit par tout autre moyen de transmission.  Il
découle de ce qui précède que l’apcpc a posé le principe de la notification par les huissiers de
justice.

Par ailleurs, il a donné au tribunal la faculté de recourir soit aux agents greffe soit à la voie
administrative soit à tout autre moyen de transmission. Ainsi, l’apcp ne fait plus référence à
la transmission par lettre recommandée avec accusé de réception. Toutefois, il a élargi la
4èmecatégorie de notification en faisant référence à tout autre moyen de notification. Cette
notion large peut englober la transmission par LRAR ou les nouveaux moyens de
transmission par voie électronique.    

Dans le cas où le destinataire réside dans un pays étranger, la notification est transmise par
voie hiérarchique pour être acheminée par la voie diplomatique aux autorités judiciaires du
pays concerné, chargées de l’exécuter, à moins qu’elle ne puisse s’accomplir selon les formes
prévues par les conventions judiciaires bilatérales, lorsqu’il en existe. 

Ainsi, en exécution de la convention judiciaire franco-marocaine du 11 juin 1957, la


notification d’une requête et d’une convocation à l’audience ou d’un jugement concernant
une partie domiciliée en France sera régulièrement effectuée par un huissier selon les
modalités prescrites par la loi française. Inversement, une assignation déposée, ou un
jugement rendu en France contre une partie domiciliée au Maroc pourront être notifiés à
celle-ci par l’intermédiaire du bureau des notifications et exécutions judiciaires marocain.

Afin de renforcer la protection des justiciables, l’apcpc a introduit 2 nouvelles règles  :

 En 1er lieu, il a défini la période journalière au cours de laquelle la convocation doit


être notifiée.Ainsi, aucun pli judiciaire ne peut être transmis avant sept heures du matin ou
après vingt heures, sauf en cas de nécessité et après autorisation écrite et motivée par le
Président du Tribunal saisi de l’affaire ou par le juge d’exécution selon les cas ( article 37-1).
 En second lieu, il a établi une règle d’impartialité pour les agents du greffe en
prévoyant que les salariés du greffe ne peuvent entamer un travail, dans le cadre de leurs
fonctions liées à leur assignation en justice, pour toute personne ayant un lien de parenté ou
d’alliance jusqu’au quatrième degré inclusivement.

Paragraphe III délai de notification

Aux termes des articles 40 et suivants du CPC, un délai minimum doit séparer la date de  la
notification de la convocation et le jour fixé pour la comparution.

Ce délai de cinq jours  si la partie est domiciliée ou en résidence dans le lieu où siège le
tribunal de première instance ou dans une localité limitrophe.

Il est de  quinze jours  si elle se trouve dans tout autre endroit sur le territoire du Royaume.

Ces délais sont fixés  à peine de nullité du jugement qui serait rendu par défaut.

Cependant, ces délais ordinaires sont applicables, sauf au juge à les proroger,  aux
convocations remises à personne, au Maroc, encore que la partie n’y ait ni domicile ni
résidence. L’apcpc ajoute que si la partie comparait malgré le non-respect du délai précité, et
sollicite la prorogation du délai, l’affaire est reportée à une autre audience, et si alors cette
partie ne se présente pas, elle doit être convoquée à nouveau.
Lorsque celui qui est convoqué n’a ni domicile ni résidence dans le ressort des juridictions du
Royaume, le délai de comparution est de : 

–  deux mois  : s’il demeure en Algérie, Tunisie, ou dans un État d’Europe ; 

– trois mois  :  s’il demeure dans un autre État d’Afrique, en Asie ou en Amérique ; 

–  quatre mois  :  s’il demeure en Océanie.

L’apcpc a unifié ces délais de comparution à 3 mois pour les personnes qui n’ont ni domicile
ni résidence sur le territoire du Royaume. Il a ajouté que ces délais ordinaires s’appliquent
aux convocations notifiées au Maroc à toute personne qui n’a ni domicile ni résidence, sauf
pour le juge à les proroger.

Paragraphe IV  : LES PERSONNES HABILITEES A LES RECEVOIR

Aux termes de l’article 38 du CPC, La convocation et les documents sont remis à l’un des 6
cas suivants  :

–              soit à personne,

–              soit à domicile,

–              soit en son lieu de travail,  

–              ou en tout autre lieu où la personne concernée pourrait se trouver,

–              la remise peut également être effectuée au domicile élu. 

–              la résidence, à défaut de domicile au Maroc, vaut domicile.

                    A.    La Notification à PERSONNE  :

Elle doit être remise à la personne indiquée dans l’enveloppe de convocation qui doit
mentionner « Les noms, prénoms, professions, domicile ou résidence du demandeur et du
défendeur  » (article 36) et qui doivent être précisées dans le certificat de remise. Si  la
personne est incapable, l’article 516 cpc impose la même règle que celle des personnes
morales en exigeant que la notification doit être faite au représentant légal.

Dans le cas des personnes morales, l’article 516 cpc précise que les notifications doivent être
adressées à leurs représentants légaux pris en cette qualité. Cette règle s’applique aussi bien
aux sociétés, associations et d’une manière générale à toute personne morale. La
jurisprudence considère à juste titre que le représentant légal n’est pas nécessairement
l’administrateur ou le président de la société, mais toute personne habilitée à le représenter,
notamment le directeur ou le fondé de pouvoirs, et que les employés présents dans les
bureaux de la société, considérés comme personnes habitant avec le destinataire, peuvent
valablement recevoir la notification pour le compte de la société.   Ainsi, la cour de Cassation
a considéré dans son arrêt N° 481 du 03/05/2012  le refus par l’employé de recevoir  le pli de
la notification est  considéré comme une notification valable et     produit tous effets.

L’apcpc apporte des précisions complémentaires sur les cas de notification aux personnes
morales en visant aussi bien les personnes morales PRIVEES que PUBLIQUES.

La notification des personnes morales, des administrations, des établissements publics, des
collectivités territoriales et de toute autre personne de droit public, a lieu par la remise de la
convocation à son représentant légal, ou son mandataire, ou en signant le certificat de
réception par bureau d’ordre auquel elle est rattachée.

Dans la pratique, l’enveloppe et le certificat ont  soulevé des difficultés relativement à la


portée et à la force probante des mentions qui y sont apposées. Il  a notamment été jugé que
la mention portée par l’agent notificateur selon laquelle le pli avait été notifié à personne se
suffisait à elle-même. Il est vrai qu’en l’espèce celui qui contestait avoir apposé sa signature
sur le certificat n’établissait pas et n’offrait pas d’en établir la fausseté.

  B. Notification à domicile   

Si la notification n’a pas pu être faite à la personne elle-même, elle est valablement effectuée
à son domicile, selon l’article 38 C.P.C.,  entre les mains d’un parent, serviteur ou de toute
autre personne habitant avec le destinataire.  Dans cette hypothèse, le certificat de remise
doit, sous peine de nullité,  indiquer l’identité de la personne  à laquelle le pli de notification a
été remis et à quelle date.

Dans son  arrêt N° 131 du 09/01/2008, la cour suprême, a considéré que l’article 38 exigeant
l’indication de l’identité de la personne, n’impose pas pour autant la précision du N° de la CIN
de la personne qui a reçu le pli de notification ni de s’assurer de son identité par deux
témoins présentant leur CIN. 

Il en résulte que la précision de l’identité de la personne sur le pli de notification par l’huissier
de justice qui l’a délivré à la personne concernée suffit à elle-même pour considérer que
l’indication de l’identité de la personne a été observée.

Toute contestation doit être établie par une action en faux par l’intéressée. 

L’article 38 du CPC, qui énumère les personnes qualifiées pour recevoir cette notification, a
modifié les dispositions de l’ancien article 56 du dahir du 1913. Ce dernier prévoyait, d’une
part, que la notification pouvait être faite au concierge d’une part et, que  d’autre part, elle
pouvait être faite à toute personne habitant la même demeure.Le texte de l’article 38 est
plus restrictif. Il ne suffira pas d’habiter le même bâtiment, mais il faudra justifier d’une
cohabitation véritable avec l’intéressé.

Il en résulte que sera nulle, (comme elle l’était déjà sous l’empire du texte antérieur) la
notification faite à un voisin du destinataire.

La jurisprudence de la Cour de cassation a admis que la notification à un mineur est valable


car le texte n’exige la majorité pour la validation de la notification (décision N° 246 publié à
la revue de la jurisprudence de la cour de suprême en arabe page 30 et suivante). Toutefois,
la notification faite à l’épouse au domicile du conjoint emprisonné est considérée comme
valable en absence d’une disposition qui considère la prison comme domicile en
remplacement du domicile réel. (Arrêt de la CS du 04/01/2011 N° 79).

Par ailleurs, la jurisprudence n’a pas considéré comme une notification conforme aux articles
38 et 39, le certificat de remise dont l’huissier de justice s’est contenté de préciser qu’il a
trouvé une femme qu’il a considéré personnellement comme le conjoint de la personne a
notifié et que cette femme a refusé de donner son nom et de signer le certificat de remise. De
plus, l’huissier n’a pas respecté les obligations légales de notification lui imposant de préciser
son nom et d’apposer sa signature sur le certificat de remise arrêt de la CS du 11/03/1981 N°
158.

Enfin, la notification effectuée au frère de la personne concernée dans une adresse autre que
celle figurant dans les pièces du dossier n’est pas considérée comme valable surtout cette
adresse ne constitue pas le centre des affaires concernée (arrêt de la CS du 02/02/2005 N°
89).

En revanche la notification en frère de la personne concernée dans l’adresse de son fonds de


commerce objet de contestation est considérée comme valable conformément aux
dispositions de l’article 8 du CPC qui n’exige pas que la personne notifiée soit majeure (Arrêt
13/05/2009 n° 767).

Aussi, la jurisprudence de la cour de cassation dans un arrêt du 31/10/2018 a considéré non


valable la notification faite à une tante paternelle dans son domicile personnelle et non celui
des héritiers.

Dans le cas d’espèce, la tante était en conflit personnel avec les héritiers et elle a refusé de
recevoir  la notification.  La partie adverse s’est fondée sur le refus de la tante pour obtenir à
l’expiration du délai légal du secrétariat greffe, le certificat de non opposition et de non
appel. Sur la base de ce certificat, elle a ouvert le dossier d’exécution à l’encontre des
héritiers en entamant les procédures de vente judiciaire de leur villa. Le tribunal de première
instance ainsi que la cour d’appel ont donné droit  à la partie adverse en considérant que la
notification est régulière. La cour de cassation a infirmé la décision de la cour d’appel au
motif que cette dernière n’a pas recherché la réalité de la notification qui a été effectué au
domicile de la tante paternelle et non à celui des héritiers. De ce fait, il n’a pas été établi que
le refus de notification provenait des héritiers eux même et ne pouvait produire les effets
juridiques à leurs égards d’autant plus qui étaient en mésentente avec leur tante paternelle. 

L’apcpc (article 38) apporte des précisions plus explicites sur la convocation à personne dans
les termes suivants.  Dans le cas où la personne n’ayant pas été rencontrée à son domicile
réel ou élu, l’agent peut remettre la convocation à une personne désignée par elle ou à celle
ayant qualité de son mandataire, de son employé, d’un des habitants du domicile soit
conjoint, proche, ou ayant un lien d’alliance  et majeur,  pourvu que l’intérêt de la personne
convoquée ne soit pas contradictoire avec l’intérêt de ce dernier.

Ainsi, on constate que l’apcpc a remplacé le terme «  serviteur  » par celui «  d’employé  ».

Par ailleurs, il a précisé davantage la notion de parent en visant expressément conjoint,


proche, ou ayant un lien d’alliance et en exigent qu’il soit majeur.

S’agissant particulièrement du conjoint, il est à noter que l’apcpc, entérine la jurisprudence


constante dans ce domaine et qui été notamment confirmée par un arrêt de la cour suprême
en date du 29/03/2006.

Ce dernier a considéré que la notification à l’épouse est valable en se fondant sur le fait
qu’elle rentre dans la catégorie des personnes habitant la même demeure que la personne
destinataire de la  notification. Elle a justifié sa position par le fait que le domicile principal de
l’épouse est censé être de celui de l’époux à moins qu’il y a  conflit conjugal établie.

Enfin, l’apcpc donne plus de précision sur le document accompagnant la convocation en


visant expressément et spécialement la requête introductive d’instance qui se substitue au
terme plus général de document.

C-  Notification au lieu de travail

La notification sur le lieu de travail peut s’opérer à l’intéressé lui-même ou à toute personne
travaillant avec lui.  On rappellera que par son arrêt N° 481 du 03/05/2012, la cour de
Cassation a jugé que le refus de la notification par l’employé est considéré notification et
produit tous effets à l’expiration du délai légal... Par ailleurs, la notification effectuée dans le
lieu du travail de l’épouse n’est pas considérée comme régulière dans la mesure où ce lieu ne
peut être assimilé au domicile réel de l’intéressée (cour  suprême du 15/05/1997 N°2965)   

D-  Notification en tout autre lieu où la personne concernée pourrait se trouver :

Cette formulation très large permet la notification de la personne en quelque lieu qu’elle soit,
mais encore faut- il qu’il n’y a pas contestation sur son identité.
E-  Notification à domicile élu  :

Toute notification faite à domicile élu notamment à l’avocat régulièrement constitué d’une
partie, est valable, puisque le Code non seulement le permet, mais dans un cas précis
(résidence à l’étranger) impose l’élection de domicile. Il faut toutefois préciser que le CPC
opère une distinction difficilement justifiable entre les notifications des jugements rendus par
le tribunal de première instance et celles des arrêts de la cour d’appel.

La notification à domicile élu du jugement de première instance fait courir le délai d’appel
conformément à l’article 134 alinéa 4 qui précise que  le délai court à compter de
la  notification à personne ou à domicile réel ou élu  ou de la notification à l’audience
lorsqu’elle est prévue par la loi.   

En revanche, la notification de l’arrêt à domicile élu ne fait pas courir le délai de pourvoi en
cassation. L’article 358, alinéa 1er  du cpc ne faisant courir ce délai qu’à compter de la
notification à personne ou à domicile réel. Le domicile élu reste valable aussi longtemps que
la partie n’a pas informé son adversaire de son changement d’avocat. Si elle omet de le faire,
la notification de la décision au domicile de son précédent mandataire est néanmoins
régulière.

    F-  Notification à la résidence

On rappellera que conformément à l’article 38 alinéa 2 cpc, à défaut de domicile au Maroc,


la résidence vaut domicile.

Paragraphe V  : Modalités de notification

A – La notification par la poste

L’article 37 C.P.C. prévoit la possibilité d’une notification par la voie postale par lettre
recommandée.   Cette possibilité existe depuis le dahir du 5 mai 1920 qui a modifié à cet effet
l’article 55 de l’ancien Code. Le texte n’a cependant jamais été interprété par la
jurisprudence comme permettant d’utiliser immédiatement les services postaux.

La notification par poste est soumise à la condition, précisée (par l’ancien article 57,
analogue) à l’article 39, à savoir que la partie intéressée n’a pas été trouvée par l’agent de
notification, à son domicile ni elle-même ni personne pour elle ou à sa résidence. C’est
seulement dans ces conditions que cette forme de notification devient alors une étape
obligatoire. 

Dans cette hypothèse, l’agent chargé de la notification doit mentionner cette impossibilité
sur le certificat de remise, et c’est alors seulement que le greffe adresse la convocation sous
pli postal recommandé avec avis de réception. Il n’y aura pas dans ce cas de certificat de
remise, c’est l’accusé de réception postal qui en tiendra lieu. Dans la pratique, ces
notifications par voie postale soulèvent des difficultés tenant au fait que très souvent les
récépissés de remise ne comportent pas les indications suffisantes permettant de s’assurer
que le pli a effectivement été remis à son destinataire.

La jurisprudence considère que l’avis de réception postale est considéré comme un écrit
officiel constituant une preuve des faits relatés par l’agent public de la poste jusqu’à recours
pour faux. Elle a conclu que la simple contestation de la signature est insuffisante pour
conclure au défaut de notification (arrêt de la CS du 04/04/88 N° 904). 

Par ailleurs la CS considère que le retour du pli recommandé avec la mention «  non
réclamée  » est soumis à l’appréciation des juridictions du fond pour admettre la validité ou
non de la notification selon chaque cas d’espèce (CS 22 juillet 88 N° 4908).

On rappellera que l’acpc a supprimé la référence expresse à cette modalité de notification en


lui substituant la notion large de «  tout autre moyen de transmission  ».

B.  Notification au greffe

L’article 330 du CPC, réglementant la procédure devant la cour d’appel, qui régit aussi la
procédure écrite en première instance, précise que  :

« Toute partie domiciliée en dehors du ressort de la juridiction saisie de l’appel est tenue de
faire élection de domicile au lieu où siège ladite juridiction. Toute communication adressée à
une personne non encore appelée en cause contient, s’il y a lieu, avis d’avoir à faire cette
élection de domicile. A défaut de cette élection, toute communication, toute notification,
même celle de l’arrêt définitif, est valablement faite au greffe de la cour d’appel  ». 

La jurisprudence de la CS était amenée à se prononcer sur la sanction applicable au non-


respect de la désignation du domicile dans le ressort de la cour d’appel. Elle a considéré que
le défaut de désignation du domicile élu dans le ressort territorial de la cour d’appel
n’entraîne pas pour conséquence l’irrecevabilité mais simplement la validité de toute
notification effectuée au secrétariat greffe de la cour d’appel conformément de l’article 330
du CPC.

L’apcpc a non seulement repris cette règle mais a étendu son champ d’application au cas où
le domicile désigné est incomplet ou faux au point qu’il est impossible de procéder à la
notification ou si le mandataire ou l’avocat n’ont pas de domicile réel ou élu dans le ressort
du tribunal.   

La constitution d’un mandataire qualifié vaut élection de domicile chez celui-ci.  Le


mandataire n’est valablement désigné que s’il a lui-même domicile réel ou élu dans le ressort
».
Deux conditions sont donc nécessaires : d’une part que la  partie concernée réside en dehors
du ressort du tribunal, et d’autre part  qu’elle ait été avertie,  lorsque l’assignation lui a été
signifiée pour la première fois, qu’elle a l’obligation d’élire domicile dans ce ressort.

Cette modalité de notification semble rarement utilisée en pratique.  Cependant, lorsqu’elle a


eu l’occasion de le faire, la jurisprudence a strictement appliqué le texte en décidant que les
délais d’appel couraient  à compter du jour de la notification faite au greffe du jugement de
condamnation  vis-à-vis du défendeur condamné, dûment averti de la nécessité d’élire
domicile et qui s’était abstenu de le faire.

De même, la jurisprudence considère que celui qui n’a pas fait élection de domicile
conformément à l’article 330 cpc n’est pas fondé à soutenir que les résultats d’une enquête
ne peuvent lui être opposés faute de convocation régulière. Le problème se pose
actuellement de savoir si cette disposition, qui est visée uniquement par les textes
concernant la procédure écrite, peut être utilisée en matière de procédure orale.

La loi ne le prévoit pas expressément.

Selon la doctrine, il n’est pas logique, dès lors que la procédure orale est censée devoir se
dérouler plus rapidement que la procédure écrite, d’imposer le respect du délai de distance
pour toutes les convocations qui seront successivement adressées aux parties résidant à
l’extérieur de la juridiction. Il est normal que la loi accorde un délai au justiciable éloigné
pour préparer sa défense. Mais, lorsqu’il a négligé de le faire, il ne doit pas continuer à
bénéficier de délais supplémentaires en procédure orale et non en procédure écrite.

C.   La notification par curateur     

C’est le dahir du 27 avril 1920 qui a institué cette notification à curateur. Elle a pour objet de
permettre le déroulement normal d’une procédure lorsque l’une des parties se trouve être
sans domicile ni résidence connus au Maroc ou partout ailleurs. La condition essentielle pour
que la désignation du curateur puisse intervenir est donc l’impossibilité de déterminer
l’adresse de la partie. Cette impossibilité doit être réelle et doit découler du caractère
infructueux des tentatives de notification faites par le greffe et par la poste. 

Le curateur est en principe désigné par le juge chargé du dossier à la demande de l’autre
partie.  Il s’agira d’un agent du greffe  qui, selon les termes de la loi,  a pour mission de
rechercher la partie avec le concours du parquet et des autorités administratives.  Si ces
recherches aboutissent, il en informe le juge et avise la partie découverte, par lettre
recommandée, de l’état de la procédure, ce qui marque la fin de son mandat. 

Si elles n’aboutissent pas, l’instance peut néanmoins se dérouler sous cette réserve que le
jugement n’est pas contradictoire.  Il peut néanmoins, et c’est l’intérêt essentiel de ce mode
de notification, devenir exécutoire après l’accomplissement d’un certain nombre de
formalités qui seront examinées à l’occasion de l’étude de l’exécution des jugements.

Dans son arrêt N° 215 daté du 16/01/2008, la cour suprême a considéré non conforme à la
loi le fait pour une juridiction de procéder à la désignation d’un curateur et rendre son
jugement sans respecter la procédure prévue par l’article 39 du CPC qui impose au curateur
de rechercher la partie avec le concours du ministère public et des autorités administratives
et de fournir toutes pièces et renseignements utiles à sa défense.

Paragraphe VI  : Cas particulier du refus de recevoir la notification

Aux termes de l’article 39 alinéa 4 C.P.C. : «  Si la partie ou la personne ayant qualité a  refusé
de recevoir la convocation,  mention en est faite sur le certificat.   La convocation  est
considérée comme valablement notifiée le dixième jour qui suit le refus  opposé par la partie
ou la personne ayant qualité pour recevoir pour elle la convocation  ».

Il semble que l’on puisse également étendre la même règle au refus de recevoir une
notification par poste. Mais cette situation a soulevé des difficultés en jurisprudence. 

La question se pose notamment de savoir si l’on peut assimiler au refus, le fait courant dans
la pratique, que le facteur laisse au destinataire absent une convocation l’invitant à retirer
l’envoi recommandé par la poste, mais que ce dernier s’abstient d’opérer ce retrait. Les
dernières décisions de la haute juridiction ont tendance à admettre que dans ce cas, la
notification n’est pas effectivement intervenue.  Ces décisions sont contraires à la ligne
directrice suivie par la haute juridiction antérieurement à 1965 et, qui considéraient qu’il ne
saurait dépendre de la volonté d’une partie d’empêcher un délai légal de courir contre
elle. Enfin, il est à rappeler que l’article 39 alinéa 6 cpc dispose que le juge peut selon les
circonstances proroger le délai de 10 jours et ordonner une nouvelle convocation.  Cette
disposition ne peut toutefois s’appliquer qu’aux convocations aux audiences et non aux
notifications des jugements.

Par suite de nombreuses difficultés pratiques posées par la notification, l’apcpc a réaménagé
totalement cet article dans sa formulation et dans son fond et ce dans les termes suivants  :

A la convocation est annexée un certificat de remise qui doit contenir les dispositions
suivantes  :

1 – nom et prénom, numéro de carte d’identité nationale ou tout autre document équivalent
de la personne qui reçoit la convocation.

2 – la date et l’heure de la remise ou de son refus.


3 – la signature de la partie convoquée, ou de la personne qui reçoit la convocation, avec
précision de la nature de sa relation avec le convoqué, justifiant sa qualité pour la recevoir.   

Si celui qui reçoit la convocation ne peut ou ne veut signer le certificat, mention en est faite
par l’agent ou l’autorité qui assure la remise. Cet agent ou cette autorité signe, dans tous les
cas, le certificat et le fait parvenir au greffe du tribunal. Si la partie ou la personne ayant
qualité selon les dispositions de l’article 38 ci-dessus, a refusé de recevoir la convocation  ;
mention en est faite sur le certificat, en déclinant son identité et en donnant son signalement
physique, avec l’aide si besoin, du Ministère Public.

VII –  La notification par moyen technologique en droit marocain et comparé (Canada) 

L’avant-projet du code de procédure civile a admis la possibilité de notification


électronique.   Dans l’attente  de son entrée en vigueur, le 1er Président de la Cour de
Cassation avait déclaré en février 2015 dans le journal« Maghreb Lyaoum  » que le plan
quinquennal 2013-2017 de la réforme judicaire a planifié des grands défis pour l’année 2017,
dont la question de la notification qu’il a qualifiée de grand désastre qui fait obstacle au
fonctionnement normale de la justice.  Il a annoncé son remplacement par la notification
électronique qui facilitera la fluidité du traitement des dossiers. Aussi il a souligné que la cour
de cassation a statué sur 80% des dossiers au cours de l’année 2014 et que le retard dans les
20% restant est lié aux difficultés des notifications qui constituent une problématique
majeure aussi bien pour les tribunaux marocains que pour la Cour de Cassation d’autant plus
que cette dernière doit procéder à cette formalité sur tout le territoire du Royaume.

Le 1er  Président de la Cour de Cassation a souligné que la résolution du problème de la


notification permettra de statuer sur les 100% des affaires soumises à la Cour de Cassation. Il
a annoncé qu’une convention sera signée avec les barreaux des avocats afin de donner un
fondement juridique à la notification électronique. Il a souligné que dans l’attente de
l’intervention législative dans ce domaine, il sera procédé aux notifications selon les
méthodes classiques notamment par les huissiers de justice. 

Il a rappelé que le plan quinquennal de la réforme judiciaire qui s’étend de 2013 à 2017
devait aboutir à son terme à la gestion immatérielle des dossiers à savoir le jugement
électronique des dossiers, ce qui constitue un gain de temps et de frais.

S’agissant de la notification, la gestion électronique permettra d  ‘effectuer cette formalité


pour un avocat à Laayoune en 30 secondes contrairement à la notification classique qui
nécessite plusieurs mois. 

En droit comparé, depuis l’entrée en vigueur au Canada du nouveau  Code de procédure


civile, la notification par moyen technologique est maintenant possible dans certaines
circonstances]  dans le respect des règles énoncées par la  Loi concernant le cadre juridique
des technologies de l’information. La notification par un moyen technologique se fait par la
transmission du document à l’adresse que le destinataire indique être l’emplacement où il
accepte de le recevoir ou à celle qui est connue publiquement comme étant l’adresse où il
accepte de recevoir les documents qui lui sont destinés, dans la mesure où cette adresse est
active au moment de l’envoi.

Cependant, la notification par un tel moyen n’est admise à l’égard de la partie non
représentée que si celle-ci y consent ou que le tribunal l’ordonne. Un
document  technologique est présumé transmis, envoyé ou expédié  lorsque le geste qui
marque le début de son parcours vers l’adresse active du destinataire est accompli par
l’expéditeur ou sur son ordre et que ce parcours ne peut être annulé ou, s’il peut l’être, n’a
pas été annulé par lui ou sur son ordre.

Le document technologique  est présumé reçu ou remis  lorsqu’il devient accessible à


l’adresse que le destinataire indique être l’emplacement où il accepte de recevoir d’un
document ou celle qu’il représente publiquement être un emplacement où il accepte de
recevoir les documents qui lui sont destinés, dans la mesure où cette adresse est active au
moment de l’envoi. Le document reçu est présumé compréhensible, à moins d’un avis
contraire envoyé à l’expéditeur dès l’ouverture du document.

Lorsque le moment de l’envoi ou de la réception du document doit être établi, il peut l’être
par un bordereau d’envoi ou un accusé de réception ou par la production des
renseignements conservés avec le document lorsqu’ils garantissent les dates, heure, minute,
seconde de l’envoi ou de la réception et l’indication de sa provenance et sa destination ou
par un autre moyen convenu qui présente de telles garanties.

La désignation de l’adresse de notification technologique  :  En droit canadien, l’utilisation de


services gratuits de messagerie (Hotmail, Gmail, Yahoo Mail, etc.) est considéré ne pas
convenir à la pratique du droit, pour les raisons énoncées dans le   Guide TI du
Barreau  puisque ces services n’offrent généralement pas les garanties nécessaires pour
protéger la confidentialité et la sécurité des informations des clients. Cette règle vaut
évidemment pour les notifications, mais également pour l’ensemble des communications
électroniques avec les clients. 

CHAPITRE IV LES DELAIS DE PROCEDURE 

Les délais de procédure sont ceux accordés aux différentes parties dans un procès pour
accomplir un acte de procédure donné.

 Ils répondent à une double nécessité : la première, réside dans le fait de garantir au
justiciable un temps suffisant pour faire valoir ses moyens ou organiser sa défense.
La seconde, a pour objectif d’éviter que les litiges se prolongent indéfiniment et que les
voies de recours soient ouvertes pour un temps limité.

Nous en examinerons successivement ces différents types, la sanction de leur inobservation,


les modalités de leur computation, et les cas d’interruption et de suspension.

SECTION I LES DIFFERENTS TYPES DE DELAIS ET LEURS SANCTIONS

Paragraphe 1 Délais de comparution — délais de distance

On peut distinguer trois grandes catégories :

–       les délais de comparution et de distance ;

–      les délais de mise en état ;

–      les délais d’exercice des recours et droits procéduraux.

Il y a lieu de se reporter aux développements précédents sur cette question. On rappellera


que les articles 40 et 41 ont prévu 2 catégories de délais à l’intérieur du Maroc 5 et 15 jours
et 3 délais à l’étranger de 2, 3 et 4 mois selon la distance géographique.

L’APCPC a maintenu les délais au niveau du Maroc et uniformisé les délais à l’étranger pour
une durée de 3 mois sans distinction géographique.

 Le délai de comparution est le délai incompressible de préavis que le juge doit accorder à la
partie qu’il convoque.

Il est fixé par la loi (article 40 C.P.C.) à :

Cinq jours au minimum (3) si celle-ci est domiciliée dans le ressort du tribunal ou dans une
localité limitrophe ; si elle est domiciliée ou si elle a une résidence dans un tout autre endroit
sur le territoire du Maroc, 

– quinze jours. Si elle n’a ni domicile ni résidence au Maroc, ce délai va augmenter avec la
distance qui l’en sépare : il sera –deux mois pour ceux qui habitent l’Algérie, la Tunisie ou un
Etat d’Europe, 
-trois mois pour ceux habitant un autre Etat d’Afrique, l’Asie ou l’Amérique, 

– quatre mois pour ceux d’Océanie.

Par ailleurs, l’APCPC a comblé le vide sur les sanctions applicables en cas de non-respect du
délai de comparution.

Si la partie comparaît malgré le non-respect du délai précité, et qu’elle en demande la


prorogation du délai, l’affaire est reportée par le juge à une date ultérieure en résulte que
malgré le caractère impératif du délai, la sanction de son inobservation n’est pas
nécessairement la nullité de l’acte.

Toutefois, si la partie n’a pas comparu et que le tribunal statue au fond par défaut à son
encontre, elle pourra faire prononcer la nullité du jugement irrégulièrement rendu, soit par
la voie de l’opposition si ce recours lui est ouvert, soit par celle de l’appel.

Par ailleurs, la jurisprudence a considéré dans son arrêt de la Cour Cassation N° 473 du
31/03/2011 que dans le cadre de la défense à exécution et en cas d’extrême urgence, il est
possible de renoncer à la convocation du défendeur ou de ne pas respecter le délai de 5
jours entre la date la réception de la convocation et le jour de l’audience. 

Paragraphe2 Les délais de mise en état

Ils comprennent, aussi bien les délais fixés par des dispositions légales que ceux décidés par
le juge lui-même de sa propre initiative et à son appréciation, dans le but d’arriver
rapidement à la solution du litige.

Certains d’entre eux sont impartis au juge.

 C’est notamment le cas prévu par l’article 97 C.P.C. qui oblige le juge rapporteur ou le juge
chargé de l’affaire à parapher, dans les huit jours, la pièce arguée de faux déposée au greffe
et rédigé un PV précisant l’état de la pièce ou de son original en présence des parties ou
après leur convocation d’une manière légale. 

C’est également le cas de l’article 147 CPC, relatif à la défense à exécution provisoire qui
impose à la juridiction saisie de statuer dans le délai de 30 jours à partir du moment où elle
est saisi.
Il en est de même de l’article 296 du CPC, relatif à la récusation, qui accorde au juge récusé
un délai de 10 jours pour prendre position. 

En général, c’est au juge qu’il appartient de fixer le délai qu’il accorde pour consigner les
frais d’une mesure d’instruction (article 56du CPC), pour répondre à la demande ou à la
réplique, ou pour conclure après dépôt d’un rapport d’expert ou d’un procès-verbal
d’enquête.

D’autres délais concernent les auxiliaires du juge : ainsi selon l’article 281 du CPC, en
matière d’expertise médicale, l’expert doit déposer son rapport dans un délai maximum
d’un mois depuis la date de la notification de l’ordonnance ou la décision qui a ordonné
l’expertise.

Enfin, certains délais concernent les parties et peuvent être fixés par la loi.

C’est notamment le cas du délai de 5 jours accordé aux parties pour faire connaître leurs
témoins (article 72 CPC),

En dernier lieu, les parties concernées doivent déposer le mémoire en réplique ainsi que les
pièces auxquels elles font référence dans le délai de 30 jours  à partir de la date de
notification  (article 365 CPC).

Sanction : Ces délais n’ont pas un caractère impératif et leur inobservation ne vicie pas
nécessairement l’acte accompli après le délai.

 Ainsi même si en matière de défense à exécution provisoire la juridiction saisie statue après
le délai de 30 jours fixé par la loi, sa décision conservera son plein effet. 

De même si en matière d’accidents du travail, le rapport d’expertise médicale doit être


déposé dans le mois, l’on ne peut en déduire que le rapport déposé hors délai serait nul ; il
faudrait alors une nouvelle expertise et un allongement de la procédure, que l’article 281 qui
édicte ce délai a précisément pour objet d’éviter. Tout au plus, dans ces cas, le justiciable
pourrait-il valablement se plaindre à l’autorité compétente de la négligence du juge ou de
l’expert. Ces dispositions ont seulement pour intérêt de faire en sorte que ceux qu’elles
concernent se sentent effectivement tenus d’accomplir le devoir qui leur incombe aussi
rapidement que possible.
 Il en est de même des délais accordés aux parties pour déposer des conclusions, des pièces,
une liste de témoins, une provision : celles-ci pourront en obtenir la prorogation si leur
retard a une cause justifiée. 

Le juge reste libre d’apprécier les conséquences du fait que le délai a été dépassé ; et ce
n’est qu’en cas de défaillance avérée qu’il pourra sanctionner la partie en se dessaisissant du
dossier, par exemple, ce qui rend irrecevable la production de conclusions ou de pièces
nouvelles, ou en passant outre à la mesure d’instruction ordonnée et en statuant en l’état.

Paragraphe3 Délais d’exercice des droits procéduraux et des voies de recours

Le CPC fixe différents délais selon la nature de la procédure.

 – L’opposition à un jugement par défaut, lorsqu’elle est possible, doit être faite dans le délai
de 10 jours à compter de la notification ; 

-L’opposition à une ordonnance d’injonction de paiement, dans le délai de 15 jours depuis la


date de notification avec mise en demeure de la partie adverse que le défaut d’opposition
dans le délai précité est sanctionné par la forclusion (article 161 du CPC tel que modifié par
le Dahir de 6 mars 2014).

Le jugement d’opposition peut faire l’objet d’appel dans un délai de 15 jours depuis la date
de sa notification (article 164 du CPC tel que modifié par le Dahir de 6 mars 2014.

   -le recours contre une ordonnance de référé doit s’effectuer dans un délai de 15 jours
depuis la notification de l’ordonnance ;

 – le recours contre une ordonnance de rejet en matière d’ordonnance sur requête doit être
exercé dans le délai de 15 jours du prononcé ;

– Enfin la récusation d’un expert, dans les 15 jours de la notification de sa nomination.

–  L’appel interjeté contre un jugement de première instance doit intervenir dans un délai de
30 jours depuis la date de la notification à la personne concernée à son domicile réel ou élu
ou de la notification à l’audience si cela a été prévu par la loi

Le délai d’appel est réduit à 15 jours pour les affaires relatives à la famille article 134 du
CPC. 
Le pourvoi en cassation doit être relevé dans le délai de 30 jours depuis la date de
notification de la décision contestée à la personne concernée ou à son domicile réel.

Pour les décisions rendues par défaut, le délai ne court que du jour où l’opposition ne peut
être recevable.

Il est à noter que le délai de pourvoi est suspendu depuis le jour du dépôt de la demande
d’assistance judiciaire au secrétariat greffe de la Cour de Cassation.

Le délai reprend son cours à nouveau depuis la date de la notification de la décision du


bureau de l’assistance judicaire au mandataire désigné d’office et du jour de la notification
de la décision du refus au demandeur.   (Article 358 du CPC).

Tous ces délais ont une portée fondamentalement différente de ceux des deux premières
catégories.

Ils ont un caractère d’ordre public et de ce fait s’imposent au juge et aux parties qui ne
peuvent renoncer à s’en prévaloir. Ce principe est posé par l’article 511 C.P.C, selon lequel
tous les délais fixés pour l’exercice d’un droit sont impartis à peine de déchéance.
L’irrecevabilité d’une voie de recours exercée hors délai peut donc être soulevée d’office par
le juge.

SECTION II COMPUTATION DES DELAIS.  

Les questions de computation, de suspension et d’interruption des délais concernent


essentiellement les délais d’exercice d’un droit procédural ou d’un recours.

• Computation : l’article 512, énonce une règle fondamentale selon laquelle, tous les délais
prévus au présent code sont des délais francs. Ainsi, le jour de la remise de la convocation,
de la notification, de l’avertissement ou de tout autre acte fait à personne ou à domicile,
ainsi que le jour de l’échéance, n’entrent pas en ligne de compte.

D’autre part le Code a également simplifié le système antérieur : tous les délais sont
comptés en jours et non, comme c’était le cas pour certains, en mois.

• Prolongation : jours fériés – samedi et dimanche : Selon l’article 512, si le jour de


l’échéance est un jour férié, le délai est prorogé jusqu’au premier jour non férié.
L’article 513 précise que « Sont considérés comme jours fériés pour l’application du présent
code, tous les jours déclarés tels par une disposition légale170 ».

L’APCPC apporte une réponse claire sur la portée juridique de la notification à ‘égard de
celui qui en est l’auteur.

C’est ainsi qu’il a précisé que le délai cours à l’égard du demandeur de la notification depuis
le jour où celle-ci a été effectuée à son initiative. En cas de pluralité des défendeurs, le
départ de délai a été fixé depuis la date de notification du premier d’entre eux.

SECTION III INTERRUPTION ET SUSPENSION DES DELAIS

Les délais de procédure ne sont pas normalement susceptibles d’être interrompus et se


distinguent en cela des délais de prescription, puisqu’ils ne sont pas affectés par les causes
ordinaires de suspension ou d’interruption prévues par le Code des obligations et contrats. 

Il existe toutefois deux cas particuliers de suspension des délais d’appel et de pourvoi.
Précisons au préalable qu’il s’agit d’une suspension au sens juridique du terme. En
conséquence, lorsque la cause de suspension a pris fin, ce n’est pas un nouveau délai
intégral qui commencera à courir, mais seulement la fraction de délai non couru avant la
survenance de cette suspension.

Le premier cas est relatif au délai d’appel, qui est suspendu, selon l’article 137 C.P.C., par la
mort de l’une ou l’autre des parties, au profit des héritiers, et ne reprend son cours qu’à 

L’expiration de la quinzaine qui suit la notification du jugement faite aux héritiers au


domicile du défunt.

Cette notification peut être faite aux héritiers et représentants légaux collectivement et sans
désignation des noms et qualités.

De même, l’article 139 décide que s’il se produit au cours du délai d’appel une modification
dans la capacité de l’une des parties, le délai est suspendu et ne recommence à courir que
15 jours après la notification à celui qui a qualité pour la recevoir.

Aucune disposition analogue n’existe, ni pour le délai d’opposition à un jugement par


défaut, ni pour le délai de pourvoi en cassation. Cette apparente contradiction entre les
différents recours peut s’expliquer par le fait qu’en principe l’opposition n’est ouverte que
dans un nombre limité de cas portant sur des litiges de peu d’importance ; de même le
recours en cassation est un recours exceptionnel, de sorte qu’il n’y a pas lieu de prolonger
les délais pendant lesquels ces recours sont possibles. A l’inverse, l’appel est la voie de
recours normale, et en principe, d’ordre public. Il n’y a pas lieu de priver les héritiers ou les
incapables de la possibilité de l’exercer en leur opposant une notification qu’ils pourraient
avoir ignorée.

Le second cas de suspension concerne le pourvoi en cassation. Selon l’article 358 C.P.C., Le
délai de recours est suspendu à compter du jour du dépôt au greffe de la Cour de cassation,
de la demande d’assistance judiciaire ; ce délai court à nouveau du jour de la notification de
la décision du bureau d’assistance judiciaire au mandataire commis d’office et, en cas de
rejet, du jour de la notification à la partie de cette décision de rejet.

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