Régionalisation Avancée

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Université Sultan Moulay Slimane ‫جــامعة السلطــان مـوالي سليمــان‬

Faculté Polydisciplinaire
‫الكليـة المتعـددة التخصصــات‬
Béni Mellal
‫بنـي مـالل‬

Projet de fin d’études en vue de l’obtention du


diplôme de Licence Fondamentale Parcours :
Gestion ou Sciences Économiques
Intitulé:

la régionalisation avancée a-t-elle résolu le problème de


financement des collectivités territoriales ?

Réalisé par :

- Kawtar EL MOUTTAKI
- Amine EL HADIRI

Encadré par :

- Mr : Hicham EL MOUSSAOUI

Année universitaire

2019-2020
Université Sultan Moulay Slimane ‫جــامعة السلطــان مـوالي سليمــان‬
Faculté Polydisciplinaire
‫الكليـة المتعـددة التخصصــات‬
Béni Mellal
‫بنـي مـالل‬

Projet de fin d’études en vue de l’obtention du


diplôme de Licence Fondamentale Parcours :
Gestion ou Sciences Économiques
Intitulé:

la régionalisation avancée a-t-elle résolu le problème de


financement des collectivités territoriales ?

Réalisé par :

- Kawtar EL MOUTTAKI
- Amine EL HADIRI

Encadré par :

- Mr, Hicham EL MOUSSAOUI

Année universitaire

2019-2020
Dédicaces

C’est avec grand bonheur que je dédie ce modeste travail à :

A nos très chers parents, aucun mot ne pourrait exprimer l’amour profond que nous vous
portons, nous vous remercierons aussi pour tous les sacrifices que vous avez consentis .Que
Dieu vous protège et vous procure santé, bonheur et longue vie.

A nos sœurs et frères, nous vous dédions ce travail en témoignage de l’affectation, amour et
respect que nous vous portons.

A tous nos cher(e)s ami(e)s vous avez été nos accompagnes des bons et mauvais moments.
Nous espérons que vous trouvez ici le gage d’une amitié franche et sincère. Nous vous
souhaitons tout le bonheur que vous méritez.
Remerciements

Nous tenons à remercier premièrement Mr Hicham El Moussaoui, professeur à l’université


Sultan Moulay Slimane, et notre Encadrant pédagogique pour la confiance et la liberté qu’il
m’a accordées, pour ses conseils judicieux, pour ses critiques pertinentes, et surtout pour la
qualité de son écoute et l’ouverture de son esprit qui ont donné lieu à des discussions
enrichissantes que l’on a eu tout au long de la réalisation de ce projet.

Nous tenons à remercier toute personne qui nous a aidé pour réaliser cette œuvre de fin
d’étude. Nous les adressons dans ce remerciement l‘expression de nos profonds sentiments,
pour leurs aides et leurs précieux renseignements qui nous ont permis d’accomplir ce travail
dans les meilleurs conditions.

Nos connaissances s’adressent également à tous les enseignants du département des Sciences
économiques et de Gestion au sein de la faculté polydisciplinaire Sultan Moulay Slimane.
Liste des abréviations

BMSL : Bulletin mensuel des statistiques locales

BMK : Béni Mellal-khénifra

CT : Collectivités territoriales

CL : Collectivités local

CCR : Commission consultative de la régionalisation

CC : Cour de compte

CCR : Cour de compte régional

DATAR : Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale

DF : Dépenses de fonctionnement

DP : Dépenses de personnel

HCP : Haut-commissariat au plan

INDH : Incitative Nationale de développement humain

RA : Régionalisation avancée

RDA : République démocratique allemande

RT : Ressources transférées

RP : Ressources propres

TGR : Trésorerie Générale du Royaume


Liste des tableaux

Tableau 1 : Situation des recettes et dépenses par types de collectivités en 2019…………46


Tableau 2 : Répartition des ressources des collectivités par région………………….……..50
Tableau 3 : Répartition des dépenses des collectivités par région………………………….52
Tableau 4 : Répartition des cercles et communes par provinces de la région BMK..……...59
Tableau 5 : Evolution démographique dans la région BMK ………………………………60
Tableau 6 : Evolution du taux d’urbanisation par province entre 2014 et 2018…………....61
Tableau 7 : L’évolution des recettes de fonctionnement de région BMK…………………..62
Tableau 8 : L’évolution des recettes de fonctionnement par types de collectivités…………63
Tableau 9 : Structure des dépenses de fonctionnement par types de collectivités…………..64
Tableau 10 : L’évolution des dépenses de fonctionnement…………………………………64
Tableau 11 : L’évolution de solde des collectivités de la région BMK……………………..65
Tableau 12 : L’inadéquation des ressources propres aux dépenses de fonctionnement…….66
Tableau 13 : La structure des dépenses de fonctionnement par types de collectivités……...68
Liste des graphiques

Graphique 1 : Structure des ressources des collectivités territoriales en %………………29


Graphique 2 : Taux de chômage régional par milieu de résidence ………………………36
Graphique 3 : L’évolution des recettes globales des collectivités ………………………..43
Graphique 4 : L’évolution des parts des ressources transférées ………………………….44
Graphique 5 : Structure des ressources des collectivités territoriales …………………….44
Graphique 6 : L’évolution des dépenses des collectivités territoriales……………………45
Graphique 7 : Evolution des soldes : globales, des budget annexes et spéciaux……….....46
Graphique 8 : Part des ressources fiscale dans les ressources globales…………………...48
Graphique 9 : Répartition des ressources par types de collectivités………………………49
Graphique 10 : Structure des dépenses des collectivités territoriales…………………...…51
Graphique 11 : Répartition des dépenses par types de collectivités territoriales………….52
Graphique 12 : L’évolution des dépenses d’investissement de la région BMK…………...70
Sommaire

Introduction générale………………………………………………………………………....1
Partie I : Le projet e la régionalisation avancée comme solution des difficultés financières des
collectivités territoriales (CT)………………………………………………………………...4
Chapitre 1 : Généralités sur la régionalisation avancé………………………………………..6
Chapitre 2 : Les difficultés financières des collectivités territoriales : causes et
conséquences………………………………………………………………………………….23
Partie II : Quel impact de la régionalisation avancée sur la gestion financière des collectivités
territoriales, notamment région Béni Mellal-khénifra………………………………………..40
Chapitre 3 : L’impact de la régionalisation avancée sur le financement des CT……………..42
Chapitre 4 : L’impact de la régionalisation avancée sur le financement de région
BMK……………………………………………………………………… ..………………..58
Références bibliographiques………………………………………………………………….
Annexes …………..………………………………………………………………………….80
Table des matières………………………………………………………………………...…..81
Introduction générale

L'émergence d'une régionalisation avancée est un tournant majeur dans le paysage


démocratique et politique au Maroc. Cette réforme institutionnelle régionale est née grâce à la
volonté royale et au large soutien du peuple marocain. Il s'agit d'un modèle de développement
territorial qui se base sur la décentralisation et la déconcentration. La décentralisation est le
transfert de pouvoir et de responsabilités du centre vers la périphérie. Alors que la
déconcentration désigne un processus par lequel l’Etat procède à l’implantation des services
gouvernementaux et des directions ministérielles dirigées dans les régions dirigées par le
niveau central. Cette réforme constitue une référence quasi permanente dans les discours
royaux. Cependant le discours du 6 novembre 2008 est considéré comme la référence
principale puisqu’il dégage une conception générale suffisamment précise de ce qu’on appelle
régionalisation avancée. Sa Majesté le roi affirme dans ce discours: «aussi avons-nous décidé,
avec l’aide de Dieu, d’amorcer une nouvelle phase dans le processus continu des réformes
globales que nous conduisons, en lançant la dynamique d’une régionalisation avancée et
graduelle, englobant toutes les régions du Maroc […]. » (Discours royal, 2008).
Afin de proposer une conception générale de la régionalisation avancée, le roi Mohammed VI
a prononcé dans son discours du 5 janvier 2010 l’installation d’une commission consultative
de la régionalisation(CCR). Cette initiative vise à promouvoir la participation citoyenne et
mise sur la démocratie et la décentralisation pour promouvoir le développement économique,
social et culturel. Elle tend aussi à moderniser les structures de l’Etat et à améliorer la
gouvernance territoriale. La régionalisation avancée est un moyen idéal d'impliquer les gens
dans la prise de décision et la gestion des affaires. Le Maroc a procédé à la mise en œuvre de
cette réforme en 2015. A cet égard plusieurs efforts sont déployés, afin de renforcer la chaîne
de décentralisation par la mise en place d’un arsenal juridique et organisationnel. Ce dernier
lui permet d'acquérir les ressources et les mécanismes essentiels pour renforcer la gestion et la
prise de décision locale.
Le Maroc a connu des évolutions importantes et des nouveaux principes en matière de la
régionalisation par la promulgation de la nouvelle constitution du 29 juillet 2011 qui vise à
tracer une nouvelle vue de la régionalisation avancée. Parmi ces principes on trouve celui de
la libre administration qui s'applique à toutes les collectivités territoriales du royaume, la
coopération, la solidarité et la subsidiarité.
Depuis janvier 2015, le Maroc s’est doté d’une nouvelle division régionale annoncée dans son
projet de la régionalisation avancée en 2011. Il compte au total 12 régions, contre 16

1
auparavant. Cette division peut favoriser le développement de la démocratisation du pays et
déclencher un nouveau concept de relation qui relie les régions à l'Etat et aux collectivités
territoriales. « La Constitution de 2011 représente un tournant historique et déterminant dans
le processus de parachèvement de la construction de l’État de droit et l’ancrage des valeurs
de la démocratie participative. De même, la régionalisation avancée y a occupé une place de
choix » (Khalid Safir1, 2018)
La principale base de cette importante réforme est que chaque collectivité territoriale (CT)
doit gérer indépendamment ses ressources en fonction de ses attributions, dans la mesure où
les acteurs de cette collectivité sont censés mieux cerner leurs enjeux et leurs spécificités.
Chaque territoire a son potentiel et ses ressources propres qu’il lui permet de s’identifier par
rapport aux autres territoires si et seulement s’il y avait une mobilisation des acteurs. Pour une
mise en œuvre d’une régionalisation avancée efficiente et efficace, les CT doivent jouir d’une
autonomie financière et de prérogatives suffisantes. Pour ce faire, il est nécessaire d’accorder
plus de pouvoir aux collectivités territoriales notamment le conseil régional. Il faut amener la
région à une autre étape décisive, plus évoluée et en cohérence avec les aspirations et les défis
de chaque région. La notion des CT n’est pas nouvelle au droit marocain, même qu’un grand
nombre de texte relatif à la décentralisation utilisent les collectivités locales à la place des
collectivités territoriales. Cette notion est utilisée pour la première fois par la constitution du
29 juillet 2011, et commence de plus en plus de remplacer celle des collectivités locales dans
les divers textes juridiques. Elles dépendent dans leur financement de leurs ressources propres
ainsi que celles transférées par l’Etat central. Malgré les efforts déployés dans le but d’une
création d’une autonomie financière, les collectivités territoriales sont toujours confrontées à
des problèmes d'insuffisance de financements et de difficultés financières. Ces difficultés
donnent naissance à plusieurs conséquences fâcheuses pour le développement local.
Alors, la régionalisation avancée a-t-elle résolu le problème de financement des collectivités
territoriales après cinq ans de l’application ?
La raison qui nous pousse à traiter cette problématique du coté théorique est de donner aux
étudiants, aux lecteurs de notre projet de fin d’études et à ceux qui sont intéressé par ce sujet
une source d’information sur l’ensemble des concepts clés de la régionalisation avancée : ‘’la
décentralisation, la déconcentration, l’autonomie, etc.’’ Et un cadre historique sur le processus
de la régionalisation au Maroc, mais plus spécifiquement aux responsables des collectivités
territoriales (régions, préfectures et communes), en faisant une clarification sur les difficultés

1
Wali, directeur général des Collectivités locales
2
financières de ces collectivités, les causes et les conséquences sur le développement local
dans le but d’améliorer la performance financière afin d’atteindre une bonne gouvernance.
D’autre part l’intérêt pratique de cette étude est de vérifier et montrer comment la
régionalisation avancée a amélioré l'état financier des collectivités locales, expliquer les
lacunes dont souffre la gestion financière des collectivités. Et découvrir à quel point elles sont
dépendantes aux transferts de l’Etat central. Cette étude va porter sur l’ensemble des
collectivités territoriales du royaume, et plus précisément sur les collectivités de la région
Béni Mellal-Khénifra. L’objectif et de donner aux responsables et les personnes de décision
des recommandations, des suggestions et des solutions possibles pour l'amélioration et le
renforcement de la gestion financière de notre région.
Pour répondre à cette problématique, on va essayer de mettre le point sur toutes nos
connaissances et nos savoirs liés à ce sujet, des ouvrages et des recherches documentaires sur
des sites internet. Ensuite, on va réaliser un guide d’entretien avec l’un des responsables de la
région ‘’Béni Mellal-Khénifra ‘’ dans le but de répondre à nos questions et de bien clarifier
l’origine des choses afin que notre travail soit fiable, complet et pertinent. L’objectif est
d’évaluer le programme de la régionalisation avancée sur le plan financier de notre région.
Pour essayer de répondre à la question centrale de notre projet et aux sous-questions qui en
découlent, nous avons scindé notre travail en deux parties. La régionalisation avancée est une
notion répondue à travers le monde, et les collectivités territoriales sont parmi les intérêts de
cette réforme. Ainsi notre première partie sera consacrée à une définition du concept de la
régionalisation avancée et son évolution dans l’histoire, ainsi que les nouveaux principes de la
régionalisation constitutionalisée. Puis dans notre deuxième chapitre, on va essayer de
projeter la lumière sur les difficultés financières dont souffrent les collectivités territoriales,
les causes principales de ses difficultés ainsi que ses conséquences sur le développement local
du pays. Comme la régionalisation avancée cherche à améliorer la situation financière des
collectivités territoriales en limitant la dépendance aux transferts de l’Etat et en rationalisant
les dépenses des collectivités, on a dédié cette partie à une étude comparative des états
financiers des collectivités territoriales durant les cinq années avant et après l’application de la
régionalisation avancée. Ensuite, on va établir un bilan de la structure des recettes et des
dépenses des collectivités. Enfin, on va aborder l’impact de la régionalisation avancée sur la
situation financière des collectivités de la région BMK, ainsi qu’une analyse comparative des
états financiers sur le plan national. Ceci, est dans le but de connaître le degré de la
régionalisation dans l’amélioration de la situation financière des collectivités territoriales
depuis sa mise en œuvre en 2015.
3
Partie I
Le projet de la régionalisation
avancée comme solution des
difficultés financières des collectivités
territoriales au Maroc

4
Introduction de la partie I :

Le Maroc a procédé en 2015 à une réforme très importante de son système de décentralisation
qui ouvre de nouvelles perspectives pour le développement des territoires, à savoir la
régionalisation avancée. Cette réforme consolide le processus graduel de transfert de
compétences de l’Etat vers les collectivités territoriales, c’est une notion répandue à travers le
monde. Elle fait référence à un système territorial qui se base sur la décentralisation et la
déconcentration. Elle s'inscrit dans un vaste projet de modernisation du pays et
l’accroissement de son efficacité. Cela a été facilité par la volonté du roi Mohammed VI, qui
n'a jamais cessé depuis qu'il est monté sur le trône d’appeler à la Consolidation des
réalisations de décentralisation et la démocratie locale en se basant sur la régionalisation
avancée. Elle a été conçue comme une composante fondamentale d'un nouveau modèle de
développement économique et social qui a pour but d’accélérer le rythme de développement,
surmonter les défis et réduire les disparités territoriales.
La principale base de la régionalisation avancée du Maroc est que chaque région doit gérer
indépendamment ses propres ressources en s’appuyant sur ses attributions dans la mesure où
les acteurs de la région sont censés mieux cerner leurs problèmes et leurs spécificités.
Cependant, on n’arrive toujours pas à mettre en œuvre une régionalisation avancée efficace,
puisque les collectivités territoriales ne jouissent pas d’autonomie financière et de
prérogatives suffisantes, « les collectivités territoriales ne jouissent pas d’une véritable
autonomie financière. Qu’on le veuille ou pas, ce manque d’autonomie financière
constituerait un sérieux handicap à l’aboutissement d’une véritable régionalisation avancée»
(Soubha Es-Siari, 2018).
Ces collectivités territoriales sont encore confrontées à plusieurs difficultés, notamment les
difficultés financières, qui ont à leur tour des conséquences négatives sur le développement
local du pays. Ainsi, l’étude de cette partie va être divisée en deux chapitres :
• Le premier chapitre sera consacré à la définition du concept de la régionalisation
avancée et son évolution dans l’histoire, ainsi que les nouveaux principes de la
régionalisation constitutionalisée.
• Le deuxième chapitre : va projeter la lumière sur les difficultés financières dont
souffrent les collectivités territoriales, les causes principales de ses difficultés ainsi
que ses conséquences sur le développement local du pays.

5
Chapitre 1. Généralités sur la régionalisation avancée

La régionalisation avancée se considère aujourd’hui comme l’une des caractéristiques des


systèmes politiques et administratifs modernes et efficaces pour un meilleur développement
local. C’est un modèle plus développé de la décentralisation et un moyen idéal d’impliquer la
population dans la prise de décision et dans la gestion de ses affaires. À travers les institutions
régionales et locales dotait de larges pouvoirs et des capacités humaines et matérielles sans
compromettre la souveraineté et l’unité de l’Etat.
La régionalisation avancée est l’un des thèmes les plus importants de la série des réformes
lancées par les pouvoirs publics afin d’accélérer le rythme du développement et de surmonter
les défis de la mondialisation. Les efforts déployés à cet égard sont inclus dans le cadre du
renforcement de la chaîne de décentralisation par la mise en place d’un arsenal juridique et
organisationnel. Ce dernier lui permettant d’obtenir des ressources et des mécanismes
nécessaires qui lui permettent de renforcer la gestion et la prise de décision locale. Dans ce
premier chapitre on va s’initier par une définition des concepts clés liée à la régionalisation
avancée pour qu’on puisse bien la cerner, ainsi que son évolution à travers l’histoire. Ensuite,
nous présenterons les différents modèles de la régionalisation avancée au monde, et on
terminera par les nouveaux principes de la régionalisation constitutionnalisés.

Section I. Cadre conceptuelle et historique de la régionalisation avancée au Maroc

La régionalisation avancée est un nouveau processus dynamique à travers lequel le Maroc


tend à s’adapter à une nouvelle situation, dont le but de revoir les relations qui existent entre
les pouvoirs centraux et locaux.

I.1. Cadre conceptuel de la régionalisation avancée et ses modèles dans le monde

I.1.1. Les concepts clés liés à la régionalisation avancée

Pour mieux comprendre le programme de la régionalisation avancée, il convient tout d’abord


de définir tous les concepts clés liés à cette dernière :
6
• La région2 : C’est un terme latin « regere » qui signifie tracer une ligne ou une
frontière, « elle était considérée comme synonyme de province» (J. de Lanversin, 1979, p.11
,13). D'une manière générale, la région est le territoire ou l'étendue géographique de la terre
qui présente les mêmes caractéristiques sur le plan climatique, géographique, économique,
linguistique, de population etc. Les surfaces peuvent être très larges (ex : la région du Sahara,
les régions polaires) ou bien des surfaces très limitées (ex : la région des volcans en
Auvergne)3. Elle est considérée comme «une unité nette ou un ensemble similaire de
territoires dans lequel il y a de la continuité, dans lequel la population possède certains
éléments communs et qui désire garder sa spécificité ainsi résultée et la développer au but de
stimuler le progrès culturel, social et économique.» (Communautés Européennes, 1988).
• Le régionalisme : La notion du régionalisme apparaît en France en 1874. Elle désigne
au sens politique l’attitude qui vise à valoriser et à défendre les intérêts des régions
particulièrement ou d’un groupe de régions qu'elles soient officielles ou bien traditionnelles.
Le régionalisme vise à accorder aux régions une autonomie relative, qu'elle soit politique ou
économique, ce qui rend ces régions un échelon intermédiaire entre le pouvoir central de
l'État et les institutions locales. Il désigne aussi «Système de décentralisation politique et
administrative donnant aux régions [...] une indépendance plus ou moins large vis-à-vis du
gouvernement central» (Cap. 1936). En revanche en politique internationale, le régionalisme
vise à établir une relation privilégiée entre plusieurs pays géographiquement similaires, afin
de favoriser les échanges commerciaux. Le régionalisme a été pendant longtemps d’un usage
limité en économie. Il se généralise à partir de 1980 est devenu l’un des traits les plus
marquants de l’économie mondiale qui vise la libéralisation et la facilité du commerce. Le
régionalisme est plus flexible et il peut conduire à la création des régions qui ne constituent
pas des unités administratives territoriales dans le sens strict du mot, qui peuvent dépasser
même plusieurs régions administratives ou des frontières des Etats. Des exemples de
régionalisme sont le Tyrol de Sud en Italie, la Corse en France, la Bavière en Allemagne, la
Catalogne en Espagne, l’Ecosse en Grand Bretagne etc.

2
Pierre Tourev. toupie.org [en ligne]. (Crée le 11 avril 2006). Disponible sur : <
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Region.htm > (Consulté le 20/06/2020).
3
L’alignement nord-sud de volcans d'origines et d'âges variés qui s'étendent de la chaîne des Puys au nord au
plateau de l'Aubrac au sud.
7
I.1.1.1. La régionalisation
La notion de la régionalisation est généralement comprise dans un sens étroitement
institutionnel à l’opposé du régionalisme qui est un courant politique ou idéologique.
La régionalisation est une décision politique qui concerne réorganisation administrative
territoriale d’un pays. Il s’agit de fonder un nouveau niveau dans l’organisation territoriale
d’un Etat par la mise en place des institutions régionales et des compétences spécifiques à
chaque région, cette spécificité est basée sur le principe du régionalisme. La régionalisation
est une forme de décentralisation au profit des régions auxquelles l’Etat accorde une certaine
autonomie administrative et transfère certaines de ses prérogatives. C’est le cas en France
avec les lois de Gaston Defferre4, en 1982.

I.1.1.2. La décentralisation
La décentralisation est : « le transfert de pouvoir et de responsabilités du centre vers
périphérie. » (Lemieux Vincent, 2001, p.35 et 36). C’est une politique qui transfère certaines
attributions de l’Etat centrale vers des collectivités territoriales ou des institutions publiques
pour qu’elles puissent disposer d’un pouvoir juridique et une autonomie financière. Le
transfert de ses pouvoirs est toujours sous le contrôle de l’Etat, ce qui lui permet de libérer ses
organes administratifs centraux et d’attribuer des responsabilités au niveau le plus approprié.
En d’autres termes, c’est l’ensemble des mécanismes permettant aux collectivités territoriales
de prendre en main la gestion de leurs affaires. Souvent on distingue quartes-types de
décentralisation :
• La décentralisation décisionnelle administrative : C’est une implantation des
agences et des services gouvernementaux dans les régions par le niveau central mais l’entité
décentralisée reste dépendante du gouvernement central, et elle n’est pas dotée de la
personnalité morale. Mais à ne pas confondre avec la déconcentration fonctionnelle.
Par exemple : les ministères, dans le cas où l’entité déconcentrée est uni-sectorielle, et les
préfectures, dans le cas où l’entité déconcentrée est multisectorielle.
• La délégation des compétences (la décentralisation fonctionnelle) :C’est le
transfert des compétences qui était dans le registre du gouvernement central à une entité
décentralisée Semi-autonome qui n’est pas entièrement contrôlée par le gouvernement central.
Le gouvernement supérieur fait exécuter ses pouvoirs par des antennes décentralisées de

4
Homme politique et résistant français, Parlementaire et ministre à plusieurs reprises sous les IVe et Ve
Républiques.
8
l’administration, à l’extérieur de la capitale. Par exemple : des universités, des hôpitaux
publics, etc.
• La dévolution (la décentralisation politique) :C’est le transfert des responsabilités et
des ressources aux pouvoirs locaux qui bénéficient d’une autonomie de prise de décision en
utilisant leurs ressources dans leur domaine de compétence sous un régime de dévolution. Les
autorités régionales sont dirigées par des représentants élus par la population et jouissent
d’une grande autonomie décisionnelle et financière dans leurs secteurs d’attribution
respectives. Par exemple : des collectivités territoriales dans le modèle de la régionalisation, et
des Etats fédérés dans le modèle de fédéralisme.
• La privatisation (décentralisation structurelle): Il s’agit d’une forme de
décentralisation qui favorise l’indépendance de l’entité décentralisée lorsque le gouvernement
central commence à privatiser les établissements publics. Le financement peut provenir du
gouvernement central mais l’autonomie n’est pas complète. Plus précisément, c’est le
transfert de la propriété d’une grosse partie de capital d’une entreprise publique au secteur
privé.
Exemple : Maroc Telecom, Sonacos, etc.

I.1.1.3. La déconcentration
La déconcentration fonctionnelle est un modèle organisationnel de gestion, dans lequel
certains pouvoirs sont délégués ou transférés d’une administration centrale vers des services
déconcentrés, sur l’ensemble du territoire selon des démarches administratives. L’objectif est
d’améliorer l’efficacité de l’Etat en réduisant la congestion de l’administration centrale et en
accélérant les prises de décisions au niveau local. La déconcentration se distingue de la
décentralisation décisionnelle administrative dans le sens où les entités sont autonomes et
dotées de la personnalité morale.
• Décentralisation et déconcentration : La déconcentration est un système
d’organisation de l’administration qui vise tout simplement à rapprocher l’administration
d’Etat des citoyens. C’est un transfert de compétences au profit des fonctionnaires nommés
par l’Etat. En revanche, la décentralisation consiste en une délégation d’attribution
administrative du pouvoir central vers les collectivités territoriales bénéficiant d’une libre
administration et d’une personnalité morale propre.

9
I.1.1.4. l’autonomie régionale
L’autonomie en général désigne la capacité d’un objet, d’un individu ou bien d’un système de
se gouverner soi-même indépendamment et selon ses propres règles. Dans le programme de
régionalisation avancée, le concept de l’autonomie désigne la possibilité pour un groupe ou un
territoire d’administrer librement ses affaires dans le cadre d’une large entité réagie par un
pouvoir central. Ce principe est limité par le contrôle administratif ou constitutionnel du
pouvoir central. Elle se considère comme : « un territoire au sein de l’Etat qui possède le plus
de législation propre que tout autre territoire de cet Etat. » (M. Nordquist, 1998), alors que
pour la grande spécialiste de l’autonomie, «l’autonomie est un moyen de diffusion des
compétences permettant de préserver l’unité de l’Etat, tout en respectant la diversité de sa
population ». (Ruth Lapidoth, 1997)

I.1.1.5 La subsidiarité
Le principe de subsidiarité est le principe selon lequel une responsabilité doit être prise par le
plus petit niveau d'autorité publique compétente pour résoudre le problème. C'est donc, pour
l'action publique, la recherche du niveau le plus pertinent et le plus proche des citoyens5. En
d’autres termes, c’est une politique dans laquelle la responsabilité d’une action publique est
allouée à la petite entité capable de résoudre le problème d’elle-même. La subsidiarité peut
être :
• descendante : délégation ou attribution de pouvoirs vers un échelon plus petit, on parle alors
de décentralisation ou dévolution. Pratiquement, lors d'une subsidiarité descendante, c'est
l'échelon supérieur qui décide et l’échelon inférieur qui exécute.
• ascendante : attribution de pouvoirs vers une entité plus vaste, on parle alors de fédération
dans le même pays ou, entre pays, de supranationalité. Pratiquement, lors d'une subsidiarité
ascendante, c'est l'échelon inférieur qui décide et aussi qui exécute.

I.1.1.6 La régionalisation avancée


La régionalisation avancée peut-être définie comme l’expression d’un partage plus large des
pouvoirs entre le centre et les régions. En d’autres termes, c’est une reconsidération des
nouveaux rôles de l’Etat afin de permettre le partage des responsabilités entre l’Etat et les
différentes régions.

5
Pierre Tourev. toupie.org [en ligne]. (Crée le 11 avril 2006). Disponible sur :
<http://www.toupie.org/Dictionnaire/Subsidiarite.htm > (Consulté le 20/06/2020).
10
Cette régionalisation permet de garantir plus des attributions aux services déconcentrés et
décentralisés avec une autonomie dans la gestion de leurs affaires (Capital humain, gestion
budgétaire, décisions d'investissement). En revanche, la régionalisation ordinaire est un
concept simple et générique de décentralisation qui représente une sorte d'organisation
administrative qui résulte la transmission d'un ensemble des attributions aux périphériques.

I.1.2. Les spécificités de la régionalisation marocaine

Le programme de la régionalisation Marocaine présente trois grandes spécificités : le


gradualisme, l’originalité et le caractère élargi.

I.1.2.1 Une régionalisation graduelle


L’idée d’une réforme régionale progressive a été affirmée en fait par les discours de Sa
Majesté Hassan II. Le roi avait précisé dans son discours du 6 novembre 1996 que « s’il
s’avéré d’ici une année qu’il est souhaitable d’élargir les attributions de la région, les textes
suivront chaque fois que le besoin s’en fait sentir ».
D’abord, elle permet une meilleure adaptation de la régionalisation avec le degré d’évolution
de la société marocaine pour éviter un éventuel décalage entre les institutions et les capacités
humaines et financières disponibles. Par ailleurs, le gradualisme permet aussi aux diffèrent
niveaux des collectivités territoriales de s’habituer à l’exercice des attributions nouvelles par
un véritable apprentissage. Enfin, la progressivité en matière de décentralisation est une
méthode bénéfique dans la mesure où il s’agit d’un système complexe qui demande du temps
et des efforts. De même, la régionalisation nécessite une certaine maturation politique liée à la
valeur des élus et les moyens financiers et juridiques mis à leur disposition.

I.1.2.2. Une régionalisation maroco-marocaine


La volonté d’adopter un système régional spécifique au Maroc est exprimée, d’abord, dans la
loi 47-96 relative à l’organisation de la région comportant des dispositions relatives à la
situation marocaine. Ensuite, les discours royaux appellent de leur part aussi explicitement à
la consolidation de l’originalité. La régionalisation devrait s’inspirer davantage des
caractéristiques nationales et locales qui distinguent le Maroc.
L’originalité et l’authenticité d’un modèle purement marocain trouvent leurs références
essentielles dans le discours du 5 janvier 2010. Des nombres d’expressions utilisées sont

11
significatifs à cet égard « la conception générale d’un modèle national de la régionalisation
avancée », « un modèle maroco-marocain de régionalisation issue des spécifiés de notre
pays », etc.
L’expression « modèle maroco-marocaine de régionalisation » est sujette à une interprétation
signifiée qu’il est logique pour que la régionalisation soit l’expression des spécificités
nationales et locales en reposant sur de multiples bases : des assises historiques,
sociologiques, culturelles, politiques et juridiques. C’est ce qui explique que la
décentralisation ne fonctionne pas au Maroc de la même manière que dans les autres pays
mêmes similaires. Les institutions locales sont généralement enracinés dans la société qui se
distingue par son histoire, sa culture et d’une façon globale, par son identité.

I.1.2.3. Une régionalisation élargie


La nouvelle conception du modèle de régionalisation a apporté un élargissement des pouvoirs
des régions, pour que les affaires et la prise de décision soient réalisées au niveau de chaque
région. A cet égard le Maroc a mis en place des réformes régionales. Ces dernières ont pour
but de renforcer l’autonomie locale, en attribuant à la région un pouvoir législatif et fiscal
pour aller d’un mode d’organisation traditionnel basé sur une conception unitaire à un autre
moderne basé sur la multiplicité des centres juridiques et fiscaux. Cet élargissement apporte
plusieurs réformes :
- Renforcer l’autonomie locale en attribuant aux régions un pouvoir législatif et fiscal.
- La région bénéficie d’un exécutif propre, une autonomie administrative, issu du
conseil régional. Elle est responsable devant ce dernier et devant les électeurs.
- Allégement de la tutelle. Cela signifie que les conditions dans lesquelles le pouvoir
central pour contrôler les actes seront définis d’une façon libérale plus compatible avec les
particularités du niveau régional.
- La répartition des compétences entre l’Etat et les régions, en se basant sur le principe
d’équilibre et de la subsidiarité.
- Pour la composition du conseil régional, les membres soient élus au suffrage indirect à
partir du collège des élus communaux. C’est l’adoption du scrutin6 direct.
- Réforme juridique pour préciser clairement les compétences de la région. Ces
compétences sont transférées sur la base de principe de la solidarité.

6
Vote au moyen de bulletins déposés dans un récipient ou bien c’est une modalité des élections.
12
I.1.3. Les modèles de la régionalisation dans le monde

En droit constitutionnel, on a coutume de distinguer les différents États selon qu’ils sont de
forme juridique simple (État unitaire) ou composée (État fédéral, État régional et
Confédération, cette dernière ayant en pratique cessé d’exister). D’ailleurs, à chaque type
d’État correspond une mode de régionalisation spécifique.

I.1.3.1. Etat unitaire

Il se caractérise par l’unité du pouvoir politique, avec un seul centre de décision. Il n’y a
qu’un seul Etat. Sur le plan juridique, il n’existe qu’une seule catégorie de lois, issues de
l’Etat et s’appliquent sur l’ensemble du territoire. Dans un Etat unitaire, les normes locales ne
peuvent être édictées qu’en application et en conformité avec les normes nationales
préalables. Elles ne peuvent pas être créés que si la loi nationale détermine les champs dans
lesquels elles peuvent intervenir.
L’Etat unitaire est indivisible, ce qui signifie, que le pouvoir politique est un et n’est pas
divisible. Cette indivisibilité de pouvoir se caractérise par le fait que tous les citoyens sont
soumis au même pouvoir (unité de la constitution) aux mêmes lois (unité de la législation) et
au même gouvernement (unité de gouvernement). Les principes qui président à l’organisation
de l’Etat unique sont la décentralisation et la déconcentration.
La régionalisation en France : Dans la métropole française il existe de différents types de
collectivités territoriales : les communes, les départements et les régions. Ces collectivités
territoriales sont en même temps des circonscriptions administratives où l'État intervient à
travers ses services déconcentrés. Tout en menant des débats internes sur les régions
géographiques, la «région» au sens politique et administratif a pris graduellement une
signification précise et spécifique. En 1982, elle est devenue un gouvernement local mature
comme un département ou une commune. Dans le même temps, en géographie, le terme
«territoire» a progressivement remplacé «région» pour éviter toute confusion. En 1982, elle
est devenue une collectivité territoriale mature, comme le département ou la commune. Il
existe en France 22 régions et elles sont dirigées par un conseil régional. Dans un premier
temps la régionalisation dans ce pays a été administrative. L’institution des préfets7 de région,

7
En France, le dépositaire de l’autorité de l’État dans une région. Au terme du décret du 16 février 2010, il a
autorité sur les préfets de département, sauf en matière de contrôle administratif, d’ordre public et de sécurité,
13
dans la cadre des circonscriptions d’action régionale a suivi en 1964, la création de la
DATAR8 (1963). Par conséquent, un nouvel échelon décentralisé a été créé, qui est mieux
adapté que le département à la mise en œuvre de la politique d’aménagement du territoire et
du plan. Les collectivités locales et les intérêts sociaux-économique sont représentés dans une
commission consultative qui est placée auprès du préfet de la région.

I.1.3.2. Etat régional

Un Etat régional est une forme d’Etat intermédiaire entre l’Etat fédéral (qu'il n'est pas
complètement, puisque l'autonomie accordée aux régions reste contrôlée par le niveau
central), et l’Etat unitaire (qu'il n'est plus totalement, puisque les régions exercent des
compétences beaucoup plus importantes que les administrations locales dans le cadre d'une
décentralisation classique). Il se caractérise par l’existence d’entités régionales qui bénéficient
d’une réelle autonomie politique et institutionnelle, notamment un pouvoir normatif
autonome. A l’opposé de l’Etat fédéral, l’Etat régional conserve une structure étatique
unitaire. L'objectif de l'Etat régional est à la fois de prendre en compte certaines spécificités
régionales (géographiques, économiques, culturelles, ethniques, linguistiques...) au sein de
son organisation institutionnelle et de conserver son indivisibilité.
La régionalisation en Espagne : Il ne fait aucun doute que l'Espagne est un pays européen qui
est allé le plus loin sur la voie de la régionalisation. Afin de répondre aux besoins des régions
sous-développées (Catalogne, Pays Basque, Galice) exaspérées par l'impérialisme Castillan,
et aussi pour résoudre le problème du terrorisme sans succomber. Le gouvernement Suárez 9
inscrit à l'article 2 de la constitution de 1978 « le droit à l'autonomie des nationalités ». Les
régions espagnoles sont au nombre de 17 et elles sont nommées communautés autonomes
puisqu’elles sont les plus liées et concernés par l'autonomie des collectivités territoriales. En
Espagne, la régionalisation politique affecte des territoires entiers et provoque une asymétrie
dans les institutions et les compétences, comme en témoigne la diversité des réglementations
de la communauté autonome espagnole. L'Espagne fait l’exception en Europe car c’est le seul
pays à se déclarer avec l’Italie pays unitaires, et en même temps régionalisés à l’extrême. On
parle parfois « des Espagnes » puisqu’il a une culture très variée selon les régions. Cependant

d’entrée et de séjour des étrangers et de droit d’asile. Le préfet de région est également préfet du département où
se trouve le chef-lieu de la région.
8
Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale
9
C’est le gouvernement du Royaume d'Espagne entre le 5 juillet 1977 et le 6 avril 1979, durant la législature
constituante des Cortes Générales.
14
suivant un mouvement de décentralisation, cette régionalisation s’allonge à devenir plus
importante de sorte qu’on se demande d'être unitaire, le régime de ce pays serait sur la voie
d’être fédéral.

I.1.3.3. Etat fédéral

C’est le principal type d’État composé, car la confédération n’existe pratiquement plus nulle
part. Généralement, les États souverains acceptent de se regrouper au sein d’un nouvel État et
lui transfèrent une (grande) partie de leurs compétences, en abandonnant notamment les
attributs de la souveraineté externe (armée, diplomatie) : c’est le fédéralisme par association
(États-Unis). Plus rarement, un État unitaire, traversé par de fortes contradictions, préfère
opter pour le modèle fédéral: c’est le fédéralisme par dissociation. Les principes qui président
à l’organisation de l’État fédéral sont la superposition, l’autonomie et la participation.
D’abord, la superposition signifie que les compétences sont réparties entre les Etats fédérés
qui composent une fédération, et l’Etat fédéral qui englobe le territoire. Donc il y a une
superposition entre Etats fédérés et Etat fédéral. Ensuite, Le principe d’autonomie signifie
que chacun des Etats fédérés dispose de ses propres compétences, donc d’un pouvoir de
décision exclusif dans les domaines qui relèvent de sa compétence où l’Etat fédéral ne peut
pas intervenir. Et enfin, le principe de participation qui consiste en la participation des Etas
fédérés à la rédaction ou la révision de la constitution fédérale et aussi à l’élaboration de la loi
dite fédérale.
Le modèle allemand (le fédéralisme) : L'Allemagne est un État fédéral composé de seize États
autonomes. Il est organisé conformément au principe de séparation des pouvoirs et de
démocratie parlementaire. Le fédéralisme est l’un des principes de toutes les constitutions
allemandes (à l'exception de la République démocratique allemande de 1968 et 1974).
Cependant, en République démocratique allemande entre 1933 et 1945 et depuis 1952/1958,
le fédéralisme a été supprimé. Après la Seconde guerre mondiale, les Länder10 ont été rétablis
avant la création de l'État fédéral. La base de ce fédéralisme est que l'exercice des pouvoirs
d’Etat et l'accomplissement de ses missions relèvent des Länder. Les agences fédérales n'ont
que les pouvoirs que la constitution leur assigne. Chacun des seize Länders a une assemblée
législative qui a le pouvoir d’élire un pouvoir exécutif, avec plusieurs compétences sur un

10
Land le terme pour une division administrative utilisé dans les pays de langue allemande, Il est fréquemment
utilisé en français sans traduction
15
nombre très important de matières. Ils ont une grande autonomie financière et disposent d’un
organe fédéral pour de les représenter, Bundesrat11.

I.2. Evolution historique du concept de la régionalisation au Maroc

Le programme de régionalisation avancée est l’aboutissement d’un long processus des


réformes structurelles qui sont au cœur de la dynamique de démocratisation et de
décentralisation menée par le Maroc.

I.2.1. L’évolution historique de la régionalisation marocaine

I.2.1.1. la régionalisation de crise (1912-1956)


Pendant la période coloniale, la vision que portaient les autorités du protectorat française sur
le Maroc a été purement duale, entre un Maroc utile (Celui de la côte et des plaines) et un
Maroc inutile (le reste du territoire marginalisé). Les villes se démarquaient de la compagne,
et le Maroc «utile» s'oppose secrètement au Maroc «inutile» réservé aux «indigènes12». Alors
que le Bled Siba (espace non soumise à l’autorité centrale), faisait face à Bled Al Makhzen
(l’espace où l’Etat exerce son autorité). Cette vision dichotomique a affecté la division des
régions. A cette époque, la régionalisation ne faisait que répondre à des impératifs de
sécurisation et de planification qui tendent à contrôler les espaces territoriaux réfractaires à
l’autorité française. Les impératifs sécuritaires poussèrent alors les autorités françaises à
diviser les régions de Royaume en deux types ; régions civiles (Rabat, Oujda, Chaouia,
Gharb) et des régions militaires (Fès, Meknès, Marrakech).
Après l’indépendance, la structure territoriale a révélé très tôt son incompatibilité avec les
objectifs de développement que s’est assignés l’Etat marocain, ce qui a poussé alors les
autorités à mettre en place une nouvelle organisation administrative de proximité reposant sur
les communes, les préfectures et les provinces, et reporter le processus du développement et
l’intégration d’une régionalisation au plus tard. Ceci a été illustré par une note «la volonté de
mettre en place un Etat moderne à reléguer au second plan la question de la régionalisation,
laissant la place à une organisation basée sur les provinces et les communes principales

11
Le Bundesrat ou Conseil fédéral est la représentation des 16 Länder allemands ; Ses membres sont nommés
par les gouvernements des Länder.
12
Qui appartient à une population implantée dans un pays avant sa colonisation.
16
unités administratives et territoriales » (Samir Hilal, 2013). En 1959, le dahir N° 1-59-351
relatif à la division territoriale du royaume répartit le territoire national en 16 provinces et
deux préfectures, avant d’être complété par le dahir de 1960 relatifs à l’organisation
communale et portant création des communes urbaines et rurales. Mais malgré ces
aménagements opérés par les pouvoirs publics marocains dans le but d’équilibrer une
organisation spatiale héritée du protectorat, la constance des disparités régionales rendra
impérativement l’adoption d’un nouveau découpage et un concept de régionalisation.

I.2.1.2. la régionalisation économique (1971-1996)


Dès le début des années 1970, les législateurs marocains ont créées sur la base du Dahir du 16
Juin 1971, sept régions économiques (Sud, Tensift, Centre, Centre-Nord, Centre-Sud, Centre-
Ouest, Oriental). Cette création faite sur la base du déséquilibre spatial et de la nécessité de
réorganiser le territoire sur une base régionale. L’objectif de ceci étant de corriger les excès de
la centralisation administrative et la concentration économiques, ainsi que la création d’un
cadre de référence et d’action économique qui peut infléchir un développement inégal.
À cette époque la notion de la région a été définie dans l’article 2 du Dahir n° 1-71-77 du 22
rebia II 1391 (16 juin 1971) comme : « un ensemble des provinces qui, sur les plans tant
géographique qu’économique et social, entretiennent ou sont susceptibles d’entretenir des
relations de nature à stimuler leur développement, et de ce fait, justifient un aménagement
d’ensemble.». En effet, l’expérience de 1971 se solda par un échec dû aux profondes
dysharmonies du découpage qui ont contribué à creuser le fossé entre régions riches et
régions pauvres. La conjoncture économique des années quatre-vingt est le désengagement de
l’Etat.

I.2.1.3. la régionalisation administrative (1997 à nos jours)


La régionalisation administrative est divisée en deux types de régionalisation :
• Régionalisation restreinte (1997-2009)
En 1997, et par la nouvelle loi du 2 avril 1997, la région n’est plus qu’un simple cadre spatial
neutre destiné au déploiement de plane économique, mais un acteur visant à participer au
développement économique : « les régions ont pour mission de contribuer au développement
économique, social et culturel de collectivité régionale »13. Les 16 régions sont devenues de
véritables sous-ensembles de la nation dirigée par des conseils régionaux, avec des moyens

13
Loi no 47-96 du 27 mars 1997 relative à l’organisation de la région, promulguée par dahir no 1-97-84 du 2
avril 1997
17
propres, des prérogatives précises et doivent entretenir des synergies avec les autres
collectivités locales. En 2002 une nouvelle charte communale a été amendée en perspective
des élections communales de juin 2009. Les objectifs essentiels de cette réforme étant de
doter les communes d’instances dirigeantes adéquates, capables de planifier et de mettre en
ouvres des plans de développement communaux pour bien améliorer les services offerts aux
citoyens et d’assurer une gestion rationnelle et transparente des finances publiques.
• Régionalisation élargie (2010 à nos jours)
Les déséquilibres et lacunes d’expériences de la régionalisation ont conduit le système
politique marocain à exprimer une forte volonté d’élever le système de régionalisation à un
stade avancé. Dans celui-ci la région aura un statut juridique d’une personnalité morale, à
travers lequel il peut jouer les rôles de développement qui lui sont assignés, ce qui les rend
autonomes.
Le discours du 6 novembre 2008 est considéré comme la référence principale de la
régionalisation avancée ou élargie. Sa Majesté le Roi Mohamed VI confirme dans ce discours
que : «Aussi avons-nous décidé, avec l’aide de Dieu, d’amorcer une nouvelle phase dans le
processus continu des réformes globales que nous conduisons, en lançant la dynamique d’une
régionalisation avancée et graduelle englobant toutes les régions du Maroc, avec à leur tête,
la région du Sahara marocain […]».Ce discours a précisé les grands principes directeurs de la
régionalisation : unité, équilibre et solidarité. De même, le discours du 5 janvier 2010 relatif
au lancement de la dynamique de la régionalisation avancée à travers l’installation de la
commission consultative de la régionalisation. Cette dernière a pour mission de permettre au
Maroc de passé d’un modèle d’organisation administrative basée sur une centralisation à un
autre décentralisé. La constitution de 2011 a consacré les principes fondamentaux qui devront
constituer les bases du programme de la régionalisation avancée, ce qui la rendait un choix
irréversible. Trois années après, en 2015, le législateur marocain adopte des lois organiques
relatives aux collectivités territoriales (la loi organique n°111.14 relatives aux Régions, la loi
organiques n°112.14 relatives aux préfectures et provinces et la loi organique n°113.14
relative aux communes).

18
Section II. Les apports de la régionalisation avancée

Le Maroc a connu des évolutions importantes et des nouveaux principes en matière de la


régionalisation par la promulgation de la nouvelle constitution du 29 juillet 2011 qui vise à
tracer une nouvelle vue de la régionalisation avancée.
II.1. Les nouveautés de l’application de la régionalisation avancée

II.1.1. De nouveaux principes de la régionalisation constitutionnalisés

La nouvelle constitution de 2011 a consacré des principes fondamentaux et de profonds


changements qui devront constituer les bases du programme de la régionalisation avancée
notamment :
A. La libre administration : d'après la constitution de 2011, ce principe s'applique à toutes
les collectivités territoriales14, Il est emprunté au droit français. C’est un principe du niveau
constitutionnel qui donne aux collectivités territoriales la possibilité et le pouvoir de
s’administrer librement par les conseils élus dans le cadre juridique. Elles peuvent générer
leurs propres ressources financières tout en permettant aux responsables de s'assurer que les
décisions locales sont mises en œuvre. La libre administration signifie notamment :
❖ L'autonomie administrative : avoir un conseil élu, avec des garanties d’indépendance
organique (ni pouvoir hiérarchique, ni pouvoir disciplinaire)
❖ L'autonomie financière : ce principe traduit la capacité des personnes physiques ou
morales à générer des ressources financières suffisantes et à les gérer en toute liberté pour
reprendre à leurs besoins, c’est une véritable mesure de décentralisation.
❖ La bonne gouvernance : C’est l’ensemble des règles, des mesures, des organes, de
décisions, d’informations et de surveillance qui permettent d’assurer le bon fonctionnement et
le contrôle d’un Etat, d’une institution ou d’une organisation publique ou privée, régionale,
nationale ou internationale.
Ce principe de la bonne gouvernance est basé sur des piliers et il en découle plusieurs
principes tels que la transparence, l'intégrité, l'intégrabilité et la responsabilisation :

14
« Les collectivités territoriales du Royaume sont les Régions, les préfectures, les provinces et les
Communes … » Article 135 de la Constitution (2011
19
• L'intégrité : c’est un système de règles et des valeurs encadrant la responsabilité de
maintien et de sauvegarde des ressources et des biens publics et de garantir leur utilisation
efficace et efficiente ;
• La transparence : elle est un pilier essentiel afin de garantir l'accès public aux données
exactes et à jour avec la possibilité de diffusion ;
• L'intégrabilité : on peut la considérer comme une engagement collective pour afin
d'assurer une participation très large de l'ensemble des acteurs de la société dans la
préparation et la mise en œuvre des différentes politiques publiques ;
• La responsabilisation et la reddition des comptes : ces deux principes visent à garantir
une gestion optimale des ressources matérielles et autres humaines ainsi que lier les
réalisations avec les objectifs ciblés ;
B. La coopération : Le principe de coopération signifie que les collectivités territoriales
ont le droit dans le cadre de l'exercice de leurs compétences, de s'entraider entre elles ou avec
d'autres personnes morales de droit public ou de droit privé. Dans l’objectif d'assurer aux
résidents de ces collectivités leur plein développement global. Ce principe constitue une
nouveauté dans la constitution marocaine de 2011(article 136)15.
C. La solidarité : Ce principe vient dans le but d’atténuer et diminuer les inégalités liées à
la création de la richesse, au développement inégal des territoires et aux différences
géographiques et démographiques entre les régions.
D. La subsidiarité : D’après l’article 140 alinéa 1 de la constitution 2011 : « sur la base du
principe de subsidiarité, les collectivités territoriales ont des compétences propres, des
compétences partagées avec l’État et celles qui leur sont transférables par ce dernier ».

II.1.2. L’organisation administrative territorial au Maroc

Depuis janvier 2015, le Maroc s’est doté d’une nouvelle division régionale annoncée dans son
projet de la régionalisation avancée en 2011. Il compte au total 12 régions, contre 16
auparavant. Chacune de ces 12 régions comprend une Wilaya de région. Ces régions
regroupement 75 préfectures et provinces (13 préfectures et 62 provinces) qui comprennent
1538 communes. Les collectivités territoriales sont réparties selon trois niveaux de pouvoirs :
la région, la province /préfecture et la commune. Ces entités régionales sont dirigées par un

15
Article 136 :L'organisation territoriale du Royaume repose sur les principes de libre administration, de
coopération et de solidarité. Elle assure la participation des populations concernées à la gestion de leurs affaires
et favorise leur contribution au développement humain intégré et durable
20
président du conseil d'administration. Les membres des conseils régionaux et municipaux sont
élus au suffrage universel direct16. Cette division des fonctions des régions peut favoriser le
développement de la démocratisation du pays et déclencher un nouveau concept de relation
qui relie les régions à l'Etat et aux collectivités territoriales. Cette nouvelle configuration
régionale a été faite sur la base de certains critères basés sur le principe d’efficience,
d’homogénéité, de proportionnalité et d'équilibre ainsi que l'accessibilité et la proximité. Et
selon cette logique-là CCR17 a recommandé les régions suivantes : Tanger-Tétouan, Oriental
et Rif, Fès-Meknès, Rabat-Salé-Kénitra, Béni Mellal-Khénifra, Casablanca-Settat,
Marrakech-Safi, Drâa-Tafilalet, Souss-Massa, Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Saguia al
Hamra et Ed-Dakhla-Oued ed Dahab.

II.1.3. La division administrative au Maroc

Le Maroc est organisé au niveau territorial par le mélange de deux procédés : la


déconcentration et la décentralisation.
➢ La décentralisation consiste en la création des personnes morales territoriales appelées
collectivités territoriales dont (Régions, Provinces / Préfectures, Communes) qui sont gérées
par des autorités élues. Ces derrières répondent aux besoins propres et spécifiques à la
collectivité concernée par la population, sur la base de la loi et sous le contrôle administratif
du pouvoir central ou de ses agents d’autorité. Les organes locaux des collectivités
territoriales sont les conseils élus dirigés par les bureaux qui sont des institutions d’exécution
(autorités décentralisées).
La constitution de 2011 stipule que les collectivités territoriales comprennent les régions, les
préfectures ou provinces et communes.
➢ La déconcentration consiste en mise en place des structures administratives au niveau
territorial, et nomme des agents représentant le pouvoir central et agissant en leur nom et sous
son contrôle hiérarchique, par autorisation de délégation législative ou réglementaire. Ils
forment l’administration de l'Etat territorial (autorités déconcentrées). Cette charte a pour but
d’améliorer l’efficacité des actions d’Etat en déléguant certains pouvoirs et attributions à
l’échelon administratif central aux fonctionnaires locaux ;

16
Le suffrage universel consiste en la reconnaissance du droit de vote à l'ensemble des citoyennes et citoyens.
17
La Commission consultative de la régionalisation (CCR) a été instituée par le roi Mohammed VI le 3 janvier
2010 afin de proposer une conception générale de la régionalisation avancée en gardant à l'esprit toutes les
dimensions y afférentes, ainsi que le rôle qui revient aux institutions constitutionnelles compétentes dans sa mise
en œuvre
21
1. Le wali, le haut responsable des wilayas qui correspond aux régions ;
2. Le gouverneur, le haut fonctionnaire des préfectures ou des provinces ;
3. Le pacha (le grand fonctionnaire sur la tête des pachaliks18 ) ou le chef de cercle
4. Le caïd, le haut fonctionnaire chargé des caïdats, regroupant une ou plusieurs
communes rurales.

Conclusion

En somme, la régionalisation avancée fait partie intégrante de la démocratisation du pays, aux


niveaux nationaux, régional et local. Elle vise un transfert de pouvoirs administratifs aux
régions pour décharger le centre du pays de certaines responsabilités. Cette notion qui est très
répandue à travers le monde et est récurrente dans les discours royaux depuis le 6 novembre
2008. Elle est consacrée comme étant un fondement constitutionnel essentiel du pays visant
un meilleur développement du royaume et la réduction des disparités territoriales. Le Maroc a
connu des évolutions historiques en matière de régionalisation à travers l’histoire.
Commençant par la régionalisation de crise pendant la période coloniale (1912-1956), la
régionalisation économique (1971-1996) qui a été marqué par la création de sept régions
économiques. Et enfin une régionalisation administrative (1997 à nos jours), qui est divisée en
deux : une régionalisation restreinte (1997-2009), et une autre élargie (2010 à nos jours).
La constitution de 2011 a apporté des nouveaux principes et des lois visant une meilleure
application de ladite régionalisation avancée afin d’assurer un meilleur développement. Parmi
ces principes celui de libre administration, la solidarité, la subsidiarité, et la coopération. Sans
oublier le découpage territorial au niveau régional et au niveau des fonctions entre les régions
depuis janvier 2015. Ce dernier, compte 12 régions contre 16 auparavant dont le but est de
favoriser le développement de la démocratisation du pays et déclencher un nouveau concept
des relations qui relient les régions à l'Etat et aux collectivités territoriales. Le modèle de la
régionalisation avancée est purement Marocain et qu’on peut s’inspirer du modèle Italien, le
Maroc alors est un Etat unitaire. La réussite de cette régionalisation est liée à son efficacité de
faire face aux obstacles et difficultés qui ont été la cause derrière le bilan mitigé de ce
programme, notamment l’insuffisance des moyens de financement et l’inefficacité des
ressources humaines.

18
Les pachaliks correspondent aux municipalités et les cercles constituent un échelon intermédiaire entre la
préfecture ou province et le caïdat en milieu rural.
22
Chapitre 2. Les difficultés financières des collectivités territoriales : causes et
conséquences

Les collectivités territoriales sont des structures administratives distinctes de l’administration


de l’Etat. Elles ont pour mission la prise en charge des intérêts de la population d’un territoire
précis. Elles sont dotées des compétences propres qui leurs sont confiées par le législateur.
Cependant, selon Jean-Luc Bœuf et Manuela Magnan (2008, p.7) : « Elles ne constituent pas
des Etats dans l’Etat, elles ne détiennent pas de souveraineté et ne peuvent pas se doter, de
leur seule initiative, de compétences ou d’organes nouveaux.»
Il existe trois types de collectivités territoriales : commune, préfectures ou provinces et
régions.
Les collectivités territoriales dépendent dans leur financement de leurs ressources propres
ainsi que celles transférées par l’Etat central. Elles font face à plusieurs difficultés de
financières résultant de multiples raisons.
Ce chapitre a pour but de projeter la lumière sur le concept de collectivité territoriales et leur
cadre financier afin de savoir les raisons sous-jacentes derrière ses difficultés et analyser ces
conséquences généralement sur l’organisation et sur le développement local particulièrement.

Section I. De « collectivités locales » au «collectivités territoriales» : Définitions

I.1. Définition des collectivités territoriales

La notion de « collectivité territoriale » n’est pas nouvelle en droit Marocain. Il est vrai qu’un
grand nombre de textes relatifs à la décentralisation utilise la notion de collectivité locale et
pas de collectivité territoriale. Néanmoins, le Dahir du 23 juin 1960 relatif à l’organisation
communale, a défini les communes comme « des collectivités territoriales de droit public
dotées de la personnalité civile et de l'autonomie financière »19, et le Dahir portant loi n° 1-76-
583 du 30 Septembre 1976 relatif à l'organisation communale a défini les communes comme

19
L’article premier du Dahir n° 1-59-315 du 28 hija 1379 (23 juin 1960) relatif à l'organisation communale.
Bulletin Officiel n° : 2487 du 24/06/1960 – p. 1230.
23
« des collectivités territoriales de droit public, dotées de la personnalité morale et de
l'autonomie financière »20. Sur le plan constitutionnel, la notion de collectivité territoriale est
utilisée pour la première fois par la Constitution du 29 juillet 2011, et commence de plus en
plus à remplacer celle de collectivité locale dans les différents textes juridiques.
La notion de collectivité territoriale ne doit pas être confondue avec des notions voisines. Elle
doit notamment être distinguée des circonscriptions administratives qui sont dépourvues de la
personne morale. Elle doit également être distinguée de l’établissement public local qui est
une personne publique spécialisée, alors que la collectivité territoriale bénéficie de
compétences générales lui permettant de prendre en charge toute affaire d’intérêt local.

I.1.2. Les catégories des collectivités territoriales

La Constitution marocaine de 2011, comme fut le cas de sa devancière, retient trois niveaux
de décentralisation territoriaux. En effet, l’article 135 prévoit trois catégories de collectivités
territoriales, à savoir : les communes, les préfectures et les provinces, et enfin les régions.

I.1.2.1. Les communes


La commune fut la première collectivité territoriale qu’a connue le Maroc. En effet, jusqu'à
1963, les communes étaient les seules collectivités locales existantes. Les communes sont
instituées, pour la première fois, par le Dahir du 1 septembre 1959 dont l’article premier
stipulait que : « Le territoire de notre Royaume est divisé en communes urbaines comprenant
les municipalités et les centres autonomes, et en communes rurales.»
Par ailleurs, le Dahir du 23 juin 1960 relatif à l'organisation communale fut le premier texte
qui a érigé les communes en collectivités territoriales dotées de « la personnalité civile et de
l'autonomie financière ». Cependant, l’année 1976 demeure une date qui marque un tournant
historique en matière de décentralisation communale avec l’adoption de la loi du 30
septembre 1976 relative à l'organisation communale. Cette loi faisant des communes des
véritables collectivités décentralisées, et transférant aux élus locaux d’importantes attributions
antérieurement dévolues aux autorités locales. Ce texte a été modifié et complété plusieurs
fois, la dernière modification date du 18 février 200921. Jusqu’à l’adoption de la Constitution
du 29 juillet 2011, la commune a constitué l’instance qui porte l’ensemble de l’édifice

20
L’article premier du Dahir portant loi n° 1-76-583 (30 Septembre 1976) relatif à l'organisation communale.
Bulletin Officiel n° 3335 bis du 1er octobre 1976.
21
La loi n° 17.08 promulguée par le dahir n° 1.08.153 du 18 février 2009, BO n° 5714 du 5-3-2009.
24
territorial, et ce sur les plans politique, juridique et financier. En effet, c’est au niveau
communal que le processus électoral est lancé, par l’élection des conseils communaux au
suffrage universel direct, pour servir ensuite de plate-forme de base pour l’élection des
organes des deux autres catégories de collectivités territoriales. La commune a constitué,
depuis sa création, la cellule de base du développement politique social et économique 22. En
revanche, le texte constitutionnel de 2011 reflète l’intention du pouvoir constituant d’accorder
à la région une prééminence par rapport aux communes et aux préfectures et provinces.

I.1.2.2. Les préfectures et les provinces


La préfecture et la province sont des subdivisions territoriales intermédiaires se situant entre
la commune et la région. La première est à dominante urbaine tandis que la seconde est à
dominante rurale.
Avant la mise en place de la première Constitution marocaine, les préfectures et les provinces
étaient déjà les principales circonscriptions administratives. Elles étaient dirigées par des
gouverneurs, et administrée d'une manière très centralisée. Leur budget n'était qu'une simple
section du budget général de l’Etat. Par ailleurs, en tant que collectivités locales, les
préfectures et les provinces sont instituées, pour la première fois, par la Constitution du 7
décembre 1962. En effet, dans son article 93, elle disposait que : « les collectivités locales du
Royaume sont les préfectures, les provinces et les communes. Elles sont créées par la loi ».
Les préfectures et les provinces constituent un échelon important d’une administration de
proximité. Il ne s’agit pas de véritables collectivités territoriales au sens sociologique du
terme, mais plutôt des institutions intermédiaires représentant des entités qui sont à la fois
décentralisatrices et déconcentrées. Ces entités sont placées sous le contrôle direct de l’Etat.
Ainsi, il est difficile de parler d’une véritable décentralisation, même si des conseils élus
incarnent juridiquement cette vocation.
Ce constat peut être expliqué par le fait que la création des préfectures et provinces n’est pas
uniquement motivée par le souci de rapprocher l’administration des administrés ou d’assurer
une certaine participation des populations à la gestion de leurs affaires territoriales, mais aussi
et surtout par le souci d’avoir un contrôle direct et effectif sur les populations23.

22
Michel ROUSSET et Mohammed Amine BENABDALLAH, Actualité du droit administratif 2003-2009, La
Porte, 2010, p.63.
23
Abdellah Boudahrain, Éléments de Droit Public Marocain, Le Harmattan, 1994, p.171.
25
I.1.2.3. Les régions
Les régions ont été créées au Maroc par le Dahir n° 1-71-77 du 16 juin 1971, qui a été
plusieurs fois modifié pour tenir compte de l’évolution de la division administrative du pays.
Mais en tant que collectivité territoriale, la région a été consacrée pour la première fois, par la
Constitution de 1992. Quatre ans plus tard, la Constitution de 1996 a confirmé le choix du
renforcement de la décentralisation régionale. Cependant, pour mettre en place cette nouvelle
catégorie de collectivités territoriales, il a fallu attendre l’adoption de la loi du 2 avril 1997
relative à l’organisation régionale.
En revanche, la personnalité morale et l’autonomie financière de la région, sous la
Constitution de 1996, avaient un aspect beaucoup plus théorique que réel, étant donné que
l’exécutif revenait au représentant de l’Etat, c’est-à-dire au gouverneur de la préfecture chef-
lieu de la région. Ce constat constituait une grande entrave devant le projet de la
décentralisation régionale préconisé par les responsables politiques. Pour la surmonter, des
réformes radicales, aussi bien institutionnelles que constitutionnelles étaient nécessaires. Mais
elles restent encore une grande entrave en face du programme de la régionalisation avancée.

I.1.3. Le financement des collectivités territoriales

Tout d'abord, il faut préciser que les collectivités territoriales bénéficient de ressources
financières propres et de ressources transférées par l'Etat central. La constitution de 29 Juillet
2011 impose l'obligation d'accompagner tout transfert de compétences vers les régions et les
autres collectivités territoriales, d'un transfert de ressources correspondantes24.
L’article 71 de la constitution précise que seul le pouvoir législatif est compétent pour fixer le
régime fiscal et l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impôts. Cette
compétence législative porte sur toutes les impositions y compris les impôts locaux.
De même, l’article 39 de la constitution éloigne toute possibilité de disposer d’une liberté
fiscale pour les conseils régionaux. Cet article stipule que : « Tous supportent, en proportion
de leurs facultés contributives, les charges publiques que seule la loi peut, dans les formes
prévues par la présente Constitution, créer et répartir ».
Ainsi, tout en consacrant le principe de libre administration des collectivités territoriales, la
constitution marocaine en limite la portée à l’instar d’autres pays à tradition unitaire. En se

24
Article 141 de la constitution 2011
26
référant, à l’exemple français, source d’inspiration pour le législateur marocain, on remarque
que la constitution française a dévolu une certaine compétence fiscale pour les collectivités
territoriales mais qui doit être exercée dans un cadre législatif précis25.
Les collectivités territoriales gèrent leurs propres ressources par une fiscalité locale, encadrée
par la loi n 47-06 promulguée par le Dahir n 1-10-22 Safar 1431. Elle se caractérisait par un
nombre très important de taxes (37 taxes différentes) qui engendre une complexité de gestion
et un coût dont se plaignent les opérateurs économiques. La direction générale des impôts du
ministère des finances est concernée par la fiscalité locale en tant que gestionnaire au nom des
collectivités territoriales d'un certain nombre de ces taxes, à savoir la taxe professionnelle, la
Taxe d’habitation et la Taxe de services communaux. Les collectivités territoriales recouvrent
par elles-mêmes le tiers des taxes.
Les ressources financières des collectivités territoriales sont composées de :
❖ Des recettes fiscales
• Taxes gérées par la fiscalité locale :
Pour les régions :
➢ Taxe sur les permis de chasse : est due par les bénéficiaires du permis de chasse. Le
montant annuel de la taxe est fixé à six cents dirhams
➢ Taxe sur l’exploitation minière : est une taxe annuelle sur les quantités extraites des
exploitations minières réalisées par les concessionnaires et exploitants de mines.
➢ Taxe sur les services portuaires : due par les organismes concernés sur les services
portuaires rendus dans l’enceinte des ports situés dans la région.
Pour les préfectures et les provinces :
➢ Taxe sur les permis de conduire : est établie à l’occasion de la délivrance du permis de
conduire ou de son extension à une autre date.
➢ Taxe sur les véhicules automobiles soumise à la visite technique : est due à l’occasion
de la visite technique annuelle sur les véhicules automobiles.
➢ Taxe sur les ventes forestières : est appliquée sur le montant des ventes des produits
forestiers. Elle est due par l’acquéreur de ces produits.
Pour les communes rurales et urbaines :
➢ taxe sur les terrains non bâtis : elle porte sur les terrains urbains non bâtis situés à
l’intérieur des périmètres urbains et dus par le propriétaire ou bien le possesseur.

25 Les aspects essentiels du principe de libre administration sont retracés par l’article 72-2 C : « Les collectivités
territoriales bénéficient de ressources dont elles peuvent disposer librement dans les conditions fixées par la loi.
Elles peuvent recevoir tout ou partie du produit des impositions de toutes natures.
27
➢ taxe sur les opérations de construction : s’applique aux opérations de construction, de
reconstruction et d’agrandissement. Elle est due par le bénéficiaire du permis de construire.
➢ taxe sur les opérations de lotissement : Elle s’applique à toute opération de lotissement
et due par le bénéficiaire de l’autorisation de loir
➢ taxe sur les débits de boissons : est due par les exploitants des cafés, bars et selon de
thé et de manière générale, de tout débitant de boissons à consommer sur place.
➢ taxe de séjour : est une taxe sur les séjours qui est perçue par les communes ou les
communautés de la part des touristes séjournant à titre onéreux dans un hébergement de leur
territoire (hôtel, locations saisonnières, chambres d’hôtes...).
➢ etc.
• Des taxes mobilisées et gérées par l’État
Malgré l’ensemble de ces taxes, les collectivités territoriales restent dépendantes
financièrement aux transferts de l’Etat, qui sont deux types ;
Des impôts gérés par fiscalité publique au profit des collectivités territoriales :
➢ Taxe professionnelle
➢ Taxe d’habitation
➢ Taxe de services communaux
Des transferts de l’Etat vers les collectivités territoriales :
➢ 30% de taxe sur la valeur ajouté
➢ 5% de l’impôt sur des sociétés
➢ 5% de l’impôt sur les revenus

➢ Des recettes non fiscales


➢ Domaine (recettes domaniales) : proviennent de l'exploitation du domaine public et les
recettes diverses des services publics, (les travaux publics, l'infrastructure).
➢ Redevance OTDP26 : sont des rémunérations d’une convention d’occupation du
domaine public.
➢ Fonds de concours : c’est le versement de subvention entre (EPCI27) à fiscalité propre
et ses communs membres afin de financer un équipement.
➢ Subventions : sont des aides financières accordées par l'État.

26
Occupation temporaire du domaine public
27
Établissement public de coopération intercommunale
28
Section II : Les difficultés financières des collectivités territoriales : causes et
conséquences

Les difficultés financières des collectivités territoriales sont parmi les grands obstacles devant
la réalisation d’un développement local efficace et une régionalisation avancée plus
performante.

II.1. Les difficultés financières

L’Etat souhaite accélérer le processus de la régionalisation avancée dans le but de réduire les
disparités économiques et sociales entre les régions et en les rendant plus autonomes et
indépendantes. Toutefois, tous les efforts déployés les collectivités territoriales continuent à
rencontrer des difficultés pour promouvoir leur propre développement économique. Le
problème principal auquel les collectivités territoriales font face est l’insuffisance des
ressources financières, ce qui les rend incapables d’affronter efficacement les défis du
développement local.
Pour jouer le rôle d’un acteur actif dans la vie économique et sociale d’un pays, les
collectivités territoriales doivent bénéficier d’une vraie autonomie financière. Cependant, la
situation financière des collectivités marocaines montre que celles-ci dépendent encore
fortement des transferts de l’Etat. Les principales caractéristiques des ressources financières
locales sont liées, d'une part à la dépendance accrue des collectivités des subventions d’Etat,
et d’autre part, à l’origine de ces ressources qui sont principalement des ressources fiscales.
Ceci étant illustré par la graphique ci-dessous :
Structure des ressources des collectivités territoriales en %

Graphique 1 : Source : trésorerie générale du Royaume, 2019

29
Ce graphique montre, d’une part, le degré dépendance des collectivités aux ressources
transférées par l’État pour financement de leurs affaires locales. En 2019 ces transferts
représentent 66.5 % des ressources totales des collectivités territoriales. Et d’autre part, il
montre comment ces transferts ne cessent d’augmenter, puisque leur part est passée de 65.2%
en 2018 à 66.5% en 2019. Autrement dit, la dépendance financière des collectivités
territoriales n’est pas prête de baisser.
Les difficultés financières résident non plus dans la satisfaction des besoins des collectivités,
en termes des dépenses, mais dans la réalisation d’une autonomie financière réelle, qui
suppose que les collectivités locales disposent d’un niveau suffisant de ressources financières
et qu’elles aient une maitrise de leurs charges. D’après F. Labie (2004, p.80) : « L’autonomie
financière ne se définit plus ici en termes de capacité juridique mais plutôt d’indépendance
financière des collectivités locales par rapport aux subsides de l’État. » En d’autres termes,
c’est l’origine des ressources qui détermine le degré d’autonomie des collectivités territoriales
et non pas la quantité de ses ressources.

II.2. Les causes des difficultés financières des collectivités territoriales

II.2.1. Causes tenant aux administrations de la fiscalité locale.

D’une manière globale, les problèmes de l’administration fiscale locale découlent de


l’absence d’un système de gestion performant. Ce dernier devrait être capable de prendre en
charge la gestion fiscale dans ses diverses dimensions, notamment sur plan de l’organisation
de l’ensemble du processus d’imposition et des structures appropriées pour une mise en œuvre
efficace des taxes locales.
Si la persistance de ces problèmes nécessite l’amélioration de la gestion des taxes locales
administrées par l’État, la problématique s’exprime avec plus d’acuité en ce qui concerne les
taxes gérées directement par les communes qui connaissent un déficit structurel et endogène.
Elles demeurent améliorables à moyen terme si des adaptations sont mises en œuvre en
matière de consolidation des structures dédiées et en matière d’intégration au système global
de taxation de la direction générale des impôts28 .
A cet égard, on peut soulever plusieurs dysfonctionnements dont souffre déjà l’administration
fiscale locale :

28
Cour des comptes, rapport sur la fiscalité locale, Mais 2015
30
• La procédure de recensement est rarement misé en œuvre en raison de sa complexité et
de l’importance des moyens qu’elle exige. Elle est souvent inefficace voir non exhaustive et
handicapée par des dysfonctionnements dont notamment les carences en matière d’adressage
des données collectées.
• Le système d’information de la fiscalité locale ne fonctionne pas selon une approche
d’intégration, quoiqu’il ait enregistré des avances au niveau du processus fiscal relatif aux
impôts d’État.
• L’absence de coordination et le manque d’échange d’informations avec les services
extérieurs sont à considérer parmi les points faibles de la gestion de la fiscalité locale.
• Les conditions de gestion des taxes locales par les communes souffrent d’un ensemble
de précarité affectant profondément la mise en œuvre du processus fiscal à des degrés
variables selon les taxes et les redevances prises en charge, particulièrement la TNB, la taxe
sur les opérations de lotissement, la taxe sur les débits de boissons et les redevances
d’occupation temporaire du domaine public.
• L’administration fiscale locale n’est pas préparée au plein exercice de ses prérogatives
et n’est pas suffisamment outillée en termes d’expertise, d’encadrement et de moyens
humains et matériels pour gérer l’assiette relative à 21 taxes et redevances communales.

II.2.2. Limitation d’autres ressources de financement non fiscal

II.2.2.1. La valorisation insuffisante du patrimoine immobilier


En principe, chaque collectivité territoriale devait disposer d’un patrimoine lui permettant
d’assurer son fonctionnement (ensemble des biens appartenant aux personnes publiques
locales ou étant mis à leur disposition). L’absence de statistiques précises sur le recensement
national du patrimoine immobilier des collectivités territoriales est déjà un indice
annonciateur que ces dernières n’ont aucune vision globale et actualisée de leurs biens
immobiliers.
Le législateur précise, dans le premier article, que les biens faisant partie du domaine public
et du domaine privé municipal font l’objet d’un enregistrement à un sommier de consistance
du municipal29. Or, la réalité atteste que les sommiers de consistances sont dans beaucoup de

29
Arrêté viziriel du 1er Joumada I 1340 (31 décembre 1921) déterminant le mode de gestion du domaine
municipal Les biens faisant partie du domaine public et du domaine privé municipal font l'objet d'une prise en
charge à un sommier spécial dit «Sommier de consistance du domaine municipal», mentionnant pour chacun de
ces biens : la nature, l'origine, le titre de propriété, la date d'entrée au domaine municipal et, lorsqu'il s'agit
31
cas absents des services communaux chargés des domaines et quand ces documents existent,
ils sont en général très mal tenus et pratiquement inutilisables. En fait, la mauvaise tenue des
sommiers de consistance, pour ne pas dire leur absence, est donc quasi générale et se traduit
par une difficulté toujours croissante à connaître avec précision la consistance matérielle du
domaine communal.

II.2.2.2. Non exploration d’autres formes de financement alternatives


Il s’agit soit de développer des financements qui existent déjà mais sont pour l’instant
insuffisamment exploités, soit au contraire de s’interroger sur de nouvelles perspectives de
ressources. Il s’agit notamment des possibilités suivantes :
❖ Dynamisation du partenariat public privé local (PPP) Le partenariat public privé est un
mode de financement à travers lequel une collectivité territoriale (CT) peut faire appel à des
prestataires privés pour financer et gérer un équipement assurant un service public local, sans
s’endetter. Cette modalité de financement est aujourd’hui régie par la Loi n° 86-12 relatives
aux contrats de partenariat publics privé, promulguée le 24 décembre 2014 et entrée en
vigueur le 4 juin 2015. Cette loi exclut les partenariats pour le compte des collectivités
territoriales, en limitant la possibilité de partenariat seulement à l’État, aux entreprises
établissements publics.
❖ Modernisation des redevances : Les redevances se modernisent à plusieurs titres. Non
seulement, les collectivités territoriales recourent de nouveau à des pratiques anciennes qui
n’étaient plus mises en pratique depuis longtemps au Maroc, mais en outre, elles essayent de
suivre l’apparition de nouveaux secteurs d’activité. Il s’agit notamment de l’économie
numérique qui offre aux collectivités territoriales de nouvelles possibilités pour prélever des
redevances.

II.2.2.3. Caractère mitigé des mécanismes de fonctionnement


❖ Comptabilité publique non encore normalisée : Trois nouveaux décrets fixent30
désormais, les principes fondamentaux de la comptabilité publique des collectivités
territoriales ainsi que les dérogations à ce principe. Pareil pour les règles applicables au
règlement du budget, à la reddition des comptes et à l’exécution des opérations de recettes et

d'immeubles, la contenance et la situation. Il est également porté mention à ce sommier de la décharge des biens
vendus ou échangés ou des immeubles lotis.
30
Les trois décrets sont : Décret n° 2.17.449 en date du 23 Novembre 2017 relatif à la comptabilité publique des
régions ; Décret n° 2.17.450 en date du 23 Novembre 2017 relatif à la comptabilité publique des préfectures et
provinces; Décret n° 2.17.451 en date du 23 Novembre 2017 relatif à la comptabilité publique des communes
32
de dépenses. On en retient tout particulièrement que la réforme de la comptabilité publique
prévoit une normalisation des comptes des collectivités territoriales, à l’instar des normes
universelles d’IPSAS31.
❖ La difficulté d’effectuer des audits financiers : Selon les dispositions de la loi
organique des collectivités territoriales qui régissent le règlement du budget local, la gestion
de ces collectivités ne peut faire l’objet d’audit financier que sur la demande de conseil
délibérant, ou à l’initiative de l’ordonnateur. Elle constitue donc, l’une des causes de
difficultés financières puisqu’elle ne permet pas de détecter où existent les erreurs dans la
gestion financière des collectivités.
❖ Manque de transparence, de participation et la surveillance des budgets locaux:
La transparence dans le processus de préparation du budget, les méthodes de dépense et la
définition de ses priorités améliorent le processus de responsabilité. L’indicateur de
«transparence» permet l’accès du public à l’information sur le budget local. La
«participation» est un indicateur qui mesure la possibilité offerte au public de participer au
processus budgétaire tandis que le l’indicateur de « surveillance » joue le rôle des institutions
de contrôle budgétaire telles que le pouvoir législatif et le contrôle dans le processus
budgétaire. Il paraît que les collectivités territoriales sont encore loin d’être proches des
standards du budget ouverts en soulignant les carences suivantes :
• Non-publication des rapports de l’audit
• L’absence de publication de règlement du budget dès son vote par l’assemblée
délibérante
• Non-publication du budget après son approbation aux portails des collectivités
territoriales
• L’absence d’une revue de milieu d’année, qui doit être publiée dans les trois mois
suivant la fin de l'exercice fiscal auquel elle se rapporte
• Non-participation de la société civile aux débats sur le projet de budget

II.2.2.4. Causes tenant aux ressources humaines


❖ Causes liées aux citoyens

La fraude et l’évasion fiscale sont considérées parmi les principales sources des difficultés financières
des collectivités territoriales. Tout d’abord, la fraude fiscale est définie comme le détournement illégal
d’un système fiscal, dans le but de ne pas procéder au paiement total ou partiel des impôts. Cela

31
International public sector accounting standards (IPSAS)
33
suppose l’intention délibérée de fraude et des éléments matériels (l’insuffisance de déclaration, erreur
délibérée, etc.). Au contraire, l’évasion fiscale est le fait d'utiliser les failles du système fiscal d’une
manière légale afin de réduire le montant des impôts. Au sens large, on peut dire qu’une évasion
fiscale se rapproche de la fraude fiscale, mais, force est de constater qu’elle s'en distingue par le fait
qu'elle est légale. Les recettes fiscales des collectivités territoriales représentent presque 80% des
recettes globales, ce qui fait donc toute opération de fraude ou bien d’évasion à un effet négatif sur les
ressources des collectivités.

❖ Causes liées aux responsables des collectivités territoriales


Les causes tenant aux responsables des collectivités territoriales sont nombreuses. D’abord, le
premier outil de la gestion financière, à savoir la comptabilité administrative, qui n’est pas
encore maîtrisée comme le faut. L’élaboration du budget est souvent achevée à la hâte et cela
peut être dû au manque de personnel qualifié. A cet égard, le niveau d’instruction des élus
locaux est toujours en dessous des attentes. Les chiffres couvrant l’année 2015, publiés par le
ministère de l’Intérieur via le portail national des collectivités territoriales, affirment que sur
les 30.663 conseillers communaux que compte le pays, quelque 4.739 n’ont jamais mis le pied
dans une école, au moment où 8.792 d’entre eux n’ont jamais dépassé le stade de l’école
primaire. L’élaboration des documents écrits par ces élus est une tâche difficile et
inaccessible, à cause du taux élevé de l'analphabétisme, cela nécessite plus de temps et
d'efforts pour répondre aux normes requises et souhaitées, ce qui rendra les élus vulnérables et
les mettra sous la surveillance.
L’exemple des collectivités territoriales sans difficultés financières ne peut se faire qu’avec
des responsables dont la qualité de leur savoir-faire et leur savoir-être sont au moins du même
niveau de responsabilité et des taches attendues. Comme il a expliqué monsieur Hicham El
Moussaoui, maître de conférences à l’université Sultan Moulay Slimane en 2015 : «Il est clair
qu’actuellement les régions marocaines, et en dépit des efforts fournis jusque-là, continuent
de souffrir d’une pénurie de ressources humaines quantitative (carence des cadres moyens de
haut niveau) et qualitative (manque de formation des élus et du personnel qualifié), elles ne
sont pas totalement prêtes pour relever le défi de la bonne gouvernance».

II.3. Conséquences des difficultés financières des collectivités territoriales

Le problème du manque de financement des collectivités territoriales engendre sans doute des
conséquences négatives sur le développement local ainsi que sur l’organisation. Parmi ses
conséquences on trouve :

34
II.3.3.1. Le problème d’accès aux services publics32

Les services publics sont la base d’une société avancée et performante puisqu’ils permettent
aux citoyens d’exercer ou de faire valoir leurs droits fondamentaux d’hommes et de femmes
afin de satisfaire leurs besoins et leur intérêt général. L’amélioration d’accès aux services
publics est faite par des investissements non productifs des collectivités territoriales, ce qui
exige ces derniers une bonne situation financières pour les financer et faciliter l’accès.
Une étude menée par la Ministère de l’économie, des finances et la réforme de
l’administration en 2019, sur les profils des régions, a montré que les collectivités territoriales
Marocaines souffrent des inégalités et des disparités entre elles. La richesse est fortement
concentrée entre 5 régions qui possèdent 63.6% des ressources globales des 12 régions.
La même étude a montré que les citoyens des autres régions qui ont des faibles ressources
financières constatent des problèmes d’accès aux services publics. Ces problèmes sont
illustrés par des indicateurs sociaux et sociodémographiques. Prenant par exemple l’une de
ces 5 régions, les indicateurs sociaux de la région Casablanca-Settat, contient que 19.3% des
ressources globales, montrent que les citoyens partiellement n’ont pas des problèmes à l’accès
aux services public. Le taux de scolarisation est de 95%, taux de raccordement à l’eau potable
est de 75.4%, taux d’accès à l’électricité est de 93.7%, 10.6% de population est en chômage
et que 951 habitant/médecin. Alors que, de la zone Orientale, est la région qui contient que
8.2% des ressources globales, ces citoyens ont des problèmes d’accès aux services publics.
Le taux de raccordement à l’eau potable est de 68.8%, taux d’accès à l’électricité est de
88.9%, taux de l’analphabétisme est de 31.1 % et 16.3% de la population est en situation de
chômage.

II.3.3.2. Le manque d'activités : croissance, création d'emplois, etc.


L’emploi constitue une forme principale d’insertion sociale, un facteur important pour
améliorer les conditions de vie et de prévention contre la pauvreté et la vulnérabilité. Selon le
HCP (2011), l’accès à l'emploi ressort de manière systématique dans les enquêtes auprès des
ménages comme l'un des principaux besoins de la population et la première priorité d'un chef
de ménage sur cinq. Alors que le Maroc atteste d’une faiblesse de la capacité de création
d’emplois des activités productives au niveau national ainsi que plusieurs disparités existent

32
Sécurité sociale, santé, enseignement, réseau de transport, de communication, d'électricité, d'eau, loisirs,
35
au niveau régional. Le manque de financement des collectivités territoriales est l’un des
principaux responsables du chômage et du sous-emploi au niveau des régions locales.
Puisqu’il les empêche de faire des investissements afin d’augmenter la main d’œuvre et
d’absorber et réduire le taux de chômage. Ainsi que le manque de financement réduit les
chances des chômeurs de bénéficier des subventions financières afin de créer leurs propres
projets, il démunit donc les opportunités d’emploi et contribue à l’augmentation du taux de
chômage.
En 2011 le HCP montre les résultats exhaustifs d’une enquête nationale sur l’emploi, au
niveau régional il y a des régions qui enregistrent à taux de chômage important et plus élevé
que celui nationale comme l’Oriental 18,0%, Rabat-Salé-Zemmour-Zaer 12,2%, et les trois
régions du sud 11,4%. D’autres régions enregistrent un taux plus au moyen faible du moyenne
national parmi ces régions on trouve celle de Marrakech-Tensift-Al Haouz qui a enregistré un
taux de 5,8% en 2010, Taza-Al Hoceima-Taounate 6,1%, Fès-Boulemane 6,1%, et Tadla-
Azilal 6,2%. À propos de cela le Haut-commissaire au Plan a indiqué que : «le taux d’activité
et d’emploi est en baisse» (Lahlimi Alami, 2019).
Taux de chômage régional par milieu de résidence en 2012 (en%)

Figure 2 : Source : HCP, enquête national sur l’emploi 2012


D’après la figure ci-dessus, les régions qui enregistrent un taux de chômage plus élevé du
niveau national 9% durant l’année 2012 sont : Guelmim-Es-Semara de 16%, Oriental environ
15,8%, Oued Eddahab-Lagouira, Laâyoune 14,4%, Tanger-Tetouan 11%, Grand Casablanca
et Gharb-Chrarda-Beni Hsen, environ 10,2%, Meknés-Tafilet 10%, Rabat-Salé-Zemmour-
Zaër environ 9,9%.

36
II.3.3.3. Dégradation du niveau de vie des citoyens
Le déficit de financement des collectivités territoriales a des effets négatifs sur le niveau de
vie des citoyens. D’une part, il limite la capacité des collectivités de faire des investissements
non productif pour faciliter l’accès aux services publics et aussi productif pour créer des
postes d’emplois. D’autres parts, il empêche la capacité de subventionner les associations et
les coopérations à but non lucratif.
En raison de ce déficit quantitatif et qualitatif des services rendus par les collectivités
territoriales le moral des citoyens s’est dégradé et ils sont pessimistes en ce qui concerne leur
situation de vie et les services rendus. Au quatrième trimestre de 2019, 43% des ménages a
annoncé une baisse du niveau de vie au cours des 12 derniers mois selon le HCP (2019), 34%
a maintenu le même niveau, alors que 23% des ménages ont connu une amélioration. Au
cours des prochains mois de la même année 28,8% des ménages s'attendent à une baisse de
leur niveau de vie, 44,5% devraient rester inchangés et 26,7% des ménages devraient
améliorer leur niveau33.

II.3.3.4. L’augmentation de l’endettement pour continuer à survivre:


Le déficit de financement des collectivités territoriales permet à ces dernières de découvrir la
réalité du manque de ses propres ressources et ses nombreux besoins. D’une manière globale,
les dépenses des collectivités locales sont de plus en plus supérieures à leurs ressources.
L’endettement des collectivités territoriales c’est pour faire un équilibre des comptes et
compenser les déficits.
Alors, pour couvrir les besoins de financement des investissements locaux et faire face à
leurs obligations de services publics et de développement de leurs territoires, les collectivités
territoriales recourent à l’endettement. En 2017, les collectivités territoriales avaient des dettes
importantes qui ont dépassé les 16 mille milliards de centimes. D’après le quotidien « Al
Akhbar » en 2017, plus de 1 600 collectivités territoriales dont les régions, les préfectures et
les communes, ont emprunté. Depuis les élections de 2015 dominées par le PJD (Parti de la
Justice et du Développement) et le PAM (Parti authenticité et modernité) jusqu’à celle de
2016, le montant des dettes égale à peu près de 1000 milliards de centimes. En revanche, et
durant l’année dernière, le montant total de la dette des Collectivités Territoriales s’est élevé
de 0,6%. Par conséquent, il est probable que les dettes des Collectivités territoriales

33
Haut-Commissariat au Plan du Royaume (2019) L’ENQUÊTE DE CONJONCTURE AUPRÈS DES
MÉNAGES RELATIFS AU DEUXIÈME TRIMESTRE 2019 [en ligne]. Disponible sur : <
https://www.hcp.ma/Les-Resultats-de-l-enquete-de-conjoncture-aupres-des-menages-relatifs-au-deuxieme-
trimestre-2019_a2355.html > (Consulté le 28/06/2020).
37
connaissent un large remonté au cours du mandat actuel. Cela revient en fait au décret de
libération des chefs des collectivités à emprunter auprès des banques étrangères.34

Conclusion
La régionalisation avancée se base sur le principe de la décentralisation. Cette dernière repose
sur le transfert de compétences et de responsabilités en matière de services publics à des
autorités subnationales jouissant d’une autonomie de décision et reconnues par la
Constitution. Ces autorités sont les collectivités territoriales : région, province/préfecture et
commune. L’exercice des compétences dévolues d’une manière efficace, responsable et
tributaire, entre autres, de la disponibilité de ressources adéquates en volume et diversifiées en
nature. Il s’agit, en premier lieu, des recettes (fiscales et non fiscales) que les collectivités
territoriales peuvent mobiliser par elles-mêmes, et des recettes transférées en provenance du
gouvernement central. Les transferts ont pour but de combler l’insuffisance de financements
des compétences décentralisées et atténuer les disparités de ressources propres entre
collectivités territoriales. L’insuffisance du financement de ces collectivités a d’abord des
causes diverses qui peuvent être liées aux pratiques de gestion contestables, aux ressources
humaines (liées aux citoyens ou bien aux responsables). Les difficultés financières des
collectivités territoriales ont des conséquences pouvant impacter négativement le
développement local. Parmi ses conséquences on trouve le problème d'accès aux services
publics (santé, enseignement, etc.), alors que le Maroc souffre presque de leur absence et non
pas de ses mauvais services. La dégradation du niveau de vie des citoyens à causes de
l'insuffisance des services rendus par des collectivités territoriales, ainsi qu’un manque
d’investissements engendrent le problème du chômage, le manque d’activité ( croissance,
création d’emplois, etc.).

34
Article19.ma. Maroc-dettes astronomiques des collectivités territoriales [en ligne]. ). Disponible sur : <
https://article19.ma/accueil/archives/86366 > (Consulté le 06/07/2020).
38
Conclusion de la partie I
La régionalisation avancée est sans aucun doute l’un des sujets Incontournables pour le
développement local du pays. Comme on l’a déjà évoqué, cette importante réforme est un
réexamen des rôles naissants de l'Etat dans le but de permettre le partage des responsabilités
entre l’administration centrale et les différentes régions. L’idée de celle-ci est née suite à un
choix royal de Sa Majesté Mohammed VI depuis le 6 novembre 2008, et elle a été mise en
œuvre en 2015. L’histoire et l’évolution de la régionalisation avancée sont passées par
maintes étapes pour y parvenir et exister : la régionalisation de crise (1912-1956), la
régionalisation économique (1971-1996) et une régionalisation administrative qui est divisée
en deux : une régionalisation restreinte (1997-2009), et une autre élargie (2010 à nos jours).
La Constitution de 2011 a permis de nouer un pacte politique et sociétal entre l’État et les
différentes composantes de la société marocaine, dans la mesure où elle a apporté un certain
nombre de nouveautés.. Le modèle marocain de la régionalisation avancée s’inspire du
modèle italien dans le cadre d’un Etat unitaire.
Le Maroc a embrassé divers plans de développement pour atteindre les objectifs escomptés
de manière efficace et efficiente dont les ultimes raisons sont l’amélioration des conditions de
vie des citoyens et la réduction des disparités entre les espaces marocains, mais en vain.
Les collectivités territoriales appelées collectivités locales auparavant, ce concept est connu
pour la première fois dans la Constitution du 29 juillet 2011, elles sont des institutions
administratives indépendantes de l’administration de l’Etat. Les collectivités territoriales sont
les régions, les préfectures, les provinces et les communes. Celles-ci bénéficient de
ressources financières propres et d’autres ressources transférées par l'État central.
Malgré les efforts déployés dans le but d’une création d’une autonomie financière, le
problème de l’insuffisance de financement et des difficultés financières dont souffrent les
collectivités territoriales reste toujours présent. Les causes de ces difficultés tenant à
l’insuffisance des ressources humaines (responsables qui sont mal formés et peu qualifiés, les
citoyens qui échappent aux paiements des contributions fiscales), ainsi que celles liés aux
problèmes de la fiscalité locale comme l’absence du système de gestion, l’absence de
coordination et le manque d’échange d’informations avec les services extérieurs, etc.
Les difficultés des collectivités territoriales donnent naissance à plusieurs conséquences
fâcheuses pour le développement local. La régionalisation avancée peut-il résoudre ce
problème de financement des collectivités ? Quelles sont donc les solutions et les
recommandations à pratiquer pour dépasser ces problèmes, et réaliser un, meilleur
développement local ?
39
Partie II

Quel impact de la régionalisation


avancée sur la gestion financière des
collectivités territoriales, notamment
sur la région Béni Mellal-khénifra ?

40
Introduction de la partie II

Depuis son indépendance, le Maroc cherche à établir un programme de développement et


d'aménagement du territoire national, qui consolide les principes de décentralisation et de
déconcentration. Les défis de ce programme sont la réalisation de la démocratie et le
développement locale, libérer l’Etat du fardeau de financer et gérer les collectivités et se
concentre sur son devoir en tant que Etat. Mais le défi de l'indépendance financière des
collectivités territoriales empêche toujours le succès de ces expériences, et provoque des
conséquences négatives sur le développement local.
En essayant de profiter des lacunes d’expériences de la décentralisation, le Maroc a placé ses
espoirs sur le projet de la régionalisation avancée, afin de surmonter les obstacles et
d’améliorer la situation financière des collectivités territoriales. L’un des objectifs de la
régionalisation avancée est l’amélioration de la situation financière des collectivités
territoriales, par la limitation de dépendance aux transferts de l’Etat et la rationalisation des
dépenses.
De ce fait la structure de cette partie va être comme suit :
• Le premier chapitre : sera consacré à une étude comparative des états financiers des
collectivités territoriales durant les cinq années avant et après l’application de la
régionalisation avancée. Ensuite, un bilan de la structure des recettes et des dépenses des
collectivités sera établi. Ceci dans le but de connaître le degré de la régionalisation dans
l’amélioration de la situation financière des collectivités territoriales depuis sa mise en œuvre
en 2015.
• Le deuxième chapitre : va aborder l’impact de la régionalisation avancée sur la
situation financière des collectivités de notre région, Béni Mellal-khénifra, ainsi qu’une
analyse comparative des états financiers sur le plan national.

41
Chapitre 3. L’impact de la régionalisation avancée sur le financement des
collectivités territoriales

Dès le début des premières années de l’indépendance, avec l’adoption de la première charte
communale le 23 juin 1960, le Maroc a opté pour une décentralisation en tant que système
d’organisation de l’Etat et de répartition des compétences et des ressources entre ce dernier et
les collectivités locales (CL). Ce système a connu des phases successives de réformes et de
modernisation. Il a enrichi sa construction, par la Constitution de 2011 qui consacre la
régionalisation avancée au niveau de son 1er article en précisant que « L’organisation
territoriale du Royaume est décentralisée. Elle est fondée sur une régionalisation avancée ».
Ce processus a confronté plusieurs difficultés et disparités au niveau national ainsi que
régional. Le grand défi de la régionalisation est de combler l’insuffisance de financements,
des compétences décentralisées, atténuer les disparités de ressources propres entre les
collectivités territoriales. Ainsi que de réduire les inégalités entre les régions et de trouver
une solution aux différentes difficultés notamment les difficultés financières en les mettant
plus autonomes et indépendantes.
Ce chapitre, a pour but d’analyser les données financières des collectivités territoriales (les
recettes, les dépenses, les ressources propres, les ressources gérées pour le compte des
collectivités ainsi que les ressources transférées, etc.). Cette analyse nous permettra de faire
une étude comparative avant et après la mise en œuvre de la régionalisation avancée en 2015,
afin de savoir si elle a permis de dépasser les contraintes et les difficultés financières de ces
collectivités? Et est-ce qu’elle a réussi à résoudre le problème de financement des collectivités
territoriales ?

Section I. Etude comparative des états financiers des collectivités territoriales avant et
après la régionalisation avancée

Entre les cinq années avant et après l’application de la régionalisation avancée, les finances
des collectivités territoriales ont pris une très grande importance, tant au niveau des ressources
disponibles que les dépenses réalisées.

42
I.1 Analyse de l’évolution des recettes des collectivités territoriales

I.1.1. Interprétation de l’évolution des recettes globales

On constate une augmentation des recettes globales des collectivités territoriales en moyenne
de 31.9% entre les cinq années avant et après la mise en place du programme de la
régionalisation avancée. Cette augmentation est la raison pour laquelle le Maroc a mis en
place ce programme afin d’améliorer la situation financière des collectivités territoriales en
trouvant une solution aux difficultés financières. Mais tout d’abord, on doit savoir l’origine de
cette augmentation à travers une analyse des composantes des ressources des collectivités. En
premier lieu, elle est liée à la hausse légère des transferts de l’Etat par 38.5% en moyenne et
avec une contribution de 82.8 % de l’évolution des recettes globales. Ensuite, les ressources
gérées pour le compte des collectivités ont connu une augmentation en moyenne de 25 %
avec une contribution de 10.9%. En dernier lieu, on constate une hausse des ressources gérées
par les collectivités en moyenne de 9.3 %. Cette évolution apparaît dans le graphique 1 ci-
dessous :

Graphique 3 : l’évolution des recettes globales des collectivités

Sources : calcul sur la base les bulletins mensuel de statistiques des finances locales. TGR

I.1.2. Dépendance aux ressources transférées ou gérées par l’Etat

Les finances locales demeurent marquées par des insuffisances laissant les budgets des
collectivités territoriales fortement dépendants de l’appui financier de l’Etat. Il s’agit, d’une
part, de la faiblesse des recettes propres des collectivités territoriales qui constitue également

43
un handicap de taille et, d’autre part, de la prépondérance des dépenses de fonctionnement et
du faible taux d’exécution des dépenses d’investissement. 88% des ressources fiscales des
entités territoriales au Maroc proviennent des transferts de l’Etat, notamment au titre de l’IS,
de l’IR et de la TVA. Entre 2015 et 2018, les recettes fiscales des collectivités locales ont
progressé de 2 Mds de DH pour passer de 10 à 12 Mds de DH.
Les ressources transférées ou gérées par l’Etat pour le compte des collectivités territoriales
représentent en moyenne 75.8% dans les cinq années avant l’application de la régionalisation
du total des recettes des collectivités territoriales. Durant les cinq premières années de la
régionalisation avancée elles enregistrent une augmentation de 6.3% pour s’établir à 80.6 %.
Comme cela apparaît à travers le graphique ci-après ;
Graphique 4 : Part des ressources transférées ou gérées par l’Etat
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Série 1 76 77 74 74 78.3 80 79.9 80.4 81.15 81.69

Source : calcul sur la base les bulletins mensuel de statistiques des finances locales. TGR

Le financement des collectivités territoriales dépend en grande partie aux transferts de l’Etat
et des taxes gérées par elle, qui représente presque 82% des recettes globales en 2019. Les
ressources transférées s’établissent à 28.5MMDH en 2019 contre 27.5MMDH un an
auparavant, avec une hausse de 3.5%. Elles sont constituées par 42.9% de part dans le produit
de la TVA
Graphique 5: structure des ressources des collectivités territoriales

Sources : TGR, bulletins mensuel de statistiques des finances locales. 2019

44
A fin novembre 2019, les ressources gérées par l’Etat pour le compte des collectivités
territoriales ont atteint 6.046 MDH contre 6.019 MDH un an auparavant, soit une
augmentation de 0,4%, provenant de la hausse de la taxe professionnelle (+7%), conjuguée à
la baisse de la taxe de services communaux (-3,8%) et de la taxe d’habitation (-3,7%).

I.2. L’évolution des dépenses des collectivités territoriales

Le projet de la régionalisation avancée a mis l’accent sur la création des investissements et


des nouveaux projets. Elle joue un rôle important dans l’amélioration des conditions de vie
des citoyens et citoyennes, ainsi qu’elle limite la forte dépendance des collectivités envers
l’Etat. Ce qui contribue dans l’augmentation des dépenses des collectivités.
Les dépenses ordinaires réalisées par les collectivités territoriales (dépense de personnel et
autres biens et services) enregistrent une augmentation en moyenne de 26.9% entre les cinq
années avant et après la régionalisation avancée. Les dépenses des biens et services ont connu
une hausse en moyenne de 40%, avec une contribution de 67.2% sur l’évolution des dépenses
ordinaires. Les dépenses de personnel ont quant à eux connu une évolution positive moyenne
de 13.4% avec une contribution de 32.8%. Cette évolution s’explique par l’augmentation des
dépenses de biens et services, due à la hausse des dépenses de personnel et des autres
dépenses de biens et services. Ainsi que de l’accroissement des charges en intérêts de la
dette, des émissions de la compensation et des remboursements, dégrèvements et restitutions
fiscaux.
Les dépenses d’investissement ont enregistré une augmentation significative après cinq
années de l’application de la régionalisation avancée en moyenne de 41.1% par rapport aux
cinq années précédentes. Cette augmentation s’explique principalement par l’augmentation
des émissions au titre des programmes nationaux, des projets intégrés, des acquisitions
mobilières, des acquisitions immobilières et des subventions, conjuguée à une diminution des
émissions au titre des travaux neufs et gros réparations

45
Graphique 6 : L’évolution des dépenses des collectivités territoriales

30000

25000

20000

15000

10000

5000

0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Depenses ordinaires Personnel autres bien et services Investissement

Source : calcul sur la base les bulletins mensuel de statistiques des finances locales. TGR

I.3. L’évolution de la situation budgétaire des collectivités territoriales

Après cinq années de l’application de la régionalisation avancée, on constate une amélioration


de la situation budgétaire des collectivités territoriales. D’une part, l’évolution en moyenne
de l’excède de solde budgétaire entre les cinq années avant et après la régionalisation avancée
enregistre une hausse de 59.9%. Ainsi, après les cinq années les soldes de comptes spéciaux et
des budgets annexes ont constaté une amélioration importante, surtout le solde du compte des
annexes avec un accroissement en moyens de 51.8 %. L’origine de cette amélioration réside
dans l’augmentation des recettes des collectivités, notamment les recettes transférées par
l’Etat est plus particulièrement la part dans le produit de la TVA qui est la principale
ressource transférée. Cette évolution est illustrée par le graphique ci-dessous :
Graphique 7 : Évolution des soldes : global, des budgets annexes et des comptes spéciaux

8000
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
-1000 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Excedent des collectivités Solde des budgets annexes


Solde des comptes speciaux

Sources : Calcul sur la base les bulletins mensuel de statistiques des finances locales. TGR

46
Section 2. Evaluation des états financiers des collectivités territoriales

L’insuffisance des moyens financiers des collectivités territoriales et la faiblesse des


ressources financières restent parmi les grands défis de la régionalisation avancée.
L’intérêt de faire le bilan des états financiers des collectivités territoriales, est de savoir si le
projet de la régionalisation avancée a réussi après 5 années de l’application à améliorer la
situation financière des collectivités territoriales.

Tableau 1 : situation des charges et ressources par type de collectivités territoriales en 2019
Régions Préfectures Communes Total
En millions de dirhams provinces
1- RECETTES 9 522 4 541 28 783 42 845
1.1- Ressources gérées par les collectivités : 597 328 6 919 7 843
Taxes locales et redevances diverses 523 228 955 4 457
Produits des services 0 0 955 955
Produits des biens 74 100 2 257 2
1.2- Ressources gérées pour le compte des CT: 193 0 6 312 6 514
Taxe de services communaux 193 0 3 303 3 496
Taxe professionnelle 0 0 2 714 2 714
Taxe d’habitation 0 0 304 304
1.3- Ressources transférées : 8 732 4 213 15 543 28 488
Part dans le produit de la TVA 169 3 870 14 328 18 367
Part dans le produit de l’IS et de l’IR 4 490 0 0 4 490
Part dans le produit de la taxe sur les contrats 622 0 0 622
d'assurance
Fonds de concours et subventions 3450 343 1 215 5 008
2- DEPENSES ORDINAIRES 1 578 2 763 21 131 25 472
2.1- Biens et services : 1 366 2 710 20 380 24 457
Personnel 182 2 117 9 754 12 044
Autres biens et services 1 184 593 10 636 12 413
2.2-Intérêts de la dette 212 52 751 1 015
3- SOLDE ORDINAIRE 7 944 1 778 7 651 17 373
4- INVESTISSEMENT 7 511 3 405 6 187 17 103
5– SOLDE DES BUDGETS ANNEXES 39 12 135 186
6– SOLDE DES COMPTES SPECIAUX 113 629 3 103 3 845
7- EXCEDENT/DEFICIT GLOBAL 584 -986 4 703 4 301
8- FINANCEMENT : -548 986 -4 703 -4 301
Recettes d’emprunt 1 942 854 1 966 4 762
Remboursement du principal de la dette -247 -63 -1 044 -1 354
Variation de l'excédent -2 279 195 -5 625 -7 710

Source : TGR-Bulletin mensuel de statistiques des finances locales- décembre 2019

47
Le solde positif dégagé ( épargne brute ) par les budgets des collectivités territoriales à fin
décembre 2019, à laquelle s’ajoutent les recettes d’emprunt de 3.867 MDH, a permis le
remboursement de principale de la dette pour 1.170 MDH et la reconstitution de la trésorerie
disponible pour 2,7 MMDH. Cette trésorerie s’est élevée à 34,4 MMDH, dont 27,3 MMDH
sont des excédents des exercices antérieurs. Il s’agit d’un réel paradoxe de la régionalisation
avancée. Les acteurs se plaignent de l’insuffisance des ressources financières, alors qu’on
observe que l’ensemble des collectivités locales dégagent un excédent budgétaire. La
situation des charges et des ressources des collectivités territoriales, comme elle est retracée
dans le tableau 1, a fait dégager un solde ordinaire positif de 17,3 MMDH. Ce dernier permit
de couvrir largement 98,4% des dépenses d’investissement. Compte tenu des dépenses
d’investissement de 17,1 MMDH et d’un solde positif des comptes spéciaux et des budgets
annexes de 4,03 MMDH, les budgets des CT dégagent un excèdent global de 4,3 MMDH.
Autrement dit, les dépenses d’investissement sont financées par les soldes ordinaires, soldes
des comptes spéciaux et des budgets annexes.

II.1.1. Les ressources fiscales : principales sources de financement des collectivités

A fin de décembre 2019, les recettes fiscales ont atteint 34 MMDH, en constituant 79.3% des
recettes globales des collectivités territoriales.

Graphique 8 : part des ressources fiscale dans les ressources globales

100%
80%
60%
40%
20%
0%
Ressources gérés par Ressources gérés pour Ressources transférées
les collectivités les collectivités

Ressources fiscales Ressources non fiscales

Sources : TGR, bulletins mensuel de statistiques des finances locales. 2019

L’évolution de la structure des ressources fiscales des collectivités entre fin décembre 2018 et
fin décembre 2019, fait ressortir d’abord, une augmentation de la part des ressources
transférées qui résulte la hausse de la part des régions dans le produit de l’IS et de l’IR 35.
Ensuite, une diminution de la part des ressources gérées par l’Etat avec la baisse de la taxe de

35
La part des régions dans le produit de l’IS et de l’IR est passée de 4% en 2018 à 5% en 2019 (articles 13 et 14
de la loi de finances pour l’année 2019).
48
services communaux (-9,9%) et la baisse de la taxe d’habitation (-21,1%). Enfin, une
stagnation de la part des ressources gérées par les collectivités territoriales.
Le rôle des recettes non fiscales est très important dans l’autonomie des collectivités et la
stabilité budgétaire, car on peut estimer avec exactitude la valeur des recettes de l’année
prochaine. Les recettes non fiscales des collectivités territoriales hors les subventions ne
représentent que 9.07% des recettes globales, qui reste un taux très faible si on compare avec
les collectivités françaises que les recettes non fiscales représentent 22.3 % des recettes
globales.

II.1.2. Répartition des ressources par types de collectivités territoriales

Les recettes des communes ont été de 28,8 MMDH et représentent 67,2% des recettes
globales des collectivités territoriales à fin décembre 2019. La répartition des recettes par type
de collectivité territoriale à fin décembre 2019, permet de relever que les ressources
transférées sont inversement proportionnelles aux ressources propres. Ainsi, les ressources
transférées constituent 54% des recettes des communes contre 91,7% pour les régions et
92,8% pour les préfectures et provinces. Les communes ont un part plus important
puisqu’elles bénéficient largement des recettes de la fiscalité locale et tout particulièrement le
produit de la taxe sur les services communaux et de la taxe professionnelle. Ces deux taxes
représentent une grande partie des ressources gérées par l’Etat. Elles constituent aussi un
espace de mise en œuvre du développement local. Elles ont pour vocation la prestation de
services de proximité aux citoyens de son territoire (Eau potable,
Electricité, Assainissement, Transport... etc.)
Graphique 9 : Répartition des ressources par types de collectivités territoriales

100%
80%
60%
40%
20%
0%
Communes Régions Préf/Prov
Communes Régions Préf/Prov
Ressources transférées Ressources propres

Source : TGR- bulletin mensuel de statistiques des finances locales- décembre 2019

49
II.1.3. L’inégalité dans la répartition des ressources entre les collectivités

La réalité de la création de la richesse par les régions marocaines fait ressortir que :
➢ La répartition des ressources entre les 12 régions que compte le pays se fera sur la base
de plusieurs critères (nombre d’habitants de la région et la superficie de cette dernière…etc.)
et n’ont pas sur les besoins et les particularités de chaque région ; Ce qui crée des disparités
régionales et augmente les écarts entre les régions.
➢ Elle existe une inégalité dans la répartition des ressources entre les 12 régions. En
principe, la répartition des dotations de l’Etat faite sur la base de trois critères 36 : 50% à parts
égales entre les régions, 37,5% compte tenu du nombre d’habitants de la région et 12,5%
compte tenu de la superficie de la région. Mais en pratique, la répartition des ressources entre
les régions n’est pas soumise au principe des dotations, puisque on constate que la région
Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Ed Dahab ne bénéficient pas des ressources gérées
par l’Etat comme le montre le tableau suivant :
Tableau 2 : répartition des ressources par région
Régions Ressources Ressources gérées Ressources TOTAL
gérées par les CT par l'Etat transférées
-Casablanca-Settat 2 048 2 803 3 415 8 266
-Rabat-Salé-Kenitra 1 071 1 152 3 118 5 341
-Marrakech-Safi 1 060 590 3 274 4 923
-Fès-Meknès 738 433 3 280 4 451
-Tanger-Tétouan-Al -Hoceima 906 598 2 770 4 274
-L'oriental 443 261 2 826 3 530
-Souss-Massa 622 414 2 084 3 120
-Béni Mellal-Kenitra 419 188 2 240 2 847
-Laâyoune-Sakia El Hamra 209 0 1 823 2 033
-Drâa-Tafilalet 158 59 1 725 1 943
-Guelmim-Oued Noun 81 17 1 011 1 109
-Dakhla-Oued Ed Dahab 88 0 921 1 009
TOTAL 7 843 6 514 28 488 42 845
Sources : TGR- bulletin mensuel de statistiques des finances locales- décembre 2019

Les recettes de la région de Casablanca-Settat (8.266 MDH) représentent 20,1% des recettes
globales des collectivités territoriales. La région de Rabat-Salé- Kenitra vient en second rang
avec 12,4% des recettes. Les recettes de la région de Dakhla-Oued Ed Dahab représentent
2,3%. D’après le tableau ci-dessus on constate que la région de Casablanca-Settat a la part la
plus importante puisqu’elle se considère parmi les grandes régions du pays. Elle est classée à
la tête des régions du Maroc en termes de population, elle concentre un tissu économique
important, en particulier dans l’industrie et les services ainsi c’est une destination de choix

36
Décret n° 2.15.996 en date du 30 Décembre 2015 fixant les conditions d’application des dispositions de
l'article 256 de la loi organique n° 14.111 relative aux régions
50
pour les investisseurs. Alors que la région Dakhla-Oued Ed Dahab reçoit une part moins
importante car elle a moins de populations ainsi que les dépenses de cette région et un peu
moins que les autres.

II.1.4. Structure des dépenses des collectivités territoriales

II.1.4.1. Poids des dépenses de fonctionnement : dépenses de personnel

A fin décembre 2019, les dépenses globales réalisées par les collectivités territoriales
(dépenses de fonctionnement, dépenses d’investissement et remboursements du principal de la
dette) se sont établies à 43,9 MMDH, en hausse de 4,8% par rapport à leur niveau à fin
décembre 2018. Elles se composent à hauteur de 58% de dépenses fonctionnement. Les
salaires et les indemnités servis à fin décembre 2019 ont atteint 12.044 MDH contre 11.727
MDH à fin décembre 2018, soit une hausse de 2,7%. Le poids important des dépenses de
personnel rend les ressources propres des collectivités insuffisantes pour financer et les oblige
à utiliser 65% des ressources gérées par l’Etat pour puis couvrir ces dépenses.
Graphique 10 : structure des dépenses des collectivités territoriales

dépenses d'investissement remboursement de la dette personnel autre dépense

2%
34%
28% 70%
36%

Sources : TGR- bulletin mensuel de statistiques des finances locales- décembre 2019

II.1.4.2. Répartition des dépenses par types de collectivités territoriales


Les dépenses globales représentent 27,3 MMDH, les dépenses ordinaires et d’investissement
des communes représentent 64,2% des dépenses globales réalisées par les collectivités
territoriales à fin décembre 2019. La répartition des dépenses par type de collectivité
territoriale à fin décembre 2019 permet de constater que :
❖ les dépenses de personnel constituent un part important des budgets des communes
(35,7%), puisqu’elles constituent un espace de mise en œuvre du développement local. Elles

51
ont pour vocation Prestations de services de proximité aux citoyens de son territoire (Eau
potable, Electricité, Assainissement, Transport, etc.)
❖ les dépenses des préfectures et provinces sont constituées de 63,9% de dépenses
d’investissement. Elles sont des collectivités intermédiaires qui ont pour vocation promotion
du développement social (accès aux équipements et services de base, principe de mutualité
entre les communes…) notamment en milieu rural. Ainsi que le renforcement de la
mutualisation et la coopération entre les communes appartenant à leur territoire.
❖ les dépenses réalisées par les régions sont constituées à hauteur de 82,6% des dépenses
d’investissement, 13% des dépenses de matériel, 2% des dépenses de personnel et 2,3% des
charges en intérêts de la dette.

Graphique 11 : Répartition des dépenses par types de collectivités territoriales

100%
80%
60%
40%
20%
0%
Communes Régions Préf/Prov

Personnel Matériel Intérêts dette investissement

Sources : TGR, Bulletin mensuel des statistiques des finances locales – décembre 2019

II.1.4.3. Répartition des dépenses des collectivités territoriales par région

La répartition des dépenses des collectivités territoriales par région montre une forte
concentration au niveau de 6 régions avec 70.5% de ces dépenses. Les dépenses de la région
de Casablanca-Settat (7.6 MDH) représentent 17.9% des dépenses globales des collectivités
territoriales. Les dépenses de la région de Dakhla-Oued Ed Dahab représentent 2% des
dépenses globales. Cette forte concentration est due au fort taux de croissance démographique
dans ces régions qui les empêche de réaliser et créer des différents projets socioéconomiques
et environnementaux ce qui augmente les dépenses des régions. C’est dans ces régions où la
plupart des activités économiques y trouvent placent puisqu’elles sont la destination pour les
investisseurs et la création des investissements.
Tableau 3 : Répartition des dépenses des collectivités territoriales par région
Régions Personnel Autres biens et Intérêts de Investissement Total %
52
services la dette
Casablanca-Settat 2 377 2 502 250 2 515 7 643 17.6
Rabat-Salé-Kénitra 1 612 1 890 127 2 395 6 024 14.1
Tanger-Tétouan-Al 1 086 1 557 75 1 521 4 239 10
Hoceïma
Marrakech-Safi 1 264 1 485 73 1 403 4 225 9.9
Fès-Meknès 1 472 1 181 121 1 331 4 105 9.6
L'oriental 1 180 851 86 1 675 3 793 8.9
Souss-Massa 831 687 98 1 510 3 126 7.3
Laâyoune-Sakia El 509 555 47 1 880 2 991 7
Hamra
Béni Mellal-Khénifra 825 651 52 1 332 2 860 6.7
Drâa-Tafilalet 499 312 40 707 1 558 3.6
Guelmim-Oued Noun 274 547 18 214 1 053 2.4
Dakhla-Oued Ed Dahab 115 195 29 620 959 2.2
TOTAL 12 044 12 413 1 015 17 103 42 100
575
Sources : TGR, Bulletin mensuel des statistiques des finances locales – décembre 2019

II.1.5. Contradiction de besoin d’investissement face au excèdent des fonds disponibles

Durant les cinq dernières années après l’application de la régionalisation avancée le solde
budgétaire (dépense d’équipement programmée et non réalisée) des collectivités territoriales
enregistrent des excédents qui se sont cumulé année après année. Selon le dernier rapport
mensuel des statistiques des finances locales, publié par la TGR en fin décembre 2019, les
excédents budgétaires des collectivités territoriales sont élevés à 43,4 MMDH, dont 35,7
MMDH des excédents d’exercices antérieurs. Les communes sont à elles seules, représentent
54.4% des fonds disponibles. Alors que, les besoins en matière d’infrastructures et
d’équipement sont importants. Les causes de cette contradiction sont diverses, on peut les
résumer comme suit37:
• Faible formation des élus et des fonctionnaires locaux : l’existence des excédents
budgétaires pourrait être expliquée par la qualité des ressources humaines mise à la
disposition des collectivités territoriales. Les collectivités affichent de multiples
dysfonctionnements à ce niveau : un manque important de formation, absence d’adéquation
entre profil et poste, des élus analphabètes plus particulièrement dans les communes rurales
(Cour de compte, 2013). Ainsi que la mauvaise répartition des ressources humaines, et un
sureffectif sévère (Cour des comptes 2013), participent dans l’augmentation des dépenses de
fonctionnement et compliquent la gestion de ses structures. Ces dysfonctionnements peuvent
compliquer le processus de planification, d'exécution et de suivi des prévisions budgétaires.

37
MHAMMEDI, Mehdi Alaoui. Étude des causes des excédents budgétaires dans les structures communales au
Maroc. ACCRA, 2019, no 1, p. 11-32.
53
• La lourdeur bureaucratique: la législation au Maroc est très rigide et plus
particulièrement les réglementations qui régissent les structures communales, par exemple,
toutes décisions du conseil n’entrent en application qu’auprès l’approbation de la tutelle. En
pratique, la tâche d’approbation du compte administratif peut prendre dans les meilleurs des
cas trois mois. Par exemple, les communes ont déjà les projets qui vont être lancés, mais ces
projets doivent d’abord être approuvés par le président, puis envoyés à la tutelle pour les
autorisations spéciales. Pour accéder aux moyens financiers il faut vérifier toutes ses étapes.
En dernier lieu, pour recevoir et obtenir les autorisations, le compte administratif doit d'abord
être approuvé par le conseil, puis transmis à la tutelle pour l’approbation, ce processus prend
jusqu'à 3 mois. Puis la reçoit d’une réponse au projet proposé, à savoir: l'un est accepté,
l'autre être rejeté. Ensuite, le lancement des appels d'offre pour les projets acceptés par les
autorités de régulation. C’est un problème de lourdeur et de lenteur plus précisément.
• Le manque de vision : cette situation de blocage et faible taux d’investissement
s’explique aussi par le manque de vision des élus locaux. Ils sont dans l’incapacité
d’anticiper, d’identifier les besoins réels et de déterminer la qualité et la nature des projets à
mettre en place.
• L’incertitude de l’environnement : les collectivités territoriales sont très dépendantes
aux transferts financiers de l’Etat. De ce fait, les prévisionnistes sont dans l’incapacité à
déterminer avec exactitude le montant des subventions et les dates du versement des
ressources transférées. (Cour de compte, 2013).

II.1.6. Le manque des investissements productifs de la part des collectivités

L’un des objectifs du projet de la régionalisation avancée est de promouvoir les collectivités
territoriales, notamment la région, à des acteurs économique à côté de l’Etat par la création
des postes d’emplois, l’amélioration de situation de vie des citoyens…etc. La réalisation de
cet objectif est faite à travers l’initiative des collectivités à créer des projets qui pourrait par la
suite améliorer les ressources financières et limiter la dépendance aux transferts de l’Etat par
des sources de financement propres.
L’analyse de la structure des dépenses d’investissement en 2019, après 5 années de
l’application de la régionalisation avancée, montre une absence totale des investissements
productifs. Les chiffres du HCP confirment ces insuffisances et déclarent que seules 3 régions
sur 12 accaparent 70% des investissements publics. D’une part cela est dû à un retard dans
l’application de la régionalisation avancée. Une étude du premier colloque national de la
54
régionalisation avancée le 21 décembre à Agadir à noté que ce retard résulte d’un manque de
volonté des administrations pour l’activation de la régionalisation avancée. Ainsi que le
manque de réflexion autour des modalités de financements nécessaires aux programmes de
développement des régions. Ce retard a un impact négatif sur la création des investissements
productif :
➢ L’insuffisance ressources financières et la non-ouverture sur d’autres méthode de
financement : Le fond d’équipement communal (FEC) occupe toujours une position de
monopole pour le financement des collectivités territoriales. Et pourtant, aucune évolution n’a
été constatée, à ce titre, malgré la recommandation qui a été émise par la Cour des comptes en
2011 dans ce domaine. Et bien que les règlements actuels n’interdisent pas le financement des
collectivités territoriales par le biais du marché bancaire national, ce genre d’opérations
demeure très rare.
➢ Surendettement des collectivités territoriales : la situation de surendettement limite la
capacité des collectivités à investir. Surtout que la principale source de financement externe
qu’est la FCE exige parmi les pièces constituant les dossiers de demande de prêts, le
justificatif de la mobilisation d’un taux d’autofinancement de 20% du coût du projet.
➢ Faible qualité des responsables des collectivités : ce qui est illustré par le taux de
réalisation des investissements qui n’a jamais atteint un niveau élevé à 44%.

II.2. Recommandations pour renforcer la situation financières des collectivités

D’après le bilan des états financiers des collectivités après cinq années de l’application de la
régionalisation avancée on peut sortir par des recommandations (des transferts, des recettes,
des dépenses,…etc.) qui peuvent participer à la résolution des obstacles de ce programme.
La situation de dépendance des collectivités territoriales financièrement aux transferts de
l’Etat exige en premier lieu une amélioration des ressources propres. Donc il faut :
❖ Mettre en place d’une réforme de la fiscalité locale pour accroître les ressources des
collectivités territoriales et améliorer l’environnement des affaires en promouvant une plus
grande simplification et réduction du nombre de prélèvements et en assurant une
harmonisation et intégration avec la fiscalité nationale.
❖ Renforcer la fiscalité des collectivités territoriales, notamment des régions et la
création des conditions propices à l’exploitation du potentiel de recettes des collectivités, en

55
vue non seulement de financer des investissements, mais aussi d’assurer le financement des
dépenses d’exploitation et le maintien à long terme.
❖ Promouvoir la création d’activités et de projets novateurs et créateurs de richesses en
exploitant de façon rationnelle et optimale le potentiel régional économique, culturel,
touristique, artisanal et environnemental, susceptible de créer et développer des ressources
financières additionnelles au profit de la région et de ses populations.
Les budgéter des collectivités territoriales montre l’importance des dépenses de
fonctionnement, notamment les dépenses du personnel, qui enregistrent chaque année une
hausse par rapport à l’année précédente. Donc il faut :
❖ Contrôler de façon rigoureuse l’évolution des dépenses de fonctionnement, notamment
de personnel, pour lesquelles des ratios de structure plafonnés devraient être fixés pour éviter
toute augmentation incontrôlée.
La réalité de la création des richesses par les régions fait montrer que les disparités régionales
se supposent encore, alors qu’elles se considèrent comme priorité à résoudre par la
régionalisation avancée.
❖ Imposer des moyens de répartition des ressources fiscales et financières, y compris
celles des deux fonds de mise à niveau social et de solidarité régionale, équitables et adaptées
aux besoins de financement spécifiques à chaque collectivité. En utilisant des normes et des
règles qui prennent en compte principalement le niveau de développement humain, le niveau
des équipements publics et d’infrastructures et le taux moyen d’activité de la collectivité
territoriales.
Ainsi que le financement des dépenses de fonctionnement et d’investissement souffre des
modalités de financement limitées, des recettes fiscales comme sources internes et des prêts
auprès FEC comme seule source externe. Donc, il faut :
❖ Etendre le dispositif juridique du Partenariat Public Privé (PPP) aux collectivités
territoriales. Ce dispositif gagnerait à être développé, en particulier, dans le cadre d’un
partenariat triangulaire entre l’Etat, le privé et la région (PPPR)
❖ Contrôler de façon rigoureuse l’évolution des dépenses de fonctionnement, notamment
de personnel, pour lesquelles des ratios de structure plafonnés devraient être fixés pour éviter
toute augmentation incontrôlée.
❖ Promouvoir la création d’activités et de projets novateurs et créateurs de richesses en
exploitant de façon rationnelle et optimale le potentiel régional économique, culturel,
touristique, artisanal et environnemental, susceptible de créer et développer des ressources
financières additionnelles au profit de la région et de ses populations
56
❖ Les collectivités territoriales doit encourager les investissements productifs pour
améliorer les ressources propres et minimiser la dépendance a les mobilisations de l’Etat38.

Conclusion

En conclusion, les ressources financières actuelles des collectivités demeurent loin des
réponses aux exigences de la régionalisation avancée et des ambitions des citoyens. Ces
ressources sont marquées par des insuffisances notamment, la forte dépendance de l’appui
financier de l’Etat, la faiblesse des ressources propres, une prépondérance des dépenses de
fonctionnement et un faible taux d’exécution des dépenses d’investissement.
Malgré la promulgation de la loi n° 47-06 relative à la fiscalité locale et la loi n° 39-07, et
aussi le renouvellement des droits, redevances et rémunérations au profit des collectivités
territoriales, les ressources locales propres restent encore loin de couvrir les dépenses locales.
Cette situation influence lourdement la capacité d'autofinancement des collectivités
territoriales et oblige l’Etat à augmenter ces recettes transférées pour couvrir cette incapacité
d’autofinancement. Le bilan de la situation financière des collectivités territoriales relève
quatre traits saillants qui sont ;
• Le premier trait : porte sur l’importante augmentation des ressources des collectivités
territoriales qui restent dominés par les recettes transférées ou gérées par l’Etat ;
• Le deuxième trait : concerne le poids des dépenses de fonctionnement et plus
particulièrement les dépenses de personnel
• le troisième trait : est relatif à la faiblesse du taux d’émission des dépenses d’investissement
et son corollaire, la hausse graduelle des excédents ;
• le quatrième trait : se rapporte à l’inégale répartition des ressources et des dépenses
réalisées, entre les collectivités territoriales

38
Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), Exigence de la régionalisation avancée et défis de
l’intégration des politiques sectorielles. 2016. P 12-16
57
Chapitre 4. L’impact de la régionalisation avancée sur le financement de la
région BMK

Pour une mise en place du projet de la régionalisation avancée, la commission consultative de


la régionalisation admet le 20 février 2015 un nouveau découpage du territoire national en 12
régions au lieu de 16 auparavant. Le but de ce découpage territorial est de répartir
équitablement les compétences entre les régions d’une manière à faciliter l'application des
exigences de la régionalisation avancée.
La région de Béni Mellal-Khénifra est née suite à la nouvelle division territoriale de 2015, en
ajoutant une région à la région de Tadla Azilal. Cette nouvelle région cherche comme le reste
des autres régions du Royaume, à exploiter toutes ses capacités et ses avantages pour mettre
en œuvre les exigences d'un régionalisme avancé.
Ce chapitre a pour but de savoir l’impact de la régionalisation avancée sur le financement de
la région béni Mellal khénifra. Est-ce que la régionalisation avancée a permis de relever le
défi de financement auquel faite face ?
D’abord on va présenter la région BMK grâce à une monographie (Béni Mellal-Khénifra),
pour que l’on puisse bien la cerner, ainsi que ces principaux indicateurs clés. Ensuite, on va se
focaliser sur l’analyse des états financiers de la région BMK, ce qui nous permettra de savoir
si la régionalisation avancée a permis de dépasser les difficultés financières de cette région ?
Quelles sont les recommandations et les réformes pour améliorer la situation financière de
BMK ?

Section I. Présentation de la région Beni Mellal-khénifra

La région Béni Mellal-Khénifra, située au centre du Maroc est l'une des douze régions
marocaines créées suite à la réforme territoriale du 4 septembre 2015 au Dahir n 1-79-84. Elle
rassemble l'ancienne région de Tadla-Azilal et les provinces de Khénifra et de Khouribga. Sur
le plan administratif, la région de Béni Mellal-Khénifra inclut cinq provinces39 :
• La province de Beni Mellal ;
• La province de Fquih Ben Salah ;
39
LesEco.ma. Monographie : Les indicateurs-clés de la région [en ligne].Disponible sur : <
https://leseco.ma/monographie-les-indicateurs-cles-de-la-region/ > (consulter le 12 /07 /2020).
58
• La province d’Azilal ;
• La province de Khénifra ;
• La province de Khouribga.
La région BMK, a une longue histoire et possède des atouts importants pour le développement
des activités touristiques. C’est grâce à sa situation historique et géographique sur l'axe
touristique principal Fès-Marrakech Casablanca, et à proximité des montagnes de l'Atlas et de
sa nature riche et de ses paysages naturels.
Son potentiel économique réside dans des ressources naturelles, des industries qui ont en
cours du renforcement, son potentiel agricole en cours de reconversion, sa principale activité
minière autour des mines de Khouribga, ainsi que ses principaux projets structurants et son
patrimoine immatériel.

I.1. Cadre administratif

La région Béni Mellal-Khénifra s’étend sur une superficie de 28.374 Km², soit 3,99% du
territoire national. Elle est limitée au:
- Nord : Par la région de Rabat-Salé-Kénitra
- Nord-Est : Par la région de Fès-Meknès
- Sud et Sud-ouest : Par la région de Draa-Tafilalt
- Est : Par les régions de Casa-Settat et de Marrakech-Safi
Son plan administratif comprend cinq provinces : Azilal, Béni Mellal, Fquih Ben Salah,
Khénifra et Khouribga, 135 communes dont 16 communes urbaines, et 119 Communes
Rurales.
Tableau 4 : Répartition des cercles et communes par province
NOMBRE DE COMMUNES NOMBRE
PROVINCE DES
Municipalités Commune Rurale Total CERCLES
BENI MELLAL 4 18 22 4
AZILAL 2 42 44 6
FQUIH BEN 3 13 16 3
SALAH
KHOURIBGA 5 26 31 3
KHENIFRA 2 20 22 3
TOTAL 16 119 135 19
Source : Direction régionale du plan Béni Mellal-Khénifra

59
I.2. La population

En 2014, le recensement général de la population et de l’habitat la région Béni Mellal-


Khénifra compte 2.520.776 habitants dont 49,14% sont urbains, et 50,86%.
La densité de cette région est de 88,8 habitants au km2, très importante par rapport à la
moyenne nationale (47,6 hab/km2), ce qui permet à la région d’arriver à la 6e position en
termes de densité après les régions de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, Tanger-
Tétouan-Al Hoceïma, Marrakech-Safi et Fès-Meknès.
La population de la région est également répartie d’une manière équilibrée entre les 5
provinces allant de 15% au niveau de Khénifra jusqu’à 22% pour Azilal et Béni Mellal, Fquih
Ben Salah concentre 20% et Khouribga regroupe 21% de la population.
En revanche en 2019, la population de la région Béni Mellal- Khénifra est estimée à 2 597
629 habitants. La population urbaine atteindrait quant à elle 1 332 893, soit 51,31% de la
population totale de la région.
Tableau 5 : Evolution démographique dans la région Béni Mellal-Khénifra
URBAIN RURAL ENSEMBLE
2014 1 234 658 1 282 018 2 516 676
2015 1 254 337 1 278 452 2 532 789
2016 1 274 071 1 275 047 2 549 118
2017 1 293 789 1 271 688 2 565 477
2018 1 313 421 1 268 282 2 518 703
2019 1 332 893 1 264 736 2 597 629
Source : Direction régionale du plan Béni Mellal-Khénifra

I.3. Le poids économique de la région

La région Béni Mellal-Khénifra possède tous les actifs qui lui ont permis de monter en
puissance sur le plan économique. En 2017, elle réalise près de 6,8% de produit intérieur brut
national, soit environ 71,4 MMDH. En termes de création de richesses et grâce à sa
performance, la région vaut la 5e place dans le classement des régions du royaume.
Au niveau du secteur d’activité, le secteur primaire participe à hauteur de 23%, le secteur
secondaire à raison de 41%, tandis que le secteur le tertiaire crée plus de 36% de la richesse.
Les dépenses de consommation des ménages représentaient près de 6,1% des dépenses
nationales totales et s'élevaient à une valeur de 33 milliards de dirhams.

60
I.4. L’urbanisation de la région

Le taux d’urbanisation de la région Béni Mellal-Khénifra est passé de 49,1% en 2014 (RGPH
2014) à 50,9% en 2018. Plus des deux tiers (2/3) de la population urbaine de la région sont
concentrés dans les trois provinces de Béni Mellal, Khouribga et Khénifra, qui abriteraient
75% du total de la population urbaine de la région. Les trois provinces affichent
successivement en 2018, un taux d’urbanisation de 60,1%, 71,9% et 64,6%. En outre, les
deux autres provinces ont des taux d’urbanisation divergents allant de 18,17% dans la
province d’Azilal à 40,91% dans la province de Fquih Ben Salah. Quatre grandes provinces
dominent largement l’armature urbaine de la région. Il s’agit de Khouribga, Béni Mellal,
Khénifra et Fquih Ben Salah, qui représentent collectivement 57% de la population urbaine de
la région. Ces taux ont connu une augmentation pendant 2018 :
Tableau 6 : Evolution du taux d’urbanisation par province entre 2014 et 2018 (en%)
PROVINCE 2014 2018
AZILAL 18,1 19,3
BENI MELLAL 59,2 60,1
FQUIH BEN SALAH 40,8 42,4
KHENIFRA 61,4 64,6
KHOURIBGA 69,6 71,9
REGION 49,1 50,9
Source : HCP, 2018

I.5. Marché du travail de la région

Les résultats de l’Enquête Nationale sur l'Emploi en 2017 ont montré que, le taux de chômage
de la région Béni Mellal- Khénifra est passé de 7,1% en 2016 à 6,1% en 2017 (HCP, 2017),
en milieu urbain il est passé de 12,4% à 11,6%, et de 3,2 % à 2% en milieu rural.
Pendant l’année 2017, la population active dans la région a atteint 830 540, soit un taux
d'activité de 45,7%. Les deux provinces Béni Mellal et Khénifra ont enregistré les taux de
chômage les plus élevés de la région, avec successivement 7,7% et 7,6%, puis vient la
province de Khouribga avec 7,1%. Les provinces qui ont enregistré les taux les plus bas sont
Azilal et Fquih Ben Saleh, avec respectivement 4,6% et 3,3%. À l'échelle nationale, le
chômage de la région Béni Mellal- Khénifra reste essentiellement un phénomène urbain. Par
conséquent, le taux de chômage dans les zones urbaines a atteint 11,6%, tandis que celui dans
les zones rurales n'était que de 2%. De plus, la région connaît une prédominance du chômage
61
de longue durée. En effet, 74% des chômeurs sont au chômage depuis plus d’une année,
tandis que 62,7% n’ont jamais travaillé.

Section 2. L’impact de la régionalisation avancée sur la situation financières de la


région Béni Mellal- khénifra (BMK)

L’analyse des données financières des collectivités territoriales de la région Béni Mellal-
Khénifra a pour objectif de monter l’impact de la régionalisation avancée sur la région BMK.
Par une étude comparative des états financiers des collectivités entre une année avant et cinq
années après l’application de la régionalisation avancée. Ainsi que, un diagnostic de la
situation financier de ces collectivités sur la base d’un guide d’entretien avec les élus de la
région pour bien comprendre l’origine des choses.

II.1. L’étude comparative des états financiers

II.1.1. L’évolution Recettes de fonctionnement

En 2019, les recettes de fonctionnement des collectivités territoriales de la région Béni-Mellal


Khénifra ont atteint 2.541, 56 MDH avec une évolution de 61,66% par rapport à 2014. Cette
hausse provient essentiellement d’une augmentation des ressources transférées de 85,95% et
qui représente presque 80% des ressources totales, suite à l’augmentation de la part des
régions dans le produit de l’IS et l’IR. Les ressources propres enregistrent aussi une
augmentation de 17,80% en 2019 par rapport à 2014. Cette hausse est expliquée
principalement par l’intégration des nouvelles préfectures et des communes affiliées à ces
dernières.
Tableau 7 : L’évolution des recettes de fonctionnement des collectivités de la région
Nature des Les collectivités territoriales de la Sur le plan national
ressources région BMK
2014 2019 L’évolution 2014 2019 L’évolution
Ressources 1.012 1.881,86 85,95% 18.557 23.480 26,52%
transférées40

40
Ressources transférées par l’Etat est constitué principalement par la part des collectivités territoriales dans la
produit de TVA, l’IS, l’IR et de la taxe sur les contrats d’assurance.
62
Ressources propres41 560 659,70 17,80% 11.819 14.375 21,62%
Total42 1.572,12 2.541,56 61,66% 35.132 37.837 7,7%
Source : Ministre de l’intérieur, région BMK

Cette augmentation est attribuée à une hausse significative des ressources propres au niveau
des collectivités territoriales de la région. Elles ont augmenté d'environ 17,80% entre 2014 et
2019. Notant que le taux de croissance de ces ressources au niveau national a augmenté à son
tour, il était de 21,62%. Alors que les ressources transférées ont augmenté de 85,95% un
pourcentage loin de celui enregistré au niveau national (26,52%). Le tableau suivant met en
évidence le rythme d'évolution des recettes de fonctionnement des collectivités territoriales,
selon leurs types :
Tableau 8: évolution des recettes de fonctionnement par type de collectivités territoriales
Niveau de la région BMK Sur le plan national Le pourcentage
L’évolution
2014 2019 L’évolution 2014 2019
Région (01) 110,85 485.15 337% 1.901 9.522 400%
Provinces (05) 230,11 255.56 11% 5.983 4.541 -24,1%
Communes 1.455,79 1.830.85 25,76% 24.027 28.783 19,79%
(135)
Total 1.796,75 2.571,56 43,12% 35.132 37.224 5,95%
Source : Ministre de l’intérieur, région BMK

A travers le tableau ci-dessus on constate que la tendance d'évolution des recettes de


fonctionnement et leurs proportions varient selon la nature des collectivités territoriales. Ceci
est démontré par ce qui suit:
- Les recettes de fonctionnement de la région Beni Mellal-Khénifra ont connu une
augmentation très lourde de 337%. Cette évolution est presque proche à celle enregistrée au
niveau national soit 400%. On peut expliquer cette augmentation par la hausse des taux du
produit IS et IR qui sont passés de 1% avant 2015, à 5%, ainsi que la taxe sur les contrats
d’assurances qui est passée de 13% à 20%.
- Quant aux recettes de fonctionnement des préfectures de la région en 2019, elles ont
augmenté par rapport à 2014 de 11%. Alors qu’au niveau national, pour cette catégorie de
collectivités territoriales, on a enregistré une diminution de 24,1%. Cette hausse est due à
l’augmentation du nombre des provinces de la région entre 2014 et 2019, deux provinces ont

41
Ressources propres des collectivités territoriales est constitué par des taxes gérées par l‘Etat au profit des
collectivités et des taxes, des droits et d’autres ressources gérées par les collectivités
42
Sans l’intégration des Fonds de concours et subventions
63
été rajouté : khénifra et Khouribga. Alors que la diminution au niveau national s’explique par
la baisse des ressources transférées par l’Etat.
-Quant aux recettes des communes de la région de Beni Mellal-Khénifra, elles ont légèrement
augmenté d'un pourcentage de 25,76%, contre 19,79% au niveau national.

II.1.2. L’évolution des dépenses de fonctionnement par types de collectivités

Les dépenses de fonctionnement des collectivités territoriales de la région Beni Mellal-


Khénifra en 2019 s’élèvent à 1.528 millions de dirhams par rapport à 1.299,4 en 2014. Ces
dépenses sont réparties selon leur nature et selon les catégories des collectivités comme suit :

Tableau 9 : La structure des dépenses de fonctionnement par type de collectivités


Nature des dépenses Région préfectures Communes Total
2014 2019 2014 2019 2014 2019 2014 2019
Dépenses de personnel 7,13 25,81 120,12 145,08 580,16 680,98 707,4 825
Dépenses d’intérêt sur 2,97 9,18 5,6 5,8 37,80 35,68 46,08 52
dette
Autres dépense 12,2 60,81 44,33 58,16 489,44 579,92 545,97 651
Total 22,3 95,8 170,05 209 ,04 1.107,4 1.223,1 1.299,4 1.528
6
Source : Ministre de l’intérieur, région BMK
D’après ce tableau ci-dessus, les conclusions suivantes peuvent être mentionnées :
Cette situation est due à l’augmentation des "autres dépenses " (hors dépenses de personnel),
puisqu’elles ont enregistré une augmentation de 19,23 % entre 2014 et 2019. C’est un taux
moins de celui enregistré au niveau national soit 39,17%. Alors que les dépenses de personnel
ont connu une évolution du 16,62% entre 2014 et 2019, contre 9,31% au niveau national.
Bien que les dépenses d’intérêt sur dette aient enregistré une évolution de 13,04%, c’est un
taux très proche à celui enregistré au niveau national 12,65%.

II.1.3. L’évolution des dépenses des collectivités par rapport au plan national

Les dépenses de fonctionnement de la région de Béni Mellal-Khénifra ont augmenté d'environ


17,5 %, elles sont passées de 1.299,4 millions de dirhams en 2014 à 1528 millions de dirhams
en 2019. Cette augmentation se traduit par la hausse des dépenses de personnel en raison
d’une hausse des ressources humaines et les charges de formation continue, car les

64
collectivités ont besoin des ressources suffisantes bien formées et bien qualifiées pour
l’administration de la région.
Tableau 10 : L’évolution des dépenses de fonctionnement
Nature des dépenses Les collectivités territoriales Sur le plan national
de la région BMK
2014 2019 L’évolution 2014 2019 L’évolution
Dépenses de personnel 707,4 825 16,62% 11.018 12.044 9,31%
Dépenses d’intérêt sur 46,0 52 13,04% 901 1015,0 12,65%
dette
Autres dépense 545,97 651 19,24% 8.919,0 12.413,0 39,17%
Total 1.299,4 1.528 17,5% 20.838 25.472,00 22,24%
Source : Ministre de l’intérieur, région BMK

Le taux de croissance le plus élevé entre 2014 et 2019 a été enregistré au niveau de la région
(329%), suivie par les préfectures (23%), et puis par les communes (11%).

II.1.4. L’évolution de l’excédent de solde des collectivités territoriales

L'excédent du budget correspond à la différence entre les produits et les charges de


fonctionnement. Cet indicateur reflète principalement la capacité de financer une partie des
dépenses d'investissement. Au cours de l'année 2019, le solde des budgets des collectivités
territoriales de la région de Béni Mellal-Khénifra est excédentaire de 801,07 millions de
dirhams, avec une augmentation de 77, 78% par rapport à 2014 (450,59MDH). L'excédent de
la région a augmenté de 69,79% alors que l’excédent des provinces et des communes a
enregistré une augmentation de 49,87% et 33,78% respectivement, comme le montre le
tableau suivant :
Tableau 11 : L’évolution de solde des collectivités territoriales
L’excédent
2014 2019 L’évolution
Région (01) 87,43 289,49 69,79%
Provinces (05) 39,19 78,18 49,87%
Communes (135) 323,97 433,40 33,78%
Total (141) 450,59 801,07 77,78%
Source : Ministre de l’intérieur, région BMK

Les difficultés qui rencontrent les élus dans l’utilisation de l’ouvrage publique est à cause des
budgets excédentaires des collectivités. Selon un membre de la commission du budget, des
affaires financières et de la programmation, les soldes excédentaires des collectivités

65
territoriales ne montrent pas que ce dernier dispos des fonds disponibles mais au contraire il
s’agit des dépenses non exécutées

II.2. Bilan de la situation financière des collectivités territoriales de la région BMK

Elle est claire, d’après l’étude comparative des données financières des collectivités
territoriales de la région BMK entre 2014 et 2019, que le projet de la régionalisation avancée
face des lacunes apparentes. Pour bien comprendre les origines de ces lacunes, il faut
diagnostiquer la situation financière des trois niveaux des collectivités territoriales ;

II.2.1. L’inadéquation des ressources propres aux dépenses de fonctionnement

Les ressources financières des collectivités territoriales de la région BMK demeurent loin de
répondre aux exigences de la régionalisation avancée. Les ressources locales propres restent
encore loin de couvrir les dépenses locales, puisque la totalité de ces dernières n’arrive à
financer que 45% des dépenses de fonctionnement. Cette inadéquation entre les ressources
propres et les dépenses de fonctionnement oblige les collectivités de rester dépendantes aux
transferts d’Etat. En 2019, les recettes de fonctionnement des collectivités sont représentées
par 69% des mobilisations de l’Etat. Ces transferts sont utilisés pour financer le reste des
dépenses non couvertes par les ressources propres et le reste pour les dépenses
d’investissements. Comme il est présenté dans le tableau suivant :
Tableau 12 : L’inadéquation des ressources propres aux dépenses de fonctionnement
Région Province/préfecture Communes Total
Ressources propres (RP) 88,82 26,43 568,17 689,70
Dépenses de fonctionnement (DF) 95.8 209.04 1223.16 1.528
Pourcentage de couverture 92,71% 12,64% 46% 45%
Ressources transférées (RT) 518,19 215,42 1.148,25 1.881,86
Pourcentage des RT pour couvrir le 1% 84% 57,04% 44%
reste DF
Source : Ministre de l’intérieur, Royaume du Maroc, BMK

II.2.3. Lacunes de la régionalisation avancée a amélioré les ressources propres

Les lacunes de la régionalisation avancée se reflètent dans son incapacité à trouver des
solutions et mettre en place les différentes réformes pour améliorer les ressources propres des
collectivités.

66
Ce malaise des ressources propres des collectivités territoriales de la région BMK s’aggrave
par plusieurs raisons à savoir :
• La faiblesse du taux de recouvrement des taxes gérées par les collectivités territoriales.
Notamment, le taux de recouvrement des taxes gérées par les communes : taxes d’habitation,
taxe de services communaux et la taxe professionnelle varient en moyenne entre 60% à 80%.
Tandis que le recouvrement des taxes locales par les services de recouvrement communaux
est très faible. Les restes à recouvrer des collectivités territoriales constituent un grand
handicap;
• L’insuffisance au niveau de la détermination de l’assiette fiscale de certaines taxes
• Les problèmes techniques, humains et matériels liés à la gestion des recettes des collectivités
territoriales ;
• La gestion non rationnelle du patrimoine des collectivités territoriales.
Cet échec peut être illustré par la situation financière vécus par chaque niveau de collectivités
territoriales de la région Béni Mellal-khénifra comme suit :
• Région
Les ressources financières de la région Béni Mellal-khénifra à la lumière de la régionalisation
avancée montrent une amélioration claire avec une évolution de 63,57% entre 2014 et 2019.
Cette évolution est liée en premièr lieu à l’augmentation de la part des ressources transférées
de la région. Elle bénéficie de 5% du produit de l’IR, de l’IS et 20% de la taxe sur les contrats
d’assurance, contre seulement 1% de l’IS et l’IR et 13% de taxe sur contrat d’assurance
auparavant. En second lieu, l’augmentation des ressources propres de la région grâce à
l’addition de la province de Khouribga. Puisque 80% des ressources propres viennent de la
taxe de l’exploitation minière par la seule société qui est l’Office chérifien des phosphates.
• Préfectures/Provinces
Les préfectures de la région BMK dépendent presque exclusivement, de leur part du produit
de la taxe sur la valeur ajoutée dans la gestion de ses intérêts. Elle représente environ 89% des
recettes de fonctionnement des préfectures de la région en 2019, contre 94% au niveau
national.
La situation financière des préfectures après l’application de la régionalisation avancée a
connu une amélioration des ressources propres. Cette amélioration est due à l’augmentation
des produits de la taxe des forestières sur les deux nouvelles provinces Khouribga et Khénifra
qui se caractérisent par de nombreuses forêts.
• Communes

67
Le financement des communes de la région dépende fortement des transferts de l’État,
notamment grâce à la part des collectivités au produit de la taxe sur la valeur ajoutée, qui
représente environ 60% des recettes de fonctionnement totales de l'année 2019. Quant aux
ressources gérées directement par les communes, elles constituent environ 27% des recettes
totales, contre 13% pour le produit des taxes gérées par l'Etat au profit des communes.
La situation financière des communes de la région BMK durant les années de l’application de
la régionalisation avancée n’a pas enregistré une amélioration marquante. 95% des ressources
globales des communes sont générées uniquement par trois communes sont : Ouardigha
(Khouribga), Atlas(Khénifra), Haut et moyen Atlas(Azilal).
➢ On peut dire que la régionalisation avancée n’arrive pas à améliorer les ressources
propres des collectivités de la région BMK de manière qu’elles peuvent être, durant
les années suivantes, autonomes financièrement.

II.2.4. Recettes des investissements ne représente pas les atteints de la RA

Les revenus d'équipement comprennent les ressources provenant de l'excédent de la première


partie du budget, de l'excédent de l'année écoulée, du produit des prêts et d'autres revenus
d'équipement. Les revenus d'équipement des collectivités territoriales de la région de Béni
Mellal-Khénifra en 2019 sont élevés à environ 8.356,67 millions de dirhams, répartis comme
suit:
- L'excédent de la première partie du budget s'est élevé à 1.221,15 millions de dirhams;
- L'excédent de l'année écoulée de 3.899,82 millions de dirhams;
- Produit de prêt d'un montant de 2.123,12 millions de dirhams;
- Autres recettes d’investissements d'un montant de 1.112,6 millions de dirhams.
On constate que l’élément principal de ces recettes est l’excédent du budget (de la première
partie et de l’année écoulée) qui représente 61,28% des recettes globales. Ceci montre que la
structure des recettes d’investissements de notre région peut reculer l’amélioration des
ressources propres. De ce fait, on constate, d’abord, une absence totale de la mission de la
régionalisation avancée dans l’amélioration des ressources non-fiscales des collectivités
territoriales de la région BMK. Ensuite, la qualité des investissements ne reflète pas les
exigences de la régionalisation avancée et elle ne contribuera jamais à rendre ces collectivités
des acteurs économiques.

68
II.2.5. Hausse non-maîtriser des dépenses de fonctionnement

Les dépenses de fonctionnement des collectivités territoriales de la région Beni Mellal-


Khénifra en 2019 s’élèvent à 1.528 millions de dirhams, répartis selon leur nature et selon les
catégories des collectivités comme suit ;

Tableau 13 : La structure des dépenses de fonctionnement par type de collectivités


Nature des dépenses Région préfectures Communes Total
2018 2019 2018 2019 2018 2019 2018 2019
Dépenses de personnel 23,61 25,81 135,95 145,08 634,71 680,98 805,12 825
Dépenses d’intérêt sur 10,12 9,18 4,61 5,8 43,48 35,68 53,42 52
dette
Autres dépense 50,61 60,81 53,66 58,16 543,21 579,92 641,04 651
Total 84,34 95.8 194 ,22 209.04 1.221,4 1.223,16 1.499,5 1.528
Source : Ministre de l’intérieur, région BMK 2018,2019

La structure des dépenses de fonctionnement des collectivités de la région BMK montre un


échec de la régionalisation avancée à mettre en place une gouvernance efficace des dépenses
exécutées par ces collectivités. Cet échec est marqué par plusieurs irrégularités qui sont liées
à:
• l’exécution des travaux avant leur engagement ;
• le règlement des dépenses avant la réalisation du service fait ;
• la gestion irrationnelle des marchés ;
• la réalisation des dépenses pour des services ne relevant pas de compétences des
collectivités territoriales ;
• le paiement des dépenses fictives ;
• la position illégale des fonctionnaires ;
• l’octroi des subventions aux associations sans critères objectifs ;
• l’exécution irrationnelle de certaines dépenses (le gasoil, les pièces de rechange, les
matériaux de construction…).
Ces remarques dénotent la mauvaise voire l’absence de la touche de la régionalisation
avancée dans la gouvernance des dépenses exécutées par les collectivités territoriales de la

69
région BMK. L’existence de ces anomalies indique un échec de la régionalisation avancée à
améliorer la gestion financière des collectivités territoriales.

II.2.6. Dépenses d’investissement

Les dépenses d'équipement en 2019 se sont élevées à environ 1.895,04 millions de dirhams,
dont 1.812,04 millions de dirhams alloués pour le financement des projets (soit 96%) et un
montant de 82.98 millions de dirhams pour le remboursement de la dette, soit un pourcentage
d’intérêts de 4%.

Graphique 12 : L’évolution des dépenses d’investissement

2019

2018

2017

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000

Intérêts sur dettes Dépenses d'investissements

Source : Le bilan de travail du conseil régional Béni Mellal-Khénifra, 2016,2017 et 2018

II.2.7. Natures des investissements réalisés par les collectivités territoriales de BMK
• La région BMK
Les dépenses des investissements de la région Béni Mellal-khénifra, en 2019, s’élèvent à
665,78 millions DH, avec une représentation de 50% des dépenses totales des collectivités de
la région et 8,86% des investissements réalisés par les régions de Royaume. La nature de ces
dépenses et leurs pourcentages sont structurés comme suit :
- Les frais de travaux et tous les programmes de traitement qui relèvent les compétences
de la région, représentent 9,12%
- Construction et réparation des routes et divers réseaux, par 37,80%
- Programmes et projets intégrés par 49,75% et sont constitués par : le programme de
réduire les disparités sociales en milieu rural, programme de qualification des centres
ruraux émergents et des projets ordinaires de la région.

70
- Autres dépenses d’investissement "transferts au profit des collectivités territoriales et
des institutions publiques", 3,33%
• Les préfectures de la région BMK
Les dépenses des investissements des préfectures de la région Béni Mellal-khénifra, en 2019,
s’élèvent à 226.44 millions DH, avec une représentation de 17% des dépenses totales des
préfectures de la région et 6,65% des investissements faite par les régions de Royaume. La
nature de ces dépenses est de promotion du développement social ; accès aux équipements et
services de base,
• Les communes de la région BMK
Les dépenses des investissements des communes Béni Mellal-khénifra, en 2019, s’élèvent à
439,78 millions DH, qui constitue 33% des dépenses totales des communes de la région et
7,10% des investissements réalisés par la totalité des communes de Royaume. Ces dépenses
Sont Prestations de services de proximité aux citoyens de son territoire (Eau potable,
Electricité, Assainissement, Transport…).
On constate d’après la nature des dépenses d’investissements des trois niveaux des
collectivités territoriales de la région Béni Mellal-khénifra que. D’abord, la régionalisation
avancée n’arrive pas à améliorer les dépenses d’investissements de la région, pour au moins
au même niveau des collectivités territoriales du Royaume. D’autres part, la qualité des
investissements réalisés par les collectivités de notre région sont des répartitions inachevées et
ne contient pas des investissements pour relancer l’économie et créer des postes d’emplois.

II.3. Recommandations

L’étude comparative des états financiers des collectivités territoriales de la région Béni
Mellal-khénifra avant et après la régionalisation avancée montre l’incapacité de cette dernière
à améliorer sa situation financière. C'est pourquoi il est nécessaire de faire un diagnostic des
états financiers de ces collectivités pour que l'on puisse extraire les anomalies et conclure des
recommandations possibles. On peut formaliser ces anomalies et ces recommandations
comme suit
• L’inadéquation des ressources propres aux dépenses de fonctionnement
Cette inadéquation entre les ressources propres et les dépenses de fonctionnement souligne
que les ressources locales propres restent encore loin de couvrir les dépenses locales. C’est là
une situation qui influence lourdement la capacité d’autofinancement des collectivités
territoriales et entrave la réalisation de leurs projets d’investissement. On peut dire qu’il faut :
71
- Activer une réforme sur la fiscalité locale en tant que levier pour accroître les
ressources des collectivités territoriales et améliorer l’environnement des affaires en
promouvant une plus grande simplification et réduction du nombre de prélèvements et en
assurant une harmonisation et intégration avec la fiscalité nationale.
- Asseoir la création des Sociétés de développement sur des bases de partenariat et de
logique « gagnant-gagnant » entre les CT et ses associés (secteur public et/ou secteur privé).
• Hausse non-maîtriser des dépenses de fonctionnement
Les collectivités territoriales de notre région enregistrent chaque année une évolution positive
des dépenses de fonctionnement et avec un rythme d’évolution supérieur à celle des
ressources propres.
- Contrôler de façon rigoureuse l’évolution des dépenses de fonctionnement, notamment
de personnel, pour lesquelles des ratios de structures plafonnées devraient être fixés pour
éviter toute spirale haussière incontrôlée ;
- Rationaliser les dépenses de fonctionnement des collectivités territoriales
- Mettre en place une fonction d’audit interne au sein des structures des collectivistes
territoriales
• Faible qualité des dépenses des investissements
La nature des investissements montre que la part le plus élevé des investissements réalisés par
les collectivités de notre région est des répartitions inachevées et ne contient pas des
investissements pour relancer l’économie et créer des postes d’emplois.
- Adapté la qualité des investissements avec les exigences de la régionalisation avancée
- Pour faire face à la faiblesse des capacités de financement des projets d’investissement
des communes, Il faut que les collectivités bénéficient d’une libre initiative dans la recherche
de financement moyennant la garantie de l’Etat.
• Recettes des investissements ne représente pas les atteints de la RA
Il s’avère que la régionalisation avancée n’a pas réussi à améliorer la qualité des
investissements des collectivités territoriales a un niveau qui lui permet de réaliser un
développement local et contribue à l’indépendance financière des collectivités.
- Promouvoir la création d’activités et de projets novateurs et créateurs de richesses en
exploitant de façon rationnelle et optimale le potentiel régional économique, culturel,
touristique, artisanal et environnemental, susceptibles de créer et développer des ressources
financières additionnelles au profit de la région et de ses populations
- Encourager les initiatives locales, notamment dans l’espace rural, de création
d’entreprises et de promotion de l’emploi profitant des larges opportunités et avantages
72
qu’offre l’économie sociale et solidaire en rapport avec les activités nouvelles à promouvoir
dans le milieu rural;
• Difficulté de gérés l’ouvrage public par les élus responsables
La présence de l’excédent des soldes des collectivités territoriales de la région BMK est
exprimée par la faible qualification des ressources humaines. Ces ressources ont des
difficultés à gérer l’ouvrage public, chose qui laisse des dettes non régler et influence les
décisions d’investissement, car les responsables ne connaissent pas le véritable fond
disponible.
- Mettre en place un programme de formation continue des élus et un système
d’appréciation annuel pour identifier et évaluer la qualité de formation
- Tout spécialement au niveau de la région, et à l’égard au nouveau rôle attendu de la
région en matière de développement intégré, il est important de relever les niveaux de
qualification requis des responsables régionaux des départements ministériels concernés, ainsi
que leur statut et les modalités de leur intéressement et de leur motivation axées sur les
résultats de leur action.

Conclusion

On peut conclure que tout ce qui s'applique aux collectivités territoriales du Maroc s'applique
également aux collectivités de la région Béni Mellal Khénifra. L'analyse de la situation
financière de notre région montre d’abord que le financement des collectivités territoriales de
la région BMK est largement dépendant aux transferts et aux subventions de l’Etat.
Ensuite, les ressources globales des collectivités de la région sont représentées par des
mobilisations et des subventions de l’Etat. Les dépenses globales des collectivités de notre
région continuent à augmenter surtout en ces 3 dernières années, avec une dominance des
dépenses de fonctionnement et des dépenses de personnel.
Enfin, les ressources propres de ces collectivités sont très fragiles, puisque plus que 84% de
ces ressources sont générées seulement par les communes, ainsi que seulement trois
communes constituent 90% des ressources.
Brièvement, la mission de la régionalisation avancée est d’augmenter le niveau de la situation
financière de la région BMK au niveau national et la mettre en correspondance avec les
exigences de la régionalisation avancée. Alors qu’après 5 années de l’application cette
73
réforme n’arrive pas à assurer l’autonomie financière des collectivités de la région et de
garantir l’indépendance financière de ces dernières.

Conclusion de la partie

En somme, à partir de l'analyse des données financières des collectivités territoriales dans les
cinq années suivant l'application de la régionalisation avancée, qu’elle était incapable de
développer les ressources propres des collectivités territoriales et de réduire la dépendance
aux ressources transférées par l'État.
L'une des étapes les plus importantes de la réforme de la régionalisation, consiste à augmenter
la part des ressources transférées aux collectivités afin d'enregistrer des excédents dans son
budget. Ce qui empêche les collectivités à développer ses ressources propres.
Cela a également exacerbé le problème de la disparité régionale et la concentration de
richesse dans certaines régions.
La régionalisation avancée a échoué dans la rationalisation des dépenses de fonctionnement,
puisqu’elle enregistre une augmentation continue année après année. Sur la tête de ces
augmentation on trouve que même on utilise la totalité des ressources propres on arrive à
couvrir seulement 25% des dépenses de personnel et non pas la totalité. Enfin, son incapacité
à améliorer la gestion financière des collectivités territoriales.
Cet échec se traduit par la faible qualité des investissements, d'une part, dont le taux de
réalisation ne dépasse pas 44% et ne représente pas des investissements productifs pour
réaliser ce qu’on attend des collectivités en tant qu'acteur économique. D'autre part, cet
excédent n'est qu'une accumulation des dettes impayées. En somme, la régionalisation n’a pas
réussi à améliorer la situation financière des collectivités territoriales. C’est dans ce sens notre
collectivités territoriales ont besoins des solutions et des changements radical aux différents
problèmes fondamentaux, et non pas des solutions aléatoires et prothétiques.

74
Conclusion générale

Depuis son indépendance le Maroc a procédé à la mise en œuvre de la régionalisation


avancée. Cette réforme est sans aucun doute l’un des sujets Incontournables pour le
développement local du pays. Comme nous l'avons évoqué précédemment cette importante
réforme est un réexamen des rôles naissants de l'Etat dans le but de permettre le partage des
responsabilités entre l’administration centrale et les différentes régions. L’idée de celle-ci est
née suite à un choix royal de Sa majesté Mohammed VI depuis le 6 novembre 2008, et elle a
été mise en œuvre en 2015. Pour y parvenir et exister, l’histoire et l’évolution de cette réforme
sont passés par plusieurs étapes. Commençant par la régionalisation de crise pendant la
période coloniale (1912-1956), la régionalisation économique (1971-1996) qui a été marqué
par la création de sept régions économiques. Et enfin une régionalisation administrative (1997
à nos jours), qui est divisée en deux : une régionalisation restreinte (1997-2009), et une autre
élargie ou avancée (2010 à nos jours). Le modèle de la régionalisation avancée est purement
Marocain et qu’on peut s’inspirer du modèle Italien, le Maroc alors est un Etat unitaire.
La Constitution de 2011 a permis de nouer un pacte politique et sociétal entre l’État et les
différentes composantes de la société marocaine, dans la mesure où elle a apporté un certain
nombre de nouveautés et des principes en relation avec cette réforme. Ces derniers visant une
meilleure application de ladite régionalisation avancée afin d’assurer un meilleur
développement local. Parmi ces principes figurent la libre administration, la solidarité, la
subsidiarité, et la coopération. En 2015 le Maroc s’est doté d’un nouveau découpage
territorial. Il compte désormais 12 Régions contre 16 auparavant. Le but de ce découpage est
de favoriser le développement de la démocratisation du pays et déclencher un nouveau
concept des relations qui relient les régions à l'Etat et aux collectivités territoriales.
La régionalisation avancée est basée sur le principe de la décentralisation alors que cette
dernière repose sur le transfert de compétences et de responsabilités en matière de services
publics à des autorités jouissant d’une autonomie de décision et reconnues par la Constitution.
Ces autorités sont les collectivités territoriales : région, province/préfecture et commune. Les
collectivités territoriales étaient autrefois appelées collectivités locales, ce concept est apparu
pour la première fois dans la constitution du 29 juillet 2011. Ce sont des institutions
administratives indépendantes de l'administration de l'Etat, et elles bénéficient de ressources
financières propres et d’autres ressources transférées par l'État central.

75
Parmi les défis de la réforme de la régionalisation avancée garantir l’autonomie financière de
chaque collectivité territoriale en vue de gérer indépendamment ses ressources en fonction de
ses attributions.
Malgré les efforts visant à instaurer une autonomie financière, les collectivités territoriales
sont toujours confrontées à des problèmes d’insuffisance de financements et des difficultés
financières. Les raisons de ces difficultés sont liées à l'insuffisance des ressources humaines
(fonctionnaires formés de mauvaise qualité, les citoyens incapables de payer des impôts) et à
des raisons liées aux problèmes liés à la fiscalité locale comme l’absence du système de
gestion, l’absence de coordination et le manque d’échange d’informations avec les services
extérieurs, etc. Ces difficultés donnent naissance à plusieurs conséquences inquiétantes pour
le développement local.
La régionalisation avancée peut-elle donc résoudre ce problème de financement des
collectivités ?
D’après l’étude comparative des états financiers des collectivités après 5 années de
l’application de la régionalisation avancée, on constate que les ressources financières des
collectivités locales sont encore loin de répondre aux exigences d'une régionalisation avancée
et aux ambitions des citoyens. Ces ressources se caractérisent par leurs insuffisances, en
particulier leur forte dépendance à l'égard des transferts financiers de l'État, leurs propres
faibles ressources, d'importantes dépenses de fonctionnement et un faible taux d'exécution des
investissements. Cette régionalisation est donc incapable de développer les ressources propres
des collectivités territoriales et à réduire leur dépendance aux ressources transférées par l'État.
Cette réforme consiste à augmenter la part des collectivités dans les ressources transférées
par l’État ce qui ne la poussera pas à développer ses propres ressources. Ce qui aggrave
également les problèmes de disparités régionales et de concentration des richesses.
On peut donc constater que la régionalisation avancée n'a pas amélioré la situation financière
des collectivités territoriales. Ce dont nos collectivités ont besoin, des solutions concrètes et
opérationnelles, et non pas seulement des généralités superficielles.
À la lumière de nos résultats, nous avons constaté que le sucer du processus de la
régionalisation avancée ne dépend pas seulement des ressources financières mais également
de celles humaines. En fait le but ultime de la régionalisation le progrès est la réalisation du
développement humain et du bien-être de la société marocaine, elle place l’Homme au centre
de ses préoccupations. Cette dimension humaine qui a poussé le Maroc à compter sur le
facteur humain dans l’opérationnalisation de ce processus en le considérant comme un facteur

76
d’innovation capable de mener une bonne conduite du changement et d’instaurer la pratique
d’une bonne gouvernance territoriale.
Avant de conclure, il est utile de rappeler la principale limite et contrainte que nous avons
rencontrée au cours de la réalisation de ce travail :
La confidentialité d’informations nécessaires à mener à bien cette étude qui sont liées aux
états financiers des collectivités de la région BMK. Ajoutant à cela la situation actuelle d’état
d'urgence sanitaire qui nous a empêchés de rassembler tous les informations et les données
nécessaires.
Nous pouvons aussi souligner le fait que nous avons consacré notre analyse sur la capacité de
la régionalisation avancée à améliorer seulement l’aspect financier des collectivités
territoriales. Mais, ce programme ne se limite pas seulement sur l’aspect financier, mais aussi
sur l’aspect administratif et développement local. Dans cet ordre d'idée, ce projet peut être
développé par l’intégration de la capacité de la régionalisation avancée à assurer l’autonomie
administrative et promouvoir le développement local.
Enfin, malgré les limitations énoncées, notre étude ouvre la voie à une variété de pistes de
recherche très prometteuses. Premièrement, afin de rendre la recherche plus représentative,
nous prévoyons d'élargir l’étude comparative sur le profil des collectivités territoriales de
chaque région, pour que l’on puisse faire un diagnostic des obstacles et les contraintes de la
régionalisation avancée. Deuxièmement, élaboration d’un questionnaire et l’envoyer aux
responsables de chaque région afin de savoir les difficultés qui confrontent chaque région du
royaume et conclure des recommandations pour les faire face.

77
Références bibliographiques
-Articles :

- BOUACHIK, A. ( 2012) La régionalisation avancée dans la constitution de 2011, in REMALD n°


77
- ZAIR. T, (2011) Le nouveau statut constitutionnel des collectivités territoriales, in REMALD,
numéro double 99-100.
- MHAMMEDI, Mehdi Alaoui.( 2019) Étude des causes des excédents budgétaires dans les structures
communales au Maroc. ACCRA, no 1, p. 11-32.
- Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), ( 2016) Exigence de la régionalisation
avancée et défis de l’intégration des politiques sectorielles. P 12-16
- Abdellah Boudahrain, (1994) Éléments de Droit Public Marocain, Le Harmattan, p.171.
- Michel ROUSSET et Mohammed Amine BENABDALLAH, ( 2010) Actualité du droit administratif
2003-2009, La Porte, p.63.
- Abdellah Boudahrain, Éléments de Droit Public Marocain, Le Harmattan, 1994, p.171.
- Dinu BALAN, 2013. Régions, Régionalisme, Régionalisation. Clarifications conceptuelles et
terminologiques, Université Stefan CelMare, Suceava, CodrulCosminului XIX, No. 1, p. 107- 126.

- Ouvrages :

- EL YAAGOUBI M, La régionalisation avancée : fondements et principe constitutionnels. Maroc : Revue


Marocaine d’Administration locale et de développement. 204 pages
- Youssef Douhou, 2011. Le Processus de la régionalisation avancée au Maroc, Stratégie,
enjeux et perspective, DL.
-
- Thèse, Mémoire de Master, Rapport de stage

- Abdelghafour AOUAD (2015-2016),L’impact du processus de la décentralisation au Maroc sur le


rôle des walis et gouverneurs dans la mise en œuvre et la coordination des politiques publiques . [en
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https://www.ena.fr/content/download/52371/820944/version/1/file/M%C3%A9moire%20de%20Maste
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-Lhassan Badri(2020), La décentralisation au Maroc : quelles perspectives pour la gouvernance locale
et le développement territorial ? : (Cas de la régionalisation avancée). [en ligne]SCIENCES DU
TERRITOIRE.. Université Grenoble Alpes, 2019. Français. 375 pages. pages. Disponible
sur<https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02634732/document> (Consulté le 12.07.2020).

- Rapports techniques, rapports de recherche

- Commission consultative de la régionalisation 2010, Rapport sur la régionalisation avancée soumis à


la haute attention de sa Majesté le roi Mohammed VI 2010. Livre I, Royaume du Maroc.

78
- Commission consultative de la régionalisation 2010. Rapport sur la régionalisation avancée soumis à
la haute attention de sa Majesté le roi Mohammed VI, 2010. Livre II Rapports thématique, Royaume
du Maroc.
- Commission consultative de la régionalisation 2010. Rapport sur la régionalisation avancée soumis à
la haute attention de sa Majesté le roi Mohammed VI, 2010. Livre III La régionalisation avancée au
service du développement économique et social, Royaume du Maroc.
- Cour des comptes, Rapport sur la fiscalité locale, Mais 2015
- Trésorerie Générale du Royaume, Bulletins Mensuel De Statistiques Des Finances Locales, de 2010
à 2019
- Monographie de la région de Beni Mellal Khénifra, Centre Régional d’Investissement, Octobre 2015.
- Conseil Economique, Social et Environnemental, 2013. Rapport : La gestion et le développement des
compétences humaines : Levier fondamental de réussite de la régionalisation avancée, Auto-Saisine
n°11 / 2013.

-Dans le cas de rapport technique électronique

-Pierre Tourev. toupie.org [en ligne]. (Crée le 11 avril 2006). Disponible sur : <
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-Haut-Commissariat au Plan du Royaume (2019) L’ENQUÊTE DE CONJONCTURE AUPRÈS DES
MÉNAGES RELATIFS AU DEUXIÈME TRIMESTRE 2019 [en ligne]. Disponible sur : <
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-Décrets, lois, circulaires

- Constitution du 1er Juillet 2011


- Primature 23 juin 2015. Projet de la loi organique de la région 111.14.
- Primature 23 juin 2015.Projet de loi relatif aux provinces et préfectures n° 112.14
- Primature 23 juin 2015.Projet de loi relatif aux communes n° 113.14.

79
Annexes
Annexe 1 : guide d’entretien : l’impact de la régionalisation avancée sur la situation
financières des collectivités territoriales, notamment sur la région BMK

Les responsables de Wilaya de région Béni Mellal-khénifra


• Politique de la régionalisation avancée :
Quelles sont les spécificités de la régionalisation avancée contre l’ancien projet de la
décentralisation ?
Quel sont les apports et les nouveautés de la régionalisation avancée ?
La régionalisation avancée entrave-t-elle des changements sur le financement des
collectivités territoriales ?
Avec ces difficultés et ces dysfonctionnements de la situation financiers, la
régionalisation avancée sera-t-elle capable à améliorer la gestion financières des
collectivités territoriales ?

• La situation financière des collectivités territoriales de BMK à lumière la


régionalisation avancée :
Quel est l’impact du nouveau découpage sur la situation financière de notre région ?
A quel degré en peut examiner le progression du projet de régionalisation avancée sur
notre région ?
Quelles sont les spécificités de notre région qui peut faciliter l’application de la
régionalisation avancée ?
Quels sont les obstacles qui empêchent la mise en œuvre de la régionalisation avancée
sur notre région ?
Comment caractériser les ressources financières des collectivités territoriales avant et
après l’application de la régionalisation avancée ?
Comment caractériser les dépenses de fonctionnement des collectivités territoriales
avant et après l’application de la régionalisation avancée ?
comment caractériser les recettes et les dépenses d’investissement durant la période de
la régionalisation avancée ?
quel sont vos recommandation pour améliorer la situation financière des collectivités
de la région BMK ?

Tables des matières


Introduction générale .................................................................................................................. 1

80
Partie I : Le projet de la régionalisation avancée comme solution des difficultés financières
des collectivités territoriales au Maroc ....................................................................................... 4
Introduction de la partie I : ......................................................................................................... 5
Chapitre 1. Généralités sur la régionalisation avancée .............................................................. 6
I.1. Cadre conceptuel de la régionalisation avancée et ses modèles dans le monde .............. 6
I.1.1. Les concepts clés liés à la régionalisation avancée ................................................... 6
I.1.1.1. La régionalisation............................................................................................... 8
I.1.1.2. La décentralisation ............................................................................................. 8
I.1.1.3. La déconcentration ............................................................................................. 9
I.1.1.4. l’autonomie régionale ...................................................................................... 10
I.1.1.5 La subsidiarité .................................................................................................. 10
I.1.1.6 La régionalisation avancée ................................................................................ 10
I.1.2. Les spécificités de la régionalisation marocaine .................................................... 11
I.1.2.1 Une régionalisation graduelle ........................................................................... 11
I.1.2.2. Une régionalisation maroco-marocaine ........................................................... 11
I.1.2.3. Une régionalisation élargie .............................................................................. 12
I.1.3. Les modèles de la régionalisation dans le monde ................................................... 13
I.1.3.1. Etat unitaire ..................................................................................................... 13
I.1.3.2. Etat régional .................................................................................................... 14
I.1.3.3. Etat fédéral ...................................................................................................... 15
I.2. Evolution historique du concept de la régionalisation au Maroc .................................. 16
I.2.1. L’évolution historique de la régionalisation marocaine .......................................... 16
I.2.1.1. la régionalisation de crise (1912-1956)............................................................ 16
I.2.1.2. la régionalisation économique (1971-1996) .................................................... 17
I.2.1.3. la régionalisation administrative (1997 à nos jours) ........................................ 17
II.1. Les nouveautés de l’application de la régionalisation avancée .................................... 19
II.1.1. De nouveaux principes de la régionalisation constitutionnalisés .......................... 19
II.1.2. L’organisation administrative territorial au Maroc ............................................... 20
II.1.3. La division administrative au Maroc ..................................................................... 21
Conclusion ................................................................................................................................ 22
Chapitre 2. Les difficultés financières des collectivités territoriales : causes et conséquences 23
I.1. Définition des collectivités territoriales ......................................................................... 23
I.1.2. Les catégories des collectivités territoriales............................................................ 24
I.1.2.1. Les communes ................................................................................................. 24
I.1.2.2. Les préfectures et les provinces ....................................................................... 25
I.1.2.3. Les régions ....................................................................................................... 26
I.1.3. Le financement des collectivités territoriales.......................................................... 26

81
II.1. Les difficultés financières ............................................................................................. 29
II.2. Les causes des difficultés financières des collectivités territoriales ............................. 30
II.2.1. Causes tenant aux administrations de la fiscalité locale. ...................................... 30
II.2.2. Limitation d’autres ressources de financement non fiscal ..................................... 31
II.2.2.1. La valorisation insuffisante du patrimoine immobilier .................................. 31
II.2.2.2. Non exploration d’autres formes de financement alternatives ....................... 32
II.2.2.3. Caractère mitigé des mécanismes de fonctionnement .................................... 32
II.2.2.4. Causes tenant aux ressources humaines ......................................................... 33
II.3. Conséquences des difficultés financières des collectivités territoriales ....................... 34
II.3.3.1. Le problème d’accès aux services publics ...................................................... 35
II.3.3.2. Le manque d'activités : croissance, création d'emplois, etc. ........................... 35
II.3.3.3. Dégradation du niveau de vie des citoyens .................................................... 37
II.3.3.4. L’augmentation de l’endettement pour continuer à survivre:............................. 37
Conclusion ................................................................................................................................ 38
Conclusion de la partie I........................................................................................................... 39
Partie II :Quel impact de la régionalisation avancée sur la gestion financière des collectivités
territoriales, notamment sur la région Béni Mellal-khénifra ? ................................................ 40
Introduction de la partie II ........................................................................................................ 41
Chapitre 3. L’impact de la régionalisation avancée sur le financement des collectivités
territoriales ............................................................................................................................... 42
I.1 Analyse de l’évolution des recettes des collectivités territoriales................................... 43
I.1.1. Interprétation de l’évolution des recettes globales .................................................. 43
I.1.2. Dépendance aux ressources transférées ou gérées par l’Etat .................................. 43
I.2. L’évolution des dépenses des collectivités territoriales ................................................ 45
I.3. L’évolution de la situation budgétaire des collectivités territoriales ............................ 46
II.1.1. Les ressources fiscales : principales sources de financement des collectivités .... 48
II.1.2. Répartition des ressources par types de collectivités territoriales ........................ 49
II.1.3. L’inégalité dans la répartition des ressources entre les collectivités .................. 50
II.1.4. Structure des dépenses des collectivités territoriales ............................................. 51
II.1.4.1. Poids des dépenses de fonctionnement : dépenses de personnel .................... 51
II.1.4.2. Répartition des dépenses par types de collectivités territoriales .................... 51
II.1.4.3. Répartition des dépenses des collectivités territoriales par région ................. 52
II.1.5. Contradiction de besoin d’investissement face au excèdent des fonds disponibles
.......................................................................................................................................... 53
II.1.6. Le manque des investissements productifs de la part des collectivités ................. 54
II.2. Recommandations pour renforcer la situation financières des collectivités ................. 55
Conclusion ................................................................................................................................ 57
Chapitre 4. L’impact de la régionalisation avancée sur le financement de la région BMK ..... 58
82
I.1. Cadre administratif ......................................................................................................... 59
I.2. La population ................................................................................................................ 60
I.3. Le poids économique de la région ................................................................................ 60
I.4. L’urbanisation de la région .......................................................................................... 61
I.5. Marché du travail de la région ....................................................................................... 61
Section 2. L’impact de la régionalisation avancée sur la situation financières de la région Béni
Mellal- khénifra (BMK) ........................................................................................................... 62
II.1. L’étude comparative des états financiers ...................................................................... 62
II.1.1. L’évolution Recettes de fonctionnement ............................................................. 62
II.1.2. L’évolution des dépenses de fonctionnement par types de collectivités .............. 64
II.1.3. L’évolution des dépenses des collectivités par rapport au plan national .............. 64
II.1.4. L’évolution de l’excédent de solde des collectivités territoriales.......................... 65
II.2. Bilan de la situation financière des collectivités territoriales de la région BMK ......... 66
II.2.1. L’inadéquation des ressources propres aux dépenses de fonctionnement ............ 66
II.2.3. Lacunes de la régionalisation avancée a amélioré les ressources propres .......... 66
II.2.4. Recettes des investissements ne représente pas les atteints de la RA .................. 68
II.2.5. Hausse non-maîtriser des dépenses de fonctionnement ....................................... 69
II.2.6. Dépenses d’investissement ................................................................................... 70
II.2.7. Natures des investissements réalisés par les collectivités territoriales de BMK .. 70
II.3. Recommandations ....................................................................................................... 71
Conclusion ................................................................................................................................ 73
Conclusion de la partie ............................................................................................................. 74
Références bibliographiques .................................................................................................... 78
Annexes .................................................................................................................................... 80
Tables des matières .................................................................................................................. 80

83
Résumé́ :

Le thème de la régionalisation avancée et le financement des collectivités territoriales est un chantier primordial
qui prétend à un développement économique mélodieux dans toutes les régions du royaume. L’objectif de ce
document est de répondre à la problématique suivante : La régionalisation avancée a-t-elle résolu le problème
de financement des collectivités territoriales ? Dans ce contexte, on peut définir la régionalisation avancée
comme étant un fondement constitutionnel essentiel du pays visant à un meilleur développement du royaume et
la réduction des disparités territoriales. Pour répondre à cette problématique, une étude comparative a été menée
sur les états financiers des collectivités territoriales avant et après 5 années de l’application et particulièrement la
région BMK. D’après cette étude on a dégagé que les collectivités territoriales sont encore face à plusieurs
difficultés notamment financières et disparités régionales. Elles sont aussi trop dépendantes aux transferts et aux
soutiens de l’Etat, et donc elles sont toujours loin de la réalisation d’une autonomie financière. D’après les
responsables de la région BMK, les collectivités territoriales n’arrivent pas à améliorer leurs propres ressources
pour qu’elles puissent être dépendantes et autonomes. Alors, après ces 5 années de l’application de cette
réforme, elle n’a pas pu résoudre le problème de financement des collectivités territoriales. Régionalisation ou
pas, rien n’y fait.

Mots-clés : Régionalisation avancée, financement des collectivités territoriales, autonomie financière

Abstract:

The theme of advanced regionalization and the regional authorities funding is an important project which claims
a great economic development in all regions of the kingdom. The target (goal) of this document is to answer the
following problem: Has advanced regionalization solved the problem of the local authorities financing? In
this context, we can define proceed regionalization as an essential constitutional foundation of the country which
looks for a better development of the kingdom and the reduction of territorial disparities. To address this issue, a
comparative study was carried out on the financial statements of local authorities before and after 5 years of
application, especially in BMK region. According to this study, it was found that local authorities still face
several difficulties, particularly financial ones and regional disparities. They are also too dependent on transfers
and state support; therefore they are still far from achieving financial autonomy. Conforming to the BMK
officials, local authorities are unable to improve their own resources so that they can be dependent and
autonomous. After these 5 years of applying this reform, it has not been able to resolve the problem of local
authorities funding. Regionalization or not, nothing helps.

Keywords : Advanced regionalization, financing of local authorities, Financial autonomy

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