CH III
CH III
Introduction
L’électricité est la partie de la physique qui étudie l’ensemble des phénomènes causés par une
ou plusieurs charges électriques.
Exemples d’application
- En biophysique : les membranes biologiques sont des milieux isolants placés entre
deux milieux conducteurs (condensateurs). Elles permettent une séparation de charges.
- En biochimie : les protéines sont formées d’acides aminés dont certains sont chargés.
La répartition de charges va guider les interactions intermoléculaires.
- Explique certains phénomènes liés au fonctionnement du corps humain comme
l’électrocardiographie (technique d'enregistrement des potentiels électriques du myocarde
(ECG)) et l'électroencéphalographie (technique d'enregistrement des potentiels électriques au
niveau du cerveau (EEG)).
II.1. Électrostatique
L’électrostatique est l’étude de l’ensemble des phénomènes créés par des charges électriques
immobiles.
La charge électrique (positive ou négative) est une propriété de la matière qui lui fait produire
et subir des effets électriques et magnétiques.
La charge électrique est quantifiée : Q = ± n × e-, où n est un entier et e- = -1.6 10-19 C. Les
charges ponctuelles sont supposées sans dimension.
Un corps chargé porte, en général, un grand nombre de charges élémentaires, sa charge
électrique présente donc un aspect continu. On a trois types de distributions de charges.
i) Distribution linéaire sur un fil : 𝜆𝜆 = 𝑑𝑑𝑑𝑑/𝑑𝑑𝑑𝑑 ⇒ 𝑑𝑑𝑑𝑑 = 𝜆𝜆 𝑑𝑑𝑑𝑑 (λ est la densité linéique en C/m).
ii) Distribution surfacique sur une surface : 𝜎𝜎 = 𝑑𝑑𝑑𝑑/𝑑𝑑𝑑𝑑 ⇒ 𝑑𝑑𝑑𝑑 = 𝜎𝜎 𝑑𝑑𝑑𝑑 (σ est la densité
surfacique en C/m2).
iii) Distribution volumique dans un volume : 𝜌𝜌 = 𝑑𝑑𝑑𝑑/𝑑𝑑𝑑𝑑 ⇒ 𝑑𝑑𝑑𝑑 = 𝜌𝜌 𝑑𝑑𝑑𝑑 (ρ est la densité
volumique en C/m3).
u12 : est un vecteur unitaire dont la direction est la droite passant par q1 et q2 et orienté de q1
vers q2.
Pour un ensemble de charges qi (i = 1 à n), la force qu’exerce cet ensemble de charges sur une
n n q q
i
charge q est donnée par F = ∑
i =1
Fi = k ∑
i =1 ri
2
.u i , ri est la distance entre q et qi .
II.1.3. Champ et potentiel électriques
La présence d’une charge électrique dans l’espace permet de définir deux propriétés de
l’espace ; une propriété vectorielle représentant le champ électrostatique et une propriété
scalaire associé au potentiel électrostatique.
a) Champ électrique
Si on place une charge électrique ponctuelle dans un espace et qu’elle subit une force
électrique, on dit qu’il y a un champ électrique dans cet espace. On note l’intensité de ce
champ par E .
Si on place une charge Q dans un champ électrique E créé par q. Elle sera soumise à une
qQ kq
force F = k u = Q u = QE .
r2 r2
E F F E
q>0 Q>0 q>0 Q<0
F E E F
q <0 Q>0 q<0 Q<0
Le champ est dans le sens opposé à la charge si Q est une charge positive.
Le champ est vers la charge si Q est une charge négative. Le sens de E ne dépond pas de Q
mais du signe de q.
Soit une portion infiniment petite, représenté par P, d’un conducteur et dq la charge
élémentaire qu’elle contient.
Cette charge élémentaire crée un champ électrique en un point M :
dq
dE M = k 2 u dE M
r
M
Le champ et le potentiel électriques crées en un point M par cette distribution sont :
dq
EM = ∫ M=
dE
distribution
∫
distribution
k
r2
u ;
r
Considérons l'anneau de rayon intérieur r, d'épaisseur infinitésimale dr, centré sur O. L'aire de cet
anneau vaut 2πrdr. Divisons maintenant l'anneau en petits segments de longueur infinitésimale
contenant une charge dq et remarquons que le champ en P dû à n'importe laquelle de ces charges dq
est le même en module : dE1 = dE2. En effet, toutes ces charges dq sont à la même distance d de P. Par
contre leur direction n'est pas la même. Toutefois, leurs projections dans le plan Oxy s'annulent deux à
deux pour deux charges dq1 et dq2 diamétralement opposées.
Par conséquent, le champ électrique dE dû à l'anneau de rayon r est dirigé suivant l'axe Oz et :
dq σdS 2πσrdr
EM = ∫∫
surface
dEM = ∫∫
surface
k
d 2
u = ∫∫
surface
k
d 2
u = ∫∫
surface
4πε 0 d 2
cos θ u z
L
cos θ = d= L2 + r 2
d
∞
𝜎𝜎𝜎𝜎 𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟 𝜎𝜎𝜎𝜎 ∞ 𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟
𝐸𝐸 = � . = �
0 2𝜀𝜀0 (𝐿𝐿2 + 𝑟𝑟 2 ) �2 2𝜀𝜀0 0 (𝐿𝐿2 + 𝑟𝑟 2 )3�2
3
𝑥𝑥=∞
∞ 𝑥𝑥𝑥𝑥𝑥𝑥 −1 1
avec ∫0 2 2 3�2 =� 1 � =
(𝑥𝑥 +𝐿𝐿 ) (𝑥𝑥 2 +𝐿𝐿2 ) �2 𝑥𝑥=0
𝐿𝐿
𝜎𝜎
d’où 𝐸𝐸�⃗ = 𝑢𝑢𝑧𝑧
����⃗
2𝜀𝜀 0
Remarquons qu'il ne dépend pas de L ce qui veut dire que le champ électrique est uniforme au
voisinage d'un plan infini, uniformément chargé : en tout point il lui est perpendiculaire et a
𝜎𝜎
une intensité
2𝜀𝜀 0
q1 q2
V1 = k et V2 = k
r1 r2
V = V1 + V2
Dans le cas où r >> d : ⇒ 𝑟𝑟1 − 𝑟𝑟2 =d × cosθ et 𝑟𝑟1 . 𝑟𝑟2 = r2, le potentiel V s’exprime
dcos θ 𝑝𝑝cos θ dcosθ
θ1 θ θ2
par : 𝑉𝑉 = 𝑘𝑘𝑘𝑘 = 𝑘𝑘 . -q d +q
𝑟𝑟² 𝑟𝑟²
𝑝𝑝⃗
En appliquant la circulation du champ𝐸𝐸�⃗ , nous pouvons déduire les composantes radiale et
transversale de 𝐸𝐸�⃗ à partir du potentiel électrostatique exprimé en fonction des coordonnées
polaires r et θ.
����������⃗ 𝑉𝑉.
Le champ electrique est déduit du potentiel en utilisant : 𝐸𝐸�⃗ = −𝐺𝐺𝐺𝐺𝐺𝐺𝐺𝐺
𝜕𝜕𝜕𝜕 2𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘
𝐸𝐸𝑟𝑟 = − =
𝑟𝑟 3
𝐸𝐸�⃗ = � 𝜕𝜕𝜕𝜕
1 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘𝑘
.
𝐸𝐸𝜃𝜃 = − =
𝑟𝑟 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝑟𝑟 3
La différence de potentielle (VA – VB) peut être exprimée à partir du champ 𝐸𝐸�⃗ en considérant
le dipôle comme un système microscopique :
𝐴𝐴𝐴𝐴 = −𝐸𝐸�⃗ . 𝑑𝑑⃗ ⇒ 𝐸𝐸𝑝𝑝 = −𝑞𝑞 𝐸𝐸. cosϕ.
𝑉𝑉𝐵𝐵 − 𝑉𝑉𝐴𝐴 = −𝐸𝐸�⃗ . �����⃗
(ϕ)
𝐸𝐸𝑝𝑝 = −𝑞𝑞 𝐸𝐸. cos
����⃗
𝐹𝐹− 𝐸𝐸�⃗ ����⃗
𝐹𝐹+ Équilibre stable
𝑝𝑝⃗
����⃗ 𝐸𝐸�⃗
𝐹𝐹− ����⃗
𝐹𝐹+ Équilibre instable
𝑝𝑝⃗
II.1.6. Conducteurs
Un conducteur est un milieu qui contient des électrons libres qui se déplacent dans tout le
milieu. Il s’agit d’électrons dits de conductions, qui sont très faiblement liés à leurs noyau ;
souvent les électrons des couches d dans les métaux de transition.
a) Conducteurs en équilibre électrostatique
Le champ est nul dans un conducteur à l’équilibre (sinon on aurait mouvement des charges
libres, et donc pas d’équilibre, …) : 𝐹𝐹⃗ = 𝑞𝑞𝐹𝐹⃗𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖 ⇒ 𝐸𝐸�⃗𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖 = ��0�⃗.
σ est la densité surfacique de charges ; ce résultat peut être retrouvé en utilisant le théorème de
Gauss.
- Le pouvoir des pointes
Les charges ont tendance à s’accumuler sur les pointes (zones à faibles rayons).
Exemple
Pour deux sphères, respectivement, de rayon R1 et R2 et de charges Q1 et Q2 de densité
surfacique σ1 et σ2, lorsque celles-ci sont reliées et à équilibre. On peut donc considérer que
chaque sphère est isolée mais qu’elle partage le même potentiel V. Cela implique alors
Donc, plus l’ une des sphères aura un rayon petit et plus sa densité de charges sera élevée.
1 1 𝑄𝑄² 1
𝐸𝐸 = 𝐶𝐶𝐶𝐶² = . = . 𝑄𝑄. 𝑉𝑉.
2 2 𝐶𝐶 2
Influence partielle
Soient deux conducteurs (C1) avec une charge initiale
σ1˃ 0 et (C2) est neutre. Dès que l’on approche (C1) de (C2),
il apparait sur la surface de (C2) une densité de charge
σ’2< 0 sur la partie faisant face à (C1) et une densité σ’2> 0
sur la partie opposée de (C2). Les densités sont de signes opposés
pour assurer la neutralité de (C2). Le champ électrique à la
surface :
𝑄𝑄𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖
� 𝐸𝐸 𝑑𝑑𝑑𝑑 = 0 = �
𝜀𝜀0
𝜎𝜎1 𝑑𝑑𝑑𝑑 + 𝜎𝜎′2 𝑑𝑑𝑑𝑑 = 0
𝑄𝑄1 = −𝑄𝑄2
Influence de deux conducteurs chargés : Les charges Q1 de (C1) et Q2 de(C2) qui se font face
sur deux éléments de surface correspondants sont égales et opposées. Ceci constitue le
théorème de Faraday.
L’influence est dite partielle car seule une partie des lignes de champ issues de (C1)
aboutit à (C2).
Influence totale
Si l’un des deux conducteurs entoure totalement
l’autre, il ya correspondance totale entre les charges
de la surface de (C1) et celles sur de (C2). On parle
d’influence totale.
L’influence totale constitue le principe physique
de base d’un condensateur.
b) Condensateurs
On appelle condensateur tout système de deux conducteurs en influence électrostatique. Il y
a deux sortes de condensateurs : condensateur à armatures rapprochées et condensateurs à
influence totale.
- Association de condensateurs :
i) Condensateurs en parallèle
U
Soit
- Q1 la charge du condensateur C1
- Q2 la charge du condensateur C2
- Q3 la charge du condensateur C3
La charge totale Q du groupement vaut
Q1 = C1 U, Q2 = C2 U et Q3 = C3 U
Q = Q1 + Q2 + Q3 = C1 U + C2 U + C3 U
Q = (C1 + C2 + C3 )U = Ceq U
Ceq = C1 + C2 + C3
Pour N condensateurs en parallèle :
i=N
Ceq = � Ci
i=1
Q = Q1 = Q2 = Q3 et U = U1 + U2 + U3
Q Q1 Q 2 Q 3 Q Q Q
= + + = + +
Ceq C1 C2 C3 C1 C2 C3
1 1 1 1
= + +
Ceq C1 C2 C3
II.2. Électrocinétique
L’électrocinétique est l’étude du déplacement de charges (libres) dans un milieu conducteur
où il existe une différence de potentiel entre deux points de celui‐ci.
- Loi d’Ohm
La résistance 𝑅𝑅 d’un conducteur est donnée par : 𝑅𝑅 = 𝑉𝑉/I, (son unité est Ohm, symbole Ω).
La relation est dite loi d’Ohm.
V A − VB = R1 × I A B C D …
VB − VC = R2 × I VA R1 VB
R2 VC R3 VD
VC − V D = R3 × I
La somme des ddp :
(V A − VB ) + (VB − VC ) + (VC − VD ) = V A − VD = ( R1 + R2 + R3 ) × I .
n
On peut remplacer les résistances montées en série par une résistance équivalente Réq = ∑ Ri .
i =1
VA − VB
V A − VB = R3 × I 3 ⇒ I 3 =
R3
La somme des courants :
1
I = I1 + I 2 + I 3 = (V A − VB )( )
R1 + R2 + R3
On peut remplacer les résistances montées en parallèle par une résistance équivalente Réq
n
1 1
=∑ .
Réq i =1 Ri
c) Loi de joule
Lorsqu’un courant électrique traverse une résistance, il y a une dissipation d’énergie sous
forme de chaleur. Cela est dû à l’énergie perdue par les électrons quand ils traversent le
conducteur (Effet Joule), sachant que ce dernier résiste au mouvement des électrons.
La puissance électrique P dans une résistance est définit comme l’énergie par unité de temps
nécessaire pour maintenir le courant en circulation, elle vaut : P = I.∆V .
P : la puissance électrique ; I : le courant traversant le conducteur ; ΔV : la différence de
potentiel entre les deux extrémités du conducteur.
On a aussi : ∆V = R. I . d’où P = R. I2 .
Cette dernière équation est appelée la loi de Joule.
Si l’élément transforme toute l’énergie consommée en chaleur par effet joule, alors la chaleur
Q = R×I2×t ; t est le temps de passage du courant.
Pour mieux exporter l’électricité sans perte ; on doit utiliser des fils à résistances faibles.
II.3. Électrophorèse
L’électrophorèse est une méthode de séparation des constituants en solution électrolyte basé
sur la différence de migration de particules chargées électriquement sous l'action d'un
courant électrique. Les constituants à séparer peuvent être des ions métalliques, des molécules
ou des macromolécules (protéines).
Les ions sont attirés par l’électrode de signe de potentiel opposé à leur charge. Les cations
sont attirés par la cathode (pôle -), les anions par l’anode (pôle +) et les substances neutres ne
subissent pas l’action du champ électrique. Les espèces ne se déplacent pas à la même vitesse
ce qui permet la séparation des espèces.
Ions opposés
Autre ions en
surface diffuse
Couche double
Dans ce cas c’est l’ensemble des molécules + couche double qui se déplace. On parle de
potentiel électrocinétique ζ’ qui apparait à la surface de la macromolécule solvatée qui dépend
de la structure de la molécule et de l’électrolyte qui la contient par sa composition.
La mobilité électrophorétique vaut alors :
μ = ζ’ε/6πη , avec ε est la constante diélectrique du milieu et η sa viscosité.
- Point isoionique et isoélectrique
Point isoionique et isoélectrique sont les deux cas de pH pour lequel la mobilité
électrophorétique est nulle.
Dans l’eau pure → point isoionique : 5,37 pour l’albumine.
Dans un milieu complexe (NaCl 0,15 M) → point isoélectrique : 4,4 pour l’albumine.
b) Électrophorèse capillaire
La migration électrophorétique s’effectue dans un tube capillaire (15 à 150 micromètres de
diamètre et 35 à 100 cm de longueur). La détection des molécules se fait grâce à un système
placé sur le trajet : peut être un détecteur UV ou des électrodes. Le tube capillaire a ces deux
extrémités dans la solution d’électrolyte. Les potentiels employés sont de l’ordre de 10 à 30
kV. La paroi interne du capillaire se polarise négativement à cause des groupements silanols
qui s’ionisent quand le pH est supérieur à 3. Il y aura donc une accumulation de charges
positives au contact de cette paroi. Ainsi on observe un déplacement d’ensemble, à vitesse
constante, vers la cathode (-) à cause du flux électroosmotiqué. Dans ce type d’électrophorèse
toutes les espèces (chargées ou non) subissent ce mouvement.
Molécule chargée positivement
Le déplacement électrophoretique (en direction de la cathode) et le flux électroosmotique ont
la même direction, les deux mouvements s’additionnent et l’espèce est accélérée.
Introduction de l’échantillon
• Comme les espèces migrent, en général, dans le même sens, on effectue le dépôt au niveau
opposé.
• On peut se contenter de quelques nano litres que l’on fait pénétrer dans le capillaire