Dieu Est Un Faiseur de Mariages Ebook
Dieu Est Un Faiseur de Mariages Ebook
EST UN
FAISEUR
DE MARIAGES
Sauf autre indication, les citations bibliques de cette publication sont tirées
de la traduction Louis Segond "Nouvelle Edition".
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1. A L'ECOLE DE L'EXPERIENCE
* * * * * * *
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2. LYDIA
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Lydia a raconté son histoire dans "Rendez-vous à Jérusalem" (1975), bientôt
disponible en français (N.D.T.).
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"Je ne sais pas exactement ce que l'avenir me réserve, lui dis-je en
conclusion, mais je crois que Dieu a un plan pour ma vie et que cela a un
rapport avec la Palestine."
Lydia proposa de prier pour cela, ce que je désirais fortement, et je
fus immédiatement d'accord. Cependant, à ma grande surprise, Lydia
demanda à quelques petites filles de se joindre à nous dans la prière. Quatre
ou cinq d'entre elles se groupèrent rapidement autour de la pièce et
s'assirent. Lydia dit quelques mots en arabe - expliquant je présume
pourquoi nous allions prier. Puis chaque fille s'agenouilla devant sa chaise.
Lydia et moi également.
Tandis que je commençais à prier, je sentis que j'avais un rendez-
vous avec Dieu. A un moment donné, j'entendis une petite fille à côté de
moi qui chantait dans des tons clairs et mélodiques. Je crus d'abord que
c'était de l'arabe, puis je réalisai que c'était une autre langue. Après un petit
moment, les autres filles l'accompagnèrent dans d'autres langues. Je sentis
que mon esprit s'élevait dans l'adoration surnaturelle vers un nouveau
niveau de communion avec le Seigneur. Bien que je ne comprisse pas ce qui
se priait, je savais que tout mon avenir avait été mis en sûreté entre les
mains de Dieu.
En retournant au dépôt médical, mes pensées revenaient souvent
vers le petit orphelinat de Ramallah. Je pouvais encore entendre les voix
claires des enfants s'élever dans l'adoration. Je décidai de prier
régulièrement pour Lydia. Durant les quelques heures que j'avais passées à
l'orphelinat, j'avais perçu combien elle avait de fardeaux à porter, sans
aucune aide que celle d'une servante arabe. D'ailleurs, où trouvait-elle
l'argent pour nourrir et habiller tous ces enfants? Elle m'avait dit qu'elle
n'était envoyée par aucune organisation missionnaire.
Un jour, seul parmi les longues rangées de ballots contenant les
réserves médicales, je me sentis poussé à prier pour Lydia. Je priais un
moment en anglais, puis le Saint-Esprit me dirigea et me donna une
manifestation claire et forte de nouveau dans une langue inconnue. Après
une brève pause, suivit une interprétation en anglais. Une fois encore,
comme la première nuit, c'est Dieu qui me parlait à travers ma propre
bouche et me disait: "Je vous ai unis ensemble ... sous le même joug et avec
le même harnais..."
Il y avait autre chose après, mais ce sont ces mots qui retinrent mon
attention. Que voulaient-ils dire? Puisque j'étais en train de prier pour Lydia,
cela devait se référer à elle. Est-ce que Dieu nous unissait tous les deux? Si
oui, comment et pourquoi?
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Quelques mois plus tard, l'armée me transféra de nouveau, cette fois
dans un véritable hôpital, celui d'Augusta Victoria sur le mont des Oliviers à
l'est de Jérusalem. D'ici, c'était un trajet facile en bus pour Ramallah. Mes
visites à l'orphelinat devinrent fréquentes et mon amitié grandit envers
Lydia et les enfants.
Ma démobilisation devait intervenir dans moins d'un an. J'étais de
plus en plus persuadé que Dieu me conduisait à l'obtenir en Palestine et à y
rester pour le servir à plein temps. Mais quel genre de service et avec qui?
Il y avait deux églises actives du Plein Evangile à Jérusalem. J'étais
devenu l'ami des deux responsables. Devais-je offrir mes services à l'un
d'entre eux? Puis, il y avait bien sûr l'orphelinat de Ramallah. C'est là que
j'avais la communion la plus profonde. Mais quel rôle avoir dans un
orphelinat?
De plus, il y avait la question de mon soutien financier. En
Angleterre, avant de rencontrer le Seigneur, je n'allais pas à l'église, et j'étais
encore moins un serviteur de Dieu. J'étais inconnu des chrétiens. Pourquoi
m'auraient-ils soutenu?
J'avais un ami chrétien nommé Geoffrey qui travaillait dans une
unité médicale, à Jérusalem, à qui je demandai de l'aide dans la prière. Je
savais qu'il était sensible à la voix du Seigneur. De plus, il connaissait bien
les deux communautés de Jérusalem ainsi que l'orphelinat. "J'ai besoin de
savoir où Dieu veut que je m'engage", lui dis-je.
Geoffrey travaillait lui-même avec l'une des deux églises et trouvait
évidemment que ce serait là ma place à moi aussi. Cependant, il était prêt à
prier avec moi, et après avoir intercédé pour chacune des deux églises du
Plein Evangile, il commença à prier pour Lydia et l'orphelinat.
"Seigneur, dit-il, tu m'as montré que ce petit orphelinat serait
comme un petit ruisseau, et que ce petit ruisseau deviendrait une rivière et
que la rivière deviendrait un grand fleuve, et que le grand fleuve deviendrait
une mer..."
Je n'entendis plus un seul mot de la prière de Geoffrey! J'étais au
comble de l'excitation, et rempli de crainte. Il avait répété exactement mot
pour mot ce que Dieu m'avait dit à propos de mon avenir la nuit dans la
chambrée en Angleterre, mais il avait appliqué ces paroles à Lydia et à
l'orphelinat. Entre-temps, je n'avais jamais partagé ces paroles avec
personne. Seul Dieu pouvait les avoir révélées à Geoffrey.
"Merci, dis-je à Geoffrey lorsqu'il eut terminé de prier. Je crois que
je sais ce que Dieu veut que je fasse." Mais je ne lui ai pas dit comment je le
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savais!
J'avais beaucoup à méditer. Quand j'étais en Angleterre, Dieu
m'avait parlé de mon avenir et donné l'image d'un petit ruisseau qui
grandissait sans cesse. Puis au dépôt de Kiriat Motzkin, tandis que je priais
pour Lydia, il m'avait dit qu'il nous avait "unis ensemble sous le même joug
et avec le même harnais". Je découvrais maintenant que Dieu avait donné à
Geoffrey - à propos de Lydia et de l'orphelinat - exactement la même image
du ruisseau qui grandissait.
Je me souvins des deux expressions que Dieu avait utilisées à ce
propos à Kiriat Motzkin: "sous le même joug et avec le même harnais". Un
harnais est le symbole de deux animaux travaillant ensemble dans une
proche intimité. Mais le joug? Je réalisais soudain que c'était l'image
couramment employée dans la Bible pour désigner deux personnes unies par
le mariage. Est-ce que c'était cela que Dieu avait en tête?
Je commençais à considérer les différences et les difficultés. Lydia
était d'un milieu culturel différent du mien. Elle avait un caractère fort, de
meneuse. Face à des difficultés sans fin, elle avait bâti une œuvre qui lui
valait le respect de la communauté chrétienne. Elle était habituée à livrer ses
propres combats. Voudrait-elle se soumettre à la maison à un homme
beaucoup plus jeune et moins expérimenté qu'elle? Serait-ce réaliste pour
elle de le faire?
Et puis, il y avait la différence d'âge. J'avais tout juste trente ans,
tandis que Lydia qui était d'une vitalité étonnante et une personne active,
était d'un certain âge. Un mariage entre deux personnes si différentes de par
leur âge devrait inévitablement faire face à des pressions inhabituelles.
Je devais également considérer mon propre milieu. J'étais enfant
unique. Mon éducation était totalement intellectuelle. Bien que je sache
construire des théories philosophiques sur l'humanité, je connaissais fort peu
de choses sur les réalités concrètes des êtres humains. Pouvais-je devenir le
père d'une famille de filles, des filles dont le milieu racial et culturel était
totalement différent du mien? Etait-ce même juste d'imposer un tel père à
ces filles?
Tout cela pour le côté négatif. Le côté positif pouvait se résumer par
une phrase brève: Dieu avait parlé. De façon claire et surnaturelle, il m'avait
révélé son plan - d'abord à moi seul. Puis, à travers un frère chrétien, il
l'avait confirmé de façon tout aussi claire et surnaturelle. Cela ne venait pas
d'une réponse à mes prières ou à mes désirs. Toute la révélation avait sa
source dans la souveraine volonté de Dieu. Si je rejetais la volonté de Dieu
si clairement exprimée, comment pouvais-je espérer sa bénédiction sur ma
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vie future?
J'étais déchiré entre l'excitation et la crainte; l'excitation à la pensée
que Dieu eut un plan si net pour ma vie; la crainte que la tâche ne se révèle
trop difficile. Je réalisais que je ne pouvais pas tout comprendre d'avance.
Ce n'était pas ce que Dieu me demandait. Il me demandait de m'engager par
la foi dans le plan qu'il m'avait révélé, puis de le laisser œuvrer à ma place
pour les choses que moi je ne pouvais pas faire.
Finalement, j'en arrivais à ce moment d'engagement. Jusqu'ici je
comprenais le plan de Dieu pour ma vie, et je l'adoptais. Et ce que je ne
comprenais pas encore, je le confiais à Dieu pour me le révéler en temps et
en heure.
A partir de ce moment-là, il y eut un changement progressif dans
mes relations avec Lydia. Notre amitié était déjà forte et nous enrichissait.
Mais elle avait maintenant une nouvelle chaleur et une intimité qui
augmentait chaque fois que je visitais l'orphelinat. Pour les enfants aussi, je
commençais à ressentir une sorte de préoccupation parentale que je n'avais
jamais éprouvée auparavant. En fin de compte, je devais le reconnaître:
j'étais amoureux - amoureux de Lydia et des huit enfants.
Quelques mois plus tard, il me sembla naturel de demander à Lydia
de m'épouser et tout aussi naturel pour elle d'accepter. Au début de l'année
1946, nous étions mariés presque un mois avant que l'armée ne me
démobilise.
Plus tard dans l'année, nous déménageâmes l'orphelinat de
Ramallah à Jérusalem où nous fûmes pris par les événements tumultueux
qui se révélèrent être les douleurs de l'enfantement de l'Etat d'Israël. Nos
vies étaient fréquemment menacées. Nous avons dû déménager quatre fois -
dont deux fois de nuit. La guerre et la famine étaient autour de nous.
Pourtant, Dieu nous protégeait et pourvoyait à nos besoins d'une façon qui
nous étonnait sans cesse. A force de partager toutes ces expériences en
famille, nous étions liés aussi solidement que si nous avions été une famille
naturelle - des liens qui subsistent encore aujourd'hui.
De Jérusalem, nous allâmes à Londres où je fus pasteur d'une église
pendant huit ans. A la fin de cette période, les filles aînées avaient grandi et
quitté la maison et toutes, sauf une, étaient mariées. Avec les deux plus
jeunes, Lydia et moi allâmes au Kenya où je servis durant cinq ans comme
principal dans un collège pour former des enseignants africains. Là, les deux
dernières filles nous quittèrent pour poursuivre leur carrière et se marier.
C'est également là que nous avons adopté Jésika, une petite fille africaine de
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six mois qui devint notre neuvième fille.
En 1962, Lydia, Jésika et moi nous partîmes en Amérique du Nord,
d'abord au Canada; puis aux Etats-Unis où finalement nous nous
installâmes. Là, Dieu ouvrit les portes d'un ministère dans chaque région de
la nation puis dans de nombreux autres pays.
La famille grandissait régulièrement en nombre, et s'étendait à
différentes parties du monde, avec des membres installés en Angleterre, au
Canada, aux Etats-Unis et en Australie. "Le soleil ne se couche jamais sur
notre famille", disait parfois Lydia. Le petit ruisseau qui avait commencé à
Ramallah devenait un fleuve qui faisait le tour du globe.
Tout au long de ces années, Lydia et moi n'avions qu'une seule
source de force qui ne nous a jamais fait défaut: notre unité. Dans notre vie
personnelle de prière, nous proclamions continuellement la promesse faite
dans Matthieu 18:19: "Si deux d'entre vous s'accordent sur la terre pour
demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père
qui est dans les cieux." Nous ne pouvons pas compter les prières
spécifiques qui ont été exaucées sur cette base.
Dans notre ministère public également, lorsque nous priions pour
les malades et les affligés, notre unité nous donnait des victoires que nous
n'aurions jamais pu obtenir seuls. Un serviteur fit un jour ce commentaire:
"Vous travaillez ensemble tous les deux comme si vous n'étiez qu'une seule
personne."
En 1975, après presque trente ans, Dieu rappela Lydia. Elle lui avait
donné plus de cinquante ans de dur labeur désintéressé. On peut lui rendre
hommage par ce verset qui lui va bien dans Proverbes 31:28-29:
"Ses fils se lèvent et la disent heureuse; son mari se lève, et lui
donne des louanges; plusieurs filles ont une conduite vertueuse; mais
toi, tu les surpasses toutes."
Plus je méditais sur mon mariage avec Lydia, et plus je
m'émerveillais de la sagesse parfaite de Dieu. A l'époque où je me suis
marié, je n'avais aucune idée du genre de vie qui se trouvait devant nous.
Ainsi, je n'avais pas de base pour me choisir une femme, puisque je
manquais des renseignements essentiels grâce auxquels on peut faire un
choix intelligent. En regardant en arrière les travaux, les épreuves et les
batailles sur trente ans, je suis convaincu que Lydia était la seule femme au
monde capable de m'aider pour tout cela.
Comme c'est merveilleux, que Dieu sache exactement le genre de
femme dont j'avais besoin, qu'il l'ait préparée pour moi pendant de
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nombreuses années, placée sur le chemin qui devait me conduire, et qu'il
l'ait choisie pour être l'aide qu'il m'avait destinée. Chaque fois que j'y
repense, j'incline ma tête dans l'adoration et je dis avec Paul:
"O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de
Dieu! Que ses jugements sont insondables, et ses voies
incompréhensibles!" (Romains 11:33)
* * * * * * *
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3. RUTH
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Dieu était intervenu pour me protéger et me guider. Il me rappela également
les différentes promesses qu'il m'avait données au cours de toutes ces années
- celles déjà exaucées et celles à venir. Il m'assura que si je continuais à
marcher dans l'obéissance, toutes seraient exaucées.
Puis, au petit matin, une étrange image apparut devant mes yeux. Je
vis une colline fortement pentue devant moi, une colline qui me rappelait
celle qui allait à la montagne de Sion, au sud-ouest de la vieille ville de
Jérusalem. Un sentier en zigzag montait la colline jusqu'au sommet.
Instinctivement, je sus que cela représentait le chemin du retour
vers Jérusalem. Il serait raide jusqu'au sommet. Il y aurait beaucoup de
tournants, tantôt à droite, tantôt à gauche. Mais si je ne me détournais pas et
si je persévérais, il m'emmènerait là où Dieu avait prévu à Jérusalem.
L'image la plus frappante fut celle d'une femme assise sur le sol
juste à l'endroit où le chemin commençait. Ses traits étaient européens et
elle était blonde. Mais elle portait une robe qui semblait être de style
oriental, d'une couleur difficile à déterminer mais à dominante verte. Ce qui
me frappa particulièrement, ce fut sa posture. Son dos était courbé dans une
position tordue, peu naturelle, qui suggérait une souffrance. Soudain, je la
reconnus. C'était Ruth Baker.
Pourquoi Dieu avait-il mis cette femme devant moi et dans un
contexte aussi étrange? Avant que je n'aie formulé la question, j'en
connaissais la réponse. Elle ne procéda pas d'un raisonnement. Ce ne fut pas
non plus quelque chose que Dieu me dit. C'était là, dans une partie de mon
esprit, où le doute n'avait pas accès. Dieu voulait que cette femme devienne
mon épouse.
Je sus avec une certitude égale pourquoi la femme était assise là où
le chemin commençait à grimper la colline. Il n'y avait pas d'autre accès au
chemin. Me marier avec elle serait le premier pas de mon retour en Israël.
Dieu ne me laissait pas le choix.
Toute une succession d'émotions envahit mon être intérieur -
l'étonnement, la crainte, l'excitation. A un moment, je fus même tenté de me
mettre en colère contre Dieu. Comment pouvait-il me mettre dans une telle
situation? Est-ce qu'il me demandait vraiment de me marier avec une femme
que je n'avais rencontré qu'une fois, et dont je ne savais rien? J'attendis pour
voir si Dieu avait quelque chose de plus à me dire - des explications peut-
être. Mais il ne vint rien de plus.
Je vis que j'avais besoin d'agir avec beaucoup de précautions. J'étais
très connu dans certains milieux chrétiens. Si je faisais une folie maintenant,
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en particulier dans le domaine du mariage, je déshonorerais le Seigneur et
deviendrais une pierre d'achoppement pour son peuple. Je décidai de ne rien
dire à personne à ce propos. Je mettrais simplement ce problème devant le
Seigneur dans la prière et je chercherais une direction de sa part.
Pendant un mois, une fois de retour aux Etats-Unis, je priais
continuellement et avec ferveur. Rien ne changea. La vision ne partait pas
de mon esprit. Au contraire, elle devenait plus vivante. A la fin du mois, je
continuais à penser que Dieu ne me laissait pas le choix. Il voulait que
j'épouse Ruth Baker.
En fin de compte, je me dis: "La foi sans les œuvres est morte. Si je
crois vraiment que Dieu m'a montré sa volonté, je dois commencer à agir."
Ainsi, je m'assis et j'écrivis une brève lettre à Ruth Baker, à Jérusalem, lui
suggérant que si elle avait l'occasion de venir aux Etats-Unis, qu'elle vienne
visiter la communauté chrétienne de Kansas City. Ces frères avaient un
amour tout particulier pour Israël et des liens très intimes avec moi.
Pratiquement par retour du courrier, je reçus une réponse. Ruth était
sur le point de quitter Israël avec sa fille pour venir aux Etats-Unis. Elle
était reconnaissante de ma proposition et viendrait avec plaisir rendre visite
à la communauté de Kansas City. Elle me donna des dates correspondant à
son itinéraire et un numéro de téléphone auquel on pourrait la joindre dans
le Maryland.
Je lui téléphonai rapidement et fixai les dates de sa visite à Kansas
City. Je devais moi-même sous peu me rendre en Afrique du Sud pour mon
ministère, mais je m'arrangeais pour être présent à Kansas City les deux
premiers jours de la visite de Ruth et, de là, partir directement pour l'Afrique
du Sud.
Le leader de la communauté de Kansas City était David, le jeune
homme qui m'avait conduit dans Jérusalem. Il nous logea, Ruth, sa fille et
moi-même, dans sa spacieuse maison. Le second jour, Ruth s'arrangea pour
avoir un entretien avec moi concernant un problème qui était arrivé à
Jérusalem.
Lorsqu'elle entra, je la complimentai sur la robe originale qu'elle
portait. "C'est de style arabe, me répondit-elle. Je l'ai achetée dans la vieille
ville."
Puis elle continua en expliquant que sa blessure au dos l'empêchait
de rester longtemps assise sur une chaise ordinaire. Avec mon assentiment,
elle s'assit sur le sol, le dos appuyé au mur et les genoux tournés d'un côté.
Spontanément, mon esprit revint à la femme que j'avais vue cette
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nuit-là assise au pied du chemin qui montait à la colline. Non seulement
c'était la même femme que j'avais en face de moi, mais c'était la même robe
d'un style et d'une couleur originale et elle était assise exactement dans la
même posture tordue qui était un témoignage muet de douleur. Chaque
détail était exact!
Je ne pouvais plus parler. Je ne pouvais que la regarder fixement,
rempli de crainte. Puis un courant chaud de puissance surnaturelle monta de
mon corps et je ressentis un amour inexprimable pour cette femme qui était
encore extérieurement une étrangère. Pendant quelques instants, nous
restâmes assis en silence. Puis, par un effort de ma volonté, je maîtrisai mes
émotions et commençai à m'enquérir des problèmes pour lesquels elle venait
me demander conseil.
Durant le reste de la conversation, mon esprit travaillait
simultanément sur deux niveaux. D'un côté, j'offrais mon conseil pour le
problème de Ruth. De l'autre, j'essayais de comprendre ce qui se passait en
moi.
Avant de partir pour l'Afrique du Sud le jour suivant, je m'enquis
brièvement de ses projets d'avenir. Elle avait l'intention de retourner à
Jérusalem pour le Nouvel An juif, et le Yom Kippour qui, cette année-là,
tombait à la fin du mois de septembre. Par coïncidence, j'avais déjà prévu
mon retour d'Afrique du Sud via Israël pour m'arrêter quelques jours à
Jérusalem. Je sentais que je devais y être pour le Yom Kippour.
Tout au long de ma période de ministère en Afrique du Sud, je me
demandais ce que je devais faire à propos de Ruth. Deux choses étaient
maintenant sûres: Dieu voulait que je l'épouse et j'étais amoureux d'elle.
C'était à moi de faire le prochain pas. Je décidai d'envoyer à Ruth un
télégramme l'invitant à déjeuner à neuf heures à l'hôtel King David à
Jérusalem le jour précédant le Yom Kippour.
Mon ministère en Afrique du Sud s'acheva par un week-end à
l'église de Prétoria où je reçus un don d'amour généreux en devises sud
africaines. Les règlements monétaires ne me permettaient pas de sortir
l'argent du pays. Le changer en dollars aurait été trop long. Alors je me
souvins que l'Afrique du Sud était célèbre pour ses diamants. Sur un coup
de tête, je décidai d'en acheter un.
Je fus dirigé vers une bijouterie à Prétoria tenue par un membre de
l'église. Il me montra toute une gamme de diamants, m'expliquant les
caractéristiques de chacun. J'en choisis finalement un qui semblait briller un
peu plus que les autres. Le bijoutier me l'enveloppa soigneusement dans un
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morceau de papier plié et me dit de le garder dans ma poche. Cela semblait
une étrange manière de transporter un diamant, mais je suivis ses
instructions.
Comme j'allais quitter la boutique, je remarquai une belle broche en
forme d'yeux de tigre sertie en or. Le bijoutier m'en donna le prix et je
comptais l'argent qui me restait. J'en avais juste assez, alors j'achetai
également la broche et me fis faire un paquet cadeau.
Deux jours plus tard, à huit heures quarante-cinq, je pris place dans
le vestibule de l'hôtel King David à Jérusalem. Je choisis un siège en face de
la porte à tambour. Une question remplissait mon esprit: Ruth viendrait-elle
au rendez-vous?
A neuf heures précises, elle entra par la porte à tambour. Je me levai
et la saluai, puis lui montrai le chemin vers la grande salle à manger où un
copieux petit déjeuner était dressé sur le buffet.
A ma grande surprise, la conversation se passa librement dès le
début. Je lui décrivis les différentes réunions que j'avais tenues en Afrique
du Sud. Puis je mis ma main dans ma poche et en sortis la broche dans son
papier d'emballage. "Je t'ai apporté un souvenir d'Afrique du Sud", lui dis-
je.
Ruth ouvrit le paquet et en sortit la broche. "C'est magnifique!,
s'exclama-t-elle. Je ne sais vraiment pas comment te remercier." Ses yeux
étincelaient et un vague soupçon de rouge colora ses joues. Je me souvins
du bijou qu'Isaac avait envoyé à Rebecca par le serviteur d'Abraham - et
tout ce qui suivit lorsqu'elle l'accepta.
Après le petit déjeuner, nous allâmes à la principale synagogue sur
l'avenue King George afin d'obtenir des tickets pour le service du Yom
Kippour. Lorsque nous revînmes à l'hôtel, je lui suggérai de passer le reste
de la matinée sur les chaises longues de la piscine et je lui demandai de me
parler d'elle et de toutes les circonstances qui l'avaient amenées à Jérusalem.
Comme je m'y attendais, la souffrance était présente tout au long de son
histoire, avec pour apogée la miséricorde et la grâce de Dieu qui l'avait
amenée à lui et appelée à le servir en Israël.
J'étais particulièrement intéressé par la réponse à une question:
Comment avait fini son mariage? Si c'était par un divorce, comme je
l'imaginais, sur quelles bases? Avant, dans mon ministère, j'avais fait une
étude minutieuse de l'enseignement biblique sur le divorce et le remariage.
J'en avais conclu qu'une personne qui divorce d'un conjoint à cause d'une
infidélité prouvée avait un droit biblique de se remarier sans aucune ombre
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de culpabilité ou d'infériorité. Maintenant, comme j'écoutais l'histoire de
Ruth, je fus satisfait de voir qu'elle figurait dans cette catégorie.
Il nous sembla naturel de continuer notre conversation devant un
déjeuner tardif. Mais comme j'aurais dû le prévoir, les forces de Ruth
s'épuisaient. Elle ne pouvait plus parler. Mon tour était venu!
Après un moment d'hésitation, je lui racontai aussi correctement que
possible la vision que j'avais eue la représentant assise au pied du sentier
gravissant la colline.
"C'est pourquoi je t'ai invitée à me rencontrer à Kansas City,
continuai-je, et c'est pour cela que je t'ai invitée ici aujourd'hui. Je crois que
c'est le plan de Dieu que nous nous mariions et que nous le servions
ensemble." Puis, après une pause, j'ajoutai: "Mais tu ne peux pas te décider
sur la base d'une révélation que Dieu m'a donnée. Tu dois l'entendre de Dieu
toi-même."
Calmement et simplement, Ruth me répondit que Dieu lui avait déjà
parlé à ce propos. "Après notre rencontre à Kansas City, dit-elle, j'ai dit au
Seigneur que si tu me demandais en mariage, je dirais oui."
A ce moment, nous savions tous deux que notre engagement l'un
envers l'autre avait eu lieu.
Après la cérémonie du Yom Kippour à la synagogue le même soir,
je parlais à Ruth de ma relation avec les quatre pasteurs.
"Nous nous sommes mis d'accord pour ne pas prendre de décision
importante sans consulter les autres, lui expliquais-je. C'est pour cela que je
ne suis pas libre de m'engager plus avant avec toi avant de leur avoir parlé.
Cependant, je crois que Dieu a montré clairement sa volonté et qu'elle
s'accomplira."
Pendant le jour de jeûne qui suivit, Ruth et moi passâmes du temps
ensemble, nous attendant à Dieu et lui remettant nos vie pour lui, et ses
desseins. Plus nous nous approchions de lui et plus nous nous sentions
proches l'un de l'autre.
Le matin suivant, je quittai Jérusalem de bonne heure. Dans l'avion
j'eus le temps de réfléchir à tout ce qui était arrivé. Comme il est
merveilleux, pensais-je, que Dieu s'arrange pour établir notre relation l'un
envers l'autre le jour le plus saint du calendrier juif et de la sceller par la
prière et le jeûne!
Peu après mon retour aux Etats-Unis, je partageai ce nouvel
événement de ma vie avec Charles Simpson, bien que plus d'un mois se soit
écoulé avant que je ne puisse rencontrer les quatre pasteurs. Nous passâmes
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une demi-journée ensemble à discuter la question de mon mariage avec
Ruth. Comme je leur racontais la façon dont Dieu m'avait conduit, je
réalisais combien cela était subjectif et surnaturel. Pour moi, cela était si réel
et concret. Pour les autres, cela pouvait aisément apparaître comme tiré par
les cheveux et vain.
Il y avait d'autres problèmes également. Dans la rupture de son
mariage, on avait - comme je le vis - été péché contre Ruth; elle n'avait pas
péché elle-même. Néanmoins, dans les cercles chrétiens, le mot "divorcé"
produit presque toujours une réaction négative qui ne s'accorde pas
nécessairement avec l'interprétation biblique. Pour moi, enseignant biblique
avisé, épouser une femme divorcée serait une offense pour certains.
Et puis, Ruth était à moitié invalide. En tant que telle, elle serait
inévitablement plus un fardeau qu'une bénédiction dans ma vie active de
ministère. Personnellement, j'étais convaincu que sa guérison était en
marche. Mais je dois admettre qu'il n'y avait pas beaucoup de preuves
visibles pour le confirmer.
Mes frères, naturellement, se préoccupaient plus de moi que de
Ruth. Ils craignaient qu'un mariage inadéquat à ce stade puisse
compromettre tout mon ministère et empêcher les plans de Dieu pour le
reste de ma vie. Après de longues discussions, ils me dirent qu'ils ne
pouvaient pas assumer mon mariage avec Ruth pour l'instant. A ma
demande, ils me donnèrent une lettre signée d'eux tous qui, avec grâce mais
brièvement, expliquait leur point de vue.
A ce stade, je me trouvais confronté avec la plus dure des décisions
de ma vie. Ma communion avec mes frères n'était pas vraiment un contrat
légal, ni en rapport avec une dénomination. Chacun d'entre nous était libres
de l'annuler quand il le souhaitait. Devais-je le faire?
En pesant le pour et le contre, je me souciais moins de ce que mes
frères pouvaient me dire que de ce que Dieu lui-même me dirait. Pour moi,
il n'y a rien de plus important dans la vie que l'approbation de Dieu.
Je me rappelai l'image de David dans le Psaume 15 décrivant
l'homme qui trouve la faveur de Dieu et en particulier l'affirmation qu'un tel
homme "ne se rétracte point s'il fait un serment à son préjudice" (verset 4).
Un engagement qu'une personne peut renier s'il ne lui convient plus n'est
pas un engagement. De plus, dans ma période de deuil j'avais accepté la
consolation de la part de mes frères. Pouvais-je accepter la consolation
quand j'en avais besoin et rejeter leur conseil lorsqu'ils allaient contre mes
souhaits?
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Rien ne changeait en ce qui concerne mes sentiments pour Ruth.
J'étais toujours convaincu qu'elle était un don précieux venant de Dieu. Dieu
pouvait-il me demander de renoncer? Je me rappelai comment Dieu avait
donné Isaac à Abraham, puis le lui avait redemandé en sacrifice sur le mont
Morija. C'est seulement après qu'Abraham eut démontré qu'il était prêt à
faire ce sacrifice que Dieu envoya sa pleine bénédiction à la fois sur
Abraham qui accomplissait le sacrifice et sur Isaac, le sacrifice.
J'avais écrit un livre sur ce thème intitulé "La grâce de céder".1 Si je
ne voulais pas moi-même suivre ces enseignements, je serais condamné par
mon propre cœur comme quelqu'un qui prêche aux autres ce qu'il n'est lui-
même pas prêt à pratiquer dans sa vie. Je vis que mes convictions ne me
laissaient pas le choix. Je devais me plier aux décisions des frères et les
communiquer à Ruth.
Le cœur lourd, je téléphonai à Ruth pour le lui dire. Le seul
réconfort que je lui donnais c'est que je devais aller à Jérusalem deux
semaines plus tard, parce que j'avais à rencontrer des dirigeants pour une
tournée prévue là-bas. Je lui promis de lui expliquer les choses correctement
de visu.
Deux semaines plus tard, nous nous sommes retrouvés pour le petit
déjeuner à l'hôtel King David. En surface, notre rencontre était étrangement
dépourvue de passion. Je dis à Ruth tout ce qui s'était passé et lui donnai la
lettre de mes frères.
"Je sens que nous devons couper tout contact l'un avec l'autre, lui
dis-je, sauf le contact dans la prière."
Ruth m'assura qu'elle comprenait ma décision et qu'elle était
d'accord avec moi. Nous n'avions pas besoin de mots pour nous dire que nos
sentiments l'un envers l'autre n'avaient pas changé. Le petit déjeuner
terminé, je mis Ruth dans un taxi et je la suivis des yeux jusqu'à ce qu'il se
perde dans le flot des voitures.
Les jours qui suivirent, une tristesse morne s'abattit sur mon âme.
La vie était si vide. Chaque tâche était une corvée. Mes plus proches amis
semblaient loin de moi.
Puis, de façon inattendue, des paroles surgirent dans mon esprit et
s'y gravèrent: ce qui meurt à l'automne ressuscitera au printemps. Je ne
comprenais pas complètement, pourtant, elles firent naître une nouvelle
lueur d'espoir dans mon âme.
1
"The Grace of Yielding", disponible en français sous le titre ‘La grâce de céder’.
31
Vers la fin de l'année, j'étais en route pour l'Australie dans le cadre
de mon ministère. Dans l'avion, au-dessus du Pacifique, mes yeux
tombèrent sur un verset de la Bible ouverte sur mes genoux: "Du bout de la
terre, je crie à toi le cœur abattu; conduis-moi sur le rocher que je ne
puis atteindre!" (Psaume 61:3) Je fus particulièrement impressionné
puisque par rapport à Israël, l'Australie est la zone habitée la plus éloignée
de la terre.
Du bout de la terre, murmurai-je. C'est justement là que je vais! Je
relus encore une fois ces mots: "Du bout de la terre, je crie à toi..." Etait-ce
pour cela que Dieu me conduisait en Australie? Non pas tant pour enseigner
les autres que pour rechercher Dieu dans la prière?
Durant les semaines qui suivirent, la prière prit une nouvelle
dimension pour moi. J'accomplissais tous mes engagements pour mon
ministère, mais passais le reste du temps en prière. L'apogée eut lieu
pendant une semaine à Adélaïde, lorsqu'on me demanda de ne prêcher que
le soir. Chaque jour, enfermé dans une petite chambre d'amis munie de l'air
conditionné à un bout de la maison du pasteur, je m'adonnais tout entier à la
prière. La plupart du temps, j'étais sur ma face devant Dieu.
J'avais l'impression que je franchissais un long et sombre tunnel. Un
lieu de repos et d'accomplissement m'était préparé à l'autre bout, mais je ne
pouvais y accéder que par ce tunnel. Ma progression ne pouvait se mesurer
que par rapport aux heures que je passais dans la prière. Enfin, le dernier
jour de la semaine, il y eut une nette délivrance. Je sentis que j'étais arrivé à
la lumière de la fin du tunnel.
A partir de ce moment, je sus que mon avenir avec Ruth était
certain. Il n'y avait plus de lutte, plus d'inquiétude. Dans le royaume
spirituel, le combat était gagné. Je pouvais attendre avec une confiance
sereine le résultat sur la terre.
Dans les mois qui suivirent, j'eus l'impression de regarder un
échiquier vivant sur lequel une main de maître bougeait les pions les uns
après les autres pour les mettre en place. J'ai laissé à Ruth le soin de raconter
cette partie de notre histoire de son point de vue, ce qu'elle fait à la fin de ce
livre. Il suffit de dire que Dieu agit puissamment dans les cœurs de mes
frères comme il l'avait fait dans le mien. Il accorda aussi à Ruth la guérison
complète pour laquelle nous lui avions fait confiance.
En avril 1978, nous annoncions nos fiançailles, et en octobre nous
étions mariés. Charles Simpson présida la cérémonie et fut rejoint par les
autres pasteurs pour nous recommander au Seigneur. Combien nous avons
senti fortement la grâce de Dieu sur nous!
32
Avec Ruth à mes côtés, mon ministère entra dans une nouvelle
phase. Agé de soixante trois ans, j'aurais pu facilement envisager un déclin
progressif de mon énergie et de mes objectifs. Au contraire, tout mon
ministère s'élargit d'une manière que je n'aurais jamais imaginée. En
l'espace de quelques années, par la radio, les livres, les cassettes et le
ministère personnel, j'atteignais presque tout le globe. Le plus
enthousiasmant, c'est que mon émission de radio touchait des millions de
personnes qui, sans cela, n'auraient jamais entendu parler de la parole de
Dieu.
L'amour sans faille de Ruth et son engagement total m'ont donné la
force et la confiance pour accepter les nouveaux défis que Dieu mettait
continuellement devant moi. Mais la base de notre succès se trouve dans
notre ministère d'intercession quotidienne. En cela, nous avons accompli la
totalité de l'accord - de l'harmonie dans l'esprit - qui rend la prière
victorieuse.
Tandis que Ruth et moi travaillions côte à côte, Dieu ajouta une
dimension nouvelle à mon ministère de guérison. Souvent, maintenant, je
prêche durant une heure ou plus, puis ensemble nous prions pour les
malades pendant quatre ou cinq heures, tandis que Dieu donne un
témoignage surnaturel de la vérité de la parole que j'ai donnée. Avant la fin
de ces réunions, nous avons parfois imposé les mains à d'autres couples et
nous leur avons transmis le même genre de ministère surnaturel que Dieu
nous a donné.
Cette expansion de notre ministère nous a conduit dans des voyages
longs et durs dans de plus en plus de pays. Nous avons été exposés à toutes
les pressions provoquées par des changements continuels de climat, de
régime, de culture. Dans de telles situations, Ruth avait prévu mes besoins
plus rapidement que moi et avait invariablement trouvé d'ingénieuses façons
d'y pourvoir.
Dans d'autres domaines également, tels que la gestion et l'écriture,
Dieu a équipé Ruth de talents qui comblent des besoins que je n'avais même
pas imaginés. Je m'émerveille sans cesse de voir combien ses capacités
complètent les miennes comme un gant convient à une main. Une fois
encore, tout comme lors de mon premier mariage, Dieu m'a donné "une aide
qui me convient". Dans les années entre mes deux mariages, la nature de
mes besoins avait changé. Mais la façon dont Dieu y a pourvu est aussi
parfaite dans le premier cas que dans le second.
A chaque fois, Dieu œuvrait selon son propre plan pour le mariage
33
établi à l'aube de l'histoire de l'humanité, tout comme ce fut le cas pour
Lydia, puis pour Ruth. Dieu avait prévu le genre d'épouse dont j'aurais
besoin; il l'a préparée avec soin pour moi, l'a placée sur mon chemin et me
l'a désignée comme l'aide qu'il m'avait choisie.
A chaque fois également, l'accomplissement du plan de Dieu a
produit la fusion de deux personnes en une, ce qui est le but final du
mariage.
* * * * * * *
34
LE SENTIER DIVIN VERS LE MARIAGE
4. LA PORTE
* * * * * * *
39
5. QUATRE ATTITUDES A CULTIVER
42
De nombreux problèmes personnels peuvent vous venir à l'esprit:
"J'ai eu une enfance malheureuse", "mes parents étaient divorcés", "je n'ai
jamais rien réussi." "Je ne me sens pas à l'aise avec les gens, en particulier
ceux du sexe opposé," "je ne vois pas ce que la vie me réserve", etc.
Tout cela est peut-être vrai; mais si vous êtes chrétien, ce n'est plus
valable. Ecoutez ce que Paul dit: "Si quelqu'un est en Christ, il est une
nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées, voici toutes choses
sont devenues nouvelles." (2 Corinthiens 5:17)
Par la nouvelle naissance, vous êtes devenu une nouvelle créature.
Dieu ne vous a pas pris comme vous étiez pour simplement faire quelques
ajustements et vous améliorer. Il vous a entièrement renouvelé, à l'intérieur
comme à l'extérieur. Pour Dieu, vos péchés passés et vos échecs ne sont pas
seulement pardonnés; leur souvenir a été complètement effacé. Il vous a
donné un nouveau départ. C'est à vous d'accepter cela par la foi et d'agir en
conséquence.
Dans l'ordre naturel, ce qui permet à une personne de s'accepter et
de se sentir valorisée, c'est l'amour, le soin et la discipline des parents. Avec
cette base, elle est sûre de son identité. Elle sait qui elle est et d'où elle vient.
Cependant, depuis la Seconde Guerre mondiale, cela a beaucoup changé à
cause de pères délinquants ou démissionnaires dans leur rôle, féminisés, et
par des mères qui étaient également soit délinquantes ou soit se battaient en
vain pour remplir à la fois le rôle du père et de la mère. Le résultat, c'est que
nous nous retrouvons avec une génération d'enfants sans parents qui sont
devenus adultes en traînant derrière eux un sentiment d'insuffisance et
d'insécurité qui les paralyse.
C'est l'une des principales causes des mariages ratés et des relations
brisées. Les gens manquant d'assurance sont difficiles à vivre. Ils ne peuvent
pas avoir de relation suivie, mais ont continuellement besoin de quelque
chose les aidant à avoir de l'estime envers eux-mêmes. Mais rien ne dure
longtemps. De telles personnes ne savent pas recevoir l'amour, et ne peuvent
pas en donner. Le second commandement nous demande d'aimer notre
prochain comme nous nous aimons nous-mêmes. Si nous n'avons pas appris
à nous aimer, nous n'avons rien à apporter à notre prochain.
Par la foi en Christ, Dieu a donné un remède divin à cet état si
répandu dans notre société. Il est devenu notre Père céleste. Il nous a
personnellement adoptés comme ses enfants. Il nous "a acceptés en son
bien-aimé" - c'est-à-dire en Jésus Christ. Nous ne sommes plus abandonnés
ni orphelins. Nous ne sommes plus des étrangers ni des gens du dehors.
43
Nous appartenons à la meilleure famille du monde, celle de Dieu. Et parce
que Dieu nous a acceptés, nous pouvons nous accepter nous-mêmes. Agir
autrement, c'est de l'incrédulité évidente.
Légalement, tout cela est pleinement vrai à partir du moment où
nous naissons de nouveau. Cependant, par notre expérience, nous devons
cultiver une vision toujours plus grande de ce que nous sommes devenus
dans la famille de Dieu. Pour y parvenir, nous devons nous contempler de
longues heures dans le miroir de la parole de Dieu. Nous arrivons à voir
étape par étape et détail par détail ce que signifie être un enfant de Dieu.
Lorsque nous nous contemplons dans le miroir divin, l'Esprit de Dieu œuvre
en nous, nous transformant à l'image de ce que nous voyons.
C'est ce processus que Paul décrit dans 2 Corinthiens 3:18: "Nous
tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la
gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de
gloire en gloire, comme par le Seigneur, l'Esprit."
Une fois que vous avez établi une bonne attitude envers vous-
même, basée sur votre relation avec Dieu comme Père, vous êtes prêt à
considérer le troisième point important: vos relations avec les autres.
Au commencement de l'histoire humaine, la rébellion de l'homme
contre Dieu et la chute qui s'ensuivit l'enfermèrent dans l'étroite prison de
l'ego. Depuis ce temps, l'égocentrisme a été l'un des effets les plus évidents
de l'influence du diable dans la vie humaine. En délivrant ceux qui étaient
captifs d'esprits malins, j'ai observé que de telles personnes sont presque
toujours centrées sur elles-mêmes. Elles aiment passer des heures dans des
séminaires de relation d'aide et discourir longuement de tous les détails
ennuyeux de leurs problèmes. Elles ne voient pas que plus elles parlent
d'elles-mêmes, plus elles renforcent les barreaux de leur propre prison.
L'un des grands effets de la rédemption en Christ est la libération de
cette prison du moi. L'identification à Christ nous rend capables d'avoir des
relations avec les autres comme lui-même en a eues. Dans un langage
simple et concret, Paul explique comment cela fonctionne: "Que chacun de
vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des
autres. Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ..."
(Phillipiens 2:4-5)
Il existe deux causes principales aux mariages brisés ou
malheureux: le manque de considération et le manque de sensibilité chez
l'un ou l'autre. Cela mène à une rupture de la communication.
Ces problèmes peuvent se manifester dans différentes sortes
44
d'attitudes, selon le tempérament des personnes. Certaines de ces
manifestations les plus courantes sont l'infidélité sexuelle, les disputes et les
querelles, chacune des parties faisant son chemin et se construisant une vie
séparée et indépendante. Toutes ces manifestations ont une chose en
commun: elles empêchent le but final de Dieu dans le mariage qui est
l'unité.
La grâce de Dieu dans la rédemption nous offre deux antidotes
positifs: l'appréciation et la reconnaissance. L'appréciation, c'est la réaction
intérieure, et la reconnaissance l'expression extérieure. Elles agissent toutes
deux comme un lubrifiant qui permet à deux personnes de vivre en
harmonie.
Alors, cultivez-les! Approchez chaque situation et chaque relation
de façon positive. Cherchez tout ce qui est bon, petit ou grand. Lorsque vous
trouvez le bien, assurez-vous que vous ayez exprimé votre appréciation.
Cela fera de vous une personne facile à vivre. Faites cela pour toutes vos
relations et, en fin de compte, vous en récupérerez les bénéfices dans un
mariage harmonieux.
Supposons que vous ayez prié sincèrement pour un conjoint et que
votre Père céleste ait entendu votre prière. Vous pouvez être sûr qu'il vous
prépare exactement le conjoint dont vous avez besoin, au détail près. Mais
parce que c'est un Père aimant, il ne vous confiera son précieux enfant que
lorsqu'il sera sûr que vous la, ou le, traiterez comme tout enfant de Dieu doit
être traité.
Il reste encore une attitude importante à considérer: celle envers vos
parents. Vous serez peut-être surpris de la trouver dans le sujet parlant des
conditions pour arriver à un mariage réussi. Pourtant, elle y a sa place.
L'apôtre Paul cite le cinquième des dix commandements et le
commente ainsi:
"Enfants, obéissez à vos parents, selon le Seigneur, car cela est
juste. Honore ton père et ta mère (c'est le premier commandement avec
une promesse) afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps sur la
terre." (Ephésiens 6:1-3)
Paul fait remarquer que les quatre commandements précédents ne
contenaient pas de promesse. Mais pour celui-ci, qui concerne les parents,
Dieu a ajouté une promesse particulière: "... afin que tu sois heureux..." En
même temps, la promesse comprend une condition: si tu veux être heureux,
tu dois être attentif dans le fait d'honorer tes parents. A l'inverse, si tu
n'honores pas tes parents, tu ne peux pas espérer être heureux.
45
Souvenez-vous qu'il est possible d'honorer vos parents sans être
d'accord avec eux sur tous les points ni approuver tout ce qu'ils font. Vous
pouvez être fortement en désaccord avec eux sur certains sujets, et pourtant
garder envers eux une attitude respectueuse. Honorer vos parents ainsi, c'est
également honorer Dieu qui a donné ce commandement.
Je suis convaincu qu'une bonne attitude envers les parents est une
condition essentielle à la bénédiction de Dieu dans une vie. Durant toutes
les années où j'ai côtoyé des chrétiens dans l'enseignement, le pastorat, le
conseil et d'autres ministères, je n'en ai jamais rencontré aucun ayant une
mauvaise attitude envers ses parents et qui était béni de Dieu. Une telle
personne peut être zélée dans de nombreux domaines de la vie chrétienne,
active dans l'église, énergique dans le ministère, elle peut avoir une place
préparée dans le ciel. Pourtant, il y a toujours quelque chose qui lui manque:
la bénédiction et la faveur de Dieu.
J'ai vu, au contraire, de nombreux chrétiens dont les vies ont été
révolutionnées lorsqu'ils ont reconnu une mauvaise attitude envers leurs
parents, s'en sont repentis et ont fait les changements nécessaires. Je me
souviens d'un homme qui toute sa vie avait eu de l'amertume et de la haine
envers son père. Bien que celui-ci soit mort, cet homme fit des centaines de
kilomètres pour aller au cimetière où son père était enterré. S'agenouillant
devant la tombe, il répandit son cœur devant Dieu dans la contrition et la
repentance. Il ne se releva pas avant d'avoir eu l'assurance du pardon et il fut
libéré des effets néfastes de son attitude. Depuis ce jour, toute sa vie a
changé et il est passé de la frustration et de la défaite à la victoire et à
l'accomplissement.
De nombreux jeunes couples se débattent avec des problèmes dans
leur mariage dont ils ne peuvent voir la cause. Ils sont engagés avec le
Seigneur et l'un envers l'autre. Ils s'aiment réellement. Pourtant, il y a
quelque chose d'indéfinissable qui manque et qui est la faveur de Dieu.
Dans de tels cas, je leur recommande toujours d'examiner leur attitude
envers leurs parents et de faire les changements que demande l'Ecriture.
Souvent, cela a transformé un couple en conflit en couple heureux.
A notre époque, où les parents démissionnent, il faut reconnaître
que de nombreux enfants peuvent avoir des griefs légitimes. Souvent, ils ont
grandi dans des familles divisées, en conflit, sans aucun amour, ni soin, ni
discipline qu'un enfant est en droit d'attendre de ses parents. Néanmoins,
cela ne justifie pas les mauvaises attitudes de ressentiment ou de rébellion.
De plus, de telles attitudes sont extrêmement néfastes pour ceux qui les
éprouvent - plus mortelles à long terme qu'une maladie telle que le cancer.
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Il m'est arrivé de conseiller un jeune homme qui était fiancé à une
jolie jeune fille chrétienne. Il aimait sincèrement sa fiancée, pourtant parfois
son attitude envers elle se transformait en haine et en rage, frisant la
violence. A sa grande surprise, je l'interrogeai d'abord sur son attitude
envers son père plutôt que sur celle envers sa fiancée.
Il admit qu'il haïssait son père et qu'il s'était rebellé contre lui depuis
son enfance. Je le persuadai de confesser cela comme un péché,
d'abandonner sa rébellion et de pardonner à son père. Depuis ce jour, il n'a
plus eu de problème avec sa fiancée. S'il n'avait pas été libéré de sa
mauvaise attitude envers son père, il aurait fini par gâcher son mariage.
En fin de compte, cultiver une bonne attitude envers ses parents
n'indique pas nécessairement un haut niveau spirituel. C'est simplement se
rendre compte de son propre intérêt.
"Supposons que mes parents me demandent de faire quelque chose
de mal, qui est contraire à la Bible, peut me demander une jeune personne.
Est-ce que cela veut dire que je doive leur obéir?"
La réponse à cette question est un non clair et net. S'il y a
réellement un choix précis entre obéir à Dieu ou à ses parents, notre réponse
doit être celle de Pierre devant le sanhédrin: "Il faut obéir à Dieu plutôt
qu'aux hommes." (Actes 5:29) Si, au contraire, il s'agit d'une jeune personne
exprimant sa propre volonté sur un sujet où la désobéissance envers Dieu
n'est pas en cause, alors l'obligation d'obéir aux parents demeure.
Cependant, la question principale n'est pas l'obéissance, mais la
soumission. L'obéissance est un acte, mais la soumission est une attitude.
Même dans une situation dans laquelle un jeune chrétien décide que pour
obéir aux parents il faudrait désobéir à Dieu, il peut tout de même garder
une attitude de soumission. Il peut dire à ses parents: "Dans ce cas, ma
conscience ne me permet pas de faire ce que vous me demandez, mais je
vous respecte et je vous honore."
Il arrive souvent que l'attitude de respectueuse soumission d'une
jeune personne apporte un changement dans l'attitude des parents. La
soumission permet à Dieu d'intervenir, tandis que l'obstination lui ferme la
porte.
En conclusion, souvenez-vous de l'avertissement de Jésus dans
Marc 4:24: "On vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez
servis, et on y ajoutera pour vous." La façon dont vous vous comportez
avec les autres - les parents, la famille, les amis, les frères et sœurs -
déterminera la façon dont ils se comportent avec vous. Plus important
47
encore, cela déterminera la façon dont Dieu se comportera avec vous. On
vous mesurera avec la même mesure dont vous vous serez servis.
* * * * * * *
48
6. HUIT CONSEILS A SUIVRE
50
prochain pas, qui est le seul endroit illuminé pour nous."
Soyons assurés, puisque l'obéissance à la parole de Dieu nous
gardera sur le chemin qui conduit au mariage qu'il a prévu pour nous.
CONSEIL N° 2: "Mais si nous marchons dans la lumière,
comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en
communion..." (1 Jean 1:7)
Ce conseil suit naturellement le premier à propos de la marche à la
lumière de la parole de Dieu. Celui-là traite de la conséquence de la marche
dans la lumière: "Nous sommes mutuellement en communion." L'obéissance
à la parole de Dieu amène automatiquement les chrétiens ensemble et leur
permet d'être en relation les uns avec les autres.
Le contraire est également vrai. Les chrétiens jouissant pas de la
communion avec d'autres chrétiens ne marchent pas dans la lumière. Il y a
des domaines de leur vie où ils n'obéissent pas à la parole de Dieu. Les
seules exceptions seraient des chrétiens qui, à cause de circonstances
indépendantes de leur volonté, sont coupés de la communion avec d'autres
chrétiens. Ce fut vrai dans mon cas durant des mois dans les déserts
d'Afrique du Nord. Un autre exemple est celui des chrétiens emprisonnés à
cause de leur foi.
A part ces exceptions, la communion avec d'autres chrétiens est
essentielle au succès et aux progrès dans la vie chrétienne. C'est à la fois le
test et le résultat de la marche dans la lumière de la parole de Dieu.
Si nous ne cultivons pas la communion avec les frères, avec qui
serons-nous en communion? Il n'y a qu'une seule alternative: avec des non
chrétiens. La Bible nous avertit sérieusement à ce propos:
"Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger.
Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l'iniquité? Ou qu'y a-t-il de
commun entre la lumière et les ténèbres? Quel accord y a-t-il entre
Christ et Bélial? Ou quelle part a le fidèle avec l'infidèle?" (2
Corinthiens 6:14-15)
Paul ne nous dit pas d'être froids ou hostiles envers nos voisins non
chrétiens. Il nous avertit simplement que nous ne pouvons pas établir avec
des inconvertis des relations intimes qui sont réservées aux chrétiens.
Evidemment, il a en tête différents types de relations. Mais le premier mot
qu'il utilise - joug - est en général utilisé pour la relation dans le mariage. En
premier lieu, Paul nous avertit qu'il est toujours néfaste pour un chrétien de
se marier avec un non chrétien.
Je ne peux pas dire cela plus catégoriquement à chaque chrétien
51
célibataire qui lit ces pages; vous n'êtes pas libre de vous marier avec un non
chrétien. Vous n'êtes même pas libre d'en entretenir la pensée. A partir de
maintenant, si vous ne l'avez pas déjà fait, faites-vous à l'idée que le mariage
avec un inconverti est en dehors du plan de Dieu pour votre vie.
La meilleure protection contre les mauvaises relations, ce sont les
bonnes relations. Cultivez donc avec zèle la communion et l'amitié avec des
chrétiens. Dans la plupart des cas, le mariage provient de relations déjà
existantes. Si vous avez construit des relations fortes avec d'autres chrétiens,
vous ne serez pas tenté d'envisager le mariage avec un non chrétien.
Le plus sûr est de décider dès maintenant le genre de relation que
vous allez cultiver. Puis, affirmez votre décision au Seigneur avec les
paroles du psalmiste: "Je suis l'ami de tous ceux qui te craignent, et de
ceux qui gardent tes ordonnances." (Psaume 119:63)
52
Il y a pour cela deux mots clés: dépendance et sensibilité. Tout
d'abord, reconnaissez votre totale dépendance envers le Saint-Esprit. S'il ne
vous guide pas, vous manquerez le but de Dieu. Habituez-vous à chercher sa
direction pour chaque situation et pour chaque décision, grande ou petite.
Parfois, les décisions que vous pensez peu importantes sont les plus
importantes de toutes, et vice versa. Chercher la direction du Saint-Esprit ne
veut pas nécessairement dire utiliser un langage religieux dans vos prières.
Cela peut juste vouloir signifier se tourner vers lui momentanément dans
une pensée intérieure.
Ensuite, cultivez la sensibilité envers le Saint-Esprit. Ce n'est pas un
adjudant. Il ne va pas vous hurler des ordres. Son incitation est
généralement douce. Il parle d'une voix calme et douce. Si vous n'êtes pas
attentif, vous ne l'entendrez pas.
Laissez-moi vous conseiller une prière spécifique que Ruth et moi
faisons presque tous les jours: "Seigneur, aide-nous toujours à être à la
bonne place au bon moment." Nous faisons cette prière en sachant que seul
le Saint-Esprit peut l'exaucer.
Et les résultats sont souvent intéressants! Un après-midi, alors que
notre fille Jésika habitait avec nous à Jérusalem, Ruth et moi allions dans le
centre-ville pour faire des courses. Tandis que nous marchions dans la rue
principale, je dis à Ruth: "Je sens que nous devons traverser." Nous le fîmes
et continuâmes à marcher. Une minute plus tard, nous rencontrions un
couple marié, amis de Jésika. Ils étaient à Jérusalem pour une demi-journée
et voulaient la rencontrer, mais ils n'avaient ni notre adresse, ni notre
téléphone. Pendant ce temps, Jésika était à la maison, sentant le besoin de
communion fraternelle.
Grâce à cette rencontre, les amis de Jésika ont pu la voir et jouir
d'une soirée de communion avec elle. La rencontre n'aurait pas eu lieu si
Ruth et moi n'avions pas traversé la rue à ce moment-là. Qui nous a poussés
à le faire? Le Saint-Esprit, bien sûr!
Imaginez-vous dans une situation similaire. Vous conduisez dans
une rue en cherchant à vous garer pour aller acheter un hamburger. Il y a
une place de chaque côté de la rue. Dans l'un des deux restaurants, il y a une
jeune personne que vous n'avez jamais rencontrée mais que Dieu a préparée
pour vous. "Quelque chose" pousse votre main sur le volant et vous vous
garez sur le parking de gauche. A l'intérieur, vous faites connaissance avec
une jeune personne qui, comme vous, a prié pour le conjoint que Dieu lui a
choisi. En fin de compte, vous découvrez que c'était un rendez-vous que
53
Dieu avait prévu pour vous deux.
Qui a saisi votre main? Le Saint-Esprit. Mais si vous n'y aviez pas
répondu, vous seriez passé à côté du plan de Dieu pour votre vie. Il ne suffit
donc pas de prier simplement. Vous devez aussi laisser le Saint-Esprit vous
guider vers la réponse à votre prière.
Parfois, le Saint-Esprit vous guide sur des chemins extraordinaires
ou surnaturels. D'autres fois, il œuvre à travers un coup de coude ou un
murmure. Nous devons être prêts aux deux. Si nous ne sommes pas ouverts
au surnaturel, nous mettons arbitrairement des limites au plan de Dieu pour
notre vie. Il peut avoir prévu quelque chose qui dépasse de loin nos
espérances naturelles et qu'il ne peut nous révéler que de façon surnaturelle,
par une vision par exemple ou une prophétie. Si nous ne cherchons que le
côté peu commun ou surnaturel, nous pouvons passer à côté du léger coup
de coude ou du murmure. Ce n'est pas à nous de décider à l'avance la façon
par laquelle le Saint-Esprit œuvrera. Nous devons rester sensibles quelle que
soit la manière dont il nous guide.
CONSEIL N° 4: "Garde ton cœur plus que tout autre chose, car
de lui viennent les sources de la vie." (Proverbes 4:23)
Il existe une zone centrale de la personnalité humaine et décisive
pour la destinée humaine que la Bible appelle "le cœur". Ce qui guide votre
cœur déterminera le cours de votre vie. Vous devez garder votre cœur plus
soigneusement que n'importe quelle autre partie de votre corps. Cela
s'applique particulièrement aux impulsions et aux émotions liées au sexe.
Soyez continuellement vigilant, tout d'abord en ce qui concerne ce
que vous permettez d'entrer dans votre cœur. Dans notre culture
contemporaine, les jeunes gens sont en particulier continuellement soumis à
des influences qui sapent les critères bibliques dans le domaine du sexe et
du mariage. Elles sont à œuvre dans les enseignements dans les écoles et les
collèges, à travers les médias, l'incitation à regarder et par d'autres moyens
difficiles à détecter. Si vous voulez trouver le plan de Dieu pour votre
mariage, vous devez mettre une garde sur votre cœur afin de refuser
l'intrusion de tout critère antibiblique et antichrétien.
Une autre influence dont il faut se garder, c'est celle de
l'imagination. A un certain moment de l'adolescence, il est commun de
s'abandonner à de douces rêveries. Mais ne leur permettez pas de se
transformer en pure imagination. Si vous avez tendance à cela, résistez-y
fermement et efforcez-vous d'affronter la réalité. Autrement, vous
54
parviendrez à un point où il vous sera difficile de faire la différence entre la
fantaisie et la réalité. Et lorsque vous arriverez au mariage, vous vous serez
fait une image subjective et irréelle de la personne qui doit être votre
conjoint.
Cela peut vous toucher de deux façons différentes. Premièrement, le
conjoint que Dieu a prévu pour vous peut ne pas correspondre à l'image de
votre fantaisie, et vous pouvez ne pas vouloir accepter son choix. Ou vous
pouvez imposer l'image rêvée sur une personne réelle et vous marier avec
elle - pour découvrir après le mariage que la véritable personne est
totalement différente de l'image que vous aviez d'elle, et n'est pas du tout
celle que Dieu avait choisie pour vous.
Ne soyez pas moins attentif à ce qui sort de votre cœur. Ne tolérez
pas les flirts ou les relations superficielles avec le sexe opposé. Cela peut
paraître excitant de vous laisser aller à vos émotions et d'être vous-même
troublé, mais un jour vous découvrirez que vos émotions vous ont échappé.
Tout comme l'apprenti sorcier découvrant la formule pour libérer l'eau mais
ne sait plus comment l'arrêter, vous pouvez découvrir que vous avez laissé
échapper vos émotions et que vous ne pouvez plus les contrôler. Résultat:
des complications sentimentales avec une personne qui n'est pas du tout le
conjoint que Dieu a prévu pour vous.
Voici une règle sage à suivre. Premièrement, découvrez le conjoint
que Dieu a choisi pour vous. Puis, libérez vos émotions envers cette
personne. Ainsi, vous n'aurez pas à arrêter le flot.
56
que j'ai appris par expérience combien il était important. Après avoir
rencontré Ruth, j'ai su que Dieu avait placé dans mon cœur "une graine''
d'amour pour elle; pourtant je devais la regarder tomber dans le sol et
mourir. Si je n'avais pas compris et accepté ce principe, je n'aurais peut-être
jamais eu la foi de persévérer jusqu'à la résurrection que Dieu avait préparée
pour nous.
Comme à cette époque je luttais contre la volonté de Dieu dans ma
vie, je criai: "Seigneur, pourquoi me donnes-tu quelque chose et me
demandes-tu de te le rendre? Pourquoi tant de choses bénies doivent passer
par la mort et la résurrection?"
Je sentis que Dieu me faisait cette réponse: "Parce que lorsque je
ressuscite une chose, je la ressuscite comme je veux qu'elle soit, et non
comme elle était auparavant."
Ce fut certainement vrai en ce qui concerne ma relation avec Ruth.
Passer par la mort et la résurrection lui a donné une profondeur et une
assurance qu'elle n'aurait jamais eue sans cela. Si Dieu doit vous conduire
dans une expérience similaire, j'espère que notre témoignage vous donnera
l'encouragement dont vous avez besoin.
* * * * * * *
58
7. LA PREPARATION D'UN HOMME AU MARIAGE
59
Voici une image biblique claire du rôle du mari qui devient
également un père: il représente Christ pour sa femme et sa famille. Quelle
immense responsabilité et quel saint privilège!
Comment pouvez-vous vous préparer à affronter ce redoutable défi?
La clé de la vie de Jésus, c'était sa relation avec le Père. Il l'exprime
de différentes manières: "... le fils ne peut rien faire de lui-même, il ne
fait que ce qu'il voit faire au Père; et tout ce que le Père fait, le Fils
aussi le fait pareillement."(Jean 5:19) "Celui qui m'a vu a vu le Père; ...
les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; et le Père qui
demeure en moi, c'est lui qui fait les œuvres". (Jean 14:9-10)
De la même façon, votre succès en tant que chef de famille
dépendra de votre relation avec Jésus. Faites de lui la source de vos paroles
et de vos actions. Faites confiance à sa force et à sa sagesse en vous et non à
vous-même. Laissez-le vivre sa vie en vous.
Quelles sont les facettes de sa vie qui vous seront révélées en tant
que mari et père?
Tout d'abord, Jésus est le fiancé et l'époux de son Eglise. Tous les
autres ministères jaillissent de la fontaine profonde et pure de son amour.
Laissez-le ouvrir cette fontaine dans votre cœur. Ne soyez pas effrayé par la
tendresse. C'est une marque de force et non de faiblesse. "L'amour est fort
comme la mort." (Cantique des Cantiques 8:6) "(l'amour) excuse tout,
croit tout, espère tout, supporte tout. La charité ne périt jamais." (1
Corinthiens 13:7-8)
Voyez la tendresse avec laquelle l'Eternel parle à Israël dans
Jérémie 31:3: "Je t'aime d'un amour éternel; c'est pourquoi je te
conserve ma bonté." C'est par cette tendresse que Jésus amène son peuple
à lui. Laissez-le vous en communiquer une partie. Par elle, il vous amènera
votre épouse tout comme il amène l'Eglise à lui.
Dans notre société moderne, puissante et cynique, il y a fort peu de
place pour la véritable tendresse. C'est pratiquement devenu une qualité
oubliée. Pourtant, quelque chose en chaque femme la désire. Elle y répondra
tout comme une fleur ouvre ses pétales au soleil.
La tendresse va de pair avec le romantisme. Si vous voulez une
image des deux, étudiez le Cantique des Cantiques. Ce magnifique livre,
souvent négligé, enseigne beaucoup de choses aux enfants de Dieu sur
l'amour, qu'il soit divin ou humain. Je me souviens qu'un jour Lydia m'a dit:
"Chaque fois que je suis conduite à lire le Cantique des Cantiques, je sais
que je suis à un haut niveau de vie spirituelle."
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Dans les semaines qui précédèrent mon mariage avec Ruth, je lus le
Cantique des Cantiques plusieurs fois. J'en étudiai les différentes parties -
l'amant, la Sulamithe, les amis. Je crois que cela m'a aidé à bâtir la relation
dont Ruth et moi jouissons.
Le romantisme n'est pas une activité particulière en elle-même.
C'est une qualité communiquée à d'autres activités qui les rendent plus
excitantes et plus agréables. Cela peut s'illustrer par une chose aussi simple
que prendre un repas. Le romantisme n'est pas un plat en plus à la fin d'un
repas. C'est l'assaisonnement du plat. Il peut communiquer ce petit goût de
plaisir en plus aux activités aussi banales que faire les courses, aller à
l'église ou se balader le soir.
Laissez-moi partager avec vous une expérience personnelle. J'ai
aidé à élever neuf filles de différentes races. J'ai été marié deux fois. Je suis
habitué aux cultures et aux styles de vie de différentes parties du monde. Je
ne crois pas qu'il existe une femme dans le monde qui n'apprécie pas le
romantisme et la tendresse. Pourquoi voudriez-vous vous installer dans un
mariage monotone? Suivez l'exemple de Jésus et visez un mariage qui sera
comme celui qu'il envisage avec son Eglise.
Une autre qualité de l'amour de Jésus est qu'il se donne. "Christ a
aimé l'Eglise et s'est donné lui-même pour elle." (Ephésiens 5:25) Un
mariage heureux doit suivre cet exemple. Il s'agit de deux vies qui se
consacrent l'une à l'autre. Premièrement, le mari, comme Jésus, donne sa vie
pour sa femme. Puis la femme, à son tour, comme l'Eglise, donne sa vie
pour son mari. Ensuite, chacun trouve son accomplissement dans la vie de
l'autre. La clé à ce genre de relation est de comprendre que le mariage
biblique est basé sur une alliance. (J'ai expliqué comment cela fonctionne
dans mon livre "Le mariage: une alliance".1)
Le don de soi n'est pas naturel pour la nature humaine déchue. Il
doit être cultivé. Il demande tout d'abord une décision. Puis, il doit
s'accomplir dans la vie quotidienne jusqu'à ce qu'il fasse partie de votre
caractère. N'attendez pas le mariage pour commencer à donner de vous-
même. Cela peut conduire à des souffrances inutiles pour vous et votre
épouse.
Lorsque j'ai épousé Lydia, j'avais très peu d'expérience des
concessions qu'il fallait faire pour entretenir des relations personnelles, car
je n'avais ni frère ni sœur. En regardant en arrière, je réalise que cela a causé
des problèmes inutiles pour Lydia et les enfants. Je remercie Dieu pour la
1
Disponible en français, à commander chez votre diffuseur ou chez l'éditeur.
61
grâce qu'il nous a donnée afin de pouvoir surmonter ces problèmes. Trente-
trois ans plus tard, lorsque j'ai épousé Ruth, je lui dis qu'elle allait avoir un
mari bien mieux préparé que ce qu'avait connu Lydia.
Votre mariage sera gagnant si vous apprenez maintenant à donner
de vous-même dans les relations que vous avez avec ceux qui vous
entourent. Si vous habitez toujours à la maison, donnez-vous dans de petits
services. Sortez les poubelles même si ce n'est pas votre tour. Aidez à la
vaisselle pour que votre sœur puisse sortir avec son ami. Gardez votre petit
frère pour que vos parents puissent avoir une soirée à eux.
Dans le contexte de la vie de l'Eglise, il y a aussi beaucoup
d'occasions pour le service: visitez les malades, lavez la voiture du pasteur,
portez-vous volontaire pour nettoyer la salle le dimanche matin, aidez la
veuve ou la personne handicapée à faire ses courses. Tous ces actes,
apparemment sans importance, vous aideront à bâtir en vous quelque chose
de la nature de Jésus qui se donne lui-même, et enrichira chaque jour votre
mariage en faisant de vous un modèle pour vos propres enfants.
L'image de Jésus comme époux dans Ephésiens 5:25-26 amène un
autre aspect de son ministère - celui d'enseignant. Il s'est donné lui même à
l'Eglise "afin de la sanctifier après l'avoir purifiée par l'eau et la
parole". L'enseignement de la parole de Dieu doit rendre l'Eglise pure et
sainte, apte à devenir l'épouse du Christ.
Voici une autre façon de représenter Jésus pour votre femme et
votre famille: faites en sorte de recevoir pour eux l'enseignement biblique
qui leur convient pour faire partie de son épouse. Si Dieu bénit votre maison
par des enfants, l'une de vos tâches les plus importantes sera de les
enseigner. "Pères, n'irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les
corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur." (Ephésiens 6:4)
Dans de nombreuses familles aujourd'hui, l'enseignement biblique
incombe souvent aux mères. Cela est contraire à l'ordre divin. La mère a
certainement son rôle à jouer, mais la responsabilité première incombe au
père. Dans une maison où seule la mère donne l'instruction spirituelle, les
garçons ont tendance à penser que "la Bible est un livre de femme".
Lorsqu'ils deviennent adolescents, ils peuvent en conclure qu'elle n'a plus
rien à leur offrir.
Comment pouvez-vous vous préparer pour remplir le rôle
d'enseignant dans votre maison?
Tout d'abord, acquérez une connaissance générale de la Bible. Si
possible, fréquentez une église locale où l'on dispense un bon enseignement
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biblique. Vous pouvez le compléter par différents moyens: livres, cassettes,
cours par correspondance, séminaires, conférences, programmes de radio,
etc.
A partir de là, faites systématiquement des études approfondies des
grandes doctrines de base de la foi chrétienne. Vous aurez besoin de ce
solide fondement pour bâtir. Concentrez-vous sur des livres tels que
Romains, Galates, Ephésiens, Hébreux. Différents supports sont disponibles
à partir de ces sources. Soyez prêt à travailler dur!
En même temps, demandez à Dieu d'ouvrir une porte pour une
situation qui vous permette de partager avec d'autres la connaissance
acquise. Il existe différentes possibilités: un groupe de maison, un groupe
d'étudiants, une classe d'école du dimanche, une mission. Enseigner les
autres est le meilleur moyen de vous rendre compte de ce que vous avez
réellement appris.
Tout cela vous préparera à remplir le rôle d'enseignant dans votre
propre maison. A partir de là, vous serez qualifié pour enseigner les vérités
de base. En plus de cela, grâce à vos propres études, vous aurez découvert
d'autres sources d'enseignement, telles que celles mentionnées plus haut.
Appuyez-vous sur elles afin de construire sur le fondement de la
connaissance biblique que vous avez pu poser dans la vie de votre famille.
Le ministère d'intercesseur de Jésus est étroitement lié à celui
d'enseignant. L'auteur de l'épître aux Hébreux nous dit qu'après son
ascension, Jésus entra dans le saint des saints derrière le second voile pour
apparaître en tant que grand sacrificateur pour nous: "C'est aussi pour cela
qu'il peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui,
étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur." (Hébreux 7:25)
En représentant Jésus pour votre femme et votre famille, vous devez
apprendre à combiner les rôles de sacrificateur intercesseur et d'enseignant.
En tant qu'enseignant, vous représenterez Dieu pour votre famille. Il n'y a
pas de plus grand ministère ouvert pour vous. Voici quelques manières de
vous y préparer.
Tout d'abord, étudiez avec soin les modèles bibliques de ce genre de
ministère d'intercession. Notez les résultats obtenus dans chaque situation.
Voici quelques exemples marquants:
¨ Abraham qui intercède pour son neveu Lot et la ville de Sodome
(Genèse 18:16-33);
¨ Moïse qui intercède pour Israël après le veau d'or (Exode 32:1-14);
¨ Moïse et Aaron qui intercèdent pour les Israélites qui meurent d'une
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plaie (Nombres 16:41-50).
Méditez sur les implications de ce que Dieu dit à propos d'Israël
dans Ezéchiel 22:30: "Je cherche parmi eux un homme qui élève un
mur, qui se tienne à la brèche devant moi en faveur du pays, afin que je
ne le détruise point, mais je n'en trouve point." Quel que soit l'endroit où
Dieu vous place, vous pouvez apprendre à être un homme qui se tient sur la
brèche pour les autres.
Vous vous inspirerez également en mémorisant la bénédiction
sacerdotale qu'Aaron et ses fils furent chargés de prononcer sur leurs frères
israélites (Nombres 6:24-27). En devenant sacrificateur pour votre famille,
vous aurez un modèle pour les bénir, ce qui sera l'un de vos plus grands
privilèges!
La seconde façon de vous préparer pour le rôle de sacrificateur
intercesseur consiste à cultiver une vie de prière personnelle régulière (si
vous ne le faites pas déjà). Soyez systématique; consacrez-y le meilleur de
votre temps. Demandez à Dieu de mettre sur votre cœur les personnes pour
lesquelles il veut que vous priiez. Ce peut être des membres de votre famille
ou de votre église, des collègues de travail ou d'autres associés. Vous devrez
y inclure des serviteurs de Dieu qui vous ont aidé et qui, de la même
manière, aident les autres. Il est souvent pratique de faire une liste des
personnes pour lesquelles vous priez régulièrement. Acceptez une
responsabilité personnelle pour eux devant Dieu.
Ensuite, participez régulièrement aux réunions de prière. Apprendre
à prier avec d'autres vous aidera à dépasser votre timidité et vous aidera, au
bout du compte, à prier avec votre femme et votre famille. La prière doit
devenir une activité aussi naturelle pour votre famille que manger ou jouer.
Il y a un bienfait important qui résulte de l'apprentissage du
ministère de sacrificateur intercesseur: cela vous aidera grandement dans les
autres rôles dans lesquels vous cherchez à représenter Jésus. En fait, votre
réussite dans le ministère de la prière déterminera probablement un succès
grandissant dans d'autres domaines.
Le meilleur résumé de vos responsabilités, en tant que représentant
de Jésus dans votre maison, est contenu dans l'idée donnée au début de ce
chapitre: chef de famille. En terme pratique, qu'est-ce que cela vous indique
sur votre rôle?
Laissez-moi vous répondre en vous posant une autre question:
quelle est la fonction de la tête par rapport au reste du corps? Elle prend
trois formes: recevoir l'information de chaque partie du corps, prendre des
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décisions, donner des instructions. Chaque partie du corps a le droit de
communiquer avec la tête, mais la tête est responsable d'assimiler les
informations qu'elle reçoit, puis de faire faire l'action convenable.
Appliquez cette simple illustration au rôle que vous allez tenir en
tant que chef de votre maison. Premièrement, vous devez être ouvert à la
communication avec tous les membres de votre famille - chaque besoin,
chaque blessure, chaque pression, chaque idée créative ou constructive.
Ensuite, vous devez être capable d'assimiler toutes ces informations et
décider de l'action appropriée pour toute la famille. Même si vous recevez
des suggestions de chaque membre de votre famille, votre décision doit être
celle qui est la meilleure pour la famille dans son ensemble. Troisièmement,
après avoir pris votre décision, vous devez en premier la faire exécuter par
les membres de la famille qui doivent la mener à bien.
Qu'est-ce que cela va exiger de vous? Tout d'abord, de la sensibilité
- la capacité de voir les besoins et les sentiments des autres, d'anticiper les
problèmes et les dangers, d'accepter et d'appliquer des idées constructives.
Ensuite, il vous faudra de la sagesse pour prendre des décisions qui
n'affecteront pas seulement votre propre vie, mais aussi celle des autres.
Troisièmement, cela demandera de la force de caractère et de la volonté
pour voir que vos décisions sont menées à bien, engageant quand il le faut la
coopération des autres.
Dans 1 Timothée 3:4-5, Paul compare la responsabilité d'un ancien
de l'église à celle d'un mari et d'un père dans sa maison: "Il faut qu'il
dirige bien sa propre maison, et qu'il tienne ses enfants dans la
soumission et dans une parfaite honnêteté; car si quelqu'un ne sait pas
diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l'Eglise de
Dieu?"
La signification du verbe traduit par "diriger" est "rester à la tête ou devant".
C'est la position du mari et du père. Il va devant sa famille. Il ouvre la voie.
Lorsque le mal ou le danger menacent sa famille, il se tient en face d'eux,
s'intercalant entre eux et ce qui les menace. Tout cela peut se résumer en un
mot: direction.
Dans presque tous les domaines de notre société aujourd'hui, il y a
pénurie de dirigeants efficaces. Il y a aussi des forces mauvaises - à la fois
naturelles et surnaturelles - qui s'y opposent et cherchent à miner là où ils
pourraient surgir. L'une des conséquences majeures de cet état de fait a été
la désintégration effrayante de la vie de famille. Le plan de Dieu pour le
mariage et la famille dépend de la restauration du rôle de dirigeant que la
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Bible décrit.
Si vous souhaitez être ce genre de chef chez vous, vous devez avant
tout vous armer pour affronter l'opposition. Vous irez à contre-courant de la
culture actuelle. Mais après tout, c'est la différence entre un poisson mort et
un poisson vivant; un poisson vivant peut nager à contre-courant, un mort
ne fait qu'y flotter.
Il y a deux fondements sur lesquels ce genre de dirigeant doit se
baser: la responsabilité et la crainte. Normalement, ils s'acquièrent tout
d'abord dans des fonctions apparemment humbles et sans importance. Après
cela, ils peuvent être à la base d'un succès dans tous les domaines de la vie.
Sans eux, aucun réel succès n'est possible. Jésus a dit: "Celui qui est fidèle
dans les moindres choses l'est aussi dans les grandes, et celui qui est
injuste dans les moindres choses, l'est aussi dans les grandes." (Luc
16:10)
Je me souviens d'un jeune homme que je connaissais - appelons-le
Arthur - qui était complètement plongé dans la drogue. Puis,
miraculeusement, il rencontra Jésus et fut délivré. Mais les forces de son
esprit et de sa volonté avaient presque complètement été anéanties par les
drogues. Un pasteur invita Arthur à vivre chez lui et commença à essayer de
le réhabiliter. La consigne était simple: chaque fois que tu dois faire quelque
chose, cherche l'aide de Jésus et sois fidèle.
Après deux ans environ, Arthur avait trouvé un travail dans une
société. Ses responsabilités étaient des plus simples et des plus humbles:
nettoyer par terre, vider les poubelles, etc. Pour chacune de ces tâches, il
appliquait la formule du pasteur: cherche l'aide de Jésus et sois fidèle. Peu à
peu, sa fidélité lui valut des promotions, chacune lui valant plus de
responsabilités que la précédente. Il redevenait un membre normal de la
société.
Après encore quelques années dans l'entreprise, il décida qu'il
devait la quitter et se former à une profession plus spécialisée. Lorsqu'il
commença à expliquer à son employeur ce qu'il désirait, celui-ci lui coupa la
parole: "Vous ne pouvez pas partir! Vous êtes la seule personne dans cette
société en laquelle je puisse avoir confiance. Restez avec moi et je vous
formerai pour prendre en main l'affaire quand je prendrai ma retraite."
Arthur récoltait les fruits qu'il avait semés par sa fidélité constante.
Les observations de Salomon sur la fidélité sont très claires. Dans
Proverbes 28:20 il dit: "Un homme fidèle est comblé de bénédictions",
tandis que dans Proverbes 20:6 il demande: "Mais un homme fidèle, qui le
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trouvera?" Dans l'administration de son grand royaume, Salomon savait
qu'il avait besoin d'hommes fidèles. Pourtant, même avec tous les meilleurs
hommes d'Israël à sa disposition, il a dû chercher quelqu'un répondant à
cette qualification.
Les deux caractéristiques de la responsabilité et de la fidélité
peuvent se cultiver dans presque toutes les situations. Joseph les a d'abord
cultivées dans la maison de Potiphar, puis en prison. Le résultat fut une
promotion. Ce sera presque toujours comme ça!
Les gens me demandent où j'ai reçu ma formation pour le ministère.
Parfois je réponds: "Lorsque j'étais aide-soignant dans l'armée britannique
en Afrique du Nord." J'ai fait des études avant de connaître le Seigneur. En
fait, j'étais intellectuellement suréquipé. Ce qu'il me fallait, c'était
l'expérience pour être confronté à des situations de la vie réelle et accepter
la responsabilité des besoins des autres.
Durant une année complète dans le désert, j'étais chef de ce que
l'armée anglaise appelle "une escouade" de huit brancardiers. Nous vivions
dans un camion de trois tonnes que nous partagions avec ses deux
chauffeurs. Tous les onze - nous vivions, nous mangions, nous dormions et
nous partagions ensemble les épreuves - sommes devenus célèbres sous le
nom des "pionniers de Prince".
Durant toute cette période, j'avais une compagne permanente: ma
Bible. Je transportais une édition de poche partout. Lorsque je n'étais pas
occupé, je la lisais. J'étais étonné de découvrir combien elle était pratique.
Elle décrivait toujours une situation dans laquelle je me trouvais ou un
problème auquel j'étais confronté. Elle me montrait également toujours la
réponse de Dieu. A la fin de ce temps dans le désert, j'avais une bonne
connaissance générale de la Bible, ce qui m'a permis d'avoir un solide
fondement pour chaque phase importante de mon développement spirituel.
Durant les cinq années de l'armée, après que j'eus rencontré le
Seigneur, j'ai donné un bon témoignage chrétien. Sur des questions de
conscience, j'ai parfois dû prendre une position qui m'a opposé à mes
compagnons soldats et aux officiers au-dessus de moi. Lorsque je fus enfin
démobilisé, mon certificat d'évaluation portait la mention la plus élevée
dans l'armée britannique: exemplaire. Cela était sans doute plus significatif
que n'importe quel diplôme que j'aurais pu avoir.
Evidemment, votre vie ne sera pas exactement comme la mienne.
Dieu nous traite comme des individus. Louez-le pour cela! Ni l'Eglise ni le
monde n'ont besoin de chrétiens stéréotypés. Pourtant, il y a certains
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principes généraux qui s'appliquent à la plupart d'entre nous.
Tout d'abord, donnez-vous sans réserve à Dieu (je parle plus en
détail de cela au chapitre quatre). Ainsi, vous pourrez lui faire confiance
pour vous guider sur le chemin qui accomplit le plan spécial pour votre vie.
Il y a un verset particulièrement vrai, dans mon expérience, dans Proverbes
3:6: "Reconnais-le dans toutes tes voies et il aplanira tes sentiers."
Ensuite, considérez chaque situation dans laquelle vous vous
trouvez comme prévue par Dieu pour vous enseigner et développer un
aspect de votre caractère ou de votre personnalité. Vous pouvez vous
trouver dans des situations déplaisantes ou inattendues, mais ne vous
plaignez pas. Souvenez-vous de Joseph en prison! Je ne peux pas dire que
j'ai apprécié le temps que j'ai passé dans le désert, mais je remercie Dieu
pour la façon dont il m'a équipé pour la suite.
Troisièmement, faites de l'étude de la Bible votre première priorité.
Ne laissez jamais rien prendre le dessus. Cherchez à interpréter chaque
phase de votre expérience à sa lumière. Vous serez étonné de voir ce que
cela donne.
Dans le domaine de l'éducation, je vous suggère de chercher à faire
un lien entre ce que vous étudiez et la vie que vous croyez que Dieu a
prévue pour vous. Je ne suis pas personnellement pour l'éducation à tout
prix. "L'éternel étudiant" est souvent pathétique. En ce qui concerne ce
genre de vie, l'homme le plus sage du monde a fait le commentaire suivant:
"On ne finirait pas si on voulait faire un grand nombre de livres, et
beaucoup d'étude est une fatigue pour le corps." (Ecclésiaste 12:12)
Parfois, il semble qu'il n'y ait pas de fin à l'obtention des diplômes!
Votre développement spirituel doit normalement trouver pleinement
son expression dans l'ordre de la communauté d'une église locale. Là, grâce
à la direction adaptée d'un pasteur, vous pourrez expérimenter un
développement constant dans trois domaines liés: votre compréhension de la
parole de Dieu, votre formation pour le service de Dieu; et l'affinage et le
renforcement de votre caractère chrétien. Le même processus qui fera de
vous un homme de Dieu "propre et équipé à toute bonne œuvre" (2
Timothée 3:17) vous préparera également à être le chef de votre famille.
* * * * * * *
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8. LA PREPARATION D'UNE FEMME AU MARIAGE
Comment puis-je être prête pour le mariage? ... Je ne sais même pas
si quelqu'un me demandera en mariage!... Je ne sais pas quel genre d'homme
je devrai épouser ... Toutes les relations que j'ai eues ont échoué ... Il n'y a
pas d'hommes célibataires qui me plaisent ... Se marier est un risque. Je ne
vois pas beaucoup de mariages heureux, même dans l'Eglise ... Est-ce
nécessaire de se préparer, puisque je ne sais pas si cela m'arrivera? ...Je ne
veux pas gâcher ma vie à attendre et à me poser des questions...
Ce sont des femmes célibataires qui m'ont dit toutes ces choses.
Chaque objection est valable. Les jeunes femmes d'aujourd'hui rencontrent
des circonstances et des problèmes uniques à ce siècle. Depuis Eve jusqu'à
nos jours, la destinée de la femme était établie: soit elle se marierait et aurait
des enfants, soit, si personne ne le lui demandait, elle resterait dans sa
famille à aider ceux qui auraient besoin d'elle. Ces choses ont changé de
façon radicale de mémoire d'homme, en particulier depuis la "libération"
des femmes.
Il est évident que cette libération a apporté beaucoup de choses
positives. De nombreuses femmes ont été libérées de l'exploitation ou de
liens qui, parfois, pouvaient s'apparenter à de l'esclavage. Malheureusement,
le bilan fait état d'autant de dettes que de gains. Le taux de divorce a grimpé
en flèche, le nombre de mariages a diminué, des millions de bébés ont été
tués par l'avortement, d'autres ne sont pas désirés ou mal aimés, la vie de
famille s'est détériorée, de nombreuses femmes sont insatisfaites et
frustrées.
Face à tout cela, il est difficile pour une jeune femme d'aujourd'hui
de savoir comment se préparer au mariage. Dans les générations
précédentes, les mères et les grand-mères formaient leurs filles pour cela
tous les jours. Mais c'est rare aujourd'hui. Une femme dont le mariage a raté
ne peut enseigner sa fille et donner l'exemple. Souvent, la mère elle-même
n'a eu aucune formation, parce que le mariage de sa mère avait raté. De
plus, une femme qui a travaillé dur toute la journée pour gagner sa vie n'a
souvent que peu d'énergie et de temps à consacrer à enseigner à sa fille les
tâches ménagères.
Une partie naturelle de la préparation au mariage consiste à
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observer, dans la famille, les rôles de chacun des sexes, et la relation entre le
père et la mère. La fille qui grandit dans un foyer brisé ne peut observer sa
mère dans son rôle de femme. Si elle n'a pas de père à la maison, elle est
privée de la possibilité d'avoir une relation naturelle et proche avec un
homme. Une fille a besoin de l'admiration de son père lorsqu'elle commence
à prendre de la maturité, autant pour sa propre estime que pour se préparer à
se confier à son mari.
Plutôt que de recevoir une préparation pratique au mariage, une fille
de cette génération est bombardée de philosophies humanistes et féministes
dans les écoles qu'elle fréquente, les films qu'elle voit, les émissions de
télévision qu'elle regarde, les magazines qu'elle lit. On lui enseigne à se
rendre attirante. On attend d'elle qu'elle fasse carrière et on lui offre des
possibilités de formation - mais pas la façon de réussir sa vie de femme.
Nous pourrions nous demander s'il est encore possible pour une
jeune femme de se préparer au mariage aujourd'hui. Dans une société qui a
tant changé, est-ce utile d'essayer de se préparer? Est-ce qu'elle ne doit pas
simplement tenter sa chance?
Ma réponse est que pour celles qui veulent prendre le temps et faire
l'effort de payer le prix, la préparation au mariage sera pour elles un bienfait
inestimable. Qu'elles se marient ou pas, cette préparation au mariage peut
leur permettre de s'épanouir.
De plus, les effets ne sont pas limités à la vie sur cette terre. Dieu
avait un plan avant le commencement des temps pour préparer une épouse
pour son fils, le Seigneur Jésus. La Bible donne une image vivante de
l'apogée de cet âge: les noces de l'Agneau.
Des années avant que je n'envisage de me marier avec Derek, j'ai
été interpellée et inspirée par l'affirmation finale d'Apocalypse 19:7: "... et
son épouse s'est préparée...". Le Seigneur s'est lui-même révélé à moi
lorsque j'avais quarante ans et que j'étais divorcée, et m'a remplie d'un
incroyable amour pour lui. J'étais émerveillée qu'il puisse autant m'aimer,
qu'il m'accepte comme j'étais, qu'il ait un plan spécifique pour ma vie.
Dans l'Ecriture, j'ai vu cependant que ce plan n'était pas simplement
fait pour me donner un bonheur temporaire. Il voulait partager son éternité
avec moi! Il était de ma responsabilité de me préparer à faire partie de son
épouse.
Cela me donna une perspective totalement nouvelle de mon état de
célibataire. Le but en soi n'était pas de développer mon caractère et
d'apprendre à mener une vie satisfaisante et épanouissante, mais c'était le
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chemin pour quelque chose d'infiniment plus grand. A partir de ce moment,
je trouvais un accomplissement total à servir mon Seigneur bien-aimé de
tout mon cœur.
Quelques années plus tard, curieusement et de façon inattendue, il
fit entrer Derek dans ma vie et je me trouvais prête à me marier avec mon
époux terrestre. (Je raconte cette histoire au chapitre douze.) Ce que je
découvris alors, et que je continue à découvrir, c'est que les mêmes qualités
qui rendent une femme agréable au Seigneur la rendront agréable à son
mari.
Si vous concevez la préparation au mariage au plan terrestre avec
votre cœur tourné vers le Seigneur Jésus, en vous souvenant que votre
dernière destinée est de faire partie de sa merveilleuse épouse, alors vous ne
serez pas simplement heureuse temporairement, mais vous connaîtrez une
félicité éternelle. La préparation au mariage vous préparera aussi pour Jésus.
Mon but premier, dans ce chapitre dédié principalement aux
femmes, est de les aider à voir leurs buts plus clairement et à devenir la
femme qui complétera - rendra complet - l'homme que Dieu a créé pour elle.
Je vous donnerai des conseils éprouvés, pratiques, tirés de l'Ecriture, de mon
expérience ou de celle d'autres femmes.
Ces conseils devraient améliorer la qualité de votre vie en tant que
femme célibataire, que vous soyez encore à l'école, à la maison, ou que vous
travailliez. Ils peuvent s'appliquer à votre situation que vous soyez
célibataire, veuve ou divorcée, que vous ayez quatorze ans ou cinquante
quatre ans. Les qualités de caractère n'ont pas d'âge.
Pour ma part, j'avais poursuivi activement une carrière et élevé des
enfants lorsque j'ai commencé ma préparation. Plus tard, je fus à plein temps
au service du Seigneur à Jérusalem, mais ce sont les mêmes principes qui
s'appliquent. J'espère que mes conseils vous donneront envie de chercher
des moyens de construire votre propre caractère et de mettre en valeur votre
propre personnalité, d'une manière qui ne convient qu'à vous. Ces douze
conseils ne sont en aucun cas exhaustifs!
Tout d'abord, considérons comment Dieu voit une femme. Avant de
la créer, il la décrit: "Je lui ferai une aide semblable à lui" (Genèse 2:18).
La nature de la femme s'accomplit dans l'aide.
Tout au long de la Bible, Dieu continue de peaufiner son image de
la femme. J'ai fait une liste de vingt-six caractéristiques d'une aide à partir
de mes notes personnelles. Beaucoup de femmes pensent que la Bible est un
livre d'hommes sur les hommes et pour les hommes. Mais je trouve qu'elle
71
est remplie de conseils pratiques et d'inspiration pour chacun, pour tous les
aspects de la vie.
Les caractéristiques d'une aide:
Spirituellement
S'adonnant à la prière
Prophétique
Pieuse
Ayant un ministère
Craignant le Seigneur
72
la femme, il avait un but défini en tête. Il la fit différente de l'homme car elle
avait une fonction différente. Non pas moins importante, mais différente. Il
fit la femme pour qu'elle soit une aide semblable à lui (Genèse 2:18). L'un
des problèmes majeurs du vingtième siècle, à mon avis, se trouve
directement lié à la féminité frustrée. Des millions de femmes sont
incapables d'accomplir la fonction pour laquelle elles ont été créées.
Je peux en témoigner. Dans mon travail, ça marchait bien. Avant et
après avoir obtenu mes diplômes, chaque poste auquel j'accédais était une
promotion. J'ai été secrétaire particulière, dirigeante d'entreprise, maîtresse
d'école, secrétaire de direction et administratrice pour l'Etat du Maryland,
responsable d'un budget annuel de deux millions de dollars. Mais je n'étais
jamais pleinement satisfaite. C'est seulement lorsque j'ai épousé Derek que
j'ai éprouvé la satisfaction profonde d'être l'aide telle que Dieu m'avait
créée.
En regardant cependant en arrière, il est clair que j'avais besoin de
toute cette expérience pour être l'aide de Derek. Ce ne furent pas des années
gâchées, ce furent des années de préparation.
Si vous voulez être une femme qui réussit, vous devez accepter que
Dieu n'a changé ni ses critères ni ses intentions. Vous devez décider dans
votre cœur que vous voulez être ce pour quoi Dieu vous a créée. C'est alors
seulement que vous pourrez voir comment l'accomplir. Vous ne commencez
pas par trouver un époux, vous commencez par vous-même.
Avant d'être mariée, vous ne pouvez pas savoir exactement le genre
d'aide que vous devrez être. La vocation de votre mari et son tempérament
le détermineront. Cependant, logiquement, la première façon dont une
femme aide son mari, c'est en lui faisant une maison. Cela est vrai quel que
soit la vocation du mari, que la femme travaille ou non.
C'est généralement la femme qui fait les courses, rapporte la
nourriture à la maison, la prépare et la sert. Elle fait la lessive et entretient la
maison. Elle est responsable de la décorer correctement. Lorsque les enfants
sont petits, son activité est centrée sur la maison. La femme a la
responsabilité envers Dieu et envers son mari de modeler et de former les
caractères des petites vies que Dieu lui a confiées.
C'est de sa maison que le mari sort pour aller dans le monde, vers le
succès ou l'échec, pour s'accomplir ou se sentir frustré. La femme, qui crée
une atmosphère d'amour et d'encouragement, de paix et de stabilité, peut
s'attendre à partager les bénédictions et les récompenses des succès de son
mari.
73
C'est son attitude qui déterminera si les tâches ménagères sont
intéressantes comme un défi qu'il faut relever, ou si elles sont monotones et
routinières. Les appareils modernes et l'équipement ménager peuvent la
"libérer" de la maison ou la mettre au défi pour de nouveaux sommets de
créativité. Si vous préparez votre attitude dès à présent, en considérant votre
future maison comme un moyen d'exprimer votre amour et votre gratitude
envers Dieu et votre mari, vous avez fait le premier pas pour être une
femme heureuse, accomplie et qui a du succès. Les autres facettes de votre
rôle d'aide se développeront lorsque vous apprendrez à faire équipe avec
votre mari.
La femme qui poursuit sa propre carrière, ou qui a un travail pour
aider financièrement sa famille, sera toujours sous tension entre son rôle
premier d'aide et son rôle secondaire. Jongler entre les deux rôles est un défi
permanent. Le conseil le plus parlant que je puisse vous donner, c'est de voir
clairement vos priorités et de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour
garder votre premier rôle à la première place.
La femme des Proverbes 31:10-31 donne un exemple d'une femme
qui a fait sienne la vision de l'aide. Voici une femme d'affaires qui s'occupe
des affaires de sa famille avec tant de succès que son mari est libéré et peut
prendre sa place de dirigeant dans la ville. Elle achète et elle vend. Elle tend
généreusement la main aux pauvres. Elle parle avec sagesse. Et son mari a
confiance en elle (verset 11).
d) Lisez votre Bible avant de prier. Nous honorons Dieu en lui permettant
de nous parler avant que nous, nous commencions à le faire. J'en profite
pour laisser des repères à deux endroits en lisant le Nouveau Testament le
matin et l'Ancien Testament le soir. Durant un temps, je lis chaque jour une
partie des livres historiques, des Psaumes et des Prophètes, et le Nouveau
Testament (pour lesquels il me faut trois marque-pages).
e) Ayez une liste de prière en particulier si vous priez seule. Cela m'a
personnellement aidée pour me concentrer et avoir un but. Je fais une
simple liste de noms et de situations, groupés par catégorie - par exemple
pour le salut, la guérison, la direction, pour les responsables spirituels, pour
des membres spécifiques de l'Eglise, pour les nations. Un conseil important:
ne passez pas tout votre temps à prier pour les problèmes des gens. Priez
aussi pour ceux qui ont une responsabilité dans le royaume de Dieu. Derek
et moi, nous confions dans les prières quotidiennes d'autres personnes du
corps de Christ; nous les bénissons chaque jour dans nos prières
personnelles.
Lorsque je prie seule, je garde également un petit carnet des
passages de l'Ecriture qui m'ont interpellée, et des paroles prophétiques du
Seigneur. Lorsque cela ne va pas, comme durant les longs mois pendant
lesquels j'étais à moitié invalide, ce sont des sources constantes
d'encouragement. Une autre chose: N'hésitez pas à prier pour vous-même.
Ne vous enfoncez pas dans vos propres problèmes, mais demandez à Dieu
de vous aider à vaincre là où vous avez des difficultés. Il est prêt à vous
entendre et à répondre, parce qu'il désire nous transformer à l'image de son
Fils.
76
femme mariée.
g) Vérifiez que Dieu est à la première place. Dieu déteste la tiédeur. "Parce
que tu es tiède - ni chaud, ni froid - je te vomirai de ma bouche"
(Apocalypse 3:16). Quelqu'un a dit: "Si vous avez déjà été plus près de
Jésus que vous ne l'êtes maintenant, c'est que vous avez chuté." Les gens
chutent à petits pas presque imperceptibles. Vérifiez en vous-même avant
que cela n'arrive. Le chemin est long et difficile pour remonter, et bien peu y
arrivent. Ne perdez pas ce que vous avez!
82
votre capacité à intercéder.
Demandez à Dieu de vous mettre avec une autre femme célibataire
ayant les mêmes dispositions que vous pour prier. "Je vous dis encore que
si deux d'entre vous s'accordent sur la terre pour demander une chose
quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les
cieux." (Matthieu 18:19) Apprendre à prier avec un partenaire vous
préparera à prier en harmonie avec votre mari.
J'ai une grande dette envers deux chères sœurs hollandaises de
Jérusalem qui intercèdent ensemble dans une merveilleuse harmonie. Un
jour, alors qu'elles me rendaient visite durant mes mois d'invalidité, elles ont
prié spontanément pour que Dieu me donne quelqu'un avec qui prier. Un
peu plus d'un an plus tard, j'étais mariée avec Derek. Leur prière a été
exaucée d'une façon que nous n'aurions jamais imaginée!
* * * * * * *
86
9. LE ROLE DES PARENTS ET DES PASTEURS ET ANCIENS
CONSEIL N° 1. La prière.
C'est le jour de leur naissance que l'on peut commencer à prier pour
le conjoint prévu par Dieu pour ses enfants. Ce genre de prière est un
investissement à long terme, mais il est payant. Il vaut tellement mieux prier
ainsi à l'avance que d'attendre qu'une crise menace pour commencer à prier
dans le désespoir. Souvent, cela ne se révèle guère plus efficace que de
verrouiller la porte de l'écurie une fois que le cheval s'est sauvé.
Un couple de ma connaissance commença à prier pour chacun de
ses enfants dès leur naissance. Aujourd'hui, plus de trente ans plus tard, les
cinq enfants sont des chrétiens engagés ainsi que leurs conjoints. De plus, le
chemin pour arriver au mariage ne fut pas marqué par les nombreuses
pressions et traumatismes que subissent souvent les jeunes gens aujourd'hui.
CONSEIL N° 2. L'exemple.
Si vous voulez que vos enfants cherchent le meilleur de Dieu dans
le mariage, montrez leur un but visible à atteindre. Il n'y a pas de voie plus
efficace que votre exemple. En ne leur offrant que des règles qu'ils ne voient
jamais mettre en pratique, on a tendance à produire plus de résultats négatifs
que positifs. Il est tragique de voir que beaucoup de jeunes aujourd'hui n'ont
jamais vu un mariage heureux. En conséquence, ils ont une vision du
88
mariage cynique et désabusée. Tout mariage issu de ce genre d'attitudes est
presque voué à l'échec avant même que les voeux ne soient prononcés.
En parlant avec des jeunes rencontrant ces problèmes, et en
observant des couples heureux, j'en ai conclu qu'il y a un élément que les
enfants attendent plus que les autres, même s'ils n'en sont pas conscients:
c'est l'harmonie. Si l'harmonie commence avec les parents, elle irradiera
d'eux et influencera la conduite et le caractère de leurs enfants. Mais si les
parents ne peuvent atteindre l'harmonie entre eux, il y a peu d'espoir pour
les enfants.
Une atmosphère harmonieuse dans la maison répond davantage aux
besoins des enfants que de nombreux avantages matériels qui sont
aujourd'hui considérés comme indispensables. Durant les années où j'étais
pasteur à Londres, Lydia et moi vivions sur un maigre budget. Je me
souviens que j'achetais mes lames de rasoir une par une, parce que je ne
pouvais pas me payer le paquet entier! De nombreuses années plus tard, j'ai
demandé à une de nos filles ses impressions sur nos années de pauvreté. Elle
me regarda surprise: "Je ne vous ai jamais considéré comme des gens
pauvres!", me répondit-elle.
Il y a un autre avantage à l'harmonie entre les parents: elle leur
permet de prier pour leurs enfants de façon à ce que Dieu réponde à leurs
prières. Sa promesse se trouve dans Matthieu 18:19: "Je vous dis encore
que, si deux d'entre vous s'accordent (littéralement s'harmonisent) sur la
terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par
mon Père qui est dans les cieux."
CONSEIL N° 3. L'instruction.
Dans Ephésiens 6:4 (déjà cité dans le chapitre sept), Dieu place le
père de chaque foyer devant la responsabilité d'instruire les enfants dans les
voies de Dieu: "Et vous, pères, n'irritez pas vos enfants, mais élevez-les
en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur."
Je ne cite pas ce verset pour dire que le père doit porter seul cette
responsabilité et que la mère ne la partage pas. Le père a la responsabilité
première de commencer le processus d'instruction des enfants et de mettre
en place les règles et les objectifs principaux. Mais dans ce cadre, la mère a
une contribution importante à apporter. Après tout, dans la plupart des
familles aujourd'hui, elle est celle qui passe le plus de temps avec les enfants
- en particulier lorsqu'ils sont jeunes et malléables. Elle a de nombreuses
occasions chaque jour de confirmer et de réaffirmer les principes établis par
89
le père. Si elle se voit dans le rôle biblique d'aide, il n'y a aucun domaine où
son aide est plus importante que dans l'instruction des enfants.
Le plus grand soin devrait être apporté à l'éducation, et non
simplement à l'enseignement. L'enseignement vise à communiquer aux
enfants les vérités qu'ils ont besoin de savoir. L'éducation est faite pour
qu'ils appliquent ces vérités dans la vie de tous les jours. Les enfants
peuvent recevoir l'enseignement en différents lieux - dans l'église, à l'école
du dimanche et même à l'école. Mais la maison est le principal endroit où ils
reçoivent l'éducation.
Dans les chapitres cinq à huit, Ruth et moi avons expliqué
différentes attitudes et conduites qui permettront à un jeune de trouver le
bon conjoint et de bâtir un mariage heureux. De telles attitudes ne peuvent
s'acquérir que par des années d'entraînement intensif. Les parents qui
donnent à leurs enfants ce genre d'éducation les aident à poser le fondement
pour une vie de couple heureuse.
CONSEIL N° 4. La communion.
Un enseignement de ce type ne s'acquiert généralement pas dans une salle
de classe, ni en suivant des cours. La situation d'une classe ou d'un cours est
trop théorique. Ils ont tendance à laisser le jeune avec l'impression que ce
qui vient de lui être communiqué n'est pas en rapport avec la vie
quotidienne. La meilleure atmosphère est celle d'une communion entretenue
dans une situation qui n'est ni "religieuse" ni "scolaire".
Dans Deutéronome 6:7, Moïse conseille les parents d'Israël sur la
manière de transmettre à leurs enfants les commandements de l'Eternel: "Tu
les inculqueras à tes enfants et tu en parleras quand tu seras dans ta
maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te
lèveras." Ce sont presque les mêmes conseils que l'on retrouve dans
Deutéronome 11:19. Le commandement que Moïse donne pour ce genre
d'instruction se retrouve dans les activités simples et quotidiennes de la vie
familiale.
A quelles situations pourrait-on les comparer dans notre culture
contemporaine? Un fils qui aide son père à tondre la pelouse ou à faire des
petites réparations sur la voiture. Une mère à la cuisine avec sa fille, lui
montrant comment cuire des gâteaux, ou dans le salon enlevant une tache
sur le tapis. D'autres activités peuvent inclure toute la famille comme des
vacances au camping, ou la visite d'un lieu historique important. La table de
famille est probablement l'endroit le plus évident pour l'éducation, l'une des
90
raisons pour lesquelles il est important pour les familles de manger
régulièrement ensemble.
Dans presque toutes ces situations, les parents ont des occasions
illimitées d'inculquer des habitudes de bonne conduite, associées à des
principes de travail, de discipline et de rigueur. Ils peuvent en même temps
y inclure des vérités de base de la parole de Dieu de façon à les appliquer
dans des situations concrètes de la vie.
Quelle que soit la situation, il existe une condition essentielle et
incontournable: c'est le temps - du temps où les parents sont avec les
enfants, dans une atmosphère détendue. Le temps, investi sagement dans les
enfants à l'âge où ils sont encore à un stade de développement qui les rend
perméables, produira des résultats qui auront des répercussions durant tout
le reste de leur vie et jusque dans l'éternité.
CONSEIL N° 5. Le conseil.
Alors que les enfants passent de l'adolescence à l'âge adulte, le
besoin de communion constante avec leurs parents continue, même s'il est
moins régulier à cause des nécessités de l'éducation ou du travail. De jeunes
adultes qui trouvent leur propre voie dans le monde, choisissant leur mode
de vie, prenant leurs décisions, sont probablement moins conscients d'avoir
besoin de leurs parents, alors que c'est peut-être là qu'ils en ont le plus
besoin.
A ce stade, les occasions d'éducation vont diminuer. Cependant, à
sa place naîtra un autre besoin: celui d'être conseillé. La transition de
l'éducation au conseil demande une attitude différente des parents.
L'éducation peut être imposée. Le conseil ne peut être qu'offert. (Les parents
ont parfois plus de difficultés que leurs enfants à faire la transition!)
Tout dépend de la relation que les parents ont bâtie avec les enfants
jusqu'à ce stade. Si c'est une relation d'amour mutuel, de confiance, de
respect, alors il est naturel que les enfants se tournent vers les parents pour
être conseillés lorsqu'ils sont confrontés à des problèmes ou à des décisions
importantes. Tôt ou tard, la décision la plus critique qu'ils auront à prendre
sera celle du choix d'un conjoint.
Comment les parents peuvent-ils se préparer à répondre de façon
appropriée? Tout d'abord, ils doivent être armés et avoir une compréhension
claire du plan divin pour le mariage. Il n'y a que cela qui puisse donner la
force et la stabilité dont les enfants ont besoin.
Lorsque les plans des enfants sont en harmonie avec le modèle
91
divin, la tâche des parents est simple: leur offrir une direction permanente et
les encourager. Lorsqu'un enfant envisage un mariage qui n'est pas en
accord avec l'Ecriture, les parents doivent se tourner vers le Seigneur pour
obtenir à la fois sa grâce et sa force.
La grâce leur permettra de partager les luttes et les agonies par
lesquelles passe un jeune dans une telle situation. La force les rendra
capables de continuer à soutenir le modèle de Dieu face à une pression
intense et à ne pas accepter autre chose que ce qu'ils savent être le meilleur
pour leur enfant. La question sera probablement réglée grâce à leurs prières
et au fondement spirituel qui a été posé au cours des dernières années dans
la vie du jeune.
La responsabilité première d'amener les jeunes à un mariage
heureux incombe normalement aux parents. Mais lorsque les membres de la
famille fréquentent une église, il est probable que le pasteur s'en mêle.
Quelle responsabilité ont donc les pasteurs dans une telle situation? Et
comment peuvent-ils l'assumer?
Tout d'abord, les pasteurs devraient faire attention à ne pas se mettre
entre les parents et leurs enfants. Tant que les parents veulent accepter la
responsabilité pour leurs enfants, le rôle du pasteur devrait être de guider et
de fortifier les parents, mais pas d'empiéter sur leur fonction. Le mariage ou
son approche par l'un des enfants cause souvent de très vives tensions au
sein d'une famille. Lorsque cela est possible, celle-ci doit faire face à ces
tensions ensemble, dans l'unité. Cela renforcera les liens entre eux pour les
années à venir.
Cependant, il est possible que les parents se trouvent incapables de
faire face à la situation et se tournent vers le pasteur pour avoir de l'aide. Si
tel est le cas, il est extrêmement important pour le pasteur et les parents
d'être d'accord. Par ailleurs, les parents doivent respecter et suivre le conseil
du pasteur, sauf s'il contredit leurs convictions profondes. Le pasteur doit
faire tout ce qui est en son pouvoir pour honorer et soutenir la position des
parents dans leur famille.
Les parents et le pasteur, ainsi ensemble, peuvent sauver une jeune
vie précieuse d'un piège soigneusement préparé par le diable. Si le diable
peut amener la désunion et la division entre eux, il aura réussi à capturer une
brebis du troupeau de Dieu.
Malheureusement, dans ce temps de relations familiales brisées, de
nombreux jeunes ne peuvent se tourner vers leurs parents pour un conseil
efficace ou pour s'instruire sur le mariage. Vers qui peuvent-ils se tourner?
En premier lieu, vers le Seigneur! Il entend le cri de chaque âme qui se
92
tourne vers lui avec sincérité.
Ceux qui se tournent vers Dieu et lui remettent leur vie seront
sûrement dirigés par lui vers une communauté chrétienne menée
efficacement par un pasteur. Là, il sera naturel pour eux de chercher auprès
du pasteur la direction et l'instruction qu'ils auraient dû recevoir de leurs
parents. Un pasteur peut se trouver à assumer une responsabilité de nature
parentale pour des jeunes qui ne sont pas ses propres enfants. Il alliera de ce
fait les rôles de pasteur et de parents.
Tout serviteur de Dieu voulant accepter cette responsabilité doit être
hautement inspiré. Il portera des fardeaux inhabituels, mais également les
bénédictions qui vont avec! Avant de s'engager, il doit cependant être sûr de
deux choses importantes: tout d'abord que les parents ont eu l'occasion
d'accepter leur responsabilité, mais qu'ils étaient soit incapables, soit qu'ils
ne désiraient pas l'assumer. Ensuite, que la jeune personne a tout fait pour
établir une bonne relation avec ses parents. (Je traite de ce sujet au chapitre
cinq sur les bonnes attitudes.)
Une responsabilité qui incombe au pasteur est celle de donner à ses
membres un enseignement profond et biblique sur le mariage sous tous ses
aspects. Cela devrait couvrir les responsabilités mutuelles à la fois des
parents et des enfants. Il serait profitable d'avoir un séminaire spécial
chaque année pour les jeunes de l'église qui passent de l'adolescence à l'âge
adulte, intitulé par exemple "Se retrouver face à face avec le mariage" ou
"Comment trouver votre conjoint". Je suis sûr qu'il y aurait une réponse
enthousiaste. En plus, cela pourrait aider à résoudre de nombreux problèmes
particuliers que rencontrent les jeunes. Il vaut sûrement mieux prendre les
devants!
Ce genre de ministère rentre dans l'image prophétique de la
situation mondiale alors que ce monde touche à sa fin. Dans les derniers
versets de l'Ancien Testament Dieu fait cette déclaration:
"Voici, je vous enverrai Elie, le prophète, avant que le jour de
l'Eternel arrive, ce jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des
pères à leurs enfants et le cœur des enfants à leurs pères, de peur que je
ne vienne frapper le pays d'interdit." (Malachie 4:5-6)
Dieu nous met face à trois sujets d'extrême urgence. Tout d'abord, le
problème social critique de cette fin de siècle sera le conflit entre les parents
et les enfants, avec pour conséquence des foyers brisés. Ensuite, à moins de
résoudre ce problème, cela amènera la malédiction de Dieu sur le pays. Et
troisièmement, Dieu lèvera un ministère particulier pour résoudre ce
93
problème.
C'est sûrement la responsabilité de l'Eglise de prendre part à cette
solution!
* * * * * * *
94
SITUATIONS PARTICULIERES
"Mais je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour
infidélité, et qui en épouse une autre, commet un adultère." (Matthieu
19:9)
Dans le Nouveau Testament porneia avec le verbe qui en est tiré porneuo
est utilisé dans les exemples suivants (entre autres) qui englobent plus que le
péché sexuel des personnes non mariées.
¨ Dans Actes 15:20-29, les chrétiens gentils sont exhortés à s'abstenir de
porneia - pas simplement du péché sexuel par des personnes non mariées.
¨ Dans 1 Corinthiens 5:1, Paul décrit un homme qui vit avec la femme de
son père comme porneia. Ici, cela comprend à la fois l'inceste et l'adultère.
¨ Dans 1 Corinthiens 5:9-11, Paul demande aux chrétiens de ne pas
s'associer avec des chrétiens qui se rendent coupables de porneia.
Evidemment, il ne le limite pas aux personnes non mariées. Paul utilise
porneia et porneuo d'une façon similaire dans 1 Corinthiens 10:8 et 2
Corinthiens 12:21.
¨ Au verset 7 de son épître, Jude applique porneia à l'inconduite sexuelle
de Sodome et Gomorrhe. Le plus grand péché de cette ville était
l'homosexualité et on ne suggère pas que cela s'appliquait aux personnes
non mariées.
Il est donc clair que porneia englobe la fornication, l'homosexualité, la
zoophilie (les rapports sexuels avec des animaux), l'inceste et l'adultère; il
est également clair que Jésus approuve le divorce (lorsqu'il est nécessaire)
pour toutes ces raisons.
Ainsi, la loi et l'Evangile en arrivent à la même conclusion en ce qui
concerne porneia: il libère l'innocent de ses obligations maritales.
Il y a cependant une différence. Sous la loi, la libération vient de la peine
de mort imposée au coupable. Sous l'Evangile, l'innocent a le choix entre se
libérer par le divorce ou offrir au coupable le pardon et la réconciliation
soumis à une preuve tangible de repentance.
Une personne qui a obtenu un divorce sur des bases bibliques est-elle
libre de se remarier? Ni le langage ni la culture de la Bible ne suggèrent
qu'une personne ne soit légalement libre de divorcer, mais pas de se
remarier. Au contraire, la liberté de remariage est explicitement affirmée à
la fois dans l'Ancien Testament et dans le Nouveau Testament.
Sous la loi, Moïse dit que si un homme divorce de sa femme légalement
et la répudie, elle est libre de devenir "la femme d'un autre homme"
(Deutéronome 24:1-2). Evidemment, Moïse n'excuse pas l'adultère.
Dans Deutéronome 24:3-4, Moïse dit que si le second mari de la femme
divorce ou meurt, son premier mari ne peut pas se remarier avec elle. En
appelant l'homme avec qui elle était auparavant mariée son "premier" mari,
il indique clairement que le premier mariage a été légalement annulé.
99
Dans le Nouveau Testament Paul dit: "Es-tu lié à une femme, ne
cherche pas à rompre ce lien; n'es-tu pas lié à une femme (Anglais: "es
tu délié..." ), ne cherche pas une femme. Si tu t'es marié, tu n'as point
péché..." (1 Corinthiens 7:27-28)
Cela indique qu'une personne qui est (bibliquement) libérée d'un
conjoint et qui se remarie ensuite n'a pas péché. Aucune trace de culpabilité
ou d'infériorité ne doit donc poursuivre la personne qui obtient le divorce
sur des bases bibliques et légitimes, et qui ensuite exerce son droit de
remariage. Une telle personne n'est pas un chrétien de seconde classe.
Du point de vue humain, la question du divorce se règle normalement au
tribunal, qu'il soit civil ou religieux. Cependant, au-delà de toutes ces
décisions humaines, existent des principes divins de justice qui ne changent
pas. Un principe est constant dans toute la Bible: l'innocent ne doit jamais
être traité en coupable, ni le coupable en innocent.
Dans Deutéronome 25:1, Moïse résume rapidement la double
responsabilité des juges - acquitter l'innocent et condamner le coupable.
Dans Proverbes 17:15, Salomon indique que toute dérogation à ce principe
ne rencontrera que le désaccord de Dieu: "Celui qui absout le coupable et
celui qui condamne le juste sont tous deux en abomination à l'Eternel."
De même, Esaïe énonce ceux qui vont subir la colère de Dieu: "Malheur à
ceux qui ... justifient le coupable pour un présent et enlèvent aux
innocents leurs droits!" (Esaïe 5:22, 23)
L'application de ce principe à la question du divorce est évidente.
Imposer la même sanction à un conjoint coupable de porneia et à celui qui
est innocent remet en cause la véritable nature de la justice.
Parfois, on argue qu'il y a deux parties dans un mariage brisé et qu'il
n'est pas possible de savoir qui est vraiment le coupable. La question n'est
pas de savoir s'il y a eu de l'égoïsme ou de l'indifférence ou des querelles
des deux côtés. Elle est celle-ci: est-ce que l'un des deux conjoints a commis
le "porneia" et l'autre pas? Aujourd'hui, dans de nombreux cas, l'un des
conjoints reconnaît ouvertement sa culpabilité.
Dieu envisage évidemment la possibilité que la culpabilité d'une des
parties soit établie, à l'exclusion de l'autre; car sous la loi de Moïse, il a
ordonné la mort de celui qui était reconnu coupable d'adultère.
En un sens, le mariage est un contrat légal dans lequel on entre par un
voeu. L'extension du contrat est déterminée par le voeu prononcé. Le voeu
du mariage couramment utilisé aujourd'hui est à peu près celui-ci: "Je
m'engage par la foi ... à me garder pour toi (c'est-à-dire les relations
sexuelles) jusqu'à ce que la mort nous sépare."
Dans ce voeu, il y a deux éléments principaux: une clause d'usage (de
me garder pour toi seul) et une clause temporelle (jusqu'à ce que la mort
nous sépare). Ces deux clauses sont liées et ne peuvent s'appliquer
séparément. Ainsi, si un conjoint rompt la clause d'usage par "porneia",
l'autre est automatiquement libéré de la clause temporelle.
Laissez-moi faire une simple analogie. M. Smith loue une propriété à M.
Brown pour cinq ans, de 1986 à 1991. Mais il y met une clause d'usage: M.
Brown ne doit pas l'utiliser pour en faire un magasin de liqueurs. Si M.
Brown respecte la clause d'usage et s'abstient de transformer la propriété en
magasin de liqueurs, alors M. Smith doit respecter la clause temporelle. Il
ne peut résilier le bail avant 1991. Mais si M. Brown rompt la clause
d'usage en utilisant la propriété pour en faire un magasin de liqueurs, alors
M. Smith est automatiquement libéré de la clause temporelle et peut résilier
le bail sur-le-champ.
De la même manière, lorsqu'un conjoint brise la clause d'usage par
porneia, l'autre est, de fait, libéré de la clause temporelle - jusqu'à ce que la
mort nous sépare.
Sous les ordonnances du Nouveau Testament, il y a une autre situation
par laquelle un chrétien peut être libéré des liens du mariage. Elle est décrite
par Paul dans 1 Corinthiens 7:10-15:
"A ceux qui sont mariés, j'ordonne, non pas moi, mais le Seigneur,
que la femme ne se sépare point de son mari (si elle est séparée, qu'elle
demeure sans se marier ou qu'elle se réconcilie avec son mari), et que le
mari ne répudie point sa femme. Aux autres, ce n'est pas le Seigneur,
c'est moi qui dis; si un frère a une femme non croyante, et qu'elle
consente à habiter avec lui, qu'il ne la répudie point; et si une femme a
un mari non croyant, et qu'il consente à habiter avec elle, qu'elle ne
répudie point son mari. Car le mari non croyant est sanctifié par la
femme, et la femme non croyante est sanctifiée par le mari; autrement,
vos enfants seraient impurs, tandis que maintenant ils sont saints. Si le
non-croyant se sépare, qu'il se sépare; le frère ou la sœur ne sont pas
liés dans ce cas-là."
Aux versets 10 et 11, Paul traite le cas de deux chrétiens mariés. La
parenthèse (non pas moi, mais le Seigneur) indique que ce cas a déjà été
évoqué par Jésus dans l'enseignement qu'il donne dans l'Evangile. La
position est claire et sans ambiguïté: aucun conjoint n'est libre de divorcer
sauf pour infidélité. (Puisque Jésus a déjà affirmé cette exception dans les
101
Evangiles, Paul n'a pas besoin de le redire ici.) Si cependant ils divorcent, ils
sont obligés de rester célibataires ou de se remarier ensemble.
Aux versets 12 à 15, Paul évoque le cas d'un croyant marié à un non-
croyant. La parenthèse - ce n'est pas le Seigneur, c'est moi qui le dis -
indique que ce cas n'a pas été évoqué par Jésus dans les Evangiles.
Premièrement, Paul donne au conjoint croyant l'obligation de chercher à
maintenir la paix dans le mariage, et de gagner le conjoint non croyant à
Christ. Mais lorsque celui-ci rejette l'approche et refuse de continuer à vivre
ce mariage, mais abandonne le chrétien, alors celui-ci est libéré du lien du
mariage et est ainsi libre de contracter un autre mariage. Cependant, il y a
deux conditions à remplir. Premièrement, toutes les conditions de la loi
civile doivent être remplies, ensuite, le nouveau conjoint doit être chrétien.
Nous avons examiné deux cas considérés clairement dans le Nouveau
Testament: quand un conjoint est coupable d'infidélité conjugale et quand
un chrétien est laissé par un non chrétien à cause de sa foi en Christ. Dans
chacun de ces cas, lorsque toutes les conditions nécessaires sont respectées,
le chrétien a le droit d'obtenir un divorce et donc de se remarier.
Pour les lecteurs qui désirent une étude plus complète sur le divorce et le
remariage à la lumière de la Bible, je recommande le livre de Guy Duty
"Divorce and remarriage" (Le divorce et le remariage, publié par Bethany
Fellowship Minneapolis 1967). L'auteur, qui jusqu'à sa mort en 1977 était
un pasteur dans les Assemblées de Dieu aux Etats-Unis, traite tous les
aspects de ce problème avec une exactitude telle qu'elle ne laisse aucune
question sans réponse.
Il y a cependant d'autres cas incluant le divorce qui ne sont pas
explicitement évoqués dans le Nouveau Testament. D'un côté, il est
irréaliste de les ignorer. De l'autre, il n'est pas sage d'être dogmatique là où
la Bible n'est pas spécifique. Le meilleur moyen pour un pasteur chrétien est
peut-être de dire avec Paul: "Mais je donne un avis, comme ayant reçu
du Seigneur miséricorde pour être fidèle". (1 Corinthiens 7:25)
Qu'en est-il de ceux qui ont connu l'échec d'un mariage et d'un divorce
dans le passé et qui viennent à Christ pour être sauvés? Comment Dieu les
considère-t-il?
En ce qui concerne le pardon, la Bible est sans ambiguïté (gloire à
Dieu!). Dans Matthieu 12:31, par exemple, Jésus dit: "C'est pourquoi je
vous dis: tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes,
mais le blasphème contre l'Esprit ne sera point pardonné." "Tout
péché", cela englobe l'adultère et toutes les autres déviations sexuelles. La
seule exception est le blasphème contre le Saint-Esprit.
Dans Actes 13:39, Paul dit à des Juifs: "... quiconque croit est justifié
par lui de toutes les choses dont vous ne pouviez être justifiés par la loi
de Moïse." Remarquez comme c'est compréhensible! Quiconque est justifié
de toutes les choses. Cela englobe l'adultère et toutes les formes de péché
sexuel.
Dans 1 Corinthiens 6:9-11, Paul écrit aux chrétiens de Corinthe: "... ni
les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les
infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux,
ni les ravisseurs, n'hériteront le royaume de Dieu. Et c'est là ce que
vous étiez, quelques-uns de vous. Mais vous avez été lavés, mais vous
avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur
Jésus-Christ, et par l'Esprit de notre Dieu."
Cette horrible liste d'offenses englobe les adultères et les pervers
sexuels. Par la foi en Christ, ils ne sont pas seulement pardonnés, ils sont
justifiés, acquittés, reconnus justes de la propre justice de Dieu. Pour Dieu,
c'est comme s'ils n'avaient jamais péché. Cela les libère certainement pour
un nouveau départ dans chaque domaine de leur vie, y compris celui du
mariage. Aucune ombre de culpabilité ou de condamnation de leur passé ne
peut les suivre dans leur nouvelle vie.
Ceux qui remettent en question le droit à une telle repentance et à un
nouveau départ dans la vie pour ces chrétiens risquent d'ignorer
l'avertissement de Pierre dans Actes 10:15: "Ce que Dieu a déclaré pur, ne
le regarde pas comme souillé."
Les cas dans lesquels les chrétiens sont confrontés au problème du
divorce sont si nombreux et compliqués qu'il est impossible de tous les
examiner en détail. En voici juste trois exemples:
Exemple N° 1: Deux divorcés non chrétiens se marient, ont des enfants
puis se convertissent. Est-il juste de leur dire: "Vous vivez dans l'adultère.
Vous devez rompre votre mariage, et soit retourner vers vos anciens
conjoints ou demeurer célibataires"? Que va-t-il se passer pour les enfants?
Il est plus en accord avec l'esprit de l'Evangile de dire: "Dieu vous a
donné un nouveau départ. Faites tout pour racheter les années perdues et
veillez à ne pas retourner à vos anciennes voies."
Exemple N° 2: Deux personnes non chrétiennes se marient, puis
divorcent, mais pas à cause d'une infidélité conjugale. Ensuite, le mari se
remarie, et ainsi commet l'adultère selon les critères de l'Ecriture. Plus tard,
la femme se convertit. Est-elle libre de se remarier du fait que son premier
mari a commis l'adultère?
103
Exemple N° 3: Deux personnes non chrétiennes se marient, puis
divorcent (comme pour l'exemple N° 2). Après le divorce, ils se perdent de
vue. La femme ne sait pas si l'homme s'est remarié ou s'il vit avec une
femme qui n'est pas son épouse. Puis la femme se convertit. Est-elle libre de
se remarier, ou doit-elle d'abord prouver que son premier mari a commis
l'adultère? Que se passe-t-il si elle ne peut pas le joindre?
N'avons-nous pas tous besoin d'être attentifs à la façon dont nous
jugeons ces cas (et d'autres qui leur ressemblent)? Le principe qui devrait
nous guider est sûrement celui de Jacques 2:12-13: "Parlez et agissez
comme devant être jugés par une loi de liberté, car le jugement est sans
miséricorde pour qui n'a pas fait miséricorde. La miséricorde triomphe
du jugement."
Ce qui est souligné plus haut couvre, bien que de façon succincte,
certains des principaux aspects légaux du divorce lorsqu'il affecte les
chrétiens. Les effets du divorce vont cependant bien plus loin que le
domaine purement légal. Ils supposent presque invariablement des blessures
émotionnelles profondes et même atroces.
Dans Esaïe 54:6, l'Eternel décrit une jeune femme qui a divorcé: "...
comme une femme délaissée et au cœur attristé, comme une épouse de
la jeunesse qui a été répudiée." Ce genre de souffrance n'est pas réservé
aux femmes qui sont passées par le divorce. Les hommes souffrent souvent
tout autant que les femmes.
Dans le passage d'Esaïe, l'Eternel définit la nature précise de la blessure:
le rejet. Cependant, dans la grâce merveilleuse de Dieu, il offre un remède
pour la guérir. Il est offert par le sacrifice de Jésus sur la croix, où il a
enduré à notre place tous les maux que la rébellion avait amenés sur la race
humaine. L'agonie finale qui a causé sa mort était le rejet.
Le prophète Esaïe décrit Jésus comme "méprisé et abandonné des
hommes, homme de douleur". (Esaïe 53:3) Le dernier rejet ne fut
cependant pas celui des hommes, mais celui de Dieu, son Père. Il l'a enduré
parce qu'il s'était identifié au péché de l'humanité. En réponse, la justice de
Dieu exigeait qu'il se détourne de son propre Fils et qu'il ferme ses oreilles à
ses cris d'agonie.
Le dernier rejet du Père est décrit dans Matthieu 27:46: "Vers la
neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte: Eli, Eli, lama
sabachthani? c'est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as-tu
abandonné?" Pour la première fois dans l'histoire de l'univers, le Père n'a
pas répondu aux cris de son Fils. La mort de Jésus qui a immédiatement
suivi était plus due à cette agonie du rejet, qu'aux effets physiques de la
crucifixion, qui n'auraient pas causé la mort si rapidement. Plus tard, Pilate
ne comprenant pas l'effet du rejet, "fut surpris d'entendre que Jésus était
déjà mort" (Marc 15:44).
Après le cri d'agonie de Jésus à son père, Matthieu continue: "Jésus
poussa de nouveau un grand cri et rendit l'esprit." (verset 50)
Les souffrances de Jésus furent le prix payé pour obtenir la guérison de
l'humanité. "C'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris" (Esaïe
53:5). Cela comprend aussi la guérison de la blessure qu'est le rejet. Jésus a
enduré le rejet pour nous afin que nous puissions à notre tour en être guéris.
Si vous avez expérimenté la blessure qu'est le rejet à cause de la
dissolution de votre mariage, voici trois étapes simples grâce auxquelles
vous pourrez recevoir la guérison.
Premièrement, reconnaissez que vous avez été blessé. N'essayez pas de
le cacher. Ayez le désir de l'exposer au regard miséricordieux de votre Père
céleste.
Deuxièmement, n'ayez foi pour votre guérison que dans le sacrifice de
Jésus qui est mort à votre place. Prenez pour vous ces paroles d'Esaïe: "Par
ses meurtrissures, je suis guéri." Chaque fois que vous commencez à
souffrir, répétez ces paroles: "Par ses meurtrissures, je suis guéri." Répétez-
les jusqu'à ce que la guérison devienne plus réelle que la douleur.
Troisièmement, abandonnez toute amertume et ressentiment contre votre
ancien conjoint. Pardonner à l'autre dépend d'une décision et non d'une
émotion. Vous n'avez pas à le sentir; vous devez le vouloir. Invoquez l'aide
du Saint-Esprit pour prendre et maintenir la décision du pardon. Souvenez-
vous que le pardon que vous avez reçu de Dieu est fonction du pardon que
vous offrez aux autres. (Voir Matthieu 6:14-15)
Il m'est arrivé de conseiller une femme dont le mari lui avait fait subir
une vie misérable durant quinze ans avant de l'abandonner, elle et ses
enfants. Je la conseillai vivement de lui pardonner.
"Il a gâché quinze ans de ma vie, s'exclama-t-elle avec indignation, et
vous me demandez de lui pardonner?"
"Et bien, si vous voulez qu'il gâche aussi le reste de votre vie, lui
répondis-je, continuez à lui en vouloir." Je lui rappelai que celui qui a du
ressentiment souffre plus que celui qui a commis l'offense.
Vu sous cet angle, le pardon envers celui qui vous a blessé n'est ni
sentimental ni un signe de haute spiritualité. C'est simplement voir son
propre intérêt.
105
Lorsque vous êtes passé par ces étapes, tournez le dos aux blessures du
passé. Engagez de nouveau toute votre vie et votre avenir envers le
Seigneur. Il a un plan pour votre vie qui ne peut être anéanti ni par la
méchanceté des hommes, ni par celle des démons. Suivez l'exemple de Paul:
"Oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je
cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu
en Jésus-Christ." (Philippiens 3:13-14)
Laissez-moi vous dire que j'ai personnellement conseillé de nombreux
divorcés qui, en suivant ces étapes, ont reçu la guérison de leurs blessures et
une foi renouvelée pour une vie fructueuse et accomplie.
* * * * * * *
11. LA PLACE DU CELIBAT
109
célibataire et se donner de tout son cœur au service du Seigneur plutôt que
de s'unir avec un homme qui n'est pas véritablement engagé spirituellement.
De telles femmes célibataires consacrées sont une source de grande force
spirituelle dans de nombreuses églises locales.
On peut être tenté de se demander: "Dieu ne peut-il pas guérir
miraculeusement les gens ayant ces problèmes physiques et psychologiques
que nous venons d'évoquer?" Il le peut certainement. En fait, j'ai vu de
nombreuses personnes touchées et transformées par la puissance de Dieu, y
compris des trisomiques, des paralysés, des schizophrènes, des psychotiques
et d'autres atteints de paralysie cérébrale.
Mais parallèlement, je dois reconnaître que j'en ai vu un plus grand
nombre n'ayant pas été guéri. Les mêmes prières avaient été faites tant pour
ceux qui ont été guéris que pour les autres. Ce n'est pas une raison pour
croire que ceux qui ont été guéris étaient en quelque sorte plus sanctifiés ou
plus consacrés que ceux qui ne l'ont pas été.
Quelle en est l'explication? Pour ma part, je trouve suffisante la réponse
de Deutéronome 29:29: "Les choses cachées sont à l'Eternel, notre Dieu;
les choses révélées sont à nous et à nos enfants, à perpétuité, afin que
nous mettions en pratique toutes les paroles de cette loi." La raison pour
laquelle certains des enfants de Dieu, oui, même ses serviteurs les plus
efficaces, ne sont pas guéris appartient au domaine des "choses cachées",
des choses que Dieu ne juge pas bonnes de nous révéler pour le moment.
J'ai appris à me soumettre à sa souveraineté et à dire comme Jésus lui-
même: "Oui, Père je te loue de ce que tu l'as voulu ainsi." (Matthieu
11:26)
J'ai également appris, par l'expérience et par l'observation, la vérité de
l'assurance de Dieu pour Paul: "Ma grâce te suffit" (2 Corinthiens 12:9).
Quand ces paroles ont été prononcées, Paul était dans une situation de grave
affliction et Dieu n'a pas voulu l'en délivrer. Au lieu de cela, il a pourvu à la
grâce qui l'a rendu capable de triompher au milieu de l'affliction.
Dans de tels cas, la grâce de Dieu opère d'une ou de deux façons. Il peut
nous délivrer de façon merveilleuse de l'affliction, ou il peut nous laisser
dans l'affliction mais la changer en victoire. La façon dont la grâce de Dieu
opère est différente pour chacun et est laissée à la souveraineté de sa
volonté. Mais quelle que soit la façon dont Dieu choisit d'agir, sa grâce est
toujours suffisante. On a exprimé cela ainsi: La volonté de Dieu ne me
placera jamais là où la grâce de Dieu ne peut me maintenir.
Il serait faux de croire que les chrétiens qui souffrent d'une infirmité les
empêchant de se marier n'atteignent jamais le genre de paix ou de bonheur
110
dont jouissent les autres chrétiens. Aussi bizarre que cela puisse paraître,
c'est souvent le contraire. De nombreux chrétiens handicapés ont, en
quelque sorte, une plus grande sérénité et un contentement plus grand que
les autres considérés comme "normaux". Le fait est que la véritable paix et
l'accomplissement ne sont donnés qu'à ceux qui ont appris à s'incliner
devant la souveraine volonté de Dieu que l'on soit en bonne santé ou infirme
à vie. Souvent, ce genre d'abandon vient plus vite aux "handicapés"
chrétiens qu'à ceux qui jouissent de leur pleine santé mentale et physique.
C'est également vrai pour des chrétiens qui, à cause des circonstances
dans leur famille ou communauté, choisissent de ne pas se marier. Ils
s'avèrent souvent plus heureux et portent plus de fruits pour le service de
Dieu que certains chrétiens mariés qui les entourent.
Lorsque nous nous tournons vers les raisons spirituelles au célibat, le
Nouveau Testament nous donne deux possibilités: la première vient d'une
communication souveraine et surnaturelle de Dieu, la seconde, vient de la
volonté humaine par un acte de sacrifice et de renoncement personnel.
L'exemple type de célibat communiqué de façon surnaturelle est celui de
l'apôtre Paul. Voici comment il décrit la raison de sa condition de
célibataire: "Je voudrais que tous les hommes fussent comme moi (c'est-
à-dire, célibataire); mais chacun tient de Dieu un don particulier, l'un
d'une manière, l'autre d'une autre." (1 Corinthiens 7:7) Pour Paul, le
célibat n'était pas un sacrifice. C'était un don de Dieu. Il était heureux de son
état. Il aurait été malheureux marié.
Le mot grec traduit par "don" est "charisma". Le pluriel est "charismata".
C'est l'origine du mot français moderne charismatique.
"Charisma" est l'un des concepts distinctifs du Nouveau Testament et un
élément essentiel de sa révélation unique. Il est formé par la racine charis et
de la syllabe finale "ma". "Charis" signifie beauté, faveur, grâce et se réfère
particulièrement à la façon dont Dieu traite ceux qu'il accepte comme ses
enfants à cause de leur foi en Jésus-Christ. En tant que telle, la grâce ne peut
se gagner. Elle vient uniquement de la détermination libre et souveraine de
Dieu.
L'addition de la syllabe finale "ma" fait passer du général au spécifique.
"Charis" est "grâce" généralement sous toutes ses formes, tandis qu'un
"charisma" est une forme unique et spécifique de la grâce donnée
individuellement à un chrétien pour l'avancement du dessein souverain de
Dieu dans sa vie.
Ces dernières années, le mouvement charismatique (comme on l'appelle)
111
a apporté au peuple de Dieu du monde entier une nouvelle conscience de la
place de "charismata" dans la vie chrétienne. L'un des effets principaux a été
de confronter de nouveau l'Eglise avec la dimension surnaturelle de la
chrétienté. On a particulièrement fait attention aux neuf "charismata" ou
dons spirituels, énoncés dans 1 Corinthiens 12 8-10.
De nombreux chrétiens charismatiques ont l'impression que ce sont là
tous les "charismata" disponibles. C'est loin d'être vrai. J'ai compté vingt-
deux manifestations spécifiques de la grâce de Dieu dans le Nouveau
Testament, toutes appelées "charismata". L'une d'entre elles, mentionnée par
Paul dans 1 Corinthiens 7:7 est le célibat. Lorsque j'enseigne sur les dons
charismatiques, je dois parfois avertir les chrétiens que s'ils demandent à
Dieu un "charisma" sans être spécifique, ils peuvent être bénis par le
charisme du célibat! La plupart d'entre eux ne sont pas conscients qu'il
s’agisse réellement d'un charisme.
La simple analyse du mot "charisma" révèle deux faits importants sur la
nature du célibat de Paul. Tout d'abord, c'était un don souverain de Dieu. Ce
n'est pas quelque chose qu'il avait gagné ou pouvait gagner. Ce n'était pas
non plus une décision qu'il avait prise. Dieu, dans sa sagesse
incommensurable, accorda ce don à Paul. Paul, à son tour, le reçut et l'utilisa
pour le but dans lequel Dieu le lui avait donné.
Ensuite, le célibat de Paul était sur un plan plus élevé que le plan naturel.
Ce n'était pas une chose qu'il avait accomplie par ses propres efforts. Ce
n'était pas le résultat, par exemple, d'un rigoureux ascétisme. Cela
demandait certainement beaucoup de discipline personnelle pour garder ce
don intact et l'utiliser dans le but divin. Mais aucune discipline personnelle à
elle seule n'aurait pu produire le don en premier lieu. Il n'a pu être
communiqué que de façon surnaturelle par Dieu.
Il est important de remarquer également que le célibat de Paul ne l'a pas
coupé du corps de Christ, ou même des pressions et des défis de la vie dans
ce monde. Il était continuellement avec les gens - à la fois avec le peuple de
Dieu et les gens du monde. Paul lui-même a écrit, concernant les dons
spirituels: "Or, à chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour
l'utilité commune." (1 Corinthiens 12:7) Cela était vrai de son don du
célibat. Ce n'était pas simplement un chemin étroit pour sa propre perfection
spirituelle. Le but était de l'équiper de la façon la plus efficace pour
construire le corps de Christ dans son ensemble.
Dans 1 Corinthiens 9:5-6, Paul oppose le ministère spécial qu'il avait en
commun avec Barnabas par rapport à ceux des autres apôtres: "N'avons-
nous pas le droit de manger et de boire? N'avons-nous pas le droit de
112
mener avec nous une sœur qui soit notre femme, comme font les autres
apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas? Ou bien, est-ce que moi
seul et Barnabas nous n'avons pas le droit de ne point travailler? "
Nous pouvons en tirer la conclusion que Barnabas, tout comme Paul, n'était
pas marié. Cependant, ils représentaient clairement des exceptions parmi les
apôtres. Les autres avaient des femmes qui voyageaient généralement avec
eux pour le ministère.
Bien entendu, il existait une relation directe entre le célibat de Paul et les
pressions et les exigences particulières du ministère que Dieu lui avait
confié. C'était un outil essentiel pour ce qu'il devait faire. Si Paul avait été
marié, l'un de ces deux résultats aurait immédiatement eu lieu: soit son
mariage aurait été un désastre, soit il n'aurait pas accompli sa tâche.
Il est facile pour moi de croire que John Wesley avait un don similaire
de Dieu, mais qu'il ne l'a pas perçu. Son mariage a peut-être été la seule
faute majeure de sa vie. Cela l'a freiné plutôt qu'aidé dans son ministère, et
ne semble pas lui avoir apporté de bonheur personnel ni d'accomplissement.
Il est donc important, pour les serviteurs de Dieu, d'être capables de
discerner le type particulier d'appel que requiert le don de célibat.
Dans Matthieu 19:12, Jésus se réfère à un autre genre de célibat qui a
également sa place dans la vie chrétienne: "Car il y a des eunuques qui le
sont dès le ventre de leur mère; il y en a qui le sont devenus par les
hommes; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du
royaume des cieux."
Jésus décrit comme eunuques ceux qui sont incapables d'avoir des
relations sexuelles normales. Il énonce trois causes différentes à cet état de
fait: certains sont nés comme cela, certains le sont devenus par un acte
humain (c'est-à-dire par castration), d'autres par une décision de leur propre
volonté.
Ces derniers l'ont fait "à cause du royaume des cieux", c'est-à-dire afin
de pouvoir se consacrer sans réserve au service du royaume de Dieu. Bien
que ce terme soit normalement réservé aux mâles, il semble correct d'inclure
dans cette catégorie des hommes et des femmes qui, à cause de Dieu et de
son royaume, ont renoncé au mariage et se sont consacrés à des formes
particulières de service chrétien dans un état de célibat. Evidemment,
l'histoire de l'Eglise au cours des siècles a donné de nombreux exemples
d'"eunuques" de ce type.
Les personnes appartenant à la troisième catégorie n'ont cependant pas
été investies d'un charisme surnaturel de célibat. Cela est indiqué par le
113
langage que Jésus utilise: ils se sont rendus eunuques. Leur état provient de
leur propre décision et non d'un acte souverain de Dieu. De telles personnes,
à l'inverse de Paul, auraient pu être heureuses en se mariant. Pour elles, le
célibat représente un sacrifice de renoncement accompli et maintenu par la
puissance de leur propre volonté.
Sur le plan spirituel, le célibat peut donc venir de deux façons: comme
charisme souverain venant de Dieu, ou comme le résultat d'une décision de
la volonté humaine. Quel que soit le cas, les résultats produits sont en
rapport avec le mécanisme intérieur de la personnalité humaine.
Les différentes formes de motivation et d'expression, qui font partie
d'une personne, pourraient se comparer à des fleuves venant tous d'un même
lac. Si l'un des fleuves est endigué, un plus grand volume d'eau ira vers les
autres fleuves. L'un des plus grands fleuves de la personnalité humaine est
l'expression normale du sexe dans le mariage. Cependant dans la vie d'un
chrétien, si le fleuve du sexe est endigué, un plus grand volume d'énergie
spirituelle, intellectuelle et émotionnelle sera libéré pour d'autres formes
d'expression - telles que l'intercession, le savoir, la création artistique ou le
service envers les pauvres.
Ce qui est résumé avec justesse par Selwyn Hugues dans une analyse sur
la place du sexe dans la vie chrétienne:
"L'abandon de la conduite sexuelle pour Dieu brise sa tyrannie et sa
puissance. Alexis Carrel dit que les personnes qui accomplissent les plus
grandes œuvres dans le monde sont des personnes normalement sexuées qui
subordonnent le sexe à la finalité pour laquelle ils vivent. Dans le mariage,
la conduite sexuelle doit être orientée à la procréation et au don du plaisir à
l'autre partenaire. En dehors du mariage, la conduite sexuelle doit être
sublimée et canalisée vers la créativité dans le royaume de Dieu. Souvenez-
vous: ceux qui sont fortement sexués peuvent fortement servir."
Y a t-il une classe particulière de chrétiens qui doive toujours rester
célibataire? Est-ce, par exemple, une condition pour tous ceux qui sont
appelés au ministère pastoral? Le Nouveau Testament ne donne pas
d'indication à ce propos. Il a déjà été dit que, parmi les apôtres, les seuls
ayant ce don spécial étaient Paul et Barnabas. (On peut même se demander
si Barnabas était inclus.)
Dans la liste des conditions pour devenir évêque, Paul affirme ceci: "Il
faut que l'évêque soit ... mari d'une seule femme ... il faut qu'il dirige
bien sa propre maison, et qu'il tienne ses enfants dans la soumission et
dans une parfaite honnêteté." (1 Timothée 3:2, 4) Ainsi, loin de demander
le célibat, Paul dit qu'un évêque doit être un homme marié et père de
114
famille.
Ma propre expérience et mon observation au fil des années m'ont
convaincu que c'est une condition sage et pratique. S'occupant de femmes
seules et de couples mariés, un pasteur a souvent besoin de ce discernement
spécifique que la femme peut apporter par son point de vue différent. Il a
besoin de la protection d'une femme également dans des situations dans
lesquelles il pourrait être exposé à des tentations d'ordre sexuel. Il n'est pas
normal qu'un pasteur ait à passer beaucoup de temps seul avec des femmes,
soit pour les conseiller soit pour prier. De nombreuses relations indésirables
se sont développées à partir de telles situations.
C'est indubitablement pour l'une de ces raisons que le judaïsme demande
au rabbin d'être marié. A cet égard, la position juive est plus proche de la
Bible que le christianisme traditionnel qui exige le célibat de son clergé.
Le célibat a certainement une place spéciale dans le plan de Dieu pour
ses serviteurs. Il peut venir soit comme un don de Dieu, soit par une
décision prise dans la prière par un chrétien. Cependant, ce n'est pas une
condition sine qua non pour tous les ministres de Dieu d'une certaine
catégorie.
En ce qui concerne donc le mariage et le célibat, chaque personne
appelée pour un quelconque ministère doit découvrir la volonté de Dieu
pour sa propre vie.
* * * * * * *
115
L'HISTOIRE DE RUTH
119
juive typique, prospère, active en politique et dans notre communauté
locale, occupée par notre vie sociale. J'étais zélée pour l'éducation juive des
enfants. Souvent, je les conduisais loin pour leurs leçons et j'essayais de les
protéger des pressions de la société chrétienne prédominante.
Puis un jour, mon mari revint d'un voyage. Il déballa ses affaires et laissa
les papiers qui étaient dans sa poche sur le buffet. Un reçu de motel attira
mon attention. M. et Mme Baker. Choquée, je le pris. Mais il n'y avait pas
d'erreur. Les choses commençaient à se mettre en place: les voyages
"d'affaires" qui se prolongeaient le week-end, le peu d'intérêt pour les
enfants, les critiques envers moi, me comparant à quelque critère inconnu.
Mon mari avait trouvé une autre femme.
Lorsque je me remis du choc, j'allai voir une amie en qui j'avais
confiance (elle avait quelques années de plus que moi) pour qu'elle me
conseille. Son conseil était parfait: "Ne dis rien, va chez le coiffeur, achète-
toi de la lingerie, fais ses repas préférés, reconquiers-le."
Durant plusieurs mois, je fis comme si je ne savais pas; je le recevais
chaque fois qu'il rentrait à la maison les bras ouverts, le courtisant. Il aima
beaucoup cela, mais son autre relation continua. Entre-temps, j'avais appris
qui elle était. Le projet d'une mutation dans une autre ville me donna l'espoir
jusqu'à ce qu'il me dise par hasard qu'elle aussi déménageait. Puis il me dit
combien les enfants en étaient arrivés à l'aimer. C'était trop - lorsqu'il allait
se promener sans moi avec les enfants, il l'invitait! Je consultai un avocat.
Les trois ans qui suivirent furent épouvantables. Toute notre vie
s'écroula. Accédant à sa requête de ne pas divorcer sur la base de l'adultère à
cause de sa carrière, je fus d'accord pour une séparation suivie d'un divorce
ordinaire. Nous avons divisé la propriété, et les enfants et moi avons
déménagé dans une vieille petite maison mais avec un bon voisinage. Je
continuai mes études pour compléter ma formation.
Nos arrangements étaient amicaux et je ne me doutais pas que, quand il
serait muté hors de l'état (donc hors de la juridiction de la cour), il cesserait
de payer la pension alimentaire.
Il semblait donc que j'avais tout perdu en dehors de mes enfants. Je
n'avais pas de mari, pas d'argent, pas d'espoir - et je devais maintenant
engager une bataille légale. Alors, au prix d'un gros effort, je demandai un
prêt étudiant, ravalai mon orgueil et trouvai un travail à mi-temps comme
vendeuse de cosmétiques en porte-à-porte. Mon objectif était la possibilité
d'avoir un salaire lorsque j'aurais fini mes études.
Mes enfants souffrirent encore davantage. Privés de père, ils avaient
120
maintenant une mère qui était toujours trop occupée ou trop fatiguée.
Souvent, la nuit, je les regardais dans leur lit et je pleurais intérieurement:
"Pourquoi Dieu, pourquoi?" Ils avaient été de si beaux bébés. Nous les
avions amenés à la maison avec tant d'espoir. Mais je ne pouvais pas être à
la fois le père et la mère. Je ne pouvais même pas être la bonne mère que je
voulais être. Alors, je continuais, jour après jour, faisant du mieux possible
dans ces circonstances.
Puis survint une véritable catastrophe: je tombai malade. Le divorce
venait juste d'être prononcé, la pension alimentaire était de nouveau payée,
j'étais presque diplômée. Je crus que je pouvais me reposer un peu - et voilà
ce qui m'arrivait! L'opération fut suivie d'une entorse, puis d'une terrible
grippe. Ma situation semblait sans issue.
Alors, une après-midi que j'étais au lit, je criai au Dieu d'Abraham,
d'Isaac et de Jacob: "Où es-tu Dieu? Ne te soucies-tu donc pas de moi? Je ne
peux pas m'occuper de moi-même ni de mes enfants. Je ne peux plus
continuer. Aide-moi!"
Soudain, toute l'atmosphère de ma chambre devint électrique. Il y avait
une présence, puissante, réconfortante, pleine de paix. Jésus me guérit. Je
savais que c'était Jésus. En tant que Juive, je ne croyais pas encore en Jésus
- mais il m'a quand même guérie! Puis la présence s'en alla. Ma chambre
était de nouveau comme à l'ordinaire. Hébétée, je m'allongeai quelques
minutes, puis je me levai pour voir ma force. Lorsque les enfants revinrent
de l'école, j'étais dans la cuisine à faire des gâteaux.
C'était merveilleux d'être de nouveau bien. Je me replongeai dans toutes
mes activités, et je fus bientôt comme auparavant, occupée dix-huit heures
par jour. Je ne voulais pas m'arrêter assez longtemps pour penser. Les
implications de la révélation de Jésus étaient plus que ce que je pouvais
affronter.
Je me vis comme une Ruth des temps modernes, totalement engagée
envers le Dieu d'Israël et envers son peuple. Maintenant, je croyais en Jésus.
Que pouvais-je faire? Mon expérience était la plus extraordinaire que j'aie
jamais entendue. Je croyais être la première personne juive croyant en Jésus,
le Messie. Je ne pensais pas que des Juifs, dans le monde entier,
rencontraient personnellement le Messie ressuscité.
Tout ce que je savais, c'était que Jésus m'avait guérie et que je croyais en
lui. Mais je ne pouvais pas en parler. Mes amis juifs auraient été offensés si
j'avais mentionné le nom de Jésus dans ce contexte. Je refusai de lire le
Nouveau Testament que m'avait donné une nouvelle amie, une chrétienne
121
avec qui j'avais partagé mon histoire. J'avais peur de chercher plus loin la
compréhension à cause de ma loyauté envers le judaïsme et le peuple juif.
Durant deux ans, je fuis Dieu. Je ne montrais pas de gratitude envers
celui qui m'avait guérie. J'endurcissais mon cœur et je refusais de penser aux
choses spirituelles. Je donnais toute mon énergie à l'éducation de mes
enfants, au déroulement de ma carrière, à la poursuite de mes activités dans
la communauté et au maintien de ma vie sociale. J'avais l'esprit occupé nuit
et jour. Tout alla bien jusqu'en 1970. Puis, ma santé déclina de nouveau. On
programma une opération de la vésicule biliaire. La douleur était atroce. Et
j'avais peur. Je me souvenais de ma longue maladie deux ans auparavant et
le soulagement lorsque Jésus m'avait guérie pour que je puisse reprendre
une vie active. Je ne savais pas comment je pouvais espérer un deuxième
miracle maintenant. Je n'avais pas accordé à Jésus autant de respect qu'à
mon médecin, et je n'avais pas fait non plus d'efforts pour apprendre ce qu'il
enseignait sur la façon de vivre en bonne santé. Combien j'en savais peu sur
la miséricorde et la compassion de Dieu!
Le jour précédant l'opération, je lus le livre "Face up with a miracle"
(Affronter un miracle) de Don Basham que m'avait donné un ami chrétien.
Pour la première fois, je vis clairement le besoin d'un Sauveur - non pas
seulement pour me guérir et pour que je puisse accomplir ce que j'avais
prévu, mais pour me purifier de mes péchés et me donner une nouvelle vie
dirigée par Dieu. Je vis en particulier mon besoin de la puissance du Saint-
Esprit pour vivre cette vie - car je me rendais compte que je ne pourrais pas
surmonter les obstacles par ma simple volonté et par un travail acharné.
Mon corps cassé par la douleur me disait que je devais opérer un
changement radical dans ma façon de vivre.
Là, dans la chambre d'hôpital, j'inclinai ma tête et je fermai les yeux.
Jésus a dit: "Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi." (Jean 6:37)
Simplement, humblement, je vins à lui. "Pardonne-moi de pécher contre toi,
dis-je, de marcher dans mes propres voies. Viens dans mon cœur."
Et il le fit. Ce n'était ni compliqué, ni émotionnel, mais comme si j'avais
passé un accord verbal avec Jésus et que nous nous soyons serrés la main
pour le sceller.
Puis je dis à Jésus: "Si le baptême dans le Saint-Esprit est de toi, et que
tu veux que je l'aie, je le veux."
Mon nouveau maître me prit au mot, et d'étranges syllabes
commencèrent à venir sur mes lèvres. Dans un murmure, de crainte d'être
entendue, je commençai à parler une nouvelle langue que je n'avais jamais
apprise, un langage venu du ciel. C'était comme un courant bouillonnant.
122
Tard dans la nuit, je continuais à murmurer les syllabes qui jaillissaient de
moi. Elles semblaient couler de moi comme un ruisseau sur des pierres;
chaque note, chaque syllabe me rendait plus pure.
Le jour suivant, je fus opérée. Trois semaines plus tard, je retournais
travailler. La guérison avait été rapide; mon rétablissement m'étonna.
Pendant ce temps, j'avais commencé à lire la Bible avec une faim inconnue
jusqu'alors. Après un commencement sans émotion, j'étais tombée
amoureuse de Jésus. Rien ne me satisfaisait à part sa Parole, et la prière dans
ma nouvelle langue.
J'avais désormais un autre problème. J'étais tiraillée entre les demandes
de mon travail dans une organisation civique et ce nouvel amour qui
augmentait chaque jour.
Une nuit, quatre mois plus tard, Jésus me fit faire un pas de plus. Il me
dit clairement que je devais m'abandonner totalement à lui. Ce fut un
combat. Ma volonté était forte et développée. Finalement, je sus que ma vie
n'était pas une grande réussite. Il est vrai que j'avais obtenu mon diplôme du
collège en élevant trois enfants et en travaillant à mi-temps. Il est vrai que
mes perspectives de carrière étaient excellentes. Mais ma santé m'avait joué
des tours deux fois en deux ans. Je trouvais de plus en plus difficile de
m'occuper de mon fils adolescent. J'avais besoin de la paix intérieure que
j'avais trouvée en Jésus. Il me semblait que je n'avais pas le choix.
Alors même que mon esprit me disait " Que se passera-t-il si...?", ma
volonté céda. Dans ma chambre, le 21 février 1971, je dis au Seigneur: "J'ai
quarante ans, je ne suis pas forte, je suis fatiguée, j'ai un mariage brisé, j'ai
des enfants à problèmes - je ne sais pas ce que tu peux faire de moi. Mais
quoi que tu puisses faire, je me donne à toi." Et il m'accepta.
Deux nuits plus tard, alors que je commençais à prier, Dieu me répondit.
Je tombai presque du lit. Personne ne m'avait jamais dit que Dieu parlait à
son peuple aujourd'hui. Encore une fois, je crus être la première personne à
qui cela arrivait. C'était impressionnant. Je me demandais pourquoi j'avais
été choisie pour une telle expérience. Durant vingt minutes, je lui posai des
questions sur ma vie et il me répondit. Il me demanda en retour certains
changements dans ma vie. Il me dit qu'il attendait l'obéissance et il
m'indiqua qu'il me dirigerait tant que je demeurerais fidèle dans
l'obéissance, quel que soit mon degré de compréhension.
La conversation continua jusqu'à ce que je pose une question sur
quelqu'un d'autre. Il ne me réprimanda pas. Simplement, il ne répondit pas.
J'appris vite cette leçon: ne te mêle pas dans les affaires des autres!
123
Dès le lendemain, je fus étonnée de ma nouvelle vie. Les doutes et les
craintes étaient envolés. Je pouvais faire tous les changements que Dieu
m'avait demandés avec l'assurance absolue qu'il se tenait derrière moi.
Durant mes années de solitude, j'étais devenue très indépendante. Et là, en
une nuit, j'avais découvert une nouvelle dépendance envers le Saint-Esprit.
Je sus que je ne pouvais obéir au Seigneur que si j'entendais sa voix; une
sainte crainte me poussait à le rechercher, de peur de chuter par manque
d'attention. C'est seulement plus tard que j'ai découvert que j'avais reçu un
don du Saint-Esprit: le don de la foi. Avec ce don, je pouvais sortir de la
position où j'étais et m'attendre à Dieu pour qu'il me mette là où il voulait
que je sois.
Au cours des mois qui suivirent, chaque jour fut une aventure, car
j'apprenais à écouter la voix de Dieu et à agir avec obéissance. Il m'enseigna
la flexibilité, à changer de direction en réponse au Saint-Esprit. Il me donna
son amour, coulant de moi et à travers moi vers les autres.
Mon nouveau travail, en tant que gestionnaire de la main-d'œuvre pour
l'état du Maryland, exigeait de nombreux voyages et ma voiture devint un
sanctuaire ambulant. Jusqu'à ce jour, lorsque je monte dans une voiture,
mon premier désir est de chanter. Le Seigneur me donna une voix pour le
louer et remplit mon cœur avec un chant. Je chantais dans l'Esprit et je
chantais avec mon intelligence. Je priais dans l'Esprit et je priais avec mon
intelligence.
Ma communion avec Jésus était plus réelle que mes relations terrestres.
Je le cherchais tous les jours, et il ne m'a jamais fait attendre. La joie de la
communion avec lui était tellement supérieure à toute émotion terrestre que
je suis incapable de la décrire ici. Je pense qu'on pourrait dire que c'était le
temps de la cour avec mon fiancé céleste, un avant-goût de la vraie lune de
miel qui commencera avec les noces de l'Agneau.
Au fur et à mesure que ma communion s'approfondissait, que j'apprenais
à reconnaître plus clairement sa voix et que je répondais immédiatement à
sa direction, Jésus me conduisit dans la prière d'intercession. Je commençais
à lui parler naturellement des personnes et des situations me concernant, et
il me montrait comment prier. Au début, j'étais surprise par les réponses
claires aux prières; puis je réalisais qu'il aimait répondre aux prières de ceux
qui remplissent ses conditions.
En faisant mes délices du Seigneur, comme le psalmiste nous exhorte à
le faire dans le Psaume 37:4, il me remplit de plus en plus de lui. Il répondit
aussi à mes besoins à travers les gens: il me donna des couples chrétiens
mûrs pour amis, d'autres femmes célibataires avec qui prier, des jeunes
124
hommes pour me donner un point de vue masculin sans engagement ni
compromis émotionnel, un pasteur avec un réel cœur de berger, des
enseignants oints (dont l'un était Derek Prince) à travers des livres, des
cassettes, et des conférences. Ma vie était pleine.
Puis en 1974, lors de ma première visite à Jérusalem, Dieu m'appela en
Israël. Le fardeau pour Israël m'était venu la première fois que j'avais lu la
Bible, en lisant Esaïe et Jérémie. A ce moment-là, j'avais compris la
naissance de l'Etat d'Israël et j'avais commencé à prier chaque jour pour que
Dieu établisse Jérusalem et en fasse un objet de louange sur la terre (Esaïe
62:6-7). La guerre du Yom Kippour en 1973 avait déchiré mon cœur. Je
voulais faire plus que prier. Je voulais aider.
Pourtant, je n'étais pas prête lorsque Dieu me parla clairement me disant
de tout laisser et d'aller en Israël. Me souvenant de la nuit de 1971 durant
laquelle je m'étais abandonnée à lui, je sus qu'il me conduirait seulement
tant que j'obéirais à ce que je comprenais. Je pensais connaître sa voix.
Pourtant, c'était un risque. C'était si éloigné de tout ce que j'avais pensé
faire. Je me demandais encore: "et si... et si..."
Mais Dieu ne dit rien de plus. C'était une décision que je devais prendre.
Finalement, je répondis: "Oui, Seigneur. Si c'est ce que tu veux, c'est ce que
je veux." Je rentrai à la maison, cherchai le conseil de mon pasteur pour une
confirmation, puis je me préparai à obéir.
C'était jusqu'à ce jour le plus grand test pour ma foi. Les préparatifs
n'allèrent pas d'eux-mêmes. Mon ex-mari, qui s'était remarié et avait une
nouvelle famille, apprit ma foi dans le Messie. Il mit tous les obstacles
possibles lorsque je lui demandai son consentement pour emmener avec moi
notre plus jeune fille, Erika, en Israël. Lorsque le départ fut retardé, l'ennemi
fut là pour murmurer: "Est-ce que le Seigneur a réellement dit..." Je dus
faire la distinction entre les problèmes naturels, l'opposition satanique et
l'épreuve de Dieu pour tester ma résolution.
J'appris à connaître une nouvelle dimension de Jésus. J'avais abandonné
mes biens, démissionné de mon travail et déménagé. Comme six mois plus
tard je n'étais toujours pas partie, je sondais les Ecritures avec une ferveur
renouvelée. La réponse vint de nombreux versets: fais-moi confiance.
Lorsque le test eut accompli ses desseins, Dieu nous emmena à
Jérusalem. Ce fut un retour glorieux. Non seulement il nous avait amenées,
Erika et moi, dans le pays de mes pères adoptifs, mais il avait prouvé sa
fidélité. J'avais quarante-quatre ans, j'étais forte, en bonne santé et remplie
de joie. Jésus avait tant fait pour moi en quatre ans. Il m'avait maintenant
125
amenée dans sa ville - la cité du grand Roi! Comment aurais-je pu vouloir
autre chose? Je faisais vraiment de lui mes délices.
Deux ans et demi plus tard, j'étais au lit dans ma maison de Jérusalem,
car les médecins israéliens m'avaient ordonné le repos à cause d'une hernie
discale qui me rendait invalide et qu'on ne pouvait soigner. Ma colonne,
tordue depuis l'enfance, ne supportait plus mon corps. Des mois passèrent
sans que je sois soulagée de cette constante douleur. Je ne quittais mon lit
qu'une ou deux heures par jour, mais il n'y avait aucun signe d'amélioration.
Dans mes heures de liberté, une après-midi, je me mis à feuilleter le
carnet sur lequel j'avais noté mes conversations avec le Seigneur. Voici ce
qui était inscrit: le 4 novembre 1976, me demandant comment je pourrais
plaire et servir davantage le Seigneur, j'avais renouvelé mon engagement
envers lui. Sur une feuille blanche, j'avais fait un contrat reconnaissant ce
qu'il avait fait pour moi à travers le sang de Jésus et combien il m'avait fait
faire du chemin depuis ce jour de 1971 où je m'étais totalement abandonnée
à lui. Pour ma part, j'affirmais que je m'étais donnée à lui sans réserve; et
j'avais laissé le reste de la page en blanc afin qu'il le remplisse avec ses
conditions. J'avais signé au bas de la page.
Je suis maintenant alitée. C'était un "état" que je n'avais pas prévu.
J'avais cru qu'après m'avoir sauvée, il me garderait en bonne santé pour son
service. J'étais maintenant impuissante, souffrant continuellement.
En revanche, ma communion avec lui était glorieuse. Dès le matin, très
tôt jusque tard dans la nuit, je restais dans la présence de Jésus. A plat sur le
dos, je pouvais tenir ma Bible juste assez longtemps pour lire de brefs
passages. Durant ces mois, j'utilisais les cassettes enregistrées de la Bible
jusqu'à les user. La guérison que j'attendais ne vint pas, mais la conversation
intérieure avec lui et la douceur de sa présence était intacte.
Puis un jour, Derek Prince frappa à ma porte. Il était à Jérusalem, avait
entendu parler de moi et il venait me proposer de prier pour la guérison de
mon dos. J'étais confuse. Bien que me confiant depuis des années en l'amour
de Jésus, j'eus du mal à croire qu'il m'envoyait un homme d'une telle stature
à domicile pour prier pour moi.
Heureusement, je n'étais pas trop intimidée par Derek. Pendant vingt ans
j'avais travaillé dans la politique américaine, et j'avais dans mes relations
des sénateurs, des membres du Congrès et des gouverneurs. Comme la
plupart des personnes de ma génération, j'avais un grand respect pour ceux
qui avaient une position d'autorité, mais en même temps je pouvais me
126
détendre et me conduire naturellement avec eux.
Je l'invitai à entrer, ainsi que le jeune homme qui était avec lui. Nous
parlâmes ensemble d'abord de ma blessure, puis de Jérusalem. Je considérai
Derek avec un intérêt réel et beaucoup de compassion. Il paraissait plus que
ses soixante-deux ans. Son bras était plâtré, cassé lors d'une chute. Sa
femme était décédée deux ans auparavant, et je pouvais encore voir le
chagrin et la solitude se lire sur son visage. Il était difficile d'imaginer que
c'était l'homme dynamique et fort que j'avais entendu prêcher si
puissamment quelques années auparavant.
Il me proposa de prier pour moi. Je savais qu'il avait un ministère
particulier pour "rallonger les jambes" lorsque l'une est plus courte que
l'autre, car cela m'était arrivé dans une grande réunion en 1971. A cette
époque, Derek n'avait pas pleinement compris le don de foi que Dieu lui
avait donné, mais il m'expliquait que maintenant je devais "rester branchée"
sur la puissance de Dieu qui accomplit des miracles en continuant à
remercier Dieu de m'avoir touchée.
Tandis que Derek prenait mon pied dans sa main, il dit: "Ils sont
parfaitement à niveau. Est-ce que quelqu'un a déjà prié pour vous de cette
façon?" "Oui, lui répondis-je. Vous l'avez fait en 1971."
Il eut un petit rire. "J'ai fait du bon travail!" Il se tenait devant moi et il
mit sa main sur mon épaule.
Puis, à mon grand étonnement, il commença à prophétiser. Le message
était un encouragement de la part de Dieu me disant que j'étais un arbre dans
sa plantation et que rien ne pourrait me déraciner. Ce qui me surprit, c'est
que Dieu m'avait presque donné exactement les mêmes paroles une semaine
auparavant, et je les avais notées sur mon carnet.
Sur le seuil, Derek se retourna et me dit: "Restez branchée! Continuez à
remercier Dieu." Puis il ajouta: "Priez pour moi. Je vais à Munich, en
Allemagne de l'Ouest la semaine prochaine pour des réunions. Ce n'est pas
un endroit facile pour prêcher". Et il partit.
Je retournai au lit et je m'y étendis en remerciant Dieu. J'étais toujours
confuse que Dieu l'ait envoyé. J'appréciais la gentillesse de Derek et sa
sensibilité au Saint-Esprit. Plus que tout, j'appréciais le signe du Seigneur
me montrant qu'il entendait mes prières et qu'il voulait me guérir.
Rien d'extraordinaire ne se produisit immédiatement. Lorsque la douleur
devenait aiguë, je criais: "Merci Jésus, parce que ta puissance miraculeuse
de guérison est à l'œuvre dans mon corps." Ma force demeurait minime. Je
pouvais me laver et m'habiller seule, mais guère plus. J'accomplissais les
127
exercices prescrits par le kinésithérapeute. J'allais parfois à la piscine, car
mon dos affaibli était ainsi porté par l'eau.
Ma fille, alors âgée de dix-sept ans se préparait à rentrer aux Etats-Unis
pour aller au lycée, mais hésitait à me quitter dans l'état où j'étais.
Finalement, je me décidai à l'accompagner aux Etats-Unis et je pris mon
billet pour retourner à Jérusalem le jour précédent Rosh Hashana, le nouvel
an juif. La compagnie me fournit un fauteuil roulant à l'aller et au retour, et
m'alloua gracieusement quatre sièges afin que je puisse rester allongée
pendant le voyage.
Une semaine avant le départ, je reçus une surprise - une lettre manuscrite
de Derek Prince dans laquelle il faisait mention d'un groupe de Kansas City
qui s'intéressait à Israël. Il m'invitait à rendre visite à ces personnes si j'allais
aux Etats-Unis. "Comme il est gentil!", pensais-je. Il a vu mon besoin de
repos et de récupération. Je ne pensais pas qu'il avait autre chose en tête. Il
ne m'est jamais venu à l'idée qu'il puisse être un homme pouvant se
remarier. Si cela avait été, j'aurais probablement réagi autrement.
Je n'avais pas envie de me marier. Ma communion avec Jésus me
satisfaisait pleinement. Je vivais pour lui plaire. Durant ces mois
d'inactivité, j'avais découvert que l'intercession était le service le plus
efficace que je pouvais lui offrir. Chaque jour, je me rendais disponible pour
prier - pour les personnes ou les situations qu'il mettait sur mon cœur. Je vis
l'exaucement de nombreuses prières, en particulier celles concernant Israël.
(D'autres sont en train de s'accomplir.)
J'écrivis un mot à Derek Prince pour le remercier, lui donnant un numéro
de téléphone dans le Maryland où il pouvait me joindre et je m'arrangeai
pour arriver à Kansas City le 20 août pour douze jours. J'étais à peine
arrivée dans le Maryland qu'il me téléphonait! J'étais abasourdie. Il s'enquit
de ma santé et me dit qu'il voulait me voir à Kansas City. Quelques jours
plus tard, il me rappela. Il semblait si amical, si chaleureux. Je le
connaissais comme un grand prédicateur ayant beaucoup d'autorité. Son
côté humain me surprit.
Pendant ce temps, je commençais à devenir plus forte. Quelques amis
m'emmenèrent dans un camping et m'installèrent dans leur camping-car,
ainsi je pus être seule quelques jours, m'étendre au soleil, nager, et surtout
chercher Dieu à propos de mon avenir. Je retournerais en Israël sans ma
fille. Mes ressources financières étaient limitées. J'avais besoin de clarifier
la volonté de Dieu.
Je quittai ce lieu de paix, assurée que ma responsabilité envers Dieu était
de continuer à intercéder et qu'il m'avait déjà préparé les moyens pour y
128
pourvoir. Je ne savais pas comment, mais j'étais en paix.
Tandis que mes amis me ramenaient chez eux, ils me dirent que Derek
Prince avait rappelé. Que pouvait-il vouloir? Les modalités du voyage
étaient parfaitement claires. Peut-être voulait-il annuler l'invitation? Mais
quand je le rappelai, il me demanda simplement des nouvelles de ma santé.
Je lui dis que je m'étais reposée et que j'avais nagé. "Etes-vous une bonne
nageuse?", me demanda-t-il. Je lui répondis par l'affirmative, mais je pensai:
"Quelle drôle de question posée à une femme de la part d'un prédicateur!"
Puis il dit: "J'ai téléphoné pour vous dire que mon avion arrivera à
Kansas City cinq minutes après le vôtre. Je ne resterai que deux jours. Je
dois partir en Afrique du Sud le 23 août.
Lorsque je descendis après notre coup de téléphone, mon amie me
regarda d'un air interrogateur: "Es-tu libre de dire ce qu'il avait en tête?"
"C'était étrange, lui répondis-je. Il semblait juste vouloir me connaître un
peu mieux. Il m'a même demandé si j'étais bonne nageuse."
Elle me regarda. "Penses-tu qu'il y a quelque chose derrière tout ça?" Je
baissais les yeux. "J'ai peur d'y penser."
Plusieurs fois les jours qui suivirent, je mis cela devant le Seigneur. Je
ne pouvais pas comprendre pourquoi Derek Prince s'approchait de moi. Il
avait dit qu'il recherchait la volonté de Dieu pour savoir s'il était temps pour
lui de retourner à Jérusalem. Je me demandais si Dieu voulait qu'il utilise
mes dons de secrétariat pour travailler avec lui là-bas, mais je n'étais pas en
bonne condition pour travailler. Je n'avais rien à offrir à personne sur la
terre. Tout ce que j'avais, c'était la capacité de prier, et je m'étais donnée au
Seigneur pour cela.
J'avais lu le livre de Derek Prince "Façonner l'histoire par la prière et le
jeûne", et j'avais entendu certains de ses messages sur la prière
d'intercession. Peut-être que Dieu nous montrait que nous devions prier
ensemble. Mais je ne voyais pas comment. Il y avait tant de choses
obscures. Finalement, je les laissai au Seigneur et je partis pour Kansas City
avec un esprit ouvert.
L'avion de Derek avait du retard, alors son ami m'installa avec Erika à
l'arrière de sa voiture avec sa femme et retourna chercher Derek et ses
bagages. Comme Derek se dirigeait à grands pas vers nous, il m'apparut de
nouveau comme la personne dynamique et forte que j'avais vue aux
conférences bibliques quelques années auparavant, il paraissait au moins dix
ans de moins qu'à Jérusalem deux mois plus tôt.
Il monta à l'avant de la voiture, et il se tourna pour nous saluer; puis il
129
eut pour moi un long regard scrutateur. Extérieurement, j'étais calme,
intérieurement je tremblais. Mes questions intérieures au Seigneur
n'apportaient qu'une réponse: "Fais-moi confiance."
Erika et moi étions les invitées de la maison spacieuse de ses amis et
Derek leur demanda de mettre un matelas par terre pour mon dos, afin que
je puisse dormir. Son côté pratique et sa compréhension me surprirent. Plus
tard, j'appris comment il s'était occupé de Lydia, qui était plus âgée que lui,
dans ses dernières années. Il était différent de ce que j'avais imaginé.
Je le vis peu durant ces deux jours. Nous mangions avec la famille et
nous n'eûmes qu'une conversation privée dans laquelle je lui demandais son
avis sur une situation à Jérusalem. Il était très méthodique, et il me donna
ses deux derniers livres et me les dédicaça - l'un avec mes prières, et l'autre
avec mon amour (mentalement, j'ajoutai "chrétien" pour faire amour
chrétien).
Le dernier soir, je m'assis à la droite de Derek pour le dîner. Lorsque je
le regardais, je réalisais que je ne ressentais absolument rien. J'avais un
grand respect pour lui en tant qu'homme de Dieu et enseignant biblique,
mais je ne m'attendais pas à le revoir personnellement. Je me sentais
honorée par les attentions qu'il avait envers moi, mais je supposais que cela
en resterait là.
Le lendemain matin, comme il partait pour l'aéroport, il se tourna vers
moi et me demanda: "Avez-vous décidé définitivement de retourner à
Jérusalem?" Je lui dis que j'y serai pour Rosh Hashana. Il me dit qu'il avait
prévu d'y aller pour le Yom Kippour, et peut-être qu'il me verrait. Puis ce
fut tout.
Dans les dix jours qui suivirent, je nageai, je marchai et je fis mes
exercices tout en ayant continuellement une conversation intérieure avec le
Seigneur. Derrière la maison, il y avait un petit ruisseau avec un pont de
bois. Je sortais la nuit et j'arpentais le pont au clair de lune, répandant les
pensées de mon cœur devant le Seigneur. Je savais que je devais obéir aux
Proverbes 4:23: "Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui
viennent les sources de la vie."
Je ne pouvais pas libérer mes émotions vers la crainte ou vers l'espoir. Il
me semblait maintenant que Dieu me disait qu'il voulait que je devienne la
femme de Derek, mais celui-ci ne m'avait montré aucune indication de ce
genre d'intérêt - à l'exception de l'inscription sur le livre. Que j'entende ou
non correctement, je devais décider ce que je ferais si c'était le cas. D'un
côté, ce serait un grand honneur d'être la femme de Derek Prince - et de
l'autre, une grande responsabilité. Si c'était là le plan de Dieu, alors il devait
130
avoir l'intention de me guérir pour me rendre forte physiquement et
spirituellement.
De nouveau, j'évaluai le prix. Mon dernier enfant quittait le nid. J'étais
prête à jouir d'un degré de liberté personnelle que je n'avais pas connu
depuis vingt-cinq ans, sans avoir de compte à rendre à personne. Le plus
important, c'est que je ne désirais pas me remarier. Il y avait douze ans que
mon mari m'avait abandonnée, sept ans que j'avais rencontré Jésus. Ma vie
avec le Seigneur était remplie et satisfaisante. Pourtant... si Dieu voulait que
je me marie, oserais-je refuser?
Puis survint un déluge de questions: pouvais-je risquer de laisser
quelqu'un entrer dans mon cœur et dans ma vie? Encore plus effrayant:
Serais-je capable d'être une bonne épouse? Que se passerait-il si je ne
pouvais pas m'adapter à ses manières et à ses habitudes? Que se produirait-il
si, après toutes ces années de solitude, je ne pouvais pas faire passer ses
besoins avant les miens? Que faire si je ne pouvais pas être flexible? Je
savais qu'il voyageait beaucoup. Que se passerait-il si je ne pouvais pas
soutenir le rythme? Mon dos allait mieux, mais je n'étais pas encore bien.
Qu'adviendrait-il de mon intimité? Ces moments de solitude que je
chérissais tant avec le Seigneur? Et qu'adviendrait-il de la réputation de
Derek Prince s'il épousait une femme divorcée?
Je n'avais pas de réponses claires à toutes mes questions. Il semblait que
c'était une nouvelle "clause" du contrat: je devais abandonner ma propre
volonté dans ce domaine et me confier en Dieu sans recevoir de réponse
précise.
Avant de quitter Kansas City, je pus dire au Seigneur: "Si Derek Prince
me demande de l'épouser, je dirai oui." Je ne dis pas cela parce que j'aimais
Derek Prince, mais parce que j'aimais le Seigneur et que je voulais lui
plaire. Je "gardais", je protégeais mon cœur.
Quel temps glorieux ce fut pour moi à Jérusalem! Je logeais dans un
hospice surplombant la vieille ville. Ma chambre avait un balcon où je
passais de longues soirées. Mon nouvel abandon au Seigneur m'avait
amenée à une plus grande intimité avec lui. La Bible était pour moi une
lettre d'amour. Trois nuits entre Rosh Hashana et le Yom Kippour; je restais
éveillée toute la nuit sur le balcon. Bizarrement, je n'avais pas du tout envie
de dormir.
Comme mon dos allait mieux, je pouvais faire de longues promenades
dans la ville tant aimée. Je continuais à remercier Jésus pour la puissance de
sa guérison et pour sa présence.
131
Le jour où je devais rencontrer Derek à l'hôtel King David, je me levai
tôt avec un chant sur les lèvres: "Paix, paix, merveilleuse paix, venant du
Père céleste..." Je m'habillai soigneusement et quelques minutes avant neuf
heures je parcourus la courte distance qui me séparait de l'hôtel King David.
Comme je franchissais la porte à tambour, Derek se leva et vint au
devant de moi pour me saluer. Nous nous serrâmes les mains et allâmes au
salon. Le petit déjeuner au King David est un buffet somptueux et nous
fîmes plusieurs voyages pour essayer les différents mets délicats. Derek rit
lorsqu'il me vit prendre des harengs marinés, m'expliquant qu'il n'aimait pas
cela et qu'il n'avait jamais pu comprendre le goût qu'avait Lydia pour les
poissons marinés. Il voyait que j'avais les mêmes goûts.
Nous discutâmes de son voyage en Afrique du Sud. Puis il sortit de sa
poche une petite boîte. "Je t'ai ramené un souvenir d'Afrique du Sud."
Je l'ouvris. A l'intérieur, il y avait une magnifique broche en forme d'œil
de tigre, sertie d'or. Ce n'était pas un petit souvenir. Il est sérieux, pensais-je
en faisant attention à tout ce qu'il disait.
Sachant que j'allais souvent à la synagogue le jour du sabbat et les jours
fériés, Derek me demanda si je voulais y aller ce soir pour le service de Kol
Nidre. Nous allâmes à Hechal Shlomo, la principale synagogue de
Jérusalem, et retînmes deux places. Comme nous allions vers la porte, nous
regardâmes les billets: il y figurait le nom de Prince en hébreu.
"Je pense que tu dois y aller sous le nom de Mme Prince", dit Derek en
riant.
Mon cœur manqua un battement. "Que se passe-t-il?" demandais-je au
Seigneur. "Comme cela va vite!" Je ne reçus pas de réponse.
Comme nous abordions une pente raide, je m'aggrippai au bras de Derek
pour me soutenir. Il ne me lâcha plus! Nous étions en train de marcher dans
les rues de Jérusalem en plein jour bras dessus bras dessous! Dès que je pus,
je dégageai discrètement mon bras. J'avais dit oui au Seigneur, mais je
n'allais pas céder à un coup de foudre pour un homme, pas même Derek
Prince!
Derek, cependant, ne me fit aucune allusion pour m'indiquer que notre
rencontre se terminait. Quand nous atteignîmes de nouveau le King David il
me demanda poliment si je voulais l'honorer de ma compagnie pour le reste
de la journée. J'acquiesçai et nous trouvâmes des chaises à l'ombre au bord
de la piscine.
"Parle-moi de toi, me dit-il tandis que nous nous asseyions. Qui étaient
tes parents? A quoi ressemblait ta famille? Où es-tu allée à l'école? Je
132
voudrais te connaître. N'oublie rien."
Dieu me donna une grande grâce. Je suis de nature honnête. Je vois les
choses positivement, mais je ne déforme pas les faits et je ne cherche pas
non plus à tromper. Ainsi, durant plusieurs heures, je lui racontai mon
histoire. Il me posa des questions sur mon ex-mari, ma conversion au
judaïsme, les raisons de mon divorce. Il était si facile de lui parler.
La matinée passa. Je lui expliquai que je suivais la pratique juive qui
consiste à jeûner vingt-quatre heures pour le Yom Kippour, et Derek dit
qu'il aimerait se joindre à moi. Bien que nous n'ayons plus très faim après le
copieux petit déjeuner, nous décidâmes vers deux heures d'aller au
restaurant afin de prendre des forces avant le jeûne.
Tandis que nous mangions, Derek continua à me presser de questions.
Finalement, je lui dis: "Je ne peux plus parler. Les forces me manquent."
"J'étais si intéressé par tout ce que tu as dit, s'excusa-t-il. Je n'ai pas réalisé
que c'était dur pour toi. Je n'ai pas été très juste envers toi."
Puis il commença à me raconter ses luttes après la mort de Lydia, sa
quête pour connaître la volonté de Dieu pour le reste de sa vie, son
interrogation en ce qui concernait son retour à Jérusalem, la ville qu'il avait
quittée en 1948.
Jusqu'à ce stade, notre conversation avait été amicale, mais quelque peu
formelle. Maintenant, tandis qu'il parlait, les barrières se levaient et je
réalisai qu'il me révélait ses plus intimes pensées. Plus important encore, il
me révélait inconsciemment la profondeur de sa relation personnelle avec le
Seigneur. Bien qu'il soit un dirigeant chrétien victorieux, avec une grande
autorité spirituelle, il regardait au Seigneur pour avoir la force et la direction
de la même façon que moi!
Puis Derek commença à me dire pourquoi il m'avait invitée, d'abord à
Kansas City et maintenant au King David. Tandis qu'il décrivait sa dernière
nuit à Jérusalem en juin, je posai ma fourchette et je le regardai. Bien qu'il
soit extérieurement calme, sa voix avait une pointe d'excitation. Ses yeux
étincelaient. Il décrivit la colline abrupte qu'il avait eue en vision, ainsi que
la femme au pied de la colline.
"La femme, c'était toi, dit-il en conclusion, en me regardant. J'ai compris
que Dieu me disait que si je devais retourner à Jérusalem, la première chose
à faire serait de me marier avec toi!" Il s'arrêta, puis ajouta rapidement qu'il
ne s'attendait pas à ce que je réponde à sa révélation, mais que je devais
chercher le Seigneur par moi-même.
Je n'avais pas remarqué combien mon cœur s'emballait. Maintenant, il se
133
calmait. Une paix intérieure complète vint. Tout se remit en place. Toutes
les questions que je me posais - pourquoi Derek Prince s'intéressait à moi,
pourquoi, entre toutes les femmes du monde, m'avait-il choisie, comment
pouvait-il considérer une femme divorcée? - trouvaient maintenant une
réponse.
Il attendait que je parle. Je dis simplement: "Maintenant, je comprends."
"Que veux-tu dire?" s'exclama-t-il. Je baissai les yeux. "Je pensais que Dieu
me disait que tu me demanderais en mariage, mais je ne pouvais pas
comprendre pourquoi tu me choisissais. Tu ne me connaissais pas, tu ne
savais rien de moi. Maintenant, je comprends. L'initiative vient de Dieu."
Puis je le regardai dans les yeux, et à ce moment-là je me mis à l'aimer.
Je ne pense pas que nous ayons terminé le déjeuner. Nous nous assîmes
dans l'entrée. Nous marchâmes dans le parc et nous nous assîmes sur un
banc surplombant la vieille ville. Il me montra le diamant qu'il avait dans sa
poche, enveloppé dans un morceau de papier blanc. Après être revenue dans
ma chambre pour me reposer et me changer, nous prîmes une dernière tasse
de thé avant le jeûne. Puis nous allâmes à la synagogue où nous fûmes
séparés durant les trois heures que dura le service, moi dans la galerie des
femmes, lui dans la salle principale avec les hommes. Il avait été très précis
lorsque nous nous étions séparés, spécifiant l'endroit exact où nous devions
nous retrouver à la fin du service.
Dans la galerie, je calmai mon cœur. J'avais été emportée par la marée
toute la journée. Maintenant, je pouvais faire le point. Je fermai les yeux
tandis que les mélodies et les phrases hébraïques m'envahissaient. Me
relaxant dans la présence du Seigneur, je lui confiai de nouveau calmement
ma vie pour accomplir ses desseins, et même, ajoutai-je, mariée à Derek
Prince.
Le Yom Kippour est le jour le plus saint de l'an juif. Entre le Rosh
Hashana et le Yom Kippour, même les Juifs non religieux cherchent
généralement à se réconcilier avec leurs voisins et à faire de bonnes actions
pour être sûrs que leur nom "soit inscrit dans le Livre de Vie" pour un an de
plus.
Rien ne peut se comparer au Yom Kippour à Jérusalem. Tout le trafic
cesse, sauf pour les quelques rares véhicules d'urgence. Il n'y a plus ni radio
ni télévision. Toute la ville est silencieuse. On entend les chiens aboyer, les
bébés pleurer. La circulation n'est plus là pour masquer les bruits. On peut
même marcher au milieu de la rue.
En revenant de la synagogue, maintenant bras dessus bras dessous,
134
Derek me dit: "Je dois encore te dire autre chose." Nous nous dirigeâmes
vers un banc dans le parc au clair de lune, avec devant nous les murs de la
vieille ville illuminés par les projecteurs.
Dans la sérénité de cette nuit du Yom Kippour, Derek me dit:
"Comprends-tu que je ne suis pas libre de te demander en mariage
maintenant?" Je secouai la tête. Je connaissais ses relations avec les autres
enseignants. "Nous avons passé un accord pour ne pas prendre de décisions
personnelles sans consulter les autres, me dit-il. Je ne pouvais rien leur dire
tant que je ne savais pas ta réponse." Maintenant, je dois les consulter. Je
serai avec eux à la fin du mois d'octobre."
Nous étions en septembre. C'était dans plus d'un mois! "Je prierai", lui
répondis-je.
Puis, nous nous levâmes et nous commençâmes à nous diriger vers
l'hospice. Derek me regarda tendrement. "Je crois que ça ira, "me dit-il.
N'aie pas peur. Je crois que Dieu nous a clairement montré à tous deux sa
volonté. Acceptons-la avec foi. Je ne peux pas t'offrir le petit déjeuner
demain matin, mais je te donne rendez-vous à neuf heures et nous passerons
la journée ensemble. Je pars de bonne heure après-demain."
Ce fut le début de notre relation; un jour de prière et de jeûne solennels.
A la fin, nous nous engageâmes et nous remîmes nos avenirs au Seigneur,
puis nous nous dîmes au revoir.
J'avais beaucoup d'amis à Jérusalem, mais aucun avec qui je puisse
partager ce qui s'était passé lors du Yom Kippour. Comme cela avait été le
cas pendant sept ans, Jésus était mon seul confident. Je répandis mon cœur
devant lui, et m'attendis à son conseil.
Il n'y avait rien de mystique dans ma communion avec Jésus; c'était une
douce conversation avec un ami intime. J'avais appris ces dernières années à
m'attendre à lui pour diriger ma vie chaque jour - quand et où aller faire mes
courses, quand téléphoner, quand commencer une tâche. L'obéissance dans
ces affaires quotidiennes me donnait de la confiance pour les grandes
décisions. Maintenant, après des mois de semi invalidité, j'étais encore plus
dépendante de lui. Je cherchais son conseil pour tout.
Encore incapable de m'asseoir ou de rester debout longtemps, je ne
pouvais pas travailler. Mais un virement important d'Europe m'assura que
mon Père céleste veillait à ce que je ne manque de rien. Je reçus des
cassettes des réunions de Derek en Afrique du Sud sur le combat spirituel
qui éclairèrent de façon nouvelle mon rôle. Je priais.
Tandis que j'attendais que Derek rencontre les autres enseignants, nous
135
parlâmes brièvement au téléphone à plusieurs reprises. Puis, au début du
mois de novembre, j'entendis de nouveau sa voix - mais elle était brisée. La
joie et l'exubérance l'avaient quitté. Il me dit qu'ils avaient dit non et qu'ils
considéraient peu sage de continuer à avoir une relation avec moi.
D'une voix entrecoupée, il ajouta: "J'ai déjà mon billet pour venir à
Jérusalem pour deux jours. Je viendrai te parler personnellement et te dire
au revoir." Ce fut tout.
Je me jetai sur le sol devant le Seigneur et je pleurai. "Pourquoi,
Seigneur? Pourquoi m'as-tu fait cela? Pourquoi m'as-tu donné tant d'amour
et me l'as-tu retiré? Toi seul me satisfaisait. Je ne cherchais pas de mari.
Pourquoi as-tu amené Derek dans ma vie pour me faire cela?"
De façon étonnante, comme ses bras se refermaient sur moi, Jésus me
dit: "Fais-moi confiance."
La véritable foi est toujours à la limite de l'incrédulité. Parfois, j'avais
une totale confiance que la voie de Dieu était la meilleure; à d'autres
moments, je doutais de son amour et criais pour avoir de nouveau un signe.
Le 13 novembre, il me donna ce pour quoi j'avais prié et espéré: un miracle
qui entérinait complètement ma guérison. Comme je louais le Seigneur dans
une grande réunion publique, sa puissance descendit sur moi. La douleur
quitta instantanément mon corps. Sa force entra en moi.
J'étais perdue dans l'adoration, dans la joie de sa présence. Après des
mois de douleurs incessantes, que seuls les médicaments allégeaient, ne plus
avoir mal me faisait l'effet d'être libérée de mon corps!
Je redescendis sur terre par une tape sur mon épaule. Les responsables
m'avaient vue depuis l'estrade, le visage rayonnant, et avaient envoyé
quelqu'un pour savoir ce que Dieu était en train de faire. Pouvais-je venir et
témoigner?
Transportée vers l'estrade par des muscles qui semblaient être de soie, je
me tins devant le micro presque sans voix, et je pleurai. Tout l'auditorium
était rempli de touristes - des étrangers, je pouvais voir des amis chers de
Jérusalem qui avaient prié pour moi durant ces sept derniers longs mois.
Leurs visages rayonnaient comme si on avait braqué sur eux des projecteurs.
Je ne me souviens pas de ce que j'ai dit ou comment j'ai décrit ce qui est
arrivé à ce moment-là, mais je les regardai et je leur dis: "Merci. Merci, mes
amis, et merci Seigneur."
Plus tard, j'ai réalisé la merveilleuse sagesse du Seigneur. En m'appelant
à partager le miracle, il m'a forcé à faire une confession publique. Je crois
que cela a vraiment achevé ma guérison. Si je n'avais pas été appelée à
136
témoigner, j'aurais perdu ma guérison dès la première apparition d'une
nouvelle douleur.
Certaines personnes m'avaient dit durant ces longs mois: "Proclame ta
guérison." Mais je ne pouvais pas. Maintenant, la guérison m'appartenait!
Un élan occasionnel ne m'effrayait pas, car je savais que cela faisait partie
du processus. Plus tard, les rayons X montrèrent que Dieu avait fait
beaucoup plus que de guérir mon hernie discale: il avait renforcé ma
colonne vertébrale. C'était comme si j'avais un nouveau dos!
Quatre jours après, je rencontrai Derek pour le petit déjeuner au King
David. Son visage était blême, ses mains tremblaient. Je voulais le toucher
pour le réconforter. Je priai silencieusement pour lui tandis qu'il parlait. Je
ne pouvais rien faire d'autre.
Il ouvrit sa mallette et en sortit une lettre qu'il me donna, signée des
quatre enseignants. "Tu comprends, dit-il, je me suis engagé à les consulter
pour toutes les décisions importantes. C'est une décision importante. Je dois
tenir mon engagement."
Il me donna son itinéraire pour les prochains mois, me demandant de
prier pour lui lors de ses voyages pour son ministère. Puis, de façon
surprenante, il sortit un pot de confiture fait maison que lui avait envoyé sa
fille Anna. La voix intérieure me disait: "Tu as un ami."
La seule chose qui éclaira notre rencontre fut le récit de la guérison
miraculeuse de mon dos. Derek était si reconnaissant envers Dieu. Il vit que
Dieu prenait soin de moi. Puis il n'y eut plus rien à dire. Il me mit dans un
taxi et me fit au revoir. C'était la fin du chapitre.
Que fait une femme dans une telle situation? Je m'affairais. Plus forte
chaque jour, enfin capable de m'asseoir sur une chaise, je me réinscrivis à
l'ulpan d'hébreu. Six jours par semaine je m'immergeais dans l'étude de la
langue.
Je ne pouvais partager ma peine de cœur avec personne. Durant les nuits
sans sommeil, je pleurais sur l'épaule de Jésus, puis je me levais et souriais
tout le jour, me réjouissant de ma guérison. Je me fis de nouveaux amis dans
les cours et je passais du temps avec mes vieux amis. J'essayais de ne pas
trop penser ni anticiper.
Et je priais. Je passais des heures, des nuits, des semaines, priant,
jeûnant, intercédant - non seulement pour Derek, mais aussi pour Israël et
pour le peuple juif. Le président égyptien Sadat vint à Jérusalem le jour
suivant le départ de Derek. A chaque coin de rue, les gens disaient: "Enfin,
la paix!" C'était une période critique. Prier pour Israël m'empêchait de
137
penser à moi.
Mais ce n'était pas facile. J'avais promis d'obéir au Seigneur quand
j'entendais sa voix. J'avais ouvert mon cœur à Derek, car je croyais que
c'était la volonté de Dieu. Jésus avait brisé la coquille autour de mon cœur
que je m'étais construite en 1965. C'est seulement maintenant que je réalisai
combien j'étais devenue fragile.
J'avais deux possibilités: je pouvais endurcir mon cœur à nouveau et ne
plus laisser personne m'approcher, ou je pouvais me confier en Jésus pour
guérir mon cœur brisé comme il avait guéri mon dos malade.
Je fis mon choix. Proverbes 3:5-6 devint ma confession. Je décidai de
faire confiance au Seigneur de tout mon cœur. Je n'essaierais pas de
comprendre. Je le reconnaîtrais dans toutes mes voies. Je me confierais en
lui pour diriger mes pas.
Tandis que je suivais l'itinéraire de Derek en priant, quelque chose
d'étrange se passa: le désespoir me quitta et l'espoir revint. Il y aurait un
autre chapitre. Une semaine me revient en particulier alors que Derek était à
Adélaïde, en Australie. Un jour, tandis que j'étais en cours, les larmes
commencèrent à rouler sur mon visage. Embarrassée, je m'excusais. Après
m'être arrangée aux toilettes, je montai dans le bus pour rentrer à la maison.
De nouveau, des larmes incontrôlées. Pleurant dans ma chambre, je
commençai à prier en langues. Les heures passèrent, le fardeau ne me
quittait pas.
Ce n'était pas un phénomène nouveau pour moi. J'avais expérimenté un
tel travail dans l'Esprit de nombreuses fois en rapport avec Israël, que ce soit
avant et après mon émigration. Je n'en connaissais la raison qu'après - un
raid terroriste, une crise gouvernementale, le commencement de la guerre.
Cette fois-ci, je savais que c'était en rapport avec Derek.
Trois jours plus tard, j'écrivis dans mon journal: "Loué soit Dieu!
Adélaïde, c'est fini!" Je sentais que quelque chose s'était brisée dans le
monde spirituel.
Un printemps précoce vint sur Jérusalem. Je déménageai dans un studio
dans le centre ville. Puis un télégramme arriva: "Je viens à Jérusalem avec
des luthériens. Rendez-vous au King David pour le petit déjeuner." C'était le
chapitre suivant!
Lorsque nous nous rencontrâmes, je vis tout de suite que Derek avait
aussi rencontré le Seigneur. Il y avait une nouvelle douceur dans sa voix, un
nouveau brisement dans toute son attitude. Nous nous servîmes au buffet et
discutâmes tandis que le serveur apportait notre thé. Puis, Derek en vint au
138
sujet: "J'ai prié tout le temps à Adélaïde. Je crois que c'est bien la volonté de
Dieu que nous nous mariions. T'as-t-il montré quelque chose?"
Je lui racontai mon expérience durant la semaine où il était à Adélaïde,
et mon espoir inattendu et inexplicable. Nous nous émerveillâmes de
l'œuvre du Saint-Esprit. Séparés par une grande distance, nous avions prié
d'un même cœur.
Par la foi, croyant que Dieu accomplirait les choses, nous prîmes ce
temps pour nous connaître mieux. Tandis que nous marchions dans
Jérusalem, Derek fit des remarques enthousiastes sur ma force et mon
agilité. Il m'avait rencontrée alors que j'étais invalide; j'étais maintenant
active et pleine d'énergie. Nous allâmes ensemble à Jérusalem rendre visite
à des responsables spirituels qui étaient des amis personnels. Je savais qu'il
"m'épiait" pour voir comment je me comportais avec eux et leur attitude
envers moi.
Un jour, nous rencontrâmes une dame d'un certain âge qui avait vécu
dans la ville de nombreuses années, une admiratrice fervente de Derek.
Embrassant la situation d'un coup d'œil, elle commença à prophétiser: "Dieu
vous a observés. Vous avez été un mari exemplaire pour Lydia. Vous
méritez le meilleur. Il vous a donné Ruth."
Derek la remercia, mais l'avertit que rien n'avait été fixé. "Mes lèvres
sont scellées" dit-elle et elle s'en alla aussi soudainement qu'elle était
apparue.
Lorsque Derek retourna aux Etats-Unis où il devait rencontrer de
nouveau les autres enseignants, je retournai à mes études. Mais c'était le
printemps. Mon cœur était léger. J'avais du mal à me concentrer. Puis Derek
me téléphona; il jubilait. Les autres enseignants avaient également prié et
Dieu leur avait donné une perspective nouvelle. Derek viendrait en Israël en
avril. Nous ferions nos projets. Il n'était pas encore prêt, me dit-il, pour
déménager à Jérusalem, et il me demanda de quitter le pays pour un temps
jusqu'à ce que Dieu lui dise clairement qu'il devait s'y établir.
Les retrouvailles avec Derek à l'aéroport Ben Gourion marquèrent le
commencement d'une nouvelle phase de ma vie. J'avais été une juive
anonyme vivant à Jérusalem. Maintenant, je me retrouvais sous les feux de
la rampe dans le monde charismatique. Dès que nous eûmes annoncé nos
fiançailles à un petit groupe d'amis proches de Derek, tous les participants
au voyage fixèrent leur attention sur nous. Ils nous photographiaient partout
où nous allions. Une femme se dirigea vers moi tandis que nous faisions la
queue pour le déjeuner et me dit: "J'ai entendu dire que Derek Prince se
139
remariait. Est-ce que vous êtes elle?" Je lui confirmai, en souriant, que, oui,
j'étais elle.
Avant que Derek ne reparte aux Etats-Unis, nous allâmes à un point de
vue surplombant Jérusalem. En contemplant la ville, nous réfléchissions sur
tout ce que Dieu avait fait. Puis, nous priâmes: "Seigneur, installe-nous à
Jérusalem à ta façon et en ton temps."
Je priais avec des émotions partagées. C'était une autre mort pour moi,
un abandon de ma volonté. Jérusalem était bien plus que la ville dans
laquelle je vivais; c'était la ville dans laquelle Dieu m'avait spécifiquement
appelée, et mon amour pour elle venait de Dieu. Mais mon amour pour
Derek venait aussi de Dieu. Je devais lui faire confiance pour agir en nous
en son temps et à sa manière. Je comprenais clairement que l'épouse devait
quitter sa maison et aller dans celle que lui avait préparée son époux.
Alors que c'était difficile de quitter Jérusalem, ce n'était pas un sacrifice
d'être avec Derek. Bien que nous n'ayons passé que quelques jours
ensemble, entrecoupés de périodes d'absence, le Saint-Esprit nous unissait
de liens plus profonds. Abandonner notre relation et la laisser mourir nous
avait conduits tous deux vers le Seigneur, nous rendant encore plus
dépendants de lui. Comme nous avions touché le Seigneur dans notre
brisement, nous étions encore plus l'un à l'autre maintenant. Nous
chérissions chaque moment ensemble.
En juin, je quittai Jérusalem pour la Floride. Derek avait fait sertir le
diamant d'Afrique du Sud en bague pour moi. (Nous l'appelons le "diamant
de la foi", car Derek l'avait acheté par la foi pour une femme qu'il
connaissait à peine.)
Notre mariage eut lieu durant la fête juive des Tabernacles et réunit les
traditions juives et chrétiennes. Charles Simpson présida la cérémonie, et les
autres docteurs nous imposèrent les mains et nous bénirent. Quelle glorieuse
célébration! Nous retournâmes à Jérusalem pour notre lune de miel, et
quelques mois plus tard pour étudier l'hébreu à l'université. Etre mariée à
Derek et me trouver à Jérusalem semblait être un rêve merveilleux. Le
Seigneur commença à nous conduire dans l'intercession ensemble, avec une
puissance bien supérieure à nos prières individuelles.
Il était maintenant clair que toute ma vie j'avais été préparée pour être la
femme de Derek. Derek est un ami du peuple juif et il s'est engagé pour la
restauration de l'Etat d'Israël. Vingt-cinq ans plus tôt, Dieu m'avait conduite
au judaïsme. Mon identification au peuple juif et ma compréhension de
leurs coutumes et de leurs traditions sont pour lui des atouts incomparables.
140
Durant les années passées à Jérusalem, j'en suis venue à connaître la
ville comme ma poche - ses boutiques, ses parcs, ses petites rues tranquilles.
J'ai également appris beaucoup sur la culture du Moyen-Orient, si différente
de celles d'Amérique ou d'Angleterre - sur la façon de penser juive, les
coutumes, les points de vue, les pratiques en affaires. Derek, qui revenait
dans une ville totalement changée après trente ans, me dit que Dieu lui avait
donné un guide personnel!
Avant de venir à Jérusalem, je n'avais jamais quitté les Etats-Unis, bien
que j'aie voyagé souvent près des frontières. Mes années passées dans cette
ville cosmopolite m'ont aidé à me préparer à affronter les différentes
situations et cultures que nous devions rencontrer dans nos voyages pour le
ministère.
Je considère que ma première responsabilité est d'entourer Derek d'une
atmosphère de calme et de paix, afin qu'il puisse exécuter tout ce que Dieu a
mis en lui. Lydia avait investi tout son savoir spirituel, sa sagesse et son
expérience en lui. Dans sa vieillesse, Derek prit soin d'elle. Maintenant, je
m'investissais en lui - prenant soin de lui, le protégeant des interruptions
inutiles et des distractions, l'aidant de toutes les façons possibles afin qu'il
soit libre de chercher le Seigneur et qu'il puisse apporter un enseignement
nouveau, oint, prophétique au corps de Christ. Cela est vrai, que nous
soyons dans notre maison de Jérusalem, dans notre pied-à-terre en Floride,
ou en voyage pour plusieurs mois. Cela demande différents talents acquis au
cours de la vie.
Le plus important de tout, c'est que Dieu m'a conduite à travers la
souffrance, la maladie, les épreuves, la peine de cœur, et une vie de prière et
d'intercession - aussi difficile que ce soit pour une femme seule - vers une
profonde dépendance envers le Saint-Esprit qui embrasse tous les domaines
de ma vie. Cette dépendance me permet d'unir mes pensées et ma
personnalité avec celles de Derek, sans mettre en danger l'intégrité de la
mienne. Je pense comprendre ce qu'Adam a voulu dire quand il a dit qu'Eve
était l'os de mes os et la chair de ma chair (Genèse 2:23). Je me confie dans
le Saint-Esprit pour me montrer quand je dois être disponible pour Derek et
quand je dois m'effacer, quand parler et quand me taire, quand me soumettre
et quand exprimer mon point de vue, quand chercher son opinion et quand
utiliser mon propre jugement.
Le don surnaturel de la foi que Dieu m'a accordé au commencement,
allié à la confiance qui m'est venue après sept ans de marche avec lui, m'ont
préparée aux importantes responsabilités que je dois assumer en tant que
femme de Derek. "Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu" (Hébreux
141
11:6), et sans la foi il serait impossible d'être la femme de Derek.
Lorsque nous nous sommes mariés, il m'a pris en partenariat total dans
DPM. C'était une œuvre modeste, qui faisait des cassettes et publiait ses
livres, employant une douzaine de personnes. Depuis, l'expansion du
ministère a été fantastique. On aurait dit que Dieu n'avait pas pu accomplir
complètement son plan pour le ministère de Derek avant que je ne devienne
son aide.
Trois mois après notre mariage, Derek commença son programme de
radio "Aujourd'hui avec Derek Prince" (Today with Derek Prince). En 1985,
il faisait le tour du globe grâce à des traductions qui permettaient d'atteindre
même la Chine communiste dans ses trois dialectes principaux: le mandarin,
le cantonais et l'amoy. La version espagnole est diffusée dans toutes
l'Amérique du Sud et en Amérique centrale, et nous préparons une
traduction russe.1
Les publications de Derek, qui sont diffusées dans de nombreuses
langues du monde occidental, sont envoyées gratuitement grâce à notre
programme "Global outreach" pour ceux qui n'ont pas les moyens de payer.
Les dirigeants chrétiens dans les zones lointaines du tiers monde et derrière
le rideau de fer transmettent à leur tour l'enseignement à leur peuple dans
leur propre langue. Des bureaux délocalisés de DPM se sont ouverts au
Royaume-Uni, en Afrique du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande.2
Le petit courant est devenu un fleuve, le fleuve est devenu une mer; la
mer devient un puissant océan. Dieu avait uni Derek et Lydia sous le même
joug pour labourer et semer. Aujourd'hui, pour les dernières années de
Derek, Dieu m'a unie à lui pour parfaire son plan pour la vie de Derek et
partager avec lui la moisson.
Durant la cérémonie de notre mariage, Derek m'a donné son nom et a
fait le voeu de partager librement tout ce que Dieu lui donnerait d'honneur,
d'autorité et de possessions. Je tiens tout cela en grande estime, sachant
qu'un jour je serai redevable devant Dieu pour tout ce qu'on m'a donné et
confié. "On demandera beaucoup à qui l'on a beaucoup donné, et on
exigera davantage de celui à qui l'on a beaucoup confié." (Luc. 12:48)
J'ai la pleine assurance que je plais au Seigneur dans la façon dont je sers
Derek et son ministère.
1
Le livre a été écrit en 1986. Depuis, ce programme existe non seulement en russe,
mais aussi en arabe et plusieurs autres langues, couvrant la plus grande partie du
globe.
2
Depuis, plusieurs autres bureaux se sont installés ailleurs dans le monde.
142
Et ma réponse confiante aux jeunes gens d'aujourd'hui, désirant
ardemment se marier et qui doutent de l'amour de Dieu pour eux parce qu'ils
n'ont pas de conjoint, vient du Psaume 37:4: "Fais de l'Eternel tes délices,
et il te donnera ce que ton cœur désire."
* * * * * * *
143
Contenu
INTRODUCTION ..................................................................................................... 3
1. A L'ECOLE DE L'EXPERIENCE ......................................................................... 5
LES VOIX DE L'EPOUX ET DE L'EPOUSE ...................................................... 5
2. LYDIA ............................................................................................................. 13
3. RUTH .............................................................................................................. 23
LE SENTIER DIVIN VERS LE MARIAGE .......................................................... 35
4. LA PORTE ...................................................................................................... 35
5. QUATRE ATTITUDES A CULTIVER .......................................................... 41
6. HUIT CONSEILS A SUIVRE......................................................................... 49
7. LA PREPARATION D'UN HOMME AU MARIAGE ................................... 59
8. LA PREPARATION D'UNE FEMME AU MARIAGE ................................. 69
Le point de vue de Ruth ................................................................................... 69
9. LE ROLE DES PARENTS ET DES PASTEURS ET ANCIENS................... 87
SITUATIONS PARTICULIERES .......................................................................... 95
10. LE DIVORCE ET LE REMARIAGE ........................................................... 95
11. LA PLACE DU CELIBAT .......................................................................... 107
L'HISTOIRE DE RUTH ........................................................................................ 117
12. RENDEZ-VOUS AU KING DAVID .......................................................... 117
144