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Bill 96
Bill 96
Exemplarité de l’État
Le français, une affaire d’État
Gouvernance linguistique
Le français au cœur des institutions québécoises
Enseignement postsecondaire
Le français comme langue normale des études
Législation et justice
Le droit à une justice en français
Un État national
Le Québec reprend confiance
PROJET DE LOI SUR LA LANGUE OFFICIELLE ET COMMUNE DU QUÉBEC, LE FRANÇAIS
Garantir que l’utilisation du français au travail demeure la norme. Le Québec reprend confiance
Application de la loi 101 aux entreprises employant de 25 à 49 personnes. Un État national
Encadrer l’exigence de la connaissance d’une autre langue que le français à l’embauche. Élévation de la loi 101 au rang de loi fondamentale.
Protéger le droit de tout travailleur de gagner sa vie en français. Inscription des caractéristiques fondamentales du Québec dans la Loi constitutionnelle de 1867 :
reconnaissance de la nation ainsi que du français comme seule langue officielle et commune du
Le droit à une justice en français Québec.
Nouvelles règles d’interprétation pour confirmer le statut du français au Québec. Réaffirmation du rôle de premier plan du Québec dans la francophonie canadienne.
Rendre disponible une version française des décisions rendues par écrit en anglais.
Prévoir que les actes de procédure émanant d’une personne morale soient accompagnés
d’une traduction française certifiée.
Clarifier les exigences linguistiques pour accéder à la magistrature.
RENFORCER LES DROITS LINGUISTIQUES FONDAMENTAUX
Le projet de loi reconduit les droits linguistiques fondamentaux historiquement consacrés par la Charte de la langue française,
tout en les enrichissant et en renforçant leur mise en œuvre.
STATUT DE LA
langue commune afin de pouvoir interagir, s’épanouir au sein de la société québécoise et participer à son développement
(art. 6.1);
• Le droit à une justice et à une législation en français (art. 6.2).
LANGUE FRANÇAISE
Le projet de loi étend par ailleurs le droit de recevoir des communications en français en visant les membres des ordres
professionnels, les établissements d’enseignement de niveau collégial et universitaire et, plus largement, toutes les associations
de travailleurs en plus des autres prestataires d’un service régi par la Loi sur les services de santé et les services sociaux.
Tout manquement à ces obligations pourra faire l’objet d’une plainte auprès de l’Office québécois de la langue française,
qui pourra en assurer le traitement au moyen de nouvelles mesures de redressement prévues par le projet de loi (titre III.1,
chapitre II.1).
Certaines exceptions permettront l’utilisation d’une autre langue, notamment les communications avec la communauté anglophone et les
Autochtones, pour faciliter l’accueil des personnes immigrantes, pour faciliter les relations internationales ou encore en matière de santé et de
sécurité publique (art. 22.3).
De plus, l’accès au marché public sera réservé aux entreprises qui sont inscrites et en règle avec le processus de francisation auprès de l’Office
québécois de la langue française lorsqu’elles y sont assujetties et aux entreprises qui auront accepté l’invitation aux services de Francisation
Québec qui leur aura été faite (art. 152.1).
EXEMPLARITÉ DE L’ÉTAT Parallèlement au projet de loi, un décret permet l’entrée en vigueur de l’article 1 du chapitre 28 des lois de 2002, faisant ainsi du français la
langue exclusive des communications écrites de l’Administration avec les personnes morales établies au Québec et les autres gouvernements,
ce qui constitue une avancée significative par rapport aux précédentes interventions en la matière. En effet, près de 20 ans après son adoption,
cet article n’avait pas été mis en vigueur par les gouvernements qui se sont succédé depuis. L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, le
LE FRANÇAIS, UNE AFFAIRE D’ÉTAT 29 mai 2019, une motion visant l’entrée en vigueur de l’article 1 de la loi 104.
Une enquête menée auprès du personnel de 19 ministères et organismes a mis en lumière que 57,1 % du personnel
utilise une autre langue que le français dans ses interactions orales avec des personnes physiques au Québec; cette TRAVAILLER EN FRANÇAIS DANS L’ADMINISTRATION
proportion atteint 74,2 % à Montréal, 80,7 % à Laval et 88 % en Outaouais. Pour ce qui est des interactions écrites avec
des personnes physiques au Québec, 46,2 % du personnel utilise une autre langue que le français; cette proportion L’Administration doit être exemplaire dans ses pratiques linguistiques, tout autant dans les communications qui ont cours au sein d’un même
atteint 61,1 % à Montréal, 70 % à Laval et 74,4 % en Outaouais. Le personnel des ministères et organismes ne semble organisme que dans celles qui surviennent entre diverses composantes de celle-ci.
pas toujours informé quant aux balises qui l’encadrent en matière linguistique. Seulement 38 % des membres du
personnel déclarent avoir été formés ou informés au sujet de la politique linguistique du ministère ou de l’organisme Ainsi, le projet de loi fait du français la langue exclusive des communications entre les membres du personnel de l’Administration dans l’exercice
qui les emploie, et plus de la moitié (56 %) de ceux-ci ignorent l’existence de documents administratifs sur l’usage de leur fonction (art. 18.1), tout en prévoyant certaines exceptions, notamment au sein des organismes reconnus au sens de la Charte de la langue
des langues dans leur organisation. Par ailleurs, le tiers (33,8 %) des 142 ministères et organismes tenus d’adopter française. En outre, les organismes de l’Administration devront rendre compte du nombre de postes pour lesquels ils exigent la connaissance d’une
une politique linguistique ne l’avait pas fait en 2019. Enfin, à l’échelle du Québec, 23,5 % des municipalités exigent ou autre langue que le français ou lorsque cette connaissance est souhaitée (art. 20.1). Ce faisant, c’est le droit qu’ont les employés de l’Administration
souhaitent des compétences en anglais à l’embauche. Cette proportion grimpe à 50 % dans les municipalités et dans de travailler en français qui se voit protégé et renforcé.
les arrondissements de Montréal.
L’État, incluant les organismes municipaux, doit jouer un réel rôle moteur dans l’utilisation du français, langue officielle POLITIQUE LINGUISTIQUE DE L’ÉTAT
et commune du Québec. Il se doit d’être exemplaire en matière de langue française, ce qui se traduit notamment par
une utilisation exclusive du français par l’Administration dans toutes ses activités, tant à l’oral qu’à l’écrit, tout en Dans leur rôle exemplaire, les ministères, les organismes gouvernementaux, les organismes municipaux et les institutions parlementaires seront
permettant que dans certaines situations bien précises, une autre langue puisse être utilisée. Par ailleurs, l’exemplarité assujettis à une nouvelle Politique linguistique de l’État (art. 29.8 à 29.13). Cela permettra de mettre fin à une application à géométrie variable de
se traduit également par la promotion d’un français de qualité, par le rayonnement de cette langue et par sa protection. l’actuelle politique gouvernementale.
En agissant ainsi, l’État se pose en acteur cohérent. Cette politique élaborée par le ministre de la Langue française et approuvée par le gouvernement permettra notamment :
• De guider les organismes de l’Administration dans l’application de la Charte de la langue française, notamment en ce qui a trait à leur obligation
d’exemplarité;
• De guider les organismes de l’Administration dans l’adoption d’une directive, laquelle sera soumise à l’approbation du ministre de la Langue
française. Cette directive viendra préciser la nature des situations dans lesquelles ils entendent utiliser une autre langue que le français lorsque
cela sera permis par la Charte de la langue française;
• La mise en place de moyens de contrôle de la qualité du français au sein d’un organisme de l’Administration.
La future Politique linguistique de l’État devra aussi tenir compte de l’évolution des moyens de communication et encadrer l’emploi et la qualité de
la langue de l’État lorsqu’il utilise les médias sociaux ou d’autres technologies de l’information (art. 29.10).
De manière à assurer une actualisation programmée, la Politique linguistique de l’État devra faire l’objet d’une révision au moins tous les dix ans
(art. 29.12), tandis que les organismes de l’Administration devant adopter une directive devront la réviser au moins tous les cinq ans (art. 29.14).
GOUVERNANCE
respect de la loi à travers l’émission de mises en demeure dans le cadre du processus pénal, l’Office québécois de la langue française
pourra ordonner à tout auteur d’un manquement à une disposition de la Charte de la langue française ou à l’un de ses règlements
d’application de cesser d’y contrevenir, et ce, dans le délai qu’il indique. En outre, les éléments à inclure dans le suivi de l’évolution
de la situation linguistique sont précisés et bonifiés, et l’Institut de la statistique du Québec sera davantage mis à contribution pour la
LINGUISTIQUE
production de données linguistiques.
MINISTÈRE DE LA LANGUE FRANÇAISE COMMISSAIRE À LA LANGUE FRANÇAISE OFFICE QUÉBÉCOIS DE LA LANGUE FRANÇAISE
Un investissement historique et massif de près de 104 millions de dollars sur cinq ans, à compter de l’exercice financier 2021-2022,
est aussi engagé par le gouvernement pour défendre et renforcer le statut du français comme langue officielle et langue commune du
Québec.
UN PROCESSUS DE FRANCISATION AMÉLIORÉ
Le processus de francisation au sein des entreprises vise à atteindre la généralisation de l’utilisation du français sur tous les
plans. Les entreprises visées par le chapitre sur la francisation des entreprises qui n’ont pas atteint l’objectif d’offrir un milieu
de travail en français doivent adopter un programme de francisation qui leur permettra d’atteindre cet objectif et d’obtenir un
certificat de francisation. Pour permettre aux entreprises d’être plus rapidement en mesure de répondre au droit de travailler en
français de leurs employés, quelques précisions ont été apportées au processus pour réduire les délais administratifs à chacune
des étapes. L’Office québécois de la langue française ayant été pourvu de ressources supplémentaires et conséquentes, il sera
plus à même d’accompagner les entreprises dans cette nouvelle mouvance, ce qui allègera le processus pour ces dernières.
En outre, comme le projet de loi rend également exécutoires les droits fondamentaux, ce qui comprend le droit de travailler en
FRANCISATION
français, un travailleur pourra faire appel aux tribunaux pour que cesse toute atteinte à son droit fondamental (art 204.16). Par
ailleurs, le projet de loi prévoit, pour les salariés, le droit à un milieu de travail sans harcèlement ou discrimination en lien avec
des enjeux linguistiques (art. 45.1). Le salarié qui souhaite faire valoir ses droits pourra le faire conformément au mécanisme
DES ENTREPRISES ET
prévu dans l’entente collective qui le régit ou auprès de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité
du travail.
LANGUE DE TRAVAIL
APPLICATION DE LA LOI 101 AUX ENTREPRISES EMPLOYANT DE 25 À 49 PERSONNES
Le projet de loi prévoit que les entreprises employant de 25 à 49 personnes seront désormais visées par les dispositions qui
s’appliquent aux entreprises employant 50 à 99 personnes (art. 139 et ss). Pour permettre une transition graduelle, une période
de trois ans est prévue avant que ces entreprises soient visées par ce nouveau régime. Les autres dispositions qui s’appliquaient
déjà à elles, comme celles incluses dans les chapitres portant sur la langue du travail et sur la langue du commerce et des
ASSURER LE DROIT DE TRAVAILLER EN FRANÇAIS affaires, continueront de s’appliquer. L’Office québécois de la langue française obtiendra les moyens nécessaires afin d’être en
mesure d’offrir l’accompagnement requis par ces entreprises.
L’actuelle Charte de la langue française a permis une avancée importante du français en milieu de travail. Toutefois, la
réalité d’aujourd’hui est bien différente de celle d’il y a 40 ans, de sorte qu’une mise à jour des dispositions encadrant
le droit du travail en matière linguistique s’avère nécessaire. À titre d’exemple, la proportion de travailleurs qui font DES SERVICES D’APPRENTISSAGE DU FRANÇAIS ADAPTÉS POUR TOUTES LES ENTREPRISES
une utilisation prédominante du français au travail a diminué au Québec entre 2006 et 2016, passant de 82 % à
79,7 %, alors que 62,9 % des entreprises sur l’île de Montréal ont exigé ou souhaité que la personne embauchée Pour que le français soit la langue normale et habituelle du travail, le projet de loi institue au sein du ministère de l’Immigration,
ait des compétences linguistiques en anglais pour le dernier poste pourvu en 2018. C’était aussi le cas de 39,8 % de la Francisation et de l’Intégration une unité administrative — Francisation Québec — dont les fonctions sont notamment
des entreprises dans l’ensemble du Québec. Une étude diffusée en mars 2021 par l’Office québécois de la langue d’offrir des services d’apprentissage du français, entre autres au sein des entreprises, pour les personnes qui ne sont pas en
française1 rapporte que plus de la moitié (55,4 %) des travailleurs du Québec considèrent utiliser régulièrement l’anglais mesure d’utiliser la langue commune du Québec (art. 88.11, 149, 156.23 à 156.26). L’Office québécois de la langue française
ou une autre langue que le français au travail. Cette proportion atteint 74,4 % sur l’île de Montréal, c’est-à-dire que déterminera annuellement, après consultation de Francisation Québec, les secteurs d’activités où la situation du français est
les trois quarts des travailleurs affirment utiliser régulièrement l’anglais ou une autre langue que le français au travail. névralgique afin que des services clés en main soient fournis par Francisation Québec (art. 149).
1
Office québécois de la langue française, Langues utilisées dans diverses situations de travail au Québec en 2018, OQLF, mars 2021, p. 9 et 14 [en ligne].
[https://bit.ly/3cFdwWk] (consulté le 1er avril 2021).
UN VRAI VISAGE LINGUISTIQUE FRANÇAIS AU QUÉBEC
En 1993, la Charte de la langue française a été modifiée pour instaurer la règle suivant laquelle l’affichage public et la publicité
commerciale pouvaient être faits soit en français, soit à la fois en français et dans une autre langue, pourvu que le français y
figure de façon nettement prédominante, concept autour duquel s’est développé un consensus quant à sa capacité à assurer
la préservation du « visage français » du Québec. Les règles en matière d’affichage public n’ont jamais trouvé à s’appliquer à
l’affichage des marques de commerce. En novembre 2016, des modifications ont été apportées au Règlement sur la langue du
commerce et des affaires concernant l’affichage des marques de commerce de manière à ce que des messages en français
y soient ajoutés lorsque celles-ci sont affichées uniquement dans une autre langue que le français. Plutôt que d’exiger une
« nette prédominance » du français en de telles circonstances, la réglementation de 2016, qui prévaut toujours, n’exige qu’une
« présence suffisante » du français. Pour redonner au Québec et à sa métropole un visage français, il convient d’aller plus loin.
La « nette prédominance » doit être la règle lorsque l’affichage public est fait à la fois en français et dans une autre langue.
LANGUE DE SERVICE ET
français;
• Lorsqu’une marque est affichée à l’extérieur d’un immeuble, la réglementation actuelle oblige à ce que cette marque soit
accompagnée d’une « présence suffisante » du français. Cette présence du français n’a cependant pas à être nettement
prédominante par rapport à la marque de commerce, puisque cette dernière est exclue de l’appréciation visuelle. À l’heure
LANGUE DU COMMERCE
actuelle, outre l’affichage d’un générique, d’un slogan ou de tout autre descriptif des activités du commerce, des éléments
comme l’affichage d’un menu permanent ou d’affiches permanentes indiquant les produits offerts et le fonctionnement de la
franchise (file d’attente, modes de paiement acceptés, endroits pour commander et pour recevoir les produits commandés)
permettent de conclure à la présence suffisante du français dans le champ visuel. Le projet de loi prévoit expressément que
dorénavant, en pareil cas, le français devra figurer de façon nettement prédominante par rapport à tout autre texte rédigé
AFFICHER, ACHETER ET VENDRE EN FRANÇAIS dans une autre langue;
• Les entreprises disposeront d’une période de trois ans après la date de sanction du projet de loi pour s’adapter et se
L’actuelle Charte de la langue française prévoit un droit linguistique fondamental pour le consommateur d’être informé conformer à ces nouvelles dispositions relatives à l’affichage (art. 201, par. 5).
et servi en français. Or, une enquête de l’Office québécois de la langue française souligne que 50 % de la clientèle de
la région métropolitaine de Montréal soutient avoir été servie au moins une fois dans une autre langue que le français
en 2018, ce qui constitue une hausse de 26 % par rapport à 2012. Par ailleurs, les plus récentes modifications METTRE À CONTRIBUTION TOUS LES ACTEURS
réglementaires relatives à l’affichage public sont venues introduire le concept de présence suffisante du français, alors
qu’il y avait un consensus relatif au concept de « nette prédominance » d’un tel affichage. Une enquête de l’Office Avec les modifications apportées par le projet de loi, les ordres professionnels devront communiquer uniquement en français
québécois de la langue française démontre que sur l’ensemble de l’île de Montréal, en 2017, le taux de conformité de avec leurs membres et les candidats à l’exercice de la profession, sauf dans certains cas bien précis. En effet, la connaissance
l’affichage général ne se situait qu’à 77,5 %. du français appropriée à l’exercice de toute profession régie par le Code des professions étant nécessaire pour tout membre
d’un ordre professionnel, tout professionnel doit être en mesure d’interagir avec son ordre en français, d’autant plus qu’une
obligation déontologique de maintien de connaissance du français sera introduite dans la Charte de la langue française. Ces
professionnels doivent pouvoir fournir leurs services en français.
POSTSECONDAIRE
demeure la langue normale des études collégiales, soit :
• Geler la proportion des étudiants dans le réseau collégial anglophone à 17,5 % (2019-2020) et par la suite s’assurer que
cette proportion ne puisse être qu’égale ou inférieure à celle de l’année précédente.
• Lorsque l’effectif collégial total augmente par rapport à l’année précédente, limiter la possibilité de croissance du réseau
anglophone à un maximum de 8,7 % des nouvelles places de l’ensemble du réseau.
LE FRANÇAIS COMME LANGUE NORMALE DES ÉTUDES - Ce plafond représente la part qu’occupe le réseau scolaire anglophone (primaire, secondaire) relativement à l’ensemble
du réseau scolaire (2019-2020).
Depuis 25 ans, tant la proportion que le nombre d’étudiants fréquentant le réseau collégial francophone ont diminué, - Concrètement, pour une année donnée, si l’effectif collégial total augmentait de 10 000 par rapport à l’année précédente,
alors que la situation inverse s’est produite dans le réseau collégial anglophone. la hausse du nombre d’étudiants admis dans les établissements collégiaux anglophones serait limitée à un maximum
de 870.
Ultimement, les politiques linguistiques des établissements d’enseignement supérieur leur permettront d’atteindre les objectifs
de la Charte de la langue française.
DU FRANÇAIS
commune du Québec (art. 88.9 à 88.13), ce qui en fait la langue d’accueil et d’intégration des personnes immigrantes, la
langue de la communication interculturelle et la langue permettant l’adhésion et la contribution à la culture distincte de la nation
québécoise.
Le projet de loi vise en outre à rendre exécutoires les droits fondamentaux énoncés dans la Charte de la langue française.Il
prévoit l’ajout d’un autre droit fondamental, déterminant pour concrétiser l’objectif de faire du français la langue commune : le
LE FRANÇAIS, ACCESSIBLE À TOUS droit, pour toutes les personnes domiciliées au Québec, dont celles de langue anglaise, à l’apprentissage du français (art. 6.1).
Le poids démographique de l’immigration au Québec a connu une croissance importante au cours des dernières Pour assurer la pérennité, la vitalité et l’appropriation de cette langue commune, le projet de loi engage expressément le
décennies, passant de 7,8 % en 1971 à 13,7 % en 2016. À cette croissance se conjugue une diminution de la gouvernement à prendre des mesures propres à favoriser l’utilisation, par tous, du français comme langue commune ainsi que
proportion de personnes immigrantes ayant une connaissance du français à leur arrivée au Québec. Le portrait de son apprentissage par les personnes qui ne sont pas en mesure d’en faire usage. Il est de surcroît envisagé de mandater le
l’immigration permanente a changé puisque la proportion des personnes immigrantes ayant déclaré connaître le commissaire à la langue française de faire le suivi de la connaissance, de l’apprentissage et de l’utilisation du français par les
français à leur arrivée est passée sous le cap de 50 %. En d’autres mots, si près des deux tiers des personnes personnes immigrantes (art. 190). Ce même commissaire pourra également, d’office ou à la demande du gouvernement ou de
immigrantes admises en 2010 affirmaient connaître le français, cette proportion a baissé jusqu’à représenter à peine l’Assemblée nationale, enquêter sur les mesures mises en place par l’Administration pour veiller à ce que soient fournis des
la moitié des personnes immigrantes en une décennie. services d’apprentissage du français (art. 195).
Les défis que pose la francisation des personnes immigrantes ont notamment été consignés à l’automne 2017 dans De plus, le projet de loi limite la durée pendant laquelle certains enfants en séjour temporaire au Québec pourront être exemptés
le rapport du Vérificateur général du Québec. On y relevait des lacunes concernant : la complémentarité de l’offre de l’obligation de recevoir l’enseignement en français. En effet, selon la règlementation actuelle, les enfants qui séjournent
de francisation selon les intervenants; l’atteinte d’une autonomie langagière suffisante pour accéder au marché du au Québec de façon temporaire peuvent, à la demande de l’un de leurs parents, être exemptés de cette obligation et ainsi
travail ou poursuivre des études postsecondaires; le suivi des personnes immigrantes qui ne connaissent pas le recevoir leur enseignement en anglais durant une période qui peut être renouvelable. Les modifications proposées par le projet
français et qui ne se prévalent pas de l’offre de francisation de l’État. Par ailleurs, le rapport Samson proposait de loi auront pour effet de limiter à un maximum de trois ans la période pendant laquelle les enfants de certains ressortissants
dès novembre 2016 d’établir un « guichet unique de francisation » qui aurait pour mission d’offrir un parcours de étrangers en séjour temporaire au Québec à des fins de travail ou d’études pourront bénéficier de l’admissibilité à l’enseignement
francisation personnalisé et clés en main. en anglais dans le réseau public ou privé agréé aux fins de subvention.
L’offre de services en francisation est effectivement éclatée. À ce jour, trois ministères interviennent en francisation
des adultes : le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, le ministère de l’Éducation et le
COMMUNICATIONS AVEC LES PERSONNES IMMIGRANTES
ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale. Ce morcellement suscite des critiques depuis plusieurs
Pour que le français soit clairement et définitivement la langue d’intégration des personnes immigrantes, le projet de loi prévoit
années, puisqu’il en découle diverses exigences de concertation, une dispersion de l’expertise spécialisée et des
que l’Administration, incluant les organismes municipaux, aura le devoir d’utiliser exclusivement la langue française dans ses
changements fréquents de structures administratives au sein des trois ministères responsables. Cette situation a bien
communications écrites et orales avec les personnes physiques, hormis quelques cas d’exception (art. 13.2). En effet, lorsque
entendu des répercussions sur les services : implantation complexe de mesures d’aide financière, délais d’attente
la situation le commande, l’Administration pourra utiliser une autre langue que le français avec les personnes immigrantes
accrus, services dédoublés et cloisonnés, information complexe sur l’offre, aiguillage difficile et insuffisant, disparité
durant une période maximale de six mois (art. 22.3). D’autre part, l’article 22.2 précise que l’Administration pourra continuer
de l’information recueillie, etc.
de communiquer à l’écrit et à l’oral en anglais avec les personnes physiques avec lesquelles elle communiquait exclusivement
dans cette langue avant la date de présentation du projet de loi, de même qu’avec des personnes déclarées admissibles à
En ce qui concerne les transferts linguistiques1, on remarque que, parmi les personnes allophones ayant effectué un
l’enseignement en anglais conformément à la Charte de la langue française.
tel transfert, seulement 53,7 % de celles-ci font un transfert vers la langue officielle, le français. Cette situation est
fortement en contraste avec le reste du Canada, où 99 % des allophones (90,9 % pour le Nouveau-Brunswick) qui font
un transfert linguistique se tournent vers la langue la plus parlée, soit l’anglais. FRANCISATION QUÉBEC
Francisation Québec sera dorénavant l’unique point d’accès gouvernemental à l’offre de services d’apprentissage du français
pour les adultes domiciliés au Québec, dont ceux de langue anglaise (art. 156.23 à 156.26).
Nouvelle unité administrative du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Francisation Québec sera en
mesure de desservir l’ensemble du territoire québécois.
1 Les transferts linguistiques sont un processus par lequel une personne remplace sa langue maternelle par une autre langue parlée le plus souvent à la
maison. Le croisement de la langue maternelle et de la langue parlée le plus souvent à la maison donne un indice des transferts linguistiques effectués par
la population.
DROIT LINGUISTIQUE FONDAMENTAL
Un nouveau droit linguistique fondamental est prévu à la Charte de la langue française afin que toute personne ait droit à une
justice et à une législation en français (art. 6.2). Ce droit se décline en plusieurs nouvelles mesures ajoutées à la Charte de la
langue française par le projet de loi.
Il est prévu que toute loi doit être interprétée dans le respect des droits visant à protéger la langue française conférés par la
Charte de la langue française (art. 88.14). Également, il est prévu qu’en cas de divergence entre les versions française et anglaise
que les règles ordinaires d’interprétation ne permettent pas de résoudre convenablement, le texte français prévaut (art. 7.1).
LÉGISLATION ET JUSTICE
sans délai accompagné d’une version en français lorsque ce jugement met fin à une instance ou lorsqu’il présente un intérêt
pour le public (art. 10). Pour les autres types de jugements rendus en anglais, ils sont traduits en français à la demande de toute
personne. Ce concept s’applique également à toute décision rendue notamment par les tribunaux administratifs du Québec
exerçant une fonction juridictionnelle.
LE DROIT À UNE JUSTICE EN FRANÇAIS ACTES DE PROCÉDURE ÉMANANT D’UNE PERSONNE MORALE
La Charte de la langue française fait du français la langue de la législation et de la justice au Québec. Néanmoins, Accéder à une justice et à une législation en français se traduit également par le droit pour toute personne de comprendre en
en vertu de ses dispositions actuelles, la Charte de la langue française permet que des jugements des tribunaux français les actes de procédure qui la visent lorsqu’ils émanent d’une personne morale. Ainsi, le projet de loi prévoit que ces
québécois ne soient rédigés qu’en anglais et que des actes de procédure et autres documents judiciaires ne soient actes doivent être accompagnés d’une traduction en français certifiée (art. 9).
déposés qu’en anglais.
Dans de telles circonstances, un justiciable québécois peut recevoir un jugement en anglais uniquement et se trouver EXIGENCES LINGUISTIQUES POUR LA MAGISTRATURE
dans une situation où il ne peut accéder à une version française de ce jugement que s’il en formule expressément
la demande, ce qui engendre des délais. De même, toute décision jurisprudentielle, bien qu’elle présente un intérêt Le projet de loi prévoit qu’il ne peut être exigé de la personne qui doit être nommée à la fonction de juge qu’elle ait la connaissance
public, n’est pas systématiquement accessible en français. ou un niveau de connaissance d’une autre langue, sauf si le ministre de la Justice et le ministre de la Langue française estiment
que cette connaissance est nécessaire et que tous les moyens raisonnables ont été pris avant d’imposer une telle exigence
Le projet de loi avance plusieurs mesures législatives de nature à garantir le plein accès à une justice en français pour (art. 12).
toute la population québécoise, et ce, en toutes circonstances.
INSCRIPTION DES CARACTÉRISTIQUES FONDAMENTALES DU QUÉBEC DANS LA
CONSTITUTION
Le projet de loi propose d’inscrire deux nouveaux articles dans la Loi constitutionnelle de 1867. Ainsi, la Constitution reconnaîtra
dorénavant expressément que les Québécois et les Québécoises forment une nation (art. 90Q.1) et que le français est la langue
officielle du Québec de même que la langue commune de la nation québécoise (art. 90Q.2). Cette démarche s’appuie sur la
procédure de modification unilatérale prévue à l’article 45 de la Loi constitutionnelle de 1982. Elle permet d’inscrire la spécificité
identitaire du Québec dans la Constitution et d’y affirmer la place centrale de la langue française au Québec.
UN ÉTAT NATIONAL
Le Québec, en tant que seul État de langue française en Amérique du Nord, détient une responsabilité particulière quant à la
promotion et à la valorisation de la langue française. Il doit jouer un rôle de premier plan auprès des communautés francophones
et acadienne du Canada et contribuer à leur essor. Le projet de loi propose des mesures concrètes en ce sens.
Renforcement des liens avec la francophonie, plus particulièrement avec les communautés francophones et acadienne
Le projet de loi, dans son préambule, reconnaît la responsabilité particulière du Québec à l’égard des communautés francophones
et acadienne du Canada, du fait de leur histoire partagée, et évoque le rôle de premier plan que doit jouer le Québec auprès de
ces communautés et de toute la francophonie internationale.
En définissant le rôle de l’Administration dans ses actions à l’étranger et ailleurs au Canada, celle-ci se reconnaît l’obligation d’y
promouvoir et d’y valoriser le français et de tendre la main aux communautés francophones et acadienne du Canada ainsi qu’à
toute la francophonie internationale, à travers des actions communes qui permettent d’enrichir la réalité francophone (art. 29.5).
À cet égard, le projet de loi prévoit que les organismes de l’Administration aient comme mission de favoriser les partenariats
et les actions communes qui permettent d’optimiser les ressources à la disposition des francophones et de faire rayonner le
français dans ces communautés.
CIRCONSCRIPTION DE CAMILLE-LAURIN
Le projet de loi propose d’honorer la mémoire de celui qui est à l’origine de la Charte de la langue française, en attribuant son
nom à la circonscription qu’il a représentée tout au long de sa carrière politique. Par conséquent, la circonscription de Bourget
deviendra la circonscription de Camille-Laurin.
1
HOULE, René, et Jean-Pierre Corbeil. Utilisation du français et de l’anglais au travail au Québec, 2016 : portrait d’ensemble des facteurs sociodémographiques,
des secteurs d’emploi et des professions, Office québécois de la langue française, 2019.