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Université Sultan Moulay Slimane (USMS)

Faculté polydisciplinaire de Beni Mellal (FPBM)


Licence des études fondamentales (LEF)
Spécialité : Sciences Économiques et de Gestion (SEG)

Finances Publiques
Semestre 4
Année universitaire : 2019/2020
Pr. Mme A. AISSAOUI

1
Objectifs pédagogiques du cours :
À l’issue de ce module les étudiants seront capables de connaitre, comprendre et maitriser :

1 Les règles juridiques et techniques de la comptabilité publique

2 Les principes d’élaboration du budget et de la loi des finances

3 Les techniques d’élaboration des processus de la comptabilité publique

4 Les procédures de gestion de la comptabilité publique :


(engagement, liquidation, ordonnancement, paiement, report, virement, consolidation, …)

5 Le processus d’élaboration et d’exécution du projet de la loi de finances de l’année

6
Séance 1

Le processus de contrôle d’exécution de la loi des finances de l’année


2
Contexte général et problèmes des finances publiques

Importance des finances


publiques pour un pays
OBJECTIFS
de tout
un moyen d’intervention gouvernement
économique et sociale

• Croissance soutenue; • Santé;



Séance 1

• Plein emploi; Solidarité;


• Stabilité des prix. • Enseignement;
3
• Infrastructures, etc
Contexte général et problèmes des finances publiques

CONJONCTURE
ÉCONOMIQUE DÉFAVORABLE
Ses effets au niveau national et international
(crise touchant aux partenaires commerciaux
01 du Maroc)

02
DIFFERENTES
PRESSION
MESURES FISCALES
SUR LES DÉPENSES
Introduites dans les
PUBLIQUES
Après une expansion dernières Lois de
Alourdissement de Finances
la charge de la
des recettes fiscales jusqu’en 2008, (*Mesures
compensation et les finances publiques ont subi d’exonérations totales ou
du poids de la partielles, réductions,
masse salariale
une chute à cause de: abattements ou taux
préférentiels)

04 * Les principaux bénéficiaires de ces


dérogations fiscales sont les
promoteurs immobiliers (6.075
EFFETS MDHS en 2013), le tourisme sur la
DÉMANTÈLEMENT TARIFAIRE 03 partie du CA réalisée en devises
(362 MDHS en 2013), l’export (3.622
Différents accords de libre échange
MDHS en 2013 notamment
Séance 1

conclus par le Maroc avec


l’exonération en matière d’IS), et les
plusieurs puissances économiques
ménages (exonération de tous les
mondiales et autres pays arabes impôts et taxes au profit des
programmes consacrés au logement
social 2.741 MDHS). 4
Contexte général et problèmes des finances publiques
L’accroissement continu des dépenses publiques s’explique par:
La loi de Wagner ou loi d’extension croissante de l’activité publique
Cette loi prédit que la part des dépenses publiques dans le produit intérieur
brut augmente avec le niveau de vie.
Wagner explique que « Plus la société se civilise, plus l’État est dispendieux. » Pour
lui, l’accroissement des dépenses publiques est causé fondamentalement par
l’apparition de deux catégories de nouveaux besoins :

1 Mouvement d’industrialisation
Plus l’économie se développe, plus l’État doit investir en infrastructures publiques.
Le processus d’industrialisation apporte le progrès social puisqu’il augmente de manière générale
les revenus.

2
Mouvement d’urbanisation
Plus le niveau de vie de la population augmente, plus celle-ci accroît sa
consommation de biens supérieurs aux besoins de base , comme les loisirs, les
services culturels, l’éducation, la sécurité sociale…
Séance 1

D'ici 2050, pratiquement sept personnes sur 10 (68 %) vivront en milieu urbain contre à peine
plus d'un sur deux (55 %) actuellement, selon l'ONU. 5
Contexte général et problèmes des finances publiques
RÉSULTATS : L’impact de l’accroissement des dépenses publiques sur l’État se manifeste sur
deux fait majeurs:
Une dégradation du solde budgétaire qui est passé d’un excédent de
0,4% du PIB en 2008 à des déficits de 6% en 2011 et de 7,3% en 2012;

Une montée de la demande sur


l’emprunt public (government bond).
Séance 1

6
Contexte général et problèmes des finances publiques

Les problèmes des finances publiques (1)

Les finances publiques modernes sont marquées par l’accroissement du


déficit public …
❑Il traduit bien la situation marquée par l’expansion des dépenses
publiques favorisée par un rendement insuffisant des impôts.
❑La persistance du déficit budgétaire (déficit structurel vs conjoncturel)
est expliqué par la santé économique d’un Etat. Lorsque l’activité
économique faiblit tombant au dessous de sa production potentielle, le
déficit budgétaire s’accroit du fait du rétrécissement de l’assiette fiscale.
En parallèle à cela certaines dépenses s’accroissent:
- caisse de compensation;
- subventions accordées à certaines entreprises publiques en
difficultés …etc.
Séance 1

7
Contexte général et problèmes des finances publiques

Les problèmes des finances publiques (2)

Le recours massif à l’endettement…


❑ Le recours à l’emprunt extérieur reste une donnée structurelle des pays en
développement.
❑ L’emprunt dans ces pays pose le problème d’une utilisation rationnelle qui se
heurte à la faiblesse des structures économiques (Eses) ainsi que d’autres
aspects du sous développement tels que faiblesse des infrastructures,
manque de personnel qualifié.
Or, le recours à l’endettement ne peut pas transformer cet environnement
économique.
❑ L’endettement se traduit , sur le plan externe, par la dépendance vis-à-vis des
pays créditeurs;
❑ Sur le plan interne, par les inconvénients suivants:
- Poids financier sur le coût de production;
- Absence de maitrise sur la technologie importée et surfacturation
Séance 1

systématique de cette technologie.


8
Contexte d’évolution
Contexte général des des
et problèmes finances
financespubliques
publiques

ETAT ACTUEL
Face à l’inexorable progression de la pandémie de
Covid-19, Le choc sur les finances publiques s’annonce
retentissant, aussi bien en matière de recettes que de
dépenses. La baisse de la croissance va en effet
plomber les rentrées fiscales. Le budget 2020 a été bâti
sur une prévision de croissance de 3,7 % désormais
totalement obsolète.
Séance 1

9
Contexte général et problèmes des finances publiques
la concrétisation du projet l’élargissement de la
de régionalisation avancée population fiscale,
01
12
l’amélioration de la
l’équité fiscale: répartir
gouvernance des 02 équitablement la charge
établissements et entreprises 11 fiscale
publics
Pour atténuer
la maîtrise de certaines
la réforme du système à cette situation de
dépenses, dont la
de compensation 10 déséquilibre, il faut procéder à 03
charge de compensation
des ajustements et des
et la masse salariale
réformes qui permettent
d’avoir des sources de
la réforme de la Loi financement (des recettes l’amélioration de
Organique relative
STEP
09 additionnelles) et du 04 l’efficacité de
à la Loi de Finances 0 développement : l’investissement public
STEP
0
la réforme fiscale
508 L’amélioration du
05
climat des affaires
6 le renforcement de la
Séance 1

la réforme des régimes de 07 06


retraite et la maîtrise de la transparence des
dette du Trésor finances publiques
10
La comptabilité publique : généralités

Il existe trois types de comptabilités :

La comptabilité nationale: Elle fait l'analyse et la synthèse des opérations


effectuées par l'ensemble des agents économiques (entreprises, ménages, Etat,...)
agissant dans l'espace national y compris, celles réalisées avec le reste du monde.

La compatibilité publique: Elle enregistre les opérations de l'Etat, des


collectivités locales et des établissements publics.

La comptabilité commerciale: Grâce à l'image qu'elle donne de l'entreprise


elle permet à la direction d'en vérifier l'évolution, au banquier d'en apprécier la
solidarité, et aux associés d'en contrôler la gestion.
Elle est composée de plusieurs branches :
La comptabilité générale,
La comptabilité analytique d'exploitation,
Séance 2

La comptabilité des sociétés, ...


11
La comptabilité publique : généralités

Définition de La comptabilité publique

Elle est définie comme étant : « l’ensemble des


règles qui régissent , sauf dispositions contraires,
les opérations financières et comptables de l’Etat,
des collectivités locales, de leurs établissements
et de leurs groupements et qui déterminent les
obligations et les responsabilités incombant aux
agents qui en sont chargés » (art 1 du RGCP)
Séance 2

12
La comptabilité publique : généralités

La définition légale de la comptabilité publique retenue par l'article 1er du R.G.C.P met en
avant quatre éléments fondamentaux:

Les règles applicables Les opérations financières


La préoccupation du pouvoir Ce sont des recettes et des dépenses d'opérations
réglementaire statuant en matière budgétaires, et les opérations de trésorerie
de comptabilité publique a été de (Mouvements de fonds, dépôts et recettes).
multiplier les gardes fou, les
garanties par la vérification du Les organismes publics
respect des règles juridiques et la
sanction de leur violation. Le Il s'agit de l'Etat, les Collectivités Locales
R.G.C.P. a posé de façon claire et ainsi que les établissements publics, suivant
nette des bases saines du contrôle la nature et le statut juridique de ces
interne. établissements.
Les associations, fondations et autres
Les agents chargés de l'exécution organismes privés subventionnés par des
Il s'agit des ordonnateurs et des fonds publics sont écartés, ils sont toutefois
comptables publics. soumis aux contrôles financiers de l'Etat en
- L'ordonnateur met en route la raison de leur financement par des
procédure financière. organismes publics.
Séance 2

- Le comptable l'achève en encaissant


les recettes ou en payant la dépense.
La comptabilité publique : généralités

Le Maroc a adopté en juin 2015 une nouvelle loi


organique relative à la loi de finances dont la mise en
œuvre s’est effectué progressivement depuis 2016. Elle a
introduit d’importantes réformes dans les domaines de la
gestion du budget et de la tenue de la comptabilité de
l’Etat.
L’analyse du système comptable des établissements
publics administratifs au Maroc, en d’appuyant sur les
textes qui le régisse montre que la comptabilité
budgétaire se limite au classement et à l’enregistrement
des opérations budgétaires et de trésorerie dans une
simple nomenclature de comptes. Cette comptabilité est
Séance 2

qualifiée de comptabilité de « caisse ».


14
La comptabilité publique : généralités

• A partir de 2018, selon la LOF 2015, la comptabilité publique sera une


comptabilité en droits constatés (comptabilisation de l’opération sans se
soucier de l’encaissement ou décaissement) et suivra des principes
presque identiques à ceux posés par le plan comptable général applicable
au secteur privé (CGNC ou loi comptable de 1993).

• Elle s'inspirera des normes comptables issues de la comptabilité


générale: logique du patrimoine, comptabilité d'exercice, partie double
c’est-à-dire correspondance entre les ressources et leurs emplois. …

• En plus du suivi des dépenses et des recettes des administrations et des


collectivités, celle-ci retracera donc désormais le patrimoine de l'État et
donnera une information financière fiable.

• En 2020, avec l’introduction de la comptabilité analytique, le Parlement,


l’économiste et le citoyen seraient capables d’analyser les coûts des
différentes politiques publiques.
Séance 2

15
La comptabilité publique : généralités

On distingue
deux types de
comptabilité

Comptabilité comptabilité
de caisse d’engagements
Séance 2

(système de la gestion) (système de l’exercice),


rattache une opération à l’exercice aussi appelée comptabilité en droits
de l’année de son exécution constatés, retient la date du fait
(encaissement ou décaissement), générateur (naissance de la dette
quel que soit le moment du fait ou de la créance) comme critère de
générateur rattachement comptable. 16
La comptabilité publique : généralités

Parmi les limites de la comptabilité de caisse :


• Il ne rend pas compte de la totalité des engagements,
seuls les engagements qui se matérialisent par des flux de
trésorerie sont comptabilisés. En comptabilité privée, les
engagements sont enregistrés lorsqu’ils surviennent et
non seulement au moment de la réalisation des flux
financiers ;
• Il ne permet pas d’évaluer la situation financière et
patrimoniale de l’État ;
• Il fournit une information partielle n’aidant pas à
l’évaluation et au pilotage de l’efficacité de l’action
publique. En conséquence, il ne répond pas aux exigences
d’informations comptables et financières des décideurs.
Séance 2

17
La comptabilité publique : généralités

Parmi les avantages de la comptabilité d’engagement:


• Elle oblige l’établissement des états financiers (bilan, compte de
résultat). Ces documents produisent des informations très utiles sur
les biens patrimoniaux d’État. Le bilan, par exemple, favorise
l’identification et la valorisation des immobilisations, des stocks,
des créances et des dettes. Il aide aussi à la compréhension de la
situation financière des services de l’État en mettant en
comparaison les obligations et les ressources ;

• Elle permet une approche redditionnelle très large. Les destinataires


de l’information comptable sont multiples : les citoyens et leurs
représentants, les responsables et les gestionnaires des services
étatiques, les institutions publiques internationales etc. ;

• Elle participe aussi à la mesure des coûts et de la performance de la


gestion publique. La comptabilité est une source d’information toujours
utilisée en contrôle de gestion pour calculer les coûts des biens et
Séance 2

services. Elle permet donc une approche décisionnelle aidant18 à


l’évaluation de l’efficacité et l’efficience des politiques publiques.
La comptabilité publique : généralités

La comptabilité publique est un ensemble de règles principalement


juridiques et techniques.
➢ Les règles juridiques sont des règles de droit (force
obligatoire, sanction par l’autorité publique).
• Les actes juridiques de la comptabilité publique
émanent de plusieurs sources: Droit international,
constitution, lois (loi organique des finances), arrêtés
du MEF, circulaires…
➢ Les règles techniques de la comptabilité publique
sont fixés par des instructions du ministère des
finances.
• Elles ont pour objectif la description des opérations
Séance 2

financières des organismes publics. 19


La comptabilité publique : généralités

Comparaison entre Comptabilité publique et Comptabilité Commerciale

1 La comptabilité publique vise principalement à vérifier la


régularité des opérations financières,

Par contre la comptabilité privée vise à


connaitre le résultat de gestion.

En comptabilité publique, la plupart des recettes


proviennent d’impositions recouvrées par des procédés de
puissance publique. Les organismes publics n’ont pas pour raison 2
d’être de faire des bénéfices mais de réaliser l’intérêt général.
Séance 2

En comptabilité privée, les recettes des entreprises privées


proviennent des versements consentis par les acheteurs et les
usagers en vue de réaliser des bénéfices.
20
Règles fondamentales de la comptabilité publique

I - Les fondements de la comptabilité publique


❑ Les règles de la comptabilité publique sont principalement
des techniques de contrôle (il s’agit bien d’un contrôle de
régularité ou contrôle de conformité à la réglementation).

▪ L’objectif principal du contrôle de régularité est d’assurer la


protection des deniers publics.

▪ Deux règles principales régissent le fonctionnement de la


comptabilité publique à savoir :

La règle de service fait et la règle de la gestion de fait.


Séance 3

21
Règles fondamentales de la comptabilité publique
I- Les fondements de la comptabilité publique
1. La règle de service fait:
Elle interdit, en principe, les paiements des dépenses
publiques avant que les bénéficiaires aient exécutés les
prestations qui en sont les contreparties.
Càd que les organismes publics ne peuvent payer qu’après
service fait. Et donc tout paiement d’avance est absolument
interdit sans justification.
Exemple:
➢ Le décaissement des deniers publics sous forme de traitement et salaire
en faveur d’un fonctionnaire ne peut être effectué avant
l'accomplissement de la prestation du bénéficiaire.
Séance 3

➢ Par suite, si le fonctionnaire n'accomplit pas son service, il perd son droit
au traitement ainsi que le droit aux indemnités auxquelles il pouvait
prétendre. 22
Règles fondamentales de la comptabilité publique

Pour le Professeur Amselek, « la règle du service fait n’a pas


normalement d’incidence sur l’existence même des dettes
publiques, mais sur leur exigibilité. (…) lorsque l’Etat passe un
contrat stipulant le versement d’un prix en rémunération de
certaines contreprestations du cocontractant, il se trouve bien
endetté dès la signature du contrat ; il est, dès ce moment,
titulaire d’une obligation pécuniaire, en même temps que
son cocontractant devient titulaire d’obligations en nature.
La dette publique existe dès cet instant, mais elle ne
deviendra exigible qu’après l’accomplissement des
obligations du co-contractant : ce dernier n’a droit au
paiement de sa créance – et la personne publique
corrélativement l’obligation de payer sa dette – qu’après
Séance 3

service fait» 67 P. Amselek, Une institution en clair-obscur : la règle du service fait, loc. cit.
23
Règles fondamentales de la comptabilité publique

I - Les fondements de la comptabilité publique


2. La règle de la gestion de fait
« La gestion de fait peut être définie comme : le
maniement sans titre de deniers publics ou privés
réglementés ». Éric OLIVA (2008). Finances publiques. Édition Dalloz.fr, Paris, France Page 485.

➢ La gestion de fait est donc le maniement de deniers publics par une


personne n’ayant pas la qualité de comptable public. Il s’agit d’une
violation du principe de séparation des ordonnateurs et des comptables. La
constitution d’une gestion de fait assimile le gestionnaire de fait à un
comptable public; il doit donc rendre compte de sa gestion dans les mêmes
conditions qu’un comptable patent* et peut dès lors être sanctionné selon
une procédure spécifique par les juridictions financières.
Séance 3

* Comptable patent: comptable détenant, à la différence d'un comptable de fait, un titre légal de comptable
public.
24
Règles fondamentales de la comptabilité publique

I - Les fondements de la comptabilité publique

2. La règle de la gestion de fait


« La gestion de fait peut être définie comme : le maniement
sans titre de deniers publics ou privés réglementés ».
Éric OLIVA (2008). Finances publiques. Édition Dalloz.fr, Paris,
France Page 485.

La gestion de fait ne concerne pas les fonctionnaires,


administrateurs, comptables publics et ordonnateurs. Mais,
toute personne physique ou morale, qui soit par fraude ou par
ignorance s’immisce irrégulièrement dans le maniement des
Séance 3

deniers publics.
25
Règles fondamentales de la comptabilité publique
I - Les fondements de la comptabilité publique

2. La règle de la gestion de fait Absence d’habilitation


Extraction irrégulière de
deniers publics Maniement et
détention

Ingérence dans
l’encaissement
Deniers privés
de recettes publiques
réglementés

Éléments
constitutifs de la
gestion du fait

26
Règles fondamentales de la comptabilité publique
I- Les fondements de la comptabilité publique
2. La règle de la gestion de fait
Éléments constitutifs de la gestion de fait :
(1) Ingérence dans l’encaissement de recettes publiques:
C’est le fait de percevoir des recettes revenant à un organisme public à la place du
comptable public habilité à le faire est constitutif de gestion de fait. La notion de
recettes doit être entendue au sens large (cotisations obligatoires, recettes tirées
de recherches effectuées par un laboratoire d’université, ristourne et
commissions, remises...).
On peut également citer, les recettes du domaine, les impôts, droits et taxes
fiscales ou parafiscales, l’encaissement de dons, legs et participations... Peuvent
être déclarés gestionnaire de fait, les personnes qui ont encaissé ces recettes
alors même que la décision de les percevoir aurait été illégale.
➢ Exemple l’ingérence dans le recouvrement des recettes affectées ou destinées à des
Séance 3

organismes publics: Un enseignant chercheur encaisse au titre des frais de formation


continue d’un participant à la formation qui devaient être versés au budget de
27
l’université.
Règles fondamentales de la comptabilité publique

I - Les fondements de la comptabilité publique


2. La règle de la gestion de fait
Éléments constitutifs de la gestion de fait :

(2) Extraction irrégulière de deniers publics :


Consiste à sortir des fonds de la caisse d’un comptable public par un acte régulier :
par exemple, une délibération autorisant le versement d’une subvention à une
association, mais le mandat de paiement, quoique bien réel ne correspond pas à
la réalité.

➢ Exemple de L’extraction irrégulière de fonds de la caisse publique: Elles concernent


le plus souvent des subventions irrégulières (version d’une subvention ayant un objet
réel différent de celui annoncé, versement de subventions fictives), des frais de mission
Séance 3

fictifs, des marchés fictifs (sans service réellement fait), voir même des détournements de
fonds.
28
Règles fondamentales de la comptabilité publique
I - Les fondements de la comptabilité publique
2. La règle de la gestion de fait
Éléments constitutifs de la gestion de fait :

(3) Absence d’habilitation:


Les opérations de recettes ou de dépenses d’un organisme public doivent être
effectués par son (ou ses) comptables publics. L’habilitation ne découle pas
seulement de la qualité de comptable public, mais de la nomination à un poste
déterminé. Un régisseur d’avances ou de recettes régulièrement nommé qui ne
respecte pas les modalités de fonctionnement de sa régie peut aussi être
comptable de fait.
➢ Par exemple:
- Absence d’habilitation pour payer une dépense (cas de poursuite pécuniaire ou pénale
du comptable)
Séance 3

- ordonnateur non habilité


- personnes étrangères au service qui manient des deniers publics
29
Règles fondamentales de la comptabilité publique

I - Les fondements de la comptabilité publique


2. La règle de la gestion de fait
Éléments constitutifs de la gestion de fait :

(4) Maniement et détention:

La simple détention de deniers publics est constitutive de gestion de fait. Les


détournements de fonds sont également constitutifs au même titre que leur
maniement.
(5) Deniers privés réglementés:

Les comptables publics manient également des fonds et valeurs appartenant à


des personnes privées, confiés à eux en application d’une réglementation.
➢ Exemples : hôpitaux et maison de retraite, mais également les dépôts et
Séance 3

cautionnements divers.

30
Règles fondamentales de la comptabilité publique

II- Le principe de la séparation des fonctions de l’ordonnateur et de comptable:

❑ Selon (ART 3 DRGCP*): L’exécution des opérations


financières des organismes publics est assurée par
deux ordres d'agents distincts et séparés:

les ordonnateurs
et
les Comptables publics.

31
* règlement général de comptabilité publique
Règles fondamentales de la comptabilité publique

II- Le principe de la séparation des fonctions de l’ordonnateur et de comptable:

❑ Ce principe de séparation des ordonnateurs et des comptables est


un principe du droit de la comptabilité. Il répond à un double
objectif: séparation de tâche et un contrôle l’exécution du budget.
Ceci est justifié par la volonté d’éviter les malversations et fraudes
et par le souci de séparer les tâches qui sont par nature différentes.

Précision :
Ce principe est écarté dans certains cas:
- Dépenses et factures sans ordonnancement comme: électricité, téléphone… Car
sont payés après leur consommation.
- Traitements et salaires des fonctionnaires,
- l’exécution des jugements contre l’Etat.
En général toutes les dépenses sans ordonnancement préalable: ex: frais de justice, avance aux régisseurs, traitements
et salaires, …) 32
Règles fondamentales de la comptabilité publique

II- Le principe de la séparation des fonctions de l’ordonnateur et de comptable:

En pratique: en l’absence de ce principe les ordonnateurs


et les comptables peuvent conniver entre eux pour
dilapider les deniers publics.
Par exemple:
L’émission de l’impôt «Taxe d’habitation-Taxe des services
communaux (TH- TSC) » se fait au niveau des services de
l’administration des impôts (l’ordonnateur),
Par contre
le paiement se fait au niveau de la perception relevant de la
TGR (le comptable public).
NB: Le produit de ces taxes est versé au profit des collectivités territoriales. 33
Règles fondamentales de la comptabilité publique

III Définition des ordonnateurs et des comptables publics


« est ordonnateur public de recettes et de dépenses, toute personne
ayant qualité au nom d’un organisme public pour engager, constater,
liquider ou ordonner soit le recouvrement d’une créance soit le
paiement d’une dette ».

« Est comptable public, tout fonctionnaire ou agent ayant qualité


pour exécuter au nom d'un organisme public des opérations de
recettes, de dépenses ou de maniement de titres… »
Article 3 du Décret Royal n° 330-66 (10 moharrem 1387) portant règlement général de comptabilité publique (1) (B.O.
26 avril 1967). (Version janvier 2019).

Lexique:
Maniement de titres:
• émission d’un ordre de recettes (TTNB: taxe sur les terrains non bâtis, produit de location d’un bien public…)
ou
• dresser un titre d’annulation d’une recette (dégrèvement d’impôts)

34
Règles fondamentales de la comptabilité publique
Exemple de lettre de dégrèvement d’impôts:
• Le ____ [Indiquez la date], vos services m’ont adressé un avis d’imposition concernant mes
impôts sur le revenu / ma taxe professionnelle / etc., dont je vous adresse une copie ci-
jointe.

• Or, il se trouve que le montant de cette imposition ne correspond pas à ma situation, pour
les raisons suivantes : _____ [Expliquez votre situation, l’objet de la contestation].

• OU BIEN: Or, il se trouve qu’en raison de ma situation familiale et professionnelle, je suis


dans l’incapacité de payer cette somme dans sa totalité. ___ [Exposez votre situation, en
argumentant].

• OU BIEN: En vertu de l'article_____ du Code Général des Impôts, il se trouve que je suis en
droit de demander un dégrèvement (forfaitaire, temporaire, total, partiel) de mon
imposition.

• Par conséquent, je sollicite de votre haute bienveillance un examen attentif de mon dossier
Séance 4

et vous remercie de bien vouloir m’accorder un dégrèvement (d’une partie) de la somme


due.
35
Règles fondamentales de la comptabilité publique

1. Catégories des ordonnateurs:

1.1- Ordonnateurs de droit : les ministres


Les ministres en tant que représentants de l’Etat sont compétents pour
administrer les biens, passer des marchés, liquider les dettes et les créances.

1.2- Ordonnateurs délégués


Les ordonnateurs peuvent déléguer leurs signature. Les ordonnateurs délégués
remplacent les ordonnateurs principaux en cas d’absence ou d’empêchement.

1.3- Les ordonnateurs des collectivités locales :


-Le Président du conseil communal (commune)
-Le président de conseil préfectoral/ provincial (préfecture, province,)
Séance 4

-Le président du conseil de la région (région )

36
Règles fondamentales de la comptabilité publique

2. Les attributions du comptable public:


Le comptable public est tenu d'exercer plusieurs contrôles, Il s’agit
entre autres de:
- Contrôle de la validité de la dépense: exactitude des calculs de
liquidation ;
- l'existence de la certification ou du visa préalable d'engagement;
- S'assurer de la qualité de l'ordonnateur ou de son délégué ;
- S'assurer de la disponibilité des crédits ;
- S'assurer de la production des pièces justificatives exigées par la
réglementation en vigueur.
(L’article 11 du décret n° 330-66 du 21-04-1967 tel qu’il est
modifié par le décret n° 2-04-797 du 24-012-2004. BO. n° 5278
Séance 4

bis du 31-12-2004. Date d’effet : 01-01-2005)

37
Règles fondamentales de la comptabilité publique
3. Les catégories des Comptables publics:
Il sont classés en plusieurs catégories correspondant à des spécialisations dans
différentes natures d’opérations financières. On distingue:
3.1- Le Trésorier général du Royaume (TGR)
C’est le comptable principal de l’Etat, des comptes spéciaux de trésor et des
SEGMA.
Rappel:
SEGMA: liberté d’établir son budget, droit à la subvention d’équilibre octroyé par le budget général,
possibilité de produire des biens ou des services moyennant une rémunération.

Exemple: CHR: perçoivent des redevances des citoyens en contrepartie des services qu’ils octroient.
Selon la LOF 2015, les SEGMA doivent disposer au moins de 30 % des ressources propres à la fin de la
3ème année de leur création. A défaut, la qualité de SEGMA leur sera retirée.

CST:
- les comptes de prêts retraçant les opérations de prêts réalisées par l’État (il s’agit surtout de prêts à
des États étrangers réalisés dans le cadre de la politique commerciale ou d’aide au développement);
Séance 4

- Comptes d'adhésion aux organismes internationaux: Ces Comptes décrivent les versements et les
remboursements au titre de la participation du Maroc aux organismes internationaux.
- les comptes d’avance retraçant les avances faites par l’État à des collectivités, organismes ou personnes
privées. 38
Règles fondamentales de la comptabilité publique

3. Les catégories des Comptables publics:


3.2 - Les trésoriers ministériels: Crées en 2007, les trésoreries
ministérielles sont chargées d’assurer le contrôle et l’exécution
des opérations de recettes, de dépenses et de trésorerie qui lui
sont confiées, la tenue de la comptabilité et l’élaboration des
situations de gestion relatives aux opérations initiées par les
ordonnateurs des départements ministériels concernés.
3.3 - Les percepteurs (rattachés au TGR): Se sont des comptables
secondaires qui se chargent de recouvrement de recettes pour le
compte du TGR:
Ex. procèdent par ordre de recette pour le recouvrement des profits fonciers
3.4 - Les agents comptables des consulats: Ces agents effectuent
pour le compte du TGR des opérations de recettes et de
dépenses publiques à l’étranger. Se sont des comptables
Séance 4

principaux qui sont tenus de produire leur comptes de gestion à


la cour des comptes.
39
Règles fondamentales de la comptabilité publique
3. Les catégories des Comptables publics:
3.5 - Les comptables de recettes:
Ex:
✓ Receveurs des douanes et impôts indirects;
✓ Receveurs de l’enregistrement et de timbre de l’administration fiscale (RAF: DGI);
✓ Conservateurs de la propriété foncière;
✓ Receveurs des postes;
✓ Secrétaires greffiers de tribunaux ;

3.6 - Les régisseurs:


Il sont rattachés au président du conseil municipal dans le cadre de la
décentralisation.
Il sont chargés de l’exécution de certaines dépenses et recettes des
organismes publics qui (en raison de leur nature, de leur faible
importance, de leur caractère imprévisible) ne peuvent être soumises
Séance 4

aux formalités d’engagement de liquidation, d’ordonnancement et de


paiement ou pour faciliter l’encaissement de certains produits.
40
Règles fondamentales de la comptabilité publique
3. Les catégories des Comptables publics:
3.6 - Les régisseurs (suite):
• Exemples de paiement de dépenses par voie de régie:
- Dépenses de personnel: salaires et indemnités horaires payés à l’exécution des
travaux non permanents;
- Frais de mission à l’étranger;
- Indemnités de déplacement….
- Dépenses de matériel: il s’agit de frais de faible importance dont l’acquisition ne
peut être faite que sur place: frais postaux, entretien de locaux administratifs et du
matériel.
- Avances autorisées par voie réglementaire: avances pour les pèlerinages à la mèque
ou sur la fête de l’Aid Al Kébir.
• Institution de régies de recettes pour faciliter l’encaissement de certains produits et
ce quelque soient la nature, la forme et le Montant:
Séance 4

Exemple de la TSAVA (taxe spéciale annuelle sur les véhicules automobiles) qui peut
être encaissée soit par la municipalité, des bureaux de poste, des assurances,… la
régie est instituée par décision du ministre des finances et du ministre concerné.41
Règles fondamentales de la comptabilité publique
3. Les catégories des Comptables publics:
3.6 - Les régisseurs (suite):
• Exemples de paiement de dépenses par voie de régie:
- Dépenses de personnel: salaires et indemnités horaires payés à l’exécution des
travaux non permanents;
- Frais de mission à l’étranger;
- Indemnités de déplacement….
- Dépenses de matériel: il s’agit de frais de faible importance dont l’acquisition ne
peut être faite que sur place: frais postaux, entretien de locaux administratifs et du
matériel.
- Avances autorisées par voie réglementaire: avances pour les pèlerinages à la mèque
ou sur la fête de l’Aid Al Kébir.
• Institution de régies de recettes pour faciliter l’encaissement de certains produits et
ce quelque soient la nature, la forme et le Montant:
Séance 5

Exemple de la TSAVA (taxe spéciale annuelle sur les véhicules automobiles) qui peut
être encaissée soit par la municipalité, des bureaux de poste, des assurances,… la
régie est instituée par décision du ministre des finances et du ministre concerné.42
Les grands principes de l’autorisation budgétaire
I . Définition de la loi de finance (LF):
Qu’est ce qu’une loi de finance ?
▪ L’article 1er de la LOF donne une définition précise de la loi de
finances : celle-ci « détermine, pour chaque année budgétaire,
la nature, le montant et l’affectation de l’ensemble des
ressources et des charges de l’Etat, ainsi que l’équilibre
budgétaire et financier qui en résulte.

▪ Cette définition englobe les six grands principes budgétaires qui


traduisent une volonté de contrôle des dépenses par le
parlement. Ils commandent la forme et le contenu du budget:
annualité unité spécialité
Séance 5

universalité équilibre sincérité


43
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

1- Le principe de l’annualité
➢ Ce principe vise l’examen périodique et régulier du budget.
➢ Le budget est voté pour un an, l’année budgétaire correspondant à
une année (1er janvier – 31 décembre).
➢ Il s’agit donc d’une annualité de l’autorisation parlementaire et
d’une annualité de l’exécution.
➢ En effet, passé ce délai, et si aucune nouvelle loi de finances n’est
adoptée, l’Etat ne peut ni percevoir des recettes, ni engager de
nouvelles dépenses.
➢ C’est d’ailleurs pour cette raison que le budget doit être voté avant
le début de chaque année budgétaire, qu’il n’est valable que pour
Séance 5

une année, et qu’il doit être exécuté au cours de cette même


année. 44
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

Les exceptions au principe de l’annualité :


La loi de finances a arrêté un certain nombre de dispositions qui permettent
d’échapper au principe de l’annualité :

1- Les dispositions relatives aux autorisations de programme : les lois de


programme (qui déterminent les objectifs de l’action économique et sociale de
l’Etat) le plan constitue la loi de base de la politique d’investissement de l’Etat.

✓ Exemple : Certaines autorisations peuvent dépasser l’année. Les autorisations


de programme permettant aux ordonnateurs d’engager des dépenses
d’investissement sur plusieurs années.
Autoroute, Port Tanger-med…
2- Les dispositions relatives à l’approbation de convention financière : qui
peuvent engager l’équilibre financier des années ultérieures.

✓ Exemple : dans le cadre d’un accord de coopération internationale, le


Séance 5

parlement peut être amener à voter l’autorisation, celle-ci engage les deniers
publics pour plusieurs années et le gouvernement n’est pas tenu de faire
ratifier cette autorisation toutes les années. 45
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

Les exceptions au principe de l’annualité :


3 - Les garanties accordées par l’Etat directement ou indirectement :
✓ Exemple : suivant que les intermédiaires financiers sous tutelle étatique
soient dans l’impossibilité de disposer de crédits importants à l’extérieur
sans l’intervention de l’administration centrale. Par un acte législatif, le
gouvernement accepte d’accorder sa garantie et se substitue à
l’emprunter dans l’hypothèse de son insolvabilité.
4 - Les dispositions relatives à la gestion de la dette publique : le
remboursement de la dette engage le législateur et les deniers publics sur
plusieurs années.
5 - Le principe de la continuité du service public : ce principe vise à assurer
une permanence des services en leur garantissant une sécurité des crédits
et leur reconduction année en année, par exemple ; des volets d’exécution
des budgets annexes et des comptes spéciaux ou des S.E.G.M.A.
Séance 5

6 - La loi de finances rectificative : adoptée à cause des contraintes


économiques et financières conjoncturelles rompt de façon exceptionnelle
le cadre annuel de l’exécution budgétaire. 46
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

Remise en cause du principe de l’annualité :


➢ Modification de la prévision annuelle: les prévisions annuelles
peuvent être modifiées en cours d’année par une loi de finance
rectificative: ajout de crédits par exemple.
➢ Suppression des crédits : le cas par exemple des crédits ouverts
pour le recrutement des enseignants universitaires et qui ne
sont pas apurés pendant l’année doivent être renvoyés dans les
budgets concernées.
NB: les postes vacants non utilisés sont supprimés au 30 juin de
la deuxième année qui suit l’année de la vacance.
➢ Report de crédits: qui est un système permettant de reporter
Séance 5

sur l’année N+1 les crédits de l’année N qui n’ont pas été
utilisés.
47
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

Remise en cause du principe de l’annualité :


❖ Des explications sur les report de crédits d’une année à l’autre :

Reports de crédits – sur autorisation de la direction du budget


BG - Interdiction de report des dépenses de fonctionnement
- Possibilité de report des dépenses d’investissement dans la
limite de 30% du budget d’investissement à condition qu’elles
soient visées et non ordonnancées (absence de liquidation et
d’ordonnance de paiement)
SEGMA et CST Possibilité de virer d’une dépense de fonctionnement vers les
dépenses d’investissement et l’inverse n’est pas possible.
Quelques précisions:
• Les Services de l’Etat Gérés de Manière Autonome (SEGMA) constituent un instrument budgétaire
privilégié qui permet de contribuer efficacement à l’accompagnement et la mise en œuvre des réformes
structurelles engagées par le Gouvernement, notamment, au niveau des secteurs sociaux.
• Un compte spécial du trésor a pour objet de retracer des recettes affectées, conformément aux
Séance 5

dispositions de la loi organique relative à la loi de finances, au financement des dépenses afférentes à
des opérations déterminées et l’emploi donné à ces recettes. 48
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

2- Le principe de l’unité
➢ Le « principe d’unité » veut que la loi de finances autorise et prévoit toutes
les recettes et dépenses de l’Etat dans un document unique.

➢ Un document regroupant l’ensemble des ressources et des charges de l’Etat


soumis à l’approbation du parlement.

➢ Ce principe a un double but:


Politique: consiste en l’établissement d’un document budgétaire unique
regroupant toutes les dépenses et les recettes permettant aux
parlementaires de prendre connaissance de la structure globale du budget.
Et par conséquence, ceux-ci pourraient émettre des jugements sur la
politique gouvernementale.

Technique: assurer une présentation claire du budget. Car lorsque toutes les
Séance 5

dépenses et toutes les recettes figurent dans un seul document , il sont


49
faciles à contrôler (vérifier l’équilibre, éviter les dissimulations…)
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

Remise en cause du principe de l’unité :


Aujourd’hui, Il existe beaucoup de budgets autonomes portant
atteinte à l’unicité du document budgétaire. Leur rendement est
apprécié grâce à une comptabilité distincte.

Car l’Etat a pris en charge, à côté de ses fonctions traditionnelles, des


activités à caractère industriel et commercial.
Exemples:
➢ SEGMA,
➢ CST: par exemple les comptes d’affectation spéciale: affecter par
exemple une partie de recettes générées par les radars automatique à
certaines actions comme l’aide au financement du permis de
conduire…, compte d’affectation spécial relatif aux pensions versées
par l’Etat à ses agents retraités…)
Séance 5

➢ Gestion hors budget: entreprises publiques telles que Al OMRANE,


RAM, OCP, Sté Nationale des Autoroutes du Maroc etc 50
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

3- Le principe de spécialité

➢ Un facteur essentiel à la transparence budgétaire


➢ Le « principe de spécialité » impose de préciser dans la loi de
finances la nature et l’objet des crédits, ce que permet leur
regroupement en titres et en programmes.
➢ Les crédits ouverts par la LF sont affectés à une dépense
déterminée.
➢ Avant la LOF-2015, les crédits ouverts sont spécialisés par titre et
par chapitre.
Les chapitres sont subdivisés en articles, régions, paragraphes et
Séanc e 5

en lignes.
51
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

3- Le principe de spécialité
Exemple de nomenclature budgétaire avant l’entrée en vigueur de la LOF 2015:

nomenclature budgétaire
Chapitre Article Région Paragraphe Ligne Intitulé

Budget de fonctionnement
1212012000
Matériel et dépenses diverses

15 Services extérieurs du Ministère

04 Région SMD
Formation de base et formation
30
continue
Séance 5

Frais de sécurité, de
14
surveillance et de gardiennage
52
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

3- Le principe de spécialité

➢ A partir du 01/01/2018, l’architecture de la nomenclature budgétaire qui


accompagne le projet de la LF est modifiée comme suit:

Titre , dépenses de fonctionnement


Chapitre, personnel
programme, (plan de développement du secteur commercial rawaj -vision 2020)
Région (Casablanca-Settat)
projet ou action (formation et perfectionnement),
ligne budgétaire (frais de formation et d’accompagnements des commerçants).
Séance 5

53
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

3- Le principe de spécialité
❑ Précision: la nouvelle LOF a transformé en profondeur le principe de
spécialité budgétaire. En effet, les crédits ne sont plus répartis par
chapitres budgétaires mais programmes, projets et actions.

❑ Il s’agit de passer d’une logique de moyens à une logique de


fonctionnement par objectifs et par résultats. Les ministères dépensiers
doivent donc définir des politiques au moyens de projets et fixer des
objectifs dans le cadre de « programmes » déclinés en actions.

❑ Un programme regroupe les crédits destinés à mettre en œuvre des


actions relevant d’un ministère et auxquels sont associés des objectifs
précis, définis en fonction de finalités d’intérêt général, ainsi que des
résultats attendus et faisant l’objet d’une évaluation.

❑ Les actions sont les éléments des programmes. L’action indique la


Séance 5

destination de la dépense (ensemble d’usagers, un service, …)

54
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

4- Le principe de l’universalité

Certains auteurs confondent unité et universalité, ce sont des


principes complémentaires qui doivent être différenciés. Ce
principe d’universalité comporte deux règles:

❖ La règle de non-affectation: elle consiste à imputer l’ensemble


des recettes sur l’ensemble des dépenses. Il n’est pas autorisé
d’affecter une recette particulière à une dépense particulière.

❖ La règle de non-compensation: elle est aussi parfois qualifiée de


règle du produit brut. Elle consiste à interdire la compensation
Séance 6

d’une dépense par une recette.


55
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

4- Le principe de l’universalité

Autrement dit, il faut que les ressources et les charges


soient comptabilisées sur un compte unique, intitulé
budget général, chacune de son côté de façon à ce qu’il
n’y ait pas de compensation entre les recettes et les
dépenses.
C’est une concrétisation de la solidarité financière.
❑Cette solidarité fait que l’ensemble des recettes assurent
l’exécution de l’ensemble des dépenses.
Séance 6

❑ Aussi, une recette ne doit pas faire l’objet d’une affectation


particulière à une dépense, c’est la règle de la non affectation.
56
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

4- Le principe de l’universalité
Des atteintes liées à l’application du principe

❑ Certaines recettes peuvent être directement affectées à


certaines dépenses: c’est le cas des fonds de concours, c’est-
à-dire les sommes que certaines personnes physiques ou
morales versent volontairement au budget de l’Etat pour la
réalisation d’une dépense d’intérêt public.

❑ Par exemple, les sommes versées par une région pour la


construction d’une autoroute.
Séance 6

57
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

5- Le principe de l’équilibre

Le principe d’équilibre budgétaire renvoie à la nécessité


d’équilibrer les comptes de manière à éviter la présence de
déficit dans le budget de l’Etat.
Il n’est pas vraiment une règle technique traditionnelle
comme le principe d’annualité ou d’universalité, car il est
très rarement respecté, comme le montre la situation des
finances publiques actuelles au Maroc (une hausse du
déficit budgétaire qui passe de 3,7% à 4,1% du PIB hors
privatisations en 2019).
Séance 6

58
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

6- Le principe de sincérité

Le principe de sincérité budgétaire est l’une des cinq


règles techniques fondamentales régissant le
fonctionnement du budget de l’Etat.
Il se définit comme le souci éthique de garantir
l’exactitude des informations dans la loi de finance et
la fiabilité de l’équilibre budgétaire annoncé.
Séance 6

59
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

6- Le principe de sincérité
Lors de la Conférence-débat sur : « Les finances publiques à l’ère de la
sincérité des budgets et des comptes publics » À Rabat, le 8 juin 2019.
Le Trésorier général du royaume à présenté quelques limites liées à ce principe:

*Premièrement : la sincérité est nécessaire, mais elle n’est pas


suffisante pour asseoir une bonne gestion des finances publiques, en
raison de l’existence de plusieurs facteurs qui en limitent la portée :
- le caractère évaluatif de certains crédits réduit l’autorisation
parlementaire à une simple prévision, dès lors que les ordonnateurs
peuvent dépasser sans formalité le montant des crédits. Il s’agit par
exemple des crédits relatifs aux remboursements, dégrèvements et
Séance 6

restitutions fiscaux et des crédits se rapportant aux charges en intérêts


et principal de la dette ; 60
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

6- Le principe de sincérité
- la sincérité ne garantit pas l’efficacité et l’efficience des dépenses ;
- l’existence de recettes reportées au niveau des comptes spéciaux du
Trésor et des services de l’Etat gérés de manière autonome qui ne sont
pas prises en compte au niveau des prévisions et qui peuvent faire l’objet
de dépenses.

*Deuxièmement : le principe de sincérité exige que les documents


budgétaires et comptables se rapportant aux prévisions et à l’exécution,
fournissent aux parties prenantes (citoyens, Parlement, Cour des
comptes, universitaires, société civile, presse, ...) des informations
précises et de qualité qui permettent une bonne lisibilité des finances
publiques, une meilleure évaluation des risques, la prise de décisions en
Séance 6

temps opportun, la reddition des comptes et l’évaluation des politiques


publiques. 61
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

6- Le principe de sincérité

➢ L’article 10 de la Loi organique des finances stipule que les lois de


finances présentent de façon sincère l’ensemble des ressources et
des charges de l’État.
La transparence budgétaire au coeur des réformes de l’Etat
À partir de 2020, la Cour des comptes procéde à la certification des
comptes de l’Etat pour une meilleure transparence et une bonne
lisibilité du Budget. Les députés ont besoin d’informations plus
détaillées sur les différentes rubriques budgétaires pour mieux voter le
projet de Loi de finances. Tandis que la récente adoption du décret de
la déconcentration impliquera davantage les représentants des
Séance 6

ministères dans les territoires en tant que nouveaux ordonnateurs.


62
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

• les principes budgétaires classiques sont ils


adaptés à la gestion moderne des finances
publiques? À méditer

• En plus de l’annualité, l’unité, l’universalité et la


spécialité, la sincérité vont être adoptés de
nouveaux principes budgétaires modernes, à
savoir : l’équilibre, la transparence, la
performance, la responsabilité et la stabilité.
Séance 6

63
Les grands principes de l’autorisation budgétaire

II . Définition du budget

Budget et loi de finance (LF): deux notions distinctes


▪ Le budget est constitué par l’ensemble de comptes qui
décrivent, pour une année civile, toutes les ressources
et toutes les charges de l’Etat.
❑ Le budget peut être défini comme l’acte par lequel sont
prévus et autorisés les charges et les ressources de l’Etat.
❑ Il est arrêté par le parlement dans la loi des finances qui
traduit les objectifs économiques et financiers du
gouvernement.
« la loi de finance prévoit, évalue, énonce et autorise pour
chaque année budgétaire l’ensemble des ressources de
l’Etat, dans les limites d’un équilibre économique et
Séance 6

financier qu’elle définit »


LOF 2015 64
Les grands principes de l’autorisation budgétaire
II . Définition du budget
Trois remarques:
1). Double caractère de l’acte budgétaire:
➢ le budget est un acte de prévision c’est-à-dire un tableau évaluatif des
dépenses et recettes à effectuer.
➢ Il est aussi un acte d’autorisation c’est-à-dire, il permet au gouvernement
d’effectuer des dépenses et de percevoir les recettes.
C’est la loi de finance qui arrête le budget de l’Etat. Mieux encore, le budget
est la traduction comptable de la loi de finance.

2). Principe de l’équilibre budgétaire:


Le rôle de la loi de finance est d’assurer la corrélation entre les recettes et les
dépenses en vue de respecter le Principe de l’équilibre budgétaire.

3). Respect du principe de l’annualité budgétaire: c’est-à-dire que l’acte


Séance 6

budgétaire est limité à l’année.


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