Cours Histoire Politique Et Constitutionnelle Du Cameroun
Cours Histoire Politique Et Constitutionnelle Du Cameroun
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Incapable de rétablir la paix et impuissants devant l’insécurité qui régnait, les
chefs douala à plusieurs reprises et par de nombreuses lettres demandèrent à la Grande-
Bretagne d’installer leur pouvoir sur les bords de la rivière camaroes. La Grande-Bretagne
resta sourde à ces demandes, et en conséquence de cela, les chefs se tournèrent vers les
commerçants allemands des firmes Jantzen et Thörmahlen.
Ces objectifs sont nombreux et chaque puissance Colonisatrice les siennes. Mais,
de manière générale, l’on distingue les objectifs réels. Les objectifs affichés se résument à
une mission de civilisation. Cette mission est proclamée non seulement par le droit
coutumier mais également par certains instruments internationaux tels que l’Acte général
de la Conférence de Berlin. Cette mission de civilisation est d’ailleurs réaffirmée par le
Traité de Versailles. Certains auteurs considèrent même la colonisation comme un service
public international. En effet, lorsque les colonisateurs s’engagent dans une œuvre de
colonisation, ils considèrent comme un devoir des nations développées d’apporter aux
peuples encore barbares les bienfaits du développement, de la culture et de la civilisation.
Pour eux, par conséquent, coloniser c’est civiliser, c’est aider les peuples barbares à sortir
de la barbarie. La colonisation est donc pour eux une œuvre humanitaire accomplie par des
humanistes.
Derrière ces objectifs affichés, se cachent des objectifs réels. La colonisation tient
en effet ses origines de la volonté des Etats industrialisés de trouver des débouchés pour
leurs produits. De ce point de vue, la colonisation apparait sous son jour le plus réel qui est
celui de l’exploitation des richesses de territoires colonisés. Au-delà, il n’est pas exclu
qu’au plan psychologique, elle exprime une volonté de domination d’un Etat sur un peuple
considéré comme barbare et arriéré.
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ils ne sont pas citoyens de l’Etat colonisateur car ils sont sujets de l’Etat colonisateur. En
d’autres termes, ils n’ont pas les mêmes droits que les citoyens de l’Etat colonisateur.
La colonisation allemande sur le Cameroun fut instituée par ce que l’on appellera
« le traité Germano-douala du 12 juillet 1884 ».Ce texte fut signé par trois chefs douala
Akwa, Bell et Deido avec les firmes Jantzen et Thörmahlen. Gustave Nachtigal
représentant personnel de Bismark assistait à la cérémonie de signature du document. Le
lendemain, le 13 juillet 1884, les firmes allemandes rétrocédèrent les droits acquis sur le
traité Germano-douala à l’Etat allemand.
Par ce texte, les trois chefs cédaient aux firmes allemandes et finalement à l’Etat
allemand leur « droit de souveraineté » sur leurs villages. A travers la notion de droit de
souveraineté, ils transféraient à l’Etat allemand le pouvoir politique sur leurs villages car
selon les termes du traité, ils n’avaient plus ni moyen, ni force pour assurer la paix. Ils
interdisent également que les droits de souveraineté qu’ils cèdent aux commerçants
allemands soient cédés à une tierce personne. L’on constate que cette stipulation fut violée
le lendemain même de sa signature.
L’une des questions qui nous interpellent encore aujourd’hui est celle de savoir si le
traité Germano-douala était un véritable traité ? Plusieurs arguments autorisent une réponse
négative. Primo, le traité à cette époque désignait un accord conclu entre deux Etats. Or,
aucune des parties aux traités originels n’étaient un Etat, ni les villages, ni les firmes
commerciales allemandes. Secundo, tout traité prévoit des ‘’droits et des obligations ‘’ à
la charge de chacune des parties. Or, le traité Germano-douala n’accordait aucun droit aux
chefs et en mettait à la charge des firmes commerciales allemandes aucune obligation.
Sur un tout autre plan, il ne faut pas exagérer la portée du traité Germano-douala. En
effet, il ne fut signé que par 03 chefs qui par ailleurs n’avaient reçu aucun mandat des
autres chefs. Cela signifie que le texte n’engageait que 03 villages à peu près 600
personnes. C’est la raison pour laquelle le traité germano-douala n’a pas la portée qu’on
lui prête. Par exemple, le chef Locke Priso de Hickory Town avait refusé de le signer. Il
le signa que le lendemain après avoir été arrêté et bastonné en public par les allemands.
Ce qui est important de souligner, c’est que le traité Germano-douala ne fut qu’un
détonateur qui permit aux allemands d’installer leur domination sur les bords du Wouri et
de l’étendre progressivement pour former un ensemble qui allait devenir le Cameroun.
Pour cela, ils appliquent la politique de l’Hinterland; celle-ci permettrait à un Etat
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colonisateur d’entrer dans l’arrière-pays et d’annexer tous les territoires qu’il trouvait
jusqu’à ce qu’il rencontre une autre puissance colonisatrice avec laquelle il signe un traité
limitant les frontières de leurs possessions coloniales respectives.
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A- LE TRAITE DE VERSAILLES
1- LES NEGOCIATIONS
Elles furent marquées par l’influence des Etats-Unis d’Amérique du Nord qui, en
tant qu’ancien Etat colonisé et connaissant les méfaits de la colonisation, se présentait
comme le plus fervent adversaire de la colonisation. Avant même la Conférence de paix
de Paris, le président des USA Woodrow Wilson avait rendu public le 08 janvier 1918 une
adresse au monde connu sous la dénomination de « Les 14 points du président Wilson».
Ces 14 points dévoilaient l’humanisme du président Wilson qui s’inspire par ailleurs
de la Déclaration d’indépendance du 04 juillet 1776 et des écrits de Jean-Jacques Rousseau
selon lesquels « tous les hommes naissent libres et égaux en droits et en devoirs ». Sur
cette base, le président Wilson pense que la liberté et l’égalité sont des droits naturels de
chaque homme sans distinction de race, de sexe ou du niveau de développement. Cette
théorie le conduit à élaborer un principe qui fera fortune en droit international à savoir le
principe de libre disposition des peuples. En vertu de celui-ci, selon le président Wilson,
tous les peuples quels qu’ils soient, doivent accéder à la capacité à s’auto-gérer librement.
Le mot mandat est proposé pendant la Conférence de paix par un Général Sud-
Africain appelé SMUTS. Cette notion s’inspire largement du droit civil. Dans cette
matière, le mandat désigne une mission confiée par une personne appelée mandant à une
autre personne appelée mandataire. Le mandant est le titulaire du pouvoir ou de la
compétence. Il délègue donc ce pouvoir ou cette compétence au mandataire qui l’exercera
sous son contrôle.
C’est cette notion de mandat qui fut adaptée au contexte de la société internationale.
Le mandant ici c’est le SDN, c’est-à-dire la communauté internationale et le mandataire
c’est une puissance qui reçoit la mission d’exercer le mandat à la place et sous le contrôle
de la SDN.
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3- LA CLASSIFICATION DES TERRITOIRES SOUS MANDAT
Elles avaient reçu instruction de préparer des projets d’accords devant les lier à la
SDN et qui feraient office d’accords d’application des stipulations de la charte ou du pacte
de la SDN relative au mandat.
C’est dans ce cadre que la France prépara un projet qu’elle soumit à la lecture de la
Grande-Bretagne et à l’adoption de la SDN. Cet accord qui fut signé le 20 juillet 1922 et
est aujourd’hui connu sous le nom de l’Acte de Londres du 20 juillet 1922. Cet accord
détermine les modalités d’application du mandat de la France sur le Cameroun. C’est la
raison pour laquelle il est appelé Acte de Londres du 20 Juillet 1922 donnant mandat à la
France pour administrer le Cameroun.
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Aux termes du traité de Versailles, les pouvoirs de la puissance mandataire étaient
limités à l’administration. Ils étaient au surplus soumis au contrôle de la SDN. Mais, en
dépit de toutes ces précautions juridiques, la France viola les stipulations du traité de
Versailles et les accords de Londres pour tourner l’esprit du mandat sur le Cameroun et
instaurer une colonisation de fait.
Au Cameroun britannique, la question ne se posa même pas puisque non contente
de la portion du territoire qui lui revenait, la Grande-Bretagne la rattacha purement et
simplement au Nigéria et l’a soumis à l’administration des chefs traditionnels nigérians
pour l’application de la règle de ‘’l’indirect rule’’.
La France quant à elle fut plus subtile dans sa stratégie d’altération du régime du
mandat. Dans un premier temps, elle tenta de rattacher le territoire sous-mandat du
Cameroun à son groupe de colonie de l’Afrique Equatoriale Française. Cette stratégie ne
fit pas fortune. Elle décida alors de violer les principes du mandat en se fondant sur l’article
9 de l’Acte de Londres du 20 juillet 1922. Celui-ci, lui-même violait l’article 22 du pacte
de la SDN puisque contrairement aux stipulations de celui-ci, la France avait décidé
d’administrer le territoire sous-mandat du Cameroun comme faisant partie intégrante de
son territoire. Dans cet ordre de préoccupation, elle décida de soumettre le territoire du
Cameroun à tous les textes applicables en Afrique Equatoriale Française. Par-là, en vertu
de cet arrêté, du 1er mai 1924, le territoire sous-mandat du Cameroun était soumis aux
mêmes textes que les territoires coloniaux de l’Afrique Equatoriale Française.
La seconde guerre mondiale mit un terme à l’application du mandat et permis
l’instauration de la tutelle internationale.
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Celui-ci se rattachait en effet à l’application des résolutions de la conférence
de Brazzaville qui s’était tenue en 1944 à l’initiative du général DE GAULLE.
Au cours de cette conférence, le général DE GAULLE avait affirmé qu’en
contrepartie de l’aide apportée par les africains à la France pendant la seconde
guerre mondiale, la France allait instituer un nouveau type de rapports avec ses
colonies. Et ce rapport se construisait autour d’une plus grande reconnaissance
des principes de liberté et de la démocratie au profit des africains. C’est le droit
fil de cette idée que dès 1946 seront progressivement appliqués, les principes de
liberté et de démocratie grâce auxquels les africains devraient apprendre à
s’administrer eux-mêmes. Cette période est donc celle pendant laquelle
l’indigénat sera supprimé au Cameroun et dans les autres possessions françaises
par la loi Lamine Guèye du nom de son initiateur qui était député sénégalais à
l’Assemblée Nationale française. Cette période est également celle pendant
laquelle seront introduites au Cameroun les principales libertés publiques
individuelles et collectives que nous connaissons aujourd’hui: liberté d’aller et
venir, liberté de réunion, liberté d’association, liberté syndicale.
Il est notable qu’à la faveur de celle-ci naquit le tout premier parti politique
camerounais l’UPC, le 10 avril 1948. IL est également notable que pendant cette
période naquirent de nombreuses associations et de nombreux syndicats qui
animaient la vie politique camerounaise dans les conditions quasiment
comparables à celles d’aujourd’hui.
Dans le même temps, ce fut la période d’apprentissage de la démocratie et
d’initiation à la vie parlementaire. Dans cet ordre de préoccupation fut créée en
1946 l’Assemblée Représentative du Cameroun (ARCAM). L’ARCAM n’était
pas à proprement parler un parlement. Ses décisions ne sont pas des lois, elles
s’appellent résolutions et ne sont pas immédiatement applicables. Pour être
appliquées, elles doivent d’abord recevoir l’appréciation du commissaire de la
République française au Cameroun. Ses membres ne sont pas appelés, députés,
ils sont appelés représentants ou délégués à l ARCAM.
L’ARCAM fut remplacée en 1952 par l’Assemblée Territoriale du Cameroun
(ATECAM). Ses membres étaient élus; mais, l’ATCAM comme l’ARCAM
n’était pas un parlement au sens propre du terme. C’était une assemblée
consultative dont les décisions appelées résolutions n’étaient non plus applicables
immédiatement avec valeur de la loi. Leur application était conditionnée par
l’approbation du Haut-commissaire de la République française au Cameroun.
Avec l’ARCAM et L’ATCAM, les camerounais s’initiaient à la vie
parlementaire et démocratique. Sous la pression de l’ONU, la France édicta la loi
Gaston Deferre (ministre français chargé des colonies), c’est-à-dire de la loi du
23 juin 1956 sur l’évolution des territoires d’outre-mer. Cette loi prescrivait un
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certain nombre d’étapes ultimes conduisant les territoires coloniaux français vers
l’indépendance. C’est en l’application de cette loi que sera édicté le décret du 16
avril 1957 portant statut du Cameroun; c’est ce décret qui institue au Cameroun
le statut d’autonomie interne.
B- L’AUTONOMIE INTERNE
Elle est instituée par le décret du 16 avril 1957. C’est sous ce décret que le
territoire sous-tutelle du Cameroun français devient officiellement un Etat sous la
domination d’Etat autonome du Cameroun français. C’est ce décret qui institue la
nationalité camerounaise. C’est pendant cette période d’autonomie interne que
des lois institueront la devise (Paix-Travail-Patrie), les armoiries, le drapeau…
En bref, l’Etat autonome du Cameroun devient un Etat non souverain, mais
autonome. Cela signifie qu’il présente toutes les caractéristiques d’un Etat avec la
seule différence qu’il est dirigé par un gouvernement non souverain puisque l’Etat
demeure sous la tutelle de la France. En conséquence, ses compétences
territoriales sont exercées par la France d’une part et d’autre part les compétences
des institutions camerounaises sont exercées par des camerounais mais sous la
supervision du Haut-commissaire de la République Française au Cameroun.
De ce fait, l’Etat du Cameroun dispose désormais d’un parlement appelé
Assemblée Législative du Cameroun qui édicte des lois. L’ALCAM résulte de la
transformation de L’ATCAM en un véritable parlement chargé d’adopter des
lois. Les institutions camerounaises comprennent également un gouvernement
dirigé par un premier ministre qui nomme les ministres. Mais, la nomination
des ministres n’est valable que si elle est approuvée par le Haut-commissaire de
la République française au Cameroun.
Le tout Premier Ministre camerounais s’appelle André-Marie MBIDA, il
fut remplacé le 18 février 1958 par Ahmadou Ahidjo, qui conduisit le nouvel Etat
autonome vers l’autonomie interne élargie et l’indépendance.
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2- L’AUTONOMIE INTERNE ELARGIE OU PLEINE AUTONOMIE
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D’un côté, le gouvernement du 18 février 1958 dirigé par AHMADOU
AHIDJO soutenu par la France et les amis de celle-ci. De côté, se trouva l’UPC
soutenu par des Etats tels que l’EGYPTE et le GHANA. Les positions de l’UPC
étaient claires et rigides. Ce parti politique revendiquait en effet l’indépendance
immédiate du Cameroun sous deux conditions. D’abord,
1- l’organisation des élections législatives afin de renouveler les membres
du Parlement.
2- Et ensuite, la réunification préalable des deux Cameroun français et
britannique. Les positions de l’UPC reposaient sur des arguments
politiques et juridiques.
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Cameroun français. L’Assemblée générale des Nations-Unies suivie les
propositions d’AHIDJO.
Cette résolution fut votée dans la nuit du 13-14 Mars 1959 à 01 heure du
matin. Par cette résolution, l’Assemblée générale des Nations-Unies rendait trois
décisions importantes pour l’avenir du Cameroun. Premièrement, elle abrogeait
l’accord de tutelle du 13 Mars 1946. Deuxièmement, elle décidait que cette
abrogation produirait ses effets à partir du 1er Janvier 1960. Troisièment, elle
déclarait faire confiance à Ahidjo pour organiser les élections législatives « le
plutôt possible ». Enfin et en conséquence de cela, l’Assemblée générale des
Nations-Unies considérait la question de la réunification des Cameroun
britannique et français comme relevant de la politique intérieure des Etats à
laquelle l’ONU ne pouvait apporter des réponses en vertu du principe de non-
ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Ce fut la victoire politique
majeure d’AHIDJO sur l’UPC qu’il avait combattu avec énergie depuis son
accession au pouvoir.
La formulation de la résolution 1349 (XIII) interroge au plan juridique en
particulier, elle pousse à se demander quelle est la date de l’indépendance du
Cameroun français? Elle est épineuse pour de nombreux camerounais pourtant
elle ne fait débat. Ils considèrent que le Cameroun français devient indépendant
le 1er Janvier 1960. L’analyse juridique n’accrédite pas forcement cette thèse.
Pour cela, elle appelle en contribution la théorie de l’entrée en vigueur théorique
et juridique et celle d’entrée en vigueur effective. Au regard de cette théorie, dire
que le Cameroun français est indépendant le 1er Janvier 1960, c’est oublier que
l’abrogation de la tutelle qui fonde cette indépendance fut effectuée le 14 Mars
1959. C’est en d’autres termes, négliger l’importance capitale de la résolution du
14 Mars 1959, car c’est cette résolution qui abroge la tutelle. Par conséquent, il
apparait plus juridiquement correct pour prendre en compte l’importance
conjuguée des deux dates du 14 Mars 1959 et du 1 er janvier 1960 que
l’indépendance du Cameroun français fut acquise le 14 Mars 1959 et appliquée à
partir du 1er Janvier 1960, date de la fête de l’indépendance. L’on dira alors que la
date de l’accession à l’indépendance du Cameroun français est le 14 Mars 1959
et celle de la proclamation de l’indépendance le 1er Janvier 1960.
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SECTION 3: LES CONSEQUENCES DE L’INDEPENDANCE
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L’UPC crée le 10 avril 1948 par UM NYOBE, inscrira la réunification
dans ses statuts. Elle en fera d’ailleurs l’un des principaux axes de sa politique car
elle exigera que la réunification précède l’indépendance. Elle pense même qu’elle
serait la meilleure solution car elle permettrait que les deux Cameroun accèdent à
l’indépendance le même jour afin de renforcer l’unité des territoires et des
peuples.
Sa contribution à la popularisation de cette idée sera décisive. Il créa un
parti politique appelé ONE KAMERUM qui milite en faveur de la réunification.
Il sera suivi par le KNDP (Cameron National Democratic Party) de John NGU
FONCHA malgré l’opposition alors de SALOMON TANDENG MUNA et
Docteur Emmanuel ENDELE qui réviseront plus tard leur position, l’idée de la
réunification fit son chemin. La France et AHMADOU AHIDJO initialement
opposés à elles, se reconvertissent. Ahidjo l’inscrivit d’ailleurs dans son
programme politique; c’est ainsi qu’elle s’imposa.
En conséquence, initialement la réunification signifie la suppression des
barrières douanières entre les Cameroun français et anglais. Par la suite, le mot
désignera la reconstitution de l’ancien territoire du Kamerun allemand dans ses
frontières d’avant 1916 c’est-à-dire, d’avant la séparation; tel est l’objectif de la
réunification. Celle-ci consiste à unifier de nouveau l’ancien territoire du
Kamerun allemand.
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SECTION III : LA MISE EN ŒUVRE DE LA REUNIFICATION
CHAPITRE V : L’UNIFICATION
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A la surprise générale, le 08 mai 1972, Ahidjo convoquait les députés en
session extraordinaire. Pendant son discours, il justifie sa décision de transformer
l’Etat fédéral en un Etat unitaire et de convoquer le peuple camerounais dans le
cadre d’un référendum afin d’approuver son initiative. La date de ce référendum
fut fixée au 20 mai 1972 c’est-à-dire, douze jours seulement après son discours du
08 mai 1972. Cela signifie que le projet de texte constitutionnel était prêt avant le
discours de 08 mai 1972. Le 20 mai 1972, alors que tous les bureaux de vote
n’avaient pas encore fermé, AHMADOU AHIDJO annonce la victoire du « OUI »
à la nouvelle Constitution et cela à une majorité écrasante de 99,98%.
La constitution de l’Etat unitaire fut promulguée le 02 juin 1972. Cette constitution
demeure en vigueur même si le 18 janvier 1996 après 24 ans d’existence et 24
révisions, elle fit l’objet d’une « révision totale ».
La date du 02 juin 1972 ne procède pas du hasard. En effet à cette époque,
l’exercice budgétaire courait du 1er juillet au 30 juin de l’année suivante
AHIDJO souhaitait donc que les nouvelles mesures prises dans le cadre de
la nouvelle Constitution de l’Etat unitaire, s’appliquent dès le premier jour de
l’exercice budgétaire suivant, c’est-à-dire le 1er juillet 1972 et c’est ce qui fut fait.
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CHAPTIRE VI : LES EVOLUTIONS CONSTITUTIONNELLES
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En empruntant l’institutionnalisme, il faut traduire le contexte dans lequel
s’est traduit le régime politique de l’Etat fédéral camerounais. Le parti
unique est un fait de domination du président de la république qui en
provient, mais aussi et cela est un argument juridique le texte
constitutionnel nouveau qui va durer plusieurs années comporte de
nombreuses dispositions solidifiant le président de la république souvent
au détriment îles autres institutions. Le présidentialisme en provient
quoique la première lecture naïve de ce texte peut faire penser à un régime
présidentiel.
En effet, il est constaté une absence de moyen de neutralisation mutuelle
entre l'exécutif fédéral et le parlement fédéral, L'exécutif ne provient pas
du parlement et aucune des deux ne peut révoquer l’autre assurément. Il
ne peut donc s’agir d’un régime parlementaire ou parlementariste. En
réalité sous les apparences du régime présidentiel, le contexte autoritaire
dans une moindre mesure et les dispositions en faveur ou favorables au
président dans une large mesure indique la nature présidentialiste du régime.
Le président de la république ne peut dissoudre le parlement fédéral, qui
lui-même ne peut révoquer. La cause du refus des pouvoirs de révocation
est la fragilité et la construction de ce fédéralisme naissant. Le parlement
fédéral ayant la vocation d'être fortement représentative de l’ensemble des
composantes de la nation. Les institutions politiques mis en place font
apparaître un président un président de la république, chef de l'Etat au pouvoir
effectif. U est à la tête de l'Etat fédéral! Mais aussi des litas fédérés. Chaque Etat
fédéré est directement dirigé par un premier Ministre nommé par le P.R, et il doit
recevoir l'investiture de leur assemblée législative fédérée. A la différence de
la première constitution camerounaise, celle-ci conduit à une élection du
président de la république au suffrage universel direct. Par ailleurs, un
vice-président est institué mais il est effacé et d’officie il n’existe pas de
P.M fédéral. Le parlement fédéral est monocaméral. Cette assemblée
nationale fédérale partage l’initiative des lois avec le P.R. A la leçon, le
P.R détient l’initiative législative, ne dépend plus du parlement quant à
l’accès à la fonction, et est le seul à diriger l’exécutif. D’ailleurs, il
détermine la politique de la nation mais continu à être politiquement
irresponsable dans un contexte d’autoritarisme de ce régime qui devrait être
conforté en 1969.
C- LE RENFORCEMENT DE PRESIDENTIALISME EN 1969
Huit ans après la réunification du Cameroun, intervient une révision
constitutionnelle. C’est ainsi que l’Assemblée national fédérale adopte
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trois lois portant modification de la constitution de 1969. Ces trois textes
auront une vocation essentielle, consolider les pouvoirs du président. C’est
à ce titre que le professeur OI.INGA à la page 52 de son ouvrage LA
CONSTITUTION DE LA REPUBLIQUE DU CAMEROUN, partage le propos
de jean Gicquel selon lequel « le chef de l’Etat est l’objet de la sollicitude des
constitutions camerounaises (« le constitutionalisme négro africain :
l’exemple camerounais », 750).
En fait la première loi constitutionnelle donne la possibilité au P.R
de proroger le mandat des députés à son avantage. Il peut par -là ne pas
organiser les élections quand l’opinion lui est défavorable. En plus le
député an mandat prolongé tient donc son investiture du président serait
moins recommandable que celui qui provient de l’élection.
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Etats fédérés. Avec l’évolution, la nature du régime politique camerounais
devait d’avantage se complexifier avec des tendances présidentialiste
affrontant une option juridique parlementaire.
1) Le 09 mai 1975
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Il intervient une modification constitutionnelle constituant à
retourner l’article 05, il est alors crée un poste de P.M. Cependant ce
deuxième P.M du Cameroun indépendant à la différence de l’initiale P.M
de la constitution de 1960 se marque par le peu de consistance de ses
pouvoirs. Néanmoins, cette révision introduit subtilement l’existence d’un
gouvernement et donc d’un bicéphalisme de l’exécutif non encore
opératoire.
2) Le 09juin 1979
4) Le 18 novembre 1985.
5) Le 25 Janvier 1984
Le second pallié est celui de l’exécutif bicéphale. C’est ainsi que les
articles 05. 06, 07 08. 09 sont modifiés avec pour conséquence le retour
du poste de P.M. Le P.R qui propose cette restauration n’introduit pas que
le P.M n'introduit pas à titre intérimaire les foncti ons du P.R
définitivement empêché ou s'il y’a vacance vie poste. Le P.R est le chef de
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l'Etat et de l'exécutif. D'ailleurs, c'est à lui qu'il revient de définir la politique de
la nation. Il est élu au suffrage universel direct pour Osons ans. La rééligibilité
du P.R est maintenue et de surcroit il peut anticiper la tenue des élections
présidentielle. Enfin, il nomme et démet le P.M et les membres du
gouvernement. L’autre tète de l'exécutif est le gouvernement. Le P.M
réinstauré dans son poste est restauré dans ses fonctions. A la différence
de l'ancien dauphin constitutionnel du président, premier des ministres, le
P.M de 1991 est effectivement le chef du gouvernement. Il propose la
nomination des membres du gouvernement au président et requier t le vote
de confiance vie l’assemblée nationale. Cette organisation est pareille à celle
britannique, car le premier P.M nommé par le président, le pouvoir du président
de le révoquer, le besoin d’onction du parlement sont les vecteurs du régime
parlementaire dans sa présentation et dans son gouvernement.
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dehors de la cohabitation, les dispositions constitutionnels confiant au
P.R s’expriment pleinement. Le professeur Magloire ONDOA évoque à
ce propos qu’il s’agite d’un régime parlementaire avec une touche
présidentielle parce que le constituant de 1991 a inversé le s rôles faisant
du président de la république le titulaire de définir la politique de la nation
alors même que le premier ministre l’a met en œuvre et exécute les lois.
2) La confirmation En 1996
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