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HISTOIRE POLITIQUE ET CONSTITUTIONNELLE DU CAMEROUN

Pr. Magloire ONDOA/ Pr. Patrick E. ABANE ENGOLO


Année Académique 2019/2020
Licence 1
VOLUME 1

Le cours d’histoire ou d’évolution politique et constitutionnelle du Cameroun est


récent dans les programmes de la faculté des sciences juridiques et politiques. Son
apparition procède d’un constat. En effet, les étudiants sont très peu familiarisés avec le
processus de création de l’Etat du Cameroun. Il ignore ainsi les principales étapes à savoir
la colonisation allemande (1884-1916), la séparation de l’ancien territoire du Cameroun
allemand en 1916 ; l’internationalisation de ces territoires issus de la séparation à travers
les régimes internationaux du mandat et de la tutelle; l’accession de ces territoires à
l’indépendance, leur réunification en 1961 et leur unification en 1972.
L’institution du cours de l’évolution politique et constitutionnelle vise à combler
cette lacune et à enrichir ainsi la culture juridique des étudiants. Ce cours les intéresse tous
quels que soit leurs projets académiques. Il concerne ainsi les juristes privatistes, les les
publicistes, et les politistes. Comme son nom ne l’indique pas, ce cours se situe dans le
prolongement du droit constitutionnel du Cameroun.
Il se construit autour de la problématique de la construction de l’Etat du Cameroun.
L’objectif poursuivi est de répondre à la question de savoir comment est né l’Etat du
Cameroun actuel ? Et quels en sont les principaux problèmes politiques et
constitutionnels ?
Perçu sous cet angle, le cours d’histoire politique et constitutionnelle du Cameroun
dévoile son importance capitale.

CHAPITRE I : LA COLONISATION ALLEMANDE


(du 12 juillet 1884 au 28 février 1916)

La dénomination actuelle du Cameroun procède d’une déclinaison de « camaroes ».


C’est ainsi que les portugais arrivés sur le fleuve appelé aujourd’hui Wouri, le
dénommèrent. Arrivés au mois de juillet pendant la période de regroupement des crevettes,
ils appelèrent ce fleuve « rio dos camaroes », c’est-à-dire rivière des crevettes. Et pendant
1
longtemps, ce fleuve ainsi que les villages environnants et la grande colline avoisinant
furent appelés « Kamerun » de la traduction allemande de camaroes.
En 1901, un décret impérial allemand décide d’appeler tout le territoire de 750 000
km formé par l’Allemagne sous la dénonciation de Kamerun.
2

Ce décret décidait également d’appeler le fleuve Wouri et les villages environnants


furent ainsi réunis sous la dénomination de Douala.

SECTION I : LA PERIODE ANTERIEURE A LA DOMINATION ALLEMANDE

Avant la colonisation allemande, les autochtones, habitant les bords de la rivière


Wouri, sont dirigés par des chefs appelés rois. Chacun de ces villages correspond à peu
près aux quartiers actuels d’Akwa, Deido, Bali et Bonabéri.
De nombreux européens venant de l’île de Fernando Pô vers la rivière des
crevettes pour diverses raisons : recherches scientifiques, exploration, commerce ; en
particulier, le commerce des esclaves était fleurissant les communautés européennes
étaient constituées par les français, les anglais, les hollandais, les allemands. Mais, la plus
importante était la colonie anglaise qui entretenait des rapports cordiaux avec les chefs
douala à travers leur consul Hewet installé à Calabar.
Il exerçait d’ailleurs un magistère moral sur les populations. Il créa d’ailleurs en
1815 la première juridiction occidentale en terre camerounaise « la cour d’équité » qui
rendait des décisions de justice, infligeait des sanctions à tous les contrevenants à la loi et
assurait ainsi la paix et l’ordre publique sur les bords de la rivière camerounaise.
Les anglais avaient donc tout pour coloniser le Cameroun. Ils signèrent d’ailleurs
un accord en 1815 avec les chefs douala en vue de l’abolition de l’esclavage. En échange
de l’abandon de l’esclavage par les chefs dont c’était la principale activité, ils leur offraient
des cadeaux appelés « Dasch ».
Mais, pendant longtemps, tout en percevant le dasch, les chefs poursuivaient
leurs activités de commerce des esclaves. Cette attitude indigna le consul Hewet qui se
retira quasi-définitivement à Calabar au Nigéria. Lorsque l’esclavage est aboli dans la
société internationale, les chefs douala ne peuvent plus écouler leurs marchandises
humaines, ils ne perçoivent plus également le dasch; leurs villages sont confrontés à des
guerres incessantes. Ils se révèlent incapables de restaurer la paix sur les bords de la rivière
Cameroun.

2
Incapable de rétablir la paix et impuissants devant l’insécurité qui régnait, les
chefs douala à plusieurs reprises et par de nombreuses lettres demandèrent à la Grande-
Bretagne d’installer leur pouvoir sur les bords de la rivière camaroes. La Grande-Bretagne
resta sourde à ces demandes, et en conséquence de cela, les chefs se tournèrent vers les
commerçants allemands des firmes Jantzen et Thörmahlen.

SECTION II : LA NOTION DE COLONISATION


PARAGRAPHE I : LES OBJECTIFS DE LA COLONISATION

Ces objectifs sont nombreux et chaque puissance Colonisatrice les siennes. Mais,
de manière générale, l’on distingue les objectifs réels. Les objectifs affichés se résument à
une mission de civilisation. Cette mission est proclamée non seulement par le droit
coutumier mais également par certains instruments internationaux tels que l’Acte général
de la Conférence de Berlin. Cette mission de civilisation est d’ailleurs réaffirmée par le
Traité de Versailles. Certains auteurs considèrent même la colonisation comme un service
public international. En effet, lorsque les colonisateurs s’engagent dans une œuvre de
colonisation, ils considèrent comme un devoir des nations développées d’apporter aux
peuples encore barbares les bienfaits du développement, de la culture et de la civilisation.
Pour eux, par conséquent, coloniser c’est civiliser, c’est aider les peuples barbares à sortir
de la barbarie. La colonisation est donc pour eux une œuvre humanitaire accomplie par des
humanistes.
Derrière ces objectifs affichés, se cachent des objectifs réels. La colonisation tient
en effet ses origines de la volonté des Etats industrialisés de trouver des débouchés pour
leurs produits. De ce point de vue, la colonisation apparait sous son jour le plus réel qui est
celui de l’exploitation des richesses de territoires colonisés. Au-delà, il n’est pas exclu
qu’au plan psychologique, elle exprime une volonté de domination d’un Etat sur un peuple
considéré comme barbare et arriéré.

PARAGRAPHE II : LES FORMES DE COLONISATION

3
VOLUME 2

PARAGRAPHE II : LES FORMES DE COLONISATION


A- La Colonisation au sens large

Au sens large, la colonisation est entendue de manière générique comme la


dénomination politique, économique et sociale d’un peuple considéré comme arriéré par
un Etat. Sous cet angle d’approche, la colonisation revêt plusieurs formes : l’annexion aux
occupations, le protectorat, le mandat international et la tutelle internationale.
Cette approche est celle du professeur Maurice Duverger. Selon cet auteur, en effet,
la colonisation désigne toute forme de domination d’un territoire par un Etat. Cette
domination est à la fois politique, économique, sociale et culturelle.
Dans la mesure où cette approche intègre parmi les formes de colonisation, le mandat
international et la tutelle internationale qui avaient été imaginés pour justement empêcher
qu’un territoire soit colonisé par un Etat, cette approche ne peut être acceptée.
De plus, elle se rend coupable d’intégrer parmi les formes de colonisation le
protectorat. Or, celui-ci désigne un régime international par lequel un Etat souverain appelé
Etat protégé se place volontairement sous la protection d’un autre Etat souverain appelé
Etat protecteur. L’Etat protégé exprime son consentement par voie d’un traité international
qui ne le prive pas de sa souveraineté.
Ce type classique de protection de droit international est illustré par le protectorat de
la France sur le Maroc; par exemple. Ils n’entretiennent aucun rapport avec le protectorat
allemand sous lequel furent placé les territoires du Togo et du Cameroun et qui
correspondait en réalité à une colonisation classique.

B- La colonisation au sens strict

Au sens strict et juridique, la colonisation se définit comme l’annexion pacifique ou


forcée et l’occupation effective d’un territoire par un Etat. Le Territoire colonisé devient
la propriété de l’Etat colonisé. Il fait partie de son patrimoine, l’Etat colonisateur exerce à
son égard tous les attributs du droit de la propriété, c’est-à-dire l’usus, l’abusus et fructus.
Il faut souligner que les populations habitants le territoire colonisé sont également
annexées; elles n’ont aucun droit. Ils obtiennent la nationalité de l’Etat colonisateur mais

4
ils ne sont pas citoyens de l’Etat colonisateur car ils sont sujets de l’Etat colonisateur. En
d’autres termes, ils n’ont pas les mêmes droits que les citoyens de l’Etat colonisateur.

SECTION II : LES FONDEMENTS DE LA COLONISATION ALLEMANDE


AU CAMEROUN

La colonisation allemande sur le Cameroun fut instituée par ce que l’on appellera
« le traité Germano-douala du 12 juillet 1884 ».Ce texte fut signé par trois chefs douala
Akwa, Bell et Deido avec les firmes Jantzen et Thörmahlen. Gustave Nachtigal
représentant personnel de Bismark assistait à la cérémonie de signature du document. Le
lendemain, le 13 juillet 1884, les firmes allemandes rétrocédèrent les droits acquis sur le
traité Germano-douala à l’Etat allemand.
Par ce texte, les trois chefs cédaient aux firmes allemandes et finalement à l’Etat
allemand leur « droit de souveraineté » sur leurs villages. A travers la notion de droit de
souveraineté, ils transféraient à l’Etat allemand le pouvoir politique sur leurs villages car
selon les termes du traité, ils n’avaient plus ni moyen, ni force pour assurer la paix. Ils
interdisent également que les droits de souveraineté qu’ils cèdent aux commerçants
allemands soient cédés à une tierce personne. L’on constate que cette stipulation fut violée
le lendemain même de sa signature.
L’une des questions qui nous interpellent encore aujourd’hui est celle de savoir si le
traité Germano-douala était un véritable traité ? Plusieurs arguments autorisent une réponse
négative. Primo, le traité à cette époque désignait un accord conclu entre deux Etats. Or,
aucune des parties aux traités originels n’étaient un Etat, ni les villages, ni les firmes
commerciales allemandes. Secundo, tout traité prévoit des ‘’droits et des obligations ‘’ à
la charge de chacune des parties. Or, le traité Germano-douala n’accordait aucun droit aux
chefs et en mettait à la charge des firmes commerciales allemandes aucune obligation.
Sur un tout autre plan, il ne faut pas exagérer la portée du traité Germano-douala. En
effet, il ne fut signé que par 03 chefs qui par ailleurs n’avaient reçu aucun mandat des
autres chefs. Cela signifie que le texte n’engageait que 03 villages à peu près 600
personnes. C’est la raison pour laquelle le traité germano-douala n’a pas la portée qu’on
lui prête. Par exemple, le chef Locke Priso de Hickory Town avait refusé de le signer. Il
le signa que le lendemain après avoir été arrêté et bastonné en public par les allemands.
Ce qui est important de souligner, c’est que le traité Germano-douala ne fut qu’un
détonateur qui permit aux allemands d’installer leur domination sur les bords du Wouri et
de l’étendre progressivement pour former un ensemble qui allait devenir le Cameroun.
Pour cela, ils appliquent la politique de l’Hinterland; celle-ci permettrait à un Etat
5
colonisateur d’entrer dans l’arrière-pays et d’annexer tous les territoires qu’il trouvait
jusqu’à ce qu’il rencontre une autre puissance colonisatrice avec laquelle il signe un traité
limitant les frontières de leurs possessions coloniales respectives.

CHAPITRE II : LE REGIME INTERNATIONAL

6
VOLUME 3

CHAPITRE II : REGIME INTERNATIONAL


En 1894, le territoire du Cameroun allemand était déjà quasi-définitivement formé.
Il couvrait une superficie de 700.000km2. Après la défaite de l’Allemagne à la suite de la
première guerre mondiale, la France et la Grande-Bretagne vont le récupérer comme un
butin de guerre. Les deux puissances vont se le partager et instaurer chacune dans la portion
du territoire qui lui revenait sa colonisation. Ce fut la période de ‘’condominium’’ de fait;
elle dura de 1916-1922.
Dans l’intervalle, la conférence de paix de Paris avait eu lieu et à la suite de celle-ci
fut signé le traité de Versailles du 28 juin 1919. Ce traité instituait la Société des nations
(SDN). Celle-ci obligea l’Allemagne battu à la suite de la guerre à abandonner ses
possessions coloniales mais surtout le traité de Versailles créait un régime
d’internationalisation des territoires anciennement placés sous la colonisation allemande:
le mandat international. Et en tant qu’anciennes colonies allemandes, le Cameroun et le
Togo furent soumis à ce régime international. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ce
régime international fut remplacé par un autre appelé ‘’tutelle internationale’’ qui
appliquait les mêmes mécanismes que le mandat, mais s’éloignait de celui-ci par le fait
qu’elle visait l’émancipation politique des territoires sous-tutelle.

SECTION I : L’INSTAURATION ET L’APPLICATION DU MANDAT


INTERNATIONAL

PARAGRAPHE 1 : L’INSTAURATION DU MANDAT INTERNATIONAL


Malgré sa défaite, l’Allemagne avait engagé de nombreuses actions diplomatiques
afin de conserver ses droits sur ses territoires coloniaux. Mais, la communauté
internationale en était opposée. Elle obligea en effet l’Allemagne à renoncer à ses
territoires coloniaux et les plaça sous mandat international. Ce régime est institué par deux
textes fondamentaux : d’une part, le traité de Versailles du 28 juin 1919 et d’autre part
l’Acte de Londres du 20 juillet 1992 donnant mandat à la France pour administrer le
Cameroun.

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A- LE TRAITE DE VERSAILLES
1- LES NEGOCIATIONS

Elles furent marquées par l’influence des Etats-Unis d’Amérique du Nord qui, en
tant qu’ancien Etat colonisé et connaissant les méfaits de la colonisation, se présentait
comme le plus fervent adversaire de la colonisation. Avant même la Conférence de paix
de Paris, le président des USA Woodrow Wilson avait rendu public le 08 janvier 1918 une
adresse au monde connu sous la dénomination de « Les 14 points du président Wilson».

Ces 14 points dévoilaient l’humanisme du président Wilson qui s’inspire par ailleurs
de la Déclaration d’indépendance du 04 juillet 1776 et des écrits de Jean-Jacques Rousseau
selon lesquels « tous les hommes naissent libres et égaux en droits et en devoirs ». Sur
cette base, le président Wilson pense que la liberté et l’égalité sont des droits naturels de
chaque homme sans distinction de race, de sexe ou du niveau de développement. Cette
théorie le conduit à élaborer un principe qui fera fortune en droit international à savoir le
principe de libre disposition des peuples. En vertu de celui-ci, selon le président Wilson,
tous les peuples quels qu’ils soient, doivent accéder à la capacité à s’auto-gérer librement.

Il s’agissait d’un réquisitoire contre le colonialisme. Mais, si l’influence de Wilson


fut grande pendant les négociations, il reste que l’opposition des pays colonialistes à ses
idées notamment la France, la Grande-Bretagne, le Portugal, l’Espagne... était tout aussi
grande. L’on peut même dire que les idées coloniales étaient encore largement majoritaires
au sein de la société internationale.
La formule du mandat international apparait ainsi comme une formule de compromis
d’une part entre les idées de Wilson et d’autre part les idées des colonialistes.

2- LA NOTION DE MANDAT INTERNATIONAL

Le mot mandat est proposé pendant la Conférence de paix par un Général Sud-
Africain appelé SMUTS. Cette notion s’inspire largement du droit civil. Dans cette
matière, le mandat désigne une mission confiée par une personne appelée mandant à une
autre personne appelée mandataire. Le mandant est le titulaire du pouvoir ou de la
compétence. Il délègue donc ce pouvoir ou cette compétence au mandataire qui l’exercera
sous son contrôle.
C’est cette notion de mandat qui fut adaptée au contexte de la société internationale.
Le mandant ici c’est le SDN, c’est-à-dire la communauté internationale et le mandataire
c’est une puissance qui reçoit la mission d’exercer le mandat à la place et sous le contrôle
de la SDN.
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3- LA CLASSIFICATION DES TERRITOIRES SOUS MANDAT

L’article 22 du traité de Versailles classait les territoires sous mandat en 03


catégories, selon leur niveau de développement économique, social et politique.
- Le mandat ‘’A’’ concernait les territoires de catégorie A ; c’était les territoires
les plus avancés en matière politique, économique, sociale et culturelle. Cette
catégorie concernait surtout les territoires du Moyen-Orient tels que la Syrie et
l’Irak. Dans les territoires appartenant à cette catégorie, les pouvoirs de la
puissance mandataire étaient très légers et courts car il s’agissait simplement
d’aider ces territoires à accéder à l’émancipation politique.
- Les territoires de catégorie ‘’B’’ étaient soumis au mandat B. Ils avaient un
niveau de développement politique, économique et social inférieur à celui des
territoires de la catégorie A, mais, assez évolué tout de même. A leur égard, la
puissance mandataire exerçait surtout les pouvoirs d’administration.
- La dernière catégorie était la catégorie ‘’C’’. Elle regroupait les territoires les
moins avancés au développement économique, politique et social. Ici, les
pouvoirs de la puissance mandataire se rapprochaient de ceux d’une puissance
coloniale classique.
Le territoire du Cameroun fut placé dans la catégorie B.

B- LES PUISSANCES MANDATAIRES

Elles avaient reçu instruction de préparer des projets d’accords devant les lier à la
SDN et qui feraient office d’accords d’application des stipulations de la charte ou du pacte
de la SDN relative au mandat.
C’est dans ce cadre que la France prépara un projet qu’elle soumit à la lecture de la
Grande-Bretagne et à l’adoption de la SDN. Cet accord qui fut signé le 20 juillet 1922 et
est aujourd’hui connu sous le nom de l’Acte de Londres du 20 juillet 1922. Cet accord
détermine les modalités d’application du mandat de la France sur le Cameroun. C’est la
raison pour laquelle il est appelé Acte de Londres du 20 Juillet 1922 donnant mandat à la
France pour administrer le Cameroun.

PARAGRAPHE 2 : L’APPLICATION DU MANDAT INTERNATIONAL

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Aux termes du traité de Versailles, les pouvoirs de la puissance mandataire étaient
limités à l’administration. Ils étaient au surplus soumis au contrôle de la SDN. Mais, en
dépit de toutes ces précautions juridiques, la France viola les stipulations du traité de
Versailles et les accords de Londres pour tourner l’esprit du mandat sur le Cameroun et
instaurer une colonisation de fait.
Au Cameroun britannique, la question ne se posa même pas puisque non contente
de la portion du territoire qui lui revenait, la Grande-Bretagne la rattacha purement et
simplement au Nigéria et l’a soumis à l’administration des chefs traditionnels nigérians
pour l’application de la règle de ‘’l’indirect rule’’.
La France quant à elle fut plus subtile dans sa stratégie d’altération du régime du
mandat. Dans un premier temps, elle tenta de rattacher le territoire sous-mandat du
Cameroun à son groupe de colonie de l’Afrique Equatoriale Française. Cette stratégie ne
fit pas fortune. Elle décida alors de violer les principes du mandat en se fondant sur l’article
9 de l’Acte de Londres du 20 juillet 1922. Celui-ci, lui-même violait l’article 22 du pacte
de la SDN puisque contrairement aux stipulations de celui-ci, la France avait décidé
d’administrer le territoire sous-mandat du Cameroun comme faisant partie intégrante de
son territoire. Dans cet ordre de préoccupation, elle décida de soumettre le territoire du
Cameroun à tous les textes applicables en Afrique Equatoriale Française. Par-là, en vertu
de cet arrêté, du 1er mai 1924, le territoire sous-mandat du Cameroun était soumis aux
mêmes textes que les territoires coloniaux de l’Afrique Equatoriale Française.
La seconde guerre mondiale mit un terme à l’application du mandat et permis
l’instauration de la tutelle internationale.

SECTION II : LA TUTELLE INTERNATIONALE

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VOLUME 4

SECTION II: LA TUTELLE INTERNATIONALE


PARAGRAPHE 1: L’INSTAURATION DE LA TUTELLE
INTERNATIONALE

Le mandat international né dans un contexte d’anticolonialisme


minoritaire portait en son sein les germes de la destruction et de son échec. A la
fin de la seconde guerre mondiale, la création de l’ONU, consécutive à l’échec
de la SDN du fait de l’incapacité de cette organisation à empêcher la survenance
de la seconde guerre mondiale, allait constituer un évènement majeur dans
l’évolution politique et constitutionnelle du Cameroun.
La nouvelle organisation mondiale s’attela à corriger les défauts de son
prédécesseur tout en reconduisant les acquis de son œuvre. S’agissant
particulièrement des anciens territoires allemands, L’ONU reconduisit la
technique du mandat et les classifications des terres. Elle changea la dénomination
de cette technique tout en lui prescrivant une mission déterminée par l’article 76
(b) de la charte des Nations-Unies. Cet article précise « les fins de la tutelle ».
Celle-ci de manière générale porte désormais sur l’émancipation politique des
territoires concernés. Il s’agit d’une innovation majeure qui exprime l’inversion
des tendances au sein de la société internationale. En effet, autrefois minoritaire,
les idées anticolonialistes sont désormais majoritaires au sein de la société
internationale; elle s’exprime à l’ONU et leur majorité tendent à se renforcer à
mesure que les territoires anciennement colonisés accédaient à l’indépendance.

PARAGRAPHE 2 : L’APPLICATION DE LA TUTELLE

L’accord de tutelle sur le Cameroun est signé le 13 décembre 1946. Cette


période d’application qui commence donc en 1946 se découpe en deux. La
première s’achève en 1957 et la seconde à la fin de 1958.

A- AVANT L’AUTONOMIE INTERNE

Dès 1946, souffla sur le territoire du Cameroun sous-tutelle française un


important vent de libéralisation et de démocratisation.

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Celui-ci se rattachait en effet à l’application des résolutions de la conférence
de Brazzaville qui s’était tenue en 1944 à l’initiative du général DE GAULLE.
Au cours de cette conférence, le général DE GAULLE avait affirmé qu’en
contrepartie de l’aide apportée par les africains à la France pendant la seconde
guerre mondiale, la France allait instituer un nouveau type de rapports avec ses
colonies. Et ce rapport se construisait autour d’une plus grande reconnaissance
des principes de liberté et de la démocratie au profit des africains. C’est le droit
fil de cette idée que dès 1946 seront progressivement appliqués, les principes de
liberté et de démocratie grâce auxquels les africains devraient apprendre à
s’administrer eux-mêmes. Cette période est donc celle pendant laquelle
l’indigénat sera supprimé au Cameroun et dans les autres possessions françaises
par la loi Lamine Guèye du nom de son initiateur qui était député sénégalais à
l’Assemblée Nationale française. Cette période est également celle pendant
laquelle seront introduites au Cameroun les principales libertés publiques
individuelles et collectives que nous connaissons aujourd’hui: liberté d’aller et
venir, liberté de réunion, liberté d’association, liberté syndicale.
Il est notable qu’à la faveur de celle-ci naquit le tout premier parti politique
camerounais l’UPC, le 10 avril 1948. IL est également notable que pendant cette
période naquirent de nombreuses associations et de nombreux syndicats qui
animaient la vie politique camerounaise dans les conditions quasiment
comparables à celles d’aujourd’hui.
Dans le même temps, ce fut la période d’apprentissage de la démocratie et
d’initiation à la vie parlementaire. Dans cet ordre de préoccupation fut créée en
1946 l’Assemblée Représentative du Cameroun (ARCAM). L’ARCAM n’était
pas à proprement parler un parlement. Ses décisions ne sont pas des lois, elles
s’appellent résolutions et ne sont pas immédiatement applicables. Pour être
appliquées, elles doivent d’abord recevoir l’appréciation du commissaire de la
République française au Cameroun. Ses membres ne sont pas appelés, députés,
ils sont appelés représentants ou délégués à l ARCAM.
L’ARCAM fut remplacée en 1952 par l’Assemblée Territoriale du Cameroun
(ATECAM). Ses membres étaient élus; mais, l’ATCAM comme l’ARCAM
n’était pas un parlement au sens propre du terme. C’était une assemblée
consultative dont les décisions appelées résolutions n’étaient non plus applicables
immédiatement avec valeur de la loi. Leur application était conditionnée par
l’approbation du Haut-commissaire de la République française au Cameroun.
Avec l’ARCAM et L’ATCAM, les camerounais s’initiaient à la vie
parlementaire et démocratique. Sous la pression de l’ONU, la France édicta la loi
Gaston Deferre (ministre français chargé des colonies), c’est-à-dire de la loi du
23 juin 1956 sur l’évolution des territoires d’outre-mer. Cette loi prescrivait un
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certain nombre d’étapes ultimes conduisant les territoires coloniaux français vers
l’indépendance. C’est en l’application de cette loi que sera édicté le décret du 16
avril 1957 portant statut du Cameroun; c’est ce décret qui institue au Cameroun
le statut d’autonomie interne.

B- L’AUTONOMIE INTERNE

L’autonomie interne comprend deux périodes :


- L’autonomie interne simple qui fonctionne de 1957 au 30 décembre
1958;
- ET « l’autonomie interne élargie » encore appelée « pleine
autonomie interne» qui fonctionne du 30 décembre 1958 au 31 décembre
1959.

2- L’AUTONOMIE INTERNE SIMPLE

Elle est instituée par le décret du 16 avril 1957. C’est sous ce décret que le
territoire sous-tutelle du Cameroun français devient officiellement un Etat sous la
domination d’Etat autonome du Cameroun français. C’est ce décret qui institue la
nationalité camerounaise. C’est pendant cette période d’autonomie interne que
des lois institueront la devise (Paix-Travail-Patrie), les armoiries, le drapeau…
En bref, l’Etat autonome du Cameroun devient un Etat non souverain, mais
autonome. Cela signifie qu’il présente toutes les caractéristiques d’un Etat avec la
seule différence qu’il est dirigé par un gouvernement non souverain puisque l’Etat
demeure sous la tutelle de la France. En conséquence, ses compétences
territoriales sont exercées par la France d’une part et d’autre part les compétences
des institutions camerounaises sont exercées par des camerounais mais sous la
supervision du Haut-commissaire de la République Française au Cameroun.
De ce fait, l’Etat du Cameroun dispose désormais d’un parlement appelé
Assemblée Législative du Cameroun qui édicte des lois. L’ALCAM résulte de la
transformation de L’ATCAM en un véritable parlement chargé d’adopter des
lois. Les institutions camerounaises comprennent également un gouvernement
dirigé par un premier ministre qui nomme les ministres. Mais, la nomination
des ministres n’est valable que si elle est approuvée par le Haut-commissaire de
la République française au Cameroun.
Le tout Premier Ministre camerounais s’appelle André-Marie MBIDA, il
fut remplacé le 18 février 1958 par Ahmadou Ahidjo, qui conduisit le nouvel Etat
autonome vers l’autonomie interne élargie et l’indépendance.

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2- L’AUTONOMIE INTERNE ELARGIE OU PLEINE AUTONOMIE

Elle est instituée par l’ordonnance du 30 décembre 1958. Elle constitue la


phase ultime de préparation de l’indépendance. Pendant cette période, le Haut-
commissaire de la République française au Cameroun, naguère très puissant,
se montre de plus en plus discret car ses compétences et pouvoirs sont
progressivement confiés au Premier ministre camerounais Ahmadou Ahidjo.
Celui-ci fera édicter la loi du 18 février 1958 portant organisation des pouvoirs
publics. Il fera également voter et promulguer la loi du 31 octobre 1958 qui lui
délègue tous les pouvoirs afin de préparer la constitution du futur Cameroun
indépendant.

CHAPITRE 3: L’INDEPENDANCE DU CAMEROUN FRANÇAIS

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VOLUME 5

CHAPITRE 3: L’INDEPENDANCE DU CAMEROUN FRANÇAIS

Pendant l’autonomie interne, le Cameroun était un Etat autonome mais non


souverain. Il ne pouvait pas exercer de compétences internationales car il était
encore sous-tutelle française. De plus, même ses compétences internes étaient
exercées sous le contrôle du représentant de la puissance tutélaire française; c’est-
à-dire le Haut-commissaire de la république française au Cameroun.
L’indépendance est donc appréhendée comme l’opération juridique et politique
par laquelle le Cameroun devient un Etat pleinement souverain exerçant
pleinement toutes ses compétences internes et internationales. Cela suppose que
l’accord de tutelle du 13 Décembre 1946 qui instituait la tutelle de la France sur
le Cameroun soit abrogé.
Cela étant dit, l’opération de consécration de l’indépendance du Cameroun
peut être appréhendée de manière médiate. Cette opération peut être appréhendée
de manière médiate ou immédiate. De manière médiate, cette opération peut être
étudiée depuis la colonisation allemande alors que de manière immédiate, elle
porte sur les éléments qui ont directement procédé à l’abrogation de la tutelle.
Dans la mesure où l’évolution de la construction de l’Etat depuis le traité
Germano-douala a été étudiée, le présent chapitre se bornera à envisager des
éléments qui directement, précédèrent l’accession du Cameroun français à la
souveraineté.

SECTION 1: LA SESSION CAMEROUNAISE DES NATIONS


UNIES

Le Cameroun eut le privilège de s’accaparer de l’organisation des Nations-


Unies un mois jour pour jour afin de régler le problème de son indépendance.
L’Assemblée Générale se réunit en effet du 13/02 au 14/03/1959 avec un seul
point à l’ordre du jour: l’indépendance du Cameroun. Cette session de
l’Assemblée Générale des Nations-Unies consacrée à la résolution de la question
de l’indépendance du Cameroun fut baptisée « session camerounaise des
Nations-Unies». Au cours de cette session, plusieurs camps s’étaient formés mais
deux d’entre eux émergèrent et s’affrontèrent impitoyablement.

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D’un côté, le gouvernement du 18 février 1958 dirigé par AHMADOU
AHIDJO soutenu par la France et les amis de celle-ci. De côté, se trouva l’UPC
soutenu par des Etats tels que l’EGYPTE et le GHANA. Les positions de l’UPC
étaient claires et rigides. Ce parti politique revendiquait en effet l’indépendance
immédiate du Cameroun sous deux conditions. D’abord,
1- l’organisation des élections législatives afin de renouveler les membres
du Parlement.
2- Et ensuite, la réunification préalable des deux Cameroun français et
britannique. Les positions de l’UPC reposaient sur des arguments
politiques et juridiques.

Au plan juridique en effet, l’UPC se fondait sur l’article 76 alinéa b de la


Charte des Nations-Unies qui posait le posait le principe selon lequel,
l’indépendance d’un territoire devrait être précédée par l’expression libre de la
volonté des populations dudit territoire. C’est d’ailleurs la démarche qui avait été
adoptée pour le cas du Togo. Au plan politique selon l’UPC, la question de
l’indépendance devant être discutée devant le Parlement. Les membres de celui-
ci devaient être renouvelés car ils avaient élus lors des élections du 23 décembre
1956 dans le cadre de la mise en place de l’Assemblée Territoriale du Cameroun.
Et dans la même mesure où celle-ci n’était pas un parlement et dans la mesure où
par ailleurs, leur légitimité n’était pas fraiche, celle-ci devrait être rafraichie au
moyen d’élection législative générale. Au surplus, l’UPC soutenait qu’avant la
proclamation ou l’accession à l’indépendance, il était nécessaire que les deux
Cameroun francophone et anglophone soient préalablement réunifiés. L’UPC
pensait en effet qu’une indépendance antérieure à la réunification, serait source
de difficultés graves.
AHMADOU AHIDJO soutenu par la France, prônait une thèse
radicalement opposée à celle de l’UPC. Selon lui d’une part, toutes les parties
camerounaises étaient d’accord pour l’accession du Cameroun à l’indépendance
et que par conséquent, le cas du Cameroun était singulier par rapport à celui du
Togo et n’appelait donc pas l’organisation d’élections préalables. D’autre part
selon lui, les membres de l’Assemblée législative du Cameroun avaient été élus
le 23 décembre 1959 pour un mandat de 05 ans. Par conséquent, leur légitimité
ne pouvait pas être contestée 03 ans après leur élection. Enfin selon lui, la question
de l’abrogation de la tutelle sur le Cameroun britannique n’étant pas totalement
résolue, la réunification des deux Cameroun ne pouvait avoir lieu avant les
indépendances. AHMADOU AHIDJO demandait alors à l’Assemblée générale
des Nations-Unies d’abroger la tutelle sur le Cameroun après l’indépendance du

16
Cameroun français. L’Assemblée générale des Nations-Unies suivie les
propositions d’AHIDJO.

SECTION 2: LA RESOLUTION 1349 « XIII » DU 14 MARS 1959

Cette résolution fut votée dans la nuit du 13-14 Mars 1959 à 01 heure du
matin. Par cette résolution, l’Assemblée générale des Nations-Unies rendait trois
décisions importantes pour l’avenir du Cameroun. Premièrement, elle abrogeait
l’accord de tutelle du 13 Mars 1946. Deuxièmement, elle décidait que cette
abrogation produirait ses effets à partir du 1er Janvier 1960. Troisièment, elle
déclarait faire confiance à Ahidjo pour organiser les élections législatives « le
plutôt possible ». Enfin et en conséquence de cela, l’Assemblée générale des
Nations-Unies considérait la question de la réunification des Cameroun
britannique et français comme relevant de la politique intérieure des Etats à
laquelle l’ONU ne pouvait apporter des réponses en vertu du principe de non-
ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Ce fut la victoire politique
majeure d’AHIDJO sur l’UPC qu’il avait combattu avec énergie depuis son
accession au pouvoir.
La formulation de la résolution 1349 (XIII) interroge au plan juridique en
particulier, elle pousse à se demander quelle est la date de l’indépendance du
Cameroun français? Elle est épineuse pour de nombreux camerounais pourtant
elle ne fait débat. Ils considèrent que le Cameroun français devient indépendant
le 1er Janvier 1960. L’analyse juridique n’accrédite pas forcement cette thèse.
Pour cela, elle appelle en contribution la théorie de l’entrée en vigueur théorique
et juridique et celle d’entrée en vigueur effective. Au regard de cette théorie, dire
que le Cameroun français est indépendant le 1er Janvier 1960, c’est oublier que
l’abrogation de la tutelle qui fonde cette indépendance fut effectuée le 14 Mars
1959. C’est en d’autres termes, négliger l’importance capitale de la résolution du
14 Mars 1959, car c’est cette résolution qui abroge la tutelle. Par conséquent, il
apparait plus juridiquement correct pour prendre en compte l’importance
conjuguée des deux dates du 14 Mars 1959 et du 1 er janvier 1960 que
l’indépendance du Cameroun français fut acquise le 14 Mars 1959 et appliquée à
partir du 1er Janvier 1960, date de la fête de l’indépendance. L’on dira alors que la
date de l’accession à l’indépendance du Cameroun français est le 14 Mars 1959
et celle de la proclamation de l’indépendance le 1er Janvier 1960.

17
SECTION 3: LES CONSEQUENCES DE L’INDEPENDANCE

A la suite du 1er Janvier 1960 et même avant c’est-à-dire, après la résolution


1349 (XIII), le Cameroun français était devenu un Etat indépendant. Il fut
reconnu comme tel par de nombreux autres Etats au moyen de la procédure de
reconnaissance d’Etat qui relève du droit international public. Le fait notable est
qu’en marge des festivités marquant l’indépendance, AHMADOU AHIDJO
réalisa un coup d’Etat constitutionnel car ce jour-là, il prit une ordonnance en sa
qualité de Premier ministre pour s’octroyer les fonctions de chef de l’Etat du
Cameroun. Il devint ainsi par le jeu de cette ordonnance le 1 er Janvier 1960, « le
Premier ministre chef de l’Etat du Cameroun ». C’est à ce titre qu’il
promulgua la toute première Constitution de l’Etat du Cameroun du 04 Mars
1960. Et également à ce titre aussi, qu’il organisa les législatives et le référendum
de 1960. C’est à ce titre enfin, qu’il organisa sa propre élection par les députés de
l’Assemblée nationale le 05 Mai 1960, pour les fonctions de président de la
république.

CHAPITRE IV: LA REUNIFICATION DU CAMEROUN FRANÇAIS


ET DU CAMEROUN ANGLAIS

18
VOLUME 6

CHAPITRE IV: LA REUNIFICATION DU CAMEROUN


FRANÇAIS ET DU CAMEROUN BRITANNIQUE

SECTION I : L’APPARITION ET LA SIGNIFICATION DE L’IDEE DE


REUNIFICATION

L’idée de réunification des territoires de l’ancien Cameroun Allemand


après la séparation de 1916 est d’Alexandre MANGA BELL, arrière-petit fils
du roi BELL. Mais son développement est dû aux intellectuels du Cameroun
britannique qui fréquentent très tôt la philosophie, s’approprient les principes de
fonctionnement de la société internationale, étudient les quatorze points du
président W. Wilson et surtout s’opposent radicalement au colonialisme et à la
colonisation.
Nombre d’entre eux avaient connu la période Allemande c’est-à-dire, celle
pendant laquelle l’on circulait librement à l’intérieur du territoire Kamerun
allemand. A la suite de la séparation de ce territoire entre les français et les anglais,
une frontière avait été érigée entre les deux nouvelles parties de ce territoire. Dès
lors pour circuler de l’un vers l’autre, il fallait traverser la frontière et donc
satisfaire aux formalités administratives telles que les visas et la douane qui était
très tracassière. Et les camerounais des deux parties qui circulaient de l’une vers
l’autre partie devaient subir les conséquences néfastes de ces tracassières. L’un
d’eux Robert JABEA DIBONGUE est originaire de Douala. Brillant, il avait
reçu à l’époque allemande de nombreux prix d’excellence. Après le départ des
Allemands, il s’installe et travaille à Lagos au Nigeria. Il revient souvent rendre
visite à sa famille à Douala et il supporte très peu les tracasseries qui lui sont
imposées à la frontière entre le Cameroun français et le Cameroun britannique.
Rentré à Lagos, il entreprend de convaincre de nombreux camerounais de militer
pour la suppression des barrières douanières érigées entre le Cameroun français
et le britannique.
En d’autres termes dans sa formulation initiale, la réunification désigne la
suppression des barrières douanières instituées entre le Cameroun français et le
Cameroun britannique; c’est-à-dire la reconstitution de l’unité du territoire de
l’ancien Kamerun allemand. Les vocables utilisés pour exprimer cette volonté ne
sont pas précis. Certains parlent d’unification, d’autres de réunification.

19
L’UPC crée le 10 avril 1948 par UM NYOBE, inscrira la réunification
dans ses statuts. Elle en fera d’ailleurs l’un des principaux axes de sa politique car
elle exigera que la réunification précède l’indépendance. Elle pense même qu’elle
serait la meilleure solution car elle permettrait que les deux Cameroun accèdent à
l’indépendance le même jour afin de renforcer l’unité des territoires et des
peuples.
Sa contribution à la popularisation de cette idée sera décisive. Il créa un
parti politique appelé ONE KAMERUM qui milite en faveur de la réunification.
Il sera suivi par le KNDP (Cameron National Democratic Party) de John NGU
FONCHA malgré l’opposition alors de SALOMON TANDENG MUNA et
Docteur Emmanuel ENDELE qui réviseront plus tard leur position, l’idée de la
réunification fit son chemin. La France et AHMADOU AHIDJO initialement
opposés à elles, se reconvertissent. Ahidjo l’inscrivit d’ailleurs dans son
programme politique; c’est ainsi qu’elle s’imposa.
En conséquence, initialement la réunification signifie la suppression des
barrières douanières entre les Cameroun français et anglais. Par la suite, le mot
désignera la reconstitution de l’ancien territoire du Kamerun allemand dans ses
frontières d’avant 1916 c’est-à-dire, d’avant la séparation; tel est l’objectif de la
réunification. Celle-ci consiste à unifier de nouveau l’ancien territoire du
Kamerun allemand.

SECTION II : L’ABROGATION DE LA TUTELLE SUR LE


CAMEROUN BRITANNIQUE
La réunification du Cameroun ne suivie pas la proposition faite par l’UPC
de réunifier d’abord et de proclamer l’indépendance ensuite. Elle eut lieu au
contraire après l’indépendance du Cameroun français et surtout le jour de
l’abrogation de la tutelle de l’ONU sur le Cameroun britannique c’est-à-dire, le
01 Octobre 1961. Deux considérations sont ici importances. D’abord, la
réunification fût décidée par les populations du Cameroun méridional par
referendum des 11 et 12 février 1961 dont les résultats furent consignés dans une
résolution importante de l’Assemblée Générale des Nations Unies dénommée
résolution 1608 « XV» du 21 avril 1961.

20
VOLUME 7

De fait, initialement la session camerounaise des Nations Unies devait examiner la


situation du Cameroun français et du Cameroun britannique à la fois. Mais en raison de
ces difficultés particulières, la situation du Cameroun britannique fut reportée. Une mission
des Nations Unies y fut envoyée afin de s’enquérir de la situation exacte sur le terrain après
la division du Cameroun britannique en deux parties par la Constitution Littleton 1954.
Cette mission conclue que le Cameroun septentrional se sentait plus proche du Nigéria
comme le Cameroun méridional se sentait lui aussi plus proche de la république du
Cameroun. Cette conclusion fut très contestée. Et pour en avoir le cœur net, l’ONU décida
d’organiser un référendum au Cameroun septentrional. Seulement, ce referendum eu lieu
le 07 novembre 1959. La question posée était la suivante : « voulez-vous être rattachés
au Nigéria ou voulez-vous que ce problème soit remis à plus tard?». Sur les 118.000
votants, 70.000 votaient pour que le problème soit remis à plus tard et 48.000 votaient pour
le rattachement au Nigéria. En claire, les conclusions de la mission de visite des Nations
Unies avaient été démenties par les résultats de ce plébiscite.
L’ONU décida alors d’organiser un autre plébiscite dans les deux parties du
Cameroun Britannique les 11 et 12 février 1961.
Ce plébiscite eu lieu effectivement. La question posée comportait deux
mouvements. Primo, voulez-vous accéder à l’indépendance en vous rattachant au
Nigéria ? Segundo, voulez-vous accéder à l’indépendance en vous rattachant à la
république du Cameroun ?
Ces questions ne se conformaient pas totalement à l’art 76 al b de la charte des
nations unies car, elle évitait de soulever une hypothèse notamment celle de l’indépendance
séparée c’est-à-dire, acquis sans rattachement au Nigéria ou au Cameroun. Les résultats
furent édifiants au Cameroun septentrional 145.000 votèrent pour le rattachement au
Nigéria et 97.000 votèrent au rattachement à la république de Cameroun. Au Cameroun
méridional, 245.000 votèrent pour le rattachement à la république du Cameroun et 97.000
pour le rattachement au Nigéria.
Si les résultats avaient été donnés globalement, les deux parties du Cameroun
britannique auraient été toutes rattachés à la république du Cameroun. Mais l’ONU choisit
de donner les résultats de manière séparée. Et dans cette logique, le Cameroun septentrional
qui avait voté majoritairement pour le rattachement au Nigéria, rejoignit le Nigéria et le
Cameroun méridional rejoignit la république du Cameroun.
Ainsi, le vieux rêve des camerounais de reconstituer l’unité de l’ancien Kamerun
allemand fut-il partiellement réalisé.

21
SECTION III : LA MISE EN ŒUVRE DE LA REUNIFICATION

Les résultats du référendum des 11 et 12 février 1961 furent consignés dans


la résolution 1608 « xv » du 21 avril 1961. Cette résolution prescrivait aux
principaux leaders du Cameroun méridional et de la république du Cameroun à
savoir John NGU FONCHA et AHMADOU AHIDJO, de tout mettre en œuvre
pour réaliser d’urgence le vœu des populations du Cameroun méridional de se
rattacher à la république du Cameroun.
Dès la publication de cette résolution, de nombreuses réunions eurent lieu à
Washington, à Kumba, à Bamenda, etc. mais la plus connue de ces réunions est
sans doute la réunion de Foumban qui fut improprement baptisée « conférence
de Foumban ». Il faut souligner tout de suite qu’il ne s’agissait pas d’une
conférence constitutionnelle instituée à l’image d’une Assemblée constituante. Elle
n’était organisée par aucun texte. C’était donc une réunion informelle qui se
déroula du 10 au 12 juin 1961 à Foumban. Les délégations de la république du
Cameroun oriental et méridional respectivement dirigées par Ahmadou Ahidjo et
John NGU FONCHA se rencontrèrent pour mettre au point les derniers détails de
la future Constitution du Cameroun réunifié. Emmanuel ENDELE qui assistait aux
travaux, proposa que le futur Etat fût constitué sous la forme d’un Etat unitaire.
John NGU FONCHA et Ahmadou Ahidjo ne le suivirent pas dans cette voie.
Unanime sur cette question, les deux hommes se séparèrent pourtant sur beaucoup
d’autres. John NGU FONCHA par exemple, militait pour un Etat fédéral accordant
une large autonomie aux Etats fédérés et une égalité juridique et effective entre le
français et l’anglais. Sans être totalement d’accord avec John NGU FONCHA sur
la question de l’autonomie des Etats fédérés, Ahmadou Ahidjo n’exprima pas pour
autant avec force, ses convictions centralisatrices.
La fédération camerounaise ainsi crée, vit le jour au moyen de la révision de
la Constitution de la République du Cameroun du 04 mars 1960. Cette révision
donna lieu à la loi constitutionnelle du 1er septembre 1961 qui tendait à adapter la
Constitution du 04 mars 1960 aux exigences du Cameroun réunifié. Cette loi entra
en vigueur le 1er Octobre 1961.

CHAPITRE V : L’UNIFICATION

22
VOLUME 8

CHAPITRE V : L’UNIFICATION ET LA CREATION DE L’ETAT


UNITAIRE DUCAMEROUN

AHMADOU AHIDJO, affirmait quelque temps après l’diction de la


Constitution du 02 Juin 1972 que : « la fédération avait été conçue avec la
conscience de son dépassement à plus ou moins brève échéance ». Cela signifie
que pour lui, la phase de la réunification et de la République Fédérale était une
phase transitoire et donc provisoire c’est-à-dire, appelée à évoluer vers un Etat
Unitaire. En d’autres termes, la création de l’Etat Unitaire du Cameroun constituait
l’aboutissement du processus enclenchée depuis 1961.

SECTION I : LA JUSTIFICATION DE L’UNIFICATION

Pourquoi consacre-t-on le passage de la République fédérale à la République


Unie c’est-à-dire, de l’Etat Fédéral à l’Etat Unitaire ? C’est dans son discours du
09 mai 1972 à l’Assemblée Nationale qu’AHMADOU AHIDJO dévoile les détails
de son projet politique d’unification qu’il avait préparé depuis longtemps dans la
plus grande confidentialité. Selon lui, la création de l’Etat unitaire et de manière
plus générale, l’unification procède d’une analyse lucide de l’organisation et du
fonctionnement de l’Etat fédéral. Dans ce discours du 08 mai 1972, AHMADOU
AHIDJO dresse un tableau des difficultés de fonctionnement de l’Etat fédéral qui
signifie sa volonté de créer l’Etat unitaire. Les raisons avancées sont nombreuses.
Elles sont d’ordre économique, financière, procédural et politique.
Les deux premières sont intimement liées. En effet, au début des années
1970, le Cameroun comme l’Afrique et le monde entier, traverse une grave crise
économique. Celle-ci oblige les autorités à réduire les dépenses et à maitriser les
charges de fonctionnement de l’Etat.
Or, sous la fédération du fait de la multiplication des institutions, les charges
de fonctionnement de l’Etat étaient énormes, car il fallait faire fonctionner un
président de la république, trois gouvernements, trois parlements, trois fonctions
publiques, etc…
De plus, le Cameroun occidental c’est-à-dire, l’ancien Cameroun méridional
accusait un grave déficit de développement et vivait sous un budget
chronologiquement déficitaire. Il sollicitait donc toujours des subventions du
23
gouvernement central de l’Etat fédéral. Au final, des raisons économiques et
financières selon AHMADOU AHIDJO, obligeaient le Cameroun à évoluer sous
la forme unitaire afin de faire l’économie des moyens nécessaires à la résolution de
la crise économique, des problèmes de développement en général et de mise en
œuvre du troisième plan quinquennal de développement.
La troisième catégorie de raisons est d’ordre procédural. En effet, explique
AHMADOU AHIDJO du fait de la multiplicité des institutions, l’Etat fédéral se
trouve handicapé par la complexité de l’appareil étatique car la multiplicité des
institutions créait une dépense d’énergie, de nombreux conflits de compétences, les
lenteurs, incurie et un éparpillement des centres de décision. Le tout entrainait des
blocages et des goulots d’étranglement qui empêchaient le fonctionnement normal
de l’Etat.
Ahidjo concevait donc l’Etat unitaire comme un cadre de simplification et
de rationalisation des procédures par la création d’un seul centre d’impulsion des
décisions et des actions de développement.
Il va de soi que des raisons d’ordre public justifiaient également le passage
à l’Etat unitaire. Cette entreprise cachait en effet un enjeu de pouvoir
qu’AHMADOU AHIDJO voulait confisquer à son seul profit. En fait, en vertu de
la loi constitutionnelle du 1er janvier 1961, le président de la république fédérale et
le vice-président de la république ne pouvait ni nommer, ni révoquer le vice-
président. Les deux vivaient dans une cohabitation forcée jusqu’à la fin de leur
mandat. Cette situation commandait qu’ils vivent dans une harmonie parfaite.
Or, excellente au départ, les relations entre AHMADOU AHIDJO et John
NGU FONCHA se dégradaient progressivement et irréversiblement. Aussi, ne
pouvant révoquer son vice-président, AHMDOU AHIDJO saisie-t-il l’occasion de
l’unification pour fragiliser et l’éliminer du jeu politique, car John NGU FONCHA
le pressait déjà avec insistance pour qu’il lui cède sa place. Cette idée de John NGU
FONCHA n’était pas du goût d’AHMADOU AHIDJO qui entendait conserver et
même, renforcer sa position de pouvoir.

SECTION II : LA CONSERVATION JURIDIQUE DE L’ETAT


UNITAIRE

Elle fut préparée dans la plus stricte confidentialité par AHMADOU


AHIDJO qui s’en était toutefois ouvert à quelques intimes. Le projet initié par
AHMADOU AHIDJO fut rédigé par un Professeur français de droit
constitutionnel. Les évènements s’accélérèrent.

24
A la surprise générale, le 08 mai 1972, Ahidjo convoquait les députés en
session extraordinaire. Pendant son discours, il justifie sa décision de transformer
l’Etat fédéral en un Etat unitaire et de convoquer le peuple camerounais dans le
cadre d’un référendum afin d’approuver son initiative. La date de ce référendum
fut fixée au 20 mai 1972 c’est-à-dire, douze jours seulement après son discours du
08 mai 1972. Cela signifie que le projet de texte constitutionnel était prêt avant le
discours de 08 mai 1972. Le 20 mai 1972, alors que tous les bureaux de vote
n’avaient pas encore fermé, AHMADOU AHIDJO annonce la victoire du « OUI »
à la nouvelle Constitution et cela à une majorité écrasante de 99,98%.
La constitution de l’Etat unitaire fut promulguée le 02 juin 1972. Cette constitution
demeure en vigueur même si le 18 janvier 1996 après 24 ans d’existence et 24
révisions, elle fit l’objet d’une « révision totale ».
La date du 02 juin 1972 ne procède pas du hasard. En effet à cette époque,
l’exercice budgétaire courait du 1er juillet au 30 juin de l’année suivante
AHIDJO souhaitait donc que les nouvelles mesures prises dans le cadre de
la nouvelle Constitution de l’Etat unitaire, s’appliquent dès le premier jour de
l’exercice budgétaire suivant, c’est-à-dire le 1er juillet 1972 et c’est ce qui fut fait.

25
CHAPTIRE VI : LES EVOLUTIONS CONSTITUTIONNELLES

SECTION 1 : L’INSTITUTION DE LA REPUBLIQUE


PARLEMENTAIRE EN 1960.
La première constitution du Cameroun date du 04 mars
1960. Elle achève un processus vers l’indépendance qui a eu pour
phase ultime l’autonomie interne. Cette constitution dote l’Etat
camerounais d’un régime politique parlementaire.

PARAGRAPHE I ER : SON ELABORATION.


L’assemblée législative délègue au gouvernement le pouvoir de
préparer un projet de constitution. Cette opération a lieu le 21 Octobre
1959. Il faut préciser que le Premier Ministre de l’heure à savoir M.
AHIDJO à succéder à M. André Marie MBIDA à la suite d’une crise
politique. Le PM est alors désigné par le haut-commissaire français et doit
être investit par l’assemblée. La conséquence de ce mode de désignation
rend ce dernier fragile. Il ne tient pas son pouvoir du suffrage universel
direct, et le fait, l’autorité française locale détient le pouvoir de le constituer
PM, formule pour lui la difficulté de prendre les initiatives qui se
démarquent de la situation institutionnelle française. De surcroit, il doit
encore être accepté par le parlement. Le pouvoir de l’investir accordé au
parlement donne une orientation sur la déférence du PM vis -à-vis de
l’assemblée législative. C’est ce contexte d’ayant droit du Premier Ministre
qui va faire du PM, qu’il ne pourra qu’établir une constitution qui ne
diminue pas le pouvoir de celui dont il tient le pouvoir.
De manière pratique, le gouvernement va confier le travail technique
à un comité spécial de 42 membres. Le texte qui en sortira est soumis à
l’approbation par voie référendaire le 2 février 1960.

60% tics électeurs voteront OUI ! Et donc la première


constitution camerounaise étant publiés sera adoptée le 04 mars
1960.

PARAGRAPHE 2 : LE REGIME POLITIQUE GENERE


Il suffit de lire le texte constitutionnel pour se rendre compte non
seulement qu’il institut la démocratie, et ensuite il porte formatio n d’un
régime parlementaire, les principes établis dans la constitution sont la
26
séparation des pouvoirs, l'exécutif qui est bicéphale, et l’existence d’une autorité
judiciaire et le monocamérisme. Cette partition est sans aucun doute une
reprise du schéma français. En effet, jusqu'alors le monisme doit épouser le
bicéphalisme français. De même Injustice française, désignant comme étant
une autorité va inspirer le constituant camerounais, ne désignera pas celle -
ci comme étant un pouvoir. Enfin c’est le point de distinction, le parlement
est monocaméral. Pour s’avancer à justification, il faut dire qu’un Etat
nouvellement crée, faiblement peuplé et à l’école du fonctionnement
politique ne pouvait pas encore s’accommoder bicaméralisme. Encore que
cette modalité de l’organisation de l’administration ne peut traduire que
d’entité infra-étatique autonome.

Du point de vu des pouvoirs politiques, l’exécutif est donc bicéphale.


Il appartient au président de la république qui est chef de l’Etat. A la
différence de l’ancien premier ministre nommé et approuvé, le président de
la république (PR) est élu au scrutin indirect par un collège de notable. Il
y’a là une copie fidèle du modèle de désignation du président de la
république française. Avant 1962, c’est le président de la république qui définit
la politique de la notion. Il existe un premier ministre qui est nommé par décret du
PR ; l’article 14 du texte constitutionnel indique qu’il peut être demi de ses
fonctions. Pour autant, le PM exécute les lois en qualité de chef du
gouvernement. Les ministres bénéficient du contre seing, ce qui fait que les
actes du P.R, en dehors des décrets portant nomination du P.M ou de ceux
nommant aux emplois civils et militaires et en dehors de la dissolution de
l’assemblée nationale, tous les décrets du président doivent être
contresignés par le ministre matériellement compétent pour mettre en
vigueur.

Pour le législatif, une seule chambre est maintenue à savoir


l’assemblée nationale. Elle vote des lois et adopte le budget de l’Etant. En
guise des rapports mutuels, il s’observe un partage de l’initiative des lois
des lois entre l’exécutif et le législatif. Et le premier ministre est
responsable devant l’assemblée nationale. Le constitu ant de 1960 a établi
un régime politique parlementaire qui est plus précisément un
parlementarisme dualiste rationalisé. Les pouvoirs effectifs du président
vont s’accroître sous la fédération.

SECTION 2 : L’OPTION POUR UN REGIME


PRESIDENTIALISTE SOUS LA FEDERATION
27
L’Etat du Cameroun qui est unitaire en I960 va changer de
forme en 1961, avec pour effet une modification du régime
politique à l’occasion des différents mouvements
constitutionnels.

PARAGRAPHE 1 : LES MOUVEMENTS


CONSTITUTIONNELS DE L’ETAT FEDERAL

Ils sont au nombre de deux : la première instituant le


fédéralisme, échangeant le régime politique, le second
confortant ce changement de régime.

A. L’INSTITUTION DU FEDERALISME A 1961.


Le Cameroun accède à l’indépendance en1960. Cependant une partie de
son territoire qui était administré par l’Allemagne avait été mis sous la
domination britannique. L’initiative a lors été d’organiser un référendum
pour qu’il y’ail réunification entre le Cameroun Francophone et le
Cameroun Anglophone. Le 11 février 1961, se tient donc un référendum
dans la partie anglophone. Le corps électoral est appelé a décider de son
rattachement avec le Cameroun ou alors par le vote négatif son incrustation
dans le Nigéria. A l’issue de cette contestation, le vote fut favorable pour
le Cameroun, dès lors il s’est tenue la conférence constitutionnelle de
Foumban, le 11 juillet 1961. Les représentants des deux Cameroun y
étaient représentés. Leurs missions étaient de pro poser des modalités
juridiques de la réunification. Il en est ressortit un projet de constitution à
savoir LA LOI N°61/22 DU PREMIER SEPTEMBRE 1961 PORTANT
CREATION DE LA REPUBLIQUE FEDERALE DU CAMEROUN. Cette
constitution est entrée en vigueur le l er Octobre 1961. Relativement à sa
procédure, le professeur OLINGA, indiquent qu’il s’agit d’une fraude à la
constitution, parce que le Président AHIDJO a suivi les prescriptions de la
constitution de 1960 en faisant intervenir le parlement alors qu’il ne
s’agissait point d’une révision constitutionnelle. Le changement de la
forme d’Etat et la modification de la nature du régime Sont -ils eux seuls
suffisant pour matérialiser le bouleversement profond de la configuration
institutionnelle qui trace plutôt une élaboration plutôt qu’une révision,

B- LA FORMULATION DU PRESIDENTIALISME DES 1961

28
En empruntant l’institutionnalisme, il faut traduire le contexte dans lequel
s’est traduit le régime politique de l’Etat fédéral camerounais. Le parti
unique est un fait de domination du président de la république qui en
provient, mais aussi et cela est un argument juridique le texte
constitutionnel nouveau qui va durer plusieurs années comporte de
nombreuses dispositions solidifiant le président de la république souvent
au détriment îles autres institutions. Le présidentialisme en provient
quoique la première lecture naïve de ce texte peut faire penser à un régime
présidentiel.
En effet, il est constaté une absence de moyen de neutralisation mutuelle
entre l'exécutif fédéral et le parlement fédéral, L'exécutif ne provient pas
du parlement et aucune des deux ne peut révoquer l’autre assurément. Il
ne peut donc s’agir d’un régime parlementaire ou parlementariste. En
réalité sous les apparences du régime présidentiel, le contexte autoritaire
dans une moindre mesure et les dispositions en faveur ou favorables au
président dans une large mesure indique la nature présidentialiste du régime.
Le président de la république ne peut dissoudre le parlement fédéral, qui
lui-même ne peut révoquer. La cause du refus des pouvoirs de révocation
est la fragilité et la construction de ce fédéralisme naissant. Le parlement
fédéral ayant la vocation d'être fortement représentative de l’ensemble des
composantes de la nation. Les institutions politiques mis en place font
apparaître un président un président de la république, chef de l'Etat au pouvoir
effectif. U est à la tête de l'Etat fédéral! Mais aussi des litas fédérés. Chaque Etat
fédéré est directement dirigé par un premier Ministre nommé par le P.R, et il doit
recevoir l'investiture de leur assemblée législative fédérée. A la différence de
la première constitution camerounaise, celle-ci conduit à une élection du
président de la république au suffrage universel direct. Par ailleurs, un
vice-président est institué mais il est effacé et d’officie il n’existe pas de
P.M fédéral. Le parlement fédéral est monocaméral. Cette assemblée
nationale fédérale partage l’initiative des lois avec le P.R. A la leçon, le
P.R détient l’initiative législative, ne dépend plus du parlement quant à
l’accès à la fonction, et est le seul à diriger l’exécutif. D’ailleurs, il
détermine la politique de la nation mais continu à être politiquement
irresponsable dans un contexte d’autoritarisme de ce régime qui devrait être
conforté en 1969.
C- LE RENFORCEMENT DE PRESIDENTIALISME EN 1969
Huit ans après la réunification du Cameroun, intervient une révision
constitutionnelle. C’est ainsi que l’Assemblée national fédérale adopte

29
trois lois portant modification de la constitution de 1969. Ces trois textes
auront une vocation essentielle, consolider les pouvoirs du président. C’est
à ce titre que le professeur OI.INGA à la page 52 de son ouvrage LA
CONSTITUTION DE LA REPUBLIQUE DU CAMEROUN, partage le propos
de jean Gicquel selon lequel « le chef de l’Etat est l’objet de la sollicitude des
constitutions camerounaises (« le constitutionalisme négro africain :
l’exemple camerounais », 750).
En fait la première loi constitutionnelle donne la possibilité au P.R
de proroger le mandat des députés à son avantage. Il peut par -là ne pas
organiser les élections quand l’opinion lui est défavorable. En plus le
député an mandat prolongé tient donc son investiture du président serait
moins recommandable que celui qui provient de l’élection.

La deuxième loi constitutionnelle donne le pouvoir au président de


la république de nommer le P.M de chaque état fédéré sans plus besoin
d’une acceptation d’une éventuelle assemblée. Au rappel le premier
ministre doit bénéficier en 1961 en dehors de la nomination du P.R, d’une
investiture du président, de l’assemblée législative de son état fédéré.
Conséquence, le choix du président peut être désavoué et le P.M n’est que
partiellement lié au président. Cette révision conforte le pouvoir
présidentiel.

La troisième loi révisant la constitution donne le pouvoir au P.R de


soumettre au référendum, après consultation du Président de l’assemblée
nationale Fédérale et des premiers Ministres, tout projet de loi ou de
réforme susceptible d’avoir des répercussions profondes sur des
institutions. Ainsi, il a l’initiative du référendum, il détermine
l’importance du projet de même que son objet, et il demande l’avis d’un
président de rassemblée nationale fédérale acquis à sa cause, notamment
par le lien monopartite et il prend l’avis de P.M qu’il lui même nommé.

La croyance du mouvement constitutionnel de 1961 à 1969 sont


immanquablement une formation d’un régime présidentialiste. La
combinaison des dispositions fait du président de la république le chef de
l’Etat fédéral et le chef des Etats fédérés. Par ailleurs, la constitution
n’évoque pas l’existence d’un gouvernement fédéral. En plus le parlement
ne législatives dans l’UNC. Tous ces pouvoirs font de lui, le faiseur des
députés et des membres de l’exécutif fédéral et des gouvern ements des

30
Etats fédérés. Avec l’évolution, la nature du régime politique camerounais
devait d’avantage se complexifier avec des tendances présidentialiste
affrontant une option juridique parlementaire.

SECTION 3 : L’OPTION POUR LE REGIME PARLEMENTAIRE


DISCONTINUEẺ PAR LE PRESIDENTIALISME DEPUIS 1972
A la synthèse, le texte constitutionnel camerounais intervient à partir
de 1972 reflète un régime d’abord présidentialiste devant devenir
parlementaire.

PARAGRAPHE 1 : LE REGIME PRESIDENTIALISTE DEPUIS


1972 A 1991

Une modification institutionnaliste survient en 1972. En fait, le


Président AFIIDJO décide de procéder à un changement constitution
attaché à une modification de la forme de l’Etat. C’est ainsi que le 06 mai
1972 il annonce au parlementaire son intention d’unification du Cameroun.
Aussi, le 20 mai 1972 est organisé un référendum. La question posée aux
électeurs étaient : « approuvez-vous dans le but de consolider l'unité nationale
et d'accéder le développement économique et social et culturel de ta nation, le
projet de constitution soumise au peuple camerounais par te président de la
république fédéra! Du Cameroun et instituant une république, une et
indivisible sous la dénomination de la république unie du Cameroun ?»
L’adhésion à ce projet fut massive, car 99,99% acceptent ce projet.
Il faut par ailleurs souligner que le président AHIDJO a accepté la
procédure de révision de la constitution telle que prévue par la troisième
loi constitutionnelle de 1969. Malgré ce changement de constitution, il y’a
prolongement et donc maintien du régime présidentialiste. Les bases de la
qualification sont que le texte constitutionnel change d’avantage la forme
de l’Etat et de procéder à une réunion des instances fédérées, mais qu’elle
ne change en rien l’architecture constitutionnelle quant au pouvoir
constitué. Ainsi la reforme touche principalement trois points :
- Changement de la forme d’Etal
- Unification des institutions (c’est le cas de Injustice avec le choix
d’une cours suprême ; et du parlement)
- L’unification du droit
Par la suite intervient les modifications institutionnelles successives.

1) Le 09 mai 1975
31
Il intervient une modification constitutionnelle constituant à
retourner l’article 05, il est alors crée un poste de P.M. Cependant ce
deuxième P.M du Cameroun indépendant à la différence de l’initiale P.M
de la constitution de 1960 se marque par le peu de consistance de ses
pouvoirs. Néanmoins, cette révision introduit subtilement l’existence d’un
gouvernement et donc d’un bicéphalisme de l’exécutif non encore
opératoire.

2) Le 09juin 1979

Cette autre révision va modifier les articles de 05 et 07 de la


constitution. La première finalisée est la stabilisation du poste du
P.M. En effet, il s’avère que depuis la révision de 1975, le
président n’était pas obligé de nommé un P.M. Désormais, il
est tenu de faire ce qui induit plus de stabilité du bicéphalisme.
Toutefois, le P.M n’est pas chef du gouvernement, ce qui à faire
dire à plus d’un qu’il est un premier des ministres. De même
l’article 07 change l’ordre des intérimaires constitutionnelles d u
président de la république. C’est ainsi que désormais en cas de
vacance ou d’empêchement, le P.M passe avant le président de
l’assemblée nationale. Cette disposition est dangereuse en ce sens
que, une personnalité qui n’est ni chef de gouvernement ni élu ne
devienne le successeur constitutionnelle du P.R. Ce manifeste
encore plus l’aspect présidentialiste de ce régime parce qu’il s’agit
d’une défiance du P.R vis-à-vis du président de l’assemblée
nationale qui peut lui échapper parce qu’il est élu, et donc d’une
confiance du P.M qu’il a lui-même choisit. Il faut y voir que cette
révision fait du P.M sous Maîtrise du PR le dauphin. Encore plus que
dès lors le PM assure l’intérim, il doit achever le mandat. Par contre, si le
PAN assurait l'intérim, il ne disposerait de 20 à 50 jours au maximum pour
organiser les élections. Le pendant est donc favorable à l’exécutif. Surtout
au président de la république.

3) Toutefois le 05 juillet 1983


Cette autre modification constitutionnelle n’a aucun impact sur le
régime politique. Son objet unique est de rendre plus représentatif
32
rassemblée nationale en augmentant le nombre de députés. Ils passeront de
120 à 150.

4) Le 18 novembre 1985.

L ‘article 07 du texte constitutionnel modifié est précisé. Il s’agit


de donner le pouvoir au P.M intérimaire du président vie la république,
d’organiser les élections présidentielles anticipées s’il le juge nécessaire.
C’est alors que cette retouche accordé au président par intérim de devenir
pleinement président, de la république, au lieu de se contenter d’achever le
mandat du président, à un moment qui ne lui sera pas forcement favorable.
Il a donc le loisir en fonction des contextes d'organiser sa légitimation par
l’élection. Il est également nécessaire de sortir d'une situation précaire, celle
d'intérimaire, A une situation stable, celle de titulaire, l’.u ailleurs celte
modification va préciser les conditions d'éligibilité A la présidence de la
république. L’intention cachée est ici d’éliminer juridiquement plusieurs
adversaires à l'éligibilité. II y’a donc instrumentalisation de cette révision,
parce que c'est le président qui s'en trouve fortifié.

5) Le 25 Janvier 1984

Il survient une modification de forte ampleur. Elle touche aux


articles premiers, 05, 07, 08, 26, et 34. La retouche qui ne change rien au
régime politique est celle de l’article premier. Par elle, la nouvelle
dénomination de Cameroun passe de la république unie du Cameroun à la
république du Cameroun. Les autres retouches sont importants parce
qu’elles conduisent à nouvelle suppression du poste de P.M.
L'effet de cette succession est que l'intérim revient au Président de
l'assemblée nationale. Ensuite le P.R redevient le seul chef et le seul polo
de pouvoir vie l'exécutif. Ce qui est encore une présidentialisation.
6) La loi n o 11 du 17 mars 1988
Cette loi constitutionnelle va consacrer l’élection du président au
suffrage universel pour une durée de 05 ans. Cette démarche a permis
définitivement mettre fin aux élans du parti consistant à vouloir s’inixer
dans l’avenir politique vin président vie la république, lai deuxième lieu,
le P.R t'eut organiser les élections anticipées, ce qui donne la consistance
à sou droit de choisir le montent des élections, celui qui lui est propice,
bat dernier, le président de la république est rééligible ce qui veut dire
33
qu’il n'y a pas de limitation de mandat, chose difficile A admettre dans un
régime qui n'est pas présidentiel et ou les contres poids et tes élections
libres et démocratiques sont inexistant pour le premier et illusion pour le
second. Cette révision de 1988 a donc eu pour visée un costume
constitutionnel aux mesures du P.R.
7) La loi n o 032 du 17 mars 1988

Il s’agit d'une révision constitutionnelle qui touche aussi au pouvoir


constitué. Le choix du président Riva a été de présenter un projet de loi :
le 030 qui concerne spécifiquement l'exécutif, et aux autres projets de loi
constitutionnelle donc distinct de l'autre, le 032 qui concerne précisément
l'assemblée nationale. Cette modification a pour objet de faire que les
députés soient élus pour 05 ans. De même, leur nombre passe de 150 à
ISO. Cela n’est pas anodin parce qu'il s'agit de 50 nouveaux députés et
donc d’une opportunité d’influencer leur élection cl donc de mieux assoir
l'emprise en quantité sur l’assemblée nationale.
A ce stade, la constitution de 1972 a connu 07 révisions, le
processus de retouche a été les lois constitutionnelles. C’est -à-dire de
modifier la constitution en recourant au parlement et non au référendum.
Cette ligne directrice était plus facile à emprunter parce que le parlement
d’alors est acquis à la cause du président et que ce dernier s’avère être le
seul à avoir initié des révisions constitutionnelles.
Il peut être dit à titre du vecteur du présidentialisme que, le P.R a
d’abord bénéficier de l’institution du président P.M. qui choisissait et donc
le sort relevait de lui. Ensuite il a fait, disparaitre la P.M. institution
gênante. Le P.R s’est donc retrouvé seul chef dans l’exécutif. Ces
révisions ont également eu pour résultat le confinement du président de
l'assemblée nationale et les députés avec une intervention utilisée du parti
unique dé fait dans le jeu politique, le régime politique de 1972 à 1981
apparait donc comme étant le présidentialisme du fait même que les règles
d'abord et le contexte ensuite, indiquait une trop grande force du président .

PARAGRAPHE 2 : LE REGIME PARLEMENTAIRE DEPUIS 1991


En 1991|, il y'a un remodelage de l'Etal camerounais, eu l'ail, si la
forme de l’Etat reste statique, la structure du droit évolue vers la
démocratie. I es camerounais n’ont pas encore la culture démocratique
pour la plus part, encore imprégnés vie l'autoritarisme et vie ces
34
conséquence dans l’ancien régime, les grandes ligures politiques sont
encore là, mais la trajectoire du droit est désormais l'apaisement car les
citoyens sont un peu plus rassurés quant à l'arbitraire du pouvoir politique
et administrative. Le contexte influencé par le vent de l’est est à la
libéralisation. En effet, dès 1990, une dizaine de lois portant sur les
libertés est votée et promulguée. C’est ainsi que se retrouve codifié sous
un régime un peu plus souple, les circonstances exceptionnelles, la société
civile à désormais le droit de juridiquement existé. Dès lors, le droit
syndical et surtout la liberté d'assemblée et les partis politiques vont alors
commencer à officiellement participer à la vie politique vie la nation. 1e
multipartisme est donc instituer alors qu’il n’existe même pas vie tension
post succession. I 'ensemble conduira à une révision constitutionnelle.

La réinstauration du régime parlementaire en 1991

La technique utilisée demeure la même, une révision constitutionnelle


est initiée en 1991. L’auteur vie révision est le P.R. l’adoption est comme
d'usage déjà établit confié à l’assemblée nationale. Celle -ci votera le projet
vie révision qui va aboutira la loi N°91/001 du 23 avril 1991. Les objets
de la révision touchent à la nature du régime politique.
Le premier pallié de cette révision touche à l'accroissement des
compétences matérielles et personnelles vie la haute cour de justice. I
‘institution existait déjà. mais son champ d’intervention requérait
précision. La révision explicite que le P.R est justiciable devant cette
juridiction d’exception pour haute trahison. Le P.M. les ministres et tous
les hauts responsables ayant reçu délégation vie pouvoir P.R peuvent être
jugé pour complot contre la sûreté de l'Etat. Devant la haute cour de
justice. Ainsi, s’il est vrai que les différents textes devant permettre à cette
juridiction de fonctionner ne sont pas jusqu'alors pris du point vie vu vie
l’intention du constituant. Il est perçu que le P.R est politiquement
irresponsable, ses actes jugés particulièrement grave pour l‘intérêt de
l’état l’ont qu’il devienne passible devant la justice. L'entreprise est donc
de tenter de réduire superbe.

Le second pallié est celui de l’exécutif bicéphale. C’est ainsi que les
articles 05. 06, 07 08. 09 sont modifiés avec pour conséquence le retour
du poste de P.M. Le P.R qui propose cette restauration n’introduit pas que
le P.M n'introduit pas à titre intérimaire les foncti ons du P.R
définitivement empêché ou s'il y’a vacance vie poste. Le P.R est le chef de
35
l'Etat et de l'exécutif. D'ailleurs, c'est à lui qu'il revient de définir la politique de
la nation. Il est élu au suffrage universel direct pour Osons ans. La rééligibilité
du P.R est maintenue et de surcroit il peut anticiper la tenue des élections
présidentielle. Enfin, il nomme et démet le P.M et les membres du
gouvernement. L’autre tète de l'exécutif est le gouvernement. Le P.M
réinstauré dans son poste est restauré dans ses fonctions. A la différence
de l'ancien dauphin constitutionnel du président, premier des ministres, le
P.M de 1991 est effectivement le chef du gouvernement. Il propose la
nomination des membres du gouvernement au président et requier t le vote
de confiance vie l’assemblée nationale. Cette organisation est pareille à celle
britannique, car le premier P.M nommé par le président, le pouvoir du président
de le révoquer, le besoin d’onction du parlement sont les vecteurs du régime
parlementaire dans sa présentation et dans son gouvernement.

Le dernier pallier de la révision concerne les rapports entre les


pouvoirs politiques. Le président n’a pas le monopole de l’initiative des
lois. Parce qu’il partage ces prérogatives avec rassemblée nati onale. Il faut
aussi lire d’autres dispositions comme celle qui donne le pouvoir au
président de dissoudre l’assemblée nationale après consultation du pr emier
ministre et du bureau de l’assemblée nationale comme cela est prescrit en
Grande Bretagne. Le gouvernement peut s'introduire au parlement parce
qu’il détient le droit de participer au débat, lit au surplus le P.M peut
engager la responsabilité du gouvernement devant l’assemblée na tionale
sur une question donnée. C’est ainsi que, en dehors du droit à l’information
du parlement par les questions écrites ou orales et les possibles
commissions d’enquêtes parlementaire, l’assemblée nationale peut refuser
sa confiance au gouvernement, l’objectif étant que ce dernier démissionne.

Le Doyen MBOME et Monsieur LOGMO MBELECK dans une


étude à la page 54 « DROIT ET POLITIQUE AU CAMEROUN
DEPUIS 1952 », se prononcent en disant que « la structure issue de la
loi de 1991 est celle qu'on rencontre couramment dans les régimes
parlementaires classiques».
Il faut quand même ici redire sur la politique du P.M et
l’irresponsabilité du P.R. ce dernier définit la politique mais ne l’assure
pas, et c’est celui qui l’exécute qui doit en rendre compte. Cette situation
n’est pas classique dans le régime parlementaire. Mais il faut dire qu’en
France par exemple dans une situation de cohabitation, il est constaté que
le premier ministre met en œuvre les objectifs qu’il s’est fixé, et qu’en

36
dehors de la cohabitation, les dispositions constitutionnels confiant au
P.R s’expriment pleinement. Le professeur Magloire ONDOA évoque à
ce propos qu’il s’agite d’un régime parlementaire avec une touche
présidentielle parce que le constituant de 1991 a inversé le s rôles faisant
du président de la république le titulaire de définir la politique de la nation
alors même que le premier ministre l’a met en œuvre et exécute les lois.

2) La confirmation En 1996

Une autre modification constitutionnelle intervient, il s’agit de la loi


96/06 DU 18 JANIVIER 1996. Cette modification a pérennisé le régime
parlementaire avec quelques changements, mais surtout de grands déb ats.
Sur le débat, il s’est agi de questionner l'affirmation libérale du régime
camerounais à partir du préambule de la constitution. C’est à ce titre que
le Professeur MOUANGUE KOBILA étudiant la question démontre la
désormais force obligatoire du préambule de Ut constitution. Il ne s’ait plus
d’un texte décoratif mais des dispositions autoritaires et justiciables à la
différence de ce qui était depuis 1972. Mais assurément, la grosse
discussion doctrinale s’est faite autour du processus de révision de la
constitution. A titre de précision, le contexte est marqué par la crise
économique et la libéralisation. Ceci fait que l’impérialisme des libertés
va toucher la quasi-totalité des Etats au tout début des années 1990. Le
Cameroun s’enivra de ce mouvement constitutionnel de 1991, mais cela
ne paraîtra pas suffisant d’autant plus qu’ailleurs la mode est au
conférence souveraine. Cette prorogation des réformes institutionnelles
va ébranler l’Etat du Cameroun s’accompagnant d’une grave crise sociale.
Mais le président Biya va refuser la dite conférence l’a déclarant sans objet. La
logique cachée sous l’angle du droit étant qu’une telle instance manquerait de
légitimité et n'étant point prévue dans aucune disposition de la constitution. Ce
serait obéir au phénomène spontané, facteur d’insécurité dans l’avenir des
institutions. Le choix est fait pour la tripartite qui va réunir près de 200
personnalités et de la société civile. Cette instance choisit alors de
modifier la constitution. Le gouvernement portera le projet de texte, qui
sera en réalité confié à un comité de rédaction et à un comité technique.
Le gouvernement va choisir par la voix législative pour l’adoption de la
constitution. Le parcours fait donc long, car la tripartite y a travaillé du
30 octobre au 17 novembre 1991. Mais la constitution en elle, ne sera
portée et promulguée qu’en 1996.
Du point de vue de l’architecture des pouvoirs, le P.R demeure chef
37
de l’exécutif et chef de l’Etat. Il détient l’exclusivité du pouvoir
réglementaire autonome. Elu au suffrage universel direct, son mandat est
désormais de 07 ans mais il est rééligible qu’une seule fois. C’est
d’ailleurs ce dernier qui est l’initiateur et qui a maîtrisé le processus de
révision de la constitution. Seulement certains enseignants annoncent que
ladite révision est une fraude à la constitution parce que à l’exemple de la
nouvelle constitution de 1972, le P.R a procède à une révision de la
constitution alors même que le texte qui en était issu et surtout la
procédure qui en était suivit ne se conforme pas aux princ ipes de la
révision. Il est donc plus question de l’établissement d’une nouvelle
constitution. Toutefois, il peut être rétorqué que rien n’interdit de recourir
à des préalables de la révision qui ne sont pas prescrit. Dès lors, le
président peut consulter et constituer toutes les structures qu’il désire,
l’essentiel demeure que la procédure de révision à proprement parlé qui
est constitutionnellement prévu soit respectée. Le projet premier du
président :
• Le président de l’assemblée national et le P.M sont
consultés ;
• Le parlement a voté ;
• La procédure de révision est respectée, quelque soit
les événements antérieures à ces phases.
Le président est chef de l’exécutif tandis que le P.M est chef du
gouvernement dont la charge est d’exécuter les lois. Les textes réitèrent
l’irresponsabilité du chef de l’Etat et pareillement la responsabilité du
gouvernement devant l’assemblée nationale et le P.R. enfin, le P.R a le
pouvoir de dissoudre l’assemblée nationale. Le parlement dévient
bicaméral avec une Assemblée Nationale avec un Sénat. Il contrôle
l’action de l’exécutif et vote des lois. Le gouverne ment participe au travail
législatif, fait l’objet de contrôle au droit d’accès au parlement. Le vote
bloqué est maintenu et La procédure législative est urgente aussi. Le président
de la république peut délivrer un message un parlement réuni en contres et il
convoque les sessions extraordinaires. La lecture de ce régime est souvent
double pour sa qualification. Le professeur OLINGA par exemple à la page
52 de son ouvrage La Constitution De La République Du Cameroun,
convoque la tradition présidentialiste au Cameroun, pour finir par dire qu’il
y'a une pratique présidentialiste au Cameroun, In concreto, cette confusion
provient de cc qu’il est maladroitement présenté que le régime politique
aujourd’hui tient son existence de ce qu’ il y a une continuité une
tradition du régime présidentialiste, lin fait le régime présidentialiste à
38
celui qui le plus soulier! Au Cameroun, parce qu’il a été implanté en
1961 et survécu jusqu’en 1991 cependant le peuple aujourd’hui ne saurait
par-là être enchainé par les volontés d’hier. Il faut esquiver les traditions des
régimes, mais plutôt valider le régime tel qu’il existe à l’instant de
l’analyse, son passé n’étant point son état actuel. De surcroit,
l’observateur non averti tire de son analyse que le régime est
présidentialiste. Mais il parle très clairement de la pratique
présidentialiste. Ceci est l’expression de l’observation de la conduite
concrète du pouvoir, la pratique étant très souvent proche sinon éloigné,
mais jamais fidèlement la lettre et l’esprit de la norme.
Les faisceaux d’indice du régime politique pris dans le texte
constitutionnel et affranchit de considérations extra juridiques qui sont
d’ailleurs moles, donnent à affirmer avec difficile réserve qu’il s’agit d’un
régime parlementaire dualiste.

3) LE MAINTIEN DU REGIME PARLEMENTAIRE EN 2008

La dernière révision de la constitution du Cameroun date de 2008.


Du point de vu dub régime politique, ce sont essentiellement, le conseil
constitutionnel et le président de la république qui ont été ciblés par cette
réforme.
La première voit le mandat du juge constitutionnel réduit de 09
à 06 ans mais avec l'éventualité du renouvellement de ce mandat. Le
second qui ne pouvait se faire réélire indéfiniment est désormais
simplement rééligible. La jonction de ces modifications intruses sur la
consolidation du pouvoir du Président De La République. En effet, celui -ci
n’est plus livré au juge constitutionnel, dorénavant porteur d’un mandat plus
que le sien, dont il détient la possibilité du renouvellement. Lui-même est
désormais fondé à briguer d’autres mandat. Il faut en dire que cela peut être
analysé comme une régression, même si, et ceci tient lieu de justi ficatif,
l'alternance n’est pas seulement mais surtout la possibilité de
remettre en jeu le mandat. Pour autant, les poutres maîtresses du
régime parlementaire n’ont pas été ébranlées en 2008. Confirmant
pour raisonnement comme certain que peut être s’est installé une
tradition de régime parlementaire. Le régime parlementaire
camerounais ayant bientôt trente ans (30 ans).

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