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Cours Aménagement Et Gestion Du Territoire ESUP 2020-2021
Cours Aménagement Et Gestion Du Territoire ESUP 2020-2021
AMENAGEMENT ET GESTION DU
TERRITOIRE
Géomètre-Expert Agréé
PLAN DU COURS
SIGLES ET ABREVIATIONS..................................................................................................3
INTRODUCTION GENERALE...............................................................................................4
CONCLUSION GENERALE..................................................................................................47
Bibliographie...............................................................................................................................50
3
SIGLES ET ABREVIATIONS
INTRODUCTION GENERALE
L’aménagement du territoire n’est donc pas une pratique récente dans le monde.
Depuis des siècles, il y a toujours eu des actions d'aménagement du territoire.
Toutefois, c’est pratiquement après la seconde guerre mondiale cette matière a été
systématisée dans les politiques de développement de nombreux pays.
Dans la plupart des pays africains, c’est surtout après l’accession à l’indépendance
que l’aménagement du territoire a été codifié, reformé ou institutionnalisé pour
servir de cadre de référence à un développement socio-économique équilibré,
cohérent, harmonisé et durable avec la participation de l’ensemble des acteurs que
sont la population, l’Etat, les collectivités territoriales, la société civile, les
partenaires techniques et financiers, etc.
Des réformes vont s’opérer dans plusieurs pays, remettant à l’ordre du jour les
questions foncières et d’aménagement du territoire dans les débats politiques. On
assiste alors à un regain d’intérêts sur les questions foncières et d’organisation de
l’espace (Tondé, 2009).
Depuis quelques décennies, tenant compte de l’adage populaire qui dit que
« l’union fait la force », les pays en développement ont vu la nécessité de conjuguer
leurs efforts pour l’élaboration et la mise en œuvre de politiques communes
d’aménagement du territoire qui s’inscrivent dans le cadre de l’intégration
régionale ou continentale.
1.1. L’aménagement
Pour les géographes, aménager l'espace, c'est lui donner un ordre ou disposer les
différents éléments de l'espace selon un ordre, un plan.
Génération après génération, les hommes ont été amenés à modifier le milieu
naturel dans le but de développer leurs activités. Ces aménagements peuvent avoir
plusieurs buts, qu’il s’agisse de se loger, de créer une activité, de protéger
l’homme, ses activités.
Ces différents points de vue révèlent que l'aménagement doit être à la base d'un
développement harmonieux et cohérent de l'espace. De ce fait, les opérations
d’aménagement du territoire s’entendent donc, comme des opérations de
développement territorial réfléchies et programmées à une échelle donnée.
1.2. Le territoire
Le Berre (1992), abonde dans le même sens en disant que le territoire est une
portion de la surface terrestre que se réserve une collectivité humaine qui
l’aménage en fonction de ses besoins. En évoquant la dimension sociale, il faut
avoir à l’esprit l'idée d'appropriation et d'appartenance à un espace précis qui va
dans le sens que le territoire est un espace approprié, avec sentiment ou
conscience de son appropriation (Brunet et al, 1993).
Le territoire est donc un espace socialisé, approprié par ses habitants, quelque soit
sa taille. Il se distingue de l'espace par le fait qu'il est un construit social (Ciparisse,
2005). Le territoire témoigne donc d’une appropriation par des groupes
d'individus qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes, de leur
histoire et de leur singularité (Di Méo, 1998).
D'une façon générale, le territoire peut être défini comme l’espace où s’est
constituée et développé e une société selon un processus historique bien
déterminé. L’ancrage historique et social qui consiste à prendre en compte le
facteur humain sous l’angle de la culture, de la société et de l’histoire constitue un
élément fondamental de l’aménagement du territoire (PNAT, 2006).
8
Philippe Lamour (1903-1992) est considéré par certains auteurs comme le père et le précurseur de la politique française
d’aménagement du territoire. Il a joué un grand rôle dans la scène politique française par la promotion de l’intervention de
l’Etat dans l’aménagement du territoire et dans le développement massif de l’agriculture.
3
Eugène Claudius-Petit (1907-1989) fut Ministre français de la reconstruction et de l’urbanisme de 1948 à 1953. Il est
considéré comme l’initiateur de la notion d’aménagement du territoire qu’il formula en 1950 à travers un rapport intitulé
« Pour un plan national d'aménagement du territoire » dans lequel il définit l’aménagement du territoire et décline ses objectifs,
ses orientations et ses principes.
9
4
Loi n°2001-32 du 31 décembre 2001 portant orientation de la Politique d’Aménagement du Territoire de la République du
Niger.
5
Cours du professeur de géographie Jean Baptiste HUMEAU : Aménagement de l’espace en Europe. p.3.
10
Fondées sur des visions à moyen et long terme de l'évolution souhaitée d’un pays
ou d’une région, les politiques d’aménagement du territoire intègre aujourd’hui le
développement durable en assurant une répartition équilibrée des populations et
des activités sur l'ensemble d’un territoire. De ce fait, ces politiques privilégient
davantage les approches concertées et participatives, le renforcement du
partenariat public-privé, la valorisation et la préservation des ressources
naturelles (Giraut, Vanier, 2006).
Au Brésil, une large partie du territoire est très peu peuplé e, mal desservie et très
peu exploitée. L’aménagement du territoire vise donc la mise en valeur de
l'intérieur du pays et le développement équilibré du pays.
La Grande Bretagne
Aujourd’hui, les actions prises par le pouvoir public tendent à corriger ces
déséquilibres et à réduire les disparités par une réorganisation de l’espace et par
une meilleure intégration nationale et régionale.
La Belgique
La Belgique fait partie des pays les plus urbanisés du monde. Les zones urbaines
sont situées essentiellement dans la partie nord du pays et accueillent environ
53% de la population totale. En Wallonie, on note une concentration de population
dans l’axe industriel tandis qu’en Flandre, le territoire est faiblement peuplé. Le
contraste entre le degré d’urbanisation en Wallonie et en Flandre s’observe
également au niveau de l’occupation du sol, de l’aménagement du territoire et des
problèmes d’environnement. Cette situation n’est pas seulement à l’origine du
morcellement du territoire mais constitue également un pô le important
d’attraction de l’activité économique. C’est pour cela que la politique
d’aménagement du territoire définie par la loi nationale de 1962 est
essentiellement relative à l’urbanisme. Suite à la fédéralisation de 1980,
l’aménagement du territoire et la planification environnementale sont devenus des
14
matières qui entrent dans les attributions des régions, ce qui signifie qu’à partir de
cette date, ces dernières sont habilitées à mener leur politique propre et à légiférer
en matière d’aménagement du territoire et d’environnement suivant les principes
de base de développement durable, de diversité et de cohérence. Il s'agit à travers
cette vision de renouer avec la croissance de manière à réduire les inégalités et la
pauvreté sans détériorer l’environnement légué aux générations futures (Oris et
al, 2001).
La France
En France, l'aménagement du territoire n'a trouvé une place officielle dans l'action
des pouvoirs publics qu’après la seconde guerre mondiale. Pourtant, dans les faits,
il a été pratiqué bien plus tô t, sans qu'on utilise cette expression. C'est à partir de
1945 que la France est passée du discours théorique sur l'aménagement du
territoire à la mise en application de la planification de l'aménagement du
territoire et de l'urbanisme (Mizrahi, 1998) et depuis lors, il a subi de nombreuses
évolutions.
Parti d’une approche sectorielle avec une série de mesures prises en 1954 et 1955,
la politique d’aménagement du territoire conduite à partir de 1960 change la
vision des choses avec le souci des pouvoirs publics de décentraliser les activités
de la région parisienne vers les territoires de provinces par une politique de
solidarité envers les zones fragiles ou excentrées.
7
Entre 1947 et 1975, c’est la période dite des 30 glorieuses où la France enregistrait une croissance économique de l’ordre de
5% par an.
15
Au début des années 1970, on note davantage une ferme volonté de l’Etat de
privilégier une politique équilibrée de développement du territoire. Cette situation
sera compromise quelques années plus tard suite à des évènements économiques
et politiques.
A partir de 1990, des réflexions et des débats sont entrepris en vue de faire de
l’aménagement du territoire un outil essentiel de développement socio-
économique. Ainsi, en février 1995, une loi d’orientation et d’aménagement du
territoire (LOADT) est adopté e et va relancer la politique d’aménagement du
territoire. L’Etat va conférer aux acteurs locaux à travers les collectivités
territoriales la possibilité de conduire et de porter des projets adaptés aux
particularités et enjeux locaux.
8
En 1974, Valéry Giscard d'Estaing, jugé libéral prend le pouvoir un an après le choc pétrolier de 1973 et succède ainsi au
gaulliste Georges Pompidou à la présidence de la République.
16
La loi de 1995 est modifiée par la loi n° 99-533 du 25 juin 1999 d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire, portant modification de
la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire. Les mesures et politiques conduites à l’échelle
nationale ou locale, accordent une place importante aux principes de compétitivité
et d’attractivité .
C’est pour cela que l’Etat à crée en décembre 2005 la Délégation Interministérielle
à l'Aménagement et à la Compétitivité des Territoires (DIACT), en remplacement
de la DATAR. Cette évolution traduit la volonté du gouvernement de promouvoir
l'attractivité et la compétitivité du territoire national. La DIACT a un champ
d'action plus large que celui de la DATAR.
L’Allemagne
A partir des années 1990, avec la réunification des deux Allemagnes, on assiste à
un renouveau des schémas d'aménagement du territoire reposant sur le principe
directeur d'un développement durable de l'espace et sur la participation à
l'élaboration d'une politique européenne dans ce domaine.
Les Etats-Unis
Avec plus de 9,6 millions de km², les Etats-Unis sont un pays immense dans lequel
les contraintes naturelles et les distances peuvent entraver l’aménagement du
territoire qui a toujours représenté un enjeu majeur pour le gouvernement. Depuis
la fin du 18ème siècle, les Etats-Unis sont une république fédérale composée de 50
Etats fédérés aux pouvoirs étendus et d'un gouvernement central situé dans la
capitale (Brunet et al, 1993).
Bien que l’espace américain soit immense, il est bien mis en valeur au niveau des
ressources naturelles, de l’agriculture, et de l’industrie. Les réseaux de transport
très développés favorisent la mobilité des populations et des marchandises
produites. C’est pour cela que l’on dit que l’espace américain est bien maîtrisé et
les activités économiques sont en cohérence entre elles.
Le Japon
Le territoire japonais est assez complexe. Avec une superficie de 378 000 km²,
90% du territoire est couvert de montagnes, rendant l’agriculture et la mobilité
difficiles. Le Japon exprime avant tout par sa géographie le contraste le plus
remarquable qui soit au monde entre un milieu naturel difficile qui n’offre à ses
habitants qu’une superficie cultivable infime (moins de 24 % de la superficie
totale) avec plus d’une centaine de millions d’habitants à nourrir. En dehors des
plaines littorales qui ont été aménagées pour la culture du riz, il y a peu de terres à
mettre en valeur et une faiblesse des ressources naturelles, si bien que l’essentiel
de l’économie japonaise est orientée vers les activités maritimes, commerciales et
industrielles.
Ruiné par la deuxième guerre mondiale et vaincu en 1945, le Japon demeura sous
la tutelle des Etats-Unis jusqu’à la signature du traité de paix de San Francisco en
1951. Grâ ce à l’aide financière américaine et à l’adoption d’une nouvelle
constitution, le Japon a connu une formidable croissance économique à partir des
années 1950 et c’est à cette période également que les bases de la politique
d'aménagement du territoire ont été posées par l’élaboration de plans
d'aménagement entre 1968 et 1972. Ces plans visaient à assurer une meilleure
occupation de l’espace pour faire face aux contraintes naturelles.
Depuis cette période, les dispositifs réglementaires ont été affinés à plusieurs
reprises en vue d'obtenir des résultats significatifs (Farhi, 2001).
Avec la rareté des ressources naturelles9 et la montée des préoccupations liées aux
crises alimentaire et économique, le gouvernement a engagé des actions en
matière d’aménagement du territoire et de protection de l’environnement si bien
qu’aujourd’hui, le Japon a enregistré des progrès sensibles et est l'un des pays du
monde respectueux de la protection et de la préservation de l'environnement.
L’URSS était un pays immense avec un peuplement très inégal. C’était l’Etat le plus
vaste du monde avec une superficie de 17 millions de km2 partagé entre une
région européenne à forte concentration humaine où se développent l’essentiel
des activités économiques et une région asiatique plus ou moins délaissée à cause
des aléas climatiques.
L’URSS figurait parmi les premiers pays industrialisés au monde avec une
production industrielle et une agriculture organisée en système de fermes
collectives appelé es kolkhozes et des fermes d’Etat dénommées sovkhozes
(Marchand, 1997).
10
La Perestroïka signifie en russe : reconstruction, restructuration. C’est le nom donné aux réformes sociales et économiques
entreprises en Union soviétique par Mikhaïl Gorbatchev d'avril 1985 à décembre 1991.
20
L’espace communautaire concerne plusieurs pays d’un même espace régional, d’où
son caractère transfrontalier.
Le territoire européen se caractérise par une grande diversité qui constitue l’un
des principaux facteurs de croissance de l’Union Européenne. C’est pour cela que
les Etats membres de l’Union se sont entendus sur des objectifs spatiaux communs
et sur des lignes directrices spatiales communes en créant l'Union Européenne par
le Traité de Maastricht le 7 février 1992. Initialement constituée par les 12 Etats
membres de la CEE, l’Union Européenne est une union intergouvernementale et
supranationale composée aujourd’hui de 27 Etats. Par ce traité, l’Union
Européenne délègue l'exercice de certaines compétences à des organes communs
destinés à coordonner leur politique dans un certain nombre de domaines et
respecte le principe de la souveraineté internationale de ses membres.
21
Il faut noter que c'est avec le traité d’Amsterdam d'octobre 1997, que la dimension
proprement territoriale de l’objectif de cohésion est véritablement affirmée de
façon explicite par les Etats membres. Le traité de 1992 bien que mentionnant
l’objectif de cohésion est resté beaucoup vague et sans référence précise au rô le
des inégalités territoriales.
Durant la dernière décennie, on a observé une forte réduction des disparités entre
les Etats mais, le développement entre les régions n’affiche pas toujours et partout
cette même progression. Si dans certains cas les disparités se sont atténuées, il
n’en demeure pas moins que la convergence est lente et que de fortes disparités
persistent entre les régions d’un même pays ou de plusieurs pays différents. Dans
ce contexte, la recherche d’une meilleure cohésion territoriale devient une priorité
dans la plupart des pays européens.
Le traité instituant l’UEMOA qui est entré en vigueur le 1er aoû t 1994 a affirmé
dans son préambule, la nécessité de renforcer la complémentarité des appareils de
production des Etats et de réduire les disparités de niveaux de développement
entre les Etats membres par la mise en place d’une politique d’aménagement du
territoire communautaire.
Les Etats membres de l’UEMOA se sont engagés, après les indépendances, dans des
politiques nationales isolées d’aménagement du territoire qui ont insuffisamment
pris en compte la vision globale communautaire (Paré, 2004). Ces pays se sont
dotés d’un appareil d’Etat relativement lourd comprenant un ensemble de
ministères sectoriels relayés par des structures déconcentrées et un ensemble de
sociétés, d’agences et d’offices publics. Ces politiques orientées vers des options
sectorielles de développement visaient prioritairement la recherche et le
renforcement de l’unité nationale aux dépens de l’équilibre spatial global.
Depuis la fin des années 1980, ce type d’organisation et ses différentes modalités
connaissent de profondes mutations avec l’ébranlement des appareils étatiques et
la mise en œuvre des politiques d’ajustement structurel et du processus de
démocratisation. Cette situation s’est traduite par l’effacement de l’Etat dans le
champ de l’aménagement du territoire et du développement dans la plupart des
pays. Ce recul de l’Etat, s’est accompagné d’une redistribution des rô les au profit
d’autres acteurs promus par les nouveaux modèles du développement durable et
de la bonne gouvernance prô née par les institutions financières mondiales dont
l’intervention s’est accrue (Giraut, Vanier, 2006).
Par la suite, les Etats se sont heurtés à certains facteurs qui ont entravé la mise en
œuvre des politiques d’ajustement structurel. Aussi, l’hétérogénéité des Etats, les
contraintes liées aux ressources naturelles, à l’environnement et aux ressources
financières, n’ont pas favorisé la mise en place de politiques cohérentes et efficaces
d’aménagement du territoire. C’est pour cela que ces dernières années, l’on note
l’intérêt des dirigeants des Etats ouest africains sur la nécessité d’élaborer des
politiques d’aménagement du territoire (Séré, 2009).
Cette volonté politique a été marquée au niveau de chaque Etat, soit par
l’élaboration d’une politique nationale d’aménagement du territoire (PNAT), soit
11
Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo.
23
Les résultats mitigés des actions d’aménagement du territoire engagées dans les
approches nationales ont conduit certains Etats à envisager dorénavant
l’aménagement du territoire au-delà de leurs propres limites territoriales car la
nature des problèmes de développement ne permet pas de les résoudre
efficacement sur le plan purement national. C’est pour cela que l’UEMOA a
préconisé de formuler une politique régionale qui traite des préoccupations
communes de développement et qui vise le renforcement, la cohésion économique
et sociale des pays membres de l’Union.
12
Au Sénégal, le SNAT est en cours d’actualisation, le Bénin et le Burkina Faso sont entrain d’élaborer leur SNAT, la Côte
Ivoire a élaboré des schémas régionaux en lieu et place d’un SNAT. Les autres Etats membres sont au stade de réflexions ou
d’élaboration de terme de référence à cet effet.
24
Par ces mesures, la loi foncière établit pour la première fois dans le pays, un lien
direct et immédiat entre l’aménagement du territoire et la gestion des terres, bien
que le pays n’ait pas encore élaboré sa politique nationale d’aménagement
territoire.
Les premières expériences de gestion des terroirs voient le jour en 1986 avec la
mise en œuvre du programme national de gestion des terroirs.
Dans ce sens, le gouvernement a initié dans les années 1999 des opérations pilotes
de sécurisation foncière ayant pour objectif de recenser toutes les formes de
tenures foncières, d’identifier leurs titulaires et de rechercher les voies et moyens
de concilier leur coexistence, de les valider juridiquement et favoriser une
meilleure occupation de l’espace.
Ces opérations se sont déroulées dans des zones aménagé es (ex AVV) à travers le
Plan Foncier Rural (PFR) et dans des zones de terroirs à travers le PNGT et
d’autres projets de développement qui visaient une structuration et un
développement du territoire national (PNSFMR, 2007).
La campagne de lutte contre l’onchocercose débutée dans les années 1974 sur une
large partie du territoire du Burkina Faso visait le développement des
potentialités agricoles des zones concernées dans une perspective de sécurité
alimentaire et de réduction de la pauvreté. Ce grand projet a permis la mise en
valeur de plus 500 000 ha de sols alluviaux fertiles, grâ ce à la lutte contre la
trypanosomiase et l’onchocercose. L’éradication de ce fléau a permis de diriger et
d’organiser l’installation progressive de populations allochtones venant des
provinces du nord du pays et dans une moindre mesure de populations
autochtones qui avaient déserté les lieux à cause de la présence de la mouche Tsé-
tsé.
Des acquis importants ont aussi été enregistrés dans la coordination des actions et
la promotion du développement rural à travers les Organismes Régionaux de
Développement (ORD) qui travaillaient à coordonner les actions des ministères
sectoriels sur le terrain et à promouvoir un développement rural cohérent (PNAT,
2006).
Cette relecture a permis d'assurer la cohérence des textes sectoriels avec la RAF,
de garantir l’application effective des textes sur le terrain au regard des mutations
institutionnelles, de disposer de textes appropriés pour une meilleure prise en
compte de la question foncière et de l’aménagement du territoire dans le
développement socio-économique.
En plus, les réflexions en cours pour l’élaboration d’une loi d’orientation sur
l’aménagement du territoire devraient permettre à terme au Burkina Faso, de
disposer d’instruments législatifs et réglementaires cohérents, harmonisés et
appropriés pour promouvoir un développement socio-économique durable et
atteindre les objectifs de la stratégie de croissance accélérée et de développement
durable (SCADD). En rappel, la mise en œuvre de la politique nationale
d’aménagement du territoire est inscrite dans le quatrième axe stratégique de la
SCADD à savoir la : « prise en compte des priorités transversales dans les politiques
et programmes de développement ».
Tout aménagement d’une partie du territoire fait l’objet d’un plan d’aménagement
conforme au schéma d’aménagement auquel il est immédiatement subordonné.
Les zones à vocation sont déterminées par les schémas d’aménagement.
Le projet de schéma directeur sectoriel est adopté par décret pris en conseil des
Ministres sur rapport du ministre chargé du secteur.
Le schéma directeur de zone est élaboré soit par les services techniques
déconcentrés de l’Etat, soit par les services techniques des collectivités
territoriales en collaboration avec les autres services techniques compétents.
Le projet de schéma directeur d’aménagement de zone est adopté, selon qu’il est
d’intérêt national ou d’intérêt local, soit par décret pris en Conseil des ministres,
soit par arrêté du gouverneur de région, sur rapport de l’autorité l’ayant élaboré.
En tant que nouvel instrument prévu par la loi portant RAF du 02 juillet 2012, la
directive territoriale d’aménagement a pour vocation de couvrir certains
territoires stratégiques où existent des problèmes de mise en cohérence des
localisations de grands équipements de transports, d’équipements collectifs et où
s’exercent de fortes pressions démographiques, foncières ou écologiques.
La directive territoriale d’aménagement est adoptée par décret pris en Conseil des
ministres sur rapport du ministre en charge du secteur principalement concerné.
Il donne son avis sur les projets de programmation et les projets de loi de
programmation. Il peut se saisir de toute question relative à l’aménagement et au
développement durable du territoire et faire des recommandations.
Outre, les quatre (4) commissions citées, la loi portant RAF a innové avec la
création d’un comité interministériel d'aménagement et de développement
durable du territoire chargé d’examiner les questions relatives à l'aménagement
et au développement durable du territoire en vue d’orienter les décisions du
gouvernement.
Au Burkina Faso, la loi portant RAF fait une classification des aménagements en
distinguant les aménagements urbains des aménagements ruraux.
Pour ce faire, le ministère en charge de l’administration territoriale et les
collectivités territoriales procèdent, pour les besoins de l'aménagement et du
développement durable du territoire, à la matérialisation des limites
administratives des collectivités territoriales déterminées par la loi.
Les types et conditions d'aménagement des zones à vocation agricole sont précisés
par décret pris en Conseil des ministres.
37
Les moyens ne sont pas disponibles si bien qu’au niveau local, les collectivités ont
des difficultés pour assumer efficacement leurs responsabilités, notamment dans
le domaine de l’aménagement du territoire (Letaief et al, 2008).
Le levier de bouclier entre les mêmes acteurs a été également observé au début du
mois d’octobre 2007, lors de la construction d’un poste de contrô le routier par le
ministère des Transports. L’implantation du poste de contrô le pour le compte de la
commune de Pouytenga a été vivement contestée par les populations des villages
de Sapaga et de la commune de Zorgho qui estiment que le bâ timent est implanté
sur leur espace foncier et coutumier sans leur autorisation.
Cette fois ci, le conflit entre les acteurs a obligé une délégation conduite par le
ministre de tutelle des collectivités territoriales en fin octobre 2007, à effectuer un
déplacement sur les lieux afin d’apaiser les tensions et prô ner la cohabitation
pacifique.
Est-ce en apaisant seulement les esprits des protagonistes que la question est pour
autant réglée ?
Cette situation n’est pas spécifique à Sapaga, un peu partout au Burkina Faso on
enregistre des cas similaires, d’où l’urgence pour les autorités politiques de
remettre à l’ordre du jour la question de la délimitation des communes.
13
La Société Nationale d’Aménagement des Terrains Urbains (SONATUR), est une société d’Etat créée par décret n°97-
426/PRES/PM/MIHU du 13 octobre 1997. Elle répond au souci du gouvernement de dynamiser sa politique en matière de
logement, d’inciter le privé à intervenir davantage dans le domaine de l’immobilier, d’offrir aux populations un cadre de vie
décent, sécurisé, et à l’abri de toute spéculation foncière.
40
La lenteur observée par certains révèle de nombreux facteurs tels que le manque
d'engagement et de volonté politique, le manque d’expertise, de connaissance et
de ressources nécessaires etc.
Les populations et les collectivités territoriales ont souvent été absentes des
débats sur les politiques foncières et d’aménagement du territoire parce qu’elles
n’y ont pas été impliqué es ou parce qu’elles n’ont pas mené de réflexion interne
suffisante leur permettant de construire leur analyse et leurs propositions, et donc
de jouer pleinement leur rô le.
Une implication des populations est pourtant essentielle car elles doivent faire
valoir leurs visions, leurs points de vue, leurs priorités pour le développement
durable de leur collectivité. C’est seulement dans le débat autour de problèmes
concrets, dans l’expérimentation de solutions par les acteurs concernés, dans la
recherche de meilleurs compromis et de solutions concertées, que les réponses
consensuelles et approprié es peuvent émerger, servir de référence et favoriser
une meilleure formulation des politiques de développement (Grain de sel n° 36,
2006).
C’est pour cette raison que l’on considère la loi sur la terre comme une loi sur
l’aménagement de l’espace. La prise en compte de l’aspect foncier dans les actions
d’aménagement du territoire contribue d’une part à la réduction de nombreux
41
Tout aménagement du territoire doit faire l’objet d’une réflexion sur les enjeux
fonciers et les règles d’accès et d’exploitation après aménagement. L’élaboration
de schémas et d’outils cartographiques relatifs à l’aménagement permet une
lecture aisée des enjeux fonciers de l’aménagement par les différents acteurs.
Outre les difficultés évoquées, on relève aussi certaines insuffisances qui peuvent
compromettre une mise en œuvre efficace des politiques foncières et
d’aménagement du territoire aussi bien au niveau local, national que supra
national :
Au niveau africain :
- du manque de cohérence entre les politiques foncières et d’aménagement
du territoire d’une part et entre les différentes stratégies sectorielles
gouvernementales d’autre part ;
- de l’insuffisance des moyens techniques et financiers alloués à la mise en
œuvre des politiques foncières et d’aménagement du territoire ;
- de la faiblesse des systèmes d’informations et d’échanges de données sur
l’aménagement du territoire ;
- de la faible fonctionnalité des structures chargées des questions foncières et
d’aménagement du territoire ;
- de l’absence de concertation entre les différents acteurs dans l’élaboration
et la mise en œuvre des actions dans le domaine foncier et celui de
l’aménagement du territoire ;
- de l’inexistence des instruments d’aménagement du territoire que sont les
schémas ;
- de la persistance des droits fonciers coutumiers ou religieux en marge des
structures officiellement mise en place pour la gestion foncière ;
- de l’insuffisance de réglementations spécifiques de la gestion du foncier ;
- de la persistance des conflits fonciers liés à l’absence ou à l’inadéquation des
politiques foncières et d’aménagement du territoire ;
43
Au niveau européen :
Par exemple, la création du NEPAD en 2001 par les Chefs d'Etats africains a pour
ambition de relever les défis du continent en matière de pauvreté, de
développement durable, dans le but de promouvoir un cadre socio-économique
intégré de développement pour l'Afrique. Ce partenariat s'inscrit dans les
différentes politiques régionales d'intégration et de développement promues par
les institutions régionales telles que la CEEAC, la CEMAC, la CEDEAO, l’UEMOA, etc.
Sa mise en œuvre s’appuie sur ces dernières qui sont considérées comme des
points focaux régionaux. Toutes ces politiques qui s’inscrivent dans le cadre de
l’intégration régionale ont une influence sur les pratiques foncières et les
politiques d’aménagement et de développement des territoires (PDM, octobre
2008).
L’un des objectifs majeurs des politiques foncières est la sécurisation foncière des
acteurs. Le foncier est considéré comme un enjeu stratégique de cohésion sociale
et de maintien de l’ordre public, car pour contrô ler la société il faut contrô ler
l’espace. De même, il faut maîtriser le foncier pour faire valoir ses droits et
affirmer son autorité (Boubou, 2001).
C’est vrai qu’il n’est pas toujours possible de sécuriser tous les acteurs du foncier.
Même avec une vision de « gagnant-gagnant », il y a parfois des acteurs qui se
sentiront toujours lésés et il y aura forcément des choix à faire (Lavigne-Delville et
al, 2002).
Comment négocier alors dans ce contexte, de nouvelles règles du jeu qui soient
autant profitable à tous dans un esprit de « gagnant-gagnant », et qui ne soient pas
fondées sur la force et sur l’exclusion de l’autre ?
Aujourd'hui, les mentalités ont évolué et les populations, les décideurs et les
bailleurs de fonds ont pris conscience de la nécessité d'adopter une approche, non
plus restrictivement économique mais de gestion en ce qui concerne le foncier et
l'aménagement du territoire.
L’Etat devrait reconnaître aux populations et aux collectivités locales, leur identité,
leur culture, leurs intérêts, et leur accorder tout l'appui nécessaire pour leur
permettre de participer efficacement à la réalisation d'un développement socio-
économique durable14.
14
Principe 22 de la déclaration de Rio de Janeiro (Brésil) sur l’environnement et le développement du 3-14 juin 1992
47
CONCLUSION GENERALE
De nombreux pays ont engagé dans diverses parties du monde aux cours des
dernières décennies des réformes foncières ou agraires, des politiques
d’aménagement du territoire, des expériences de gestion négociée et concertée des
ressources naturelles, etc.
Les liens entre les politiques publiques s’affirment de plus en plus au détriment
d’une approche sectorielle qui a prévalu pendant longtemps. Aujourd'hui, une
meilleure articulation des politiques conduites aux différents niveaux de
gouvernance devient indispensable.
C’est un processus itératif qu’il faut mettre en œuvre, où rien n’est gagné
définitivement. De ce fait, il faut dès à présent poser les jalons du futur parce que le
développement durable n’est pas ponctuel (Tondé, 1994). C’est un phénomène de
longue haleine qui ne peut se contenter de gérer seulement le présent, car tout
arrêt représente un recul.
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Bibliographie
Littérature scientifique
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