Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 4

1

CHAPITRE III : LES FACTEURS DES RELATIONS


INTERNATIONALES
On distingue les facteurs matériels et les facteurs immatériels.

I- LES FACTEURS MATERIELS

Il s’agit de trois facteurs : la géographie, la démographie et l’économie.

A- La géographie

La géographie a souvent été considérée par la plupart des scientifiques comme le


premier facteur qui influence la politique étrangère d’un Etat. Elle constitue en même temps
un enjeu et un révélateur de puissance. L’histoire montre que les rivalités pour le contrôle de
l’espace et de ses ressources ont constitué la principale source de conflits entre les Etats. La
géographie permet également de mesurer la puissance d’un Etat. Plus un Etat est vaste, plus il
peut posséder des ressources capables de lui permettre de s’imposer sur la scène
internationale. Toutefois, la grandeur du territoire ne pourrait seule servir de ressource à la
domination des intérêts d’un Etat sur la scène internationale. C’est pourquoi elle doit être mise
en relation avec d’autres éléments comme la superficie, la maitrise de l’espace et des réseaux
de communication, la configuration du territoire, les ressources naturelles, agricoles, ou
océaniques.
Ces éléments montrent l’intérêt de la cartographie pour les Etats. La cartographie est à
l’origine de la naissance de la géopolitique. Terme employé pour la première fois par
l’Allemand Rudolf Kjellen, la géopolitique est, selon lui, « l’étude de l’Etat considéré comme
un organisme géographique ou encore comme un phénomène spatiale c’est-à-dire comme
une terre, un espace, un Etat ». Son successeur Ratzel, va enrichir la pensée géopolitique
allemande. Il considère que la frontière des Etats est extensible ou rétractables selon le
dynamisme des peuples. Karl Haushofer, va quant à lui développer la notion d’« espace
vital ». L’école géopolitique anglo-saxonne, contrairement à l’école allemande, fonde sa
pensée géopolitique sur le contrôle des mers. Pour les auteurs comme MacKinder, Mahan et
Spikman, la puissance maritime est toujours plus importante que la puissance terrestre.

B- La démographie

Tout autant que la géographie, la démographie constitue une ressource à la domination


des intérêts d’un Etat sur la scène internationale. Plus un Etat est peuplé, plus il a des chances
de regorger en son sein, des personnes qualifiées capables de lui permettre d’avoir une
prépondérance dans les relations internationales. Cependant, pour qu’elle joue le rôle de
facteur de puissance, la démographie doit être mise en relation avec certains éléments comme,
le nombre d’habitant, le nombre d’immigrant, la dimension du marché intérieur, le niveau de
vie, la qualité des hommes, le degré d’instruction des populations. Tous ces éléments,
lorsqu’ils ne sont pas mobilisés à bon escient peuvent faire de la démographie un obstacle à
l’épanouissement extérieur d’un pays. A titre d’illustration, lorsque la population d’un Etat
est inégalement répartie, la vie se concentre dans les grandes villes et il devient difficile de
2

contrôler les antagonismes communautaires. Le Rwanda constitue à ce titre un exemple


probant.

Par ailleurs, la démographie a souvent été considérée, par certains auteurs comme une
source de conflits armés. Selon ces derniers, plus il y’a des hommes, plus le risque de conflit
s’accroit. Jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, on a considéré une population nombreuse
comme un atout, car un pays à forte population peut avoir une armée importante. Au milieu
du XXème, la technologie prendra le dessus. On constate que des pays très peuplés ne sont
pas forcément des forces militaires importantes.

C- L’économie

Pour certains auteurs, l’économie représente le facteur de puissance le plus important.


Les Etats les plus riches sont ceux qui, le plus souvent, dominent les relations internationales.
C’est donc pourquoi les Etats sont en permanence dans la quête des ressources capables
d’augmenter la richesse nationale. Cette quête permanente explique en même temps la
compétition et les conflits pour l’accès aux ressources, le contrôle des routes commerciales, et
l’accès aux matières premières. La colonisation européenne était motivée par des causes
économiques : la recherche des matières premières. Aujourd’hui, on parle de guerres
commerciales pour expliquer la compétition entre les Etats pour le contrôle des règles de
l’économie internationale.

Toutefois, l’économie ne constitue pas seulement un facteur de conflit. Elle représente


aussi un facteur de coopération. L’interdépendance entre les économies nationales a poussé
les Etats a créé des ententes commerciales et des alliances. Pour éviter que les relations
internationales économiques deviennent conflictuelles, le GATT a été créé en 1945 par les
EU. L’OMC a remplacé le GATT. Son rôle est de régler les conflits transnationaux. Dans les
régions et les sous-régions, les Organisations régionales à vocation économique sont créées
pour renforcer la coopération entre les Etats. On peut citer comme exemple : l’Union
Européenne (ancienne CEE), la CEMAC, la CEDEAO, l’ASEAN, le MERCOSUR, etc.

I- LES FACTEURS IMMATERIELS

A- Les idéologies

La politique étrangère des Etats est influencée par les systèmes de valeurs.. Au premier
rang des idéologies souvent mobilisées par les Etats sur la scène internationale, figure le
nationalisme. Le nationalisme qui est à la base du concept d’intérêt national, suppose que
l’Etat doit défendre les intérêts de sa nation sur la scène internationale. Une politique
nationaliste peut conduire à

- L’isolationnisme : c’est le cas notamment de la politique pratiquée par les EUA au


19e siècle pour éviter toute influence européenne sur le continent américain ;
3

- L’impérialisme : la colonisation occidentale a souvent été justifiée par des raisons


nationalistes ;
- Le protectionnisme : c’est le cas par exemple de la nationalisation du canal de Suez
par le régime de Gamal Abdel Nasser en 1956 ;

Toutefois, pour qu’il s’exprime avec vigueur, le nationalisme doit reposer sur des
bases sociologiques fortes. En effet, un Etat qui est déchiré par les antagonismes
intercommunautaires ne peut prétendre s’appuyer sur le nationalisme pour défendre ses
intérêts sur la scène internationale.

L’autre idéologie souvent mobilisée en relations internationales est le messianisme. Il


s’agit ici pour un Etat de prétendre apparaitre comme une puissance moralisatrice. La morale
étant utilisée ici comme un outil à la domination de leurs intérêts. La colonisation a souvent
été considérée comme une mission civilisatrice, comme le fardeau de l’homme blanc. Le
colon prétendait sortir les noirs de leur barbarie pour les conduire vers la civilisation, le
développement. Aujourd’hui le messianisme américain est porté vers la défense de la
démocratie, des libertés fondamentales et des droits de l’homme. John Kennedy affirmait à cet
effet que « En ce qui concerne le reste du monde, notre ambition doit être non seulement de
défendre l’intégrité de cette société démocratique, mais de travailler à faire progresser la
cause de la liberté humaine et du droit, la cause universelle d’une paix solide et juste ».

B- La technologie

Les progrès techniques, produits de l’ingéniosité humaine, ont transformé la politique


internationale dans trois domaines : la politique étrangère, la stratégie, et le champ culturel.

En ce qui concerne la diplomatie, les progrès accomplis dans le domaine de la


communication ont modifié les conditions d’exercice des relations diplomatiques. Après la
création des missions diplomatiques au XVI siècle, les Etats recouraient aux diplomates pour
communiquer entre eux. Aujourd’hui, grâce à la création du téléphone, ils peuvent échanger
sans passer par ces derniers. Aussi, grâce au développement des moyens de transport, ils
peuvent se rencontrer aussi souvent dans le cadre des échanges de visite ou des conférences
internationales.

Dans le domaine de la stratégie militaire, les progrès techniques ont transformé la


relation espace puissance militaire. Aujourd’hui, pour atteindre sa cible, il n’est plus toujours
nécessaire de se déplacer sur le champ de bataille avec tout son arsenal militaire. Grâce aux
armes perfectionnées, les objectifs adverses peuvent être atteints en un laps de temps dans
n’importe quelle partie du globe. La modernisation des armes a également apporté un élément
nouveau dans la diplomatie militaire : la dissuasion. La possession par certains Etats d’armes
nucléaires susceptibles d’anéantir toute trace de vie sur la surface du globe à amener les Etats
à restreindre leur utilisation. En revanche, celles-ci sont utilisées par certains Etats pour
dissuader les ennemis potentiels d’en faire usage au risque de plonger l’humanité vers un
carnage.
4

Enfin, dans le domaine culturel, les progrès techniques ont accéléré les échanges
d’informations entre les hommes à l’échelle mondiale. La circulation des informations a
atteint un degré d’universalité et d’instantanéité sans précèdent dans l’histoire. C’est la
mondialisation. Le monde est devenu un village planétaire. D’après Anthony Giddens, la
mondialisation implique « l'intensification des relations sociales autour du monde qui relient
des localités distantes de telle façon que ce qui se passe dans un coin du monde affecte ce qui
se produit ailleurs à des milliers de kilomètres et vice-versa ». Sous l’effet des progrès
technique, elle implique la compression du temps et de l’espace qui intensifient les
interactions entre les acteurs de la scène internationale.

C- La culture

La culture joue un rôle ambivalent sur la politique étrangère des Etats : elle peut
contribuer à renforcer son action ou à l’affaiblir. L’Etat est affaibli lorsqu’à l’intérieur du
territoire, les particularismes tendent à prendre le dessus sur le sentiment d’unité nationale.
Dans cette perspective, les replis identitaires tendent à s’affirmer avec acuité. On assiste soit
aux conflits intercommunautaires, soit aux revendications irrédentistes. Ce qui conduit
souvent aux guerres civiles pour le contrôle du pouvoir ou alors aux guerres d’indépendance.

La culture renforce l’action de l’Etat lorsqu’elle tend vers la formation des


universalismes culturels. Ainsi, de nombreuses organisations régionales sont créées sur la
base des solidarités culturelles. L’OUA a été créée sous l’influence des débats qui ont porté
sur le panafricanisme. Aussi, l’islam a-t-elle été le catalyseur de la création de l’Organisation
de la Conférence Islamique (OCI).

Vous aimerez peut-être aussi