Livre de L'interne - Anesthésiologie
Livre de L'interne - Anesthésiologie
ANESTHÉSIOLOGIE
Chez le même éditeur
Nadège LEMBERT
Anne SALENGRO Francis BONNET
ANESTHÉSIOLOGIE
3e édition
Avertissement au lecteur
Les auteurs de cet ouvrage ont vérifié avec le plus grand soin les dosages des produits
pharmaceutiques mentionnés, afin qu’ils se trouvent en accord avec la pratique
médicale en cours au moment de la parution.
Cependant, lorsqu’il envisage l’utilisation de ces produits, le praticien est également
invité à se référer aux notices, laboratoires d’origine et toutes autres sources
disponibles. En effet, les variations ou modifications étant toujours possibles, la
responsabilité des auteurs et de l’éditeur ne saurait se trouver engagée.
ISBN : 978-2-257-20523-0
Ont collaboré à cet ouvrage
AÏSSOU Mourad
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Saint-
Antoine, Paris.
AIT YAHIA Yasmine
Praticien associé, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Saint-
Antoine, Paris.
AMASSE Linda
Chef de clinique, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Tenon, Paris.
BARBIER Alexandre
Praticien Hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Cochin,
Paris.
BEAUSSIER Marc
Professeur des Universités, Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-
Réanimation, Hôpital Saint-Antoine, Paris.
BECQ Marie-Christine
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Saint-
Louis, Paris.
BILLARD Valérie
Praticien spécialiste, Service d’Anesthésie-Réanimation, Institut Gustave-
Roussy, Villejuif.
BLAYAU Clarisse
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Tenon,
Paris.
BONNET Francis
Professeur des Universités, Praticien Hospitalier, Service d’Anesthésie-
Réanimation, Hôpital Tenon, Paris.
BOURGAIN Jean-Louis
Chef du Service d’Anesthésie-Réanimation, Institut Gustave-Roussy,
Villejuif.
De MONTBLANC Jacques
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Centre hospitalier
universitaire de Kremlin-Bicêtre.
VIII ONT COLLABORÉ À CET OUVRAGE
DEVYS Jean-Michel
Chef du Service d’Anesthésie-Réanimation, Fondation Rothschild, Paris.
DOLBEAU Jean-Baptiste
Chef de Clinique-Assistant, Service d’Anesthésie-Réanimation 2, Centre
hospitalier universitaire de Bordeaux.
DONNETTE François-Xavier
Médecin-Assistant, Service d’Anesthésie-Réanimation, Fondation
Rothschild, Paris.
DUPONT Mélanie
Médecin-Assistant, Service d’Anesthésie-Réanimation, Fondation
Rothschild, Paris.
DUPONT Xavier
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital
Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt.
EL METAOUA Sonia
Praticien attaché, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Tenon, Paris.
EYRAUD Daniel
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Consultation
d’anesthésiologie – chirurgie hépato-biliaire, Groupe hospitalier Pitié-
Salpêtrière, Paris.
FARRUGIA Magali
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital d’enfants
Armand-Trousseau, Paris.
FULGENCIO Jean-Pierre
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Tenon,
Paris.
GAFSOU Benjamin
Médecin anesthésiste, Clinique du Mousseau, Évry.
GENTILI Marc
Médecin anesthésiste, Service d’Anesthésie-Réanimation, Centre hospi-
talier privé Saint-Grégoire, Saint-Grégoire.
GODIER Anne
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Cochin,
Paris.
GUIGNARD Bruno
Médecin anesthésiste, Service d’Anesthésie-Réanimation, Clinique du
Val-d’Or, Saint-Cloud.
HOUHOU Anissa
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Tenon,
Paris.
ONT COLLABORÉ À CET OUVRAGE IX
JEANDEL Thomas
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Saint-
Roch, Centre hospitalier universitaire de de Nice.
LIU Ngai
Médecin-Assistant, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Foch,
Suresnes.
LEMBERT Nadège
Médecin anesthésiste, Clinique Gaston-Métivet, Saint-Maur-des-Fossés.
MAILLET Michel
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Unité
d’Anesthésie et Chirurgie ambulatoires, Hôpital Tenon, Paris.
MARCHAND MAILLET Florence
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Saint-
Antoine, Paris.
MARRET Emmanuel
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Tenon,
Paris.
MASCHINO Xavier
Médecin anesthésiste, Institut monégasque de Médecine et Chirurgie
sportive, Monaco.
MOVSCHIN Marie
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Groupe hospitalier
Pitié-Salpêtrière, Paris.
MURAT Isabelle
Professeur des Universités, Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-
Réanimation, Hôpital d’enfants Armand-Trousseau, Paris.
NOIROT Anna
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Tenon,
Paris.
OHANA Michaël
Médecin anesthésiste, Clinique Geoffroy-Saint-Hilaire, Paris.
OTT Mihai
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Tenon,
Paris.
OUATTARA Alexandre
Professeur des Universités, Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-
Réanimation 2, Centre hospitalier universitaire de de Bordeaux.
PLAUD Benoît
Professeur des Universités, Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-
Réanimation chirurgicale, Groupe hospitalier et universitaire Albert-
Chenevier – Henri-Mondor, Créteil.
X ONT COLLABORÉ À CET OUVRAGE
QUESNEL Christophe
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Tenon,
Paris.
RADU Adrian Dragos
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Cochin,
Paris.
RÉMY Camille
Chef de clinique, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital régional de
Lugano, Suisse.
RIGOUZZO Agnès
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital d’enfants
Armand-Trousseau, Paris.
SALENGRO Anne
Praticien hospitalier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Tenon,
Paris.
SUSEN Sophie
Professeur des Universités, Praticien hospitalier, Service d’Hématologie-
Transfusion, Centre hospitalier régional universitaire de Lille.
SZEKELY Barbara
Médecin-Assistant, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Foch,
Suresnes.
TOUNOU-AKUE Edoh Sitou Félix
Médecin-Assistant, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Tenon,
Paris.
VEZINET Corinne
Praticien hospitalier, Service de Réanimation polyvalente, Service
d’Anesthésie-Réanimation, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris.
VIGNEAU Axelle
Médecin-Assistant, Hôpital de la Croix-Saint-Simon, Paris.
Sommaire
TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Chapitre 5 Je prépare ma salle d’anesthésie (J. DE MONTBLANC) ............ 113
Vérification du circuit d’anesthésie .................................................... 114
SOMMAIRE XIII
ANNEXES
Chapitre 38 Anesthésie : vie professionnelle (F. BONNET) ....................... 699
Abréviations..................................................................................................... 701
Introduction
F. Bonnet
Consultation d’anesthésie
B. Szekely
INFORMATIONS PRATIQUES
ET ASPECTS RÉGLEMENTAIRES
CONSULTATION
D’ANESTHÉSIE
Antécédents
Chirurgicaux
Toutes les interventions (si possible, avec l’année) sont notées. Les
complications postopératoires médicales (accidents thromboembo-
liques, infarctus…), et les complications chirurgicales (transfert en
réanimation, ré-interventions…).
Le type d’anesthésie pratiqué (AG, ALR, AG + ALR, sédation),
et ses éventuelles complications : intubation difficile, hyperthermie
maligne, allergie (latex, curares, antibiotiques…), mais aussi nausées-
vomissements, complications liées à l’ALR (difficultés de ponction,
brèche dure-mérienne, complications neurologiques…).
Gynéco-obstétricaux
Accouchement(s) par voie basse ou par césarienne (sous péridurale
ou sous AG), compliqué(s) ou non d’un syndrome hémorragique,
d’une HTA, d’une éclampsie.
IVG ou fausses couches (immunisations).
Toute femme en âge de procréer doit être interrogée sur la possibi-
lité de grossesse.
Médicaux
Toutes les pathologies qui peuvent interférer ou modifier la prise
en charge médicale du patient ou les techniques anesthésiques sont
systématiquement recherchées.
• Les pathologies cardiovasculaires :
— cardiopathie ischémique (angor stable ou instable, antécédent
d’IDM). Les thérapeutiques interventionnelles réalisées (type d’angio-
plastie, ± stents, et le type de stent coaté ou non) ;
— valvulopathie (type, échocardiographie à éventuellement recontrô-
ler pour évaluer l’évolutivité en préopératoire) ;
— insuffisance cardiaque (classification NYHA, évaluation écho-
cardiographique) ;
— troubles du rythme (AC/FA paroxystique ou chronique) ou de
l’excitabilité (ESV, épisodes de tachycardie…). L’existence d’un pace-
8 ÉVALUATION DU RISQUE ANESTHÉSIQUE
Dépendances
Terrain atopique
Antécédents d’allergies :
— médicamenteuses, en particulier aux antibiotiques (pénicilline et
dérivés, etc.), et à l’iode ;
CONSULTATION D’ANESTHÉSIE 9
Données morphologiques
Poids, taille sont systématiquement notés avec éventuellement
calcul du BMI (dénutrition, ou à l’inverse surcharge pondérale voire
obésité).
Examen clinique
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
(Y COMPRIS AGENTS ANTIPLAQUETTAIRES
ET ANTICOAGULANTS)
Relais à envisager
SYNTHÈSE DE LA CONSULTATION
• ASA I : patient n’ayant pas d’affection autre que celle nécessitant l’acte
chirurgical.
Exemple : hernie inguinale chez un patient par ailleurs en bonne santé.
• ASA II : patient ayant une perturbation modérée d’une grande fonction,
en relation avec l’affection chirurgicale ou une autre affection.
Exemple : bronchite chronique, obésité modérée, diabète contrôlé par le
régime, infarctus ancien, HTA modérée.
• ASA III : patient ayant une perturbation sévère d’une grande fonction,
en relation avec l’affection chirurgicale ou une autre affection.
Exemple : insuffisance coronarienne avec angor, diabète insulinodépendant,
obésité morbide, insuffisance respiratoire modérée.
• ASA IV : patient courant un risque vital du fait de l’atteinte d’une grande
fonction.
Exemple : insuffisance cardiaque sévère, angor rebelle, arythmie réfractaire
au traitement, insuffisance respiratoire, rénale, hépatique ou endocrinienne
avancée.
• ASA V : patient moribond.
Exemple : rupture d’anévrisme de l’aorte abdominale en grand état de choc.
INFORMER LE PATIENT
CAS PARTICULIERS
CONSULTATIONS ITÉRATIVES
CONSULTATION EN URGENCE
PATHOLOGIE
CARDIOVASCULAIRE
E. Marret
INSUFFISANCE CORONARIENNE
La survenue d’une ischémie et a fortiori d’une nécrose myocardique
pendant la période périopératoire conditionne le pronostic vital des
patients à court mais aussi à moyen et à long terme.
La plupart des épisodes ischémiques périopératoires sont asympto-
matiques.
L’amélioration du pronostic de ces patients passe par une évalua-
tion préopératoire du risque puis l’instauration d’une stratégie visant
à diminuer la survenue d’une ischémie myocardique périopératoire
et de ces complications (troubles du rythme, insuffisance cardiaque,
infarctus du myocarde, décès).
Antécédent de coronarographie
Antécédent d’insuffisance cardiaque
Diabète insulinodépendant
Insuffisance rénale (créat > 177 μmol/l)
Capacité fonctionnelle réduite
NON OUI
Coronarographie
Lésion(s) Lésion(s)
Chirurgie β-bloquants
non significative(s) significative(s)
Revascularisation myocardique
par stent(s) ou chirurgie cardiaque
* Une coronarographie est d’autant plus souhaitable si l’ischémie myocardique est étendue lors du test
d’effort cardiaque ou si le patient présente une diminution de la fraction d’éjection du ventricule
gauche.
Tableau 3-I Score simplifié de Lee. (D’après Lee et al. Circulation. 1999 ; 100 :
1044-9)
Probabilité
Facteur de risque Point Score Classification de complication
(p. 100)
ATCD de +1 1 II 0,9
coronaropathie
Diabète +1
Créatininémie +1
> 2 mg/dL
* La chirurgie majeure comprend la chirurgie intrapéritonéale, la chirurgie intrathoracique, la
chirurgie vasculaire sus-inguinale.
Activité
Majeur Modéré Mineur
physique
Risque lié au patient
Modéré < 4 MET Test non invasif Test non invasif Chirurgie
Deuxième étape :
diminuer le risque de complications cardiaques
Test d’effort cardiaque non invasif
Sa réalisation ne doit pas être systématique mais uniquement
lorsqu’il existe un risque important de complications cardiaques (voir
tableau 3-II) ou un score de Lee élevé (score supérieur ou égal à 2).
Les tests d’effort cardiaque ont comme intérêt principal d’avoir une
excellente valeur prédictive négative. Autrement dit, un test négatif réduit
à une probabilité quasi nulle le risque de complications cardiaques pério-
pératoires. Un résultat négatif permet ainsi de surseoir à la coronarogra-
phie. Toutefois, ces patients peuvent justifier d’une surveillance afin de
dépister précocement une complication cardiaque éventuelle.
Le choix entre les différents tests d’effort cardiaque repose le plus
souvent sur les capacités du patient à réaliser une épreuve physique
(marcher, pédaler), des disponibilités et des expertises locales et du
choix du cardiologue. Il n’est pas recommandé de réaliser un test d’ef-
fort si celui-ci risque d’être sous-maximal (< 85 p. 100 FMI).
• Électrocardiogramme d’effort :
— avantages : examen facilement disponible, détermination d’une
valeur de fréquence cardiaque seuil d’apparition d’une ischémie myo-
cardique ;
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 23
Nom Voie
DCI Posologie
commercial d’administration
Bisoprolol Soprol® Per os 5 à 10 mg/j à débuter
Detensiel® en préopératoire plusieurs
jours avant la chirurgie
et à continuer pendant toute
la durée de l’hospitalisation
Aténolol Ténormine® Per os ou IV 5 à 10 mg IV à commencer
Aténolol® avant l’induction
anesthésique puis 5
à 10 mg ⋅ 2/j puis relais
per os (50 à 100 mg)
jusqu’à la sortie de l’hôpital
Esmolol Brévibloc® IV Bolus de 0,5 à 1 mg/kg puis
perfusion continue de 0,15
à 0,3 mg/kg/min
Période peropératoire
Prémédication
Anxiolytique : benzodiazépine (Xanax® 0,5 à 1 mg, par exemple)
ou hydroxyzine (Atarax® 50 à 150 mg) si acte court.
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 25
Induction anesthésique
Limiter les effets hémodynamiques (hypotension artérielle, hyper-
tension artérielle, tachycardie).
Utiliser un moniteur de profondeur d’anesthésie (BIS) permet
d’adapter l’induction pour chaque patient à la réponse hypnotique
et d’éviter un surdosage (hypotension) ou un sous-dosage (hyper-
tension). La titration est finalement plus importante que le choix de
tel ou tel hypnotique.
Éviter la survenue d’une tachycardie :
— si pas de prise de bêtabloquant, aténolol intraveineux (voir
tableau 3-III) si FC de base > 60 bpm et PAS > 120 mmHg juste avant
l’induction anesthésique ;
— en cas de prise chronique de bêtabloquant et FC > 80 bpm, il
peut être nécessaire de renforcer le contrôle de la fréquence cardiaque
par une injection intraveineuse de bêtabloquant (aténolol ou esmolol
– voir tableau 3-III).
26 ÉVALUATION DU RISQUE ANESTHÉSIQUE
Entretien de l’anesthésie
Surveillance
Électrocardioscope à 5 branches avec surveillance des dérivations
V5 et DII. Si scope à 3 branches, dérivation CM5.
Analyse continue du segment ST.
Pression artérielle sanglante si angor instable ou si chirurgie à
risque modéré ou majeur avec variations hémodynamiques attendues
(ex. : chirurgie vasculaire).
Maintien d’une hémodynamique stable : fréquence cardiaque infé-
rieure à 80 bpm et valeurs tensionnelles proches des valeurs habi-
tuelles (± 20 p. 100).
L’hypotension artérielle est préférentiellement traitée par des bolus
de phényléphrine (Néosynéphrine®) (50 à 100 μg) sinon d’éphédrine
(3 à 6 mg).
En cas de tachycardie, approfondissement de l’anesthésie (intérêt du
monitorage de la profondeur), renforcer l’analgésie et/ou le remplis-
sage. Si persistance, administration intraveineuse d’un bêtabloquant
(voir tableau 3-III) ou diltiazem (bolus 0,15 mg/kg puis perfusion
continue de 0,2 à 0,3 mg/kg/h, amp de 25 et 100 mg).
Le monitorage avec cathéter artériel pulmonaire, le Doppler œso-
phagien ou échocardiographie transœsophagienne n’est pas systé-
matique. Intérêt si chirurgie avec des variations hémodynamiques
majeures et patient à risque élevé (cardiopathie sévère).
Monitorage de la température.
Monitorage du débit cardiaque si chirurgie et patient à risque.
Anesthésie générale
Anesthésie balancée associant morphiniques et hypnotiques. Les agents
halogénés et le propofol diminuent la contractilité myocardique et la post-
charge. Les halogénés induisent expérimentalement un préconditionne-
ment myocardique et pourraient présenter un intérêt chez le coronarien.
Le protoxyde d’azote peut être utilisé en l’absence d’insuffisance
ventriculaire gauche ou d’angor spastique.
Anesthésie locorégionale
En cas d’anesthésie périmédullaire : limiter les variations hémo-
dynamiques en diminuant les doses d’anesthésiques locaux et les épi-
sodes d’hypotension artérielle en utilisant un morphinique (sufentanil)
et/ou une administration titrée des anesthésiques locaux (anesthésie
périmédullaire ou rachianesthésie continue).
En cas d’anesthésie par bloc nerveux périphérique : éviter les solu-
tions adrénalinées car la résorption plasmatique de l’adrénaline pro-
voque une tachycardie.
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 27
Période postopératoire
Situations particulières
Période préopératoire
Optimisation préopératoire
L’arrêt des traitements des bêtabloquants ou de la clonidine peut être
responsable d’un rebond d’HTA ou de tachycardie. Il est donc à proscrire.
Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ou des antagonistes
des récepteurs de l’angiotensine II (ARA II) peuvent être responsables
d’une hypotension artérielle sévère en peropératoire. Cette hypotension
peut être réfractaire au traitement standard (remplissage, éphédrine)
30 ÉVALUATION DU RISQUE ANESTHÉSIQUE
Période peropératoire
Période postopératoire
VALVULOPATHIE ET CARDIOMYOPATHIE
Période préopératoire
Période peropératoire
Prémédication
La prophylaxie de l’endocardite n’est pas systématique et fait l’ob-
jet de recommandations (voir Chapitre 14, Antibioprophylaxie).
Anxiolytique : hydroxyzine ou benzodiazépine en tenant compte
des particularités liées à l’âge des patients.
Administration des traitements anti-angineux (bêtabloquants) et des
IEC ou des ARA II en cas d’insuffisance cardiaque.
Anesthésie
Les impératifs : maintenir la précharge (éviter la tachycardie et les
troubles du rythme) et éviter les facteurs qui aggravent une HTAP
(acidose, hypoxémie, hypercapnie).
Poursuivre les traitements anti-arythmiques.
Maintenir une fréquence cardiaque proche des valeurs habituelles.
Préserver un rythme sinusal, traiter rapidement un trouble du rythme
auriculaire (amiodarone ou cédilanide).
Éviter la tachycardie : remplissage adapté. Éviter atropine, pancuro-
nium, kétamine, solutions avec adrénaline si ALR périphériques.
Les anesthésies locorégionales périmédullaires comportent un
risque important du fait de la baisse de la précharge (diminution de
la pression dans l’OG). Elles ne peuvent être réalisées qu’à dose titrée
(rachianesthésie continue ou anesthésie péridurale lombaire) avec un
contrôle parfait de l’hémodynamique.
En cas d’HTAP (échocardiographie préopératoire), éviter le pro-
toxyde d’azote.
Le réveil est une période à risque car il existe à la fois un risque de
baisse de la précharge (tachycardie) et d’HTAP (acidose, hypoxémie,
hypercapnie).
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 37
Anesthésie
Les impératifs : éviter la bradycardie et l’augmentation de la post-
charge (hypertension artérielle).
Tout épisode d’HTA entraîne une augmentation de la régurgitation
du VG vers l’OG, d’une majoration de la surcharge volumique du
cœur gauche (aggravation de l’IM par dilatation du VG).
Éviter toute bradycardie qui majore la dilatation du VG. Maintenir
une tachycardie modérée (fréquence cardiaque entre 80 et 100 bpm).
En cas d’HTAP (échocardiaque préopératoire), éviter le pro-
toxyde d’azote et les situations qui la majorent (acidose, hypoxé-
mie, hypercapnie, augmentations importantes des pressions
intrathoraciques).
En cas d’hypotension, les vasoconstricteurs purs sont mal tolérés à
cause de la majoration de la régurgitation.
Période postopératoire
Période préopératoire
• Consultation du carnet :
— type de PM selon classification (voir tableau 3-VII) ;
— indication de la pose ;
— date d’implantation et date du dernier contrôle ;
— mode de fonctionnement – fréquence cardiaque si non asservie.
• Recherche d’un dysfonctionnement du PM ou d’une aggravation
de la cardiopathie sous-jacente [réapparition de symptômes, mau-
vaise tolérance (syncope, palpitations, angor, dyspnée, confusion),
ECG].
• Recherche d’une cardiopathie associée.
• Avis spécialisé si :
— CDI afin d’organiser la désactivation de la fonction cardiover-
sion/défibrillation ;
— PM asservi – lettre R présente ;
— type de PM inconnu ;
— dysfonction du PM ou signes d’aggravation de la cardiopathie ;
— dernier contrôle > 6 mois.
Période peropératoire
Surveillance
Surveillance de la fréquence cardiaque (activité circulatoire) par un
signal pulsatile (pléthysmographie ou pression artérielle sanglante).
Surveillance ECG à la recherche d’interférences électromagné-
tiques (bistouri électrique, stimulateur nerveux, téléphone portable)
en désactivant le mode filtre artéfact sur le moniteur (activer le
mode PM).
Bistouri électrique
(risque majeur d’interférence électromagnétique)
Placer la plaque de terre du bistouri à distance du boîtier.
Ne pas placer le boîtier entre la plaque et le bistouri. Préférer le
mode bipolaire. Si utilisation d’un bistouri en mode monopolaire, pré-
férer le mode section à la coagulation.
Régler l’électrocoagulation à l’intensité minimale.
Utiliser l’électrocoagulation de manière brève et espacée.
Ne pas manipuler le bistouri électrique au-dessus du boîtier.
40 ÉVALUATION DU RISQUE ANESTHÉSIQUE
Troubles du rythme
Éviter les facteurs favorisant les troubles du rythme : hypovolémie,
ischémie myocardique, troubles hydroélectrolytiques.
Période postopératoire
BRONCHOPNEUMOPATHIE
CHRONIQUE OBSTRUCTIVE –
ASTHME
X. Dupont
ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE
Asthme
Évaluation clinique
Elle est fondamentale pour évaluer la stabilité et la gravité de la
maladie :
— fréquence et sévérité des crises (importance de la dyspnée, évo-
lution spontanée ou sous traitement) ;
— circonstances de survenue, notamment présence de crises noc-
turnes ;
— antécédents de crises ayant nécessité une hospitalisation, un
séjour en réanimation ;
— présence d’une symptomatologie intercritique ;
— aggravation récente de la maladie ou surinfection récente ;
— traitements en cours et observance thérapeutique ;
— l’auscultation pulmonaire recherche notamment la présence de
râles sibilants.
Examens complémentaires
La mesure du débit expiratoire de pointe (peak flow) est un moyen
simple et bon marché d’apprécier la variabilité de l’obstruction bron-
chique « au lit » du patient.
Les épreuves fonctionnelles respiratoires ne sont utiles qu’en cas de
chirurgie thoracique pour évaluer la réserve expiratoire.
Il faut quantifier :
— la dyspnée qui doit être quantifiée par sa sévérité et ses circonstances
de survenue, notamment pour des efforts plus ou moins importants ;
— la toux ;
— la présence d’une expectoration, son volume et son caractère
purulent ou non ;
— la distension thoracique, la mise en jeux des muscles respira-
toires accessoires, l’incoordination thoraco-abdominale, la présence
de lèvres pincées, d’une cyanose ; ce sont des facteurs de gravité,
comme les signes d’une hypertension artérielle pulmonaire et d’un
cœur pulmonaire chronique (reflux hépato-jugulaire, Harzer, galop).
Il faut rechercher :
— un antécédent de complication cardiopulmonaire lors d’une pré-
cédente intervention (embolie pulmonaire, pneumopathie, insuffisance
respiratoire aiguë) ;
— l’existence d’une infection respiratoire récente ;
— la présence d’une hémoptysie.
D’autres éléments de co-morbidité sont fréquemment associés à la
BPCO :
— altération des fonctions cognitives ;
— dénutrition ;
44 ÉVALUATION DU RISQUE ANESTHÉSIQUE
PRÉPARATION PRÉOPÉRATOIRE
Asthme
La préparation concerne les patients porteurs d’une maladie sévère
et surtout instable.
Elle repose sur l’intensification du traitement avec comme base la
nébulisation de bronchodilatateurs β2-mimétiques, au mieux associés
à des anticholinergiques. La corticothérapie périopératoire utilise les
voies orale et/ou intraveineuse. La préparation peut être ultra-courte
en cas d’urgence chirurgicale et à l’inverse durer plusieurs jours en
cas d’intervention programmée, nécessitant éventuellement l’avis d’un
pneumologue. L’examen clinique et la répétition des mesures du débit
expiratoire de pointe permettent d’en vérifier l’efficacité.
La nébulisation préopératoire de β2-mimétiques permet également
d’accroître la marge de sécurité chez les patients stables et/ou pauci-
symptomatiques.
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 45
BPCO
ANESTHÉSIE
Chez les sujets sains l’anesthésie générale provoque une baisse de
la CRF de 15 à 20 p. 100. Les résistances bronchiques augmentent,
ainsi que l’espace mort alvéolaire et le shunt intrapulmonaire. Des
micro-atélectasies se produisent après une ventilation prolongée.
46 ÉVALUATION DU RISQUE ANESTHÉSIQUE
Asthme
BPCO
HYPERINFLATION DYNAMIQUE
NORMAL
CRF + VT CRF
Figure 3-2 Auto-PEEP.
INSUFFISANCE RÉNALE –
INSUFFISANCE HÉPATIQUE
F. Bonnet
— acidose métabolique ;
— hypertension artérielle, hypervolémie chez les patients dialysés
(connaître leur poids « sec ») ;
— neuropathie périphérique ;
— augmentation du contenu gastrique et retard à la vidange gastrique ;
— cœur : épanchement péricardique – insuffisance cardiaque ;
— recherche d’une infection urinaire.
Préparation à l’intervention
Conduite de l’anesthésie
Effets des agents anesthésiques sur le rein : le métabolisme des
agents halogénés est susceptible de produire des ions fluorides qui sont
néphrotoxiques. En pratique, les halogénés utilisés actuellement sont
métabolisés pour une très faible proportion (< 2 p. 100) et sans effet
néphrotoxique démontré chez l’homme. Les principales altérations de
la fonction rénale résultant de l’action des agents anesthésiques sont la
conséquence de l’hypotension qui peut altérer la pression de filtration
glomérulaire.
Autres agents thérapeutiques : attention aux AINS qui favorisent la
rétention hydro-sodée et sont néphrotoxiques.
Effets de l’insuffisance rénale sur le métabolisme des agents anes-
thésiques (voir chapitres spécifiques). L’insuffisance rénale modifie la
pharmacocinétique des agents anesthésiques car :
— elle change le volume de distribution ;
— elle diminue la capacité de liaison protéique ;
— elle augmente la proportion de formes non ionisées du fait de
l’acidose métabolique ;
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 51
PATHOLOGIE HÉPATIQUE
ET INSUFFISANCE HÉPATOCELLULAIRE
Étiologies
Bilirubine
L’hyperbilirubinémie est un marqueur important des pathologies
hépatiques. L’élévation de la bilirubine conjuguée (cholestase) est
la conséquence d’un obstacle sur les voies biliaires intrahépatiques
(cirrhose) ou extrahépatiques (lithiase). L’élévation de la bilirubine
libre résulte d’un excès de production par rapport aux capacités de
conjugaison : transfusion massive, résorption d’hématomes tissulaires
extensifs, anomalie de la glycuro-conjugaison (maladie de Gilbert).
La sévérité de la maladie peut être appréciée par le score de Child-
Pugh (tableau 3-X).
Encéphalopathie
Les manifestations vont des troubles du sommeil à l’astérixis, au
syndrome confusionnel et au coma. L’hyperammoniémie ne cor-
rèle pas avec la sévérité de l’encéphalopathie. La physiopatho-
génie fait intervenir l’élévation du taux d’acide γ-aminobutyrique.
L’encéphalopathie se complique d’œdème cérébral qui doit être traité
et comporte un risque de myélinolyse centropontine surtout s’il existe
une hyponatrémie.
Bilirubine (mg/L) *
< 20 20-30 > 30
Système cardiovasculaire
Les cirrhoses s’accompagnent d’un état cardiocirculatoire hyper-
dynamique : élévation du débit cardiaque, hypotension et chute des
résistances artérielles en partie dues aux développements de multiples
shunts artérioveineux (notamment pulmonaires responsables d’hypo-
xémie).
Système respiratoire
Les échanges gazeux sont altérés du fait de l’augmentation des
zones de bas rapport ventilation/perfusion par augmentation du débit
cardiaque et réduction de la vasoconstriction hypoxique, mais aussi
du fait de la création d’atélectasies en cas d’ascite ou d’épanchement
pleural. Cyanose et hippocratisme digital sont les stigmates cliniques
du shunt intrapulmonaire. Chez certains patients, il est possible d’ob-
server une hypertension artérielle pulmonaire associée à l’hyperten-
sion portale.
Système digestif
L’hypertension portal s’accompagne d’une splénomégalie (et
d’un hypersplénisme). Le développement de varices œsophagiennes
comporte un risque de rupture (traitement préventif par bêtablo-
quant).
Fonction rénale
Le syndrome hépatorénal est le stade ultime du retentissement de la
maladie hépatique sur la fonction rénale. Il se caractérise par une oli-
gurie une rétention hydro-sodée et une insuffisance rénale chronique
résultant d’une réduction de la filtration glomérulaire du fait d’une
chute de la pression de perfusion et d’une diminution de la pression
oncotique. Le système rénine-angiotensine est stimulé et il existe un
hyperaldostéronisme.
Coagulopathie
La synthèse des facteurs de coagulation II, VII, IX, X est altérée en
cas d’insuffisance hépatique ou de cholestase et le taux de prothrom-
bine est allongé. Une thrombopénie accompagne l’hypersplénisme et
s’associe également à une CIVD chronique qui peut se décompen-
ser notamment en cas de sepsis. Une anémie peut résulter aussi bien
d’un saignement que d’un déficit de production du fait d’une carence
en folates, fer, B12 et d’un hypersplénisme.
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 55
Évaluation préanesthésique
Conduite de l’anesthésie
Chirurgie
PATIENT DIABÉTIQUE
E. F. Tounou-Akue, M. Ohana
ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE
Complications cardiovasculaires
Cardiopathie ischémique
L’incidence de la maladie coronaire est multipliée par 2 à 3. C’est
la principale cause de décès chez le diabétique de type 2. Lorsque le
patient n’est pas coronarien connu, il faut s’attacher au dépistage de
l’ischémie myocardique silencieuse (IMS). Il s’agit d’un patient ayant
des lésions coronariennes significatives sans douleur thoracique au
repos, à l’effort ou au froid et sans cardiomyopathie ou valvulopathie.
L’ECG de repos peut être normal ou montrer des signes d’ischémies.
58 ÉVALUATION DU RISQUE ANESTHÉSIQUE
> 40 ans (type 1 depuis plus Plus de 65 ans avec une des situations
de 15 ans) ou > 60 ans (type 2) suivantes :
avec un des signes suivants : – ménopause précoce non
– néphropathie substituée
– microalbuminurie/protéinurie – artérite
– artérite des membres inférieurs – antécédent d’AVC
– antécédents d’AVC – protéinurie avec ou sans
– tabagisme majeur ou ancien insuffisance rénale
– association HTA tabac
hyperlipidémie
Hypertension artérielle
Présente chez 40 à 60 p. 100 des diabétiques de type 2, l’hypertension
artérielle est favorisée par l’obésité, l’atteinte rénale, le syndrome
d’apnée du sommeil et le tabagisme. Elle majore les complications
vasculaires du diabète et son contrôle en préopératoire est nécessaire
afin de prévenir une instabilité hémodynamique peropératoire et la
survenue de complications coronarienne ou rénale. Le traitement vise
à maintenir une pression artérielle inférieure à 130/80 mmHg. Toutes
les classes d’antihypertenseurs (bêtabloquant cardiosélectif, diurétique
thiazidique, inhibiteur calcique, inhibiteur de l’enzyme de conversion,
antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II) peuvent être utilisées
en monothérapie ou le plus souvent en association.
Neuropathie
Neuropathie périphérique
Le diabète provoque une neuropathie sensitivomotrice (mono- ou
polynévrite) par perte de fibres nerveuses myélinisées et non myé-
linisées. Fréquente après 15 ans d’évolution du diabète (50 p. 100),
elle est souvent asymptomatique et prédispose aux plaies du pied avec
risque d’amputation.
Elle doit être recherchée systématiquement car son existence peut
avoir des implications dans l’anesthésie locorégionale (augmentation
de la durée du bloc, risque de complications accru).
Neuropathie dysautonomique
Elle fait suite à une dégénérescence des fibres ortho- et parasympa-
thiques. Elle est retrouvée chez 20 à 50 p. 100 des diabétiques.
• La dysautonomie cardiaque (tableau 3-XII) est un déséquilibre
entre le système vagal dont l’activité est réduite et le système sympa-
thique dont l’activité est maintenue. Ces patients présentent un risque
d’infarctus du myocarde indolore, de troubles du rythme (fibrillation
ventriculaire) et sont exposés au risque d’instabilité hémodynamique
periopératoire.
Risque rénal
Risque infectieux
Cicatrisation
Choix de l’anesthésie
Diabète de type 2
Si le diabète est équilibré et la chirurgie mineure, les antidiabétiques ne
sont pas arrêtés. En cas de chirurgie majeure les sulfamides doivent être
arrêtés la veille, les biguanides doivent être arrêtés 12 à 24 h avant l’inter-
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 63
Diabète de type 1
MALADIES NEUROMUSCULAIRES
C. Rémy
MYOPATHIES
La succinylcholine est contre-indiquée.
La myopathie de Duchenne et la myotonie de Steinert sont les plus
fréquentes.
SYNDROMES MYASTHÉNIQUES
Myasthénie
• Incidence. 1/50 000.
• Physiopathologie. Destruction des récepteurs nicotiniques post-
synaptiques par auto-anticorps, souvent liée à une anomalie thymique
(65 p. 100) (hyperplasie ou thymome).
66 ÉVALUATION DU RISQUE ANESTHÉSIQUE
Préopératoire
• Évaluation clinique de la gravité. Classification d’Osserman :
— stade I : atteinte localisée (oculaire) ;
— stade II : faiblesse généralisée ; II A/IIB : sans ou avec atteinte
bulbaire (troubles de la déglutition) ;
— stade III : début aigu et/ou troubles respiratoires ;
— stade IV : myasthénie évoluée grave avec troubles de la dégluti-
tion ou ventilatoires.
• Examens complémentaires : GDS, EFR, ionogramme sanguin (si
traitement par corticoïde).
• Préparation à l’intervention. Interrompre les ACE 24 h avant
l’intervention si possible (en fonction de la sévérité). Poursuivre les
traitements immunosuppresseurs. Kinésithérapie respiratoire. Prévenir
le patient du risque de ventilation postopératoire.
• Prémédication. Préférer l’hydroxyzine aux benzodiazépines.
• Prévoir une place en soins intensifs pour la période post-
opératoire.
Anesthésie
• L’extubation précoce est l’objectif principal lors du choix de la
technique anesthésique.
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 67
Anesthésie générale
• Les halogénés ont un effet propre de myorésolution.
• Le propofol est le produit de choix pour l’induction et l’entretien
de l’anesthésie.
• Les curares :
— dépolarisants : à réserver aux indications formelles. Puissance
diminuée, risque de bloc de phase 2, allongement du temps de récu-
pération ;
— non dépolarisants : puissance et durée d’action augmentée.
Monitorage indispensable. Choisir un curare d’action intermédiaire
(vécuronium, atracurium) à 10 p. 100 de sa posologie habituelle, pour
la première dose puis adapter en fonction des résultats du monitorage.
• Éviter les facteurs potentialisant le bloc neuromusculaire :
médicaments (aminosides, quinidiniques), hypothermie, désordres
métaboliques (acidose, dyskaliémie).
L’extubation répond aux mêmes critères que chez le sujet sain.
Période postopératoire
• Surveillance en soins intensifs. Risque de dépression respiratoire
pendant 48 h. Le diagnostic différentiel dans le contexte postopéra-
toire entre crise myasthénique et crise cholinergique est difficile. En
cas de survenue de difficulté respiratoire, le recours à une ventilation
assistée est nécessaire.
• Reprise du traitement. Les besoins postopératoires immédiats en
ACE sont très diminués voire nuls ; leur réintroduction précoce se fait
à faible dose en titrant en fonction des effets.
• Il peut s’agir :
— d’une atteinte du motoneurone d’origine centrale (accidents vas-
culaires cérébraux, ruptures d’anévrismes, traumatismes médullaires)
avec hémiplégie, paraplégie ou tétraplégie ;
— de lésions périphériques (section nerveuse, polyneuropathie,
poliomyélite), syndrome de Guillain-Barré ;
— de brûlures étendues ;
— de l’utilisation prolongée de curares non dépolarisants en réani-
mation, infection sévère, traumatismes musculaires étendus, polyneuro-
myopathie acquise en réanimation ;
— la prolifération et la modification des récepteurs nicotiniques
à l’acétylcholine dans les zones extra-jonctionnelles de la plaque
motrice (up regulation) entraînent un risque d’hyperkaliémie grave
et mortelle lors de l’utilisation de la succinylcholine, qui est formel-
lement contre-indiquée, passé un délai de quelques jours après la
constitution de la lésion et pour une durée prolongée. En revanche, les
curares non dépolarisants doivent être utilisés à une dose plus impor-
tante (sensibilité diminuée).
• ALR. Une comparaison des risques respectifs de l’anesthésie
générale et l’anesthésie périmédullaire doit être faite en collaboration
avec les neurologues, notée et expliquée au patient ou à sa famille.
Un examen neurologique documenté avant et après le geste permet
d’adopter une attitude thérapeutique adaptée, et d’étayer le choix du
type d’anesthésie.
Cas particulier : une paraplégie ou une tétraplégie ne contre-indique
pas une analgésie péridurale pour le travail obstétrical pour deux rai-
sons : si le niveau lésionnel est bas une sensibilité peut persister, s’il
est haut des réactions neurovégétatives peuvent se produire pendant
le travail.
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 69
SCLÉROSE EN PLAQUES
MALADIE DE PARKINSON
N. Lembert
DÉFINITIONS
ÉPIDÉMIOLOGIE
SIGNES CLINIQUES
Tests immédiats
Explorations à distance
Prémédication
Anesthésie
Mertes PM, Laxenaire MC, les membres du GERAP. Épidémiologie des réac-
tions anaphylactiques et anaphylactoïdes peranesthésiques en France. Septième
enquête multicentrique (janvier 2001-décembre 2002). Ann Fr Anesth Réanim.
2004 ; 23 : 1133-43.
Prévention du risque allergique peranesthésique. Texte court. SFAR-SFA. Ann Fr
Anesth Réanim. 2011 ; 30 : 212-22.
N. Lembert
MODIFICATIONS PHYSIOLOGIQUES
• Système nerveux :
— ↓ masse cérébrale (–30 p. 100 à 80 ans) ;
— ↓ connexions neuronales et des neurotransmetteurs ;
— ↓ performances intellectuelles et de la mémoire.
On observe une augmentation d’épisodes confusionnels, troubles du
comportement et délires postopératoires qui sont à l’origine d’une sur-
morbidité.
Et par ailleurs une des conséquences de l’altération des fonctions
supérieures est la sous-estimation de la douleur et une prise en charge
inadaptée.
• Système cardiovasculaire :
— ↑ pression artérielle (± HVG) par ↓ de l’élasticité artérielle
(↑ des résistances systémiques) ;
— ↓ nombre de myocytes occasionnant des troubles du rythme et
de conduction ;
— ↑ athérome coronaire responsable d’insuffisance coronarienne ;
— ↓ réponse cardiovasculaire au stress ;
— ↓ débit cardiaque (–60 p. 100 à 90 ans) très dépendant du retour
veineux.
Le déplacement de l’autorégulation des débits d’organes (cerveau –
rein) vers des pressions supérieures à la normale et l’existence de sté-
noses sur les artères irriguant les organes tels que le cœur, le rein ou le
cerveau rend ces organes particulièrement sensibles à l’hypotension.
• Système respiratoire :
— ↑ rigidité de la cage thoracique (↓ compliance pariétale) ;
— ↓ force des muscles respiratoires ;
— ↓ élasticité pulmonaire ;
— altération du contrôle respiratoire ;
— ↓ clairance mucociliaire ;
— ↓ réflexe de toux et troubles de déglutition.
Ces altérations induisent une diminution de tous les volumes pulmo-
naires, une altération des rapports ventilation/perfusion, une hypoxé-
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 79
Âge en années
Poids en kilogrammes
Créatininémie en μmol/L
C = 1,23 pour l’homme et 1,05 pour la femme
ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE
ANESTHÉSIE
• Trois règles :
— réduction des besoins en agents anesthésiques ;
— administration en titration d’agents de courte durée d’action ;
— monitorage de leurs effets.
• Trois objectifs :
— stabilité hémodynamique pour maintenir une pression de perfu-
sion efficace (cérébrale-coronaire) ;
— contrôle de la température ;
— stratégie transfusionnelle.
• Anesthésie ambulatoire possible et souhaitable mais sélection
stricte des patients++ (entourage familial fiable et présent).
• Pas de différence en termes de morbi-mortalité entre anesthésie
générale et anesthésie rachidienne.
• Bénéfice probable de l’anesthésie plexique, tronculaire ou locale
mais attention en cas de sédation associée !
• Anesthésie générale avec agents de courte durée d’action ; admi-
nistration titrée ; monitorage de ses effets. L’installation et les mani-
pulations du patient âgé doivent être prudentes et minutieuses ;
l’ostéoporose et l’arthrose banales chez ces patients exposent aux
risques de fractures, d’étirements ou de luxations. La peau est fragile,
exposée à des risques de nécrose par compression et d’escarres.
PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE
ANESTHÉSIE
DE LA FEMME ENCEINTE
A. Salengro
TYPES DE CHIRURGIE
• Modifications respiratoires :
— augmentation de la consommation d’oxygène ;
— diminution du volume résiduel ;
— diminution de la capacité résiduelle fonctionnelle : diminution
de la réserve en oxygène ; hypoxie plus rapide lors de l’apnée ; aug-
mentation de la ventilation minute : hypocapnie de base ;
• Modifications pouvant induire une difficulté d’intubation :
— augmentation du volume des seins ;
— œdème laryngé ;
— prise de poids affectant les tissus mous du cou : risque d’intuba-
tion difficile multiplié par 8.
• Modifications digestives :
— diminution du tonus du sphincter inférieur de l’œsophage ;
— augmentation de la pression intragastrique ;
— ouverture de l’angle de His ;
— sécrétion de gastrine placentaire ;
— une parturiente est considérée comme estomac plein à partir de
20 semaines d’aménorrhée.
• Modifications cardiocirculatoires :
— diminution des résistances vasculaires systémiques : hypotension
lors de la première partie de la grossesse ;
84 ÉVALUATION DU RISQUE ANESTHÉSIQUE
RISQUE FŒTAL
EN PRATIQUE
Prémédication
Induction
Entretien
Période postopératoire
• Analgésie :
— paracétamol, morphine : pas de contre-indication ;
— AINS : contre-indiqués au 3e trimestre (risque de fermeture pré-
maturée du canal artériel, d’hypertension artérielle pulmonaire et d’in-
suffisance rénale chez le fœtus) ;
— néfopam : études cliniques insuffisantes ;
— tramadol : pas de contre-indication mais on préférera utiliser de
la codéine et réserver cet antalgique en cas d’inefficacité de la codéine.
• Anesthésiques locaux : privilégier les blocs périphériques.
• Prophylaxie thromboembolique par HBPM.
ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE
SURVEILLANCE FŒTALE
ANESTHÉSIE EN URGENCE
S. El Metaoua, C. Blayau
Consultation d’anesthésie
L’évaluation du patient doit particulièrement rechercher des élé-
ments susceptibles d’aggraver une situation déjà délicate, tels qu’une
intubation difficile ou des risques allergiques.
Préparation du patient
Prémédication
Elle a pour objectif de diminuer le volume gastrique et d’augmenter
le pH du liquide gastrique.
Deux classes de produit sont utilisables :
— les antiacides : le citrate de sodium 0,3 molaire est le produit de
référence. Son délai d’action est rapide (5 à 15 min), sa durée d’action
varie de 2 à 3 h. Les hydroxydes d’aluminium sont contre-indiqués en
raison de leur caractère particulaire.
— les antihistaminiques H2 : ils n’ont aucun intérêt à l’induction
mais sont intéressants au réveil et à l’extubation. En effet ils ont une
longue durée d’action (4 à 12 h) mais leur délai d’action est supérieur
à 30 min par voie orale.
Les formes effervescentes (Ranitidine® 150 mg, Tagamet® 200 mg),
où l’anti-ulcéreux est associé au citrate de sodium, permettent de
réduire le délai d’action tout en conservant une durée d’action suf-
fisante pour couvrir les périodes per- et postopératoires immédiates.
Aspiration gastrique
L’attitude est controversée. En effet la sonde gastrique diminue le
volume du contenu gastrique mais ne garantit pas la vacuité de l’es-
tomac ni l’évacuation des débris solides et elle est source de stress et
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 89
Induction anesthésique
Généralités
• Induction à séquence rapide : elle nécessite au moins deux per-
sonnes expérimentées et une bonne coordination.
• Ventilation assistée au masque facial proscrite car l’insufflation de
gaz dans l’estomac peut engendrer une surpression gastrique majorant
le risque de régurgitations.
• Sonde d’intubation vérifiée de calibre adapté.
• Deux vérifications sont primordiales avant l’induction :
— avoir la possibilité de mettre le patient en position déclive
(table basculante avec commande électrique ou manivelle à portée
de main) ;
— disposer du matériel d’aspiration de forte puissance en état de
marche à la tête du patient.
Anesthésiques utilisables
• Les hypnotiques :
— le thiopental (5 à 7 mg ⋅ kg–1) reste l’agent de référence pour
l’induction rapide car il est puissant, rapide et il déprime les centres
du vomissement et les réflexes pharyngo-laryngés ;
— le propofol (2,5 mg ⋅ kg–1) : ses effets hémodynamiques condui-
sent à ne l’utiliser qu’en cas de stabilité hémodynamique. Les dou-
leurs à l’injection du propofol peuvent être un frein à son utilisation
dans cette situation où l’on cherche à éviter toute stimulation noci-
ceptive ;
— l’étomidate (0,3 mg ⋅ kg–1) ou la kétamine (2-3 mg ⋅ kg–1) sont
utilisés en cas d’état hémodynamique instable.
• Les curares :
— la succinylcholine reste l’agent de référence capable d’assurer
très rapidement (moins d’une minute) une curarisation puissante, mais
néanmoins réversible dans des délais acceptables (moins de 10 min) ;
— le rocuronium ou le mivacurium peuvent toutefois être utilisés
en cas de contre-indications de la succinylcholine. Les doses doivent
être augmentées (3 fois ED95) pour diminuer le délai d’installation et
améliorer la qualité de la curarisation. Le rocuronium peut être anta-
gonisé par le sugammadex en cas d’intubation difficile. Il n’y a pas de
possibilité d’antagonisation immédiate du mivacurium.
90 ÉVALUATION DU RISQUE ANESTHÉSIQUE
• Les morphinomimétiques :
Ces produits sont exclus des protocoles d’induction rapide du fait
des vomissements qu’ils peuvent provoquer sauf dans les situations
où le retentissement hémodynamique de l’intubation pourrait être
délétère pour le patient (cardiopathie ischémique et toxémie gravi-
dique). Dans ces situations, on choisira un morphinomimétique avec
un délai d’action rapide et une courte durée d’action comme l’alfenta-
nil (30-40 μg ⋅ kg–1) ou le rémifentanil (> 1 μg ⋅ kg–1).
Dénitrogénation
Elle est effectuée en ventilation spontanée en oxygène pur pendant
3 min ou réduite à 4 inspirations forcées lors des situations d’extrême
urgence. Le meilleur témoin d’une bonne préoxygénation est une frac-
tion expirée en oxygène (FEO2) > 90 p. 100.
Manœuvre de Sellick
Elle consiste à exercer une pression sur le cartilage cricoïde et per-
met d’empêcher la régurgitation du contenu gastrique dans le pha-
rynx en maintenant une pression œsophagienne supérieure à celle de
l’estomac (figure 3-3). Cette technique est efficace si elle est appli-
quée correctement. La manœuvre de Sellick doit être effectuée avant
l’induction et maintenue jusqu’au contrôle de la bonne position de la
sonde d’intubation (capnographe, auscultation).
En cas d’échec de l’intubation, la manœuvre de Sellick sera mainte-
nue, pour permettre la ventilation au masque.
Réveil anesthésique
Physiopathologie
Choc septique
Quelques définitions :
• Le syndrome de réponse inflammatoire systémique (SIRS) est
caractérisé par la présence de 2 ou plus des signes suivants :
— température centrale > 38 °C ou < 36 °C ;
— rythme cardiaque > 90 b ⋅ min–1 ;
— tachypnée (rythme respiratoire > 20 c ⋅ min–1) ;
— altération du chiffre de GB : > 12 000 cellules/mm3 ou < 4 000
cellules/mm3 ou présence de près de 10 p. 100 de formes immatures
de PNN.
• Le sepsis est un SIRS secondaire à un processus infectieux.
• Le sepsis sévère est un sepsis avec une défaillance d’organe ou
l’évidence de signes d’hypoperfusion ou une hypotension artérielle.
• Le choc septique est un sepsis sévère persistant malgré le rem-
plissage ou nécessitant l’introduction de drogues vasoactives ou de
catécholamines.
Un état de choc septique est caractérisé par une pression artérielle
basse en raison de résistances vasculaires effondrées, associées à
une dysfonction myocardique. Un certain degré de dépression myo-
cardique existe probablement chez tous les patients en état de choc
septique, mais seuls 10 p. 100 à 20 p. 100 des patients nécessitent
l’usage d’inotropes. La dysfonction myocardique débute préco-
cement dans l’histoire du sepsis (24 à 48 premières heures). Elle
est réversible en 5 à 10 jours pour les survivants. Elle est diag-
nostiquée par l’association d’un index cardiaque < 2,5 l/m2, une
SvO2 < 70 p. 100 et une pression artérielle pulmonaire d’occlusion
(PAPO) > 15 mmHg.
L’hypotension systémique entraîne une diminution de la pression
de perfusion des organes pouvant aboutir à une défaillance viscé-
rale. Grâce au phénomène d’autorégulation, le débit sanguin d’un
organe reste constant lorsque la pression de perfusion varie dans
une large plage de valeurs. En dessous de leur seuil d’autorégula-
tion, le flux sanguin des organes devient linéairement dépendant
de la pression de perfusion. C’est pourquoi l’une des priorités thé-
rapeutiques du choc septique est le rétablissement d’une pression
de perfusion d’organe adéquate. Cet objectif requiert le plus sou-
vent l’administration de vasopresseurs. Par ailleurs, l’hypovolémie
(relative ou absolue) est un facteur qui contribue à l’instabilité
hémodynamique initiale du choc septique et qu’il faut corriger
rapidement.
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 93
Choc hémorragique
Une hémorragie se traduit par des manifestations cliniques et des
signes de choc lorsque la perte sanguine est supérieure à 40 p. 100 de
la masse sanguine estimée à 70 à 80 ml/kg (tableau 3-XV).
Cette spoliation sanguine entraîne une hypovolémie et des phéno-
mènes compensateurs pour maintenir la perfusion tissulaire. Plusieurs
phases du choc hémorragique peuvent ainsi être artificiellement indi-
vidualisées. Dans un premier temps, les conséquences tissulaires du
choc sont compensées par la mise en jeu d’une stimulation sympa-
thique responsable d’une tachycardie et d’une vasoconstriction arté-
rielle dans certains territoires (peau, muscles, territoire splanchnique)
et une redistribution du débit cardiaque vers le cœur et le cerveau. Ces
différents mécanismes de compensation ont une durée limitée dans le
temps. Secondairement, lorsque les mécanismes compensateurs sont
épuisés, une souffrance tissulaire apparaît avec la libération de nom-
breux facteurs responsables d’une vasodilatation et d’une baisse du
débit cardiaque.
La dernière phase correspond à un état de choc irréversible entraî-
nant le décès du patient quelle que soit la thérapeutique mise en route.
À ce stade, la souffrance tissulaire est telle qu’elle est responsable
d’une dépression myocardique évoluant pour son propre compte et
d’une défaillance multiviscérale avec, en particulier, une coagulation
intravasculaire disséminée.
Hypnotiques
• Protoxyde d’azote : c’est un dépresseur myocardique direct. Le
protoxyde d’azote n’est pas recommandé chez les patients en état de
défaillance multiviscérale secondaire à une infection sévère ou à une
hémorragie massive.
94 ÉVALUATION DU RISQUE ANESTHÉSIQUE
Morphinomimétiques
Ils ont peu d’effets cardiovasculaires. Les morphinomimétiques his-
taminolibérateurs (morphine) créent une vasodilatation artériolaire et
veineuse dépendante de la dose. Les autres morphiniques ne modifient
ni la précharge ni la post-charge quand le système sympathique n’est
pas stimulé au préalable à leur administration.
Curares
La succinylcholine : dans le cadre de l’anesthésie d’un patient en
état de choc, l’injection de succinylcholine provoque une élévation
transitoire de la kaliémie d’environ 0,5 mmol · l-1. En ce qui concerne
les autres curares, leurs effets dépendent de l’interaction avec le sys-
tème nerveux autonome et des pouvoirs histaminolibérateurs.
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 95
Évaluation préanesthésique
Elle consiste à préciser les antécédents médico-chirurgicaux et aller-
giques du patient, les traitements éventuels, de s’enquérir des mesures
de réanimation déjà prises et de rechercher des critères prédictifs d’in-
tubation difficile.
Les signes de choc, telles les marbrures, la pâleur, la soif, la poly-
pnée, sont à rechercher et doivent attirer l’attention s’ils sont présents.
Bilan préopératoire
Celui-ci doit être le plus simple. Un groupage sanguin comprenant
deux déterminations et la recherche d’agglutinines irrégulières (RAI),
ainsi qu’un bilan prétransfusionnel doivent impérativement être dispo-
nibles aussi bien dans le choc hémorragique que septique. Une numé-
ration des plaquettes ainsi qu’une crase sanguine permettent d’évaluer
la nécessité de corriger un éventuel trouble de l’hémostase. Un bilan
comportant un ionogramme sanguin avec urée, créatinine sanguine,
un dosage du lactate sanguin, des enzymes hépatico-pancréatiques et
du calcium ionisé et une mesure des gaz du sang artériel, permet de
diagnostiquer une éventuelle défaillance d’organe débutante, d’évaluer
le degré de l’hypoperfusion d’organe et servira de référence pour les
périodes per- et postopératoires.
Monitorage
Outre la surveillance des paramètres classiques que sont la fréquence
cardiaque, l’oxymétrie de pouls et la capnométrie, la surveillance de
la pression artérielle mesurée par une technique invasive continue est
préférable car elle rend compte de façon instantanée des variations.
De plus, l’étude des variations de la PAS permet d’apprécier la volé-
mie du patient ventilé et anesthésié. Enfin, la présence d’un abord
artériel simplifie la réalisation de bilans sanguins répétés. Cependant,
la pose d’un cathéter artériel ne doit en aucun cas retarder la prise en
charge chirurgicale du patient. L’abord fémoral reste le plus fiable et
le plus simple, notamment quand l’urgence est extrême et la pression
artérielle très basse. Cependant ce site de ponction est plus difficile à
96 ÉVALUATION DU RISQUE ANESTHÉSIQUE
Conditionnement
La nécessité d’assurer un remplissage vasculaire rapide, et souvent
massif, et l’administration de catécholamines imposent de disposer
d’abords veineux de fort calibre. En situation où l’abord veineux est
difficile, la veine fémorale est l’abord de choix. Les dispositifs de
réchauffement des solutés et d’accélération de perfusion doivent être
disponibles et être préparés avant l’arrivée du patient en salle d’inter-
vention dans le cas d’un choc hémorragique.
Induction
L’induction de l’anesthésie se fait selon une séquence rapide. Elle
doit tenir compte du fait que la correction de l’état hémodynamique
n’est que partielle et qu’il faut donc réduire, en les titrant, les doses
des différents agents (en monitorant la profondeur d’anesthésie). Le
choix de l’agent d’induction est débattu car aucune substance ne pro-
voque une narcose tout en préservant une perfusion adéquate chez un
patient choqué.
La kétamine (0,5-1,5 mg ⋅ kg–1) est souvent considérée comme
l’hypnotique idéal pour le patient en état de choc.
L’étomidate (0,2-0,4 mg/kg) est utilisable chez les malades instables
au plan hémodynamique. Cependant, son effet dépresseur sur la fonc-
tion surrénalienne peut poser un problème théorique dans le cadre
d’un choc septique. En effet, cet agent diminue la sécrétion du cortisol
STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE SELON LE TERRAIN 97
Entretien
Si l’état hémodynamique est instable, on utilise préférentiellement
les morphinominétiques, adaptés à la profondeur d’anesthésie.
Les morphinomimétiques utilisés ont peu d’effets hémodynamiques
mais majorent cependant les effets cardiovasculaires des hypnotiques.
Les halogénés, dont la place est restreinte, peuvent être utilisés une
fois le problème hémorragique contrôlé. Le protoxyde d’azote doit
être évité du fait de son retentissement hémodynamique et du risque
de majoration des épanchements gazeux.
Réanimation peropératoire
L’objectif est de maintenir une pression artérielle compatible avec
la perfusion tissulaire, soit une valeur de pression artérielle moyenne
(PAM) à 70 mmHg sauf en cas de traumatisme crânien grave, où
l’objectif sera alors de 90 mmHg pour maintenir la pression de per-
fusion cérébrale. Le premier traitement consiste en la restauration
d’une volémie efficace par un remplissage vasculaire rapide et sou-
vent massif dans le cadre d’un choc hémorragique. Selon les recom-
mandations : les cristalloïdes isotoniques sont utilisés en première
intention lors de pertes modérées, mais ont un pouvoir d’expansion
volémique plus faible que les colloïdes. Les colloïdes [les gélatines
fluides modifiées et les hydroxyéthylamidons (HEA)] sont utilisés si
le contrôle tensionnel est difficile. Toutefois, leur utilisation doit tenir
compte de leurs inconvénients respectifs : allergie pour les gélatines,
effets néfastes sur l’hémostase et volume autorisé limité pour les HEA
(33 ml/kg).
Le maintien de l’objectif tensionnel s’appuie sur l’administration
d’amines vasopressives. La noradrénaline trouve, de par son action
vasoconstrictrice, une place de choix. Elle permet d’atteindre plus
rapidement l’objectif tensionnel, de diminuer les volumes perfusés, de
lutter contre une éventuelle vasoplégie d’origine inflammatoire (qui
peut être précoce) et de limiter les accès d’hypotension, notamment
98 ÉVALUATION DU RISQUE ANESTHÉSIQUE
Période postopératoire
Conclusion
A. D. Radu, T. Jeandel
PHYSIOPATHOLOGIE
Système cardiovasculaire
Fonction respiratoire
Troubles gastro-intestinaux
Diabète
Risques thromboemboliques
SPÉCIFICITÉS PHARMACOLOGIQUES
ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE
Co-morbidités
Consultation d’anesthésie
Elle permet :
— l’évaluation des pathologies associées (SAS, RGO, HTA, dia-
bète) et de leurs traitements susceptibles d’interagir avec l’anesthésie ;
— l’évaluation du retentissement cardiaque et ventilatoire de l’obésité ;
— la recherche des critères d’intubation difficile, et de difficulté
d’abords veineux périphériques.
L’évaluation du risque de ventilation au masque et de contrôle des
voies aériennes supérieures (ventilation au masque difficile et intuba-
tion difficile) est importante. Les critères prédictifs habituels d’une intu-
bation difficile sont peu fiables chez l’obèse qui présente des critères
spécifiques comme l’augmentation de la circonférence du cou (si la cir-
conférence du cou = 40 cm, la probabilité d’IOT difficile est de 5 p. 100
et si cette circonférence est > 60 cm, la probabilité d’IOT difficile est de
35 p. 100), ou la présence d’un syndrome d’apnée du sommeil (ronfle-
ment, somnolence diurne voire inversion du cycle nycthéméral, et arrêts
respiratoires pendant la nuit signalés par le conjoint). La probabilité
d’un SAS est évaluée par le score d’Epworth (tableau 3-XVI).
Visite préanesthésique
PÉRIODE PEROPÉRATOIRE
nCPAP
Oui Non
Bonne utilisation
Période préanesthésique
X. Dupont
JEÛNE PRÉOPÉRATOIRE
PRÉMÉDICATION
Complications
Classes Interruption possibles (en Traitement
de médicaments du traitement cas de non- de relais
arrêt)
IEC (excepté si 24 à 48 heures Hypotension Inhibiteur calcique
l’indication du artérielle, (en fonction de
traitement est voire l’augmentation
l’insuffisance collapsus de PA)
cardiaque),
ARA II
Diurétiques Ne pas donner Hypovolémie Aucun
le matin de
l’intervention
AVK Fonction Hémorragiques HBPM ou
de l’INR et Calciparine®
de la molécule ou héparine IV
d’AVK
∼ 4 à 5 jours
Antiplaquettaires Non systématique Hémorragiques HBPM
(clopidogrel) Si arrêt, 5 jours
Biguanides 48 heures Hypoglycémie Perfusion de G5 %
Acidose ± Actrapid® en
lactique fonction de l’HGT
soir car elle permet au patient de passer une bonne nuit, et éventuelle-
ment répétée le matin de l’intervention quelle que soit l’heure de pas-
sage au bloc opératoire. L’hydroxyzine présente l’intérêt d’une action
antiallergique et bronchodilatatrice malgré des effets anxiolytiques
plus modestes que ceux des benzodiazépines. Au bloc opératoire le
midazolam IV peut être administré en titration selon les besoins du
patient. En chirurgie ambulatoire les patients ne sont pas prémédiqués.
• L’anticipation de l’analgésie postopératoire peut débuter pour les
interventions de courte durée par la prescription le matin de l’inter-
vention de paracétamol per os ou d’un AINS.
• La prévention des nausées et vomissements postopératoires peut
être assurée avant l’induction de l’anesthésie par l’administration de
dexaméthasone (8 mg).
• Tous les médicaments prescrits per os le matin de l’intervention
doivent être administrés dans un volume minimum d’eau (1/4 verre).
Je prépare
ma salle d’anesthésie
J. de Montblanc
Aide-mémoire
Avant de pratiquer une anesthésie, je vérifie le « MASTER PLAN »
M : machine d’anesthésie P : pulse oxymètre
A : airway (tous les dispositifs assurant L : laryngoscope
le contrôle des voies aériennes) A : anesthetic agents
S : succion (aspiration) N : notes (dossier du patient)
T : tube (sondes d’intubation)
E : ECG (scope)
R : Ringer (solutés)
Mise en service
Patient
Pièce en Y
Valve inspiratoire
Valve
expiratoire
Bac à chaux
Évaporateur
O2 rapide
Soufflet
Valve
APL Cloche étanche
Ballon
Contrôle électronique
du flux
Contrôles de
Pmax & PEEP
Alimentation en gaz
Alimentation bouteille
Elle est destinée à pallier une panne dans l’alimentation centrale
des gaz (oxygène et/ou protoxyde d’azote). Les bouteilles doivent
être raccordées à la partie postérieure de la machine. L’autonomie est
fonction de la capacité de la bouteille (gravée sur la bouteille) et de
la pression (à lire sur le manomètre) régnant à l’intérieur de celle-ci.
Après la vérification de la pression dans la bouteille, il convient de
refermer le robinet principal afin d’éviter le prélèvement de gaz de la
bouteille de réserve pendant le fonctionnement normal.
Exemple : les bouteilles d’oxygène de type Présence® ont une capa-
cité de 5 l. Lorsque le manomètre indique 150 bar, l’utilisateur dispose
de 150 × 5 l soit 750 l. Si la consommation est de 10 l par minute,
l’autonomie est de 750/10 soit 75 min. Ceci est l’autonomie maxi-
male théorique. Il convient d’être prudent et de considérer que seuls
75 p. 100 sont utilisables. L’autonomie est alors de l’ordre de 56 min.
Évaporateurs
Fixation : l’évaporateur est bien droit et solidement fixé sur son rac-
cord. Le levier de verrouillage est dirigé vers la gauche.
Position « zéro » : le volant est en position fermée, encliqueté sur la
valeur « 0 ».
Le niveau d’agent anesthésique volatile est suffisant. On remplit la
cuve si besoin.
Rappel : la cuve se remplit le volant en position fermée.
Circuit patient
Connexions
Vérifier la solidité des connexions des tuyaux sur la machine ainsi
que leur étanchéité. De façon optionnelle, il est possible d’intercaler
un filtre entre le circuit patient et la machine d’anesthésie. Si on ne
met qu’un filtre entre le circuit patient et la machine, il doit être posi-
tionné sur le circuit expiratoire.
Rappel : il y a toujours un filtre antibactérien, réchauffeur et humi-
dificateur, entre le patient et la pièce en Y.
Chaux sodée
Vérifier la chaux sodée qui doit être non colorée, ce qui témoi-
gnerait du virage de l’indicateur et d’une péremption, évacuer l’eau
éventuellement accumulée. En cas de coloration, procéder à son rem-
placement. Vérifier l’étanchéité des connexions de la cuve à chaux
sodée souvent source de fuite.
Vider l’eau éventuellement accumulée dans les pièges à eau si le
circuit en dispose.
en aspirant l’eau avec une seringue (20 ml) connectée par son embout
Luer à la douille du piège à eau. En remettant en place le piège à eau
vide, on perçoit alors un « clic ».
Préparation à l’autotest
Réalisation de l’autotest
SUCCION – ASPIRATION
PULSE OXYMÈTRE :
OXYMÈTRE DE POULS – MONITORAGE RESPIRATOIRE
Plateau, étiquettes
Agents d’anesthésie
Agents de réanimation
ANNEXES
3. Succion – Aspiration
Vide médical opérationnel
Sondes d’aspiration
Circuit d’aspiration à usage unique
4. Tube – Sonde d’intubation
Sondes d’intubation de différentes tailles et modèles adaptées aux patients
et interventions prévus
Dispositifs alternatifs à l’intubation trachéale : masque laryngé…
Chariot d’intubation difficile
5. ECG
Moniteur ECG en ordre de marche
Cordon en bon état
JE PRÉPARE MA SALLE D’ANESTHÉSIE 123
Électrodes
Moniteur non invasif de la pression artérielle
Vérification du défibrillateur
8. Laryngoscope
Jeu complet de lames
Manche(s) de laryngoscope
Piles ou batterie chargées
Canules de Guedel
Pince de Magill
Mandrin souple béquillé (mandrin d’Eschmann)
Jeu de piles et de lampe de rechange
9. Agents
Plateau d’urgence prêt à l’emploi (atropine, éphédrine)
Plateau d’anesthésie prêt à l’emploi (hypnotique, morphinique, myorelaxant)
Agent d’urgence dans le chariot d’anesthésie : adrénaline 5 mg
Agents d’anesthésie adaptés aux patients et interventions prévus
10. Notes (dossier) et monitorage neuromusculaire
Dossier du patient
Dossier d’anesthésie
Vérification du moniteur de curarisation – électrodes de BIS
Aide-mémoire
124 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
F. Bonnet
Adaptée de la check-list de l’Organisation mondiale de la santé
« WHO Surgical Safety Check-list », http://www.who.int/patientsa-
fety/safesurgery/en, © World Health Organization 2008.
Après intervention
Hayne AB, Weiser TG, Berry WR, Lipsitz SR, Breizat AH, Dellinger EP
et al. A surgical safety check-list to reduce morbidity and mortality in global
population for the Safe Surgery Saves Lives Study Group. N Engl J Med. 2009 ;
360 : 491-9.
128 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Toff NJ. Check-list culture. We need a safety system (and an operation manual).
Brit Med J, 2010 Feb 23 ; 340 : c917 doi : 10.1136/bmj.c917.
Weiser TG, Haynes AB, Dziekan G, Berry WR, Lipsitz SR, Gawande AA.
Effect of a 19-item surgical safety check-list during urgent operations in a global
patient population. Ann Surg. 2010 ; 251 : 976-80.
Chapitre 6
VENTILATION AU MASQUE
MASQUE LARYNGÉ
DESCRIPTION
INSERTION
Figure 6-1 Le masque laryngé a été conçu par le Docteur Brain en 1981. Il
permet le contrôle des voies aériennes supérieures. Après insertion, il permet
une ventilation mécanique du patient à faible niveau de pression positive
(volume ou pression contrôlée) ou une ventilation spontanée. (Avec l’aimable
autorisation d’Intersurgical.)
INDICATIONS
CONTRE-INDICATIONS
Le masque laryngé ne doit pas être utilisé dans les situations à risque
de régurgitation ou de vomissement (hernie hiatale, obésité, grossesse,
patient à l’estomac plein) en périopératoire car il ne protège pas les voies
aériennes du risque d’inhalation. Les principales contre-indications sont :
l’estomac plein, la cœliochirurgie, le décubitus latéral ou ventral.
EFFETS SECONDAIRES
INTUBATION TRACHÉALE
MATÉRIEL
Laryngoscope
A B C
Figure 6-3 Position modifiée de Jackson.
Intubation nasotrachéale
EXTUBATION
COMPLICATIONS
DE L’INTUBATION
PLATEAU D’INTUBATION
Il contient :
— un laryngoscope ;
— des lames de tailles et de formes différentes ;
— une pince de Magill ;
— un mandrin rigide et un mandrin souple (Echmann) ;
— une seringue ;
— une canule de Guedel ;
— des sondes d’intubation de tailles différentes ;
— du sparadrap, des larmes artificielles ;
— il faut avoir à proximité le matériel d’intubation difficile et la
possibilité d’une aspiration.
INTUBATION TRACHÉALE
DIFFICILE
se fait habituellement par le nez ; elle peut être gênée par les secré-
tions et le saignement.
L’intubation se fait chez un patient sédaté en ventilation spontanée.
Laryngoscopes spéciaux
Le laryngoscope à fibres optiques (de Bullard) (figure 6-5) est un
laryngoscope conventionnel associé à un canal opérateur et un man-
drin. Il est indiqué en cas de traumatisme du rachis cervical. Il est à
éviter en cas d’ouverture de bouche limitée.
Le laryngoscope doté d’un prisme de Hufman s’adapte à une lame
ordinaire et permet de gagner 30° de champ de vision. Il permet d’évi-
ter les hyperextensions du rachis cervical. La sonde est guidée par un
mandrin déformable.
Airtraq®
L’Airtraq® (figure 6-6) se présente comme un système doté d’un
canal latéral dans lequel se loge la sonde d’intubation. Sa forme est
Figure 6-6 Airtraq®.
celle d’une canule de Guedel de telle sorte qu’une fois introduite, l’ex-
trémité se trouve placée dans le sillon glosso-épiglottique sans néces-
sité de luxer le maxillaire inférieur. Grâce à un système de miroir,
la glotte est visible directement et la sonde peut être introduite sous
contrôle visuel après un discret mouvement d’ascension du système
permettant de positionner l’extrémité de la sonde en face de la glotte.
C-Trach®
Le C-Trach® (figure 6-7) est un dispositif qui permet l’intubation à
travers un masque laryngé (comme le Fastrach®) ; il possède en plus
des fibres optiques de part et d’autres permettant la visualisation de la
glotte sur un petit écran.
Intubation rétrograde
C’est une technique invasive qui présente un taux d’échec faible
après apprentissage. Elle consiste à ponctionner la membrane crico-
ACCÈS AUX VOIES AÉRIENNES 145
Combitube®
Il s’agit d’une sonde œsotrachéale à double lumière permettant la
ventilation et la protection des voies aériennes. Il comporte deux tubes
et deux ballonnets (proximal pharyngien et distal).
Sa mise en place se fait sans laryngoscope après lubrification et
sans mobilisation céphalique. Il permet la ventilation du patient en
cathétérisant soit la trachée, soit l’œsophage. Les deux ballonnets doi-
vent être gonflés.
STRATÉGIE DEVANT
UNE INTUBATION DIFFICILE
EXTUBATION-RÉINTUBATION
Intubation AG Intubation
vigile, ventilation difficile
fibroscopie, spontanée imprévue
trachéotomie
Ventilation Ventilation
au masque au masque
efficace inefficace
Autres Masque
Échec laryngé
techniques,
mandrins,
etc.
Chirurgie Échec O2
Succès
transtrachéal
Fibroscopie,
Chirurgie Succès Échec
lame droite
Réveil
(2 essais
Intubation
< 5 min)
Trachéo-
Succès Échec Réveil
tomie
Réveil
Pharmacologie
des agents anesthésiques
N. Lembert
PHARMACOCINÉTIQUE
0,9
0,8
0,7
0,6 Isoflurane
Sévoflurane
Fa/Fi
0,5
Desflurane
0,4 N2O
0,3
0,2
0,1
0
0 2 5 10 15 20 25 30
Temps (min)
En conclusion
Moins l’agent est soluble (λs faible) :
→ moins la captation tissulaire est importante
→ plus la CA (reflet de la concentration cérébrale) augmente rapide-
ment (FA/FI rapidement proche de 1)
→ → plus l’induction anesthésique est rapide
→ plus la décroissance de la CA est rapide après arrêt administration
(FA/FAO rapidement proche de 0)
→ → plus le réveil est rapide
→ → → plus l’agent AAH est maniable
PHARMACODYNAMIE
L’effet princeps des AAH est l’induction d’une narcose sans analgé-
sie. Les sites d’action des AAH ont été récemment précisés : le récep-
teur GABA, les canaux potassiques et le récepteur NMDA.
Le coefficient de solubilité dans l’huile (λH ou coefficient de partage
huile/gaz) explique quant à lui la puissance de l’agent inhalé, expri-
mée le plus souvent par la concentration alvéolaire minimale (CAM).
152 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
CAM CAM
Agents inhalés λH en 100 p. 100 à 70 p. 100
à FiO2 = 1 de N2O
Protoxyde d’azote 1,40 104 –
Desflurane 18,7 7,25 3,5
RVS ↓↓↓ ↓ ↓ ↑
Débit cardiaque ↓ ↓ ↓ →
PAM ↓ ↓ ↓ ↑
Fréquence cardiaque ↑ → ↑ →
Arythmogénicité + + + 0
RV coronaires ↓↓↓ ↓ ↓ →
Effet de préconditionnement
Il a été démontré de façon expérimentale un effet cardioprotecteur
des AAH, plus difficile à mettre en évidence chez l’homme. Toutefois
154 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Effets respiratoires
Autres effets
Tous les AAH induisent une relaxation des muscles striés squelet-
tiques et sont susceptibles de déclencher une crise d’hyperthermie
maligne chez les patients génétiquement prédisposés. En pratique cli-
nique, les AAH potentialisent l’effet des curares.
Tous les AAH induisent de façon comparable une relaxation des
muscles lisses de l’utérus et diminuent le flux sanguin utérin. Ces
effets sont surtout marqués au-delà d’une CAM. La relaxation utérine
induite par les AAH contre-indique son utilisation en chirurgie obs-
tétricale. Les AAH traversent rapidement la barrière fœto-placentaire
mais sont rapidement exhalés par le nouveau-né.
Tous les AAH diminuent la pression intra-oculaire d’autant plus
que le patient est en ventilation contrôlée avec une PaCO2 normale
ou basse.
PHARMACOLOGIE DES AGENTS ANESTHÉSIQUES 155
MÉTABOLISME ET TOXICITÉ
PROTOXYDE D’AZOTE
N. Lembert
PHARMACOCINÉTIQUE
Étant environ 30 fois plus diffusible que l’azote, le N2O, au début
de son administration, pénètre beaucoup plus rapidement dans les
cavités aériennes closes que l’azote n’en sort. De ce fait il en aug-
mente le volume quand les parois sont distensibles ou la pression
intracavitaire quand elles sont rigides. Les cavités à paroi distensibles
sont l’estomac et l’intestin, le pneumothorax, la bulle d’emphysème
pulmonaire, l’emphysème sous-cutané, l’embole gazeux, le pneumo-
péritoine pathologique ou celui créé avec le CO2 pour la cœliochirur-
gie, les ballonnets (tube endotrachéal en particulier).
Les cavités à paroi rigide sont la boîte crânienne (pneumencéphale),
les sinus ne communiquant pas avec les voies aériennes pour des rai-
sons pathologiques, l’oreille moyenne en l’absence de déglutition ou
si la trompe d’Eustache n’est pas perméable, le globe oculaire (décol-
lement de rétine traité par injection d’air).
EFFET 2e GAZ
COMBUSTION
agent IV, soit seul, soit associé à un agent halogéné. Le N2O diminue
en effet la dose d’anesthésiques IV requise pour prévenir une réponse
à un stimulus chirurgical, ainsi que la MAC des autres anesthésiques
par inhalation, et ce de façon dose-dépendante.
AUTRES EFFETS
• Contre-indications absolues :
— chirurgie avec laser ou bistouri électrique proche d’une zone de
diffusion du N2O ;
— chirurgie de l’oreille moyenne ou sinusale occlusive ;
— interventions itératives répétées à moins d’une semaine d’intervalle.
• Contre-indications relatives :
— compliance intracrânienne limitée ;
— traumatisme du thorax et suspicion de pneumothorax ;
— insuffisance ventriculaire gauche ;
— antécédents de NVPO sévères ;
— occlusion digestive et interventions chirurgicales longues ;
— patients présentant un déficit connu en vitamine B12 ;
— défaillance multiviscérale et états de choc.
PRINCIPAUX HYPNOTIQUES
INTRAVEINEUX
l’intensité de leurs effets. Ils agissent aussi à des degrés divers sur
le système nerveux autonome et ont par ce biais un retentissement
cardiovasculaire ;
— sur le plan pharmacocinétique (PK) : tous les hypnotiques IV
doivent passer la barrière hémato-encéphalique. Ils doivent donc être
lipophiles et ont un grand volume de distribution à l’équilibre avec un
risque d’accumulation en cas d’administration prolongée et de retard
de réveil.
Deux principaux facteurs influencent la pharmacocinétique des hyp-
notiques IV :
— la fixation protéique : les hypnotiques IV sont largement liés aux
protéines (albumine) mais seule la fraction libre diffuse. Une hypo-
albuminémie peut donc augmenter la fraction libre et l’intensité des
effets ;
— le débit cardiaque : tous les hypnotiques IV sont dépendants du
métabolisme hépatique, dont la vitesse dépend du débit sanguin et du
métabolisme enzymatique hépatique.
Relation PKPD. La probabilité de perdre conscience, comme l’in-
tensité des effets secondaires des hypnotiques intraveineux, est paral-
lèle à la concentration à leur site d’action :
— à faible concentration, tous les patients sont éveillés et peuvent
mémoriser des évènements peropératoires, ce qui constitue une expé-
rience traumatisante, surtout s’ils sont curarisés ;
— à concentration intermédiaire, la perte de conscience est obtenue
avec peu d’effets indésirables ;
— à forte concentration, il n’y a plus de bénéfice sur le sommeil
mais seulement une accumulation inutile de médicament qui retarde le
réveil, et majore les effets secondaires.
Contrôler la concentration en ajustant les doses selon les propriétés
pharmacocinétiques de chaque agent permet de contrôler l’intensité
des effets pharmacologiques. Titrer la concentration pour maintenir la
concentration minimale nécessaire à la perte de conscience en mini-
misant les effets secondaires est nécessaire à l’induction comme pen-
dant l’entretien de l’anesthésie.
Induction
Entretien et réveil
Thiopental (Pentothal®)
Indications spécifiques État de mal Ambulatoire État de choc État de choc Prémédication
convulsif Sédation + ALR Intubation en Tamponnade Sédation + ALR
HIC rebelle Cardio/radio- réanimation ou Asthme aigu Cardio/radio-
interventionnelle préhospitalier interventionnelle
Chir. de guerre
Endoscopies Endoscopies
Effet IIe spécifique Non Non Dépression ↑ pression art. Non
surrénale Hallucinations
Accumulation Oui +++ Faible Faible Faible Oui
PHARMACOLOGIE DES AGENTS ANESTHÉSIQUES 163
Effets pharmacologiques
• Effets sur le système nerveux central :
— effets hypnotique et anticonvulsivant ;
— pas d’effet antalgique d’où un contrôle insuffisant de la réacti-
vité à l’intubation nécessitant l’association d’autres classes médica-
menteuses (morphinique, curare…) ;
— diminution de la PIC (pression intracrânienne), du DSC (débit
sanguin cérébral) et de la CMRO2 (consommation cérébrale moyenne
régionale en O2, d’où une protection cérébrale contre l’hypoxie ou
l’hypertension intracrânienne) ainsi que la pression intraoculaire ;
— pas de dépression du centre du vomissement ;
— dépression des centres vasomoteurs et thermorégulateurs à forte
dose ;
— effets sur l’EEG : activation des fréquences rapides à faible dose,
puis dépression dose-dépendante de l’activité EEG jusqu’au tracé plat.
• Effets cardiovasculaires :
— dépression myocardique directe et diminution du tonus sympa-
thique induisent une baisse de la pression artérielle, du débit cardiaque
et des débits sanguins régionaux ;
— tachycardie fréquente responsable d’une augmentation de la
consommation d’oxygène du myocarde et pouvant induire une isché-
mie myocardique ;
• effets respiratoires : dépression respiratoire centrale se traduisant à
l’induction par une apnée de quelques dizaines de secondes, suivie par
une dépression de la commande ventilatoire.
• Autres effets :
— utérus : effet tocolytique modeste ;
— diurèse : diminuée par stimulation post-hypophysaire et baisse
du débit sanguin rénal ;
— possible histaminolibération : du rash cutané (fréquent) au choc
anaphylactique (très rare) ;
— nausées, vomissements postopératoires, toux, hoquet ;
— ischémie si injection intra-artérielle et/ou nécrose tissulaire si
diffusion extravasculaire ;
— phlébothrombose ;
— enfin, le thiopental aurait à long terme un effet dépresseur de
l’immunité cellulaire à prendre en compte en chirurgie carcinologique ;
— incompatibilité chimique avec les curares (précipitation) impo-
sant un rinçage de tubulure entre les 2 agents.
Pharmacocinétique (tableau 7-V)
• Diffusion rapide au SNC et fixation massive à l’albumine : une injec-
tion rapide permet de saturer la liaison et augmente la forme libre active.
164
Utilisation clinique
• Induction de l’anesthésie :
— Dose : 5 à 7 mg/kg en bolus IVD lent ;
— délai d’action (à cette dose) : 30 à 60 s ; durée d’action : 5 à
10 min ;
— réduire la dose chez le nouveau-né, l’insuffisant rénal et hépa-
tique, le sujet dénutri, obèse ou en état de choc.
• Contre-indications :
— absolues : porphyries ; allergie aux barbituriques ;
— relatives : insuffisance cardiaque sévère, hypovolémie non com-
pensée.
• Présentation : flacon de 1 g (ou 500 mg) de lyophilisat à diluer
dans 40 (ou 20 ml) pour obtenir 25 mg/ml (2,5 p. 100).
Propofol (Diprivan®)
Effets pharmacologiques
• Effets sur le système nerveux central :
— effet hypnotique ; anxiolytique à faible dose ;
— pas d’effet antalgique ;
— effet anti-émétique démontré ;
— mouvements tonico-cloniques à l’induction, rares ;
— désinhibition au réveil avec sensations agréables ;
— diminution de la PIC, du DSC et de la CMRO2 mais effet pro-
tecteur cérébral non démontré chez l’homme ;
— effets sur l’EEG biphasique : composantes rapides (α et β) pen-
dant la phase de logorrhée qui précède l’endormissement (concentra-
tion ~ 1,5 μg/ml) ; remplacées progressivement, à partir de la perte de
conscience et de l’apnée, par des composantes lentes (θ et δ). À forte
dose (concentration > 5 μg/ml), lambeaux de tracés plats séparés de
bouffées de plus en plus rares d’activité électrique (burst suppressions) ;
— effet à la fois proconvulsivant (rare) et anticonvulsivant (après
sismothérapie).
• Effets cardiovasculaires :
— diminue la pression artérielle systolo-diastolique, essentiellement
par vasodilatation, ± dépression myocardique modérée à forte dose ;
— diminution modérée de la fréquence cardiaque ;
— diminution modérée du débit cardiaque, du débit sanguin coro-
naire et de la consommation d’oxygène du myocarde ;
— ces effets sont renforcés par l’association d’un morphinique et
majorés en cas d’hypovolémie ou d’atteinte cardiaque préalable ;
— le surdosage en propofol peut provoquer une hypotension pro-
fonde simulant un choc anaphylactique.
• Effets respiratoires :
— dépression de la commande ventilatoire parallèle à la concentra-
tion, portant sur la fréquence et le volume, et pouvant aller jusqu’à l’ap-
née. La concentration d’apnée, toujours supérieure à la concentration
sédative, permet par titration le maintien d’une ventilation spontanée ;
— dépression respiratoire potentialisée par les morphiniques et les
benzodiazépines ;
— diminution des réflexes laryngés et trachéo-bronchiques et relâ-
chement des muscles pharyngo-laryngés facilitant l’insertion d’un
masque laryngé ou l’intubation sans curare, mais pouvant provoquer
une apnée obstructive à l’induction, surtout chez l’obèse ;
— absence de bronchoconstriction (intérêt chez l’asthmatique).
• Autres effets :
— douleur à l’injection, fréquente sur voie périphérique distale
(30 à 60 p. 100), diminuée en faisant précéder l’injection d’un bolus
de lidocaïne (0,4 mg/kg avec garrot veineux) ou en utilisant une for-
mulation diluée dans des lipides à chaînes moyennes (Lipuro®) ;
PHARMACOLOGIE DES AGENTS ANESTHÉSIQUES 167
Utilisation clinique
• Induction de l’anesthésie :
— dose habituelle : 2-3 mg/kg IVD lente chez l’adulte ;
168 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Étomidate
Effets pharmacologiques
• Effets sur le système nerveux central :
— effet hypnotique et anti-convulsivant ;
— pas d’effet antalgique ;
— diminution de la PIC, du DSC, de la CMRO2 et de la pression
intraoculaire. Maintient la pression de perfusion cérébrale ;
— possible agitation et confusion au réveil.
PHARMACOLOGIE DES AGENTS ANESTHÉSIQUES 169
• Effets cardiovasculaires :
— action négligeable sur la pression artérielle, le débit cardiaque,
le baroréflexe et la consommation d’oxygène du myocarde aux doses
cliniques habituelles, ce qui en fait l’agent d’induction du patient fra-
gile ou en détresse vitale ;
— discrète augmentation du débit coronaire par vasodilatation ;
— pas d’histaminolibération.
• Effets respiratoires :
— dépression respiratoire faible ;
— pas de bronchospasme ;
— relâchement pharyngo-laryngé facilitant l’intubation.
• Autres effets :
— douleurs à l’injection sur veine périphérique distale (réduites
avec la suspension lipidique) ;
— thrombophlébites ;
— myoclonies voire rigidité à l’induction (réduites si benzodiazé-
pine en prémédication ou morphinique) ;
— dépression de la fonction cortico-surrénale même en injection
unique. Ce blocage est réversible en 24 à 48 h ;
— nausées et vomissements postopératoires.
Utilisation clinique
• Induction en anesthésie ou en médecine d’urgence. Dose d’in-
duction : 0,2-0,4 mg/kg en IVD lente (+ 30 p. 100 chez l’enfant,
– 50 p. 100 chez le sujet âgé).
• Contre-indications :
— absolues : hypersensibilité à l’étomidate ; enfant âgé de moins
de 2 ans ;
— relatives : insuffisance surrénalienne non traitée.
• Présentation : ampoules de 10 ml dosées à 2 mg/ml.
Effets pharmacologiques
• Effets sur le système nerveux central :
— effet hypnotique : induit une anesthésie « dissociative » (état
cataleptique avec analgésie profonde, sommeil superficiel et amnésie) ;
— effet analgésique : apparaît pour des doses 10 fois plus faibles
que l’effet hypnotique, lié à un blocage non compétitif du récepteur
au NMDA. Inhibe par ce mécanisme les phénomènes d’hyperalgésie
secondaire au traumatisme chirurgical ou de tolérance aiguë aux mor-
phiniques. Cet effet peut aussi être utilisé dans le traitement des dou-
leurs chroniques rebelles aux morphiniques ;
— effets psychodysleptiques (10 à 30 p. 100 des cas chez l’adulte) :
rêves éveillés voire cauchemars, hallucinations auditives et visuelles,
délire, sensations de dissociation survenant pendant ou après la phase de
réveil. Ces effets sont atténués par l’association d’une benzodiazépine ;
— nystagmus horizontal et vertical ;
— augmentation de la PIC, du DSC et de la CMRO2 en cas d’aug-
mentation de la pression artérielle ;
— effets sur l’EEG : à dose anesthésique, le tracé de veille est rem-
placé par des ondes θ et β, puis par un rythme α rapide, contemporain
des cauchemars. Les paramètres dérivés de l’EEG (analyse spectrale,
BIS…) augmentent et ne permettent souvent pas de distinguer un
patient éveillé d’un patient anesthésié. Les effets sur les potentiels
évoqués auditifs sont peu marqués.
PHARMACOLOGIE DES AGENTS ANESTHÉSIQUES 171
Utilisation clinique
• Comme analgésique ou antihyperalgésique peropératoire. Les
doses recommandées sont encore discutées :
— 0,15-0,3 mg/kg en bolus IV : analgésie courte mais épargne
morphinique per- et postopératoire de 25-30 p. 100 ;
— associée à une perfusion per- ou postopératoire, à dose fixe
(1-2 μg ⋅ kg–1 ⋅ min–1) pendant 24 à 48 h ou ajustée à la dose de mor-
phinique (10 mg de kétamine/mg de rémifentanil ou 1 mg de kéta-
mine/mg de morphine en PCA) ;
— la perfusion sans bolus préalable semble moins efficace ;
— les effets neuropsychiques apparaissent pour une dose peropéra-
toire totale supérieure à 0,3 à 0,5 mg/kg ;
— un bolus de 0,15 à 0,3 mg/kg peut aussi être administré en
SSPI pour compléter une analgésie insuffisante, en particulier chez le
patient tolérant aux morphiniques.
• Comme hypnotique (plutôt en réanimation ou médecine d’ur-
gence qu’en anesthésie) :
— 1 à 3 mg/kg IV (à diminuer de 50 p. 100 chez le patient en état
de choc) ; 5 à 10 mg/kg IM ;
— délai d’action à ces doses 15 à 60 s en IV, 2 à 5 min en IM ;
— durée d’action 5 à 10 min en IV, 15 à 25 min en IM ;
— dose d’entretien : 1/2 dose d’induction IV ou IM, ou 0,08 mg/
kg/min IV SE ;
— sédation vigile : 0,2 mg/kg.
L’association au propofol ou au midazolam permet de diminuer les
doses et les effets secondaires des 2.
• Contre-indications :
— absolues : porphyrie ; insuffisance coronaire ou cardiaque non
équilibrée, HTA sévère, infarctus récent, thyrotoxicose ; pré-éclampsie
ou éclampsie ; hypertension intracrânienne ou intraoculaire, plaie du
globe oculaire, traumatisé crânien ;
— relatives : épilepsie, maladie psychiatrique (psychoses) ; AVC,
neurochirurgie, chirurgie ophtalmologique (glaucome) ; chirurgie bron-
chique.
• Présentation : ampoules de 5 ml à 50 mg soit 10 mg/ml ou de
5 ml à 250 mg soit 50 mg/ml.
Midazolam (Hypnovel®)
Effets pharmacologiques
• Effets sur le système nerveux central :
— effet hypnotique, sédatif ou anxiolytique selon la dose, avec
amnésie antérograde ;
— pas d’effet antalgique ;
— diminue la PIC, le DSC, la CMRO2 et la pression intraoculaire ;
— possible agitation paradoxale ;
— somnolence, confusion ou troubles mnésiques résiduels (sujet âgé) ;
— risque de dépendance avec syndrome de sevrage si administration
prolongée ;
— effet sur l’EEG : induit essentiellement des fréquences rapides
et ralentissement à très forte dose ;
— effet anticonvulsivant.
• Effets cardiovasculaires :
— diminution modérée de pression artérielle par diminution des
résistances vasculaires, majorée en cas d’hypovolémie ;
— pas de dépression myocardique ;
— diminution de la consommation du myocarde en oxygène ;
— dépression associée du baroréflexe, pas de tachycardie.
• Effets respiratoires :
— dépression des centres respiratoires diminuant le volume cou-
rant et augmentant la fréquence ;
— apnée possible, limite l’utilisation aux structures pouvant prendre
en charge un arrêt respiratoire.
• Effets divers :
— action myorelaxante (potentialise les curares) ;
— pas d’histamino-libération ;
— très importante variabilité intra-individuelle de tous les effets.
Pharmacocinétique (voir tableau 7-V)
L’hydroxylation par le seul CYP450 3A4 produit du α-OH midazo-
lam qui est lui-même sédatif.
Modification selon le terrain :
— le sujet âgé a à la fois une plus grande sensibilité au midazolam
et une diminution de la clairance qui conduit à diminuer les doses de
75 p. 100 (1/3 pour des raisons cinétiques, 2/3 pour des raisons phar-
macologiques) ;
— en administration continue, la demi-vie contextuelle augmente
presque 2 fois plus vite chez le patient âgé que chez l’adulte jeune
(voir tableau 7-IV) ;
— chez le cirrhotique, la clairance est diminuée et l’élimination
ralentie ;
— chez l’insuffisant rénal, la clairance est plutôt accélérée par
augmentation de la fraction libre liée à l’hypoprotidémie, mais
174 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Utilisation clinique
• Prémédication :
— IM (douloureux) ou per os : 0,05-0,10 mg/kg, 30 min avant bloc ;
— intrarectal (enfant) 0,3-0,4 mg/kg 15-30 min avant bloc.
• Sédation en anesthésie :
— IV : titration par bolus de 1 à 2 mg sans dépasser 0,05-0,1 mg/kg
au total chez l’adulte ;
— dose augmentée chez l’enfant de moins de 12 ans jusqu’à
0,25 mg/kg ;
— intrarectal (enfant) : 0,3-0,4 mg/kg.
• Co-induction : bolus IV de 1 à 2 mg, en complément d’un autre
hypnotique d’induction (voir ci-dessus).
• Anesthésie totale intraveineuse (chirurgie cardiaque avec mor-
phinique) :
— de moins en moins utilisée comme seul hypnotique ;
— titration en 3 ou 4 bolus jusqu’à une dose totale maximale de
0,15-0,2 mg/kg ;
— entretien par bolus IV itératifs : 0,03- à 0,1 mg/kg (ou 50 p. 100
de la dose d’induction) ou perfusion de 0,03 à 0,1 mg/kg/h.
• Chez le patient âgé : diviser la dose par 2 ou 3.
• Chez l’insuffisant hépatique et cardiaque : réduction des doses
et titration sur le niveau de sédation.
• Indications (voir tableau 7-IV) :
— en raison de l’accumulation en perfusion continue (voir tableau 7-V),
l’utilisation comme hypnotique sera limitée aux patients nécessitant une
sédation postopératoire (chirurgie cardiaque par exemple) ;
— les principales indications restent donc la prémédication, la séda-
tion vigile et la co-induction en association avec un autre hypnotique.
• Contre-indications :
— absolues : myasthénie ; patient non ventilé en insuffisance
respiratoire sévère ou en détresse respiratoire aiguë ; intolérance ou
hypersensibilité aux benzodiazépines ;
— relatives : hypovolémie non corrigée ; insuffisance hépatique ou
respiratoire grave ; myopathies ; traitement par antiprotéase.
• Présentation : ampoules de 50 mg dans 10 ml, 5 mg dans 1 ml,
5 mg dans 5 ml.
PHARMACOLOGIE DES AGENTS ANESTHÉSIQUES 175
OPIACÉS
B. Guignard
Type d’opiacé
Nom de spécialité
et nom de substance
Agonistes morphiniques
Morphine Morphine*
– orale immédiate Sévrédol®, Actiskenan®
– orale 2 prise par jour Skénan LP®, Moscontin LP®
– orale 1 prise par jour Kapanol®
Oxycodone Oxycontin®, Oxynorm®, Eubine®
Codéine Codéine*
Hydromorphone Sophidone®
Mépéridine Péthidine Renaudin®
Fentanyl Fentanyl®, Durogésic®
Sufentanil Sufenta®
Alfentanil Rapifen®
Rémifentanil Ultiva®
Agonistes partiels
ou agonistes-antagonistes
Pentazocine Fortal®
Butorphanol nc
Nalbuphine Nalbuphine*
Buprénorphine Temgésic®, Subutex®
Dezocine nc
Antagonistes
Naloxone Narcan®
Naltrexone Nalorex®, Revia®
Nalmefène nc
Méthylnaltrexone Relistor®
Alvimopan Entereg®
* : différentes spécialités existent sur le marché.
nc : non commercialisé en France.
PHARMACOLOGIE DES AGENTS ANESTHÉSIQUES 177
MÉCANISME D’ACTION
Les opiacés agissent sur des récepteurs spécifiques mu, kappa et delta,
centraux, spinaux et supraspinaux. Malgré ce mécanisme d’action com-
mun, les caractéristiques pharmacocinétiques et pharmacodynamiques
des différents opiacés vont générer d’importantes différences dans leur
action clinique.
Action antalgique
Action cardiovasculaire
Administration péridurale
Administration intrathécale
Dépression respiratoire
La dépression respiratoire retardée représente la crainte la plus fré-
quente lors de l’utilisation d’une analgésie péridurale lombaire utili-
sant des opiacés, surtout après morphine. L’administration par bolus
majore le risque par rapport à l’administration en continue ou en
PCEA. Une surveillance régulière du patient (niveau de conscience,
fréquence respiratoire) toutes les 3 à 4 h est suffisante pour détecter
ce risque.
Prurit
Sa fréquence est de 25 à 50 p. 100 des patients recevant des
opiacés par voie péridurale, il est plus fréquent avec la morphine
qu’avec les opiacés de synthèse et plus fréquent dans le péripar-
tum. L’intensité est variable, et il peut devenir insomniant. Il se
localise préférentiellement au niveau du visage, en particulier au
niveau du nez. Il peut être généralisé. Il ne semble pas exister de
relation dose-intensité. Le traitement préventif consiste en l’admi-
nistration de dropéridol à la dose de 2,5 mg ou de naloxone à doses
de 0,15 μg/kg/h.
Nausées et vomissements
L’incidence des nausées et vomissements après administration péri-
durale des opiacés varie entre 30 et 100 p. 100. Les vomissements
semblent plus fréquents avec la morphine qu’avec les autres opiacés.
La dexaméthasone (8 mg en intraveineux) réduit de façon très impor-
tante l’incidence des vomissements après administration péridurale de
morphine.
PHARMACOLOGIE DES AGENTS ANESTHÉSIQUES 181
AGONISTES MORPHINIQUES
Rémifentanil
Tableau 7-VIII Principales caractéristiques pharmacologiques des opiacés utilisés pour l’anesthésie générale
Délai
Coefficient ½ vie
% liaison Clairance Vd d’équilibration
Métabolisme pKa Puissance de partage contextuelle
protéines (ml/min) (l) sang/cerveau
octanol/eau à H4 (min)
(min)
Morphine Glucuro- 7,9 1 35 1,4 1 000 224 20 180
TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
conjugaison
Alfentanil CYT P450 6,5 20 92 128 238 27 1,4 137
Rémifentanil Estérases 7,3 100 66-93 18 4 000 30 1,1 4
Fentanyl CYT P450 8,4 100 84 813 1 530 335 6,8 152
Sufentanil CYT P450 8,0 1 000 93 1 727 900 123 6,2 30
PHARMACOLOGIE DES AGENTS ANESTHÉSIQUES 183
Sufentanil
• Posologies :
— induction d’anesthésie : 0,1 à 0,4 μg/kg, pic d’effet à 6-10 min ;
— entretien : 0,2 à 0,5 μg/kg/h ;
— administration péridurale : 10 μg en bolus, ou 0,5 à 1 μg/ml,
en association avec les anesthésiques locaux à un débit de 4-8 ml/h ;
— administration rachidienne : 2,5 à 10 μg en association avec les
anesthésiques locaux.
• Présentations : ampoules de 10 ml et 2 ml à 5 μg/ml ; ampoules
de 5 ml à 50 μg/ml.
Fentanyl
Alfentanil
Morphine
Péthidine (mépéridine)
La péthidine est un agoniste mu, mais elle possède aussi des pro-
priétés de type « anesthésique local ».
• Caractéristiques pharmacologiques : elle est fortement liée aux
protéines et plus liposoluble que la morphine. Son effet analgésique
se manifeste après 15 min lors d’une administration sous-cutanée ou
intramusculaire. Le pic d’action est obtenu après environ 1 h et sa
durée d’action est de 3 à 4 h. Elle est responsable d’une histamino-
libération notable, ce qui fait que ses effets cardiovasculaires sont plus
marqués que ceux de la morphine, d’autant que son administration
peut être responsable d’une tachycardie du fait d’un effet vagolytique.
• Métabolisme : il existe une production au niveau du foie de nor-
péthidine, métabolite excrété par le rein, qui, lorsqu’il s’accumule,
est neurotoxique avec possibilité de dysphorie, tremblements, voire
convulsions. La demi-vie de ce produit, chez un adulte jeune ayant
une fonction rénale normale, est de 15 à 20 h, mais elle s’accroît for-
tement chez les personnes âgées ou en cas d’atteinte rénale.
• Posologie : 60 à 100 mg sous-cutanés sont équivalents à 10 mg
de morphine, administrés toutes les 4 h ; traitement du frisson post-
anesthésique : 25 mg IVL.
• Effets secondaires : similaires à ceux de la morphine, la consti-
pation et la rétention urinaire cependant seraient moindres. Risque de
convulsions par accumulation de norpéthidine.
• Contre-indications absolues :
— hypersensibilité à la péthidine ;
— enfant de moins de 6 mois ;
— insuffisance hépatocellulaire grave ;
— traumatisme crânien et hypertension intracrânienne ;
— états convulsifs ;
— intoxication alcoolique aiguë et delirium tremens ;
— IMAO sélectifs et non sélectifs.
• Présentation : péthidine Renaudin® : ampoule 100 mg/2 ml.
Codéine
AGONISTES-ANTAGONISTES
Nalbuphine
— chez l’enfant de 18 mois à 15 ans : la posologie est de 0,2 mg/
kg par voie intraveineuse, intramusculaire ou sous-cutanée et peut être
renouvelée toutes les 4 et 6 h. La voie intraveineuse ou sous-cutanée doit
être préférée chez l’enfant : 0,25 mg/kg toutes les 4 à 6 h. Il peut être uti-
lisé par voie intrarectale chez l’enfant, dont l’abord veineux est difficile.
• Présentation : ampoules de 2 ml, 20 mg.
Buprénorphine
ANTAGONISTES OPIACÉS
Naloxone
les effets agonistes sont dépendantes du type d’effet. Les doses seront
plus élevées avec les agonistes-antagonistes qu’avec les agonistes purs.
Son administration supprime l’analgésie, la dépression respiratoire, le
prurit, le myosis ou les effets cardiovasculaires induits par les opiacés.
La naloxone est dépourvue d’effets cardiovasculaires propres, mais
entraîne une stimulation sympathique lors des états de choc qui est
liée à l’inhibition des bêta-endorphines circulantes. L’administration de
naloxone après un opiacé peut entraîner un phénomène de rebond avec
hyperalgésie.
• Pharmacocinétique : la naloxone a un effet maximal en 2 min
après administration intraveineuse. Sa durée d’action est de l’ordre
de 45 min chez l’adulte lors de l’administration d’un bolus de
0,4 mg IV et de 2 h après administration de par voie IM. Cette brève
durée d’action s’explique par une demi-vie d’élimination courte de
l’ordre de 60 min indiquant un relais par perfusion continue. En
raison d’une forte diffusion tissulaire, les concentrations cérébrales
peuvent être 10 à 15 fois plus importantes que celles de la morphine.
La durée d’action de la naloxone est inférieure à celle des substances
agonistes.
• Indications : antagonisation de la dépression respiratoire en cas
de surdosage opiacé.
• Posologie :
— dépression respiratoire liée aux opiacés : 1 ampoule de 0,4 mg
diluée dans 10 ml, une dose de 0,5 à 1 μg/kg administrée toutes
les 2 à 3 min jusqu’à réapparition d’une fréquence ventilatoire à
12 cycles/min. Relais par perfusion intraveineuse à la dose moyenne
de 0,2 mg/h ;
— prurit ou rétention d’urines : 40 μg avec le risque de réapparition
de douleurs ;
— dépression respiratoire du nouveau-né liée à l’administration des
opiacés lors du travail : la posologie est de 10 μg/kg IV ou IM, le
relais sera pris par l’administration de 10 μg/kg IM. Il existe une pré-
sentation spéciale à 0,04 mg/2 ml.
• Effets secondaires :
— réveil brutal avec douleurs, phénomènes d’agitation, tachy-
cardie voire hypertension artérielle liées à la libération de catécho-
lamines ;
— vasoconstriction veineuse pulmonaire et augmentation de la per-
méabilité vasculaire pulmonaire avec œdème aigu pulmonaire ;
— consommation d’oxygène et ventilation minute peuvent être
multipliées par 2 à 3 en cas d’hypothermie associée ;
— pas d’action directe sur le transit gastro-intestinal chez le sujet sain.
• Contre-indications :
— prudence extrême en cas d’insuffisance cardiaque ou coronarienne ;
— HTA.
190 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Alvimopan (Entereg®)
Méthylnaltrexone (Relistor®)
CURARES :
PHARMACOLOGIE,
MONITORAGE
ET DÉCURARISATION
PHARMACOLOGIQUE
B. Plaud
ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE
DE LA TRANSMISSION NEUROMUSCULAIRE
Les nerfs périphériques dont les fibres se destinent aux muscles sque-
lettiques naissent dans le système nerveux central au niveau de la corne
antérieure de la moelle épinière. L’extrémité de l’axone moteur se divise
en arborisations appelées terminaisons nerveuses. Chacune se termine
par une structure spécialisée, la synapse, juxtaposée à une fibre muscu-
laire. L’ensemble neurone et fibres musculaires qui lui sont rattachées
s’appelle une unité motrice. La jonction neuromusculaire (figure 7-2) est
constituée de deux éléments : la synapse, contenant des vésicules d’acé-
tylcholine, et la plaque motrice, zone spécialisée adjacente de la fibre
musculaire. L’information entre la terminaison nerveuse d’une part, et la
cellule musculaire striée squelettique d’autre part, est transmise par un
processus biochimique. Le neuromédiateur physiologique de cette trans-
mission neuromusculaire est l’acétylcholine pour laquelle existent des
récepteurs spécialisés sur la plaque motrice avec lesquels elle interagit.
L’acétylcholine est synthétisée dans la terminaison de l’axone du neurone
moteur. Lorsqu’un influx nerveux gagne la terminaison nerveuse, les
vésicules fusionnent avec la membrane neuronale (phénomène calcium
Gaine de myéline
Cellule
de Schwann
terminale
Terminaison
nerveuse Vésicules synaptiques
Mitochondrie
contenant le neuromédiateur
Lame basale Tubule transverse
Zone active
Réticulum sarcoplasmique
Fibre musculaire
Figure 7-2 Représentation schématique de la jonction neuromusculaire. (D’après
Plaud B, Meistelman C, Krejci E. Physiologie de la transmission neuromusculaire.
In : Martin C, Riou B, Vallet B (eds). Physiologie humaine appliquée. Rueil-Mal-
maison. Arnette. 2006 : 859-74. Reproduit avec autorisation.)
192 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
3-OH 3-OH –
Vécuronium Vécuronium+++ Vécuronium+++ 70
Atracurium – Laudanosine Voie de Hofmann, estérases plasmatiques 0
Mivacurium – – Butyrylcholinestérases** –
Rocuronium Pas de métabolite identifié, Inchangée – 0
élimination biliaire
Cisatracurium – ± laudanosine Voie de Hofmann, ± estérases plasmatiques 0
* Puissance du métabolite actif par rapport à la molécule mère (important en cas d’administration prolongée).
** Improprement dénommée pseudocholinestérase. Quand il existe une anomalie de cette enzyme (quantitative ou qualitative), les durées d’action de la succi-
nylcholine et du mivacurium peuvent être significativement prolongées.
PHARMACOLOGIE DES AGENTS ANESTHÉSIQUES 195
Curare dépolarisant
Modalité
Indication Choix du composé
d’administration
Faciliter l’intubation
de la trachée
– en urgence (« estomac Succinylcholine Injection unique
plein ») Rocuronium à forte dose (en
cas de contre-indication
à la succinylcholine)
– en dehors de l’urgence Succinylcholine (adulte Injection unique
uniquement)
Tous les curares
non dépolarisants
Permettre l’acte opératoire Curares non dépolarisants Injections
(immobilité, réduire de durée intermédiaire itératives
le tonus musculaire) Perfusion continue
Faciliter la ventilation Curares non dépolarisants Injections
mécanique de durée intermédiaire itératives
(en anesthésie (anesthésie) Perfusion continue
ou en réanimation) Cisatracurium (réanimation)
Électroconvulsivothérapie Succinylcholine à faible dose Injection unique
Laryngospasme Succinylcholine Injection unique
(IV ou IM)
196 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
SURVEILLANCE DE LA CURARISATION
Électrode négative
Électrode négative
CURARISATION RÉSIDUELLE
ET DÉCURARISATION PHARMACOLOGIQUE
Une curarisation qui persiste au-delà de la période d’anesthésie peut
provoquer une insuffisance respiratoire, une obstruction des voies
aériennes, une hypoxémie, un sentiment d’inconfort, une période de
réveil prolongée et des pneumopathies. Malheureusement, au réveil
d’une anesthésie comportant l’administration d’un curare non dépo-
larisant, il n’est pas simple d’estimer cliniquement quand un patient
est complètement décurarisé. Les tests cliniques de décurarisation sont
d’une sensibilité et d’une spécificité faibles. Par exemple, le test du
lever de la tête ou head lift test consiste à soulever la tête au-dessus du
plan du lit pendant au moins 5 s. Toutefois certains patients peuvent
réussir ce test malgré des niveaux de curarisation significatifs. La récu-
pération d’une ventilation spontanée ou la possibilité de serrer la main
ne sont pas non plus synonymes de décurarisation complète. L’absence
de curarisation résiduelle ou la récupération complète est basée sur la
mesure objective du rapport de Td4 à l’adducteur du pouce. Ainsi, l’ob-
servation répétée d’une valeur de ce rapport inférieure à 0,9 définit la
curarisation résiduelle. Même après l’administration d’une dose unique
de curare non dépolarisant, une curarisation résiduelle reste possible
chez 20 à 50 p. 100 des patients. Dans un nombre plus restreint de cas
(1 à 5 p. 100), elle peut avoir des effets délétères allant d’une simple
sensation d’inconfort à une obstruction des voies aériennes supé-
rieures, une hypoxémie ou des complications pulmonaires postopéra-
toires (pneumopathies). Pour éviter les conséquences morbides de la
curarisation résiduelle il est possible d’accélérer le retour à une force
musculaire normale avec une décurarisation pharmacologique. Pour
cela, deux produits sont utilisables : la néostigmine et le sugammadex.
La néostigmine augmente la durée de vie de l’acétylcholine. Pour être
efficace il est nécessaire que la récupération spontanée soit suffisante.
Elle peut être utilisée avec tous les curares non dépolarisants (stéroïdiens
et benzylisoquinolines) exception faite du mivacurium. En pratique une
récupération suffisante survient lorsque l’on peut observer 4 réponses
après une stimulation en Td4 à l’adducteur du pouce. La néostigmine
a un effet sur tous les récepteurs cholinergiques, incluant le récepteur
nicotinique à la jonction neuromusculaire, et le récepteur muscarinique
parasympathique post-ganglionnaire. Ainsi, pour éviter une bradycardie
causée par une stimulation parasympathique, la néostigmine doit être
injectée avec un médicament anticholinergique, l’atropine. La figure 7-6
résume les modalités pratiques d’utilisation de la néostigmine.
En cas d’utilisation de curares non dépolarisants stéroïdiens (rocu-
ronium ou vécuronium), il est possible d’annuler l’effet curarisant de
ceux-ci avec le sugammadex. Celui-ci encapsule de façon spécifique les
curares de cette classe. Il n’interagit pas avec les curares de type benzy-
204 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
N<4 N=4
Attendre et maintenir l’anesthésie Néostigmime (0,04 mg/kg) + atropine (0,02 mg/kg)
Contrôler à nouveau le Td4 Efficacité : rapport de Td4 ≥ 0,9 en 10 à 20 min
(toutes les 15 s)
N=0 N=2
Tester le PTC à l’AP Sugammadex 2 mg/kg
Efficacité : RTd4* > 0,9 en 3-5 min
N=0 N=1à2
Attendre et maintenir l’anesthésie Sugammadex 4 mg/kg
Contrôler à nouveau le PTC (≥ 5 min) Efficacité : RTd4* > 0,9 en 3-5 min
* Rapport de Td4
** Adducteur du pouce
Figure 7-7 Décurarisation avec le sugammadex.
PHARMACOLOGIE DES AGENTS ANESTHÉSIQUES 205
CONCLUSION
Anesthésie intraveineuse
à objectif de concentration
V. Billard
DÉFINITIONS
Propofol
Morphiniques
Machines d’anesthésie :
ventilateur et ventilation
artificielle
J.-L. Bourgain, M. Farrugia
VENTILATEUR D’ANESTHÉSIE
Sens de circulation
des gaz
Ballon
réservoir
Valves
unidirectionnelles
Valve d’échappement
FONCTIONNEMENT DU CIRCUIT
COUPLÉ AU RESPIRATEUR
cmH2O
10
Paw
0 Pression positive
expiratoire
Vitesse balayage : 12:5 mm/s
Expiration à travers
Expiration la valve
dans le soufflet d’échappement
Débit
0
Le débit
expiratoire
doit être nul en
fin d’expiration
MONITORAGE DE LA MACHINE
D’ANESTHÉSIE
CAPTEURS
600 Volume ml
Expiration
Fin d’inspiration
Inspiration
Paw cmH2O
0 40
Fin d’expiration
60 Débit l/min
Expiration
Début Fin
Volume ml
Fin Début
Inspiration
– 60
CONSÉQUENCES DE L’ANESTHÉSIE
SUR LA VENTILATION
MÉCANIQUE VENTILATOIRE
ATÉLECTASIES
• Mécanismes
– Anesthésie avec relâchement musculaire + ventilation en pression positive
– Absence de soupir
– Surcharge liquidienne dans les zones déclives
• Facteurs favorisants
– AG >> ALR
– Décubitus latéral, position de Trendelenburg
– FiO2 > 0,8
– Enfants âgés de 1 à 3 ans
– Obésité
– Ventilation à petit volume courant (< 6 ml ⋅ kg–1)
MACHINES D’ANESTHÉSIE 221
VENTILATION EN PRESSION
POSITIVE EN ANESTHÉSIE
Principes de fonctionnement
La ventilation minute est déterminée par le réglage du volume cou-
rant et de la fréquence respiratoire. Pendant l’insufflation, le débit inspi-
ratoire est constant (voir figure 9-3). Le volume courant est réglé autour
de 8 ml ⋅ kg–1 environ et la fréquence respiratoire est ajustée en fonction
de la PetCO2 qui doit être située entre 35 et 40 mmHg. L’hypocapnie
sévère (PetCO2 > 30 mmHg) est à proscrire. Le temps de pause ins-
piratoire et le rapport I/E n’ont pas d’effet sur la ventilation minute
mais affectent la valeur du débit d’insufflation (figure 9-5). La pres-
sion de crête atteinte en fin d’insufflation dépend de plusieurs facteurs :
réglages du ventilateur (Vt, durée et débit d’insufflation), la compliance
thoraco-pulmonaire du patient, la résistance du tube endotrachéal et des
voies aériennes. La pression de plateau est inférieure à la pression de
crête. Contrairement aux idées reçues, l’adjonction d’un temps de pause
n’homogénéise pas vraiment la distribution du gaz inspiré ; en revanche
la mesure de la pression de plateau est utile pour estimer les propié-
tés statiques du système thorax-poumon. La pression d’insufflation est
d’autant plus élevée que les conditions d’aval sont défavorables.
En ventilation contrôlée, l’expiration est passive et doit être termi-
née au moment où débute l’insufflation suivante. Si tel n’est pas le
cas, cette hyperinflation dynamique (ou trapping gazeux) peut être à
l’origine d’une surdistension pulmonaire (figure 9-6).
Réglages
Les réglages autres que ceux du Vt, du I : E, de la fréquence res-
piratoire et de la PEP sont globalement inutiles. Les paramètres sont
ajustés pour éviter l’hyperinflation dynamique, source potentielle de
barotraumatisme particulièrement chez le sujet emphysémateux. Les
modifications induites par ces réglages sont évaluées sur les courbes en
222 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Vol
1 : 1 (gras) 600
1 : 2 (fin)
Paw
0 20 – 30
Figure 9-5 Comparaison des effets induits par les modifications de réglage
du respirateur en mode volume contrôlé.
Le réglage du rapport I : E ne change pas le Vt mais affecte la valeur du débit
d’insufflation.
Vol
F = 12 600
F = 18
Paw
0 – 30
Principes de fonctionnement
Vol
600 0
Paw
0 20 – 30
Réglage
Parce que la VPC agit comme un générateur de débit, l’augmen-
tation de fréquence respiratoire ne modifie pas la ventilation minute
mais induit une diminution de Vt (figure 9-9) avec un risque d’aug-
mentation de l’effet espace mort. Une hypoventilation alvéolaire ne
doit donc pas être traitée par une augmentation de la fréquence res-
piratoire. L’augmentation du rapport I : E induit une augmentation
compliance 50 ml/cmH2O
Vol
1 200
compliance 24 ml/cmH2O
Paw
– 60
0 20
FR 1 2 F R16
I:E 1:2 I : E 1: 2
FR12
TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
F R 16 I : E 1: 2
I : E 1: 2
F R12
I : E 1: 1
Mode volume contrôlé
Figure 9-9 Comparaison des effets induits par les modifications de réglage du respirateur en mode pression contrôlée.
Les changements de fréquence et de rapport I : E modifient le Vt par changement de la durée de l’insufflation ; ils n’affectent pas
la valeur du débit d’insufflation. Les repères de I et de E ont été calés pour le réglage FR = 12 cpm et I : E = 1 : 2.
MACHINES D’ANESTHÉSIE 227
MODES AUTODÉCLENCHÉS
Principes de fonctionnement
Les circuits filtre permettent le passage aisé de la ventilation sponta-
née à la ventilation contrôlée en activant un simple commutateur tout
en gardant le même niveau de sécurité. Cette fonction n’est pas un
simple gadget puisqu’elle est utilisée au moins deux fois pour chaque
anesthésie générale : lors de l’induction (passage de la ventilation spon-
tanée lors de la préoxygénation à la ventilation en pression positive)
et lors du réveil (sevrage de la ventilation mécanique). Le respirateur
déclenche une insufflation lorsqu’il reconnaît un appel inspiratoire du
patient. Cette fonction s’appelle un trigger qui scrute le plus souvent
une inversion de débit lors de l’expiration. Ailleurs, il repose sur l’iden-
tification d’une variation négative de pression dans le circuit pendant
l’expiration. Cette dernière méthode moins sensible n’est plus utilisée.
A priori, il apparaît logique de régler le niveau de trigger au mini-
mum ; néanmoins, un trigger trop sensible expose au risque d’auto-
déclenchement pour des dépressions trachéales très faibles.
Il convient de distinguer deux modes : la VACI (ventilation assistée
contrôlée intermittente) où les cycles de ventilation mécanique sont
effectués sur le mode volume contrôlé et l’aide inspiratoire (AI) où ils
sont effectués en mode pression contrôlée.
La littérature concernant l’intérêt de la VACI en anesthésie est
pauvre. Ceci est probablement lié à la difficulté d’adapter le patient
à ce mode. En effet, le patient tolère l’insufflation mécanique qu’il a
déclenchée si l’augmentation inspiratoire du volume pulmonaire est
rapidement satisfaite. En VACI, le débit en début d’inspiration n’est
pas toujours suffisant pour contenter le patient.
Le trigger expiratoire permet d’arrêter l’insufflation dès que le
patient débute l’expiration. Il est nécessaire d’y adjoindre un temps
228 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Réglage
TRAITEMENT DE L’HYPOXÉMIE
PEROPÉRATOIRE
• Vérifications préalables
– Vérifier la bonne qualité du signal (pulsatilité de la courbe)
– Vérifier la FiO2
– Auscultation pulmonaire du patient : intubation sélective ?
– Aspect du capnogramme (pente de la courbe de fin d’expiration, régularité ?
• Si vérifications OK
– Pratiquer une manœuvre de recrutement alvéolaire
– PEP si le résultat est insuffisant ou transitoire
– Augmenter la FiO2 en cas d’échec
230 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
CONCLUSION
Monitorage
MONITORAGE HÉMODYNAMIQUE
J. de Montblanc
Monitorage de l’ECG
Les causes les plus fréquentes d’artefacts sont les interférences
électriques (bistouri), les mouvements du patient ou des câbles et la
déconnexion partielle du circuit. En cas de troubles du rythme, l’ob-
tention d’un ECG 12 dérivations sur papier est indispensable en SSPI
pour en confirmer le diagnostic précis.
Tracé ECG
Les appareils situés à proximité du patient (bistouri électrique, télé-
phone…) peuvent générer des interférences susceptibles de modifier
la courbe de l’ECG.
En début de procédure, il convient de définir l’état de stimulation du
patient (le patient est-il électro-entraîné ? oui/non). Le moniteur risque
de confondre le spike d’un pace-maker avec un complexe QRS.
Les valeurs numériques de ST apparaissent sur certains moniteurs.
Si une des courbes ECG affichée à l’écran paraît trop peu ample, il est
possible de modifier le gain. Ceci ne concerne que l’aspect visuel de la
courbe. Elle ne modifie pas le signal analysé. On peut comparer le gain
de la courbe avec la barre de calibration de 1 mV en début de courbe.
Le réglage du filtre ECG permet de sélectionner le mode d’élimina-
tion de certaines interférences du signal ECG.
Sommet de R à 0 ms
T
P
Différence = valeur
du décalage
Q du segment ST
S
Point de mesure du segment ST
par défaut = J + 60 ms
Test d’Allen
Pratiquer une compression manuelle et simultanée des artères
radiale et ulnaire. Demander au patient d’effectuer des mouvements
Canule
15°-20°
Artère radiale
Doppler œsophagien
Le Doppler œsophagien peut être utilisé pour monitorer les varia-
tions de débit sanguin dans l’aorte descendante. Il peut guider le trai-
tement de l’hypovolémie.
PAS max
PAS télé-expiratoire
PP max
PAS min
PA mmHg
PP min
Pause expiratoire
MA
Spectre normal
VMax
Vitesse
Temps
TEjc
Limites de la technique
Cette méthode ne peut s’appliquer en cas de troubles du rythme
et nécessite des calibrations régulières afin de vérifier que le résul-
tat obtenu par la technique de l’onde de pouls ne s’écarte pas de la
mesure obtenue par thermodilution.
L’ETO est un outil à part car elle permet une analyse morpho-
logique et fonctionnelle des structures cardiaques et des flux intra-
cardiaques et/ou transvalvulaires. Elle permet :
— d’évaluer les fonctions VG et VD et leur interaction ;
— d’analyser la cinétique ventriculaire ;
— d’estimer le débit cardiaque par effet Doppler ;
— de diagnostiquer une hypovolémie par mesure des dimensions
télédiastoliques du VG ;
242 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Nouveau bolus
↓ VES > 10 %
200 ± 50 ml en 10 min
↑ VES > 10 %
MONITORAGE RESPIRATOIRE
J. de Montblanc
Oxymétrie pulsée
Capnographie
Phases : 0 I II III
C02 (mmHg)
inspiration expiration
A B
Réglage de départ
MONITORAGE
DE LA TEMPÉRATURE
J. de Montblanc
PRÉVENTION DE L’HYPOTHERMIE
MONITORAGE
DE LA PROFONDEUR
DE L’ANESTHÉSIE
V. Billard
Entropie spectrale
MONITORAGE DE L’ANALGÉSIE
Réponse pupillaire
Conductance cutanée
Anesthésie locorégionale
ANESTHÉSIQUES LOCAUX
X. Maschino
Les AL sont des bases faibles en solution acide sous forme ioni-
sée. Selon le pKa des AL et le pH des tissus, une proportion des AL
262 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
mV
100
50
Potentiel d’action
0 du neurone
– 50
– 100
1 2 3 4 ms
Variations
30 correspondantes
μOhm . cm–2
gNa de perméabilité
20 membranaire
gK
10
0
1 2 3 4 ms
est transportée sous forme libre non ionisée pour traverser la couche
phospholipidique de la membrane nerveuse. Le pH intracellulaire,
acide, permet à nouveau à l’AL d’être ionisé et ainsi de se fixer sur
les récepteurs des canaux sodium. Les AL bloquent, temporairement,
ces canaux empêchant les mouvements ioniques (flux entrant de
sodium) nécessaires à la dépolarisation membranaire. Le bloc nerveux
concerne en premier les fibres non myélinisées (C) puis les fibres
fines myélinisées (Aδ) puis les fibres Aβ et Aα. Le bloc affecte suc-
cessivement la nociception et la sensibilité thermique, le toucher, la
proprioception puis la motricité.
PHARMACOLOGIE DES AL
BUPIVACAÏNE ETIDOCAÏNE
LIDOCAÏNE MEPIVACAÏNE
ROPIVACAÏNE 2-CHLOROPROCAÏNE
PRILOCAÏNE PROCAÏNE
ARTICAÏNE TETRACAÏNE
Stéréochimie
Ionisation
Liposolubilité
Vasomotricité
PHARMACOCINÉTIQUE DES AL
Fixation protéique
Absorption
Dégradation et élimination
TOXICITÉ
Neurotoxicité
Cardiotoxicité
Myotoxicité
ALLERGIE
TECHNIQUES DE REPÉRAGE
DES NERFS
NEUROSTIMULATION
X. Maschino
Aiguilles de stimulation
Racines Réponse
Stimulation
nerveuses motrice
Plexus cervical C2-C3-C4-C5 Abduction épaule
Membre suppérieur
Stimulation musculo-cutanée
Stimulation radiale
Stimulation médiane
Stimulation ulnaire
Contre-indications de l’ALR
Il existe peu de contre-indications absolues à l’ALR :
— refus du patient ;
— infection locale au niveau du point de ponction ;
274 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
ÉCHOGUIDAGE – ÉCHOGRAPHIE
F. Bonnet
Les ultrasons sont émis par des sondes piézoélectriques avec une
fréquence variable de 1 à 15 MHz. La sonde émet des ultrasons sur
ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE 275
une courte période et capte les ultrasons réfléchis sur le reste du temps.
L’onde émise est sinusoïdale et se déplace à une vitesse qui dépend du
milieu dans lequel elle chemine. La fenêtre acoustique désigne l’en-
semble des structures traversées par les ultrasons. La diffusion des
ultrasons est facile dans les tissus mais elle est moins bonne dans l’air.
Les ultrasons réfléchis sont convertis en un signal électrique à son
tour transformé sur une image. Le réglage du gain permet d’amplifier
le signal électrique et la brillance de l’image. La plus grande partie
des ultrasons est réfléchie lorsque le faisceau est perpendiculaire à la
surface étudiée. La réflexion des ultrasons est accentuée par l’inter-
face entre deux tissus de consistance différente. Une structure anécho-
gène donne une image noire (ex. : racines médullaires), une structure
échogène donne une image grise.
La résolution (capacité de distinguer deux points dans l’axe d’émis-
sion) est d’autant meilleure que la fréquence d’émission est élevée.
La pénétration des ultrasons dans le corps humain est d’autant
plus grande que la fréquence d’émission est basse. La fréquence des
sondes doit donc être adaptée à la profondeur de la structure que l’on
souhaite identifier. Pour les nerfs périphériques on utilise des sondes
de 7,5 à 15 MHz (distants de moins de 5 cm) et pour les structures
profondes des sondes de 2 à 5 MHz (nerf sciatique blocs périmédul-
laires).
Les ultrasons émis en parallèle divergent au-delà d’une certaine dis-
tance dite focale. L’adaptation de la distance focale améliore la réso-
lution.
Les sondes sont de forme convexe (champ large : structures pro-
fondes) ou linéaires (fréquence d’émission supérieure). Les sondes en
« canne de golfe » sont utilisées en pédiatrie.
Artefacts. Les images anatomiques ont des contours parfois défor-
més par la vitesse de propagation inégale des ultrasons (ex. : aiguille
en baïonnette). Une ombre acoustique est une image anéchogène
(noire) en aval d’une structure osseuse qui masque les structures sous-
jacentes. Un écho de réverbération ou de répétition est généré par une
structure aérique. Des tissus échogènes comme la graisse peuvent
créer des échos parasites dans la lumière d’un vaisseau. Le renforce-
ment postérieur s’observe derrière une image liquidienne (vaisseau) et
peut simuler la présence d’un nerf (figures 11-5 et 11-6).
3.3
BLOCS CENTRAUX
ANESTHÉSIE PÉRIDURALE
A. Noirot, F. Bonnet
Technique
Préparation du patient
Le patient est informé du mode d’anesthésie en consultation. Les
avantages et les inconvénients de la technique doivent être abordés y
compris la possibilité de complications rares et graves. Un document
écrit peut servir de support de l’information.
280 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Solution
Apophyse transverse
Ligament jaune
Canal médullaire
Corps vertébral
Installation du bloc
Le bloc sensitif concerne les sensibilités tactiles, thermiques et la
nociception. Le niveau supérieur du bloc doit être repéré avec une com-
presse froide ou un glaçon (thermo-algésie) ou à l’aide d’une aiguille
(tact ou nociception). Les repères métamériques sont les suivants :
— pli inguinal : L2 ;
— ombilic : D10 ;
— pointe du sternum : D6 ;
— ligne mamelonnaire : D4.
Attention à la racine du cou (la transition se fait entre D2 et C4).
L’extension du bloc moteur au niveau du tronc est difficile à appré-
cier. Au niveau des membres inférieurs, le bloc moteur peut être quan-
tifié selon l’échelle de Bromage modifiée :
— 1 : pas de bloc ;
ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE 285
Surveillance
• Pression artérielle (toutes les 3 min pendant l’installation du
bloc).
• Vérification du niveau supérieur du bloc sensitif.
• Évaluation du bloc moteur.
• État de conscience.
• Température.
• Administration d’oxygène au masque facial.
Les blocs centraux provoquent une sédation des patients, une séda-
tion intraveineuse de complément n’est pas nécessaire la plupart du
temps. Une sédation excessive par benzodiazépines ou morphinique
expose au risque de désaturation artérielle en oxygène, de dépression
respiratoire. La sédation ne doit jamais être utilisée pour masquer un
bloc insuffisant.
En postopératoire : vérifier la régression du bloc moteur et l’ab-
sence d’hypotension (régression du bloc sympathique) avant la sortie
du patient.
Agents anesthésiques
Adjuvants
• Adrénaline : les solutions adrénalinées (1/200 000) sont utilisées
pour diminuer la résorption plasmatique de l’anesthésique local et
augmenter sa durée d’action. L’adrénaline est également résorbée,
ce qui produit une tachycardie transitoire lors de la dose-test si l’in-
jection est intravasculaire. L’adrénaline modifie également le profil
hémodynamique de la péridurale (fréquence cardiaque plus élevée,
pression artérielle plus basse, débit cardiaque augmentée par rapport
aux effets d’une solution non adrénalinée).
• Clonidine : la clonidine est utilisée pour renforcer le bloc anesthé-
sique et prolonger l’analgésie. La posologie est variable entre 0,5 et
2 mcg/kg. La clonidine renforce également le bloc moteur et inhibe le
frisson. Les effets secondaires principaux sont la sédation, la majora-
tion de l’hypotension, la bradycardie.
• Opiacés : les opiacés sont également utilisés pour renforcer le
bloc et prolonger l’analgésie. Les opiacés liposolubles (fentanyl 50-
100 mcg, sufentanil 5-10 mg) ont une durée d’action courte et les
opiacés hydrosolubles (morphine 2-5 mg) une durée d’action pro-
longée. Pour l’analgésie postopératoire on utilise soit des opiacés
liposolubles en perfusion continue soit de la morphine en bolus (ou
en perfusion continue). Les effets secondaires sont le prurit (surtout
en obstétrique), la rétention d’urines, les nausées et les vomisse-
ments et la sédation. La dépression respiratoire est une complication
rare (1/1 000) mais qui justifie une surveillance appropriée (séda-
tion, fréquence respiratoire : naloxone titrée par bolus de 0,1 mg si
FR < 10/min).
Effets secondaires
Hypotension artérielle – Bradycardie
L’hypotension artérielle est la conséquence du bloc sympathique
et de la diminution du retour veineux. Elle s’accompagne d’une bra-
dycardie qui se corrige en même temps que l’hypotension. Selon le
contexte, l’hypotension se traite par remplissage vasculaire (cristal-
loïdes ou colloïdes) et/ou par l’injection de vasopresseurs (éphédrine
bolus de 3-9 mg). Le remplissage expose au risque de rétention
d’urines voire d’œdème pulmonaire à la levée du bloc chez les sujets
à risque (insuffisants cardiaques). L’utilisation de vasopresseurs
expose au risque d’ischémie myocardique chez les sujets prédis-
posés. L’administration d’atropine de première intention n’est pas
recommandée.
ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE 289
Hypothermie
Il s’agit d’une hypothermie de redistribution liée à la vasodilata-
tion dans le territoire anesthésié (déplacement de chaleur massique du
noyau central vers la périphérie). De plus le frisson est moins efficace
du fait du bloc musculaire. La prévention par matelas à air pulsé est
justifiée.
Rétention d’urines
Elle survient lorsque la durée du bloc est prolongée, lorsque des
opiacés ont été injectés avec les anesthésiques locaux et lorsque le
remplissage vasculaire a été important. Elle peut nécessiter un son-
dage urinaire évacuateur. Elle est au mieux dépistée en postopératoire
par un contrôle échographique du volume vésical.
Complications
Convulsions
Elles sont la conséquence du passage intravasculaire accidentel des
anesthésiques locaux. La persistance des crises doit conduire à une
intubation après injection de benzodiazépines ou de propofol. Sur-
veiller le scope pour dépister des troubles du rythme cardiaque conco-
mitants.
Arrêt cardiaque
Deux mécanismes sont possibles :
— tachycardie ventriculaire suivie de fibrillation ventriculaire à la
suite de l’injection intravasculaire accidentelle (bupivacaïne-ropivacaïne).
Outre les manœuvres de réanimation habituelles le traitement repose sur
l’administration rapide d’Intralipide® (150 ml premier bolus suivi d’un
second bolus en cas de récurrence des troubles du rythme) et sur l’admi-
nistration d’adrénaline (bolus de 1 mg) ;
— collapsus avec bradycardie extrême et hypotension. Le traite-
ment repose sur le remplissage vasculaire et l’administration d’adré-
naline (titration par bolus de 0,1 mg jusqu’à 1 mg).
Extension excessive du bloc
Elle peut résulter d’une injection sous arachnoïdienne (opacifica-
tion : aspect en rails caractéristique). Elle se traduit par un bloc exces-
sif (bloc moteur ++) et trop étendu (risque d’insuffisance respiratoire
aiguë).
L’injection dans le LCR d’une dose d’anesthésique local destinée
à l’espace péridural produit une anesthésie du tronc cérébral qui pro-
voque une perte de conscience avec mydriase bilatérale, une apnée,
une hypotension et une bradycardie profondes. Il faut intuber et ven-
290 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Compression médullaire
La compression médullaire peut résulter de la survenue d’un héma-
tome ou d’un abcès médullaire. La prolongation anormale d’un bloc,
des douleurs dorsolombaires ou l’apparition d’un déficit moteur doi-
vent faire évoquer ce diagnostic et pratiquer en urgence un examen
tomodensitométrique ou une IRM pour décider d’un geste chirurgical.
En l’absence de compression, un déficit des membres inférieurs peut
faire évoquer une ischémie médullaire du fait d’une hypotension pro-
fonde chez des patients à risque (diabétiques, athéromateux).
La prévention du risque d’hématome périmédullaire repose sur le res-
pect de contre-indication : l’anesthésie péridurale est contre-indiquée
ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE 291
Indications
L’anesthésie péridurale est indiquée et pratiquée essentiellement
pour le travail obstétrical (voir Chapitre 26, Anesthésie obstétrique)
et pour l’analgésie postopératoire après chirurgie majeure (thoracique,
292 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
RACHIANESTHÉSIE :
CHOIX ET UTILISATION DES SOLUTIONS,
ASPECTS TECHNIQUES
M. Gentili
Structures anatomiques
Périoste
Espace épidural Dure-mère
(= plexus veineux) spinale
Espace Arachnoïde
sub-arachnoïdien
(LCS) Pie-mère
Septum médian
dorsal
Ligament dentelé
Fissure médiane
ventrale
Racine dorsale
et ganglion spinal
Racine ventrale
Nerf spinal
Réalisation pratique
• Consultation préanesthésique (anatomie, état cutané, hémostase,
hémodynamique).
• Respect des contre-indications : infection locale, anticoagulation
efficace, utilisation d’agents antiplaquettaires, maladie neurologique
en évolution, refus du patient.
• Ponction le plus souvent entre le 4e et le 5e espace intervertébral
lombaire (terminaison du cône médullaire classiquement en L1 mais
pouvant atteindre L3) en position assise ou couchée.
• Repérer les épines iliaques postérosupérieures et tracer la ligne les
reliant qui passe au niveau du 4e ou 5e espace intervertébral.
Conditions et matériel
• Monitorage (PA, SaO2, ECG).
• Voie veineuse avec solution cristalloïde (correction, déshydratation
ou déplacement de l’utérus chez la femme gravide).
294 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Abord
• Flexion du rachis (demander au patient de faire le « dos rond »).
• Anesthésie locale sous-cutanée (2 ml lidocaïne 1-2 p. 100).
• Introducteur fortement recommandé (facilite la manœuvre inter-
épineuse) pour les aiguilles ≥ 25 G.
• Insérer l’aiguille dans l’introducteur.
• Perception éventuelle d’un ou deux clicks (ligament jaune et dure-
mère) : profondeur de l’espace péridural variable entre 4 et 7 cm.
• Retirer le mandrin et vérifier le reflux de LCR (écoulement lent si
aiguille > 25 G).
• Injecter la solution anesthésique en évitant les fuites.
En cas de difficulté
• Sujet obèse, patient âgé et arthrosique, cyphoscoliose non corrigée.
• Abord paramédian, 1-2 cm de la ligne interépineuse.
• Voie de Taylor : abord latéral en L5-S1 (utile chez le patient âgé ou
scoliotique).
• Chez l’obèse il est possible d’effectuer un repérage préalable de
l’espace péridural puis une aiguille de 27 G (15 cm) est insérée dans
l’aiguille de Tuohy (kit « péri-rachi » combiné).
• Surtout utiliser l’échoguidage (voir Chapitre 11, section Anesthé-
sie péridurale).
Surveillance
Contre-indications
Indications
Complications
Immédiates
• Ponction difficile : essayer une approche latérale, s’aider de l’écho-
guidage.
• Douleur fulgurante à la ponction : interrompre la procédure, renon-
cer à l’injection, rechercher un déficit neurologique dans les heures
suivantes.
• Ponction vasculaire : retirer et réorienter l’aiguille.
• Hypotension, bradycardie avant l’injection : allonger le patient, injec-
ter de l’atropine (0,5-1 mg IV).
• Extension insuffisante ou latéralisée non souhaitée : adapter la posi-
tion du patient en cas de solution hyperbare ou hypobare pour complé-
ter l’extension.
• Bloc inefficace : conversion en anesthésie générale.
• Insuffisance respiratoire aiguë : témoigne d’une extension excessive
et d’un bloc des muscles intercostaux chez un patient ayant une patho-
logie respiratoire préexistante → intubation et ventilation contrôlée.
Retardées
Céphalées
Consécutives à la ponction de la dure-mère qui favorise la fuite de
LCR avec baisse de la pression intracrânienne et traction sur les struc-
tures encéphaliques lors de la verticalisation : céphalées positionnelles
fronto-orbitaires avec cervicalgies, nausées qui peuvent s’accompa-
gner d’hypoacousie, de diplopie, de phosphènes.
• Facteurs favorisants : sujets jeunes, aiguilles < 25 G à biseau long,
ponctions multiples.
• Prévention : aiguilles à bout conique et œillet latéral type Sprotte
ou Witacre 25 ou 27 G (sujets jeunes).
• Traitement : décubitus, hydratation, caféine IV (2 amp /24 h) et
blood patch : 15 à 20 ml de sang autologue dans l’espace péridural.
20 à 30 p. 100 d’échec ; renouvelable. Possibilité de lombalgies et de
fièvre transitoire.
298 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Complications neurologiques
• Syndromes d’irritations neurologiques transitoires (paresthésie,
lombalgie). Ils s’observaient surtout avec la lidocaïne, la position de
lithotomie et en chirurgie ambulatoire mais ils peuvent survenir avec
les autres anesthésiques locaux.
• Syndrome de la queue de cheval (syndrome déficitaire définitif)
survenant parfois en l’absence de toute paresthésie, avec lidocaïne
5 p. 100 même en single shot et les microcathéters 32 G en rachianes-
thésie continue.
• Hématomes intracrâniens (surtout sous-duraux) secondaires à une
brèche dure-mérienne : céphalées permanentes avec parfois souffrance
des paires crâniennes (IRM+++ si suspicion).
• Hématomes périmédullaires.
• Méningites bactériennes (Streptococcus solivarius, staphylocoques).
AUTRES TECHNIQUES
M. Gentili
Rachianesthésie et ambulatoire
BLOCS PÉRIPHÉRIQUES
F. Bonnet
Nerf axillaire
Nerf axillaire
Nerf médian
Nerf médian
Figure 11-12 Innervation sensitive du membre supérieur. A : vue antérieure, B : vue postérieure.
ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE 303
Bloc interscalénique
L’abord interscalénique permet de réaliser la chirurgie de l’épaule,
de la clavicule et du bras. La chirurgie de l’épaule est parmi les chirur-
gies les plus douloureuses en postopératoire immédiat et au cours de
la mobilisation active et précoce réalisée dans le cadre de la rééduca-
tion. La mise en place d’un cathéter plexique permet d’assurer une
analgésie pendant 3 à 5 jours. L’extension postérieure et le bloc du
nerf ulnaire sont parfois insuffisants, expliquant ainsi certains échecs
pour la chirurgie du coude.
L’anesthésie du nerf phrénique est pratiquement constante, ce qui
contre-indique ce bloc en cas d’insuffisance respiratoire aiguë ou
chronique sévère.
C5
SA
C6
SM
C7
2.7
Bloc supraclaviculaire
L’échoguidage a redonné tout son intérêt au bloc supraclaviculaire
qui avait été délaissé au profit d’autres sites, en raison des rapports vas-
culaires et de la proximité du dôme pleural. Les indications habituelles
du bloc supraclaviculaire sont la chirurgie de la main et de l’avant-bras
et du bras. Il est moins adapté que le bloc interscalénique à la chirurgie
de l’épaule. La sonde est placée au-dessus de la clavicule, à la racine
du cou à 45° par rapport au plan sagittal. À ce niveau, la présentation
du plexus brachial est plus compacte et la jonction se fait entre les
troncs primaires et les faisceaux. Les trois troncs primaires sont bien
identifiables avec leurs branches de division, l’ensemble donnant un
ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE 307
Bloc infraclaviculaire
Le bloc infraclaviculaire est intéressant pour la chirurgie traumato-
logique du membre supérieur car il ne nécessite pas le déplacement du
membre pour sa réalisation. Le bras est en effet placé en adduction.
La sonde d’échographie est placée sous la clavicule et verticalement
perpendiculaire à son axe, à la jonction des 2/3 internes et du 1/3
Plexus brachial
M. scalène ant.
M. scalène moyen A.
subclavière
1re côte
Dôme pleural
Bloc axillaire
Le bloc axillaire est une des techniques d’anesthésie locorégionale
les plus utilisées en raison de sa fiabilité, de sa facilité relative de réa-
lisation et de rares complications. Ce bloc permet toute la chirurgie du
membre supérieur sauf la moitié supérieure du bras avec possibilité de
mettre en place un cathéter périneural pour l’analgésie postopératoire.
Réalisation
Le blocage sélectif de chaque nerf améliore le résultat. Le maté-
riel nécessaire est une aiguille de 50 mm à biseau court. Un volume
de 30-40 ml de solution d’anesthésique local réparti sur les différents
nerfs est suffisant pour réaliser un bloc axillaire. Le patient est en
ASC
Plèvre
M
CB R
GD
MC
Neal JM, Gerancher JC, Hebl JR, Ifeld BM, McCartney CJL, Franco CD,
Hogan QH. Upper extremity regional anesthesia. Regional Anesthesia. 2009 ;
34 : 134-70.
ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE 313
Contre-indications générales
Nerfs ilio-inguinal
et ilio-hypogastrique
Nerf obturateur
Nerf sural
Nerf saphène
Nerfs fibulaires
superficiel et profond
Nerf tibial
Nerf obturateur
Nerf cutané fémoral
postérieur
Nerf fibulaire
commun
Nerf saphène
Nerf sural
(br. tibiale)
Nerf fibulaire
superficiel
Nerf tibial
Anesthésie Anesthésie
Analgésie
+ garrot cuisse + garrot cheville
Col du Fémoral
fémur
Diaphyse Fémoral
fémorale
Genou Sciatique en subglutéal Sciatique + fémoral
+ fémoral (± KT)
± obturateur
Jambe Sciatique en subglutéal Sciatique + fémoral
+ fémoral (ou saphène)
Installation
Décubitus dorsal, membre allongé en position anatomique et si diffi-
culté de repérage, rotation externe et légère abduction 10 à 20°.
Techniques
• Sous échographie (figure 11-22) :
— type de sonde : linéaire haute fréquence ;
318 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Fascia lata
Aiguille A
V
N fémoral
Ventral
Médial 3.3
Aiguille
M sartorius
A
A
M vaste M semi-
médial membraneux
Médial
Dorsal 4.0
M long adducteur
M pectiné
M court
adducteur
N obturateur
antérieur
N obturateur
Ventral postérieur
M obturateur externe
Médial 4.9
Aiguille
M grand glutéal
N sciatique Tubérosité
Grand ischiatique
Dorsal
trochanter
M carré fémoral
Médial 7.8
Techniques
• Sous échographie : installation en décubitus latéral, flexion légère
de la hanche et du genou (figure 11-27) :
— type de sonde : linéaire haute fréquence ;
ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE 325
M semi-
Aiguille membraneux
M biceps
fémoral
N fibulaire N tibial
commun
Dorsal
A
Médial V 3.3
Figure 11-27 Bloc du nerf sciatique poplité sous échographie. Aspect après
injection de l’AL et trajet de l’aiguille. N : nerf ; M : muscle, A et V : artère et
veine poplitées.
• En neurostimulation :
— installation : décubitus ventral, pied à 90° dépassant dans le vide
de façon à bien visualiser les mouvements du pied lors de la NS ;
— repères cutanés : la ligne du pli de flexion du genou, le ten-
don du biceps fémoral latéralement et le tendon du semi-membraneux
médialement. Ces 3 repères forment un triangle à base caudale et à
sommet céphalique. Pour faire apparaître ces tendons, demander au
patient de plier le genou tout en s’y opposant (figure 11-28) ;
— aiguille : 50 ou 100 mm ;
— point de ponction : sur la bissectrice de ce triangle, 7 cm au-
dessus du pli de flexion et 1 cm latéralement (voir figure 11-28) ;
— orientation de l’aiguille : angle de 45° en direction céphalique.
Si la première réponse est le nerf fibulaire commun (flexion dorsale
des orteils), l’aiguille est ressortie de 2 à 3 cm et réorientée médiale-
ment pour stimuler le nerf tibial (flexion plantaire des orteils) ;
Intérieur Extérieur
Blocs à la cheville
Aiguille
A
Tendon
Médial calcanéen N tibial Tibia
Ventral 2.7
Malléole
médiale
= Point de ponction
Latéral Médial
Infiltration
fibulaire Infiltration
superficielle saphène
Tendon
extenseur
du tibial
antérieur
Tendon
du long
extenseur
= point de ponction
T du long extenseur
de l’hallux
T du tibial antérieur
N A
Ventral Tibia
Médial 1.8
Technique de réalisation
La technique initiale du TAP bloc consistait à identifier au préa-
lable le triangle de Jean-Louis Petit (figure 11-33). Cet espace ana-
tomique est limité par le bord latéral du grand droit de l’abdomen, la
crête iliaque, et le bord costal. Les nerfs qui traversent cet espace sont
issus de T10, T11, T12, L1. On y trouve également parfois le nerf ilio-
hypogastrique et le nerf ilio-inguinal. L’intérêt de cette zone anato-
mique tient au fait que les muscles, oblique interne et oblique externe,
sont représentés par leur aponévrose à ce niveau. La technique à
l’aveugle consiste donc à introduire une aiguille à bout mousse après
avoir palpé le sommet de la crête iliaque et à ressentir le double res-
saut correspondant au franchissement des deux aponévroses. L’espace
de diffusion sous-jacent permet l’extension du bloc à une bonne par-
tie de la paroi abdominale homolatérale. Cette technique est en fait
limitée par le risque d’injecter dans le mauvais plan et donc de voir
l’efficacité du bloc compromise ainsi que celui de traverser la paroi
ou de pratiquer une injection intrapéritonéale ou même de perforer un
viscère abdominal (figure 11-34).
332 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
TA OI
OE
MP
TS
Peau
Figure 11-34 Insertion de l’aiguille pour la réalisation d’un TAP bloc qui
traverse successivement les facsia des muscles oblique externe et oblique
interne.
TA : muscle transverse abdominal ; OI : muscle oblique interne ; OE : muscle
oblique externe ; TS : tissu sous-cutané ; PM : muscle psoas major.
Indications
Le TAP bloc est indiqué pour l’analgésie après chirurgie abdominale,
qu’il s’agisse de la chirurgie pariétale ou d’une chirurgie viscérale sus
ou sous-mésocolique. Le TAP bloc est le plus souvent bilatéral sauf
pour certaines interventions (appendicetomie, réfection de colostomie).
Complications
Elle s’observent essentiellement avec la technique aveugle : ponc-
tion de viscère abdominal plein ou creux.
Figure 11-35 Échoguidage dans le plan avec coupe transverse des muscles
de la paroi abdominale. Les fascias musculaires apparaissent comme une
zone hyperéchogène. L’insertion de l’aiguille peut être suivie sur tout son tra-
jet (flèches) jusque devant l’aponévrose du muscle transverse de l’abdomen.
SC : tissu sous-cutané ; EO : muscle oblique externe ; IO : muscle oblique
interne ; TA : muscle transverse abdominal.
334 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Bloc ilio-inguinal
Technique
Le point de ponction est situé à la jonction entre le 1/3 externe et
les 2/3 internes d’une ligne joignant l’épine iliaque antérosupérieure
à l’ombilic. Le nerf ilio-inguinal et le nerf ilio-hypogastrique che-
minent à ce niveau dans le plan aponévrotique situé entre le muscle
oblique interne et le muscle transverse de l’abdomen (figure 11-36).
La technique aveugle consistait à pratiquer une infiltration de 10 ml
de solution anesthésique complétée par une injection identique située
au point de jonction des 2/3 internes, 1/2 externe de l’arcade crurale.
L’échographie permet maintenant d’identifier le plan du muscle trans-
verse (voir ci-dessus) de diriger avec précision l’aiguille dans le plan
et d’injecter dans le bon compartiment. Ce bloc peut être complété
par un bloc du nerf génito-fémoral (jonction 1/3 interne, 2/3 externes
de l’arcade crurale) en échographie, notamment lorsqu’il s’agit d’une
réparation directe de la cure de hernie.
Ombilic
Épine du pubis
Complications
Extension de la diffusion de la solution d’anesthésique local sous
l’arcade crurale provoquant un bloc du nerf fémoral (paralysie du qua-
driceps), injection intrapéritonéale ou intravasculaire.
Indications
Cure de hernie inguinale.
Technique de réalisation
Deux techniques sont décrites, l’une consistant à injecter la solu-
tion d’anesthésique local entre le plan profond du muscle grand droit
et son aponévrose inférieure et la seconde (« bloc para-ombilical »)
consistant à injecter entre la face antérieure du muscle grand droit et
son aponévrose superficielle.
• Une aiguille de 50 mm est introduite à 3 à 5 cm de la ligne blanche
selon un angle de 45° et une orientation latéro-médiale. Elle franchit
le feuillet antérieur de la gaine et le corps musculaire jusqu’à rencon-
trer la résistance élastique du feuillet postérieur de la gaine où se fait
l’injection, la diffusion à ce niveau permettant une seule ponction de
chaque côté et l’injection de 20 ml de solution anesthésique.
• Une technique alternative consiste à injecter la solution d’anes-
thésique local entre la gaine antérieure des grands droits et le muscle
grand droit, après le premier ressaut signant le passage de l’aponé-
vrose superficielle. Cette technique nécessite des ponctions étagées
sur le trajet de l’incision chirurgicale. Compte tenu du risque d’in-
jection intrapéritonéale ou de brèche vasculaire, inhérent à l’injection
postérieure, la technique à l’aveugle est remplacée par l’échoguidage
avec une sonde de haute fréquence. La sonde est placée sur la ligne
médiane dans le plan transversal puis déplacée latéralement jusqu’au
bord du grand droit là où les deux feuillets de son aponévrose se rejoi-
gnent. La ponction est effectuée dans le plan de la sonde et la solution
est injectée entre le bord postérieur du muscle grand droit et son apo-
336 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Indications
Le BGD est indiqué pour l’analgésie après chirurgie pariétale
médiane (cure d’éventration, hernie ombilicale, sténose du pylore). La
cure d’éventration est probablement sa meilleure indication.
Complications
Injection intravasculaire et intrapéritonéale.
INFILTRATIONS
M. Beaussier, M. Aissou
cathéters de 7,5 cm, il sera d’au moins 5 ml/h et pour des cathéters de
15 cm d’au moins 10 ml/h.
La durée de la perfusion continue est en général de 48 à 72 h.
Les indications les mieux documentées pour l’infiltration continue
cicatricielle sont :
— les laparotomies sous-costales et médianes ;
— les cicatrices de chirurgie gynécologique par voie abdominale ;
— la césarienne ;
— la chirurgie majeure du sein (incluant ou non la cicatrice de
curage axillaire) ;
— la chirurgie cardiaque (face antérieure de la sternotomie) ;
— la chirurgie du rachis ;
— la prise de greffon osseux iliaque.
Dans ces indications, la perfusion continue cicatricielle procure un
bénéfice analgésique au repos et à la mobilisation, réduit la consom-
mation de morphiniques et les effets secondaires qui lui sont associés
(NVPO et sédation) et accélère la convalescence postopératoire. En
chirurgie abdominale, la perfusion continue cicatricielle réduit la durée
de l’iléus digestif et la dysfonction diaphragmatique postopératoire.
La perfusion continue d’un anesthésique local dans une articulation
est déconseillée du fait du potentiel de toxicité de ces molécules sur
les chondrocytes lors de contacts prolongés.
La perfusion continue cicatricielle est une technique sûre, appli-
cable à la quasi-totalité des patients et dénuée d’effets indésirables
propres. Cette technique n’augmente pas le risque d’infection de site
opératoire.
Conclusion
ANATOMIE CLINIQUE
POSE ET ENTRETIEN
• Purger la tubulure de perfusion, s’assurer de son étanchéité et
conserver le raccord stérile ; vérifier la limpidité de la solution à per-
fuser et la date de péremption.
• Informer le patient et l’installer confortablement, le membre à per-
fuser en déclivité.
• Mettre en place le garrot veineux pas trop serré en position proximale
sur le membre à perfuser, choisir une veine dans une zone cutanée saine.
• Réaliser un traitement hygiénique des mains et mettre des gants
non stériles.
• Désinfecter la zone de ponction avec des compresses stériles et
laisser sécher l’antiseptique, l’utilisation de l’alcool modifié permet
d’optimiser la dilatation veineuse, ne pas dépiler.
• Prévenir le patient et piquer dans l’axe de la veine, biseau vers le
haut puis vérifier le reflux dans l’introducteur et cathétériser la veine
en faisant coulisser le cathéter.
• Libérer le garrot et retirer l’aiguille en faisant pression sur la veine
à l’extrémité du cathéter pour limiter le saignement.
• Mettre en place la tubulure de perfusion, purger et vérifier la pré-
sence d’un reflux en abaissant la poche de perfusion au-dessous du
niveau de ponction.
• Fixer le cathéter et la tubulure avec un pansement transparent
occlusif.
• La VVP doit être surveillée deux fois par jour (état local, signes
de phlébite, température, perméabilité), ne pas laisser en place un
cathéter plus de 96 heures.
• Désinfecter les embouts avant leur manipulation et utiliser un bou-
chon stérile après l’utilisation, il faut refaire le pansement uniquement
s’il est décollé ou souillé.
• Changer la tubulure utilisée après chaque administration de pro-
duits sanguins labiles.
COMPLICATIONS
• Complications mécaniques :
— hématome au point de ponction ;
— perfusion extraveineuse : elle peut être grave si on injecte des
médicaments nécrosants pour le tissu sous-cutané : thiopental, dia-
zépam, dopamine, adrénaline, CaCl2.
Astuce : en cas de doute, mettez un garrot, si la perfusion coule
toujours alors elle passe en extravasculaire ;
— injection intra-artérielle accidentelle, surtout au niveau du coude
mais elle a été décrite au poignet avec des artères radiales accessoires
au niveau de la tabatière anatomique ; la perfusion ne coule pas, dans
ce cas utilisation d’une petite dose test de sérum physiologique peut
éviter des complications qui peuvent être très graves ;
— lésions nerveuses soit directes soit par extravasation avec un
syndrome de loges thrombotiques : caractérisées par une douleur
locale, inflammation et existence d’un cordon induré ; on retire la per-
fusion, on met en repos la veine et on administre des pommades avec
AINS et pansements alcoolisés antiphlogistiques.
• Complications thrombotiques.
PERIPHERALLY INSERTED
CENTRAL CATHETERS (PICC)
Les PICC sont des cathéters centraux insérés par voie périphérique.
Le site d’insertion principal est la veine basilique au 1/3 moyen du
bras.
342 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Contre-indications
INDICATIONS
ANATOMIE CLINIQUE
La veine sous-clavière (VSC) prolonge la veine axillaire à partir
de la face latérale de la première côte jusqu’à sa confluence avec la
veine jugulaire interne (VJI) avec laquelle elle forme le tronc brachio-
céphalique. La longueur est de 3-4 cm et le diamètre de 8-9 mm. Elle
reste toujours béante en raison de l’adhérence de sa gaine aux for-
mations fibreuses de voisinage. La face antérieure de la VSC est en
contact au 1/3 interne de la clavicule ; derrière la veine on trouve le
scalène antérieur, le plexus brachial et l’artère sous-clavière ; sur la
face inférieure on trouve la première côte et la plèvre apicale.
La projection de la VJI sur la peau suit une ligne entre la mastoïde
et la jonction sternoclaviculaire. Sur la face postérieure, dans la partie
supérieure du cou on trouve le plexus cervical ; dans la partie infé-
rieure le nerf phrénique et l’artère sous-clavière surtout de côté droit
car elle monte plus par rapport à la gauche. Sur la face médiale on
trouve la carotide et le nerf vague.
À retenir
Il ne faut jamais forcer le guide ou l’introducteur, si le guide n’avance pas le
plus souvent l’aiguille n’est plus dans la veine.
À retenir
Il faut toujours peser les avantages et les inconvénients de la mise en
place d’un KTC, limiter les ponctions à 3 ou 4 au maximum, penser
à enlever tout cathéter devenu inutile, poser toujours un KTC dans un
endroit équipé pour la détection et le traitement des complications.
VOIE SOUS-CLAVIÈRE
Technique
La veine sous-clavière (VSC) peut être abordée par voie sous-
clavière principalement selon 2 techniques décrites par Aubaniac en
1952 et Testart en 1967, ou par voie sus-clavière selon Yoffa en 1965.
• Voie d’Aubaniac. La voie sous-claviculaire vise le tronc brachio-
céphalique. L’index gauche s’enfonce dans le creux sous-claviculaire,
puis remonte en dedans, toujours au contact de la clavicule, sur la saillie
de la première articulation chondrocostale. Il redescend alors légèrement
de façon à s’enfoncer dans l’angle interne du creux sous-claviculaire.
L’aiguille est piquée au ras de l’index, obliquement en arrière et surtout
en dedans et légèrement en haut vers le creux suprasternal, en passant
entre la clavicule et la première côte. Le fait de rester dans le plan fron-
tal diminue le risque de pneumothorax. On avance ainsi le vide à la
main, lentement, pour donner au sang le temps de monter dans la serin-
gue. Si l’on bute contre un obstacle osseux, il s’agit de la côte ou de son
cartilage, il suffit de donner un peu plus d’obliquité ascendante.
• Voie de Testart. Point d’entrée plus en dehors, c’est-à-dire au
niveau de la fossette de Mohrenheim entre les muscles grand pectoral
et deltoïde. Orientation de l’aiguille visant un centimètre en arrière
de l’articulation sternoclaviculaire, ce qui impose ainsi à l’aiguille un
trajet très frontal qui n’est pas dirigé vers le poumon et qui permet de
prendre la veine en enfilade.
• Voie de Yoffa. Le point de ponction se situe dans l’angle formé
par la clavicule et le chef claviculaire du SCM. L’aiguille est dirigée à
45° dans le plan frontal et vers l’avant de 15° vers le mamelon opposé.
Techniques de pose
Il existe des techniques antérieures et postérieures au SCM. L’abord
antérieur est le plus utilisé. Le malade est en Trendelenburg à 15°,
avec la tête en hyperextension et en rotation légère de côté opposé.
VOIES VEINEUSES ET ARTÉRIELLES 345
APPORT DE L’ÉCHOGRAPHIE
• Avantages et inconvénients :
— courbe d’apprentissage rapide ;
— permet l’évaluation du vaisseau : la position et le diamètre,
thrombose ou sténose ;
— moins de complications mécaniques ;
— permet un taux de réussite supérieur à la technique « à
l’aveugle », notamment lors du premier essai, ce qui améliore le
confort du patient ;
— le seul inconvénient est la perte de l’habitude de piquer selon les
repères anatomiques.
• VJI (veine jugulaire interne) : mettre la sonde de haute fréquence
(7,5-12 MHz) au niveau du triangle de Sédillot, parallèle à la clavi-
cule et perpendiculaire à la peau. La carotide interne est pulsatile et
non dépressible et dans la plupart des cas on voit en dehors la VJI.
Comment faire la différence entre les deux ? La VJI est non pulsatile,
dépressible quand on appuie avec la sonde d’échographie et son dia-
mètre varie avec la respiration ; quelquefois on peut apercevoir une
valvule intraluminale. Il existe 2 techniques pour la ponctionner :
— transversale : mettre la VJI au milieu de l’écran et piquer au
milieu de la sonde vers la veine (insertion de l’aiguille en dehors du
346 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
VOIE FÉMORALE
Cette voie est considérée comme une voie d’urgence car elle est
assez facile à cathétériser et le taux de complications graves est faible.
Le malade est en décubitus dorsal avec le membre inférieur en abduc-
tion et légère rotation externe. La veine se trouve à une distance de
1-2 cm à l’intérieur de l’artère fémorale.
La formule pour retenir la position anatomique est IVAN : I c’est la
ligne médiane et en partant vers l’extérieur on trouve la Veine, l’Artère et
le Nerf fémoral. Le point de ponction se situe à 2 cm sous l’arcade ingui-
nale, qui diminue le risque d’une ponction vésicale ou d’autres viscères.
L’aiguille est inclinée à 30° par rapport à la peau. Il n’est pas conseillé de
mettre un cathéter fémoral à un malade éveillé parce que c’est très incon-
fortable et le taux des complications mécaniques est élevé.
À retenir
Il existe quelques contre-indications de la ponction sous-clavière :
ponction bilatérale, sur un poumon unique et troubles d’hémostase.
VOIES ARTÉRIELLES
INDICATIONS
GÉNÉRALITÉS
Il faut préférer l’artère radiale en 1re intention car elle est super-
ficielle et donc facilement accessible et elle a un réseau collatéral.
Peut-être la seule contre-indication de cathétériser l’artère radiale
est l’absence du flux sanguin dans l’artère du pouce à la suite de l’oc-
clusion de l’artère radiale.
Pour un patient indemne de maladies vasculaires périphériques
– sclérodermie, thrombangéite oblitérante, syndrome de Raynaud – un
test d’Allen positif ne prédit pas les complications ischémiques.
L’artère fémorale est surtout utilisée en conditions d’urgence car
son calibre facilite la ponction ; la présence d’un souffle vasculaire
impose des précautions, la ponction d’une prothèse est formellement
contre-indiquée.
L’artère humérale ne doit pas être utilisée car il n’existe pas de
réseau collatéral.
LA TECHNIQUE
• L’asepsie est chirurgicale, si besoin utiliser l’Emla® 60-90 min
avant la pose ou une anesthésie locale avec une seringue à insuline avec
la lidocaïne non adrénalinée ou un bloc radial au niveau du poignet.
• Pour la radiale on met la main en hyperextension et on pique l’ar-
tère avec un angle de 15-30° avec la peau.
• Pour la fémorale même position et technique que pour la veine
fémorale.
• Le guide doit entrer sans difficulté et sans contrainte.
• Suturer le cathéter à la fin, pansement transparent.
LES COMPLICATIONS
• Mineures : saignement ou hématome.
• Majeures :
— la plus fréquente est l’occlusion partielle ou complète dans 1/5
des cas ;
— la plus grave est l’ischémie de la main ou l’embolisation digitale
irréversible ;
— pour l’artère fémorale, c’est l’hémorragie intra- ou rétropéritonéale.
Chapitre 13
Transfusion et remplissage
périopératoire
SOLUTÉS DE REMPLISSAGE
C. Quesnel
CRISTALLOÏDES
®
Ringer lactate 243 Na 130, Cl 109, 19 1-2 – TC, insuffisance
Ca 4, hépatique,
Lactate 28 hyperkaliémie
SSH 7,5 p. 100 2 500 Na 154, Cl 154 800 1-2 Acidose métabolique –
Colloïdes naturels
Albumine 4 p. 100 250 Na 154, Cl 154 80 6-8 – –
Albumine 20 p. 100 300 Na 154, Cl 154 300 6-8 – –
Tableau 13-I (suite)
COLLOÏDES
ORIENTATIONS THÉRAPEUTIQUES
ET SOLUTÉS DE REMPLISSAGE
Selon le contexte :
• hémorragie :
— pertes sanguines < 20 p. 100 masse sanguine = cristalloïdes ;
— pertes sanguines ≥ 20 p. 100 masse sanguine ou PAS < 80 mmHg =
colloïdes ;
— seuil de transfusion de CG selon Hb : ≤ 7 g/dl (sujet sain) et ≤
10 g/dl (coronarien, sujet âgé) ;
— traitement rapide de la cause du saignement (chirurgie hémo-
stase, tamponnement, artério-embolisation) ;
— réchauffement, correction des troubles de l’hémostase (voir
Chapitre 35, Complications postopératoires précoces, section Hémor-
ragie postopératoire) ;
— utilisation de faibles doses de noradrénaline IVSE si néces-
saire ;
• déshydratation :
— cristalloïdes en première intention ;
— colloïdes si état de choc ;
• choc septique :
— cristalloïdes ou colloïdes ;
— vasopresseur : noradrénaline IV à la seringue électrique ;
— traitement antibiotique et chirurgical si besoin ;
• choc anaphylactique :
— adrénaline (bolus 0,1 mg, en titration puis relais IVSE) ;
— cristalloïdes ;
• traumatisé crânien :
— solutés isotoniques (cristalloïdes ou colloïdes) ;
— maintien de la pression artérielle moyenne (PAM) ≥
95 mmHg ;
— utilisation de noradrénaline si nécessaire ;
• brûlés :
— cristalloïdes isotoniques ;
— formule de Parkland, volume (ml/24 h) = 4 × p. 100 surface brûlée
× poids (kg) ;
— perfuser 50 p. 100 du volume en 8 h, puis 50 p. 100 en 16 h ;
— au-delà de 24 h, utilisation de colloïdes ;
• femme enceinte :
— cristalloïdes ;
— albumine si hypovolémie sévère ;
— hydroxyéthylamidon (Voluven®) ;
• don d’organe :
— cristalloïdes ;
— gélatines ou HEA (uniquement si PM< 200 KD) au-delà de
3 000 ml de remplissage ;
— adrénaline pour maintenir la pression artérielle systolique (PAS)
≥ 100 mmHg.
TRANSFUSION ET REMPLISSAGE PÉRIOPÉRATOIRE 355
A. Godier, S. Susen
DÉFINITIONS
Les produits sanguins labiles (PSL) sont des produits préparés à
partir de dons de sang, qualifiés et transformés par l’Établissement
français du sang (EFS) ou le Centre de transfusion sanguine des
Armées (CTSA), distribués par les sites transfusionnels de l’EFS et du
CTSA ou les dépôts de sang et dont l’administration est soumise à des
règles de compatibilité immunologique.
Ils comprennent les plasmas thérapeutiques, les concentrés de glo-
bules rouges (CGR), les concentrés plaquettaires (CP), les concentrés
de granulocytes, ainsi que le sang total, d’utilisation exceptionnelle.
On distingue les produits autologues, destinés au donneur lui-même,
et aujourd’hui d’utilisation exceptionnelle, des produits homologues,
destinés à une autre personne que le donneur.
La liste et les caractéristiques des produits sanguins labiles pouvant
être distribués ou délivrés à des fins thérapeutiques est fixée par déci-
sion de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé
(Afssaps) après avis de l’EFS. L’inscription d’un nouveau produit
sanguin labile se fait à l’issue d’une évaluation menée par l’Afssaps
sur demande de l’EFS, du CTSA, de tout établissement de transfusion
sanguine des États membres de l’Union européenne ou de tout fabri-
cant de dispositifs médicaux concerné.
Les produits sanguins labiles se distinguent des produits sanguins
stables. Ils ne sont pas régis par les mêmes règles puisque les produits
sanguins stables sont considérés comme des médicaments.
ÉTAPES DE LA TRANSFUSION
La transfusion est un acte médical dont la réalisation et la sur-
veillance sont déléguées aux personnels infirmiers. Un médecin doit
être toujours disponible pendant une transfusion. Plusieurs étapes doi-
vent être respectées.
En dehors du contexte de l’urgence, le prescripteur des PSL doit
informer le patient sur le bénéfice et les risques transfusionnels, ainsi
que sur le besoin transfusionnel. Cette information fait l’objet d’une
traçabilité dans le dossier.
TRANSFUSION ET REMPLISSAGE PÉRIOPÉRATOIRE 357
Validité de la RAI
< 72 h entre le prélèvement (heure sur tube) et l’acte transfusionnel
24 h chez le polytransfusé
Dérogation de validité prolongée à 21 jours en cas de RAI négative
et sous certaines conditions : attestation médicale précisant l’absence,
dans les 6 mois précédents, de grossesse, transfusion ou greffe
Nouveau-né : RAI de la mère, sinon de l’enfant, puis, si RAI négative
à la naissance, RAI suivantes non obligatoires
358 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Délai
Niveau d’urgence Modalités
de délivrance
Urgence vitale immédiate Aucun Sans connaissance des résultats
IH si ceux-ci ne sont pas
immédiatement disponibles
CGR O sans hémolysine
Urgence vitale < 30 min 2 déterminations groupage
sanguin conformes
Éventuellement sans RAI
Urgence relative 2 à 3 heures Résultats IH* connus
CGR ABO compatibles
* IH : immuno-hématologie.
CONCENTRÉS PLAQUETTAIRES
HÉMOVIGILANCE
A. Godier, S. Susen
DÉFINITION
ACCIDENT TRANSFUSIONNEL
TRANSFUSION MASSIVE
F. Bonnet
DÉFINITION
Fibrinogène Fg = 1 g/l
+++ +++
Plaquettes Pl < 50 g/l
+++ +++
Antibioprophylaxie
en milieu chirurgical
S. El Metaoua, C. Blayau
POURQUOI ?
POUR QUI ?
COMMENT ?
Taux d’infection
Classe Types d’intervention
ATB– ATB+
Classe 1 Incision initialement fermée, 1-5 p. 100 < 1 p. 100
Chirurgie propre sans rupture d’asepsie, sans
ouverture de site contaminé
Classe 2 Ouverture d’un site contaminé 5-15 p. 100 < 7 p. 100
Chirurgie propre (hors urine ou bile
contaminée infectées), rupture minime
d’asepsie
Classe 3 Plaie traumatique – –
Chirurgie récente, contamination
contaminée par le contenu digestif,
rupture majeure d’asepsie,
urine ou bile infectées,
inflammation sans pus
Classe 4 Plaie traumatique souillée, – –
Chirurgie sale présence de tissus
dévitalisés, perforation
de viscère digestif,
inflammation avec pus
CHIRURGIE VISCÉRALE
Antibioprophylaxie de 2e intention
Antibioprophylaxie de 2e intention
Produit
Acte chirurgical Posologie Si allergie Durée
de référence
Hernie avec ou sans mise en place d’une plaque prothétique Pas d’ATBP
Chirurgie vésiculaire sous laparoscopie, sans facteur de risque
Mise à plat d’un abcès sans cellulite
Excision de sinus pilonidal
Chirurgie colorectale ou appendiculaire (appendice normale) Cefoxitine 2 g à l’induction Gentamicine Période
Chirurgie de l’intestin grêle (y compris anastomose bilio- (Mefoxin®) puis 1 g/2 h (Gentalline®) opératoire
digestive) 5 mg/kg
Plaies de l’abdomen +
Prolapsus Imidazolé
(Flagyl®) 1 g
Chirurgie proctologique Imidazolé 1 g à l’induction Période
(Flagyl®) opératoire
Toute autre chirurgie digestive (chirurgie œsophagienne, Céfazoline 2 g à l’induction Clindamycine Période
gastroduodénale, pancréatique, hépatique, chirurgie des (Céfacidal®) puis 1 g/4 h (Dalacine®) opératoire
voies biliaires, cure d’éventration) 600 mg à
l’induction puis
600 mg/4 h
+
ANTIBIOPROPHYLAXIE EN MILIEU CHIRURGICAL
Gentamicine
(Gentalline®)
5 mg/kg
371
372
Produit
Acte chirurgical Posologie Si allergie Durée
de référence
Prothèse articulaire Céfamandole 1,5 g à l’induction Vancomycine Période
(Kéfandol®) puis (Vancocine®) 1 g opératoire
750 mg/2 h en 1 h à l’induction (24 h max)
+ Gentamicine
(Gentalline®) 5 mg/kg
TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Mise en place d’un matériel quelle que soit Céfazoline 2 g à l’induction Vancomycine Période
la technique (percutanée ou vidéo-scopie) (Céfacidal®) puis 1 g/4 h (Vancocine®) 1 g opératoire
Chirurgie articulaire par arthrotomie en 1 h à l’induction
Greffe osseuse + Gentamicine
(Gentalline®) 5 mg/kg
Ligamentoplastie
Chirurgie du rachis Céfazoline 2 g à l’induction Vancomycine Période
(Céfacidal®) puis 1 g/4 h (Vancocine®) 1 g opératoire
en 1 h à l’induction
+ Gentamicine
(Gentalline®) 5 mg/kg
Tableau 14-III (suite)
Produit
Acte chirurgical Posologie Si allergie Durée
de référence
Fracture fermée nécessitant une ostéosynthèse Céfamandole 1,5 g à l’induction Clindamycine (Dalacine®) Période
Fracture ouverte de stade I de Cauchoix (Kéfandol®) puis 600 mg à l’induction opératoire
750 mg/2 h puis 600 mg/4 h (24 h max)
Plaie articulaire
Plaie des parties molles non contuses, non souillées
Fracture ouverte de stade II ou III de Cauchoix Amox-clav 2 g à l’induction Clindamycine (Dalacine®) 48 h
Large plaie des parties molles contuse et souillée (Augmentin®) puis 1 g/2 h 600 mg à l’induction
puis 600 mg/4 h
+ Gentamicine
(Gentalline®) 5 mg/kg
en 30 min
Arthroplastie et autre intervention orthopédique Pas d’ATBP
ANTIBIOPROPHYLAXIE EN MILIEU CHIRURGICAL
373
374 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Antibioprophylaxie de 2e intention
CHIRURGIE UROLOGIQUE
Antibioprophylaxie de 2e intention
Produit
Acte chirurgical Posologie Si allergie Durée
de référence
Chirurgie rhinologique avec mise en place Céfazoline 2 g à l’induction Clindamycine (Dalacine®) Période opératoire
d’un greffon (Céfacidal®) puis 1 g/4 h 600 mg à l’induction
puis 600 mg/4 h
+ Gentamicine
(Gentalline®) 5 mg/kg
en 30 min
Chirurgie naso-sinusienne avec méchage Amox-clav 2 g à l’induction Clindamycine (Dalacine®) 24 h
Implants cochléaires (Augmentin®) puis 1 g/2 h 600 mg à l’induction
puis 600 mg/4 h
Chirurgie maxillo-faciale avec ouverture bucco-
pharyngée + Gentamicine
(Gentalline®) 5 mg/kg
Chirurgie cervico-faciale avec ouverture bucco- en 30 min
pharyngée
Chirurgie alvéolaire Prévention
Extraction dentaire en milieu non septique de l’endocardite
Produit
Acte chirurgical Posologie Si allergie Durée
de référence
Résection endoscopique de la prostate et des Céfamandole 1,5 g à l’induction Gentamicine (Gentalline®) Période opératoire
tumeurs vésicales (Kéfandol®) puis 750 mg/2 h 5 mg/kg en 30 min
Traitement endoscopique des lithiases rénales et
urétérales (montée de sonde JJ ou urétérale,
néphrolithomie percutanée, urétéroscopie)
Cystectomie Céfoxitine 2 g à l’induction Gentamicine (Gentalline®) Période opératoire
Uréthroplastie, uréthrotomie (Mefoxin®) puis 1 g/2 h 5 mg/kg en 30 min
+ Imidazolé (Flagyl®) 1 g
Sphincter artificiel
TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Cure de prolapsus
Chirurgie scrotale ou de la verge Pas d’ATBP
Cystoscopie, fibroscopie urétérale
Lithotripsie
Néphrectomie et prostatectomie radicale
Surrénalectomie
Antibioprophylaxie de 2e intention
CHIRURGIE GYNÉCO-OBSTÉTRICALE
Antibioprophylaxie de 2e intention
+ Gentamicine (Gentalline®)
5 mg/kg en 30 min
Exérèse pulmonaire (y compris Céfamandole 1,5 g à l’induction Clindamycine (Dalacine®) Période opératoire
la chirurgie vidéo-assistée) (Kéfandol®) puis 750 mg/2 h 600 mg/6 h
ou ou 2 g à l’induction + Gentamicine (Gentalline®)
Amox-clav puis 1 g/2 h 5 mg/kg en 30 min
(Augmentin®)
Chirurgie du médiastin Céfamandole 1,5 g à l’induction Clindamycine (Dalacine®) Période opératoire
Plaie thoracique (Kéfandol®) puis 750 mg/2 h 600 mg/6 h
Chirurgie du pneumothorax + Gentamicine (Gentalline®)
Décortication (patient non infecté) 5 mg/kg en 30 min
Médiastinoscopie, trachéotomie Pas d’ATBP
Drainage thoracique
Fistule artério-veineuse Vancomycine 1 g en 1 h Période opératoire
(Vancocine®) à l’induction
Tableau 14-VII Antibioprophylaxie de 1re intention en chirurgie gynéco-obstétricale
Hystéroscopie
379
380 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
NEUROCHIRURGIE
Antibioprophylaxie de 2e intention
ANTIBIOPROPHYLAXIE EN CHIRURGIE
OPHTALMOLOGIQUE
Thromboprophylaxie
veineuse
B. Gafsou, E. Marret
Prévention médicamenteuse
Chirurgie
orthopédique
HBPM Dose modérée Dose élevée
majeure
(hanche, genou)
Enoxaparine 2 000 UI (0,2 ml)/j 4 000 UI (0,4 ml)/j 4 000 UI/j
Lovenox®
Nadroparine 2 850 UI (0,3 ml)/j 2 850 UI (0,3 ml)/j 38 UI/kg jusqu’au
Fraxiparine® 3e jour puis
57 UI/kg
Daltéparine 2 500 UI (0,2 ml)/j 5 000 UI (0,2 ml)/j 5 000 UI (0,2 ml)/j
Fragmine®
Réviparine 1 432 UI (0,25 ml)/j 3 436 UI (0,6 ml)/j 3 436 UI (0,6 ml)/j
Clivarine®
Tinzaparine 2 500 UI (0,25 ml)/j 3 500 UI (0,35 ml)/j 4 500 UI (0,45 ml)/j
Innohep®
386 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
présentent une durée d’action rapide, une demi-vie courte, une réponse
dose-effet prédictible, une incidence limitée de thrombopénies, un
faible coût, et un moindre risque hémorragique. Ceci a permis d’envi-
sager l’administration de doses plus importantes chez les patients les
plus à risque comme les obèses.
• Les anti-Xa (tableau 15-IV). Ces molécules comme le fonda-
parinux (Arixtra®) ou plus récemment le rivaroxaban (Xarelto®) ont
montré une efficacité plus importante que les HBPM chez les patients
de chirurgie orthopédique, opération du genou ou de la hanche, mais
aussi, pour le fondaparinux, en chirurgie générale et chez les patients
médicaux au détriment d’une demi-vie longue, d’une adaptation
rénale et de risques hémorragiques majorés.
• Les nouveaux anticoagulants oraux : inhibiteurs directs du
facteur Xa ou de la thrombine IIa (voir tableau 15-IV).
Indication
Dosage et administration
prophylactique
Inhibiteur oral PTH, PTG 110 mg PO 1-4 h après la fin
direct de la de l’intervention puis 220 mg/j
thrombine (en une prise)
Dabigatran Pour les patients insuffisants rénaux
Pradaxa® modérés ou âgés de plus 75 ans,
sous Cordarone® ou Vérapamil®,
il est recommandé de diminuer
les doses : 75 mg puis 150 mg/j
Contre-indication : insuffisance rénale
sévère
Inhibiteur indirect Chirurgie 2,5 mg sc une fois par jour
du Xa viscérale avec la première dose 6-8 h
Fondaparinux PTH, PTG, FH après la chirurgie
Arixtra® Contre-indication : insuffisance rénale
sévère
Inhibiteur PTH, PTG 10 mg par jour PO avec la
oral direct première dose à débuter 6-10 h
du facteur Xa après la chirurgie
Rivaroxaban Contre-indication : insuffisance rénale
Xarelto® sévère
L’apixaban (Eliquis®) est un inhibiteur oral direct du facteur Xa. Il est en cours d’obtention
d’une autorisation de mise sur le marché pour la thromboprophylaxie après prothèse totale de
hanche (PTH) et prothèse totale de genou (PTG). La posologie est de 2,5 mg × 2/j à débuter
12 à 24 h après l’intervention.
THROMBOPROPHYLAXIE VEINEUSE 387
Surveillance
HNF Numération plaquettaire avant traitement puis 2 fois
par semaine pendant 21 jours puis 1 fois par semaine
ensuite
HBPM Numération plaquettaire avant traitement puis 2 fois
par semaine pendant 21 jours puis 1 fois par semaine
ensuite
Héparinoïdes Numération plaquettaire avant traitement puis 2 fois
par semaine pendant 21 jours puis 1 fois par semaine
ensuite
AVK INR : toutes les 48 heures puis à chaque changement
de dose et 1 fois par mois après équilibre
Anti-XA – Pas de surveillance biologique en routine
fondaparinux
Inhibiteur direct Pas de surveillance biologique en routine
du facteur Xa
Inhibiteur direct Pas de surveillance biologique en routine
de la thrombine
388 TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Risque lié
Risque chirurgical Recommandations
au patient
Faible BAT*
Varices – Rien
Chirurgie abdominale non
majeure : appendice, vésicule + HBPM doses modérées
non inflammatoire, proctologie,
chirurgie pariétale
Modéré
Dissection étendue – HBPM doses modérées
et/ou hémorragique
Durée opératoire anormalement + HBPM doses élevées
prolongée
Fondaparinux 2,5 mg/j
Urgences
Élevé HBPM doses élevées
Chirurgie abdominale majeure : Fondaparinux 2,5 mg/j
foie, pancréas, colon, maladie
inflammatoire ou cancéreuse Avec BAT associés
du tractus digestif
* BAT : bas antithrombose.
Durée : pour un cas de chirurgie abdominale majeure carcinologique, la thromboprophylaxie
doit être prolongée pour une durée totale de 4 à 6 semaines. Sinon 7 à 10 jours.
THROMBOPROPHYLAXIE VEINEUSE 391
Risque lié
Risque chirurgical Recommandations
au patient
Faible
Arthroscopie du genou – Pas de prophylaxie
Lésion ligamentaire traumatologique
(extrémité distale du membre + HBPM doses élevées
inférieur sans fracture)
Trauma genou sans fracture
Modéré
Fracture extrémité distale HBPM doses élevées,
du membre inférieur (tibia surtout si risque
péroné, cheville et pied) patient
Fracture diaphyse fémorale HBPM doses élevées
Élevé
PTH* HBPM doses élevées
PTG** Fondaparinux
(Arixtra®)
Rivaroxaban (Xarelto®)
Fracture du col du fémur Dabigatran (Pradaxa®)
Apixaban (Eliquis®)
Fondaparinux
HBPM doses élevées
Risque lié
Risque chirurgical Recommandations
au patient
Faible
Rein voie percutanée – Rien
Surrénales
Urétéroscopie et chirurgie
de l’uretère
Chirurgie endos. vessie et prostate
Chirurgie de l’incontinence urinaire + HBPM doses modérées
(voie périnéale) ou BAT
Chirurgie testicule et urètre
Modéré
Élevé
Rein voie ouverte HBPM doses élevées*
Chirurgie ouverte du bas appareil Fondaparinux*
(prostate, vessie et cure
d’incontinence) +/- CPI
Curage ganglionnaire (pelvis
abdomen)
Transplantation rénale
* Durée de la thromboprophylaxie en cas de chirurgie carcinologique : 4 à 6 semaines.
Risque lié
Risque chirurgical Recommandations
au patient
Faible
IVG, curetage, bartholinite, – Rien
conisation
Hystéroscopie opératoire
Ponction ovocytes
Fertiloscopie
Cœlioscopie diagnostique + BAT
ou < 60 minutes
Chirurgie bénigne du sein
Modéré
Hystérectomie vaginale – HBPM ou HNF doses
Hystérectomie cœlioscopique modérées
Cœlioscopie > 60 minutes ou BAT
Laparotomie exploratrice
Chirurgie carcinologique du sein + HBPM ou HNF doses
élevées
± BAT
Élevé
Hystérectomie voie haute HBPM*
Prolapsus ou HNF doses élevées
Chirurgie pour cancer pelvien ou fondaparinux*
(utérus, col utérin, ovaire) ± BAT
* Durée de la thromboprophylaxie en cas de chirurgie carcinologique : 4 à 6 semaines.
THROMBOPROPHYLAXIE VEINEUSE 393
Geerts WH, Bergqvist D, Pineo GF, Heit JA, Samama CM, Lassen MR,
Colwell CW. Prevention of venous thromboembolism. American College of
Chest Physicians. Evidence-Based Clinical Practice Guidelines. 8th Edition.
Chest, June 2008 ; 133 (6 Suppl) : 381S-453S.
Recommandations pour la pratique clinique. Prévention de la maladie throm-
boembolique veineuse périopératoire et obstétricale. http://www.sfar.org/_docs/
articles/209-RPC % 20MVTE.pdf/
ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Chapitre 16
Anesthésie de l’adulte
en chirurgie digestive
C. Vezinet, M. Movschin, D. Eyraud
GÉNÉRALITÉS
ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE
Respiratoire
Nutritionnelle
PÉRIODE PEROPÉRATOIRE
Laparotomie
Laparoscopie
PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE
Principes généraux
Principes spécifiques
Iléus postopératoire
Toute laparotomie est à l’origine d’un arrêt du transit, iléus postopé-
ratoire, qui va perdurer de 2 à 6 jours habituellement.
La durée de l’iléus n’est pas proportionnelle à la durée de l’inter-
vention mais à son siège. Elle est allongée par la présence d’un épan-
chement intrapéritonéal (inhibition de la motricité du grêle) ainsi que
par l’administration de morphine et raccourcie par les anesthésiques
locaux par voie péridurale ou la lidocaïne par voie intraveineuse
(1 mg/kg en bolus puis 1 mg/kg/heure pendant l’intervention).
ANESTHÉSIE DE L’ADULTE EN CHIRURGIE DIGESTIVE 405
Drainages
Un drainage est un dispositif qui permet l’évacuation des liquides
pathologiques en rétention dans les cavités naturelles ou opératoires,
vers l’extérieur du corps.
Quelle que soit la position du malade, la pression négative intra-
abdominale provoque une aspiration des liquides vers les coupoles,
expliquant la constitution des abcès sous-phréniques en postopéra-
toire. Sur un malade couché, les liquides s’écoulent vers les hypo-
chondres puis vers le cul-de-sac de Douglas.
Leurs indications peuvent être :
— formelles, équivalant à un geste thérapeutique, en cas de réten-
tion de liquides pathologiques en intrapéritonéal (pus, sang), d’infection
secondaire d’une plaie initiale, ou de l’existence de zones dépéritonisées ;
406 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Rééquilibration hydro-électrique
Les opérés quittent le bloc opératoire avec une séquestration de
liquide dans le secteur extracellulaire (troisième secteur), proportion-
nelle à l’étendue de la dissection chirurgicale. Ce troisième secteur
se redistribue vers le 2e-3e jour postopératoire et peut engendrer une
surcharge circulatoire chez les patients les plus fragiles.
En dehors des interventions les plus mineures, les patients restent le
plus souvent perfusés jusqu’à la reprise du transit.
Réalimentation postopératoire
L’assistance nutritionnelle artificielle doit être systématiquement
envisagée en postopératoire. Elle est recommandée :
• chez un patient non dénutri (GN 1 et GN 2) :
— quand les apports alimentaires postopératoires sont inférieurs à
60 p. 100 de ses besoins quotidiens depuis 7 jours ;
— probablement si les apports alimentaires prévisibles sont infé-
rieurs à 60 p. 100 des besoins quotidiens au cours des 7 jours post-
opératoires ;
ANESTHÉSIE DE L’ADULTE EN CHIRURGIE DIGESTIVE 407
Chirurgicales
Hémorragies postopératoires
Le tableau clinique d’une hémorragie postopératoire peut être simple
en cas d’extériorisation par les drainages. Un saignement autour d’un
drain est plutôt en faveur d’un saignement pariétal qu’intrapéritonéal.
Une hémorragie interne peut être plus difficile à dépister : un syn-
drome hémorragique important peut être à l’origine d’une simple dou-
leur inhabituelle, d’une distension abdominale. Une hémorragie plus
modérée pourra être simplement à l’origine d’une tachycardie, d’une
chute de l’hémoglobine ou d’une chute de la saturation veineuse en O2
(SvO2), en cas de monitorage par cathétérisme de Swan-Ganz.
Complications pariétales
Elles sont représentées par les hématomes, les abcès, les éventra-
tions et les éviscérations.
L’hémostase chirurgicale peropératoire et le rôle des anticoagulants
périopératoires sont impliqués dans la survenue des hématomes.
Les abcès sont en rapport avec une contamination peropératoire, ou
avec la surinfection d’un hématome.
Les éventrations et les éviscérations se différencient anatomique-
ment par l’intégrité du péritoine ou non. Les éviscérations sont soit
couvertes par une peau intègre, soit ouvertes rendant les anses intes-
tinales directement exposées nécessitant alors une reprise chirurgicale
sans délai. Éventrations et éviscérations sont soit d’origine mécanique,
soit secondaires à une infection de paroi ou péritonéale, aiguë ou chro-
nique, ayant pu évoluer à bas bruit sans syndrome infectieux évident.
Fistules digestives
On entend, par fistules digestives, une solution de discontinuité anor-
male au niveau du tube digestif pouvant se manifester par une commu-
nication entre le tube digestif et la peau (ou un autre organe). Le plus
souvent, la fistule siège au niveau d’une anastomose digestive. Elle
peut également survenir à distance, sur une autre zone de l’intestin, ou
au décours d’une intervention non digestive, relevant à la fois des dif-
ficultés opératoires, de la qualité des tissus de l’intestin, des conditions
locales circulatoires, de la technique chirurgicale elle-même.
Les fistules peuvent s’observer sur toute la hauteur du tractus diges-
tif et de ses annexes. Chaque localisation possède des caractères spé-
cifiques avec des modalités de prise en charge particulières qui ne
seront pas détaillées ici. Le délai habituel d’apparition d’une fistule se
situe entre 5 et 10 jours. La précocité et l’importance du débit de la
fistule conditionnent la sévérité du tableau clinique.
Le tableau peut être précoce et grave avec une désunion anastomo-
tique large et précoce. Le tableau peut être plus frustre avec un syndrome
infectieux, associé à un iléus, parfois une diarrhée. L’examen clinique
retrouve alors une douleur voire une défense, soit un empâtement loca-
lisé sans signe de diffusion. L’abcès périanastomotique alimenté par la
410 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Médicales
Les complications pulmonaires sont au premier plan des compli-
cations médicales postopératoires.
Les facteurs favorisant sont : l’âge, le tabac, l’obésité, la dénutrition
et les antécédents de pathologie respiratoire mais aussi une dysfonc-
tion diaphragmatique ; une inefficacité de la toux limitée par la dou-
leur et la diminution de la clairance mucociliaire en postintubation ;
l’inhalation périopératoire (période de réveil).
Les complications respiratoires sont représentées par une large
gamme qui va de la simple désaturation artérielle à l’encombrement
bronchique, aux atélectasies et aux pneumonies infectieuses nécessi-
tant une réintubation-ventilation.
En dehors de l’antibiothérapie en cas de pneumopathie avérée, le
traitement consiste en une bonne kinésithérapie respiratoire postopéra-
toire, en termes de physiothérapie classique, de spirométrie incitative
(appareil de triflow), de pression positive expiratoire (type CPAP), ou
de ventilation non invasive. Il faut souligner l’importance d’une bonne
analgésie périopératoire qui facilite la kinésithérapie et les expectora-
tions efficaces.
Le simple changement de posture ne doit pas être négligé : en par-
ticulier la mise au fauteuil précoce est une manœuvre simple ayant un
effet marqué sur la CRF.
La fibroscopie bronchique, pour aspiration et/ou prélèvement bacté-
riologique de manière à adapter l’antibiothérapie, doit être largement
indiquée, y compris chez les patients déventilés, en vigile.
ANESTHÉSIE DE L’ADULTE EN CHIRURGIE DIGESTIVE 411
CAS PARTICULIERS
CHIRURGIE RÉGLÉE
Œsophage
Acte chirurgical
La voie trans-hiatale (sans thoracotomie) comporte un temps de
dissection aveugle et donc un risque de complication (perforation car-
diovasculaire). Cette voie d’abord trouve son intérêt chez des patients
opérés pour séquelles d’œsophage caustique.
Les autres voies permettent une dissection parfaite de l’œsophage avec
curage ganglionnaire complet. La résection est suivie par l’interposition
d’un « greffon » constitué de l’estomac tubulisé, ou d’un segment colique
si l’estomac n’est pas utilisable (importance des fibroscopies préopéra-
toires).
ANESTHÉSIE DE L’ADULTE EN CHIRURGIE DIGESTIVE 413
Spécificité de l’anesthésie
Une intubation « estomac plein » s’impose pour les patients atteints
d’adénocarcinome développé sur endo-brachyœsophage (reflux gastro-
œsophagien).
L’analgésie péridurale thoracique favorise la toux et la mobilisation
postopératoire précoce et à ce titre elle devrait montrer un bénéfice en
termes de complication respiratoire, chez les patients les plus à risque.
Évaluation préopératoire
Le terrain souvent alcoolo-tabagique des néoplasies de l’œsophage
(pour les épidermoïdes) implique un bilan ORL et trachéal minutieux :
recherche d’un autre cancer (bouche, larynx, poumons) ou d’une
extension locale (bronches, trachée). L’état nutritionnel doit impérati-
vement être évalué.
414 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Complications postopératoires
• Les fistules anastomotiques, heureusement rares, mais mortelles
dans 50 p. 100 des cas, nécessitent le plus souvent une reprise opé-
ratoire.
• Hémothorax : de cause souvent mixte : saignement peropératoire
et troubles de crase consécutifs. Il impose rarement une reprise chirur-
gicale.
• Chylothorax : ils sont dus à une absence de ligature du canal tho-
racique ou à son traumatisme chirurgical. Ce sont des épanchements
clairs (> 1 l) qui apparaissent dans les premiers jours postopératoires.
Le caractère chyleux peut parfois n’apparaître qu’avec la reprise de
l’alimentation orale ou entérale. Ils peuvent nécessiter une reprise
chirurgicale, après échec du traitement médical (régime sans graisse
enrichi en triglycérides à chaînes moyennes).
• Les complications respiratoires médicales postopératoires sont
de loin les plus fréquentes : atélectasies et pneumopathies bactériennes.
Qu’en est-il de la faisabilité de la ventilation invasive (VNI) dans ce
cas précis ? Y a-t-il des implications liées aux lésions nerveuses asso-
ciées, en particulier lors des dissections cervicales ? Majore-t-on le
risque de reflux digestif de l’œsophage, surtout lorsqu’il est associé à
une pyloroplastie ? La VNI est réalisable sans majoration des compli-
cations chirurgicales et même potentiellement doublement bénéfique ;
1) au niveau respiratoire, 2) au niveau local, avec une amélioration de
l’oxygénation et de la perfusion tissulaire O2 de la plastie gastrique.
La prudence s’impose particulièrement et justifie une surveillance
accrue, au sein d’une équipe entraînée, en s’assurant de la bonne tolé-
rance clinique, de l’utilisation de pressions limitées.
• Traumatismes nerveux : les lésions des nerfs récurrents sont à
l’origine des troubles de la déglutition avec parésie des cordes vocales.
Dans les abords par triple voie, il peut en effet exister une atteinte
laryngée par traction sur le nerf récurent droit lors de la thoracotomie,
et sur le nerf récurrent gauche lors de la cervicotomie gauche. Cette
atteinte heureusement rare peut impliquer une trachéotomie dans l’at-
tente d’une récupération.
Estomac
Côlon
Foie
Évaluation préopératoire
L’anesthésiste doit pouvoir disposer des éléments suivants :
— le type de résection prévue et la technique opératoire souhaitée
(exclusion vasculaire, clampage pédiculaire) ;
— l’état du parenchyme hépatique ;
— l’échographie hépatique renseigne non seulement sur le site de la
lésion, son extension locale et ses rapports vasculaires mais aussi per-
met de suspecter une hépatopathie (stéatose, cirrhose) et de détecter ou
de quantifier une hypertension portale (bas débit portal, ascite, spléno-
mégalie) qui limite considérablement les possibilités de résection.
D’autres facteurs sont à prendre en compte :
— une coronaropathie ou une altération de la fonction cardiaque
risquant de se décompenser sous l’effet d’un clampage cave. Par
ailleurs, l’augmentation des pressions droites augmente le risque de
saignement lors de la dissection, de la résection s’il n’y a pas de clam-
page, et bien sûr lors du déclampage vasculaire ;
— l’existence d’une pathologie pulmonaire sous-jacente, par l’hypo-
xie qui peut la compliquer, peut également interférer sur la récupération
ANESTHÉSIE DE L’ADULTE EN CHIRURGIE DIGESTIVE 417
Phase peropératoire
L’hémorragie massive est le risque majeur : elle peut survenir pen-
dant la section du parenchyme hépatique ou lors de la plaie d’une
veine sus-hépatique ou de la veine cave inférieure. La surveillance de
la pression artérielle par voie sanglante est primordiale et toutes les
précautions des interventions à haut risque hémorragiques doivent être
prises (voie veineuse de gros calibre, appareil pour transfusion rapide
avec réchauffement). La prise de pression veineuse centrale est sou-
haitable pour maintenir la PVC inférieure à 5 mmHg au moins durant
toute la phase de dissection et pendant l’hépatectomie, s’il n’y a pas
de clampage. Cela afin de diminuer le saignement sur le champ opéra-
toire et par là même d’optimiser l’acte chirurgical.
Les clampages vasculaires peuvent être utilisés pour diminuer l’hémor-
ragie. Ils peuvent être soit continus, soit séquentiels pour améliorer la
tolérance à l’ischémie :
— le clampage du pédicule hépatique (CPH) : c’est le clampage de
la veine porte, de l’artère hépatique et de la voie biliaire. Il entraîne
une augmentation de la PA, malgré une baisse modérée de la PVC et
du débit cardiaque (Qc) mesuré ;
— l’exclusion vasculaire du foie (EVF) : associe un CPH et le
clampage de la veine cave inférieure sus- et sous-hépatique. Elle est
parfois utilisée pour les tumeurs proches des veines sus-hépatiques
afin de prévenir une hémorragie massive ou une embolie gazeuse.
L’EVF provoque une baisse majeure de 50 p. 100 du Qc mesuré. La
mesure de la SvO2 est également souhaitable, lorsqu’une EVF est
envisagée. La tolérance à l’EVF doit être testée après une optimisation
du remplissage vasculaire, amenant les pressions de remplissage aux
limites supérieures de la normale. La tolérance se juge alors sur le
maintien de la PA, le maintien d’un Qc (à environ 50 p. 100 du Qc
mesuré en pré-EVF), et du maintien de la SvO2 supérieure ou égale à
70 p. 100, pendant une durée de 5 à 7 minutes.
418 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Phase postopératoire
Le risque postopératoire est dû à l’insuffisance hépatocellulaire et à
sa récupération, avec un risque de défaillance multiviscérale, pouvant
conduire au décès dans les cas les plus sévères.
Il dépend du déroulement de l’intervention : perte sanguine, isché-
mie myocardique…
Les hépatectomies sur cirrhose constituent une des rares indications
à l’administration « prophylactique » de PFC, afin de maintenir un
TP > 45 p. 100, et d’albumine en compensation des pertes protéiques
liées à la production d’ascite en postopératoire. De même, un taux de
plaquette ≥ 50 000 est souhaitable.
Splénectomie
CHIRURGIE EN URGENCE
Péritonites
Occlusions
Anesthésie
en chirurgie orthopédique
F. Bonnet
INTRODUCTION
CONSULTATION D’ANESTHÉSIE
FONCTION CARDIAQUE
Deux éléments doivent être pris en compte chez les sujets âgés : le
risque de cardiopathie ischémique et la possibilité d’une insuffisance
cardiaque. La symptomatologie des cardiopathies ischémiques peut
être masquée par la mobilité limitée des patients. Compte tenu de la
faible valeur prédictive de l’ECG de repos (qui sert uniquement de
référence), l’échographie de stress (dobutamine) est l’examen clé. Il
permet également d’apprécier la fonction cardiaque. Les interactions
médicamenteuses avec des agents tels que les inhibiteurs du système
rénine-angiotensine et les antiagrégants plaquettaires doivent être
prises en compte (voir Chapitre 2, Consultation d’anesthésie).
FONCTION RESPIRATOIRE
CRITÈRES D’INTUBATION
RISQUE THROMBOEMBOLIQUE
Risque lié
Risque lié à la chirurgie Recommandations
au patient
Arthroscopie _ Pas de prophylaxie
Chirurgie ligamentaire + HBPM doses élevées
Faible
Trauma genou
sans fracture
Fracture extrémité MI HBPM doses élevées
(surtout si risque
patient)
Modéré
Fracture diaphyse fémorale HBPM doses élevées
Rachis non neurologique
PTH, PTG HBPM doses élevées
Fondaparinux (Arixtra®)
Dabigatran (Pradaxa®)
Rivaroxaban (Xarelto®)
Élevé Fracture du col du fémur HBPM doses élevées
Rachis neurologique Fondaparinux
Polytraumatisé
Polytraumatisé avec risque CPI
hémorragique
AMM Durée
Agents Mécanisme Posologie Surveillance Contre-indications
Thromboprophylaxie de traitement
HNF Anti-Xa CI des HBPM 5 000 u × 2/j (PTH-PTG) TCA TIH
Anti-IIa 4 sem plaquettes
PTH PTG
HBPM Anti-Xa Toutes chirurgies 40 mg/j 4 sem plaquettes TIH
Anti-IIa PTH PTG
Fondaparinux Anti-Xa PTH/PTG/ 2,5 mg/j 4 sem ---- Insuffisance rénale
(Arixtra®) indirect FC Âge > 75 ans
Dabigatran Anti-Xa PTH/PTG 110 mg × 2 4 sem ---- Insuffisance rénale
(Pradaxa®) indirect en 1 prise Insuffisance hépatique
Prise amiodarone-AVK
ou clopidogrel
Rivaroxaban Anti-Xa PTH/PTG 10 mg/j 4 sem ---- Insuffisance rénale
(Xarelto®) indirect Insuffisance hépatique
Prise AVK, clopidogrel
ANESTHÉSIE EN CHIRURGIE ORTHOPÉDIQUE
kétoconazole, ritonavir
427
428 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
TECHNIQUES D’ANESTHÉSIE
Chirurgie de l’épaule
Chirurgie du rachis
TYPE D’ANESTHÉSIE
SPÉCIFICITÉS ORTHOPÉDIQUES
STRATÉGIE TRANSFUSIONNELLE
Stratégie en pratique
Autres techniques
Récupération peropératoire
Ces techniques sont utilisées seulement quand le saignement pero-
pératoire est supérieur à 15 p. 100 de la volémie. Elles doivent obli-
gatoirement posséder un système de lavage-filtrage (débris d’os,
ciment…) et permettent de recueillir 50 p. 100 du sang épanché. L’hé-
matocrite du sang retransfusé est aux alentours de 45 p. 100.
Récupération postopératoire
Elle s’effectue en salle de réveil et peut être continuée jusqu’à H+6.
On doit néanmoins se limiter à un volume retransfusé de 1 000 ml et
il s’agit de sang non lavé. Cette technique permet d’économiser 2
ou 3 CE et est réservée aux interventions saignant en postopératoire
(PTG sous garrot, reprise de PTH non septique…).
Les contre-indications sont communes à la récupération per- et pos-
topératoire : infection locale ou générale, cancer, utilisation d’un pro-
duit antiseptique pendant le temps du recueil et utilisation de colles
biologiques en peropératoire (contenant des thromboplastines).
Antifibrinolytiques
L’acide tranexamique (Exacyl®) est utilisé pour la chirurgie de
hanche hémorragique, les PTH et la chirurgie du genou (PTG), la poso-
logie est de 15 mg en bolus ± 10 mg/h en perfusion sur 5-6 heures.
GARROT PNEUMATIQUE
Son utilisation
CIMENT
CONCLUSION
Anesthésie
en chirurgie vasculaire
E. Marret
ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE
Probabilité
Facteur de risque Point de complications
cardiaques graves
Chirurgie majeure* +1 Classe II (Score = 1) 0,9 p. 100
Antécédent de coronaropathie +1 Classe III (Score = 2) 6,6 p. 100
Antécédent d’insuffisance +1 Classe IV (Score ≥ 3) 11 p. 100
cardiaque
Antécédent d’accident +1
vasculaire cérébral
Diabète +1
Créatininémie > 2 mg/dl +1
* La chirurgie vasculaire artérielle est une chirurgie majeure. Tous les patients opérés d’une
chirurgie vasculaire artérielle ont donc au minimum 1 point.
440 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
PATHOLOGIE CARDIOVASCULAIRE
(voir Chapitre 3, Anesthésie du patient cardiovasculaire)
PATHOLOGIE RESPIRATOIRE
PATHOLOGIE RÉNALE
PATHOLOGIE MÉTABOLIQUE
Un diabète est retrouvé chez environ 10 p. 100 des patients opé-
rés d’une chirurgie vasculaire. Il augmente le risque de complications
cardiaques et peut être associé à une dysautonomie du système neuro-
végétatif (risque de stase gastrique ou d’hypotension artérielle systé-
ANESTHÉSIE EN CHIRURGIE VASCULAIRE 441
Antécédent de coronarographie
Antécédent d’insuffisance cardiaque
Diabète insulinodépendant
Insuffisance rénale (créat > 177 μmol/l)
Capacité fonctionnelle réduite
NON OUI
Coronarographie
Lésion(s) Lésion(s)
Chirurgie β-bloquants
non significative(s) significative(s)
Revascularisation myocardique
par stent(s) ou chirurgie cardiaque
* Une coronarographie est d’autant plus souhaitable si l’ischémie myocardique est étendue lors du test
d’effort cardiaque ou si le patient présente des facteurs de risque majeurs.
CHIRURGIE DE LA CAROTIDE
Généralités
Période peropératoire
Techniques d’anesthésie
Anesthésie locorégionale
Son intérêt repose sur la possibilité de pouvoir surveiller clinique-
ment l’état neurologique du patient.
Plusieurs techniques ont été décrites : bloc du plexus cervical
profond et superficiel, bloc isolé du plexus cervical profond, bloc
isolé du plexus cervical superficiel voire uniquement infiltration
chirurgicale.
Le bloc du plexus cervical profond comporte un risque spéci-
fique d’injection intrarachidienne ou péridurale et d’injection intra-
artérielle (apparition de troubles neurologiques dès l’injection de
quelques ml d’anesthésique local). Il existe de plus un risque de para-
lysie phrénique.
En cas de complications neurologiques, l’intubation orotrachéale
peut être difficile. L’installation du patient doit anticiper la nécessité
d’un contrôle rapide des voies aériennes supérieures.
Anesthésie générale
Elle permet un confort optimal à la fois pour le patient et le chirur-
gien. Les agents anesthésiques diminuent la consommation du cer-
veau en (CMRO2) et diminuent ainsi le seuil d’ischémie cérébrale. De
plus, les voies aériennes supérieures sont contrôlées en cas d’accident
neurologique peropératoire.
On utilise préférentiellement des agents anesthésiques permettant
un réveil rapide du patient pour une évaluation précoce de l’état
neurologique
L’induction (propofol, thiopental, étomidate associés à du sufentanil
ou du rémifentanil) est administrée à dose titrée afin de préserver la
perfusion cérébrale et minimiser les variations hémodynamiques délé-
tères chez le coronarien.
L’entretien de l’anesthésie est aussi bien réalisable avec des agents
volatiles (desflurane ou sévoflurane) qu’avec des agents intraveineux
en mode AIVOC (propofol).
444 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Monitorage
Monitorage cardiovasculaire
• Surveillance du scope avec monitorage du segment ST.
• Surveillance de la pression artérielle le plus souvent invasive.
Monitorage neurologique
Son objectif est de détecter précocement l’ischémie cérébrale sur-
venant lors du clampage de la carotide. La survenue d’une souffrance
cérébrale en début de clampage justifie la mise en place d’un shunt
carotidien.
La surveillance par l’examen clinique chez le patient vigile (ALR)
est considérée comme la méthode de référence.
L’électroencéphalogramme (EEG) mesure l’activité cérébrale pen-
dant le clampage carotidien. En cas d’ischémie, on observe un ralen-
tissement puis une diminution de l’activité électrique. Même si les
modifications sont bien corrélées aux modifications du débit sanguin
cérébral, il reste peu sensible pour détecter les épisodes d’ischémie
cérébrale (accidents sous-cortical ou de petite taille par exemple).
De plus, l’interprétation peut être faussée en cas de baisse du DSC
non liée à une ischémie cérébrale (hypothermie, approfondissement
anesthésie) ou perturbée en cas d’anomalies préexistantes en pré-
opératoire.
Le BIS n’est pas validé pour le monitorage de l’ischémie cérébrale
même s’il peut être éventuellement modifié dans ce cas.
Les potentiels évoqués somesthésiques (PES) étudient la réponse
corticale à une stimulation électrique. Ils présentent les mêmes écueils
en termes de sensibilité et de spécificité que l’EEG.
Le Doppler transcrânien mesure la vélocité sanguine au niveau
de l’artère cérébrale moyenne. Il permet de détecter les emboles
qui sont la cause la plus fréquente des complications neurolo-
giques lors de la chirurgie de la carotide. Il est cependant souvent
techniquement difficile (fenêtre osseuse variable et toute varia-
tion du diamètre de l’artère ou de l’angle du capteur modifie la
mesure).
La pression résiduelle dans la carotide clampée est supposée refléter
l’importance de la perfusion cérébrale et la perméabilité du polygone
de Willis et des axes artériels collatéraux. Ce monitorage n’est cepen-
ANESTHÉSIE EN CHIRURGIE VASCULAIRE 445
dant pas fiable car une pression résiduelle élevée peut être en rapport
avec un bas débit sanguin cérébral (résistances périphériques élevées)
et à l’inverse une pression résiduelle basse peut être associée à un
débit sanguin cérébral élevé (résistance faible).
Complications peropératoires
Instabilité hémodynamique
Une hypotension artérielle et/ou une bradycardie peuvent être obser-
vées lors de l’abord du glomus carotidien. Ces évènements se résolvent
par l’arrêt des manipulations chirurgicales du glomus et une infiltration
de celui-ci avec de la lidocaïne à 1 p. 100.
Une hypertension artérielle est fréquemment observée pendant le
clampage carotidien. Celle-ci est respectée sauf si elle est mal tolérée
(ischémie myocardique).
Accidents neurologiques
La survenue d’un accident neurologique transitoire peropératoire
est un facteur de risque important de complication postopératoire
(× 5).
• Facteur de risque des accidents neurologiques peropératoires :
— ATCD d’AIT répétés ou lacunes au scanner ;
— accident vasculaire cérébral récent ;
— thrombose de la carotide controlatérale ;
— mauvais réseau artériel de suppléance (polygone de Willis) ;
— plaque ulcérée ;
— chirurgie en urgence.
• Étiologie des accidents neurologiques lors de la chirurgie de la
carotide (tableau 18-II).
Période postopératoire
Généralités
Période peropératoire
Techniques d’anesthésie
Anesthésie locorégionale
Les techniques locorégionales peuvent être réalisées pour deux rai-
sons :
— soit dans un but analgésique avec mise en place préopératoire d’un
cathéter péridural thoracique bas (D10) ou réalisation d’une rachianes-
thésie morphinique (injection de 300 à 500 μg de morphine) en cas de
chirurgie ouverte. Elles sont plus efficaces que l’analgésie systémique.
De plus, l’analgésie péridurale diminue l’incidence des complications
respiratoires ;
— soit dans un but anesthésique. Ces techniques ne se conçoivent
que chez les patients opérés d’un anévrysme de l’aorte par voie endo-
vasculaire. Elles présentent un intérêt par rapport à l’anesthésie générale
chez les patients très fragiles. On peut réaliser aussi bien une rachia-
nesthésie ou une anesthésie péridurale voire uniquement une anesthésie
locale du scarpa.
Anesthésie générale
Elle doit permettre de maintenir une stabilité circulatoire tout au
long de l’intervention.
Induction avec des agents hypnotiques à doses titrées (étomidate,
propofol) et des morphiniques à forte dose (sufentanil 0,5 μg/kg ou
rémifentanil 1 μg/kg) afin de minimiser les variations hémodyna-
miques délétères chez le coronarien.
448 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Équipement et monitorage
• Mise en place d’une voie veineuse périphérique de bon calibre
(risque hémorragique).
• Surveillance ECG d’au moins 2 dérivations (DII et V5) avec ana-
lyse informatisée du segment ST.
• Monitorage invasif de la pression artérielle par cathéter radial.
• Un cathéter veineux central peut être mis en place afin de surveiller
la PVC (reflet de la PAPO si pas de cardiopathie associée) et pour
l’administration si besoin des drogues sympathomimétiques en cas de
chirurgie ouverte.
• Un monitorage du remplissage et du débit cardiaque (Doppler œso-
phagien ou système PICCO, en VigileoTM) est nécessaire en cas de car-
diopathie.
• Surveillance de la diurèse (sonde urinaire).
• En cas d’anesthésie générale, monitorage de la profondeur de l’anes-
thésie (titration des hypnotiques), de la température et de la curarisation.
• Un réchauffeur de perfusion et un dispositif récupérateur de sang
(type Cell-saver®) peut être mis en place en cas d’anticipation de
pertes hémorragiques importantes.
Période postopératoire
Complications postopératoires
• Complications cardiaques. L’incidence de l’infarctus du myocarde
varie entre 5 à 10 p. 100. Il peut être prévenu par l’administration de
bêtabloquants en périopératoire et de l’aspirine. La troponine Ic doit être
dosée de manière répétée pendant les premiers jours postopératoires.
• Complications respiratoires. Les bronchopneumopathies repré-
sentent la complication la plus redoutée car elles sont associées à une
450 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Généralités
Période peropératoire
Techniques d’anesthésie
Anesthésie locorégionale
Elle n’est envisageable que chez un patient ne présentant pas de
troubles de l’hémostase.
ANESTHÉSIE EN CHIRURGIE VASCULAIRE 451
Monitorage
• Surveillance hémodynamique avec un moniteur ECG ayant au moins
2 dérivations (DII et V5) et une analyse informatisée du segment ST.
• En cas d’anesthésie générale, monitorage de la profondeur de l’anes-
thésie (titration des hypnotiques).
Période postopératoire
Anesthésie
en chirurgie urologique
M. Ott
GÉNÉRALITÉS
CHIRURGIE RÉNALE
Phéochromocytome
À retenir
L’administration isolée de bêtabloquants est contre-indiquée car elle peut
conduire à une aggravation des symptômes, par contre ils peuvent être
associés aux α1-bêtabloquants pour lutter contre les troubles de rythme,
le labétalol n’est pas un médicament à utiliser seul car il a une activité
bêtabloquante prédominante.
Calculs rénaux
Lithotritie extracorporelle
90 p. 100 des calculs peuvent être traités de cette manière.
La grossesse, l’anévrisme de l’aorte abdominale ou rénale et les
coagulopathies constituent des contre-indications. La coagulopathie
doit être corrigée 24 h avant et 48 h après le geste.
ANESTHÉSIE EN CHIRURGIE UROLOGIQUE 457
CHIRURGIE DE LA VESSIE
CHIRURGIE DE LA PROSTATE
À retenir
Traiter le malade et non pas la natrémie, il faut arrêter la correction de la
natrémie une fois que les symptômes se sont améliorés, ne jamais dépas-
ser 8 à 12 mmol/24 h, le risque étant la myélinolyse centropontine.
À retenir
Un gros emphysème sc au niveau du cou et du visage, ainsi que la posi-
tion de Trendelenburg, peuvent conduire à une extubation difficile, sur-
tout si le malade était difficile à intuber.
462 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
À retenir
Le message clé est la surveillance attentive de l’EtCO2 : dans le cadre de la
cœlioscopie, l’EtCO2 est plutôt en augmentation, une diminution doit attirer
l’attention.
URGENCES EN UROLOGIE
Torsion testiculaire
Anesthésie
en chirurgie gynécologique
A. Vigneau, L. Amasse
ANESTHÉSIE
POUR CŒLIOCHIRURGIE
GYNÉCOLOGIQUE
PHYSIOPATHOLOGIE
• Modifications circulatoires :
— diminution de l’index cardiaque par compression des gros vais-
seaux intra-abdominaux ;
— maintien voire augmentation de la pression artérielle par éléva-
tion des résistances vasculaires systémiques et amélioration du retour
veineux en position de Trendelenburg.
• Modifications des circulations régionales :
— chute importante du débit mésentérique pouvant entraîner une
ischémie sévère de la muqueuse intestinale ;
— diminution de la diurèse en partie expliquée par une diminution
de la perfusion rénale plus importante que la seule baisse du débit
cardiaque ;
— maintien de la circulation cérébrale concourant à une élévation
de pression intracrânienne.
Ces répercussions respiratoires et hémodynamiques peropératoires
sont largement compensées par les bénéfices postopératoires : dimi-
nution du traumatisme chirurgical, de la douleur et des perturbations
respiratoires, reprise du transit plus rapide permettant une hospitalisa-
tion plus courte.
PRÉCAUTIONS ET MONITORAGE
TECHNIQUE ANESTHÉSIQUE
PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE
Douleurs postopératoires
Nausées et vomissements
Ils sont fréquents après cœlioscopie, supérieurs à 50 p. 100 dans
certaines séries. Le dropéridol (1 à 2 mg IV) est habituellement effi-
cace, sans effet secondaire notable. Les inhibiteurs 5HT3 (sétrons,
ex. : odansétron 4 mg IV) sont également efficaces.
468 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
ANESTHÉSIE POUR LAPAROTOMIE
EN CHIRURGIE GYNÉCOLOGIQUE
INDICATIONS
TECHNIQUE ANESTHÉSIQUE
Anesthésie générale
Anesthésie locorégionale
Anesthésie péridurale
L’anesthésie péridurale lombaire en association avec l’anesthésie
générale procure de bonnes conditions opératoires. Dans le cas de
chirurgie gynécologique majeure (tumeur maligne de l’ovaire), elle
procure une bonne analgésie postopératoire. Elle est plus efficace que
l’analgésie systémique pour contrôler la douleur postopératoire. Elle
offre des avantages extra-analgésiques, liés à l’inhibition des réactions
neuroendocriniennes et métaboliques du stress.
L’administration continue ou l’analgésie péridurale contrôlée par le
patient (PCEA) sont plus faciles à gérer et exposent à moins de pro-
blèmes que l’administration discontinue par bolus. L’analgésie péridu-
ANESTHÉSIE EN CHIRURGIE GYNÉCOLOGIQUE 469
PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE
Douleurs postopératoires
Nausées et vomissements
ANESTHÉSIE
POUR CHIRURGIE DU SEIN
ÉPIDÉMIOLOGIE
PÉRIODE PRÉOPÉRATOIRE
TECHNIQUE ANESTHÉSIQUE
Anesthésie générale
Anesthésie locorégionale
Anesthésie péridurale
L’anesthésie péridurale thoracique procure de bonnes conditions
opératoires. Toutefois elle peut être de réalisation difficile et compli-
quée d’hypotension artérielle, de rétention d’urines ou de céphalées
consécutives à une brèche durale. L’hématome et l’abcès péridural
sont extrêmement rares mais gravissimes. Ainsi, le rapport bénéfice-
risque n’est pas en faveur de l’anesthésie péridurale, étant donné la
faible intensité de la douleur postopératoire.
Infiltrations pariétales
La chirurgie mammaire étant une chirurgie superficielle, les tech-
niques d’infiltration paraissent justifiées. Celles-ci sont simples : elles
consistent en l’injection d’anesthésiques locaux par le chirurgien dans
les berges de la cicatrice de tumorectomie, de mastectomie et/ou de
curage axillaire, de prothèse mammaire.
L’étendue de la cicatrice et des dissections peut conduire à l’injec-
tion de grands volumes d’anesthésiques locaux. L’utilisation de molé-
cules moins toxiques comme la ropivacaïne est recommandée (40 ml,
solution à 0,5 p. 100).
L’infiltration réalisée avant l’intervention n’apporte pas de bénéfice
par rapport à la même infiltration réalisée en fin d’intervention.
Ainsi, les plasties de réduction mammaire sont une bonne indication
des infiltrations d’anesthésiques locaux.
PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE
Douleurs postopératoires
Nausées-vomissements postopératoires
Douleurs myofasciales
Ce sont des contractures douloureuses musculaires du trapèze, du
deltoïde, etc. Elles provoquent un défaut d’usage de l’épaule pouvant
aller jusqu’à un véritable syndrome épaule-main et une épaule gelée.
Ces douleurs sont liées à des étirements de l’épaule en période pero-
pératoire, à des contractures musculaires prolongées. Elles sont sen-
sibles aux AINS et surtout à la rééducation précoce. Si elles ne sont
pas dépistées, elles peuvent durer plusieurs mois avec un handicap
important au niveau du bras.
INTUBATION DIFFICILE
EN CHIRURGIE ORL
Matériel d’intubation
Trachéotomie
Ventilation transtrachéale
CRITÈRES D’EXTUBATION
ÉTIOLOGIES
SPÉCIFICITÉS DE L’ANESTHÉSIE
ANESTHÉSIE POUR ENDOSCOPIE
DES VOIES AÉRIENNES SUPÉRIEURES
TERRAIN
PROBLÈMES ANESTHÉSIQUES
Inhalation
Elle est peu évidente cliniquement, elle doit être suspectée devant
une désaturation artérielle prolongée.
Complications
Modes de ventilation
Ventilation spontanée
Cette technique, utilisée essentiellement pour les laryngoscopies en
suspension a pour avantage de laisser libre tout le champ opératoire,
elle nécessite une bonne coordination des équipes chirurgicale et anes-
thésiste. La difficulté consiste à maintenir un équilibre fragile entre la
profondeur d’anesthésie nécessaire et une ventilation efficace.
Elle impose un apport constant d’oxygène par voie nasale ou tra-
chéal, une bonne connaissance de la relation dose-effet des agents
482 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Jet-ventilation
Cette technique de ventilation est adaptable à plusieurs vecteurs
réalisant une ventilation sus-glottique ou trans-glottique ou sous glot-
tique. De plus la technique libère complètement les champs opéra-
toires.
Comme décrit précédemment l’asservissement de l’insufflation à la
pression trachéale est un élément de sécurité.
Les paramètres usuels sont une alimentation égale à la pression
murale, un temps d’insufflation de 25 à 30 p. 100 du cycle, une fré-
quence élevée (> 60/min) et un volume délivré de 50 à 250 ml.
La JVHF peut être administrée par un cathéter injecteur de quelques
mm de diamètre par voie sous-glottique par ponction percutanée ou
par voie transglottique. Le cathéter peut être introduit par l’orifice tra-
chéal chez le patient trachéotomisé.
Jet-ventilation sus-glottique
Le vecteur est porté par le canal latéral du laryngoscope chirurgical
dont l’extrémité est positionnée dans le pharynx. Cette voie expose à
une hyperinsufflation œsophagienne et/ou gastrique. La limite de cette
technique est qu’elle est conditionnée à la mobilisation du laryngos-
cope avec risque d’hypoventilation ou d’insufflation œsophagienne.
Jet-ventilation transglottique
Le cathéter généralement en téflon ou en vestiron de petit diamètre
(1 à 2 mm) inflammable résistant au laser (tubes Benjet® et Hunsa-
ANESTHÉSIE EN CHIRURGIE ORL 483
PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE
CHIRURGIE LASER
RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
CHIRURGIE CARCINOLOGIQUE
DES VOIES AÉRIENNES
ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE
Évaluation cardiovasculaire
ANTIBIOPROPHYLAXIE
TYPES D’INTERVENTIONS
Évidements ganglionnaires
Ils sont soit isolés quand la lésion initiale a été traitée (radiothé-
rapie) ou n’a pas été retrouvée, soit inclus dans le geste chirurgical
curatif de la lésion. Ils sont dits radicaux lorsqu’il y a résection de la
veine jugulaire et du sternocléidomastoïdien, ils sont dits fonctionnels
lorsque ces structures sont conservées.
En peropératoire la manipulation du glomus carotidien entraîne des
bradycardies cédant à l’arrêt de la stimulation mécanique ou par infil-
tration de lidocaïne à 1 p. 100 ; sont également décrits des pneumo-
thorax par brèches pleurales, des embolies gazeuses par brèches
vasculaires et du fait de la position proclive et des troubles de la ven-
tilation par lésion du nerf phrénique.
Un point particulier : des allongements du QT ont été observés
après évidements ganglionnaires radicaux droits chez les patients
alcooliques, pouvant être à l’origine de décès subits en postopératoire
(troubles du rythme) sans que toutefois la pathogénicité ne soit établie
(de tels cas ont été rapportés chez l’alcoolique en dehors de tout geste
chirurgical), il est donc conseillé de surveiller ces patients en post-
opératoire en USC.
ANESTHÉSIE EN CHIRURGIE ORL 487
Pelvi-mandibulectomie
Bucco-pharyngectomie transmaxillaire
Laryngectomie partielle
PÉRIODE OPÉRATOIRE
PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE
STÉNOSES SOUS-GLOTTIQUES
CHIRURGIE DE L’OREILLE
CAS PARTICULIERS
CHIRURGIE
DES GLANDES SALIVAIRES
Elle consiste en des parotidectomies totales ou partielles avec le
risque de lésion du nerf facial et des sous-maxillectomies avec le risque
d’atteinte du nerf lingual ou du rameau mentonnier du VII. Le repérage
des trajets nerveux par stimulateur est donc nécessaire, les curares sont
proscrits.
AMYGDALECTOMIE
ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE
• Interrogatoire :
— antécédents personnels ou familiaux de saignement anormal ;
— prise médicamenteuse interférant avec l’anesthésie ;
ANESTHÉSIE EN CHIRURGIE ORL 493
MODALITÉS DE L’HOSPITALISATION
TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES
Période préopératoire
Période peropératoire
Période postopératoire
COMPLICATIONS
• NVPO.
• Hémorragie précoce (6 premières heures postopératoires) : véri-
fication systématiques des loges amygdaliennes avant la sortie de la
SSPI.
• Hémorragie tardive par chute d’escarres classiquement au 5e jour
(peut être plus tardive) justifiant une réhospitalisation et une reprise
chirurgicale éventuelle (0,1 à 2,4 p. 100).
• Les reprises chirurgicales se font toujours sur un patient à estomac
plein (sang dégluti).
• Syndrome d’apnée du sommeil chez l’enfant opéré d’obstruction
chronique des VAS.
ANESTHÉSIE EN CHIRURGIE ORL 495
ADÉNOÏDECTOMIE
Anesthésie
en ophtalmologie
F.-X. Donnette
GÉNÉRALITÉS
ANATOMIE – PHYSIOLOGIE
M. droit latéral
Canal hyaloïdien
Sclère
Choroïde
Cristallin
Rétine
Cornée
Iris
Corps ciliaire
Lame criblée
Corps vitré
M. oblique
supérieur
M. droit M. droit
latéral supérieur
Anneau
tendineux
commun
M. oblique
inférieur
Nerf
optique
M. droit
inférieur
Douleur
Durée Contrôle
Akinésie post- Anesthésie Particularités
(min) PIO
opératoire
Segment antérieur
Cataracte 10-20 ± – ± ATO
Glaucome 30 ± ++ + ALR
Myopie 15 – – – ATO Sans intervention de l’anesthésiste
Greffe de cornée 90-120 ++ ++ ++ AG/ALR±
Segment postérieur, 60-120 ++ ++ ++ ALR/AG Prévention des NVPO
décollement de rétine Si injection de gaz lourd :
Cryoapplication, éliminer le N2O, pas de voyage
photocoagulation au laser, en altitude en postopératoire
indentation, vitrectomie, Si tamponnement interne :
tamponnement interne positionnement de la tête
par silicone ou gaz lourd en postopératoire
Annexes
ANESTHÉSIE EN OPHTALMOLOGIE
CONSULTATION D’ANESTHÉSIE
Enfant
Sujet âgé
Traitement anticoagulant
Antibioprophylaxie
TECHNIQUES D’ANESTHÉSIE
Anesthésie topique
Anesthésie locorégionale
Anesthésie rétrobulbaire
Cette technique est abandonnée compte tenu des risques de compli-
cations potentiellement graves, nettement supérieurs à ceux de l’anes-
thésie.
Caroncule Lacrymale
Contre-indications
Les contre-indications à la réalisation de l’APB sont :
— le monophtalme ;
— le myope fort, dont la longueur axiale (LA) est supérieure à
26 mm.
La biométrie par Écho B réalisée à la demande du chirurgien en
préopératoire permet de contrôler la LA et de vérifier l’absence de
staphylome (déformation non sphérique de la sclère), augmentant le
risque de perforation.
Gestion des échecs
Absence d’analgésie → réinjection d’AL en ponctionnant un autre
site ou réalisation chirurgicale d’une anesthésie sous-ténonienne (dans
la capsule de Tenon).
Akinésie imparfaite → souvent acceptable pour l’opérateur, permet-
tant d’éviter une nouvelle ponction.
Anesthésie
en chirurgie pulmonaire
N. Liu
INTERVENTIONS
Spécificités et recommandations
• La position de l’opéré est en décubitus latéral.
• La ventilation unipulmonaire exige une intubation sélective.
• L’extubation précoce est souhaitable.
• La surveillance des drains pleuraux doit être rigoureuse.
• L’analgésie doit être optimale car la chirurgie est très douloureuse.
ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE
INTUBATION SÉLECTIVE
pour un homme on utilise une sonde de 39 f et pour une femme une
sonde de 37 f. Pour gonfler le ballonnet bronchique, on peut s’aider
de la technique des bulles décrite par Benumof qui consiste à ouvrir le
raccord situé en aval de la branche clampée et à le relier à un flacon
de sérum ; aucune fuite (absence de bullage) ne doit se produire lors
de la ventilation du poumon opposé.
MONITORAGE PEROPÉRATOIRE
Anesthésie générale
Période postopératoire
Pneumonectomie
Lobectomie
Thoracoscopie
Bronchoscopie rigide
Médiastinoscopie
Anesthésie
en chirurgie cardiaque
J.-B. Dolbeau, A. Ouattara
ÉVALUATIONS PRÉOPÉRATOIRES
Valvulopathies
Autres indications
Les autres indications opératoires sont les pathologies péricardiques
(épanchement péricardique, tamponnade, péricardite constrictive), les
pathologies de l’aorte thoracique (dissection, rupture, anévrysme), l’exé-
rèse de thrombus ou de tumeurs intracardiaques, les plaies cardiaques,
les médiastinites et les endocardites, la transplantation cardiaque.
CONSULTATION D’ANESTHÉSIE
STRATÉGIE TRANSFUSIONNELLE
TRAITEMENTS PRÉOPÉRATOIRES
AVK
Antiagrégants plaquettaires
PRÉMÉDICATION
Monitorage hémodynamique
Cathéter de Swan-Ganz
Invasif, il permet la mesure et le calcul de nombreuses variables.
• Pressions : pression artérielle pulmonaire et pression auriculaire
droite en continu, pression artérielle pulmonaire d’occlusion.
• Débit cardiaque : l’utilisation d’un cathéter muni d’une résistance
permet en théorie le monitorage en continu du débit cardiaque. En
réalité il existe un temps de latence très important entre les variations
du DC et l’observation de ces variations sur le moniteur de Swan-
Ganz (4 à 10 min).
Ces mesures couplées à la mesure de la pression artérielle systé-
mique permettent de calculer les résistances vasculaires systémiques
et pulmonaires, le travail systolique des ventricules.
• Gazométrique : saturation en oxygène du sang veineux mêlé en
continu. Il peut être intéressant de coupler les gazométries veineuse
et artérielle afin de calculer la différence artérioveineuse, l’extraction
et la consommation d’oxygène. D’une façon plus anecdotique ces
mesures peuvent permettre de quantifier des shunts.
• Fraction d’éjection du ventricule droit.
Il existe différents modèles de cathéter de Swan-Ganz. Il sera choisi
en fonction des paramètres à monitorer.
OG
OD
POST
ANT
VD VG
OG
AO IN F
VG LAT
VD VG
ANT
Période pré-CEC
Antibioprophylaxie (tableau 24-IV)
La chirurgie cardiaque est une chirurgie propre (classe 1 d’Alte-
meier). La prolongation de l’antibioprophylaxie au-delà de la période
opératoire n’a aucune utilité. On peut utiliser :
532
ANALGÉSIE POSTOPÉRATOIRE
PARTICULARITÉS HÉMODYNAMIQUES
DES VALVULOPATHIES
TAMPONNADE
IM IA
Type RM RA
Aiguë Chronique Aiguë Chronique
Précharge M, lutte contre ↓ ↑ ou ↓ ↓↓ M ↑
HTAP+++
Postcharge M ↓↓ ↓ ↓↓ ↓ M
ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
ACC/AHA 2006. Guidelines for the Management of Patients with Valvular Heart
Disease. J Am Coll Cardiol. 2006 ; 48 : 1-148.
Hirschi M, Meistelman C, Longrois D. Anesthésie en chirurgie cardiaque en
l’an 2000 : place des nouvelles techniques et de l’extubation trachéale précoce.
Conférences d’actualisation de la SFAR. Paris, Elsevier, 2000 : 215-34.
Chapitre 25
Anesthésie
en neurochirurgie
J.-M. Devys
100 PaCO2
C
PAM
50
D
PaO2
B
A PIC
0
50 100 150 500
Pression (mmHg)
Agents halogénés
isoflurane
desflurane
sévoflurane
propofol
100
80
CMRO2
(%)
60
50
40
20
0
Éveillé 1 CAM/EC 50 1,5 CAM/EC 50
Protoxyde d’azote
Agents morphiniques
Curares
MONITORAGE PÉRIOPÉRATOIRE
ET REMPLISSAGE VASCULAIRE
MESURES PRÉVENTIVES
Infection
Nausées et vomissements
Thrombose
Analgésie
Convulsions
Anti-œdémateux (corticoïdes)
L’HTIC peut être définie soit par une mesure sur capteur en place ;
comme une valeur de PIC > 15 mmHg, soit par la constatation chirur-
gicale d’un cerveau tendu (dure-mère fermée) ou d’une hernie de
celui-ci à travers l’incision dure-mérienne. Les mesures permettant
une diminution de la PIC sont, par ordre de facilité de réalisation :
— hyperventilation transitoire en FiO2 1 (but : PaCO2 30-35 mmHg,
ETCO2 25-30 mmHg) ;
— pronation 30° et vérification de la position de la tête (éviter les
rotations extrêmes gênant le retour veineux) ;
— vérifier la profondeur d’anesthésie (morphinique avant l’incision
dure-mérienne, bolus IVL sur 5 min de propofol 1-2 mg ⋅ kg–1 ou de thio-
pental 3-5 mg ⋅ kg–1) ;
— NaCl 20 p. 100 : 2 à 3 amp de 20 ml en 15 min ;
— mannitol 20 p. 100 (0,25 ml ⋅ kg–1) en 15 min (attention à l’effet
diurétique osmotique (hypokaliémie) et à l’effet transitoire sur la PIC).
Ces mesures doivent s’associer à celles permettant le maintien d’une
PAM (vasoconstricteurs, correction d’une hypovolémie) permettant la
conservation d’une PPC d’environ 70 mmHg.
Malgré ces thérapeutiques médicales, il arrive que seule l’action
chirurgicale d’extension de l’incision dure-mérienne, d’évacuation de
l’hématome responsable de l’HTIC, de soustraction de LCR (dériva-
tion ventriculaire ou ponction des citernes) voire de parenchyme céré-
bral (résection tumorale ou temporale de sauvetage) permettent de
retrouver une pression intracrânienne normale.
SUIVI POSTOPÉRATOIRE
CAS PARTICULIERS
Anesthésie
en obstétrique
A. Salengro
ANALGÉSIE OBSTÉTRICALE :
PÉRIDURALE
ET SOLUTIONS ALTERNATIVES
DOULEUR OBSTÉTRICALE
Consultation d’anesthésie
Bilan biologique
• Refus de la parturiente.
• Troubles de l’hémostase (une exception : les maladies de Wille-
brand mineures et asymptomatiques avec un taux de VIIIvw supérieur
à 30 p. 100).
• Risque hémorragique important : placenta praevia antérieur, pla-
centa accreta.
• Infection locale ou généralisée.
• Traitements anticoagulants :
— administration d’héparine non fractionnée : ponction péridurale
possible 4 h après l’arrêt d’une seringue électrique IV, 12 h après une
injection sous-cutanée préventive ou curative, après vérification du TCA ;
— en cas de traitement préventif par HBPM, ponction péridurale pos-
sible 12 h après l’injection et reprise des anticoagulants 12 h après ou 6
à 8 h après la ponction en l’absence d’administration « préopératoire » ;
— en cas de traitement curatif par HBPM, attendre 24 h avant de
réaliser la ponction et 24 h après ;
— lors d’un traitement par aspirine, la ponction péridurale est pos-
sible en l’absence de troubles de coagulation associés. Par contre, la
prise de clopidogrel, la contre-indique formellement, il faut attendre
5 jours d’arrêt avant de réaliser une anesthésie médullaire.
• État hémodynamique ou pathologie cardiaque instable : l’analgé-
sie péridurale n’est pas contre-indiquée si l’injection d’anesthésique
local est fractionnée de façon à éviter les hypotensions.
• Pathologies neurologiques évolutives : hypertension intracrânienne,
sclérose en plaques en poussée…
Protocoles
Injections itératives
La première injection lente et fractionnée après test d’aspiration
doit être réalisée par le médecin anesthésiste.
Par exemple : ropivacaïne 2 mg/ml 10 ml associée éventuellement à
10 μg de sufentanil à renouveler dès la réapparition de la douleur. Les
injections de morphinique doivent être espacées au minimum de 2 h.
Après la première injection, l’anesthésiste vérifie le niveau sensitif, le
bloc moteur, la symétrie de l’analgésie, l’absence d’effets secondaires
(hypotension, troubles neurologiques) et la disparition de la douleur
(EVA < 30). Lors de chaque injection, un test d’aspiration est réalisé,
la pression artérielle est monitorée toutes les 5 min et l’efficacité de
l’analgésie contrôlée.
Seringue électrique
Après une première injection lente et fractionnée efficace, on
peut mettre en place un pousse-seringue électrique avec un mélange
de ropivacaïne 1 mg/ml et sufentanil 0,5 μg/ml à une vitesse de 8 à
548 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Péri-rachianalgésie continue
Lors de l’analgésie obstétricale, cette technique est intéressante en
cas de travail hyperalgique ou en fin de travail notamment si la dila-
tation est rapide.
ANESTHÉSIE EN OBSTÉTRIQUE 549
Adjuvants
Les adjuvants principaux utilisés dans l’analgésie péridurale sont
les morphiniques liposolubles (notamment le sufentanil) et la cloni-
dine. Ils permettent de réduire les doses d’anesthésiques locaux et
ainsi de diminuer l’incidence du bloc moteur. Ils peuvent également
permettre de gommer certaines imperfections de l’analgésie péridurale
(voir plus loin). La dose optimale de clonidine par voie péridurale est
de 75 μg en une seule injection pendant le travail (une dose supérieure
comporte un risque de bradycardie fœtale). Les effets secondaires sont
550 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Dans 10 à 25 p. 100 des cas, l’analgésie péridurale est incomplète
bien que le taux d’analgésie insuffisante diminue depuis l’association
de morphiniques liposolubles aux AL.
Latéralisation
Hypotension
Arrêt circulatoire
Brèches de la dure-mère
Frisson et hyperthermie
Lombalgies
Complications neurologiques
ALTERNATIVES
Morphine
Péthidine (Dolosal®)
Sufentanil
Rémifentanil
Nalbuphine (Nubain®)
Protoxyde d’azote
CONCLUSION
CÉSARIENNE PROGRAMMÉE
Rachianesthésie
La rachianesthésie avec injection unique est suffisante pour per-
mettre une césarienne non compliquée. Un comprimé de cimétidine
(200 mg) ou de ranitidine (150 mg) effervescent est donné dans un
peu d’eau quelques minutes avant la ponction. Celle-ci est réalisée en
position assise, jambes posées sur un escabeau, menton sur la poitrine
grâce à une aiguille pointe crayon 27 G ou 25 G si la ponction est dif-
ficile. Une anesthésie locale de peau par de la lidocaïne 1 p. 100 peut
être faite si la patiente semble difficile à piquer (obésité, épineuses
non perçues…). L’injection intrathécale doit être lente.
Exemple de protocole : bupivacaïne hyperbare 0,5 p. 100 10 à
12 mg + sufentanil 2,5 μg + morphine 100 μg. La morphine permet
une analgésie pendant 12 à 24 h, période la plus douloureuse.
L’inconvénient de la rachianesthésie en injection unique est
l’hypotension maternelle. Celle-ci peut être en partie prévenue
par un coremplissage par colloïdes (les HEA ayant obtenu l’AMM
chez la femme enceinte), et par l’adjonction prophylactique de
vasopresseurs dès la ponction intrathécale. Un mélange de 30 mg
556 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Péri-rachianesthésie combinée
Son avantage est triple :
— limiter l’hypotension par une injection moindre d’anesthésique
en intrathécal ;
— permettre une analgésie postopératoire par le cathéter péridural ;
— permettre de pratiquer des interventions plus longues.
Ses indications sont :
— prévision d’une intervention longue (adhérences…) ;
— nécessité d’une stabilité hémodynamique (cardiopathie mater-
nelle, syndrome de compression cave important, souffrance fœtale
chronique).
Exemple de protocole : bupivacaïne hyperbare 0,5 p. 100 intrathécale
5 à 8 mg puis injection dans le cathéter péridural si niveau anesthé-
sique insuffisant d’une dose-test de 2 ml de Xylocaïne® 2 p. 100 adré-
nalinée puis 5 ml toutes les 5 à 10 min jusqu’à l’obtention du niveau
désiré (T4).
L’analgésie postopératoire peut se faire par PCEA : ropivacaïne
1 mg/ml + sufentanil 0,5 μg/ml, bolus de 5 ml en 5 min, période
réfractaire de 15 min, dose maximale autorisée 50 mg/4 h.
CÉSARIENNE EN URGENCE
Urgences
COMPLICATIONS DE LA CÉSARIENNE
Hémorragies du post-partum
Maladie thromboembolique
Une prophylaxie thromboembolique doit être débutée en post-partum,
par HBPM, 12 h après la césarienne ou le retrait du cathéter péridural.
En cas de ponction traumatique, respecter un délai de 24 h avant la
première dose d’HBPM.
ANALGÉSIE POSTOPÉRATOIRE
La douleur après césarienne est maximale dans les 24 premières
heures.
Tous les antalgiques usuels peuvent être utilisés en cas d’allaitement.
• En cas de rachianesthésie, la morphine intrathécale permet d’at-
ténuer la douleur pendant les premières 24 h. Des antalgiques non
morphiniques (paracétamol, AINS) sont prescrits et la morphine sous-
cutanée peut être débutée 12 h après la rachianesthésie.
• En cas de retrait du cathéter péridural après la césarienne, une
injection unique de morphine 2 mg peut être réalisée en péridural.
• En cas de cathéter péridural laissé en place, une injection
d’anesthésique local ± morphinique peut être faite en mode continu ou
en PCEA mais cela demande une surveillance rapprochée de l’équipe
soignante car il existe un risque d’hypotension, de bloc moteur et de
dépression respiratoire.
Exemple de protocole PCEA : ropivacaïne 1 mg/ml + sufentanil
0,5 μg/ml, bolus de 5 ml en 5 min, période réfractaire de 15 min, dose
maximale de 50 mg/4 h.
• En cas d’anesthésie générale, une association paracétamol (Perfal-
gan® 1 g), AINS (Profénid® 50 mg) doit être débutée en peropératoire.
Une PCA morphine est mise en place. Un relais per os est instauré dès J1.
Exemple de protocole de PCA : morphine 1 mg/ml + droleptan
5 mg/50 ml, bolus de 1 ml, période réfractaire 7 min, dose maximale
de 15 mg/4 h.
• Quel que soit le type d’anesthésie dans le cadre d’une analgésie multi-
modale, on peut également mettre en place un cathéter multiperforé de
cicatrice de césarienne sous l’aponévrose (mis en place par le chirurgien).
Une injection continue d’anesthésique local (Aspirine® 0,2 % 10 ml/h)
pendant 24 à 48 h permet de diminuer la douleur post-césarienne.
560 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
HÉMORRAGIE DU POST-PARTUM
Elle est définie par une hémorragie issue de la filière génitale surve-
nant dans les 24 h suivant l’accouchement et dont les pertes estimées
dépassent 500 ml pour un accouchement voie basse et 1 000 ml pour
une césarienne.
FACTEURS DE RISQUES
Les facteurs de risques sont présentés dans le tableau 26-I.
DIAGNOSTIC
Clinique
Les parturientes sont surveillées systématiquement 2 h en post-
partum. Cette surveillance associe mesure de la fréquence cardiaque,
de la pression artérielle, l’examen de la coloration des conjonctives,
la surveillance de l’involution utérine par la palpation abdominale,
des pertes sanguines vaginales, toutes les 15 min et l’examen vulvo-
vaginal au terme des 2 h. L’hémorragie peut être révélée directement
par un état de choc. Si des troubles de coagulation sont déjà installés,
le syndrome hémorragique est diffus et, outre le saignement génital,
Biologique
De T 0 à T 30’
Ligatures
Embolisation
vasculaires
rFVIIa
(min) Hystérectomie
De T 30’ à T 60’
Après T 60’
PRÉVENTION
PRÉ-ÉCLAMPSIE
DÉFINITIONS
Pré-éclampsie
Pré-éclampsie sévère
Éclampsie
PHYSIOPATHOLOGIE
Retentissement viscéral
• Hépatique :
— HELLP syndrome (hemolysis, elevated liver enzymes, low pla-
telet count) ;
— hématome sous-capsulaire.
• Neurologique : vasospasme, ischémie, œdème, irritation du sys-
tème nerveux central provoquant céphalées voire convulsions.
• Système cardiovasculaire : HTA, diminution du volume plasma-
tique.
• Pulmonaire : OAP lésionnel et/ou de surcharge.
• Rénal :
— albuminurie. L’hypoalbuminémie provoque une diminution de la
pression colloïde ;
— diminution de la perfusion rénale donc diminution de la diurèse ;
— augmentation de la créatininémie ;
— réabsorption d’acide urique conduisant à une hyperuricémie.
Retentissement fœtal
COMPLICATIONS
BILAN INITIAL
Examen clinique
Ils doivent être répétés toutes les 6 h en cas de pré-éclampsie sévère
pour décider du moment optimum de l’extraction fœtale.
• Groupe sanguin, rhésus, recherche d’agglutinines irrégulières.
• Numération formule sanguine, plaquettes.
• Rein : ionogramme sanguin, urée, créatininémie, protidémie, uri-
cémie.
• Hémostase complète (TP, TCA, facteurs de la coagulation), fibri-
nogène, D-dimères, produits de dégradation du fibrinogène.
• Hémolyse : schizocytes, haptoglobine, LDH.
• Foie : ASAT, ALAT, bilirubine, LDH, glycémie.
• Recherche de protéinurie à la bandelette mais également au labo-
ratoire, envoi d’un échantillon et recueil des urines sur 24 h pour
recherche de protéinurie des 24 h, clairance de la créatinine.
• Quantifier la diurèse, noter le poids de la patiente.
• Échographie hépatique si douleur de l’hypochondre droit, en
urgence.
• Tomodensitométrie cérébrale si signe neurologique focalisé après
une crise convulsive.
• Radiographie pulmonaire voire dosage du BNP (brain natriuretic
peptid) si doute sur OAP.
Chez le fœtus
Alpha-méthyldopa : Aldomet®
Labétalol : Trandate®
Nicardipine : Loxen®
Remplissage
Éclampsie
HELLP syndrome
Hématome rétroplacentaire
CIVD
EN POST-PARTUM
CONCLUSION
ANESTHÉSIE DE
LA PARTURIENTE CARDIAQUE
MODIFICATIONS HÉMODYNAMIQUES
LIÉES À LA GROSSESSE
BILAN INITIAL
CARDIOPATHIES CONGÉNITALES
Maladie de Marfan
• Risques :
— dissection aortique ;
— transmission génétique ;
— hémorragie du post-partum ;
— placenta praevia.
• Conduite à tenir :
— grossesse contre-indiquée si insuffisance aortique ou si dilata-
tion de l’aorte > 40 mm ;
— bêtabloquants et surveillance échographique régulière (men-
suelle) ;
— éviter l’HTA ;
— voie basse acceptée si diamètre aortique < 40 mm ;
— césarienne programmée à 38 SA pour éviter les efforts de pous-
sée si diamètre aorte > 40 mm.
576 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
VALVULOPATHIES
Insuffisance mitrale
Insuffisance aortique
Rétrécissement mitral
Rétrécissement aortique
Prothèse valvulaire
CARDIOMYOPATHIES
TROUBLES DU RYTHME
INSUFFISANCE CORONAIRE
Réanimation du nouveau-né
en salle de naissance
A. Barbier, A. Rigouzzo
Elle n’est nécessaire que chez 6 p. 100 des enfants à terme mais
chez 80 p. 100 des prématurés de moins de 1 500 g. Son but est de
prendre en charge l’adaptation respiratoire et hémodynamique des
nouveau-nés en difficulté pour éviter les séquelles neurologiques d’une
anoxie cérébrale.
Critères 0 1 2 SCORE
Fréquence < 80/min 80-100/min > 100/min
cardiaque
Respiration 0 Cri faible Cri vigoureux
Tonus 0 Extrémités Normal
Réactivité 0 Grimaces Vive
Coloration Bleu ou blanc Imparfaite Rose
TOTAL
Étiologies
Les étiologies principales sont les souffrances fœtales aiguës et/ou les
infections maternofœtales. Plus fréquente chez les enfants post-matures,
l’émission de méconium n’est pas toujours associée à un stress anoxo-
ischémique et peut correspondre à la simple mise en route du péristal-
tisme inhibé lors de la vie fœtale.
Conduite à tenir
Prématurité
• Définition :
— âge gestationnel (AG) < 37 semaines d’aménorrhée (SA) ;
— prématurissime si AG < 28 SA.
• Risque principal : détresse respiratoire précoce par immatu-
rité pulmonaire : c’est la maladie des membranes hyalines, d’au-
tant plus fréquente que l’âge gestationnel est bas. Son pronostic a
été transformé par la corticothérapie anténatale à visée maturative
pour le poumon fœtal et par la découverte du surfactant exogène.
En pratique, après intubation, instillation intratrachéale précoce et
aseptique (dès la salle de naissance) chez les enfants à haut risque
(< 28 SA) ou présentant une détresse respiratoire sans autre étiolo-
gie. La dose moyenne de surfactant exogène est de 150-200 mg/kg
(Curosurf® = 200 mg/kg soit 2,5 ml/kg). L’instillation se réalise,
avant la 30e minute de vie, en tournant alternativement la tête à droite
puis à gauche.
Le pronostic des MMH est d’autant meilleur que l’instillation intra-
trachéale est précoce.
586 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Troubles glycémiques
Hypovolémie
Infection maternofœtale
• Pneumothorax : chez 10 p. 100 des enfants nés dans un liquide
méconial. L’évoquer devant un échec de réanimation ou une aggrava-
tion secondaire ; le confirmer si besoin par une transillumination de
l’hémithorax et/ou une radiographie de thorax. En urgence : exsuf-
flation à l’aiguille (épicrânienne montée sur un robinet à 3 voies)
588 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Pathologies chirurgicales
Cardiopathies congénitales
• Cardiopathies cyanogènes : cyanose majorée aux cris sans détresse
respiratoire. Orientation diagnostique sur la radiographie de thorax.
Transfert indispensable car risque de décompensation brutale.
• Défaillances circulatoires aiguës : dans les hypoplasies du cœur
gauche, les coarctations de l’aorte serrées (absence de pouls fémo-
raux), et autres malformations cardiovasculaires complexes.
Pathologies digestives
• Atrésie de l’œsophage : diagnostic à la naissance suspecté si
hydramnios, butée de la sonde gastrique et négativité du test à l’air.
Confirmation par radiographie simple et injection d’air dans le cul-de-
sac supérieur (produit de contraste interdit). En l’absence de détresse
respiratoire, transfert en position demi-assise avec aspiration perma-
nente du cul-de-sac supérieur par une sonde de Replogle.
RÉANIMATION DU NOUVEAU-NÉ EN SALLE DE NAISSANCE 589
Anesthésie en chirurgie
pédiatrique
I. Murat
PARTICULARITÉS
PHYSIOLOGIQUES DE L’ENFANT
SYSTÈME CARDIOVASCULAIRE
ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE
CONSULTATION D’ANESTHÉSIE
JEÛNE PRÉOPÉRATOIRE
Le jeûne préopératoire doit être d’autant plus court que l’enfant est
jeune pour éviter la constitution d’un déficit hydrique aux dépends
du secteur extracellulaire (tableau 28-III). D’une manière générale, les
liquides clairs (eau, jus de fruit sans pulpe) peuvent être administrés
sans restriction jusqu’à 2 h avant l’anesthésie. Les solides ou le lait
seront arrêtés 4 h avant l’anesthésie chez le nourrisson de moins de
6 mois, 6 h avant l’anesthésie dans les autres cas.
594 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
PRÉMÉDICATION
MONITORAGE
PRÉPARATION DE LA SALLE
D’OPÉRATION
MATÉRIEL DE VENTILATION
MATÉRIEL D’INTUBATION
MATÉRIEL DE PERFUSION
MOYENS DE RÉCHAUFFEMENT
APPORTS LIQUIDIENS ET
REMPLACEMENT VOLÉMIQUE
APPORTS HYDROÉLECTROLYTIQUES
1. 1re heure :
– 25 ml ⋅ kg–1 chez l’enfant d’âge < 3 ans
– 15 ml ⋅ kg–1 chez l’enfant d’âge > 4 ans
2. Heures suivantes (plus item 3) :
– base : 4 ml ⋅ kg–1 ⋅ h–1
– base + traumatisme léger : 6 ml ⋅ kg–1 ⋅ h–1
– base + traumatisme moyen : 8 ml ⋅ kg–1 ⋅ h–1
– base + traumatisme sévère : 10 ml ⋅ kg–1 ⋅ h–1
3. Remplacement des pertes sanguines :
– vol/vol avec dérivés sanguins ou colloïdes
– ou 3 vol/1 vol avec dérivés cristalloïdes
ANESTHÉSIE EN CHIRURGIE PÉDIATRIQUE 599
TRANSFUSION
Les valeurs normales de l’hémoglobine varient avec l’âge
(tableau 28-VIII).
Le volume sanguin total (VST) de l’enfant doit être estimé
(tableau 28-IX) et indiqué sur la feuille d’anesthésie.
La perte sanguine acceptable (PSA) doit être calculée par la for-
mule suivante :
Ht(i) – Ht(f)
PSA = × VST
Ht(m)
PHARMACOLOGIE
HALOGÉNÉS
Tableau 28-X Concentration alvéolaire minimale (en vol p. 100) des diffé-
rents anesthésiques halogénés dans 100 p. 100 O2 en fonction de l’âge
ANESTHÉSIQUES INTRAVEINEUX
Propofol
La dose d’induction de propofol est de 50 p. 100 plus élevée chez
l’enfant que chez l’adulte, la dose d’entretien en perfusion continue
de 25 p. 100 plus élevée. La douleur à l’injection est réduite par l’ad-
jonction de lidocaïne (1 mg pour 10 mg de propofol). Le propofol ren-
force le tonus vagal, et l’administration d’atropine (10-20 μg ⋅ kg–1) est
conseillée lors de l’emploi de propofol et de morphiniques (rémifen-
tanil). Comme le thiopental, le propofol doit être titré chez le patient
hypovolémique.
Étomidate
Kétamine
La kétamine est bien tolérée chez l’enfant mais elle est actuelle-
ment peu utilisée sauf dans les centres de brûlés. En effet, le réveil
est long, les hallucinations sont fréquentes au réveil bien que leur
incidence soit plus faible chez l’enfant que chez l’adulte. Elle a peu
d’effets dépresseurs hémodynamiques et respiratoires, ce qui rend
son usage intéressant chez le patient choqué. Son emploi nécessite
une prémédication (voire l’injection simultanée) par les benzodiazé-
pines et l’atropine.
ANESTHÉSIE EN CHIRURGIE PÉDIATRIQUE 603
MYORELAXANTS ET ANTAGONISTES
Succinylcholine
Vécuronium
Pancuronium
Atracurium
Cisatracurium
Mivacurium
Rocuronium
Son délai d’action est le plus court des myorelaxants non dépolari-
sants. Les conditions d’intubation à 1 min sont comparables à celles
obtenues avec la succinylcholine, mais sa durée d’action est proche
de celle du vécuronium : intermédiaire chez l’enfant de plus de 1 an,
longue chez le nourrisson.
MORPHINIQUES ET ANTAGONISTES
Généralités
Fentanyl
Alfentanil
Sufentanil
Rémifentanil
Morphine
Naloxone
INDUCTION ET ENTRETIEN
DE L’ANESTHÉSIE
INDUCTION AU MASQUE
INDUCTION INTRAVEINEUSE
ENTRETIEN DE L’ANESTHÉSIE
ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE
PRINCIPES GÉNÉRAUX
ANESTHÉSIE CAUDALE
BLOCS PÉRIPHÉRIQUES
PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE
Tableau 28-XV Posologie des principaux antalgiques qui ont une autorisa-
tion de mise sur le marché (AMM) pour une utilisation pédiatrique
Points essentiels
• L’enfant n’est pas un adulte en réduction. L’anesthésiste doit
connaître la valeur normale des paramètres physiologiques qui varient
selon l’âge de l’enfant. Le débit cardiaque dépend étroitement de la
fréquence cardiaque chez le jeune enfant. Le volume du secteur extra-
cellulaire chez le nouveau-né est le double de celui de l’adulte. Ceci
explique pourquoi les doses d’agents anesthésiques (exprimées par rap-
port au poids) sont élevées chez le nourrisson et diminuent avec l’âge.
• La consultation d’anesthésie permet d’évaluer l’état clinique de
l’enfant, d’évaluer les risques spécifiques (apnées du prématuré) et de
dépister les contre-indications temporaires à l’anesthésie (infection des
voies aériennes).
• La prise de liquides clairs doit être autorisée jusqu’à 2 h avant
l’anesthésie pour réduire le déficit hydrique préopératoire. La prémé-
dication par midazolam facilite l’induction anesthésique surtout chez
l’enfant d’âge préscolaire.
• Il faut disposer d’un matériel d’anesthésie (intubation, ventilation,
perfusion…) spécifique à l’âge de l’enfant. L’oxymétrie est indispen-
sable pour dépister les hypoxémies périopératoires plus fréquentes chez
le jeune enfant que chez l’adulte.
• Les sondes d’intubation à ballonnet permettent de limiter les fuites
gênantes avec les appareils de ventilation à circuit filtre de plus en plus
utilisés pour réduire le coût de l’anesthésie et la pollution des blocs
opératoires.
• Les apports liquidiens obéissent à des règles de prescription adap-
tées au poids et à l’âge. Le Ringer lactate® permet de remplacer en
première intention les pertes supplémentaires (3e secteur). La masse
sanguine de l’enfant doit être calculée et indiquée sur la feuille d’anes-
thésie.
• L’induction au masque avec 4 à 6 p. 100 de sévoflurane est la tech-
nique de choix pour l’induction anesthésique chez le jeune enfant pour
la chirurgie programmée.
• La prise en compte de la douleur postopératoire est indispensable
pour améliorer les suites chirurgicales surtout dans le cadre de la chirur-
gie ambulatoire.
Chapitre 29
Anesthésie en ambulatoire
M. Maillet
ÉLIGIBILITÉ
INFORMATION
ANESTHÉSIE
Douleurs postopératoires
SORTIE
Levée du bloc
Après un bloc périphérique du membre supérieur, la sortie du patient
est possible malgré l’absence de levée complète du bloc moyennant
des mesures de protection du membre endormi, comme le port d’at-
telle ou l’écharpe, une information précise quant aux précautions à
respecter et aux risques potentiels, et la prévision d’une assistance à
domicile.
Après les blocs du membre inférieur et périmédullaire, on doit s’as-
surer des capacités de déambulation du patient avant la sortie. L’utili-
sation de béquilles peut être préconisée.
Modalités de sortie
Dossier de sortie
— le patient reçoit, à sa sortie, les documents nécessaires à la
continuité des soins :
— les comptes-rendus opératoire et d’anesthésie ;
— les prescriptions médicamenteuses et de soins infirmiers néces-
saires ;
— les consignes et conseils relatifs à l’intervention, les numéros de
téléphone de recours disponibles 24 h/24 ;
— les documents administratifs, arrêt de travail, bon de transport,
un courrier éventuel pour le médecin traitant ou l’infirmière libérale ;
— le rendez-vous de consultation postopératoire.
L’ensemble des modalités de sortie doit faire l’objet d’un chapitre
particulier de la charte de fonctionnement de l’unité ambulatoire
validé par l’ensemble des intervenants dans la structure.
ANESTHÉSIE EN AMBULATOIRE 621
APPEL DU LENDEMAIN
Chaque patient, avec son accord, est appelé par une infirmière de
l’unité, le lendemain (le lundi pour les opérés du vendredi) pour éva-
luer le déroulement des premières heures passées après la sortie, les
éventuels effets secondaires, l’observance des traitements, ainsi que
dispenser quelques conseils. Un questionnaire type est utilisé, les
réponses sont enregistrées, leur analyse constitue un outil d’évaluation
indispensable. Il sera complété après réception des fiches d’évaluation
de satisfaction renvoyées par les patients.
ANNEXE :
POST-ANESTHESIA DISCHARGE SCORING SYSTEM
(D’après Chung F, Chan V, Ong D (1995). A post-anesthetic discharge scoring
system for home-readiness after ambulatory surgery. Anesth Analg, 80 : 896-902.)
Anesthésie
en dehors du bloc opératoire
C. Rémy
RÈGLES GÉNÉRALES
Équipement
Consultation d’anesthésie
Surveillance postanesthésique
Généralités
C’est une activité très développée, avec plus d’un million d’actes
par an en France. Elle représente 15 p. 100 des actes anesthésiques.
• Les interventions simples sont souvent pratiquées en ambulatoire :
— fibroscopies œsogastroduodénales ;
— coloscopies totales.
• Les interventions complexes imposent l’hospitalisation du patient :
— cholangiopancréatographie rétrograde (CPRE), sphinctéroto-
mie ;
— écho-endoscopies ;
— interventions sur l’œsophage telles que sclérose de varices œso-
phagiennes, photocoagulation de tumeurs, dilatation et mise en place
d’une prothèse œsophagienne.
Technique anesthésique
Produits de contraste
Anesthésie
La consultation d’anesthésie permet l’appréciation des éléments
habituels, mais surtout de l’état neurologique avant le geste. La pré-
médication comprend en règle un anxiolytique ; et pour certains de la
nimodipine (Nimotop®) pour réduire le risque de spasme artériel.
L’unité de neuroradiologie interventionnelle est conçue comme
un bloc opératoire comportant une installation radiologique et un
équipement informatique sophistiqués. L’équipement anesthésique,
respirateur et moniteur, doit être disposé de manière à diminuer les
interférences avec le matériel radiologique, notamment durant les rota-
tions de l’installation mono- ou biplan, et à permettre la surveillance.
La sédation simple est réservée aux actes de très courte durée ou
en cas de nécessité d’un test d’occlusion artérielle. Le plus souvent,
il faut pratiquer une anesthésie générale du fait de la longue durée
des interventions et de la nécessité d’une immobilisation parfaite. Les
principes d’anesthésie sont identiques à ceux recommandés pour les
actes neurochirurgicaux.
La surveillance peranesthésique doit comporter une pression arté-
rielle sanglante lors du traitement des anévrismes. La mise en place
d’un cathéter artériel radial est préférée à l’utilisation de la voie laté-
rale du désilet artériel.
Le sondage vésical est systématique, et l’hypothermie doit être pré-
venue.
Un examen neurologique doit être pratiqué dès le réveil.
La surveillance postopératoire de la pression artérielle est particu-
lièrement importante après le traitement d’un anévrisme.
Problèmes particuliers
• L’antibiothérapie prophylactique n’a pratiquement pas d’indica-
tion car l’asepsie chirurgicale est la règle.
• L’héparinothérapie est systématique pour le traitement des ané-
vrismes :
628 ANESTHÉSIE SELON L’ACTE
Conduite de l’anesthésie
Contre-indications
Définition
La lithotritie extracorporelle (LEC) consiste en la destruction in
situ de calculs des voies urinaires supérieures par des ondes de choc
produites par un générateur externe. Ces ondes sont focalisées sur le
calcul en transcutané par repérage radiologique ou échographique, et
transmises au rein par immersion partielle du corps dans l’eau ou par
une poche aqueuse au contact de la région lombaire (simple coussin
rempli d’eau dans la plupart des machines).
Le traitement nécessite l’immobilité parfaite du patient pour facili-
ter le repérage.
Une séance de LEC dure 30 à 90 min, les fragments s’éliminent par
voie naturelle.
Avant la lithotritie
Anesthésie
Contre-indications
• Absolues :
— grossesse ;
— anticoagulation en cours, prise d’aspirine, troubles de la coagu-
lation persistants ;
— anévrisme aortique ou rénal.
• Relatives :
— présence d’un pace-maker (selon le type de machine) ;
— obésité ;
— calcul obstructif s’accompagnant de fièvre ;
— obstruction de l’uretère en aval.
Complications
Surveillance
post-interventionnelle
F. Bonnet
MONITORAGE EN SSPI
COMPLICATIONS EN SSPI
Nausées et vomissements
postopératoires
M. Dupont
Incidence
Conséquences
Prévention
Traitement
Conclusion
La physiopathologie des NVPO est multifactorielle.
Leur prévention et leur traitement doivent être un souci permanent
pour les anesthésistes.
Il convient de prévoir une stratégie anti-NVPO dès la consultation
d’anesthésie.
Définition
Conséquences
Prévention
Traitement
Conclusion
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Face
évaluateur
MOYENS DE PRÉVENTION
DE LA DOULEUR POSTOPÉRATOIRE
Non opioïdes
Paracétamol PO 1 g toutes les 6 h Dose toxique : 8-10 g
(Dafalgan®) Cp 500 mg ≤ 4 g/24 h en 1 prise, atteinte
des fonctions
Paracétamol IVL 15 min 1 g × 4/24 h hépatiques
injectable ≤ 4 g/24 h Effets indésirables
(Perfalgan®) allergiques : rash
cutané
Néfopam IVL lente 20 mg × 4/24 h Effets indésirables :
(Acupan®) 40 min Nausées, vomissements,
Amp 20 mg somnolence
Effets atropiniques
AINS
Ibuprofène PO 400 mg × 3/24 h Effets indésirables :
(Brufen®) Cp 400 mg ulcération
gastrique, syndrome
hémorragique
Kétoprofène Gél 50 mg 100 mg × 3/24 h Effets indésirables :
PO Cp 100 mg Puis 50 mg × – antiagrégant
(Profénid®) 3/24 h – troubles digestifs :
Kétoprofène IV Fl 100 mg 100 mg : 1 à 3 × gastralgies,
/24 h dyspepsie,
(Profénid®) IVL 20 min hémorragie
Maxi 48 h
– allergies
– insuffisance rénale,
rétention hydro-
sodée
PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR POSTOPÉRATOIRE 653
Paracétamol
C’est un inhibiteur des cyclo-oxygénases (enzymes qui dégradent
l’acide arachidomique pour former des prostaglandines) agissant prin-
cipalement au niveau central.
Il est efficace sur les douleurs d’intensité faible à moyenne, mais sa
pharmacocinétique impose une anticipation de la prescription. Il doit
être donné à posologie suffisante (60 mg ⋅ kg ⋅ j–l per os en 3 à 4 prises
chez l’enfant, 1 g/6 h chez l’adulte). La prescription de la forme intra-
veineuse doit également anticiper la survenue de la douleur et n’a pas
d’avantage prouvé par rapport à la voie orale. Par voie rectale, la bio-
disponibilité est moins bonne (30 p. 100) et beaucoup moins prévi-
sible que par voie orale (80 p. 100) ou parentérale.
Néfopam (Acupan®)
C’est un antalgique de palier I, dont la puissance est 30 à 40 p. 100
celle de la morphine. Il inhibe la recapture des monoamines au niveau
central. En monothérapie, il convient pour les douleurs faibles à
modérées (EVA 30 à 60 mm); pour les chirurgies douloureuses qui
nécessitent des antalgiques plus puissants, le bénéfice de son associa-
tion reste à démontrer. La posologie est 20 mg IV lent sur 40 min à
renouveler toutes les 6 h. S’il est perfusé trop vite, le risque d’effets
indésirables est important :
— atropiniques : tachycardie, palpitations, sécheresse buccale,
mydriase, rétention urinaire ;
— nausées, vomissements, sueurs profuses ;
— effets « centraux » : confusion, hallucinations, vertiges, cépha-
lées, convulsions.
Le néfopam est à éviter en cas d’insuffisance rénale, hépatocellu-
laire sévère, ou coronaire. Il est contre-indiqué en cas d’antécédents
de convulsions, de troubles uréthro-prostatiques et de glaucome à
angle fermé.
Analgésiques morphiniques
Morphiniques « faibles »
• Codéine : l’analgésie est dépendante de la dose, elle est fréquem-
ment utilisée en association avec le paracétamol pour contrôler les
douleurs postopératoires modérées.
• Tramadol (Topalgic®, Contramal®, Zamudol®) (100-200 mg ×
2/24 h) : c’est un analgésique d’action centrale, dérivé synthétique de
la codéine. Il possède un effet opioïde par fixation au récepteur opiacé
μ, sa puissance est 1/10e de celle de la morphine. C’est aussi un ago-
niste des récepteurs 5HT-3, l’action du tramadol dépend de son méta-
bolisme hépatique lui-même conditionné par le génotype des patients.
L’effet analgésique est faible chez les métaboliseurs lents (10 p. 100), il
est important mais s’associe à des NVPO chez les métaboliseurs ultra-
rapides (10 p. 00). La posologie est habituellement 100 mg trois fois
par 24 h, IV ou per os. Celle-ci doit être réduite chez le sujet âgé. Le
risque d’effets indésirables morphiniques est moindre mais persiste, la
dépression respiratoire est possible en cas de surdosage, et l’antagoni-
sation par naloxone n’est que partielle (30 p. 100). Le principal effet
secondaire est la survenue de nausées et de vomissements. Les sétrons
ne sont, dans ce cas, pas indiqués car ils antagonisent cet effet secon-
daire mais aussi l’analgésie produite par le tramadol. En monothérapie,
il convient pour les douleurs modérées à fortes (EVA : 30 à 60), et son
association aux AINS améliore l’analgésie. L’association à la morphine
est à éviter, dans la mesure où un effet antagoniste n’est pas écarté.
• Nalbuphine : c’est un agoniste des récepteurs κ chez l’adulte, elle
peut être administrée par voie intraveineuse ou sous-cutanée (20 mg ×
4/24 h). Elle est inconstamment efficace sur les douleurs fortes. Chez
1’enfant, la voie intraveineuse (en bolus et en continu) est proposée,
mais son bénéfice par rapport à la morphine n’est pas documenté. Les
effets indésirables sont ceux de la morphine à dose équi-analgésique,
et sont antagonisés par la naloxone.
ANALGÉSIE LOCORÉGIONALE
Analgésies périmédullaires
Voie péridurale
Elle permet l’administration de morphine, d’anesthésiques locaux
(AL) ou d’une association polymédicamenteuse dans le cadre d’une
analgésie multimodale.
Niveau de ponction
Il dépend du niveau du site opératoire : thoracique haut en cas de
chirurgie thoracique, thoracique bas ou lombaire en cas de chirurgie
digestive, ou chirurgie vasculaire majeure. Parmi les molécules utili-
sables, et « combinables », on distingue :
• Les anesthésiques locaux (AL) : la concentration des AL doit
être la plus faible possible, afin de réduire l’incidence du bloc moteur,
la toxicité systémique, et l’importance du bloc sympathique, respon-
sable d’une hypotension artérielle. On utilise le plus souvent la ropi-
660 PRISE EN CHARGE POSTOPÉRATOIRE
Blocs thoraciques
Infiltrations pariétales
Instillations intrapéritonéales
Infiltrations intra-articulaires
CONCLUSION
Réhabilitation postopératoire
J.-P. Fulgencio
En préopératoire
Les patients dénutris (perte de poids, BMI < 18) font l’objet d’une
renutrition consistant essentiellement en l’apport de suppléments
protidiques. Elle permet de diminuer la fréquence des complications
infectieuses postopératoires. L’immunonutrition (Impact®) a fait la
preuve de son efficacité dans cette indication en chirurgie digestive
carcinologique. L’utilisation de la voie entérale ou parentérale reste
possible si l’abord digestif haut est impossible (cancer de l’œsophage
ou de l’estomac).
L’arrêt du tabac est important. Même un arrêt peu de temps avant
l’intervention est bénéfique pour le patient.
RÉHABILITATION POSTOPÉRATOIRE 665
En peropératoire
En postopératoire
Complications
postopératoires précoces
C. Quesnel
PNEUMOPATHIE D’INHALATION
DIAGNOSTIC
TRAITEMENT
ISCHÉMIE MYOCARDIQUE
POSTOPÉRATOIRE
ÉPIDÉMIOLOGIE
TRAITEMENT
Le traitement est avant tout préventif et repose sur une gestion par-
faite de la balance énergétique du myocarde en période périopératoire :
— évaluation préopératoire du risque coronarien, suivi cardiologique et
traitements préventifs+++ (voir Chapitre 3, Pathologie cardiovasculaire) ;
— analgésie adaptée ;
— prévention de l’hypothermie au réveil ;
— transfusion si taux d’hémoglobine < 8 g/dl chez le sujet non
coronarien, < 10 g/dl chez le coronarien ;
— maintien d’un index de perfusion coronaire (fréquence car-
diaque/PAD) ≥ 1 ;
— contrôle des accès hypertensifs et des épisodes de tachycardie ;
— surveillance des marqueurs d’ischémie myocardique en période
postopératoire (patient à risque, incidents peropératoires) en dosant la
troponine Ic postopératoire et à la 4e heure avec un suivi de la ciné-
tique pendant 5 jours en cas d’élévation > 0,3 ng/ml (figure 36-1).
Une fois diagnostiquée, l’ischémie myocardique postopératoire doit
être traitée. La stratégie thérapeutique est guidée par la valeur de la
troponine Ic, l’ECG et les signes cliniques (tableau 36-I).
Les traitements médicamenteux proposés sont :
• Aspirine (Aspégic®, CI : allergie, saignement actif) 250 mg IVD
1 fois/24 h puis relais PO à J1 par Kardégic® 75 mg 1 fois/24 h.
• Héparine (en l’absence de risque hémorragique) IVSE 400 UI/
kg/24 h à adapter pour obtenir un TCA 2-3 × la normale pendant 48 h
puis reprise d’une anticoagulation prophylactique par HBPM.
• β-bloquants (CI : PAS < 100 mmHg, Fc < 50/min, asthme) car-
diosélectifs :
COMPLICATIONS POSTOPÉRATOIRES PRÉCOCES 671
6
Myoglobine
X au-dessus de la normale
5 CK-MB
CK Totale
4 Troponine IC
0 4 8 12 16 20 24 48 72 96
Temps après le début de l’IDM (h)
Atteinte
Troponine Pronostic Prise en charge
myocardique
0-0,2 ng/ml Nulle Bon Temps de latence (6 h)
0,3-1,5 ng/ml Dommage Menace Améliorer l’oxygénation
myocardique d’infarctus myocardique :
Analgésie
+ transfusion
+ bêtabloquants
+ aspirine
Bilan coronaire impératif à
distance de l’intervention
1,5-3 ng/ml Nécrose Risque Soins intensifs
myocardique fonctionnel : Bêtabloquants
espérance de
vie à moyen + aspirine
terme Bilan coronaire invasif
limitée impératif à distance
de l’intervention
> 3 ng/ml Nécrose Risque vital Soins intensifs
myocardique Bêtabloquants
étendue
+ aspirine
Discuter une
revascularisation si la
mise sous antiagrégants
est possible
INSUFFISANCE RÉNALE
AIGUË POSTOPÉRATOIRE
DÉFINITION
ÉTIOLOGIE
MÉCANISMES – ÉPIDÉMIOLOGIE
TRAITEMENT ET PRÉVENTION
HÉMORRAGIE POSTOPÉRATOIRE
DIAGNOSTIC
• Il repose sur :
— la clinique : signes de choc (tachycardie, hypotension, oligurie,
troubles de conscience), pâleur cutanéo-muqueuse, saignement actif
du site opératoire (pansement hémorragique sur la voie d’abord, débit
sanglant important dans les drainages) ;
— la biologie : chute de l’hémoglobine (HemoCue® au lit du patient,
ou NFS), coagulopathie (CIVD, défibrination), défaillance viscérale
(élévation du lactate, acidose métabolique, hypoxémie) ;
— la radiologie : hémothorax sur la radiographie du thorax, épan-
chement intra-abdominal (échographie au lit).
• Il faut éviter certains pièges :
— la diminution de l’hématocrite peut ne pas refléter l’importance
de la spoliation sanguine : le taux d’hémoglobine peut rester normal
en cas de saignement aigu car le saignement fait perdre du sang total.
L’hémoglobine sera diluée par tout apport liquidien exogène (hydrata-
tion, remplissage) ;
— toujours vérifier la perméabilité des drainages (+++), car ils
peuvent se boucher en cas d’hémorragie importante.
COMPLICATIONS POSTOPÉRATOIRES PRÉCOCES 677
PRISE EN CHARGE
FIÈVRE POSTOPÉRATOIRE
DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE
TRAITEMENT
Catastrophes en anesthésie
BRONCHOSPASME
N. Lembert
ÉPIDÉMIOLOGIE
DIAGNOSTIC
Diagnostic positif
Diagnostic différentiel
• Chez le patient non intubé :
— œdème laryngé ou un laryngospasme : dyspnée inspiratoire évo-
catrice+++ ;
— obstruction pharyngée.
Vérifier la liberté des voies aériennes supérieures ; aspiration de
sécrétions pharyngées, extension cervicale, subluxation mandibulaire.
1 p. 100
1s
PRÉVENTION
Préparation préopératoire
Anesthésie
• Prémédication :
— benzodiazépines ou hydroxyzine ;
— administration de β2-mimétiques en aérosols au moins 30 min
avant l’induction.
• L’anesthésie locorégionale est la technique anesthésique de réfé-
rence chez ces patients à risque. Toutefois elle ne met pas complète-
ment à l’abri du bronchospasme.
• L’anesthésie générale doit être suffisamment profonde dès l’in-
duction pour éviter un bronchospasme réflexe lors de l’intubation ou
d’une stimulation chirurgicale :
— utiliser les curares non histaminolibérateurs : vécuronium, cisa-
tracurium ;
684 PRISE EN CHARGE POSTOPÉRATOIRE
TRAITEMENT
CONCLUSION
LARYNGOSPASME
N. Lembert
CHOC ANAPHYLACTIQUE
N. Lembert
PHYSIOPATHOLOGIE
L’état de choc est une inadéquation entre les apports et les besoins
cellulaires en O2 responsable d’une insuffisance respiratoire cellulaire
aiguë. Schématiquement, le choc anaphylactique est lié à une dysré-
gulation des débits tissulaires locaux, il est donc qualifié de choc dis-
tributif.
Le choc anaphylactique est initialement consécutif à une diminution
du débit cardiaque par hypovolémie. Cette hypovolémie est la consé-
quence d’une hypotonie vasculaire qui provoque une vasodilatation
généralisée. Elle est associée à un défaut de distribution de l’oxygène
entre les organes ou au sein des organes eux-mêmes.
SIGNES CLINIQUES
Manifestations cutanéo-muqueuses
Signes respiratoires
Ils sont présents dans environ 40 p. 100 des cas. L’infiltration œdé-
mateuse de la muqueuse et la bronchoconstriction des fibres muscu-
laires lisses peuvent engendrer une obstruction des voies aériennes
respiratoires supérieures comme inférieures. Le bronchospasme peut
être rebelle au traitement conduisant à une hypoxémie et une hypercap-
nie et finalement à un arrêt cardiaque anoxique. Un tableau d’œdème
aigu du poumon peut être également observé, secondaire à des troubles
de la perméabilité capillaire ou plus rarement à une dysfonction myo-
cardique.
Signes cardiovasculaires
TRAITEMENT (tableau 37-I)
1. Traitement initial
• Arrêter l’administration de l’antigène (antibiotique, curare…)
• Assurer le maintien de l’airway :
– administrer de l’oxygène à 100 p. 100
– intuber et ventiler si état de choc ou détresse respiratoire
• Expansion volémique (1 à 2 l de cristalloïdes en se guidant sur la pression
artérielle)
• Adrénaline en bolus (100-200 μg IV → 1 mg si collapsus)
2. Traitement secondaire
• Perfusion continue de catécholamines (adrénaline 4-8 μg/min ou
noradrénaline 4-8 μg/min)
• Corticoïdes (0,25-1 g hydrocortisone ou 1-2 g méthylprednisolone)
• Bicarbonates (0,5-1 meq/kg si état de choc persistant)
Cas particuliers
Évolution
Rappel important
Toute réaction anaphylactoïde doit faire l’objet d’investigations complé-
mentaires immédiates et à distance (voir Chapitre 3, section Anesthésie
du sujet allergique), et d’une déclaration au service de pharmacovigilance
lorsqu’il s’agit d’un médicament ou de matériovigilance lorsqu’il s’agit
d’une réaction mettant en cause le latex. Les conclusions du bilan doivent
être transmises au patient par l’anesthésiste réanimateur prescripteur.
690 PRISE EN CHARGE POSTOPÉRATOIRE
HYPERTHERMIE MALIGNE
N. Lembert
dité des muscles masséters pouvant gêner l’intubation alors que les
autres muscles sont relâchés. Cette réaction a été longtemps consi-
dérée comme un signe précurseur de l’hyperthermie maligne. Si un
trismus existe lors de la crise d’hyperthermie maligne, cette augmenta-
tion de tonus des masséters ne signifie pas l’apparition d’une HM. En
revanche, sa survenue doit attirer l’attention de l’anesthésiste-réanima-
teur et impose obligatoirement la recherche des autres signes d’hyper-
thermie maligne (hypercapnie, tachycardie, acidose métabolique).
TRAITEMENT DE LA CRISE
APRÈS LA CRISE
CHRU de Lille :
Professeur Krivosic-Horber
Tel : 03 20 44 62 70
Fax : 03 20 44 49 07
ARRÊT CARDIAQUE
PEROPÉRATOIRE
C. Quesnel
CONDUITE À TENIR
SITUATIONS PARTICULIÈRES
MCE MCE
100/min 100/min
V° 12/min, FiO2 1, Vt 6 ml/kg V° 12/min, FiO2 1, Vt 6 ml/kg
Pouls, rythme ?
Pouls, rythme ?
CEE 1 × 360 J
ou DSA
Pouls, rythme ?
À noter
• Limiter les fortes doses d’adrénaline dans l’asystolie (bolus IV de
5 mg) qui semblent augmenter la probabilité de retour à une activité
cardiaque mais ne modifient pas le pronostic. L’incrémentation des
doses (bolus de 5 mg) reste cependant proposée dans l’asystolie pro-
longée (> 15 min).
• L’utilisation de la vasopressine (bolus IV unique de 40 UI) est une
alternative possible à l’adrénaline dans les TV/FV réfractaires aux CEE,
cependant ce médicament n’est pas disponible en France.
• En cas d’ACC d’origine coronarienne, une angioplastie doit être
réalisée en urgence (pas de thrombolyse).
• En l’absence de récupération d’une activité cardiaque après 30 min
de réanimation bien menée, les chances de survies sont quasi nulles.
Néanmoins chaque situation doit être appréciée en fonction de facteurs de
protection cérébrale (hypothermie, « préconditionnement » anesthésique).
• Au décours de l’ACC, une information claire et précise doit être don-
née à la famille par l’anesthésiste et le chirurgien en charge du patient.
Anesthésie :
vie professionnelle
F. Bonnet
A Bloc
– paravertébral (BPV), 471
Accident transfusionnel, 363 – sous-dural, 551
Agents antiplaquettaires, 12 Blood patch, 290, 297
AINOC (anesthésie inhalatoire BPCO, 45
à objectif de concentration), Brèches de la dure-mère, 552
155 Bronchopneumopathies chroniques
AIVOC, 181, 206 obstructives, 41-42
Albumine, 352 Bupivacaïne, 264, 287
Alfentanil, 184
Allergies, 8 C
Allergique, 72
Analgésie CAM (concentration alvéolaire
– contrôlée par le patient (PCA), minimale), 152
657 Cardio-défibrillateur implantable, 38
– péridurale, 544 Cardiomyopathie(s)
– – autocontrôlée, 548 – diabétique, 58
– – thoracique, 512 – dilatées, 577
Anaphylaxie, 72 – hypertrophique obstructive, 34
Antagonistes – obstructives, 578
– de l’angiotensine II, 11 Cardiopathie(s)
– des récepteurs de – congénitales, 574
l’angiotensine II, 29 – ischémique, 57
Antibioprophylaxie, 13, 108, 368 Carotide, 442
Anticoagulants, 12 Cathéter veineux central, 237
Antivitamines K, 387 Césarienne, 555
Anti-Xa, 386 Chirurgie
Aorte abdominale, 446 – laser, 483
Apports hydriques peropératoires, – du sein, 469
403 Chlorhydrate de kétamine
Asthme, 41-42, 44 (Kétalar®), 169
Atracurium, 199 Choc
– hémorragique, 93
B – septique, 92
Ciment, 438
Bêtabloquants, 24, 29 Circuit d’anesthésie, 114
Biguanides, 13 Cisatracurium, 199
Bilan biologique, 10 Classe de Mallampati, 139
BISTM, 256 Classification ASA, 14
706 INDEX
G Laparoscopie, 401
Laparotomie, 401
Garrot pneumatique, 436 Lidocaïne, 264, 287
INDEX 707
M Pré-éclampsie, 564
Prématurité, 585
Maladie(s) Prémédication, 15
– de Marfan, 575 Propofol (Diprivan®), 165
– des membranes hyalines, 585 Protoxyde d’azote, 149
– neuromusculaires, 63
– de Parkinson, 70 R
– thromboembolique veineuse
(MTEV), 383 Radiographie pulmonaire, 10
Manœuvre de Sellick, 90 Réaction anaphylactique, 72
Midazolam (Hypnovel®), 172 Réalimentation postopératoire, 406
Mivacurium, 199 Recommandations de l’American
Morphine, 185, 656 College of Cardiology
Myasthénie, 64-65 et l’American Heart
Myopathies, 63 Association, 19
Rémifentanil, 181
N Rétrécissement
– aortique, 33, 518, 576
Nalbuphine, 187 – mitral (RM), 36, 519, 576
Naloxone, 188 Révision utérine, 561
Nausées Risque(s)
– et vomissements, 180 – thromboembolique, 13
– – postopératoires, 9 – transfusionnels, 363
Néfopam, 654 Rocuronium, 199
Néostigmine, 203 Ropivacaïne, 264, 287
Neuropathie
– dysautonomique, 59 S
– périphérique, 59
Scintigraphie myocardique
O au thallium/dipyridamole, 23
Sclérose en plaques, 69
Obésité et anesthésie, 100 Score
Œsophage, 412 – d’Apgar, 583
– Epworth, 103
P – de Lee, 439
– simplifié de Lee, 20
Pace-maker, 38 Sévoflurane, 149
Paracétamol, 654 Statines, 12
PCA, 657 Succinylcholine, 195
Péridurale, 179 Sufentanil, 183
Peripherally Inserted Central Sugammadex, 203
Catheters (PICC), 341 Sujet âgé, 77
Péri-rachianalgésie continue, 548 Sulfate de magnésium, 570
Péri-rachianesthésie combinée, Swan-Ganz, cathéter de, 525
556 Syndrome
Péritonites postopératoires, 408 – douloureux post-mastectomie,
Pertes sanguines, 14 473
PiCCO™ (Pulsion Medical – d’Eisenmenger, 575
System), 525 – de Meadows, 577
Post-tetanic count (PTC), 201 – de Tako Tsubo, 670
708 INDEX
T Vasoconstriction pulmonaire
hypoxique (VPH), 510
Tabagisme, 8 Vécuronium, 199
Thiopental (Pentothal®), 161 Ventilation
Thromboprophylaxie veineuse, 383 – au masque, 129
Train-de-quatre (Td4), 200 – non invasive (VNI), 411
Tramadol, 656 Voie(s)
Transfusion – aériennes, 129
– massive, 365 – artérielles, 347
– et remplissage, 349 – fémorale, 346
TURP syndrome, 459 – jugulaire interne, 344
– sous-clavière, 344
V – veineuses
– – centrales, 342
Valvulopathie et cardiomyopathie, 32 – – périphériques, 339
Photocomposition Nord Compo, Villeneuve-d’Ascq
Achevé d’imprimer en Italie sur les presses de L.E.G.O. S.p.a. – Lavis (TN)
Dépôt légal : octobre 2012