Rapport Développement Du Monde Rural
Rapport Développement Du Monde Rural
Rapport Développement Du Monde Rural
Défis et perspectives
www.cese.ma
Conseil Economique, Social et Environnemental
ISBN : 978-9954-635-33-9
ISSN : 2335-9234
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Développement du monde rural, défis et perspectives
Sommaire
Acronymes....................................................................................................................11
Synthèse....................................................................................................................... 13
Introduction................................................................................................................ 41
Cadre normatif............................................................................................................ 42
1.Des conventions internationales qui protègent les droits humains
fondamentaux économiques, sociaux et environnementaux ............................ 42
2.Des dispositions Constitutionnelles garantissant les droits
fondamentaux à tous........................................................................................................... 43
Objectifs et méthodologie de travail.......................................................................44
I-Eléments Proéminents du contexte......................................................................45
A.Promotion d’un développement équitable du monde rural................................ 45
B.Des acquis des OMD à prendre en compte, en s’inscrivant dans
le cadre des Objectifs de développement durable (ODD) pour 2030............... 46
C.Un référentiel de la charte sociale du CESE, favorisant
l’amélioration des conditions de vie et la recherche du bien-être social......... 47
II-Une réalité du monde rural qui suscite de nombreuses inquiétudes...........48
A.Une transition démographique et des mutations
socioéconomiques insuffisamment prises en compte.......................................... 49
B.Des stéréotypes envers les populations rurales persistent encore
dans la société marocaine ............................................................................................... 51
C.Un développement social en faveur des populations rurales
non encore abouti............................................................................................................... 52
III-Des leviers à activer et des ressources à valoriser pour la
promotion de l’économie rurale.........................................................................71
A.Une agriculture à redynamiser pour intégrer les spécificités et
les mutations nouvelles du monde rural.................................................................... 72
B.Secteur de la pêche : Potentialités importantes à valoriser au profit
des populations rurales..................................................................................................... 84
C.Un potentiel du tourisme rural insuffisamment valorisé....................................... 85
D.L’artisanat rural, vecteur du développement du monde rural
insuffisamment exploité................................................................................................... 87
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Développement du monde rural, défis et perspectives
Acronymes
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Développement du monde rural, défis et perspectives
Synthèse
Introduction
Conscient des enjeux socio-économiques et politiques que représente le monde
rural et des difficultés qu’il rencontre, et conformément à ses missions définies dans
le la loi organique n°128-12 et à son règlement intérieur, le Conseil s’est proposé,
dans le cadre d’une auto-saisine, de se pencher sur la question des défis du monde
rural et les perspectives de son développement.
Plusieurs raisons ont motivé le choix de ce sujet, particulièrement l’ambition d’une
émergence socio-économique durable et qui peut être entravée sans l’ancrage du
monde rural dans la dynamique nationale. En d’autres termes, le faible niveau du
développement humain des populations rurales, la persistance des inégalités socio-
économiques, l’enclavement, la marginalisation et la pauvreté accentuée qui touche
davantage les populations les plus vulnérables des campagnes marocaines constituent
des freins et des situations à risques qu’il convient de juguler. De même, le monde
rural est pourvoyeur de capitaux humains et renferme des gisements de richesses qu’il
convient de mobiliser au service du développement durable de la nation.
En effet, les données et les chiffres montrent que malgré les nombreuses initiatives de
développement et les efforts de la nation déployés par tous les acteurs intervenants
face aux défis démographiques, de changements de modes de vie et de création
d’emploi en milieu rural, la situation du monde rural demeure très inquiétante ; des
disparités se manifestent aussi bien entre le monde rural dans sa globalité comparé au
monde urbain qu’entre mondes ruraux, et notamment en matière d’accès aux services
sociaux de base, d’infrastructures et d’équipements. Cela a pour effet l’accentuation
de l’exode rural et de la pression sur les villes et par conséquent sur les terres à grande
production agricole par le fait de l’urbanisation et donc de l’extension des villes et la
recherche permanente des sécurités alimentaire et économique des personnes.
Ces différentes problématiques interpellent quant à l’efficacité et l’efficience
des politiques publiques mises en place à ce jour, à la bonne gouvernance, à la
convergence et cohérence des plans et programmes, à la vision stratégique nationale
du développement du monde rural.
Le rapport, dont extrait le présent avis, se propose d’analyser les différentes facettes
de ces problématiques et d’apporter des éléments de réponses à ces questions,
dans la perspective d’inciter les pouvoirs publics à élaborer, en concertation avec
tous les acteurs concernés et la participation effective des populations rurales, une
nouvelle vision consacrée au développement du monde rural et qui sera centrée
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beaucoup plus sur la dimension humaine et pas seulement sur les équipements et
les infrastructures de base.
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Développement du monde rural, défis et perspectives
Par ailleurs, la superficie des terres arables est d’environ 8,7 millions d’hectares sur
une superficie globale du Maroc de l’ordre de 71 millions d’hectares2. Cette superficie
est répartie en terres irriguées (1,5 million d’hectares) et en terres bour (7,2 millions
d’hectares).A cela s’ajoute près 3 500 Km de littoral avec un espace maritime d’environ
1,1 million de km2. Les montagnes abritent 70% des ressources hydriques et couvrent
62% de la forêt marocaine (sans forêt alfatière) et foyers de la biodiversité d’environ
80% des espèces endémiques.
Le monde rural recèle 43% des actifs du pays et l’agriculture, composante importante
du monde rural, couvre les besoins 65% des besoins en céréales, 96% des besoins en
lait, 98% des besoins en viandes rouges, 100% des besoins volaille, 48% des besoins
en sucre et 9% des besoins en huile3.
2 - Rapport de synthèse, Assises nationales sur le thème « La politique foncière de l'Etat et son rôle dans le
développement économique et social » Skhirat, 08 - 09 décembre 2015
3 - Projet de loi de finances 2016, secteur agricole, Ministère de l'Agriculture et de la pêche Maritime.
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à la naissance est passé de 47 ans en 1962 (57 en milieu urbain et 43 en milieu rural)
à 75,5 ans en 2014 (77.8 ans en milieu urbain et 72,6 ans en milieu rural), le système
éducatif a progressé sur le plan de l’élargissement de l’accès à la scolarisation, (ex:
le taux de scolarisation des enfants de 6 à 11 ans est passé en milieu rural durant la
période 2014-2015 de 95,9% à 98,3%), le taux d’accès à l’eau potable atteint 95% en
2014, contre 14% en 1995 et celui d’accès à l’électricité 96,5%, en 2014 contre 18%
en 1995, de même, le taux d’accès de la population au réseau routier a atteint 85% à
juillet 2016.
Toutefois, ces efforts n’ont réduit ni les inégalités de manière générale4, ni les
inégalités de développement existantes entre le monde urbain et le monde rural
et entre homme/femme. Ils n’ont renforcé que les équipements en négligeant
souvent l’élément humain. Ainsi, le développement humain continue de se faire à
deux vitesses et les progrès sectoriels enregistrés, notamment en matière de santé et
d’éducation et d’infrastructure, sont constamment meilleurs en milieu urbain. Cela
s’observe au niveau de la pauvreté et de la précarité qui demeurent encore élevé
dans le monde rural 79,4% des personnes pauvres et 64% des personnes vulnérables
et 47,7% taux d’analphabétisme en milieu rural contre 22,2% pour l’urbain pour la
population âgée de 10 ans et plus, et 56% de la population vivant dans les zones
montagneuses sont analphabètes.
La transition démographique qu’a connue le Maroc ses dernières années a été
accompagnée par une transformation profonde du territoire marocain, qui s’est
manifestée par le développement accéléré et anarchique de nouvelles villes aux
alentours des grandes villes en l’absence d’une politique intégrée d’aménagement
de ces espaces tenant compte des mutations et changements socioéconomiques
des populations rurales. Ainsi les zones périurbaines ont subi et continuent de subir
une forte pression foncière et démographique avec tous les problèmes et risques que
peut engendrer la concentration de populations hétérogènes et souvent pauvres sur
un territoire.
Autres facteurs souvent interdépendants sont susceptibles d’impacter le
développement socio-économique futur du monde rural. Il s’agit notamment :
■ le vieillissement de la population rurale (9,7%5 de la population rurale,
estimée à 13,5 millions d’habitants, sont âgées de 60 ans et plus) ;
■ la féminisation progressive et croissante du travail agricole en monde rural ;
■ l’accroissement de l’exode rural : les plus jeunes et les plus instruits quittent
le monde rural ce qui implique que l’agriculture pour les jeunes reste comme
un recours de dernier ressort lorsqu’ils ne trouvent pas d’autres moyens de
subsister ;
4 - Selon le HCP, l'indice de GINI est passé de 0,393 en 1991 à 0,388 en 2014
5 - RGPH, HCP, 2014
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■ Par ailleurs, des efforts importants ont été déployés au cours des 20 dernières
années permettant ainsi de développer le réseau routier ((PNRR1), (PNRR2).
Toutefois, la multiplication des intervenants notamment au niveau local,
régional et national pose le problème de coordination et de cohérence des
programmes visant à désenclaver le monde rural. Les routes non classées
et les pistes rurales qui sont les plus utilisées en milieu rural, nécessitent la
mise en place d’un dispositif qui assure à la fois la construction et surtout
l’entretien de ces routes, en définissant et clarifiant la responsabilité de la
gestion de ces routes (entretien, surveillance, signalétique, ouvrages d’art…)
en respectant les normes en vigueur.
■ Des programmes d’infrastructures numériques ont été également lancés
durant ces dernières années, mais l’accès à l’information et aux moyens de
communication en milieu rural demeure encore très limité.
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Développement du monde rural, défis et perspectives
2008- 2015. Le taux de croissance annuel moyen s’est hissé à +6,7% pour la même
période contre +3,9% pour le reste de l’économie nationale7.
Par ailleurs, le PMV a contribué à l’amélioration de l’agriculture marocaine notamment
en termes de budget d’investissement, les résultats probants réalisés montrent
que l’investissement agricole a été multiplié par 1,7 entre 2008 et 2014, avec une
hausse de 34 % des exportations agro-alimentaires depuis 2008. Dans ce cadre, la
Maroc occupe actuellement les rangs de 1er exportateur mondial de Câpres, haricots
verts et huile d’Argan, 3ème exportateur de conserves d’olives et 4ème exportateurs de
clémentines et de tomates8.
L’agriculture solidaire elle aussi a enregistré des améliorations significatives
notamment par la réalisation des projets de développement pilier II, dont le nombre
de bénéficiaires ciblé par les 700 projets lancés depuis 2010 avoisine les 767 000 et
les superficies concernées dépassent les 800 000 hectares. Des mesures de soutiens
et d’accompagnement en faveur de l’agriculture solidaire ont été mises en place
pour conforter les petits agriculteurs on cite notamment l’assurance multirisque, les
subventions octroyées dans le cadre du Fonds de développement Agricole (FDA),
l’opération d’agréation, etc.
Le développement et la commercialisation des produits du terroir ont eu une
attention particulière durant ces dernières années en vue de soutenir les coopératives
féminines, les groupements d’exploitants et les associations de l’économie sociale et
solidaire. Toutefois, le contrôle de la qualité de ces produits devrait être renforcé en
vue de les valoriser et d’améliorer leur commercialisation.
En dépit des progrès enregistrés en matière de production, des efforts sont à
déployer afin de renforcer la résilience particulièrement des petits et moyens
agriculteurs moyennant l’amélioration de et la diversification de leurs sources de
revenus. L’agriculture solidaire qui touche principalement les petits agriculteurs
devrait bénéficier davantage du soutien financier et d’accompagnement afin de
lutter contre la pauvreté en milieu rural en augmentant significativement le revenu
agricole dans les zones les plus défavorisées.
S’agissant des volets ayant traits à l’encadrement de proximité, sensibilisation,
formation des agriculteurs et jeunes exploitants, des insuffisances ont été révélées sur
le terrain dans ces domaines. Ces volets nécessitent, en conséquence, plus d’effort
et d’accompagnement dans la perspective d’encourager les initiatives et d’améliorer
les connaissances et le savoir-faire local des agriculteurs et les aider à développer
leurs pratiques agricoles et diversifier leurs productions.
Les changements sociaux, démographiques, économiques, territoriaux et climatiques
et leurs effets sur les modes de vie des populations rurales, interpellent aujourd’hui
7 - Rapport économique et financier, projet de loi de finances pour l'année budgétaire 2016, Ministère de l'Economie
et des finances
8 - Huitième édition des Assises de l'Agriculture, Meknès avril 2015 (http://www.agriculture.gov.ma/pages/
actualites/8ieme-edition-des-assises-de-l%E2%80%99agriculture)
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les jeunes en partenariat avec les universités et les écoles, dans un environnement
propice, favoriseraient l’émergence d’un tissu économique et technologique
agricole local. L’Etat et notamment la région devraient aussi garantir l’essor des
initiatives locales (produits et services agricoles, normalisation, commercialisation )
par l’accompagnement dans la recherche de débouchés, l’acquisition de nouveaux
marchés et l’exercice d’un meilleur contrôle sur les importations et distributions
illégales.
Enfin, le développement durable du monde rural ne devrait pas se limiter à l’innovation
dans le seul domaine de l’agriculture mais devrait s’étendre à d’autres domaines de
l’économie, de l’environnement et de la vie socioculturelle des populations et qui
recèlent des gisements de création de richesses et d’emplois.
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raison de son importance dans l’amélioration des revenus des artisans ruraux et la
création de l’emploi de la majorité des ruraux exerçant le métier d’artisan.
Dans le cadre de la nouvelle stratégie nationale baptisée « vision 2015 » pour le
développement de l’artisanat marocain lancé en 2005, deux cibles ont été identifiées
pour améliorer la commercialisation des produits des mono-artisans ruraux ; le
tourisme rural, visant à intégrer les espaces d’artisanat dans les circuits du tourisme
rural et la clientèle nationale de proximité.
Malgré les efforts entrepris par les acteurs dans ce domaine, des défis restent posés.
Il s’agit de l’insuffisance de la formation et la lutte contre l’alphabétisation des
mono-artisans et le manque de renforcement de la production artisanale rurale. Les
conditions sociales des artisans posent encore des difficultés (couverture sociale des
artisans et particulièrement ceux du monde rural). Ainsi, que l’insuffisance d’espaces
pour l’organisation de rencontres régulières entre mono-artisans ruraux (regroupés
en coopératives) et la faible intégration des artisans du milieu rural dans l’économie
sociale et solidaire.
Trois leviers, au moins, méritent d’être renforcés pour mieux améliorer l’artisanat
dans le monde rural, il s’agit de la formation et la lutte contre l’alphabétisation des
mono-artisans, le renforcement de la production artisanale rurale et l’amélioration
des conditions sociales des artisans ruraux.
Enfin, il s’est avéré fondamental d’assurer aux artisans ruraux notamment les femmes,
l’accompagnement nécessaire pour améliorer leurs revenus à travers l’exploitation
rationnelle des projets réalisés. De même, l’encouragement et le soutien des acteurs
de l’économie sociale et solidaire à s’investir davantage dans le développement
de l’artisanat rural aideront à exploiter la diversité et la richesse dont disposent les
campagnes marocaines.
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Développement du monde rural, défis et perspectives
Préservation des ressources naturelles, gestion durable de la
biodiversité et adaptation au changement climatique
Le monde rural marocain recèle un gisement considérable des ressources naturelles
peu exploitées et parfois mal gérées. La préservation de ces ressources et la
promotion d’un environnement sain sont devenues une nécessité urgente et impose
aux décideurs et acteurs de la société civile une nouvelle vision et une gestion
rationnelle et prospective qu’il s’agit de placer parmi les priorités de la politique de
développement du pays.
La gestion durable des ressources naturelles est actuellement confrontée à de
multiples contraintes liées notamment au changement climatique qui menace
les systèmes alimentaires et le développement humain (sécheresses répétitives, la
pollution des ressources en eau, inondations et tempêtes,...).
De même, il est important de protéger et de valoriser les ressources et écosystèmes
de haute valeur notamment dans les zones rurales les plus fragiles. La mise en place
d’un système solidaire et innovant de compensation nationale et internationale entre
zone de protection et zone d’exploitation contribue fortement au renforcement de la
coopération entre les habitants au niveau territorial et local.
En outre, l’initiative triple (AAA) «Adaptation de l’Agriculture Africaine » et fonds
internationaux de l’environnement et du climat sont des opportunités à saisir pour
réduire la vulnérabilité de l’agriculture solidaire aux changements climatiques;
La société civile et les réseaux d’associations actives dans les domaines de protection
de l’environnement dans le monde rural nécessitent le renforcement de leur rôle
et le soutien de leurs initiatives en matière d’encadrement et de sensibilisation des
citoyens et citoyennes du monde rural aux défis du changement climatique de
participation à l’élaboration et la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques
publiques territoriales dédiées à la gestion des ressources naturelles.
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Certes, des efforts considérables de l’Etat ont été déployés pour le développement
du monde rural à travers plusieurs programmes et projets intégrés, mais sans aucune
vision commune répondant aux attentes réelles des populations vivant en milieu
rural. L’analyse de différents programmes et stratégies renseigne qu’actuellement
le Maroc ne dispose pas d’une véritable politique publique intégrée dédiée
au développement du monde rural, élaborée avec la participation des acteurs
concernés, visant plus de cohérence et d’intégration des actions. Au fil des années,
les affaires du développement du monde rural sont gérées d’une manière partagée
entre plusieurs départements ministériels chacun selon ses missions, ses priorités et
son plan de financement. En 2013 une Commission Interministérielle Permanente de
Développement de l’Espace Rural et des Zones Montagneuses, présidée par le chef
du gouvernement, composé de 17 départements ministériels a été instaurée pour
assurer le suivi des actions en matière de développement de l’espace rural et des
zones de montagne.
Ainsi, le développement du monde rural nécessite la mise en place d’un cadre
juridique dédié, qui définit les objectifs et les grandes orientations du développement
du monde rural, dans la perspective d’élaborer un code rural. Dans ce contexte, il
est impératif de disposer d’une vision nationale, déclinée en plans régionaux du
développement du monde rural à intégrer dans les plans du développement
régionaux (PDR). D’autant plus que dans le cadre de la nouvelle organisation
territoriale, et conformément aux dispositions des lois organiques9 régissant la région,
la province/préfecture et la commune, le développement du monde rural réclame
une adaptation de sa gouvernance en fonction des spécificités et des mutations
socio-économiques, culturelles et géographiques des zones rurales.
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Développement du monde rural, défis et perspectives
8. Procéder à une réforme en profondeur des statuts juridiques des terres pour
répondre aux problématiques croissantes notamment le morcellement des
terrains agricoles, la forte urbanisation et les mutations démographiques et
sociales :
■ Elaborer un plan quinquennal accéléré d’immatriculation gratuite pour
l’ensemble des petits agriculteurs ;
■ Exhorter les départements concernés (Ministère de justice, Ministère de
l’Intérieur, le Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la
Désertification, Conservation foncière, ...) pour accélérer le traitement des
dossiers et l’effectivité des jugements ayant trait au foncier agricole ;
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14. Renforcer les actions agissantes sur les déterminants de la santé (accès à
l’eau potable, assainissement et épuration, éducation sanitaire et éducation
globale, accessibilité etc.) en ciblant en priorité les régions défavorisées et les
populations pauvres ou vulnérables,
15. Rendre effective les dispositions de l’article 16 de la loi cadre 34-09 relative au
système de santé et à l’offre de soins pour améliorer la couverture des différentes
zones rurales en ressources humaines et revoir le décret d’application n° 2-14-
562 relatif à la carte sanitaire adopté le 5 Novembre 2014 par le Conseil de
Gouvernement, pour intégrer le secteur privé
16. Diversifier les modes d’action du système scolaire (curricula, gestion du temps
scolaire et de l’espace ), en explorant d’autres voies et approches plus novatrices
et adaptés au milieu rural, qui seront capable d’améliorer les résultats, la qualité
de l’enseignement et le taux de rétention, optimisant les moyens et les efforts.
17. Elargir le Programme « Tyassir » pour inclure l’enseignement secondaire collégial
et le développer afin de lutter contre la déperdition scolaire en milieu rural ;
18. Améliorer la place et l’attractivité de l’École en milieu rural et accélérer la
généralisation des écoles communautaires tout en procédant à une évaluation
objective de cette experience au niveau de chaque territoire, en vue dégager
les points forts et les points faibles, dans un objectif d’amélioration de
l’appropriation par les différents acteurs territoriaux, en s’intéressant d’avantage
à la qualité de l’éducation, de l’enseignement et des services sanitaires et
sociaux (hygiène, internat, cantine scolaire,... ).
19. Améliorer les programmes d’adduction d’eau potable et d’électrification. A
cet égard, le CESE préconise de :
■ Relier obligatoirement l’adduction d’eau potable à l’assainissement liquide et
solide et à la mise en place des stations d’épuration micro et macro adaptés,
pour ne pas transformer chaque projet d’adduction d’eau potable en projet
de pollution avec tous les effets négatifs sur la santé des populations et des
écosystèmes;
■ Augmenter le taux de raccordement des ménages au réseau d’eau potable
disponible en milieu rural, notamment les populations les plus vulnérables ;
■ Etendre le réseau électrique, par l’utilisation de solutions innovantes en
accordant la priorité à l’utilisation des énergies renouvelables notamment par
l’installation de plaques solaires de qualité, utilisables pour différents usages ;
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34. Renforcer le rôle et soutenir les initiatives de la société civile et des réseaux
d’associations actives dans les domaines de protection de l’environnement
dans le monde rural, en matière :
■ d’encadrement et de sensibilisation des citoyens et citoyennes du monde
rural aux défis du changement climatique
■ de participation à l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation
des politiques publiques territoriales dédiées à la gestion des ressources
naturelles à l’échelle régionale et locale, conformément à la constitution;
■ d’accompagnement des populations rurales pour le développement de
projets locaux et d’assurer leur financement et leur mise en œuvre ;
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Introduction
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Cadre normatif
Des avancées notables ont été enregistrées sur le plan constitutionnel dans le but
d’assurer aux citoyennes et citoyens l’accès aux droits fondamentaux. La réforme
constitutionnelle de juillet 2011 a réaffirmé le choix irréversible du Maroc de construire
et de renforcer un Etat de droit, démocratique et moderne ainsi que son engagement
à souscrire aux principes, droits et obligations énoncés dans les chartes et conventions
internationales relatives aux droits de l’Homme tels que universellement reconnus.
Ainsi, et au vu des inégalités sociales entre milieu urbain et rural et la persistance des
indicateurs de pauvreté alarmants, les pouvoirs publics, les collectivités locales et les
autres acteurs concernés devront concentrer plus d’efforts pour garantir les droits
fondamentaux tels que stipulés par les conventions internationales pour lesquelles le
Maroc s’est engagé.
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Les ODD, qui constituent une opportunité pour capitaliser sur les travaux menés dans
le cadre des OMD, s’inscrivent dans la même continuité en intégrant pleinement et
entièrement les trois dimensions du développement durable : sociale, économique
et environnementale, dans la perspective de répondre aux besoins de toute la
population (urbaine et rurale) des pays développés et des pays en développement.
Les dix-sept2 objectifs du Développement Durable (ODD) fixés par l’Organisation des
Nations Unies à partir de 2016, sont censés correspondre à une approche plus globale
et s’appliquer non seulement aux pays en développement mais aussi à tous les pays.
Les cent soixante-neuf cibles ont été conçues de manière à mesurer les progrès des
objectifs dans des domaines précis notamment l’élimination de la pauvreté, et de la
faim et de la malnutrition ainsi que la conservation de l’environnement.
La problématique de développement du monde rural est donc au cœur des ODD et
des cibles préconisées, pour lesquels des actions seront conduites et mises en œuvre
avec la participation de tous les acteurs concernés à savoir les administrations, le
secteur privé, la société civile, les élus et les populations locales.
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1. En matière de santé
Une offre de soins encore trop faible
L’espérance de vie à la naissance est passée de 47 ans en 1962 (57 en milieu urbain
et 43 en milieu rural) à 75,5 ans en 2014 (77,8 ans en milieu urbain et 72,6 ans en
milieu rural), soit un gain d’espérance de 28 ans en un peu plus d’une quarantaine
d’années. Cette progression résulte de l’amélioration de plusieurs déterminants de la
santé, notamment la nutrition, l’hygiène, l’accès à l’eau potable, l’accès aux soins, la
vaccination...
Le CESE s’est exprimé en 201313 sur les différents problèmes liés aux soins de santé
de base qu’il n’y a pas lieu de reprendre ici dans leur intégralité. Nous rappellerons
ici quelques-unes des conclusions de ce rapport qui est toujours d’actualité et qui
concerne principalement le monde rural :
.. « … les taux de mortalité maternelle et infantile restent parmi les plus élevés
de la région MENA, et sont fortement corrélés à la pauvreté et la ruralité ; la
mortalité maternelle est ainsi 75% plus élevée en milieu rural ; les enfants
de moins de cinq ans, des segments les plus pauvres de la population, sont
12 - Selon le HCP, l’indice de GINI est passé de 0,393 en 1991 à 0,388 en 2014
13 - Rapport « les soins de santé de base : Vers un accès équitable et généralisé », CESE, 2013
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Sources : Enquête nationale sur la population et la santé familiale (ENPSF : 2011 et 2004), Ministère de la Santé,
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Développement du monde rural, défis et perspectives
Une couverture médicale de Base des populations rurales non encore aboutie
Le système de couverture médicale mis en place dans le cadre de la loi 65-00 portant
code de couverture médicale de base (CMB) s’opère à travers deux régimes : l’AMO
et le RAMED. Le premier est fondé sur les principes et les techniques de l’assurance
sociale au profit des personnes exerçant une activité lucrative, des titulaires de
pension, des anciens résistants et membres de l’armée de libération et des étudiants.
Le deuxième (RAMED) est fondé sur les principes de l’assistance sociale et de la
solidarité nationale au profit des démunis ;14 Aujourd’hui, plus de neuf millions de
personnes sont immatriculées soit plus de 3.4 millions de ménages.15.
Le taux de couverture médicale de la population marocaine, régimes AMO et
RAMED confondus, est de 57% qui se répartissent en 64% population urbaine et 45%
population rurale. Globalement, seuls 32% de la population rurale bénéficient d’une
couverture médicale.
Le taux de couverture médicale de la population rurale par régime reflète parfaitement
les disparités socio- économiques existantes. En effet, en milieu rural, seules 23% des
personnes bénéficient de l’AMO (76% en milieu urbain) et 48% du RAMED contre
52% en milieu urbain16.
Le projet de loi 98-15, relatif à l’extension de l’assurance maladie obligatoire aux
travailleurs indépendants et des personnes non salariées exerçant une activité
libérale (population estimée à 11 millions de personnes, dont 2 millions relevant du
milieu rural), devrait constituer une avancée substantielle de la couverture médicale.
Ce projet de loi a été adopté en Août 2016 par la commission des services sociaux à
la chambre des représentants.
Cependant plusieurs difficultés restent à surmonter pour atteindre pleinement ces
objectifs :
-- L’identification et l’immatriculation aux régimes de la CMB : coût des frais de
dossiers RAMED trop coûteux pour une partie des personnes concernées ; les
critères d’éligibilités sont encore méconnus, processus d’immatriculation en milieu
rural plus lent qu’en milieu urbain, à cause de l’éloignement des caïdats par rapport
à la province et enfin les contraintes de communication avec les postulants et les
bénéficiaires (compléments de dossiers, droit au recours, retrait des cartes, …)
14 - https://www.ramed.ma
15 - http://www.anam.ma/
16 - http://www.anam.ma/
55
Conseil Economique, Social et Environnemental
17 - A juste titre, Le taux de scolarisation des enfants de 6 à 11 ans, il est passé de 97,9% pour la période 2011-2012 à
99% durant la période 2014-2015, à l’échelle nationale. Pour le monde rural, il est passé durant la même période de
95,9% à 98,3%. En ce qui concerne le taux de scolarisation des filles âgées 6 à 11 ans en milieu rural, il est passé durant
la même période de 94,5% à 98,4%. (Source : Réalisation du programme gouvernemental, 2013-2016, Ministère de
l’éducation nationale et de la formation professionnelle)
56
Développement du monde rural, défis et perspectives
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Conseil Economique, Social et Environnemental
58
Développement du monde rural, défis et perspectives
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Conseil Economique, Social et Environnemental
2016 دورة أبريل،) مجلــس النوابــن البرلمانPERG( تقييــم برنامــج الكهربــة القرويــة الشــمولي- 20
21 - Projet de Loi de Finances 2016, rapport économique et financier, p : 75
22 - HCP, RGPH, 2014
23 - Le Projet de Loi de Finances 2016, rapport économique et financier
60
Développement du monde rural, défis et perspectives
Source : ONEE
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Conseil Economique, Social et Environnemental
62
Développement du monde rural, défis et perspectives
Ces interventions restent très limitées en milieu rural du fait des spécificités de l’habitat
rural qui diffère d’une région à l’autre et du manque, voir absence de prise en compte
de la dimension habitat rural dans les politiques publiques et dans les stratégies des
acteurs opérant dans ce domaine. Les habitations rurales sont dans la majorité des cas,
groupées et /ou dispersées et gardent le type rural. Dans ce cadre, l’ONDH27 précise
qu’en milieu rural, la majorité des ménages (61,5%) habitent dans des maisons dites
de type rural. Une bonne proportion (24,1%) habite dans des maisons marocaines
modernes et 10,4% environ logent dans des maisons marocaines traditionnelles.
Lors de la visite de terrain de la délégation du CESE, les appréciations faites et les
débats avec les acteurs locaux et régionaux ont dégagé les constats suivants :
-- Le logement en milieu rural se caractérise par une forte dispersion des maisons
et par un manque des conditions sanitaires décentes et du service minimum de
bases (hygiène sanitaire, assainissement liquide et solide, accès aux réseaux d’eau
potable et à l’électricité/énergie solaire) ;
-- Les centres ruraux implantés sans plan d’aménagement dans la majorité des
cas, ont besoins d’urgence d’une mise à niveau afin d’améliorer le cadre de vie
des populations notamment, l’assainissement et la mise en place des stations
d’épuration. Le développement de ces centres émergents nécessite l’installation
des infrastructures complètes ainsi que la création des unités de valorisation des
productions locales et la création de l’emploi permettant d’éviter l’exode rurale vers
les grandes villes ;
Les centres proches des villes auront des rôles réels complémentaires à jouer pour
assurer des services touristiques, industrielles, éducatives ...,. Le développement à
l’échelle territoriale des petits villages intégrés entre les territoires ruraux et les zones
éloignées, dotés des infrastructures de base et services sociaux, offrant les conditions
d’une vie décente pourront attirer les citoyens du monde rural autour des activités
non agricoles qui favorisent la promotion de l’économie rurale et la création d’emploi ;
-- La nécessité d’élaborer pour les centres ruraux petits, moyens et grands une feuille
de route et des plans intégrés des différents acteurs régionaux, locaux et nationaux,
pour la mise en place des infrastructures complètes et la création des unités de
valorisation et de commercialisation des productions locales ;
-- Présence des constructions anarchiques et des logements inachevés dans les
centres ruraux ;
-- La forte urbanisation des campagnes du fait de l’empiétement excessif sur les
terrains agricoles à des fins de construction d’habitat social ou de logement
réduisant par là même la superficie des terrains à fort potentiel de production
agricole et leur contribution à la fourniture des villes en produits agricoles.
63
Conseil Economique, Social et Environnemental
Par ailleurs, la politique de l’habitat rural devrait faire face au moins à deux risques une
consommation démesurée des espaces agricoles et forestiers perdus par l’urbanisation
anarchique chaque année, et une prolifération des centres villes ruraux avec un
habitat insalubre sans conditions sanitaires et d’hygiènes. Il est important d’assouplir
les procédures et trouver des solutions à ce problème d’habitat en milieu rural.
Cette thématique sera traitée et approfondie par la commission dans le cadre d’une
auto saisine retenue par la commission, programmée pour l’exercice 2017.
64
Développement du monde rural, défis et perspectives
Des difficultés de gestion et d’entretien des routes rurales demeurent encore posées
Les progrès accomplis en matière d’infrastructure routière sont indéniables et
méritent d’être mis en exergue. Toutefois, la multiplication des intervenants
notamment au niveau local, régional et national pose le problème de coordination
et de cohérence des programmes visant à désenclaver le monde rural. En effet, le
réseau routier rural est géré par l’Etat (Ministère de l’équipement, du transport et de la
logistique, Ministère de l’agriculture et de la pêche maritime, Haut-commissariat aux
Eaux et forêts, ...) et les Collectivités locales.
S’agissant des routes non classées et les pistes rurales qui sont les plus utilisées en
milieu rural, il a été constaté lors de la visite de terrain que leur suivi et entretien posent
un vrai problème. De ce fait, il est nécessaire de clarifier la gestion de ces routes et
mettre en place un dispositif qui assure leur aménagement et entretien et instaurer
un mécanisme approprié identifiant les acteurs impliqués et arrêtant la responsabilité
de chaque intervenant au niveau local, provincial et régional. A signaler à ce niveau
que le réseau classé à la charge de l’Etat, dispose d’une base de données routière
alimentée par des relevés périodiques et des campagnes d’auscultation pour les
chaussées et les ouvrages d’art, ce qui n’est pas le cas des routes non classées.
L’augmentation du trafic et le manque de signalisation en milieu rural posent
également des sérieux problèmes notamment les accidents aux alentours des
établissements scolaires, souks hebdomadaires,... Pour limiter les risques de ces
accidents, il est utile de renforcer la signalisation au niveau des routes rurales et
prévoir des programmes de sensibilisation au profit des conducteurs en vue de
choisir les bons comportements de conduite.
Par ailleurs, il est important d’accompagner la réalisation des routes par des réflexions
sérieuses visant l’amélioration du transport en milieu rural dont le type le plus
répondu c’est le transport mixte. Pour ce type de transport, Bien que des dispositions
ont été prises pour l’organiser, plusieurs obstacles sont toujours là et nécessitent une
attention particulière de la part des décideurs en vue d’améliorer les conditions de
transport particulièrement le côté humain des utilisateurs de ce moyen de transport.
De même, les conditions de transport mixte en milieu rural sont très dangereuses,
il est temps d’envisager d’autres voies afin de rendre ce secteur plus attractif en
encourageant l’investissement dans ce domaine et la prise en charge de ce type de
transport par le secteur privé.
65
Conseil Economique, Social et Environnemental
66
Développement du monde rural, défis et perspectives
civil, … ; et de faciliter ainsi leur contacts avec le reste du pays et du monde. Ils
permettront notamment aux agriculteurs d’améliorer leur connaissance, d’identifier
les problèmes techniques et d’adopter les pratiques et les innovations technologiques
les plus adaptées à leurs situations. Cela ne pourra se faire qu’avec une amélioration
des systèmes de communication et d’information, en particulier l’extension de la
couverture de la téléphonie mobile et de l’internet dans les zones rurales.
Ainsi, dans le cadre de la nouvelle donne de la régionalisation avancée, l’aménagement
numérique devient, de plus en plus, un élément capital de la connectivité territoriale.
Pour ce faire, il mérite d’être intégré comme secteur à part entière dans le cadre
des nouvelles compétences des régions. Aussi, il faudra accélérer et approfondir les
différents programmes du plan « Maroc Numeric 2013 » et évaluer leurs impacts sur
les populations rurales. Afin de dégager les freins qui limitent l’accès des ménages en
milieu rural à ces nouvelles technologies.
4. L’emploi en milieu rural : créations en deçà des attentes et influence
des aléas climatiques
Dans la plupart des pays à revenu faible ou intermédiaire, l’agriculture est encore
le principal secteur d’emploi pour les franges pauvres de la société et assure une
part importante des moyens de subsistance. Selon la FAO35 l’agriculture représente
environ 10 % du PIB dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, et elle emploie
45% environ de la main-d’œuvre totale (travailleurs rémunérés ou non occupant
un emploi formel ou informel, y compris la main-d’œuvre familiale présente sur
l’exploitation). En effet, de nombreuses personnes vivent d’un emploi agricole ou
d’activités paysannes propres dont le produit est destiné à l’autoconsommation
familiale et le reste à la commercialisation.
Au Maroc, l’agriculture emploi 40% de la population active et constitue une source
de revenu pour 80% de la population rurale.
Selon les données du HCP36, après une création importante de 58.000 postes en 2013
et de 16.000 en 2014, le secteur de l’«agriculture, forêt et pêche» a connu, en raison de
mauvaises campagnes agricoles, la perte de 32.000 postes d’emploi en 2015, puis de
119.000 (9000 en milieu urbain et 110 000 dans le rural) en 2016, ce qui correspond à
une baisse de 2,9% du volume d’emploi de ce secteur.
Le graphique suivant indique l’évolution de l’emploi selon les secteurs d’activité
économique et par milieu de résidence :
35 - Rapport sur « La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture, Protection sociale et agriculture: Briser le
cercle vicieux de la pauvreté rurale, Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), Rome,
2015
36 - Situation du marché du travail, HCP, 2016
67
Conseil Economique, Social et Environnemental
Source : HCP ; Création nette d’emploi, entre 2015 et 2016, par secteur d’activité économique et milieu de résidence
En milieu rural, le secteur de l’«agriculture, forêt et pêche» a perdu 110.000 postes
d’emploi marquant une baisse de 3% du volume de l’emploi du secteur agricole.
Toujours, en milieu rural, selon le même graphique, les autres secteurs ont
créé des emplois : les BTP 23.000 (+5,5% du volume de l’emploi du secteur); les
«services» 20 000 emploi (+2,7%); l’«industrie y compris l’artisanat» 4 000 (+1,8%).
En ce qui concerne le taux de chômage, il est passé, entre 2015 et 2016, de 9,7% à
9,4% au niveau national, de 14,6% à 13,9% en milieu urbain et de 4,1% à 4,2% en
milieu rural. Durant la même période, le taux de sous-emploi est passé de 10,8% à
11,3% au niveau national, de 9,9% à 10,2% dans les villes et de 11,8% à 12,4% dans la
campagne.
De son côté le taux de sous-emploi est passé, entre 2015 et 2016, de 10,8% à 11,7% au
niveau national, de 9,7% à 10,5% en milieu urbain et de 12% à 12,5% en milieu rural.
Au niveau national, le taux de sous-emploi des hommes (13,1%) représente plus que
le double de celui des femmes (6,2%). En milieu urbain, ce taux (10,3%) est presque
égal à celui des femmes (10,1%), alors qu’en milieu rural, il est environ cinq fois plus
important (16,6% contre 3,8%).
Par ailleurs, force est de constater que l’une des caractéristiques de l’emploi
en agriculture c’est l’accroissement de plus en plus du travail des femmes en
remplacement de celui des hommes et des jeunes qui préfèrent quitter la campagne
vers les villes pour une vie meilleure. En effet, dans les pays à revenu faible ou
intermédiaire, les femmes fournissent 43% de l’ensemble de la main-d’œuvre agricole,
et leur part atteint au moins 50% dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne
et ailleurs, surtout là où la pauvreté est profondément enracinée et où les femmes
disposent de peu d’autres débouchés37.
37 - Rapport sur « La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture, Protection sociale et agriculture: Briser le
cercle vicieux de la pauvreté rurale, Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), Rome,
2015
68
Développement du monde rural, défis et perspectives
La participation des femmes à l’emploi reste toujours très faible. En effet, l’année 2015
marque le recul du taux d’activité des femmes qui est passé à 24,8% en 2015 contre
25,2% en 2014 (et 25,9% en 2010). Ce taux est d’autant plus faible en milieu urbain où
il atteint 17,4% contre 36,6% en milieu rural38.
Par ailleurs, au niveau national, les femmes sont plus présentes dans le secteur de
«l’agriculture, forêt et pêche» avec une part de 59,9% de l’emploi féminin. Le secteur
des «services» constitue le deuxième secteur pourvoyeur d’emplois pour les femmes
avec une proportion de 27,9% et enfin, le secteur de «l’industrie» contribue avec
11,8% des postes d’emploi féminins. Cette structure de l’emploi selon les secteurs
d’activité économique cache des disparités par milieu de résidence. En milieu rural,
la majorité des postes féminins sont dans «l’agriculture, forêt et pêche» (93,2%);
alors qu’en milieu urbain, les femmes travaillent principalement dans le secteur des
«services» (68,6%)39. De même, plus des trois quarts des femmes actives occupées
(75,2%) travaillent comme ouvrières ou manœuvres de l’agriculture ou de la pêche et
17,9% sont des exploitantes agricoles, pêcheuses, forestières ou chasseuses.
Les conditions de travail et de transport très difficiles des femmes ouvrières exerçant
notamment dans le secteur agricole est un défis majeurs à relever. L’amélioration
consistante et durable de ces conditions de travail constitue une priorité capitale.
De même, il importe de noter que les femmes chefs d’exploitations agricoles qui
représentent une part non négligeable dans le monde rural ont également du mal
à accéder aux intrants, aux services et aux marchés agricoles surtout pour leurs
productions émanant des activités génératrices de revenus agricoles et artisanales. Il
leur est donc particulièrement difficile de s’appuyer sur la production agricole seule
pour sortir de la pauvreté.
L’analyse de ces données enseigne que le secteur agricole lorsqu’il est affecté par les
aléas climatiques reste peu générateur d’emploi en milieu rural. La sécheresse, qui
est devenue un phénomène conjoncturel, a un impact considérable sur la création
de l’emploi en milieu. De ce fait, l’encouragement de l’investissement public et privé
dans le cadre de grands projets structurants à implanter en milieu rural selon la
vocation de chaque région, le recours à la pluriactivité et à la création des petites et
moyennes entreprises rurales (PMER) constituent en réalité une nouvelle vision de
promotion de l’emploi agricole et rural et permettant de relever les défis multiples
auxquels s’affronte le monde rural.
La création des emplois non agricoles dans les zones rurales, permettront aux
populations rurales notamment les petits agriculteurs de diversifier leurs sources
de revenu et offriront une alternative à ceux qui ne vivent pas décemment de la
production agricole. Les industries et services d’amont et d’aval de l’agriculture
(transformation des produits agricoles, industries alimentaires, agrofourniture,
38 - Haut Commissariat au Plan
39 - Enquête « Femmes Marocaines et Marché du Travail : Caractéristiques et Évolution », HCP, Décembre 2013.
69
Conseil Economique, Social et Environnemental
40 - Enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages au Maroc, HCP, 2016
41 - HCP, Recensement Général de la Population et de l’Habitat 2014
70
Développement du monde rural, défis et perspectives
Les services sociaux et les infrastructures tels que les routes, l’électricité, l’eau
potables, ..., permettent certes d’améliorer le mode de vie des populations vivant
en milieu rural, mais ne contribuent pas à procurer un revenu satisfaisant renforçant
le pouvoir d’achat des populations rurales. Pour ce faire, il est nécessaire de créer
des opportunités économiques autour de secteurs porteurs en vue d’assurer une
dynamique de l’économie rurale.
42 - Rapport annuel CESE 2015
43 - « Toutefois, selon le HCP, l’écart de niveau de vie entre les milieux urbain et rural qui était de 2 en 2001 et qui a
baissé à 1,8 environ en 2007, a connu une légère augmentation à 1,9 en 2014 => nécessite de surveiller de près ces
évolutions en raison des fluctuations des revenus ruraux », Enquête nationale sur la consommation et les dépenses
des ménages au Maroc, HCP, 2016
71
Conseil Economique, Social et Environnemental
Cette dynamique, ne devrait pas se limiter à l’agriculture seule car avec les
changements et mutations socio-économiques marquant le paysage marocain et
ses campagnes, il s’avère opportun de favoriser le développement des synergies avec
d’autres secteurs pourvoyeurs de richesses et d’emplois comme la pêche, le tourisme
rural et l’artisanat pour redynamiser et développer l’économie du monde rural.
Il s’agit d’améliorer les revenus des populations rurales en diversifiant leurs
activités, en créant plus d’emploi non agricole à travers le lancement de grands
projets structurants, et en renforçant les capacités des acteurs et organisations des
populations rurales, et de promouvoir une exploitation rationnelle des potentialités
et richesses naturelles dont disposent les zones rurales.
72
Développement du monde rural, défis et perspectives
73
Conseil Economique, Social et Environnemental
Il repose sur une intervention directe de l’Etat au niveau de certaines zones marginales
(zones de bour défavorable, de montagne ou oasienne), en prenant en considération
la sauvegarde des ressources naturelles. Le PMV propose la mise en œuvre de trois
types de projets pilier II, les projets de reconversion des cultures pratiquées vers
des cultures répondant à la vocation des terres et à plus haute valeur ajoutée,les
projets d’intensification en vue d’améliorer la productivité des productions agricoles
existantes ainsi que les projets de diversification des activités et des productions
agricoles à travers l’introduction de nouvelles activités agricoles dans le système
d’exploitation des petits agriculteurs notamment les produits du terroir.
Il s’agit des projets qui sont lancés selon des approches validées et concertées avec les
organisations professionnelles porteuses des projets et ce, en se référant à du manuels
de procédures de mise en œuvre et du manuel de priorisation d’exécution des projets
retenus et validés par des comités techniques locaux intégrant des représentants de
l’administration et de la profession et qui tiennent leurs réunion au niveau local. Ces
mêmes comités valident tous les projets pilier II avant leur mise en œuvre.
Au total, 545 projets sociaux devraient voir le jour dans le cadre de ce deuxième pilier,
nécessitant environ 20 milliards de dirhams sur 10 ans et pouvant bénéficier à près de
860.000 petits agriculteurs47.
Afin de renforcer les projets de ces deux piliers, le Plan Maroc Vert s’appuie, par
ailleurs, sur des projets dits transverses consistant en la refonte du cadre sectoriel et
l’amélioration des facteurs transversaux, relatifs notamment aux politiques de l’eau, du
foncier et de l’organisation interprofessionnelle. Ces actions transverses nécessiteront
un investissement global de l’ordre de 52 milliards de dirhams sur 10 ans.
Des Plans Agricoles Régionaux (PAR) ont élaborés par le département de l’agriculture,
pour l’ensemble des régions du Royaume.
Acquis et réussites du PMV
Depuis son lancement en 2008, la stratégie agricole Plan Maroc Vert poursuit la
concrétisation de sa vision de reconfiguration structurelle du tissu de production
agricole nationale. Sur le plan de la contribution de l’agriculture à la croissance, selon
le département de l’agriculture, cette contribution est passée à 20% sur la période
2008- 2015, alors qu’elle ne dépassait pas 6% pour la période 2000-2007. Le taux de
croissance annuel moyen s’est hissé à +6,7% pour la même période contre +3,9%
pour le reste de l’économie nationale48.
Par ailleurs, le PMV a contribué à l’amélioration de l’agriculture marocaine notamment
en termes de budget d’investissement, les résultats probants réalisés montrent que
l’investissement agricole a été multiplié par 1,7 entre 2008 et 2014, avec une hausse
47 - http://www.agriculture.gov.ma/pages/pilier-ii
48 - Rapport économique et financier, projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2016, Ministère de l’Economie
et des Finances
74
Développement du monde rural, défis et perspectives
Sources : Direction des Etudes et des Prévisions Financières/Ministère de l’Economie et des Finances, atelier sur les
ODD, 3-5 mai 2016
75
Conseil Economique, Social et Environnemental
à 8.000 dirhams par an 2014)50. Les conditions de vie et revenus des agriculteurs ont
également connu une amélioration significative caractérisée par une diminution de
la part de la population souffrant de malnutrition passée de 7,1 % en 1990 à 4,9 en
2015, avec une quasi disparition de la part de la population souffrant de la faim en
zone rurale qui a reculé de 4 points, représentant aujourd’hui 0,5 % de la population
rurale contre 4,6 % en 199051.
Il est à signaler également la poursuite des efforts et engagements en faveur d’une
agriculture solidaire, viable et durable. En effet, 20 000 petits agriculteurs ont été
ainsi encadrés en 2014 et plus de 6 milliards de dh52 ont été collectés auprès des
bailleurs de fonds au titre de cette même année pour accompagner la mise en place
de l’agriculture solidaire.
Par ailleurs, selon l’Agence pour le Développement Agricole, entre 2010 et 2017,
une moyenne de 90 projets pour plus de 105.000 bénéficiaires par an ont été initiés
et 86% de la population ciblée a été atteinte. Le nombre de bénéficiaires ciblé par
les 700 projets lancés depuis 2010 avoisine les 767 000 et les superficies concernées
dépassent les 800.000 hectares.
Lors des auditions organisées par le Conseil, il a été soulevé que l’opération
d’agrégation qui vise à regrouper des agriculteurs disposant des superficies petites et
moyennes autour d’acteurs privés ou organisations professionnelles à forte capacité
managériale, nécessite plus de renforcement, et par conséquent, des efforts sont
à déployer pour une réelle intégration entre l’amont agricole et l’aval industriel.
Comme le cas de certaines filières notamment l’olivier, la filière laitière qui regroupe
182 842 agriculteurs et la filière sucrière qui regroupe 33 396 agriculteurs53. Cette
dernière filière qui est totalement intégrée de l’Amont Agricole à l’Aval Industriel,
constitue aujourd’hui un modèle de référence d’agrégation et d’intégration réussies
de la chaîne de valeur.
Par ailleurs, l’activation des Contrats-Programmes des Filières agro-alimentaires
est fondamentale pour une meilleure intégration de l’Amont Agricole et de l’Aval
Industriel et une valorisation des produits agricoles de manière à tirer pleinement
profit de la dynamique du Plan Maroc vert ayant permis une croissance de la
production de la majorité des filières. L’objectif étant de favoriser l’export, la valeur
ajoutée et les emplois avec toutes les retombées positives pour le développement
socio-économique pérenne du monde rural.
50 - Rapport économique et financier, projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2016, Ministère de l’Economie
et des finances
51 - 8ième édition des Assises de l’Agriculture, Meknès avril 2015
52 - http://www.agriculture.gov.ma/sites/default/files/dossier_de_presse_assises_vf.pdf
53 - Agence pour le développement agricole (ADA)
76
Développement du monde rural, défis et perspectives
Quant à la question de l’eau d’irrigation, plusieurs programmes ont été lancés depuis
2009 dans la perspective d’assurer une irrigation durable et une gestion valorisante
de cette ressource rare, à juste titre, il convient de citer le programme Nationale
d’Economie d’Eau en irrigation visant la reconversion de 550 000 Ha de terres irriguées
aux techniques économes en eau (modernisation des réseaux, goutte-à-goutte, ...).
Valorisation des produits de terroir et renforcement du rôle des acteurs
de l’économie sociale et solidaire
Le développement et la commercialisation des produits du terroir ont eu une
attention particulière durant ces dernières années en vue de revaloriser ces produits
et renforcer les coopératives féminines, les groupements d’exploitants et les
associations de l’économie sociale et solidaire.
Par ailleurs, des plateformes logistiques et commerciales régionales ont été mis en
place néanmoins seulement deux qui sont opérationnelles54. Certaines coopératives
et groupements ont établi des partenariats avec des opérateurs privés notamment
les Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) pour améliorer l’accès de leurs produits sur
le marché national et international. Dans ce sens, 240 produits ont été référencés
auprès des GMS au profit de 49 groupements. Des groupements et coopératives de
produits du terroir participent également à plusieurs manifestations organisées à
l’échelle nationale et internationale.
En ce qui concerne la labellisation des produits agricoles, des initiatives ont été
prises par le Département de l’Agriculture en l’occurrence l’ADA pour procéder à
l’enregistrement du Label Collectif « Terroir du Maroc » en tant que marque collective
avec son règlement d’usage auprès de l’Office Marocain de la Propriété Industrielle et
Commerciale (OMPIC) et à l’échelle internationale, à ce jour 20 produits55 ont octroyé
l’autorisation d’usage de ce label.
Nonobstant les efforts déployés pour développer et promouvoir les produits de terroir
au Maroc, des difficultés d’ordre organisationnelles et techniques méritent d’être
surmontées en vue d’améliorer l’attractivité de ces produits et leur commercialisation
en limitant l’intervention des intermédiaires. Le choix des groupements et coopératives
pour participer à des manifestations nationales et internationales, devrait aussi baser
sur des critères d’éligibilité techniques spécifiques à chaque produits en donnant la
chance aux autres groupements et acteurs de l’économie sociale et solidaire pour
développer leurs productions et prendre part aux différentes manifestations et
rencontres organisées à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Le contrôle de la qualité des produits du terroir devrait être renforcé en vue de
valoriser et d’améliorer la commercialisation de ces produits.
54 - Meknès et à Al Hoceima
55 - Note sur l’agriculture solidaire dans le cadre du Plan Maroc Vert, Agence pour le développement agricole (ADA)
77
Conseil Economique, Social et Environnemental
78
Développement du monde rural, défis et perspectives
Il est donc nécessaire de repenser les anciens programmes d’encadrement portés par
« les centres de travaux », actuellement dénommés les centres de développement
agricole pour conseiller davantage les petits et moyens agriculteurs et prendre en
compte leurs connaissances et leur savoir-faire local.
La formation des agriculteurs et particulièrement les jeunes exploitants dans des
métiers ruraux et leur reconversion nécessitent une attention particulière de la part
de tous les acteurs concernés (Etat, profession, secteur privé,) pour assurer la gestion
des exploitations agricoles et renforcer les capacités de gestion des organisations
professionnelles.
Défis à relever pour redynamiser l’agriculture et le développement du
monde rural
Les changements sociaux, démographiques, économiques, territoriaux et climatiques
et leurs effets sur les modes de vie des populations rurales, interpellent aujourd’hui
l’ensemble des acteurs opérant dans le domaine agricole pour changer les manières
avec lesquelles ce secteur devra capitaliser sur les acquis et les avancées réalisées
en vue de répondre aux besoins nouveaux des ruraux et aux dangers qu’affronte
le monde rural. Cela présuppose de nouvelles fonctions que le développement du
secteur agricole et le développement du monde rural devront jouer en vue d’assurer
une meilleure compétitivité résultante d’un marché international très ouvert. Mais
aussi de garantir la sécurité alimentaire des petits agriculteurs et leurs familles en
développant davantage une agriculture familiale/vivrière, utilisant peu d’eau et
d’énergie et moins destructrice de l’environnement.
Toutefois, la prise en compte de ces nouvelles mutations et changements dans une
vision rénovée à prévoir pour un développement durable du monde rural exige de
relever les défis majeurs suivants:
1 - Le foncier agricole pose toujours un vrai problème et des litiges persistent
encore limitant ainsi une meilleure exploitation des terres agricoles. Les acteurs
auditionnés ont pointé la faible mobilisation de l’assiette foncière destinée
à l’investissement agricole en milieu rural à cause de la complexité du statut
juridique du foncier (Collectif, Terres Soulaliyates, Melk, Habous) et des règles et
procédures administratives auxquelles s’ajoutent les conflits ethniques et tribaux
sur les terrains collectifs et le morcellement continu des terres (environ 70% des
exploitations des agriculteurs exploitent une propriété foncière inférieur de 5 ha).
Ce problème du foncier influe également sur le regroupent des agriculteurs et
leur accès aux subventions octroyées dans le cadre du Fonds de développement
agricole (FDA).
2 - Le PMV a contribué largement à l’amélioration des productions agricoles, mais la
question de la commercialisation de ces productions pose encore énormément
de difficultés d’accès des producteurs aux marchés. Des mécanismes à adopter
79
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Développement du monde rural, défis et perspectives
59 - Rapport de la commission parlementaire (Chambre des conseillers) sur l’évaluation des politiques publiques y
compris le PMV, juillet 2016
60 - http://www.hcp.ma/Emploi-par-branche-d-activite-de-la-population-active-occupee-au-milieu-rural_a154.html
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les savoir-faire informels du terrain et les solutions créatives développées par les petits
exploitants et qui contribuent significativement à l’amélioration de la productivité
et du bien-être des populations du monde rural. Pour ce faire, il conviendrait de
mener des actions de proximité en faveur des exploitants et notamment des jeunes,
via des formations adaptées : procédés agricoles, techniques de transformation,
entreprenariat, gestion etc. A cet égard, la promotion de la création de start-ups par
les jeunes en partenariat avec les universités et les écoles, dans un environnement
propice, favoriseraient l’émergence d’un tissu économique et technologique
agricole local. L’Etat et notamment la région devraient aussi garantir l’essor des
initiatives locales (produits et services agricoles, normalisation, commercialisation ...)
par l’accompagnement dans la recherche de débouchés, l’acquisition de nouveaux
marchés et l’exercice d’un meilleur contrôle sur les importations et distributions
illégales.
Enfin, le développement durable du monde rural ne devrait pas se limiter à l’innovation
dans le seul domaine de l’agriculture mais devrait s’étendre à d’autres domaines de
l’économie, de l’environnement et de la vie socioculturelle des populations et qui
recèlent des gisements de création de richesses et d’emplois.
62 - Rapport d’activité 2014, Département de la Pêche Maritime, Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime
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Développement du monde rural, défis et perspectives
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Développement du monde rural, défis et perspectives
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Conseil Economique, Social et Environnemental
En ce qui concerne le monde rural, deux cibles ont été identifiées pour améliorer la
commercialisation des produits des mono-artisans ruraux ; le tourisme rural, visant
à intégrer les espaces d’artisanat dans les circuits du tourisme rural et la clientèle
nationale de proximité à travers (i) l’organisation des foires commerciales pour ce
segment via l’allocation par la Maison de l’Artisan au profit des chambres de budgets
pour les activités commerciales et les foires, (ii) la création d’espaces de rencontres
régulières entre mono-artisans ruraux (regroupés en coopératives) et intermédiaires
ou clients finaux pour assurer une régularité des débouchés commerciaux et (iii) le
regroupement en coopératives des artisans ruraux permet, d’une part, de mutualiser
l’achat de matières premières et, d’autre part, de renforcer le pouvoir de négociation
avec les intermédiaires ou clients finaux.
Par ailleurs, des mesures d’accompagnement portant particulièrement sur
l’amélioration de la production, le volet financement et la couverture sociale des
artisans ont été prévues et qui profiteront pleinement aux mono-artisans ruraux.
Leviers pour améliorer l’artisanat en milieu rural
Trois leviers au moins méritent d’être renforcés pour mieux améliorer l’artisanat dans
le monde rural. Il s’agit de la formation et la lutte contre l’alphabétisation des mono-
artisans, le renforcement de la production artisanale rurale et l’amélioration des
conditions sociales des artisans
La formation constitue une composante fondamentale pour le développement et
la promotion de l’artisanat, elle se base sur la formation pratique dans les ateliers,
et de programmes de formation continue (71% d’intégration des jeunes au niveau
national et 88% en milieu rural). La formation en milieu rural se fait à travers les unités
mobiles dans les communes rurales et les zones désenclavées ne disposant pas
des centres de formation. L’objectif est de mettre à niveau le système de formation
existant notamment en développant la formation par apprentissage en partenariat
avec les Chambres d’Artisanat et en mettant en place un système de certification des
artisans (maître artisan, artisan, apprenti, etc.). La formation en matière de gestion des
coopératives de l’économie sociale et solidaire est un volet qu’il mérite une attention
particulière pour mieux renforcer les capacités des artisans ruraux dans ce domaine.
A juste titre, 15.414 h/j de formation au profit de 5 138 bénéficiaires, dont 63% sont
des femmes ont été réalisés pour la période 2012-2016 et 53 sessions de formation
pour 937 artisanats ont été programmées durant l’exercice 201664.
S’agissant du programme de lutte contre l’alphabétisation fonctionnelle, selon la
même source, ils ont bénéficié du programme américain « millenium challenge »
pour la période 2010-2013, volet artisanat, 11.408 artisans relevant du monde rural
dont 8556 sont des femmes. Quant au programme 2014 – 2015 du ministère, ils ont
bénéficié 2000 artisans ; 40,2% proviennent du monde rural.
64 - Ministère de l’Artisanat et de l’Economie Sociale et solidaire,
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Développement du monde rural, défis et perspectives
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66 - Note sur les zones de montagne en chiffre, Direction de développement rural, Ministère de l’agriculture et de la
pêche maritime, 2016
67 - Présentation : stratégie et Approche d’Intervention du développement de l’Espace Rural et des Zones de
Montagne, Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime, mars 2016
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Développement du monde rural, défis et perspectives
68 - La stratégie du développement de l’espace rural et des zones de montagne a pour objectif (i) la réduction des
disparités entre les territoires ruraux et les villes en tenant en compte des complémentarités entre les deux territoires,
(ii) le développement du potentiel économique des zones rurales et l’accroissement de la capacité à générer
des richesses et à valoriser les potentiels agricoles et non agricoles, en prenant en considération les impératifs de
préservation des ressources naturelles, (iii) l’accélération du rythme de désenclavement de l’espace rural et des zones
de montagne (iv) l’amélioration de l’accès aux services sociaux et aux services de base et (v) le renforcement de l’action
gouvernementale au profit des écosystèmes à enjeux spécifiques, notamment les zones oasiennes et montagneuses.
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Conseil Economique, Social et Environnemental
visant la lutte contre la pauvreté et l’enclavement en milieu rural. Ces actions portent
sur la mise en place des structures de santé et de scolarisation, la promotion des
activités génératrices de revenus (AGR), l’amélioration de l’accès à l’électrification et
aux pistes et routes rurales et à l’eau potable et l’assainissement.
S’agissant du programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural, il a touché durant
la première phase 403 communes rurales dont le taux de pauvreté est supérieur ou
égal à 30%, soit 30 % des communes rurales du Royaume, et 702 communes rurales
dans la deuxième phase, dont le taux de pauvreté est supérieur ou égal 14%, soit
58 % des communes rurales au niveau national, ainsi que l’accompagnement des
communes rurales cibles de la première phase.
En ce qui concerne le programme de mise à niveau territoriale, il vise particulièrement
la réduction des disparités en matière d’accès aux infrastructures de base, des
équipements et des services de proximité (pistes rurales, santé, éducation,
électrification, eau potable) des populations relevant de 22 provinces marquées par
un relief montagneux ou enclavé. Le budget de la première phase est de 10 milliards
de dh, et celui réservé à la deuxième phase est de 17 milliards de dh.
Dans le cadre du programme rural environ 26.000 projets et 2.880 actions ainsi que
5.216 Activités génératrices de revenus ont été réalisés au profit de 5 millions de
bénéficiaires. Le budget global d’investissement est 12,7 MMD, la contribution de
l’INDH est de 8,4 MMD69. Quant au programme de mise à niveau territoriale, il a permis
de réaliser, depuis son lancement en 2011, des résultats significatifs à juste titre, 158
douars sont alimentés en eau potable et 543 projets de points d’eau ont été réalisés.
En plus 400 douars ont bénéficié de l’électrification rurale. En matière d’enclavement,
1887 km de routes et pistes ont été aménagées avec la construction de 40 ouvrages
de franchissement. Cependant, la question qui se pose c’est comment assurer la
pérennité de ces réalisations, leur entretien et leur fonctionnement notamment les
équipements et les constructions afin d’améliorer le cadre de vie des bénéficiaires.
Défis majeurs limitant l’impact de l’INDH sur la population cible en
milieu rural
La pertinence de l’INDH et sa place dans toute stratégie de développement humain
durable des zones urbaines et rurales du Maroc a été bien confirmé depuis son
lancement. Toutefois, malgré l’importance de ses réalisations sur le plan quantitatif
et leur contribution à l’amélioration du cadre de vie des populations cibles, le niveau
du développement humain en milieu rural en particulier reste faible impactant ainsi
le classement du Maroc selon l’IDH des Nations Unies. A cet égard, quatre défis au
moins demeurent encore posés et limitent l’impact des actions de l’INDH sur le
développement des populations cibles notamment en milieu rural.
69 - Atelier international sur les politiques publiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, à l’occasion du 11ème
anniversaire de l’INDH, mai 2016
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Développement du monde rural, défis et perspectives
Le premier défi porte sur le choix des projets et particulièrement les activités
génératrices de revenus AGR. En effet, l’évaluation conduite par l’observatoire National
de Développement Humain en 2013 a révélé que la diversité des AGR était limitée
et ce, faute d’une intégration maîtrisée aux chaînes de valeur et aux programmes
sectoriels et communaux. Les AGR sont peu innovantes dont la viabilité économique
n’est pas garantie (absence de logique de filières, de circuits commerciaux, etc.), ainsi
que le manque d’accompagnement et d’encadrement appropriés des associations
et des coopératives qui mettent en œuvre ces AGR.
Le deuxième défi ayant trait à la pérennité des projets réalisés par l’INDH notamment
les équipements et les infrastructures de base. Dans ce cadre, le CESE dans son
avis de 2013 sur « Initiative Nationale pour le Développement Humain : analyse et
recommandations », a souligné que la pérennité de beaucoup de projets est fragile
voire compromise pour de multiples et diverses raisons : des faiblesses dans leur
montage; du non-respect des critères d’éligibilité tels que définis dans les manuels
de procédures ; la faible capacité de gestion de certaines associations ; du non-
respect de conventions ; de la faible implication des communes rurales ; insuffisance
de subvention de fonctionnements. Il est important de trouver des alternatives
pour garantir la durabilité de ces équipements, notamment le renforcement des
subventions de fonctionnements, le recours aux grands contrats programmes
pluriannuels (délégation de gestion) conclus entre l’Etat/Secteur concerné, les
collectivités locales et les associations partenaires,…;
Le troisième défi concerne le ciblage des populations les plus pauvres et les plus
vulnérables, puisque ce critère détermine le degré de réussite des projets et leur
durabilité. De ce fait, il est important de revoir le ciblage des populations ainsi que les
actions différenciées à mener dans le cadre d’une réflexion approfondie sur l’ensemble
des filets et acteurs sociaux dans la perspective d’augmenter l’efficacité des aides et
d’éviter l’institutionnalisation de la pauvreté et de l’assistanat. Il est indispensable de
revoir le montage des projets en respectant les critères d’éligibilité tels que définis
dans les manuels de procédures et en faisant adhérer les partenaires concernés;
Le quatrième défi porte sur la gouvernance des actions de l’INDH et la question
de la cohérence des actions surtout avec l’avènement de la nouvelle organisation
territoriale, qui a reconnu la prééminence de la région et du Président du conseil
régional dans la gestion des PDR et les SRAT. La coordination des actions de l’INDH
avec les actions et programmes régionaux des autres départements ministériels
devrait être repensée en vue de faciliter la convergence et l’intégration des actions
sur le terrain et assurer leur durabilité.
Enfin, et suite aux Hautes Orientations Royales, contenues dans les Discours du Trône
(2015-2014) et de la révolution du Roi et du peuple (2014), le Ministère de l’Intérieur
via l’INDH a procédé à l’élaboration d’un diagnostic territorial, basé sur la participation
et l’implication des acteurs concernés au niveau local, régional et national.
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Développement du monde rural, défis et perspectives
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A l’instar des petites villes et les villes moyennes, le monde rural enregistre un
déficit considérable en matière d’infrastructures et équipements culturels et sportifs
notamment par rapport à leurs nombres, à leurs tailles et aux prestations qu’ils offrent
aux populations.
L’avis du CESE sur les lieux de vie et action culturelle, édité en 2013, souligne ce
manque d’équipement particulièrement en milieu rural, puisque en 2004, le nombre
de maisons de jeunes était de 343, dont 74% en milieu urbain et seulement 26%
en milieu rural. En 2008, ce nombre a atteint 436. Le département en charge de la
Jeunesse et des Sports, pour la période 2008-2012, envisageait d’ouvrir 250 maisons
supplémentaires pour en porter le nombre à 686 en 2012, en privilégiant les
campagnes et les quartiers périphériques des villes.
71 - Livre blanc, l’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine (AAA) aux changements climatiques
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Développement du monde rural, défis et perspectives
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Ce mouvement a connu à son tour une évolution remarquable couronnée par une
forte reconnaissance de son rôle et l’implication des acteurs de la société civile à côté
des pouvoirs publics dans la promotion du développement du pays.
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Développement du monde rural, défis et perspectives
Cette dynamique qui doit être matérialisée le plus rapidement possible sur le terrain
par les pouvoirs publics ne peut que contribuer à améliorer la gouvernance locale et
promouvoir des actions de proximité pouvant renforcées d’une manière durable le
cadre de vie des populations rurales en particulier celles les plus défavorisées.
Par ailleurs, il convient de rappeler aussi le rôle des élus locaux qui ne s’acquittent pas
toujours de leur engagement envers leurs électeurs, autrement dit, leur rôle politique
est capital, mais il est d’autant plus fondamental en termes de promotion de leurs
territoires et des projets du développement en faveur des populations du monde
rural.
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73 - Deux secteurs, le premier intéresse les petits et moyens secteurs irrigués représente 14,5 % et le second intéresse les
grands périmètres d’irrigation, soit 85,5% des superficies totales retenues pour l’irrigation
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Cela s’est reflété vers la fin des années 90 et début des années 2000 par l’élaboration
des grandes orientations pour le développement du monde rural dans le cadre de
la « stratégie 2020 du développement rural ». A cet effet, un Secrétariat d’Etat chargé
du développement rural/ Ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et des
Pêches Maritimes, a été créé avec un Comité interministériel permanent chargé du
développement rural dont le secrétariat est assuré par le Ministère de l’Agriculture.
Toutefois, en 2007 la gestion des affaires du monde rural a été changée, et c’est le
Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement de l’Espace qui a été
chargé du dossier du développement rural dans sa partie non agricole, un Secrétaire
d’Etat Chargé du Développement Territorial a été institué à cet égard. Une autre
stratégie de développement rural, partie agricole non incluse a été élaborée par le
département de l’aménagement en 2011, dont certains projets sont toujours en
cours d’exécution.
En 2013, une Commission permanente pour le Développement de l’Espace Rural
et des Zones de Montagne a été créée, comprenant 15 départements ministériels,
présidée par le chef du gouvernement et dont le Secrétariat est assuré par le Ministère
de l’agriculture et de la pêche maritime. Cette commission a tenu sa première réunion
le 13 Juillet 2015.
…, mais sans aucune vision commune répondant aux attentes réelles
des populations vivant en milieu rural
A la lumière de cet aperçu sur les politiques et stratégies lancées en faveur du
développement du monde rural, et sur la base des béats et échanges avec les
acteurs auditionnés, il semble qu’en matière d’intervention en milieu rural, le Maroc
ne dispose pas d’une politique publiques intégrée dédiée au développement du
monde rural, élaborée avec la participation de tous les acteurs concernés, visant
plus de cohérence des actions menées dans des secteurs clés comme l’éducation,
la santé, les infrastructures et services de base, la promotion de l’économie rurale/
secteur agricole, l’aménagement de territoire et la protection de l’environnement.
En effet, les affaires du développement du monde rural sont gérées d’une manière
partagée avec plusieurs départements ministériels chacun selon ses missions, ses
priorités et son plan de financement.
Le problème de la gouvernance et de la coordination des actions sur le terrain se
pose avec acuité en raison de nombre élevé d’intervenants en milieu rural sans
une vision commune. Les caractéristiques socio-économiques et culturelles des
populations rurales, l’étendu des espaces ruraux et de leurs situations géographiques
(éloignements, ...) constituent aussi des entraves qui ont limité la promotion du
monde rural et l’amélioration du cadre de vie des populations vivant dans les zones
marginalisées.
Il importe de souligner le manque également des études permettant de dégager les
besoins en droit fondamentaux économique, social, culturel et environnemental de
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Dans le secteur de l’artisanat rural, le produit Itkane a été lancé pour le Financement
de la création, la modernisation et l’extension d’ateliers artisanaux ou de petits
commerces. En matière de promotion du tourisme rural, une convention a été signée
entre le GCAM et le Ministère du Tourisme dans le cadre du Programme Qariati afin
de valoriser les ressources naturelles, rurales et socioculturelles des communautés
d’accueil, d’encourager les activités génératrices de revenus et de réduire la pauvreté
et la fixation des populations locales, notamment dans les zones montagneuses, les
zones oasiennes et les régions reculées.
Par ailleurs, et en vue de soutenir le secteur des services en milieu rural, le produit
KHADAMAT a été mis en place, il est dédié au financement des activités de services
en milieu rural notamment la création d’entreprises para agricoles, l’installation
de laboratoires d’analyses d’eau, du sol et du végétal, l’installation de local pour
vétérinaire, médecin, topographes, géomètres, pharmaciens…, la création de bureau
d’études, de conseil et d’expertise et des crèches et écoles pour l’éducation des
enfants.
D’autres produits ont été mis en place pour soutenir les populations rurales
notamment dans le domaine de la pêche côtière artisanale, des forêts ainsi que
pour le financement des projets d’investissement portés par les jeunes lauréats de
l’enseignement agricole et la promotion des Jeunes Entrepreneurs Agricoles.
Des institutions de microcrédit comme Al Amana, participe aux activités de crédits en
faveur des populations rurales, en septembre 2016, l’encours des prêts en milieu rural
se chiffre à 1,2 milliards de dirhams pour plus de 170 000 clients77.
Les acteurs de l’économie sociale et solidaire contribuent également à la réalisation
des projets et actions en milieu rural. Cependant, ce secteur souffre de contraintes
juridiques, institutionnelles et socio-économiques. Pour le cas précis des coopératives,
elles ne contribuent qu’à hauteur de 1,5% du PIB et accèdent difficilement au
financement de leurs activités78.
Malgré la diversité des produits destinés au financement des micro-projets en milieu
rural, plusieurs difficultés restent encore posées en matière d’accès des populations
rurales au financement de leurs projets :
-- Faiblesse de la culture entrepreneuriale en milieu rural. Il a été révélé un vide dans
ce créneau à cause de l’absence de formation et de sensibilisation des bénéficiaires
dans ce domaine, avec un manque d’apprentissage sur les aspects de comptabilité
de l’exploitation agricole ;
77 - Al Amana Micro finance, Atelier de travail organisé par le CESE avec les organismes de financement des projets
en milieu rural, 1 novembre 2016
78 - Rapport annuel, CESE, 2014
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Enfin, les responsables locaux notamment les communes rurales sont appelées à
préparer des banques de projets à caractère social finançables afin de les présenter aux
investisseurs retenus et qui ont bénéficiés de ces mesures incitatives. Ces investisseurs
devront contribuer à la formation et à l’accompagnement des jeunes ruraux relevant
des zones de projets ainsi qu’à la création de l’emploi tout en veillant à la préservation
de l’environnement. L’exploration des différents modes de financement alternatifs en
direction du monde rural pourra contribuer à diversifier les sources de financement
des projets portés par les populations rurales.
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C’est dans cet esprit et en vue de capitaliser sur les acquis, les engagements de
l’Etat et les chantiers en cours notamment celui de la régionalisation avancée et des
programmes et plans de développement du monde rural, que le Conseil formule les
recommandations suivantes.
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Annexes
Rapporteur de la commission et
-- M. Driss Belfadla,
du thème
-- M. Abderrahman Zahi
-- Mme. Mina Rouchati
-- M. Abderrahim Ksiri
Membres du groupe de travail
-- M. Mohamed Fikrat
-- M. Mohamed El Khadiri
-- M. Abdelmoula Abdelmoumni
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• Région de l’oriental
Visite de terrain
• Région de Beni Mellal - Khénifra
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